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ISBN : 978-2-251-91205-9
INTRODUCTION
Ce n’est donc pas la forêt que désignent ces différents termes, mais des
types de forêts ou de bois qui se distinguent les uns des autres, à une
période donnée, en fonction de critères divers. La différence, lorsqu’on
parvient à la saisir, peut trouver son fondement dans une particularité liée à
la possession et à l’utilisation qui est faite de cette forêt, comme pour la
forêt, qui constitue à l’origine une réserve de chasse à l’usage du seul
souverain ; elle peut aussi dépendre de caractéristiques géographiques ;
c’est le cas de la joux, forêt de montagne. Avec nemus, enfin, elle tient à
l’emploi purement écrit et savant du mot. Ces traits, on l’a vu, se modifient
avec les siècles ; certains s’effacent, d’autres apparaissent. Le champ lexical
de la forêt, comme la forêt elle-même, est un ensemble vivant qui ne cesse
d’évoluer au fils du temps.
CHAPITRE 1
La forêt dans la littérature médiévale
Hélène Gallé et Danielle Quéruel
Figure 4 : Le pin, Livre des simples médecines, Platearius, BnF, Ms-2888, fol. 154 v°, XVe s.
Figure 5 : La sauge et le chêne à galles, De herbis et plantis, Manfred de Monte Imperiale, BnF, Lat.
6823, fol. 74, 1330-1340.
Figure 6 : Le peuplier, Livre des propriétés des choses, Barthélémy l’Anglais, BnF, Fr. 22532,
fol. 265 v°, XVe s.
Figure 10 : Le loup, Bestiaire d’Amours, Richard de Fournival, BM Dijon, ms. 0526, fol. 22 r°,
XIVe s.
Le refus du réalisme
Mais la fiction n’offre pas davantage de descriptions de la forêt, et encore
moins de descriptions réalistes. Certes, des noms de forêts apparaissent, qui
invitent à une localisation géographique. Pour autant, ni la forêt de
Brocéliande ni celle des Ardennes ne donnent lieu à la description d’un
paysage familier. Ainsi les Ardennes de Renaut de Montauban, s’étendant
de la Gascogne à l’Allemagne, forment une forêt qui semble ne plus avoir
de fin25… Dans la littérature médiévale, l’espace narratif est résolument
symbolique. Il ne faut donc pas chercher de vraisemblance dans la
géographie ou dans les paysages littéraires :
[…] le « réalisme » est aussi étranger que possible à l’esprit de la littérature médiévale, du
moins en ses expressions les plus hautement stylisées, et ce aussi bien dans le domaine de
l’épopée que dans celui du roman. Ce serait donc lire les textes à contresens que d’y chercher
ce qu’ils ne donnent pas et, pour le dire de façon quelque peu abrupte, ce qu’ils n’ont pas
voulu donner26.
Ce vigoureux rappel d’Alain Labbé nous conduit dans une forêt dont la
description, succincte, laisse toute la place à un imaginaire luxuriant.
Figure 14 : Roland à Roncevaux, Grandes chroniques de Tours, Jean Fouquet, BnF, Fr. 6465,
fol. 113, XVe s.
C’est que la forêt n’est pas si déserte qu’elle en a l’air et que la plupart de
ses habitants représentent une menace pour le voyageur. On ne se promène
pas en forêt : on s’y aventure. Là se rencontrent les bêtes sauvages. Là se
cachent les brigands et se commettent les crimes.
Du verger à la forêt
Autant le verger est une nature maîtrisée, cadre de jeux courtois entre
dames et chevaliers, autant la forêt est la nature sauvage, peuplée par des
êtres peu civilisés. Dans Le Roman de la Rose, Guillaume de Lorris décrit
un verger allégorique de l’amour. Ses hauts murs rejettent à l’extérieur toute
figure malveillante, comme Haine, Convoitise ou Avarice. À l’intérieur de
ce jardin protégé, se déploie la nature dans toute sa splendeur, cadre de jeux
courtois entre Déduit, Liesse, Largesse (voir Figure 15)… On y trouve un
grand verger comportant toutes les sortes d’arbres pouvant porter des fruits,
mais aussi les arbres de la forêt, comme « des charmes et des hêtres, des
noisetiers tout droits, des trembles et des frênes, des érables, de grands
sapins et des chênes32 ». Ces arbres, précise Guillaume de Lorris, sont
éloignés l’un de l’autre de la distance qui convient : il y a de l’espace entre
eux, mais comme leurs branches sont longues, ils dispensent un ombrage tel
que le soleil ne peut « nuire à l’herbe tendre33 ». Ce verger paradisiaque est
peuplé d’animaux des bois comme les daims ou les chevreuils, et les arbres
abritent une foule d’oiseaux aux chants enchanteurs. Clos sur lui-même et
excluant toute menace, le verger offre à l’homme une nature ordonnée et
maîtrisée, propre au divertissement courtois.
Or la forêt est l’exacte antithèse de ce domaine idéal. Espace ouvert et non
protégé, elle accueille toute bête – y compris les plus féroces – et tout
homme – y compris les plus cruels. Le début du Chevalier au lion est là
encore emblématique de cette représentation de la forêt : dans la forêt de
Brocéliande, Calogrenant rencontre un étrange géant qui possède des traits
à la fois animaux (un nez de chat, des crocs de sanglier…) et végétaux (des
oreilles moussues). Ce dernier s’avère être le gardien des bêtes du bois,
« des taureaux sauvages, des ours et des léopards34 » que Calogrenant
aperçoit en train de se combattre cruellement. Cette curieuse association
d’espèces souligne la férocité des hôtes de ces bois, et préfigure la violence
de l’affrontement entre Calogrenant et Esclados, le gardien de la fontaine et
aussi de la forêt35 (voir Figure 16).
Figure 15 : Le jardin de Déduit, Le Roman de la rose, Guillaume de Lorris et Jean de Meung, BnF,
Fr. 19137, fol. 68, XVe s.
Figure 16 : Calogrenant vaincu par Esclados, Yvain ou le chevalier au lion, Chrétien de Troyes,
Leroy Guillaume, BnF, Fr. 1638, fol. 13 v°, XVIe s.
Figure 17 : Yvain est le messager de Laudine - Yvain abandonné par Laudine devient fou - il erre
dans la forêt après avoir déchiré ses vêtements - Yvain et le lion, Yvain ou le chevalier au lion,
Chrétien de Troyes, BnF, Fr. 1433, fol. 85, XIVe s.
De l’homme à la bête
Plus loin, dans le même roman, Yvain devenu fou erre dans la forêt : il a
arraché ses vêtements et mange de la viande crue36 (voir Figure 17). La
même distinction entre nature et culture, sauvagerie et humanité se
rencontre dans Bisclavret37 : le héros du lai serait un seigneur breton
ordinaire s’il ne disparaissait trois jours par semaine pour se terrer dans la
forêt, sous la forme d’un loup-garou. Ces bêtes très féroces, dit Marie de
France, erraient autrefois dans les grandes forêts. Imprudemment, le
seigneur confie à sa femme que ses vêtements lui permettent de revenir à sa
forme humaine. Sans eux, il serait condamné à rester loup-garou pour
toujours. Vivre en société, porter des vêtements, voilà ce qui fait l’homme.
La bête monstrueuse appartient à la forêt, lieu de danger et d’épouvante.
Une cruelle illustration des périls de la forêt apparaît dans La Suite du
roman de Merlin : le roi Pellinor, lancé à la poursuite d’un chevalier, refuse
de s’arrêter auprès d’une demoiselle qui réclame de l’aide pour son ami
grièvement blessé. Le chevalier meurt, la demoiselle accablée de douleur se
suicide. Lorsque Pellinor revient sur ses pas, il trouve le corps de la jeune
fille dévoré par les bêtes sauvages et reconnaît son erreur : dans la solitude
d’une forêt, il aurait dû porter assistance à un blessé et à une demoiselle en
détresse38. Il n’est pas étonnant, dans cette perspective, que le bourreau de
la reine Berthe renonce à la poursuivre dans la forêt du Mans : quelle
chance a-t-elle de survivre dans une forêt peuplée d’ours et de léopards
(voir Figure 18) ? Berthe elle-même, égarée, terrifiée par le vent et par la
nuit, les pieds en sang et la chair blessée par les ronces, craint par-dessus
tout les bêtes sauvages et s’attend à être dévorée toute crue par un ours ou
par un lion39.
Figure 18 : Berthe dans la forêt, Berte aus grans piés, Adenet le Roi, BnF, Fr. 778, fol. 1, XIVe s.
De l’obscurité à la barbarie
Mais ce sont des hommes qui vont l’attaquer : deux voleurs l’aperçoivent
et veulent s’en prendre à elle. Sa beauté est si grande qu’ils se battent au
couteau et à l’épée pour savoir qui la possédera : tandis que leur sang coule
sur l’herbe, Berthe prend la fuite et leur échappe40. Les habitants les plus
dangereux de la forêt sont des hommes. Si les animaux tuent pour se
nourrir, les hommes ont bien d’autres motifs de violence. Le couvert des
bois est le lieu où ils vont pouvoir laisser libre cours à leurs plus bas
instincts : vols, viols et trahisons remplissent la forêt de cris de désespoir et
de terreur.
Si l’abbé du Moniage Guillaume donne à Guillaume une mission qui
l’oblige à traverser la forêt, c’est bien parce qu’il espère que les brigands le
tueront en route : ainsi serait-il débarrassé de ce nouveau moine
encombrant ! Cachés dans un « parfont gaut41 », une profonde forêt, ces
derniers profitent des ressources volées à une famille dont ils viennent de
tuer les hommes et de violer les femmes. Ils se réjouissent de voir arriver
une proie apparemment facile, mais ils ont tort : Guillaume, tout moine
qu’il est devenu et tout désarmé qu’il soit, sait encore se défendre. Il tue la
troupe de malandrins et pend les corps aux branches d’un chêne, afin que
chacun sache que justice a été rendue. Dans Érec et Énide, roman de
Chrétien de Troyes, lorsqu’Érec souhaite prouver sa valeur, il part à
l’aventure près d’une forêt en faisant chevaucher sa femme Énide devant
lui : sa beauté et ses riches vêtements ne manquent pas de susciter la
convoitise des voleurs qui s’y trouvent inévitablement. Ils sortent de la forêt
pour l’attaquer, et tentent de s’y réfugier, en vain, quand l’attaque tourne en
leur défaveur42. La forêt, dense et obscure, est le refuge naturel des gens
mal intentionnés : ses arbres favorisent les embuscades aux voyageurs, et
offrent aux brigands un abri sûr… tant qu’ils ne rencontrent pas plus fort
qu’eux !
Enfin, c’est dans la forêt que se révèle l’âme noire de certains
protagonistes. Lancelot, qui traverse une forêt « bien sombre » et « fort
périlleuse »43, manque d’être abusé par une demoiselle faussement
secourable :
« Sire, fait ele, tornez cest sentier qui vait en cele forest, si troverés un recet que mi anchissor
establirent por herbergier les chevaliers qui par cest forest trespasseroient. Il iert la nuit
oscure. Se vos le trespassés, vos ne troverés recet tresqu’a .XX. liues galesches. »
Seigneur, lui suggéra-t-elle, tournez par ce sentier qui s’enfonce là dans la forêt et vous
trouverez un refuge fondé par mes ancêtres pour héberger les chevaliers de passage dans cette
forêt. La nuit noire ne va pas tarder, et si vous le dépassez, vous ne trouverez aucun refuge
jusqu’à une distance de vingt lieues44.
Mais elle ne lui propose un gîte que pour mieux le livrer à des bandits.
Elle s’empare de son épée et cherche à le tuer en même temps que les cinq
chevaliers brigands. Les dangers de la forêt se dissimulent parfois sous une
apparence trompeuse. Qui aurait cru que l’aide proposée était un piège, et
que la fragile jeune fille affronterait Lancelot par les armes ? La forêt est un
noir labyrinthe de sentiers et de trahisons. Comme Berthe, Mabillette dans
la forêt excite le désir de quatre larrons, qui l’enlèvent au chevalier qui
l’accompagnait… et qui l’abandonne sans vergogne. Les voleurs projettent
de violer la jeune fille l’un après l’autre :
« Venés ent, damoisele, en cest buisson decha !
Quant vos m’arés servie, .I. autre vos ara.
Ne serés pas pucele, quant il anuitera. »
Venez par là dans ce bosquet, mademoiselle ! Quand vous m’aurez servi, un autre vous
prendra. Vous ne serez plus vierge à la tombée de la nuit45 !
Un lieu de senefiance
Point de hasard dans la forêt : toute rencontre fait sens. Parti à la poursuite
du Blanc Cerf (voir Figure 20), Érec quitte la chasse pour suivre un
chevalier croisé en chemin. Ce dernier l’a offensé, mais comme il n’a pas
d’armure pour combattre, Érec se voit contraint de le suivre jusqu’à ce qu’il
puisse en emprunter une. Il traverse donc la forêt pour arriver à un château
inconnu où il pourra affronter et vaincre son adversaire… et où il rencontre
Énide, sa future épouse, qu’il ramène ensuite à la cour54. Pépin, lancé lui
aussi à la poursuite d’un cerf, se sépare de sa suite, s’égare… et retrouve
Berthe, sa femme qu’il croit morte depuis longtemps. Comme sa beauté
suscite en lui un grand désir, elle le supplie de respecter sa vertu en lui
avouant sa véritable identité. La vérité se révèle dans la forêt, où mari et
femme, parents et enfant se retrouvent enfin :
Figure 20 : Chasse au Blanc Cerf, Érec et Énide, Chrétien de Troyes, BnF, Fr. 24403, fol. 119, XIIIe s.
Figure 21 : Galaad vainqueur de Lancelot et de Perceval, La Quête du Saint Graal et la Mort
d’Arthus, Gautier Map, BnF, Fr. 343, fol. 17 v°, XIVe s.
Figure 22 : Alexandre et les arbres sacrés, Les faicts et les Conquestes d’Alexandre le Grand, Jehan
Wauquelin, BnF Fr. 9342, fol. 164, XVe s.
Les Juifs, issus des douze tribus d’Israël, ont été créés par Dieu, mais ont
crucifié Jésus dont ils ont détruit le corps à l’image des chiens qui lacèrent
la beste glatissant. C’est la raison pour laquelle les chiens s’enfuient au
cœur de la forêt et retournent à l’état sauvage : c’est une régression dans la
connaissance du divin. À l’inverse, le chevalier arpente les chemins
forestiers pour une meilleure connaissance des mystères sacrés. Les lieux
construits par les hommes ne lui apprendront rien : il lui faut retourner au
plus près de la Création, dans une nature première, pour se rapprocher de
Dieu et de ses mystères.
La nature, en effet, c’est Dieu. Celui qui, à l’heure du plus grand péril, ne
peut recevoir la communion des mains d’un prêtre, peut communier avec
trois brins d’herbe – le chiffre réfère à la Sainte Trinité, l’herbe à la
Création divine : tout dans la nature renvoie à Dieu. Cette pratique attestée
au Moyen Âge, et pas seulement dans les textes littéraires, se rencontre par
exemple dans Garin le Lorrain, au moment de la mort de Begon.
Mortellement blessé, ce dernier, sous un tremble, lance une dernière prière.
Puis
« .iii. foilles d’erbe a pris entre ses piez,
si la conjure des .iii. vertus del ciel,
por corpus Deu le reçut au mangier.
L’ame s’en va del gentil chevalier… »
À ses pieds, il arracha trois brins d’herbe et, prononçant une ardente prière au nom des trois
vertus du ciel, il les porta à ses lèvres, car ils symbolisaient le corps de Notre Seigneur. L’âme
quitta le noble chevalier66…
Il n’est pas jusqu’au tremble qui ne rapproche Begon de Dieu : cet arbre
semble avoir été tout particulièrement dédié à la construction de charpentes
d’église, au moins dans le Moyen Âge slave67. La mort de Begon est
infamante, mais il meurt littéralement dans les bras de Dieu, en martyr.
Figure 25 : Saint Antoine, Très belles Heures de Notre-Dame du Duc de Berry, BnF, NAL 3093,
XVe s.
Figure 26 : Perceval et la tentatrice, La Quête du Saint Graal et la Mort d’Arthus, Gautier Map, BnF,
Fr. 343, fol. 27, XIVe s.
La forêt pénitentielle
Dès lors, s’égarer dans la forêt revient non plus à se perdre, mais à se
retrouver. La forêt est une épreuve qui renforce et sanctifie le héros. Tristan
et Yseut ou les quatre fils Aymon sont, comme les brigands, des hors-la-loi
qui trouvent refuge dans la forêt, puisqu’elle est le seul espace échappant à
la justice des hommes. Cet asile, toutefois, ne revêt pas la même
signification pour les uns et les autres : si les malfaiteurs voient dans la
noire forêt un lieu propice aux exactions, dames et chevaliers vont y expier
leurs péchés. Les souffrances et les privations endurées dans ce lieu sauvage
les feront ensuite sortir grandis de ce calvaire, qui est parfois une première
étape vers la sainteté.
À la différence d’Yvain qui est retourné à l’état d’homme sauvage, Tristan
et Yseut ont gardé leur pleine humanité. Il leur faut survivre en forêt, tout
en gardant leur dignité humaine. Contrairement aux ermites qui organisent
l’espace et ouvrent la forêt à la lumière divine, ils ne peuvent se construire
une maison : ils sont en fuite, et ce n’est de surcroît pas leur rôle. Ils vont
donc mener une vie précaire et rude (voir Figure 28) :
Seignors, mot fu el bois Tristrans,
Mot i out paines et ahans.
En un leu n’ose remanoir ;
Dont lieve au main ne gist au soir.
Seigneurs, Tristan est resté bien longtemps dans la forêt, où il a dû supporter bien des peines
et des souffrances. Il n’ose pas rester au même endroit. Il ne couche jamais le soir là où il s’est
levé le matin81.
Figure 28 : Tristan et Yseut dans la forêt, Tristan en prose, Luce du Gast, BnF Fr. 102, fol. 71, XVe s.
Figure 29 : Tristan et Yseut dans la forêt, Tristan en prose, BnF Fr. 97, fol. 62, XVe s.
Vers la sanctification
D’autres héros épiques font le choix de la vie en forêt, soit en tant que
réprouvés, comme Renaut de Montauban et ses frères, soit en tant que
pénitents.
Dans Le Moniage Guillaume, Guillaume d’Orange, après avoir renoncé à la
vie dans le siècle, renonce également à la vie monastique et se fait ermite.
En tant que guerrier, il a tué de nombreux ennemis : c’est un péché dont il
doit se racheter86. Comme Jésus, comme de nombreux saints – ainsi saint
Antoine –, il choisit de se retirer dans un « désert » pour se rapprocher de
Dieu. Comme eux, il doit affronter le démon : alors qu’il cherche à
construire un pont pour faciliter le passage d’un torrent aux pèlerins de saint
Jacques, le diable détruit chaque nuit ce qu’il a construit le jour. Il décide
alors de faire le guet et affronte le diable qu’il précipite dans le torrent. Une
fois ce dernier prisonnier des tourbillons du courant, il achève le pont. C’est
ainsi que le preux Guillaume d’Orange devient saint Guillaume, celui qui
finit ses jours dans son ermitage de Saint-Guilhem-le-Désert87.
L’érémitisme, ou le retour à la forêt, constitue donc une étape vers la
sainteté. La vie ascétique qu’impose la forêt sauvage, la lutte contre les
bêtes féroces et les démons, le travail de défrichement pour faire entrer la
lumière de Dieu dans la pénombre des bois, tout cela fait du pécheur un
saint. Ainsi la chanson de geste se rapproche-t-elle de l’hagiographie au
travers de la forêt.
Pour de nombreux héros épiques, la forêt apparaît en effet comme une
étape vers la sainteté. Après de multiples épreuves, parmi lesquelles
figurent les sévices infligés en forêt par Milon, Florence de Rome se réfugie
dans le monastère de Beau-Repaire où elle prend le voile. Elle y accomplit
des miracles, en guérissant tous les malades qu’on lui amène. Or, ceux qui
lui ont fait du tort sont tous tombés malades : Milon est par exemple devenu
lépreux. Au bruit de sa réputation, tous viennent à Beau-Repaire, avouent
publiquement leurs péchés et sont ensuite guéris par la « sainte nonain », la
sainte nonne88. Si Florence revient ensuite dans le siècle, puisqu’elle
retrouve son mari, elle n’en a pas moins le parcours d’une sainte. Ses
épreuves constituent un martyre dont l’épisode en forêt est une étape. De
même, Renaut de Montauban et ses frères endurent de grandes souffrances
dans la forêt des Ardennes (voir Figure 30) :
Et Renaus et si frere ont les destrois passés.
En la parfonde Ardane es les vos tos entrés ;
Lors lor covint sofrir les tres grans povretés.
Renaut et ses frères, franchissant les défilés, s’enfoncèrent dans la forêt d’Ardenne avec leurs
hommes. C’est le dénuement le plus complet qui les y attend89…
Figure 30 : Les quatre fils Aymon montés sur le cheval Bayard, Renaud de Montauban, BnF, Fr. 766,
fol. 93, XIVe s.
Figure 31 : Les quatre fils Aimon sortant de la forêt, Renaud de Montauban, BnF, Ms 5073 Rés,
fol. 32 v°, XVe s.
Figure 33 : Lion de Juda, Liber Floridus, Lambertus de Sancto Audomaro, BnF, Lat. 8865, fol. 43,
XIIIe s.
Figure 34 : Lion et tigre s’affrontant, Ancient testament, BM Besançon, ms 0002, fol. 130 v°, XIIIe s.
Dans Valentin et Orson, une chanson de geste perdue mais dont la mise en
prose a connu de nombreuses versions imprimées du XVIe siècle jusqu’à la
Bibliothèque bleue au XIXe siècle, la mère donne naissance à des jumeaux
dans la forêt. Une ourse s’empare de l’un d’eux, et l’autre est recueilli par le
roi Pépin : le premier, Orson, grandit comme un homme sauvage, élevé par
l’ourse comme s’il était l’un de ses oursons (voir Figure 35). Le second,
Valentin, grandit à la cour et devient un chevalier accompli98. Le destin
opposé des jumeaux met en évidence les fonctions distinctes de la nature et
de la culture dans l’éducation d’un enfant : lorsque Valentin capture Orson,
celui-ci ne sait pas parler. De plus, le lait de l’ourse l’a rendu velu comme
elle. Si la forêt lui a permis de croître en force et en vigueur, il lui faudra
acquérir l’humanité qui lui manque par le baptême et par l’apprentissage du
langage et des bonnes manières. Bien que Perceval ne soit pas un homme
sauvage, il a lui aussi grandi dans la « Gaste Forest soutainne99 » auprès de
sa mère, qui s’est bien gardée de lui donner l’éducation d’un chevalier, dans
l’espoir d’épargner sa vie (elle a déjà perdu son mari et deux fils). La forêt
préserve de la vie en société : y grandir revient à vivre dans l’ignorance, ce
qu’illustrent les questions naïves que le jeune Perceval pose aux chevaliers
rencontrés dans la forêt, ainsi que ses maladresses envers les demoiselles ou
son ignorance des usages de la cour.
Figure 35 : L’ours, Le Livre de chasse, que fist le comte Febus de Foys, seigneur de Bearn, Gaston
Phébus, BnF, ms. Fr. 616, fol. 27 v°, XVe s.
Or, cette opposition entre nature et culture est résolue dans Tristan de
Nanteuil. Né en mer, pendant une tempête, le petit Tristan est séparé de ses
parents. Il est sauvé par une sirène, qui l’allaite, puis par des pêcheurs dont
la femme donne également le sein au bébé. Une « cerve » – inspirée peut-
être du souvenir de Cernunnos, dieu-cerf des Celtes, symbole à la fois de
puissance virile et de fécondité – s’empare enfin de l’enfant et l’emporte
dans la forêt. De même que le poète de Lion de Bourges préfère parler d’un
lion plutôt que d’une lionne, de même celui de Tristan de Nanteuil féminise
le masculin « cerf » plutôt que de parler d’une biche (voir Figure 36). Il faut
dire que cette cerve est particulièrement féroce : elle tue hommes, femmes
et enfants, et s’en prend de préférence aux païens qu’elle dévore. Mais elle
prend soin de Tristan, qu’elle nourrit de beurre et de fromage, de viande
cuite et crue et de bon pain de froment100. Cette nourriture volée aux
humains indique que Tristan, tout sauvage qu’il soit, échappe à l’animalité.
L’adolescent qu’il est devenu a le corps velu, mais un beau visage clair. Il
vit nu, mais des anges lui ont appris à parler, et même plusieurs langues :
La cerve m’a nourry moult tres longue saison,
Et ly ange des cieulx, quant j’estoie enfançon,
M’aprint et doctrina au vouloir de Jhesum ;
Tant que jë eux .vii. ans, fut a ma nourrisson.
Or n’est language ou monde que moult bien ne savon…
La cerve m’a élevé pendant très longtemps, et quand j’étais tout petit, un ange des cieux
m’instruisit et m’enseigna selon la volonté de Jésus. Telle fut mon éducation jusqu’à mes sept
ans. Il n’y a pas de langage en ce monde que je ne maîtrise à la perfection101.
Figure 36 : Lion ressuscitant son petit - cerf, Bible latine, Paris, m034, fol. 1 r°, XIVe s. ©
Bibliothèque Mazarine.
Permanence romanesque…
À la fin du Moyen Âge, la sensibilité a changé. Les modes d’écriture
aussi. Y a-t-il une appréhension nouvelle, directe et objective de la réalité et
en particulier des lieux où se placent l’action romanesque et la rêverie
poétique ? Les allusions aux paysages, aux forêts, vergers, clairières et
fontaines, demeurent rares, voire absentes. L’univers romanesque garde
cependant en mémoire les schémas narratifs anciens ancrés dans le
merveilleux et la fiction. Le succès du roman de Mélusine105 repris à la fin
du XIVe siècle par Jean d’Arras, puis par Coudrette le prouve : la forêt où le
jeune seigneur de Lusignan tue son seigneur lors d’une partie de chasse, où
il erre longuement avant de rencontrer la fée dont il tombe amoureux, est
toujours chargée de valeur symbolique et n’a pas besoin d’être décrite.
Adaptées en prose, rassemblées dans de vastes compilations, les aventures
des chevaliers arthuriens les conduisent toujours vers des forêts celtiques
pour abolir les dernières coutumes d’un monde originel qui ne connaît pas
les règles de la chevalerie et de la courtoisie. Ainsi Perceforest106, immense
ensemble romanesque composé vers 1340 pour Guillaume Ier de Hainaut,
retrace les origines de l’Angleterre en reliant l’histoire d’Alexandre et celle
du Graal. Alexandre confie l’Écosse à Gadifer et l’Angleterre à Betis, son
frère. L’île est alors encore couverte de forêts peuplées d’êtres et de lieux
merveilleux. C’est après avoir pénétré dans les bois maléfiques de
Darnantes et en avoir supprimé les enchantements que Betis prend le nom
de Perceforest. Froissart imagine quant à lui le vaste roman de Melyador107
dans lequel le motif de la chasse au cerf ouvre la quête du héros, qu’il
s’agisse de Camel de Camois ou de Sagremor, le fils du roi d’Irlande. La
forêt demeure ainsi le lieu privilégié où le chevalier doit s’enfoncer s’il
cherche des aventures et veut prouver sa valeur.
Vers la fin du XIVe siècle un autre roman, Ysaÿe le Triste108, reprend et
poursuit l’histoire de Tristan et Yseut. L’auteur imagine que leur fils Ysaÿe,
né dans une forêt, est confié par sa mère à un ermite, lequel remet l’enfant à
quatre fées vivant dans la « Verde Forest ». Le schéma est repris ici au
roman de Lancelot qui raconte comment Lancelot est élevé par la Dame du
lac. À l’adolescence, Ysaÿe revient vers le monde des hommes et s’engage
dans de multiples aventures afin de faire cesser le déclin de la chevalerie.
Les épisodes situés dans la forêt sont nombreux, colorant le récit du
souvenir de légendes anciennes. Dans la forêt de Darnantes se trouve la
tombe de Merlin, où Ysaÿe peut interroger le devin. Le héros et ses
compagnons traversent des lieux inquiétants : la « Gaste Forest » où tous
les arbres sont secs, la Forêt aux aventures où vit un chevalier faé, le
Chevalier sauvage, la Forêt aux lions gardée par deux frères redoutables, la
Forêt de l’estrange pas, royaume où il faut pénétrer en combattant, ou
encore la Forêt noire hantée par un géant. Les péripéties s’enchaînent pour
prouver comment Ysaÿe, tout comme les chevaliers arthuriens qui l’ont
précédé, est capable de vaincre les derniers enchantements d’un monde
primitif et sauvage – incarné par la forêt – afin de restaurer les valeurs de la
chevalerie.
Les romans d’aventure du XVe siècle conduisent le plus souvent leurs
héros dans d’autres contrées, loin des forêts bretonnes. Les lieux de
l’action, parfois précisés par des toponymes empruntés à la réalité,
n’introduisent pas pour autant de distinction entre réel et imaginaire. Dans
les romans composés notamment pour la cour de Bourgogne – Jean
d’Avesnes, Gilles de Chin, Le Roman de la Violette ou encore Baudouin de
Flandre109 –, les aventures sont situées dans les forêts du Nord et des
Flandres : forêt d’Ardenne, forêt de Mormal ou forêt de Valois. La précision
géographique ne donne cependant qu’une illusion de réalité et n’entame pas
la part de rêve que conserve la forêt médiévale : Jean d’Avesnes combat un
dragon dans la forêt de Valois, épreuve annonçant son avenir valeureux ;
Gérard de Nevers, dans Le Roman de la Violette, défend une jeune fille
abandonnée dans une clairière. Baudouin de Flandre poursuit un énorme
sanglier noir depuis Noyon jusqu’à la forêt de Mormal : c’est là qu’il
rencontre une créature magnifique, fille d’un roi d’Orient, qui chevauche
seule un palefroi noir, là qu’il devient la victime d’un enchantement
maléfique. C’est dans cette même forêt que Jean d’Avesnes s’enfuit et se
réfugie lorsqu’il est éconduit par la dame qu’il aime. Pendant sept années, il
vit dans un arbre creux, se nourrissant d’herbes et de racines et se
transformant en « homme sauvage » ; nu, recouvert de poils, il se confond
avec le monde de la forêt. La dame retrouve son ami en traversant la forêt
d’Ardenne, alors qu’elle vient se recueillir à l’abbaye de Saint-Hubert
d’Ardenne. L’être étrange qu’est devenu le jeune chevalier est d’abord
confondu avec un loup. Il reprend son apparence humaine en quittant la
forêt et en retrouvant l’amour de son amie.
Le motif de l’homme sauvage s’impose en effet à la fin du Moyen Âge
dans l’imaginaire des hommes, dans les contes et les romans, dans les
enluminures qui ornent les manuscrits, dans les tapisseries qui agrémentent
les demeures, et même dans les spectacles et les fêtes. Le 26 janvier 1393 à
la cour de France, à l’occasion d’un bal déguisé pour fêter le remariage
d’une demoiselle d’honneur, le roi Charles VII et quelques amis, pour se
distraire, se déguisent en « hommes sauvages » : vêtus de costumes sur
lesquels poils et plumes sont collés, velus de la tête aux pieds, ils poussent
des cris d’animaux et divertissent la foule. Mais une torche brandie par le
duc d’Orléans enflamme les danseurs : le roi ne doit son salut qu’au geste
de la duchesse de Berry qui l’enveloppe de sa robe pour étouffer le feu ;
mais quatre hommes meurent, brûlés vifs. Ce bal, resté célèbre sous le nom
de bal des Ardents, témoigne tragiquement de la mode pour les « hommes
sauvages » (voir Figure 37).
… et renouveau poétique
C’est sans doute davantage dans les œuvres poétiques que se développent
une sensibilité originale et une nouvelle façon d’évoquer des paysages et
des lieux qui repose sur un usage systématique de l’allégorie. L’influence
des poètes courtois du XIIe siècle, mais surtout du Roman de la Rose
composé au siècle suivant, y est déterminante. L’univers mental évoqué
dans cet art d’aimer est mis en scène grâce à une technique d’écriture
transposant une réalité vers une senefiance. Les poètes du Moyen Âge
finissant reprennent et amplifient ce procédé afin de dire leurs sentiments et
leurs états d’âme.
Charles d’Orléans110 surtout est l’héritier de cette tradition et excelle dans
ce jeu poétique qui lui permet de montrer les cheminements de sa pensée et
de son cœur. Le thème de l’exil, l’éloignement de la France, les deuils
successifs qu’il connut, ses désespoirs amoureux, le sentiment du temps qui
passe colorent son œuvre de mélancolie. Ballades et rondeaux se succèdent
en dessinant un paysage mental qui repose sur des analogies entre le monde
visible et les états d’âme du poète. La forêt, toujours inquiétante pour les
hommes de cette époque, lui fournit le lieu qui caractérise le mieux ses
angoisses et ses doutes : l’action décrite dans les poèmes est alors située de
façon significative « en la forest d’Ennuyeuse Tristesse » (ballade LXIII),
« en la forest de Longue Actente » (ballade CV, rondeaux CCXXV et CCXXVIII),
« en la forest de ma Pensee » (rondeau CXCVII) ou dans « le boys de
Merencolie » où se trouve « l’ermitage de Pensee » (ballade XLIII). Ainsi
dans la ballade LXIII, composée en Angleterre, se croisent plusieurs motifs
souvent associés :
Figure 37 : Le Bal des Ardents, Chroniques, Jean Froissart, BnF, Fr. 2646, f. 176, XVe s.
Dans cette forêt, véritable cauchemar pour les amoureux, il ne voit que
cadavres et gens désespérés, il n’entend que cris et plaintes. Attachée à un
arbre, avec une chaîne d’Amer Souvenir, une jeune femme descoulouree
adresse une complainte à la reine des cieux. La pièce a sans doute eu du
succès et Simon Greban, dans la complainte qu’il compose à l’occasion du
décès de Jacques Milet en 1466, représente dans une forêt la désolation des
neuf Muses qui pleurent la mort du poète.
Lieu de la mélancolie, des dangers et des rencontres périlleuses, la forêt
est tout naturellement associée par les poètes à la mort. Le Chevalier
délibéré, composé par Olivier de La Marche en 1483 représente, lui aussi,
un héros habité par la mélancolie. Ce n’est plus l’amour qui le fait souffrir,
mais le sentiment que le temps passe et qu’il est, à l’automne de sa vie,
condamné à une fin prochaine. Il lui faut en effet comme tous les hommes
affronter deux chevaliers, qui sont au service de la Mort, Antique et Débile.
La forêt où il risque de les rencontrer emprunte alors son nom à la
mythologie :
Ces deulx chevaliers trescrueulx
En la grant forest d’Atropos
Tiennent le Pas Perilleux,
Tres horrible, tres merveilleux,
Sans avoir jour ne nuit repos
Et continuent leur propos
De tant combatre et de ferir
Que faire tout homme mourir.
Ces deux chevaliers fort cruels, dans la grande forêt d’Atropos, défendent le Pas Périlleux,
singulièrement horrible et effroyable. Sans jamais prendre de repos, jour et nuit, ils s’attachent
à un seul but : combattre et frapper, tant et si bien que c’est la mort qui attend tous les
hommes114.
Figure 39 : Meliadus caché dans la forêt, Guiron le Courtois, Bernarbò Visconti, BnF, NAF 5243,
fol. 38 v°, XIVe s.
Ce désert très fréquenté suscite donc les désirs les plus contradictoires :
les uns rêvent d’y laisser libre cours à leurs pulsions les plus féroces, les
autres aspirent à faire la paix avec eux-mêmes et avec Dieu, d’autres encore
voient dans la forêt une alcôve destinée aux plaisirs sexuels. Lieu sombre et
mystérieux, la forêt est enfin la matrice du héros, l’endroit où il va naître et
s’accomplir sur un plan spirituel ou guerrier. À l’image de ces bêtes
sauvages qui recueillent et élèvent des nouveau-nés humains, la forêt, en
définitive, fait grandir les humains qui la traversent. Autant elle peut tirer
l’homme vers le bas et l’animalité, autant elle peut nourrir l’âme et le cœur,
faisant surgir le plus pur idéal – un idéal que l’étroitesse des liens sociaux,
dans la cité, ne laisse pas germer et s’épanouir. N’est-elle pas une
cathédrale dont les vivants piliers, dans leur verticalité, s’enfoncent sous la
terre tout en tendant vers les cieux ? La forêt, séjour de la femme sensuelle
comme de la mère protectrice, apparaît comme une divinité première
investie par le Dieu chrétien.
Ainsi ouverte à tous les imaginaires, la forêt transforme profondément
ceux qui la traversent. De la naissance à la mort, ses sentes et ses pistes sont
autant de voies pour le cheminement de l’âme humaine, perpétuellement
égarée entre le bien et le mal. Sous ses frondaisons, dans le mouvement
perpétuel de l’ombre et de la lumière, la forêt se révèle entre refuge et
cauchemar, pénitence et pulsion, animalité et sacré : la forêt, pour l’homme
médiéval, est une âme115.
CHAPITRE 2
La forêt dans l’hagiographie
Anne Wagner et Monique Goullet
On retrouvera saint Lunaire un peu plus loin, aux prises avec les brigands.
En Hainaut, Ghislain nettoie le sol, arrache de ses mains ronces et racines
pour construire son monastère15. La situation d’Hilaire de Mende est plus
dramatique encore : il s’établit dans une cellule mais va souvent, la nuit,
prier dans la basilique du saint martyr Privat. Une fois, en pleine nuit, alors
qu’il revient de la basilique dans sa cellule, il est élevé dans les airs et
déposé dans une horrible forêt de buissons entourée de denses broussailles.
Il est retrouvé au bout de trois jours, en train de psalmodier, et, pour le
dégager, ses frères doivent ouvrir un chemin à la hache16 (voir Figure 1).
Figure 1 : Saint Jérôme, ermite, S. Hieronymi espistolarum tomus secundus, BM Besançon, ms 172,
fol. 1, XVe s.
Figure 2 : L’ours, Psautier à l’usage de Limoges, BM Besançon, ms 140, fol. 159 v°, XIIIe s.
L’animal sauvage est domestiqué par le saint, qui en fait une bête de
somme, ou une sorte d’animal de compagnie. L’hagiographie abonde en
saints apprivoisant des ours ; ceux-ci restent pourtant des animaux de la
nature sauvage et c’est ce que souligne la Vie de saint Gall († c. 650) par
Wetti. Gall, compagnon de Colomban, est resté au pays des Alamans et
s’est retiré dans un ermitage sur la rive du lac de Constance. Un ours
descendu de la montagne détruit le bois qui devait servir à la construction
de sa cabane. Gall lui ordonne de jeter les débris au feu, lui offre du pain,
mais ensuite le fait s’éloigner de la vallée en disant : « Au nom de mon
Seigneur Jésus-Christ, éloigne-toi de cette vallée. À toi les montagnes et les
collines, mais ne nuis ici ni aux bêtes ni aux hommes29 ».
Allant à Rome, saint Corbinien fait halte à la lisière d’une forêt ; un ours
en sort et dévore son cheval. Corbinien dit à son serviteur : « Prends ce
fouet, approche-toi de l’ours, donne-lui une correction et châtie-le pour son
méfait. » Comme le serviteur n’ose pas le faire, l’homme de Dieu dit : « Va,
n’aie pas peur de lui, mais agis ainsi que je te l’ai ordonné, puis garnis-le du
bât et charge mon bagage sur son dos et fais-le marcher jusqu’à Rome, avec
nos chevaux. » L’ours porte le bagage jusqu’à Rome, d’où le saint le
renvoie30.
D’après les Dialogues de Grégoire le Grand, en 471, en Ombrie, l’ermite
Florent, se sentant seul, prie Dieu afin d’obtenir de l’aide ; il voit venir un
ours qui se couche à ses pieds. Florent a quatre brebis : il les confie à l’ours
qui devient leur berger. Celui-ci les ramène à midi lorsque Florent ne jeûne
pas, et à trois heures lorsqu’il jeûne. Mais des moines jaloux tuent l’ours.
Florent sort le chercher et tombe sur son cadavre. Il pleure la perte de l’ours
et la méchanceté des moines, et dit : « J’espère que Dieu punira les
coupables ! » Et en effet ! les moines moururent31.
Il arrive que l’ours soit un messager de la volonté divine, et désigne le lieu
où se construira le monastère. Sainte Richarde bâtit l’église Saint-Pierre-et-
Saint-Paul d’Andlau là où une ourse lui en montre l’emplacement32. Dans
la Vie de Ghislain, une ourse poursuivie par Dagobert se réfugie sous le
manteau du saint ; les chiens n’osent pas l’attaquer. Le roi reparti, l’ourse
vole un panier qui contient les vêtements liturgiques et le saint la poursuit.
Après avoir suivi un jeu de piste qui implique un aigle et des bergers, il
retrouve l’ourse dans sa tanière, où elle et ses petits jouent avec les
vêtements conservés dans le panier. Ghislain les chasse, récupère son bien
et fonde là son monastère33.
La proximité du saint avec le monde animal le rend parfois suspect.
D’après sa légende tardive, Ronan, un Irlandais installé dans la forêt
bretonne, ordonne à un loup de relâcher le mouton volé à un fermier. La
femme du fermier, qui a enfermé sa fille dans un coffre où elle est morte,
accuse alors le saint d’être un loup-garou et d’avoir dévoré son enfant –
mais le saint ressuscite la jeune fille34.
La chasse
La forêt est le lieu d’une des activités majeures de la société médiévale :
on y chasse, pour la subsistance, pour l’entraînement militaire et pour le
plaisir ; un chasseur sachant chasser… est un homme, ce que dit la Genèse,
10:8-9 : « Kush [petit-fils de Noé] engendra Nemrod, qui fut le premier
potentat sur la terre. C’était un vaillant chasseur [robustus venator] devant
Yahvé, et c’est pourquoi l’on dit : “comme Nemrod vaillant chasseur devant
Yahvé”. » Cette expression proverbiale laisse voir un chasseur adjoint de
Dieu ; ce qui n’est pas souvent le cas dans les textes hagiographiques,
l’aristocrate, voire le roi, rencontrant parfois des saints qui s’opposent à sa
pratique cynégétique, car l’église est lieu d’asile et la chasse est l’occasion
de manifestations miraculeuses.
Dans la Vie de saint Calais35, le chasseur est le roi Childebert ( † 558).
Dans un endroit désert (in solitudine), un bubalus se trouve là, qualifié de
taurus silvaticus, énorme et sauvage, d’une taille et d’une férocité
extraordinaires. Malgré le terme employé, il ne s’agit pas d’un buffle, qui
est asiatique ou africain. En revanche, au Moyen Âge, il existait dans les
forêts européennes des aurochs tout aussi puissants et impressionnants ; les
derniers ont disparu en Pologne au XVIIe siècle. Tous les jours l’animal
dépose sa férocité devant Calais, le saint de Dieu, et il baisse la tête comme
pour recevoir une sorte de bénédiction, jusqu’à ce que le saint puisse le
caresser de sa main. Le serviteur de Dieu, flattant la tête et le col de la bête,
délivre ce présage aux frères : « Ce bubalus porte la marque d’un homme
puissant, qui viendra vers nous avec indignation ; mais contraint par la
providence divine, il s’éloignera avec une grande mansuétude. » Chose que
plus tard l’événement confirme. Lorsque Childebert roi des Francs arrive au
Mans, il y séjourne un bon moment. On lui parle de la taille énorme et
sauvage de ce buffle : entendant cela, le roi fait ses préparatifs de chasse,
entre dans une région boisée inhabitée (heremum)36 et demande où se
trouve la bête. Aux premiers coups de trompette, hurlements et aboiements,
l’animal, perturbé, se réfugie auprès de Calais. La chasse est donc
infructueuse. Entre le roi, qui a suivi le bubalus, et Calais s’ensuit alors une
longue discussion qui aboutit à la « conversion » du chasseur à de bons
sentiments de générosité pour l’Église ; Childebert offre des terres au saint,
qui lui donne en retour une coupe inépuisable. On retrouve ici le thème de
l’ermite qui légitime le pouvoir : sans que la coupe soit à proprement parler
le saint Graal, elle comble les vœux de celui qui la détient37 (voir Figure 3).
Une autre anecdote, moins connue, est présente dans la Vie de saint
Hubert : un sanglier, poursuivi dans la forêt jusqu’à la porte de l’abbaye de
Saint-Hubert, échappe miraculeusement aux chasseurs quand ceux-ci
refusent de l’offrir au saint comme ils l’avaient promis41.
Les Gesta de Toul relatent la légende de fondation de l’abbaye de
Bouxières : le frère de l’évêque, chassant sur les bords de la Meurthe, voit
ses chiens refuser de forcer un sanglier réfugié dans un buisson, où il
aperçoit les ruines d’un autel42. Pierre de Maillezais raconte la découverte
du lieu sacré oublié dans l’île couverte d’une forêt de chênes et de hêtres,
entourée par un marais ; c’est un « repaire des bêtes sauvages » et des
oiseaux. Un sanglier d’une taille exceptionnelle attire un chevalier vers les
ruines du sanctuaire : quand ce dernier lui jette une pierre, il reste aveugle et
paralysé jusqu’à la fondation du monastère43.
Au XIIIe siècle, le sanglier perd cette qualité de gibier privilégié au profit
du cerf, symbole christique puisqu’il peut manger des serpents venimeux, et
aussi symbole de renaissance puisqu’il perd ses bois et que ceux-ci
repoussent (voir Figure 5).
Figure 5 : Le cerf, Psalterium, ad usum conventus cujusdam ordinis Cisterciensis, BM Besançon, ms
54, psautier de Bonmont, fol. 60 v°, 1260.
Figure 6 : Chasse au cerf, Les miracles de la Vierge, Gautier de Coincy, BM Besançon, ms 551,
fol. 7, XIIIe s.
Un autre récit concernant les cerfs se lit dans la Vie de saint Lunaire.
Fatigués par trois semaines de labour, les moines songent à fuir, mais un
ange réconforte Lunaire, lui ordonne de préparer des instruments aratoires
et lui dit :
« Saint Lunaire, recouvre ton courage et sois fort, puisque ta prière a été exaucée et que tes
larmes ont obtenu ce que tu as demandé ; ton Seigneur et maître Jésus-Christ te prescrit de
fabriquer six jougs et tous les instruments propres au labour de la terre ; place-les dans le
champ dont le bois a été projeté dans la mer, et là, tu verras un grand miracle accompli sur
terre grâce à toi par Dieu tout-puissant pour que Son nom soit aussi loué et béni parmi les
habitants de cette région. » S’éveillant de ce songe, il narra dans l’ordre à ses frères ce qu’il
avait vu, puis il agit comme le lui avait ordonné et prescrit l’ange et fit porter ces choses dans
le champ, selon la prescription du Seigneur. Le matin, après les laudes matutinales, il sortit et
vit douze très grands cerfs debout dans ce champ entourant un autre cerf qui gisait mort et
qu’ils avaient tué de leurs bois. Saint Lunaire, à ce spectacle, en rendant grâce au Père, au Fils
et au Saint-Esprit, alla dans le champ avec ses frères. Les cerfs, qui ne paraissaient pas
sauvages mais apprivoisés, l’attendaient sans bouger. Saint Lunaire fit écorcher le cerf mort et
découper dans sa peau des lanières avec lesquelles les autres cerfs furent attelés sous les
jougs. Ce jour-là, ils ne firent rien d’autre que de louer Dieu et Ses œuvres admirables.
Le lendemain, ils se rendirent en obédience et leurs regards découvrirent les cerfs, debout
autour de l’araire, qui attendaient la venue de saint Lunaire. À son arrivée, il fit atteler les
cerfs comme des bœufs domestiques et se mit à labourer son champ du matin jusqu’à none :
ils tiraient ainsi, grâce à l’admirable dessein de Dieu tout-puissant, tous ensemble d’un seul
accord, sans qu’il y ait besoin de les aiguillonner, toute la journée, jusqu’à l’heure de les
détacher. Cette heure passée, ils se plaçaient au bout du champ et personne ensuite ne pouvait
les en faire bouger jusqu’à ce qu’ils fussent détachés et dételés des jougs. Ils le firent chaque
jour, ne partant que pour paître toute la nuit et revenant le matin, deux par deux, à leur joug.
Ils firent cela jusqu’à ce que le champ, d’où le bois avait été jeté dans la mer, fût tout entier
labouré. Ils firent cela ainsi, de la même manière, pendant cinq semaines et trois jours.
Ensuite, tous les douze cerfs vinrent assemblés en troupeau et se placèrent devant saint
Lunaire comme pour lui demander la permission de le quitter. Il leva la main, les bénit et dit :
« Allez en paix. » Vite ils repartirent et ne réapparurent ensuite nulle part dans toute cette
région47 [voir Figure 7].
Figure 7 : Le cerf, Les miracles de la Vierge, Gautier de Coincy, BM Besançon, ms 551, fol. 7 v°,
XIIIe s.
Figure 8 : Les démons dans la forêt, Les miracles de la Vierge, Gautier de Coincy, BM Besançon, ms
551, fol. 8 r°, XIIIe s.
Il serait sans doute présomptueux de décrypter ces textes à la loupe
animale ! Mais la forêt, quelle qu’elle soit, peut aussi se révéler comme un
souvenir de paradis perdu.
L’éden, et après ? La Vie de saint Guénolé par Gurdisten fait valoir l’aspect
édénique du locus amoenus, « lieu de plaisance », où sera fondée l’abbaye
de Landévennec :
Une fois l’hymne dit, ils entrèrent dans une forêt jouxtant le rivage ; alors, après avoir cherché
une vallée ils trouvèrent un emplacement accessible, découpé en quelque sorte par une
fortification de montagnes d’un côté et par des prairies de l’autre, finissant d’un même côté de
la mer et du fleuve. C’était un lieu très plaisant, qu’aucun vent ne pouvait atteindre sauf s’il
venait de l’orient, une sorte de paradis éblouissant au lever du soleil, produisant chaque année
fleurs et bourgeons, un lieu destiné et préparé par Dieu pour ses serviteurs, un jardin décoré de
toutes les sortes de couleurs de fleurs, mais bien plus tard il s’illustra encore de la douce
fragrance des saints corps qui reposent là en nombre si grand qu’on ne saurait les compter. Le
privilège de ce lieu fut que, selon la règle ordonnée par Guénolé aucune femme ne devait
souiller l’entrée du lieu. C’est donc là qu’ils s’installèrent, les frères s’adonnant à un travail
sans relâche, tandis que Guénolé, leur abbé, s’adonnait attentivement à la prière53.
Figure 1 : Chasse à l’ours et chasse au vol, Les miracles de la Vierge, Gautier de Coincy, BM
Besançon, ms 551, fol. 13 v°, XIIIe s.
La forêt matériau
La forêt est le réservoir de cette formidable matière première qu’est le
bois. Le ramassage du bois de chauffe et du bois vert n’impliquant pas de
taxe, l’emploi de ce matériau est important : colombages, palissades,
charpentes, échalas, instruments agricoles, mais aussi ustensiles culinaires
et, bien sûr, sous la forme de combustible – sans parler de produits comme
l’écorce de bouleau ou de résineux pour fabriquer des torches31, de l’écorce
de chêne pour tanner les peaux. Les pinèdes des Vosges fournissent chaque
année aux clercs de Reims et aux différents monastères fondés par Rémi de
la poix pour enduire les tonneaux de vin32. La navigation est également
consommatrice de bois. Abbon évoque poétiquement à la fin du IXe siècle
les bois utilisés sur les chantiers navals : sapins, chênes, ormes, aulnes33.
Ermold le Noir se plaint du déboisement des Vosges organisé par les
marchands frisons qui abattaient sur place une grande quantité d’arbres
acheminés ensuite vers le Rhin pour y être emportés, comme nous allons le
voir en détail plus loin34.
À Psalmodi dans le Midi, l’analyse des bois d’œuvre carbonisés des
niveaux de démolition de la période VIIIe-Xe siècles révèle l’absence de bois
exogènes à la région. La forêt locale est donc largement une réserve de
merrains. Mais il semble que certaines régions ont du mal à se procurer du
bois de bonne qualité. Il doit y avoir des flux réguliers entre les zones de
production et les régions de consommation ou d’écoulement. Au nord, les
fouilles du comptoir commercial de Dorestad ont montré qu’il fut presque
entièrement construit avec du bois prélevé dans les massifs de Rhénanie
moyenne35. Mais sans doute plus que le bûcheron, c’est le charbonnier qui
est le plus grand destructeur de forêts. Tout dépend bien sûr des besoins des
fours locaux. À la fin du Moyen Âge, la consommation des grandes forges
peut être considérable : certains textes du XVIe siècle permettent d’estimer à
15-20 ha de forêt par an la consommation d’une seule grosse forge, soit 300
à 400 ha nécessaires à sa pérennité. Dès le XIVe siècle, un peu partout déjà
se font sentir des signes de faim de bois36.
À la fin du Moyen Âge, les forêts continuent d’offrir des essences variées,
fournissant autant de ressources en bois différentes. Les analyses
palynologiques et des ressources textuelles plus abondantes et précises
permettent de se faire une idée de la composition des boisements : chêne,
hêtre, frêne, charme, tremble, érable, orme, châtaignier, mais aussi aulne,
saule et bouleau, cornouiller ou encore cerisier, pommier et poirier
sauvages, ou encore sapin, pin et mélèze. Certaines de ces essences ont été
particulièrement surveillées et protégées tels le hêtre et le chêne en raison
de leur double intérêt économique puisqu’ils fournissent concurremment les
faînes et les glands pour les porcs et le bois de construction. La variété des
essences, leur mélange (les peuplements monospécifiques contemporains
étant alors inexistants) tout comme des conditions écologiques différentes
(exposition, nature du sol, pente, etc.) donnent à ces forêts médiévales des
faciès bien divers.
Tout le matériel ligneux est utilisable et utilisé selon les besoins : du bois
aux écorces collectées pour le tannage, des branches aux souches, du bois
vif au bois mort et chablis pour le chauffage, du chêne au tremble, au saule
et au noisetier. Bois de construction (merrain), mais aussi bois pour clore,
pour fabriquer des échalas pour les vignes, pour l’artisanat (cerclerie,
vannerie, saboterie) et bien sûr pour le chauffage de la maisonnée comme
pour alimenter les activités proto-industrielles (métallurgie, verrerie, tuiles,
fours à chaux, fabrication de tanin, etc.). En effet, lieu de production du
principal voire du seul combustible qu’est le charbon de bois, la forêt est
indispensable à la pratique quotidienne de nombreux métiers ruraux et
urbains.
Dans le courant du XIIIe siècle et surtout aux XIVe et XVe siècles, la
documentation plus abondante et plus spécifique fait état de l’existence de
deux régimes sylvicoles : la « haulte forest », « haulte futaye » ou « bois de
forest » d’une part, les « bois revenans » ou « bois revestuz qui ne sont point
bois pourtant ou il puisse venir paisson » d’autre part se côtoyant le plus
souvent dans un même espace forestier. La première désigne la futaie de
grande taille peuplée de chênes et de hêtres de plus de 40 ans ; la seconde
est constituée de taillis composés d’arbres jeunes de moins de 30 ans,
exploités en courte révolution – dix ans, voire vingt ans, comme a soin de le
préciser la coutume de Bourgogne37 – destinés tant au bois de feu, à faire du
charbon qu’à la fabrication d’outils et d’objets.
Quant aux méthodes d’exploitation des espaces forestiers, différents
modes de traitement sont mis en œuvre, bien souvent sous la surveillance
obligatoire des forestiers : coupe au pied, c’est-à-dire à l’unité en
choisissant les arbres et au gré des besoins (furetage ou jardinage), coupe à
l’unité de surface (arpent, quartier…) appelée aujourd’hui coupe par
assiette, coupe rase ou coupe avec réserve de baliveaux, coupe à « fleur de
terre » ou de « charbonnier » pour permettre aux rejets de se former, coupe
de proche en proche… Chacun de ces modes a contribué à façonner la
physionomie des peuplements forestiers.
Qu’ils soient destinés au bois de construction, de feu, à faire du charbon…
les bois destinés à la vente sont comptés ou arpentés, « signez et marqués »
du marteau des officiers forestiers seigneuriaux. Ce qui n’empêche
nullement, sur le terrain, que les acheteurs effectuent au préalable une visite
des lieux avec les officiers forestiers seigneuriaux afin de reconnaître les
limites des ventes. À partir de la seconde moitié du XVe siècle, les sources
font état de la présence d’« arbres de liziere » que l’on conserve pour
matérialiser les limites. Et depuis l’ordonnance royale promulguée à Melun
en 1376, il y a obligation de laisser des arbres pour servir de semenciers
(baliveau, « estalon ») afin de repeupler les bois : 8 à 10 baliveaux par
arpent. Si l’obligation de préserver des baliveaux est respectée, en revanche
le nombre de semenciers maintenus est très variable d’une région à l’autre :
25 baliveaux à l’arpent dans le Verdunois et 13 à 21 dans la forêt de Nieppe
en Flandres au XIVe siècle, 4 à 15 en Touraine au XVe siècle38.
Dès la première moitié du XIIIe siècle – ainsi en Hainaut –, plus
généralement un peu partout aux XIVe-XVe siècles, les sources comptables
révèlent l’émergence d’une prise de conscience des modifications de la
couverture végétale. Celles-ci sont toujours présentées comme des
dégradations par les rédacteurs des comptes, résultant de phénomènes
météorologiques (tempêtes, grands froids), d’incendies ou encore de
maladies cryptogamiques comme ces attaques d’insectes qui ont dévasté en
1435 la forêt d’Argilly dans la plaine de Saône. Aucune paisson n’a pu
avoir lieu cette année-là, faute de fruits « pour les chenilles et canceres qui
ont mangiez les arbre39 ». À ces premières causes s’ajoute, notamment au
XIVe siècle et dans la première moitié du siècle suivant, l’insécurité liée aux
conflits armés (guerre de Cent Ans). En 1422 en Hainaut, les forestiers de
Mormal abattent les arbres pour couper l’accès à la forêt « pour doubte dou
passaige des gens darmes40 ».
En 1432 en Bourgogne, pour défendre le territoire de la châtellenie de
Montcenis en Chalonnais, des chênes sont abattus au bois de Montporcher
« pour berrer les cheminz pour la doubte des ennemis41 » (les Écorcheurs).
Les officiers forestiers ne manquent pas non plus d’incriminer les
communautés usagères et la réglementation se durcit. En 1431-1432,
l’administration comtale décide l’arrêt de la pratique de la paisson dans les
bois d’Hesdin en Flandres42. Se multiplient alors au cours du XVe siècle les
condamnations à des amendes pour abus d’usages et leurs suspensions.
Mais toute la difficulté pour l’historien est d’estimer le degré de crédibilité
à accorder à de telles observations : sont-elles fondées ou ne reposent-elles
pas sur des interprétations subjectives, rapportant des situations exagérées ?
Attachés de par leur fonction au monde seigneurial, les forestiers, aptes à
dénoncer les abus causés par les usagers, ne traitent que très rapidement de
ceux provoqués par les maîtres des forêts.
Quoi qu’il en soit, apparaît peu à peu la nécessité de suivre des règles
pour assurer une production ligneuse durable. Et ce d’autant plus que,
depuis le courant du XIIIe siècle, avec le développement des villes, des
activités artisanales ou « proto-industrielles », les besoins en bois ont
augmenté considérablement, constituant une menace pour l’équilibre des
forêts. Une surveillance accrue des forêts se fait jour : sont entreprises des
visites, véritables tournées d’inspection effectuées par les officiers
supérieurs des Eaux et Forêts comme dans le domaine ducal bourguignon43.
De l’état des bois et de leurs peuplements dépend leur rentabilité financière.
Ainsi voit-on en 1464, à la veille des ventes des glandées, le lieutenant de la
forêt de Mormal, accompagné de « six marchands, six sergents, trois guides
et le clerc du recepveur en nombre de seize chevaulx et XVIII personnes »
venir visiter l’état de la paisson44.
Jusqu’alors le repeuplement des forêts s’effectuait par réensemencement
naturel, par rejet de souche ou en réservant des baliveaux lors des coupes.
Dès la fin du Moyen Âge, apparaissent ici et là (en France du Nord comme
dans le duché de Bourgogne) des tentatives de repeuplement par
plantations. Cette pratique concerne tout d’abord le chêne et témoigne
d’une certaine prise de conscience que la régénération des bois doit être non
seulement aidée mais organisée pour en assurer le devenir. Sans rejeter
toute sensibilité à l’environnement, ce sont des préoccupations d’ordre
économique qui sous-tendent ces mesures : comment éviter aux
propriétaires des bois une diminution des revenus issus de leur
exploitation ?
CHAPITRE 2
Des bois pour construire
Bois proches et bois lointains,
les rivières et le flottage du bois
Jean-Marie Yante
À la fin du Moyen Âge, les multiples usages du bois stimulent et
rentabilisent l’exploitation des forêts et posent de récurrents problèmes
d’acheminement à destination des contrées et centres populeux. Avec
forcément des variantes régionales, le bois entre dans la construction des
maisons particulières urbaines et rurales, des édifices religieux et publics,
des ponts et des enceintes. Il sert aussi à la tonnellerie, à la fabrication des
roues et des charrettes, ainsi qu’à la construction des bateaux et des
barques. À l’époque préindustrielle, il constitue une indispensable source
d’énergie pour des activités domestiques ou artisanales. L’emploi du
charbon de bois est essentiel dans l’industrie métallurgique.
Le flottage permet le transport rapide et à coût modéré d’importantes
quantités de bois de chauffage ou de construction et, en sus, favorise une
meilleure conservation du matériau grâce au dessévage, c’est-à-dire
l’extraction de la sève des bois afin de les protéger contre les parasites. Il
convient de distinguer le flottage à bûches perdues ou boloyage, consistant
à jeter le bois dans les cours d’eau afin qu’il soit emporté par le courant, et
le flottage en trains ou voilage impliquant l’assemblage des planches et
autres bois de construction. Cette seconde forme de flottage ne s’avère
possible que sur des cours d’eau relativement importants.
Après la coupe et le séchage des bois, ceux-ci sont transportés au bord des
rivières. Les techniques de confection des trains de bois ont
vraisemblablement peu évolué entre le bas Moyen Âge et le XIXe siècle, qui
voit l’apogée du flottage sur plusieurs cours d’eau français. Sur les ports, où
sont amenés mairien (bois de construction) et planches sciées, les flotteurs
préparent les éléments constitutifs d’un train, flotte ou voile. Ils superposent
7, 8 ou 10 planches de même dimension, les serrent avec des harts (liens
formés de jeunes pousses de hêtre, de chêne ou de sapin tordues à chaud),
rapprochent l’une contre l’autre ces piles de planches et les accouplent au
moyen de traverses. Ces unités de flottage, appelées bossets en Lorraine et
aux confins des Vosges, sont reliées bout à bout par des harts et constituent
une flotte. Le même procédé prévaut pour l’assemblage du mairien1 (voir
Figure 1). Plutôt que de flottes ou voiles, les comptes du péage de Nancy
sur la Meurthe, dans le dernier quart du XVe siècle, parlent de corroyes. Il
s’agit, des termes mêmes du tarif, de « huict plainches de hault, VIII de
loing et VIII de travers », soit 512 planches en 8 bossets2.
Figure 1 : Schéma d’assemblage d’un train de planches sur la Sarre. Guatelli Olivier, Raon-l’Étape.
Le flottage du bois et les « oualous » (1830-1899), Raon-l’Étape, 1991 (d'après R. Descombes).
Le matériel étudié
Dans le centre et l’est de la France, les chênes appartiennent en grande
majorité à deux espèces, le chêne sessile et le chêne pédonculé. Le chêne
pubescent est plus rare, mais localement présent notamment sur les sols les
plus secs, en Bourgogne par exemple.
La répartition géographique dans le centre et l’est de la France des
données dendrochronologiques est évaluée en représentant le nombre de
séries individuelles par commune (voir Figure 2). La densité montre très
clairement la zone d’étude dans l’aire du chêne en Franche-Comté,
Bourgogne et région Centre ; les sites sont également assez abondants dans
la partie sud-est de l’Île-de-France, en Essonne principalement et dans une
partie sud de la Champagne autour de Troyes. Avant 1150 environ les
données sont nettement plus parcellaires, limitées à quelques sites répartis
dans la zone d’étude. Avant 1420, les sites sont plus abondants dans le
centre de la France qu’en Bourgogne et surtout en Franche-Comté, où les
données ne sont véritablement importantes qu’à partir de la fin du Moyen
Âge et pour le XVIe siècle. Le nombre de bois disponibles est concentré dans
les villes principales de ces régions en raison du nombre de constructions
bien entendu, mais également des programmes d’étude, par exemple le
ravalement des façades à Orléans et Troyes.
La distribution temporelle des données est fournie en comptabilisant le
nombre de dates d’abattage par année (voir Figure 3). Pendant la période la
plus ancienne, les sites sont peu nombreux, toutes les années ne sont donc
pas représentées, mais dès 1100 environ, les dates d’abattage sont
continues. Les courbes montrent un décalage chronologique vers le passé en
fonction des cernes détruits par le façonnage ou l’érosion. Ce décalage peut
être important pour quelques bois les plus taillés, mais de façon plus
générale, il n’est notable que dans la période 1400-1500.
Figure 2 : Distribution géographique des sites datés, représentation du nombre de séries individuelles
par commune. La zone d’étude est figurée en vert clair.
Figure 3 : Variabilité temporelle du nombre de dates d’abattage par an.
Les bois utilisés dans les charpentes médiévales : la poutre qui cache la
forêt
- Des bois équarris
Les charpentes médiévales du Bassin parisien consomment de manière
quasi exclusive des chênes équarris à la doloire qui conservent le cœur de
l’arbre dans la pièce (bois de brin). Ils sont généralement façonnés et mis en
place peu après leur abattage. Dans l’ensemble, les bois sont plus ou moins
sinueux mais leur courbure naturelle n’a jamais été considérée comme un
handicap par les charpentiers, ni lors de leur sélection, ni lors de leur mise
en œuvre qui montre une parfaite maîtrise des ajustements des courbures
aux assemblages. La présence quasi systématique d’aubier prouve que
l’équarrissage des grumes a été minimal et que les chênes abattus
correspondaient de très près aux sections recherchées par les charpentiers.
Cette économie du dégrossissage représentait un gain de temps non
négligeable, mais elle prouve surtout que le potentiel forestier permettait de
satisfaire la demande des nombreux chantiers du bâtiment en chênes
parfaitement calibrés aux besoins. Les rares exceptions où l’on voit des
éléments sciés au XIIIe siècle, issus du débitage de bois surdimensionnés,
sont liées à l’absence de futaies à proximité du chantier comme pour la
charpente du bras sud de la cathédrale de Bayeux vers 1225. À partir de la
fin du XIVe siècle, les bois sciés se rencontrent plus souvent dans les
charpentes, mais il faut attendre la fin du Moyen Âge et surtout l’époque
moderne pour que l’emploi du bois débité sur quartier se généralise avec
une plus forte consommation de chênes aux troncs épais, trapus et noueux.
Ce changement témoigne d’une modification profonde des ressources
ligneuses avec le développement du taillis sous futaie et une mutation de la
propriété forestière.
Figure 1 : Charpente de la cathédrale de Bourges mise en œuvre en 1256-1258 avec des bois de brin
longs et très fins, équarris a minima (cliché F. Epaud).
Figure 2 : Charpente de la cathédrale de Bourges de 1258. Bois de brin équarris à la doloire,
légèrement courbes et présentant de l’aubier aux arêtes (cliché F. Epaud).
- Un régime de taillis
Que ce soit à Bourges ou sur d’autres charpentes des XIIe-XIIIe siècles du
nord-ouest de la France43, les croissances des jeunes chênes au fût élancé
montrent toujours une forte vigueur dans les vingt-trente premières années
avec des cernes de croissance larges puis un ralentissement drastique
marqué par des cernes étroits. L’hypothèse de futaies régénérées selon le
régime du taillis par rejet de souche et non par semis naturel apparaît
comme la plus probable. En effet, le rejet bénéficie des apports nourriciers
de la souche porteuse qui lui assurent une croissance juvénile supérieure à
celle d’un semis. Le taillis atteint donc sa maturité plus rapidement qu’un
peuplement issu d’un semis naturel. De ce fait, les tiges s’élancent plus vite
en hauteur et ont tendance à dépasser les semis de même âge et à les
étouffer. Les croissances des rejets de souche se caractérisent en effet par de
fortes croissances radiales durant vingt à trente ans, puis par un
ralentissement rapide qui est lié à la formation d’un système racinaire
indépendant de la souche mère et à la mise en concurrence des tiges entre
elles. Les rejets de souche sont donc non seulement capables de fournir un
fût adulte et viable, mais ils bénéficient d’un rythme de croissance supérieur
à celui d’un brin issu de germination. Leur développement spectaculaire
produit donc en quelques décennies seulement un fût fin et très long, soit le
matériau de construction idéal et parfaitement adapté aux besoins des
charpentiers et au travail d’équarrissage.
Par ailleurs, la très forte croissance juvénile des rejets de souche exclut la
possibilité d’un semis par régénération naturelle (glands issus des bois de
réserve) pour combler les vides dans le peuplement. En effet, dans les taillis
de chênes, les semis qui peuvent s’installer disparaissent tous dans les
premières années, étouffés par les rejets qui les dépassent rapidement. Le
régime du taillis de chênes est donc exclusif et ne tolère aucun semis.
Figure 3 : Forêt de Bercé (Sarthe). Chêne au fût de 28 cm de diamètre en pied et de 16 m exploitable
sous le houppier, proche des arbres utilisés dans les charpentes gothiques mais bien plus âgé : 80 ans
contre 50 ans au XIIIe s. (cliché F. Epaud).
Figure 2 : Lissewege (Flandre occidentale), grange de Ter Doest, 1370-1385. Cernes larges suivi des
cernes très minces causés par l’émondage. Le début de chaque cerne est marqué par un triangle blanc
(cliché K. Haneca).
Les exigences des grands chantiers sont telles que les constructeurs
renoncent parfois à s’approvisionner à proximité des villes importantes.
Mais comment remédier aux carences ? Dès le XIIe siècle, et jusqu’au début
des Temps modernes, les chevrons et autres pièces de grandes charpentes
mesurent 18 cm sur 20 cm de section, davantage pour les entraits. Dans les
grands édifices du XIIIe siècle, la longueur de ces bois atteint régulièrement
une douzaine de mètres71. Cette manière de construire exige des bois de
bonne qualité, longs et rectilignes. Dans le nord de la France, l’actuelle
Belgique et les Pays-Bas, c’est le chêne qui est généralement choisi, pour
autant qu’il soit d’une certaine qualité. Au besoin, il est importé des forêts
ardennaises.
Au début, les paysans eux-mêmes, en quête de terre, opèrent par une sorte
de grignotage souvent imperceptible d’une année sur l’autre. Ce type
d’agissements peut couvrir alors de longues périodes. Le cultivateur mord
un peu plus chaque année sur la lisière d’un bois, trace discrètement un
sillon supplémentaire, déplace légèrement une borne. En 1223, cinq
laboureurs de Surcamps en Picardie sont accusés d’avoir grignoté
25 « verges », c’est-à-dire 2 ares, en dix ans, soit en moyenne environ un
sillon tous les deux ans pour chacun d’entre eux46. En général le pouvoir,
mis devant le fait accompli, reconnaît l’avancée sur l’inculte, effectuée
souvent de façon désordonnée. Ainsi, le roi Louis VI (r. 1108-1137) est à
l’origine d’un acte où il autorise les habitants de Corbreuse, village au sud-
est de Rambouillet, à prendre du bois dans la forêt. Il agit ici en seigneur,
leur permettant également de cultiver les terres qu’ils exploitent depuis le
règne de son père Philippe Ier à condition qu’ils concèdent avoir pratiqué
des empiètements sur la forêt à la fin du XIe siècle et au début du XIIe siècle.
Louis VI reconnaît donc l’action déjà réalisée sous réserve de déclaration et
permet, en outre, de faire de nouveaux défrichements. Conscient de ne
pouvoir endiguer le mouvement d’extension des terres cultivées au
détriment de la forêt, « il lui donne une consécration officielle qui lui
permet de pouvoir le réglementer47 ». Dans ce cas précis, les défrichements
sont désormais autorisés sous forme de cultures itinérantes avec des
moissons effectuées pendant deux ans sur les essarts avant de les
abandonner et se transporter dans d’autres parties de la forêt pour un
nouveau cycle de deux ans. Mais pour quelques cas retrouvés dans les
archives, combien d’actes invisibles car absents des sources écrites ? Pour
certains auteurs, ce type de défrichement a représenté la part de retrait de
l’arbre la plus importante en superficie48. Mais l’intervention active des
seigneurs, qu’ils soient laïques ou ecclésiastiques, se révèle également
prépondérante dans le cadre de véritables entreprises de défrichement qui
vont se développer au XIIe siècle. Contrairement à la première vague, la
seconde voit des entreprises beaucoup plus ambitieuses s’attaquer
franchement à de grands massifs forestiers avec une ampleur due sans doute
à l’accroissement démographique. Les méthodes utilisées apparaissent
multiples. Toujours dans le Bassin parisien étudié par Charles Higounet, on
croise de véritables entrepreneurs de défrichement. Par exemple, en 1185
dans la forêt de l’Ouye, au sud du village de Corbreuse cité précédemment,
un dénommé David est autorisé par le chapitre de Paris à essarter
200 arpents de bois à ses frais. 100 arpents une fois labourés doivent revenir
au chapitre, l’autre moitié étant laissée au défricheur, chargée d’un cens de
30 sous par an49. Les entrepreneurs peuvent aussi être des moines
cisterciens. Dans la seconde moitié du XIIe siècle, une donation de bois aux
moines de Chaalis indique précisément que les cisterciens pourront
« rumpere, extirpare, eradicare, colere et arrare », c’est-à-dire ouvrir la
forêt, défricher, dessoucher, cultiver et labourer quand et comme ils le
voudront50. Leur rôle est cependant ambigu. Ils ont traditionnellement été
considérés comme d’audacieux défricheurs à l’époque de leur vocation
pionnière jusque dans les années 1180. Mais les granges, ces centres
d’exploitation qu’ils installent dans les déserts humains, prennent
fréquemment le relais d’exploitations préexistantes, les expulsions de
paysans ne sont pas dans ce cadre des faits exceptionnels. De plus, leur
volonté marquée de préserver leur isolement les fait maintenir et
sauvegarder de larges écrans forestiers. Selon les régions, les défrichements
cisterciens peuvent donc apparaître soit systématiques et massifs, soit
insignifiants. En revanche, on oublie trop souvent le rôle des ermites qui
participent activement au grignotage des forêts mais qui ont laissé très peu
de traces dans les archives en raison de la suspicion qu’ils suscitent aux
yeux des autorités religieuses, l’isolement pouvant aller de pair avec la
déviance religieuse. Leurs défrichements, parfois abondants, ont sans doute
préparé le terrain aux Cisterciens51 (voir Figure 3).
Figure 3 : Moine cistercien coupant un arbre, Moralia in Job, BM Dijon, ms 173, fol. 41, XIIe s.
La céramique
Si la faïencerie prend son essor en Lorraine au XVIIIe siècle seulement, la
poterie ou céramique y est attestée dès l’âge du fer. À l’époque médiévale,
la production est essentiellement destinée à satisfaire la demande
domestique (vases, vaisselle, carrelage, céramique de poêle) ; elle est
connue grâce aux fouilles de châteaux ou de villes. Les ateliers produisent
une poterie mate, mélange d’argile et de sable, recouverte d’un enduit
transparent à base de plomb (vernis plombifère), qui protège les éventuels
décors portés sur la céramique64. Cette technique de poterie vernissée se
généralise au XIIe siècle tandis que la faïence n’apparaît que tardivement, au
XIVe siècle : la technique de la faïence est la même que pour une céramique
classique, mais l’objet est recouvert à la sortie du four par un émail
stannifère, c’est-à-dire un enduit blanc composé de sels d’étain tandis que
des oxydes métalliques sont utilisés pour y tracer des décors.
Figure 1 : Principaux massifs forestiers et activités proto-industrielles en Lorraine.
Le sel
Jusqu’au XIXe siècle et la découverte du sel gemme, le sel est obtenu par
évaporation. La saunerie est donc une activité fortement consommatrice en
combustible, qui se concentre en Lorraine dans trois bassins salifères : le
plus important est le Saulnois, dans la vallée de la Haute-Seille, avec Vic-
sur-Seille, Moyenvic, Marsal, Dieuze, Val-de-Bride, Saléaux, Amelécourt,
Château-Salins et Lindre-Basse ; autour de Nancy, avec Rosières ; le bassin
de Sarralbe. Cette activité nécessite des investissements importants : des
puits d’une dizaine de mètres sont creusés pour accéder aux sources d’eau
salée et équipés de fourches ou « cigognes » pour l’évacuation de l’eau ; à
proximité, l’atelier de fabrication abrite la poêle et le foyer ; des granges
abritent les stocks de bois ; les ouvriers disposent de logements sur site.
L’ensemble des bâtiments est regroupé dans un espace clos, la « place à
sel » ou « sesse », qui marque de son empreinte le paysage. Les chaudières
sont alimentées en permanence – il faut compter douze à dix-huit heures de
chauffe pour une évaporation complète –, d’où un besoin très important en
bois. Les résineux, de combustion rapide, étant moins adaptés que le hêtre
ou le chêne, il est parfois nécessaire d’acheminer le bois par flottage malgré
la proximité d’une forêt.
Comme la céramique, la saunerie est une activité ancienne, le sel étant
exploité dans la vallée de la Seille dès le VIe siècle avant J.-C. à Marsal. À
l’époque mérovingienne, les salines y étaient aux mains de laïcs qui firent
des concessions à l’aristocratie locale et à des établissements religieux. Dès
le VIIIe siècle, des abbayes bénédictines allemandes (Saint-Maximin et
Saint-Marie d’Oeren de Trèves, Saint-Sauveur de Prüm et
Ettenheimmünster), alsaciennes (Saint-Pierre-et-Saint-Paul de
Wissembourg, Saint-Maur de Marmoutier, Saint-Léger de Murbach, Saint-
Grégoire de Munster, Ebersmunster) et franc-comtoises (Luxeuil)
détiennent des emplacements salifères à Vic-sur-Seille, Moyenvic et
Marsal. Les abbayes champenoises et bourguignonnes de Morimond, La
Crête et Clairvaux possèdent également des places à sel à Marsal,
Moyenvic et Vic-sur-Seille67.
À compter du Xe siècle, les évêques de Metz mettent la main sur le
Saulnois, contrôlant Marsal et Vic-sur-Seille, tandis que les évêques de Toul
s’imposent à Moyenvic et ceux de Verdun à Dieuze. Cette période est aussi
celle des concessions aux abbayes, locales ou extra-régionales, qui
s’investissent dès lors dans la gestion de salines68, comme Saint-Benoît-en-
Woëvre, qui obtient de l’évêque de Metz, en 1138, une poêle à sel à Marsal,
moyennant une redevance en sel ou en argent ; en 1159, l’abbaye de
Beaupré prend possession de cinq places à sel, trois à Vic-sur-Seille, une à
Marsal et une à Moyenvic ; en 1191, l’abbaye de Haute-Seille obtient deux
emplacements supplémentaires à Marsal. Il n’y aurait eu pas moins de
90 salines monastiques au XIIIe siècle en Lorraine69.
À compter du XIIIe siècle, de nouvelles salines apparaissent ou gagnent en
importance, en particulier Rosières70. Autre exemple, la saline de
Guermange, mentionnée pour la première fois en 133471. Les évêques de
Metz changent de politique et cherchent à imposer leur monopole sur le
Saulnois. Dans le même temps, les ducs de Lorraine, attirés par les profits
générés par cette exploitation, s’implantent dans les salines, dont ils
finissent par partager l’exploitation avec les évêques de Metz au XIVe siècle.
Les premiers possèdent Marsal, Moyenvic et Vic-sur-Seille, les seconds
contrôlent Rosières, Dieuze, Amelécourt, Château-Salins et Lindre-Basse72.
Si la lutte est si âpre entre les protagonistes lorrains, c’est que le sel est
une ressource particulièrement précieuse, comme en témoignent d’ailleurs
les fortifications qui entourent les salines. Mettre la main sur une place à sel
signifie s’assurer des revenus importants grâce au cens réclamé aux
exploitants en échange de la concession de l’emplacement et, souvent, du
droit de fourniture en bois. Ces ressources sont encore accrues par
l’instauration de la gabelle au début du XVe siècle.
Le verre
Dans un article de 2010, Philippe Jéhin qualifie le verre de « sous-produit
de la forêt73 ». De fait, c’est la forêt qui fournit aux artisans verriers les
ingrédients nécessaires à sa fabrication : le sable, dont la pureté détermine
la qualité du verre produit, l’argile et le combustible. Le sable fournit la
silice, dont la température de fusion est abaissée grâce au salin. Ce salin est
obtenu par le lessivage de cendres végétales, essentiellement issues des
fougères, riches en potasse, mais également de pousses de hêtre et,
éventuellement, de branchages et petits bois d’autres essences. C’est en fait
l’activité la plus consommatrice de bois : pour obtenir 100 kg de potasse, il
faut brûler 180 m3 de bois74, si bien que sur 100 cordes de bois, 95 sont
brûlées sur place pour être réduites en cendres alors que 5 seulement
servent au chauffage des fours. Ces fours sont de deux types : les fours de
fusion, des coupoles maçonnées en briques réfractaires ou en pierres
locales, dont la température est portée à 1 400 °C, ont une consommation
que l’on peut raisonnablement estimer à une trentaine de stères par coulée
(1 corde vaut environ 3 stères)75 ; les « fours à recuire », qui atteignent des
températures moindres mais tout de même assez élevées pour éviter le
brusque refroidissement des produits. Finalement, la production d’1 kg de
verre nécessite 1 m3 de bois76. Le hêtre – dont les pousses, nous l’avons vu,
entrent dans la composition du salin –, le charme et le chêne sont privilégiés
pour leurs qualités calorifiques.
Les verreries s’implantent donc au cœur des forêts et de préférence à
proximité d’une rivière qui puisse fournir du sable de qualité et la force
nécessaire à la mise en action des soufflets hydrauliques. À l’époque
médiévale, les installations, qui nécessitent peu d’investissement, restent
itinérantes : les maîtres verriers n’hésitent pas à déplacer leur activité de
quelques kilomètres lorsque les ressources en bois sont épuisées. La
production, saisonnière, se concentre sur quatre ou cinq mois de l’année : le
printemps est la saison du débardage des bois abattus et de la préparation du
salin ; la fabrication du verre se concentre sur les mois d’hiver. Jusqu’au
XIVe siècle, la technique pour fabriquer du verre à vitre repose en partie sur
l’utilisation d’un procédé identique à celui du verre soufflé pour la
réalisation d’objets, tels que des verres ou des cruches. Il s’agit de souffler
des cylindres de verre qui sont ensuite aplatis et découpés. Le verre plat est
obtenu à partir d’une boule de verre soufflée et ouverte. Cette technique,
dite « au manchon » ou « en table », est utilisée en Lorraine jusqu’à la fin
du XVIIe siècle77.
L’art du verre est pratiqué dans les forêts lorraines dès le XIIe siècle, sous
l’égide des monastères cisterciens, puis, grâce à l’arrivée de verriers de
Flandre ou de Bohême au XIVe siècle, il s’épanouit véritablement à compter
du XVe siècle. Cette activité est encouragée par les princes, qui profitent des
productions verrières – en 1480, René Ier équipe les fenêtres de sa nouvelle
chambre au château d’Einville de verre de Darney – mais, surtout,
perçoivent des taxes, soit sur les bois qu’ils concèdent, soit sur les produits
finis78. Une charte du 18 avril 1408 nous apprend ainsi que Robert, duc de
Bar, percevait un impôt de 12 deniers sur les verres produits par l’une des
verreries de l’abbaye de Lisle-en-Barrois79. C’est néanmoins la « charte des
verriers », accordée en 1448 par le duc de Lorraine Jean de Calabre aux
maîtres verriers et confirmée par son successeur, qui donne une forte
impulsion à cette activité :
[…] Item, pourront les dits veriers prendre, couper et remporter bois, c’est a sçavoir mairiens
pour les edifices et reffaisons à faire en leurs maisons et ez verrieres, et bois aussi pour ardoir
[bois de chauffage], tant pour les necessitez de leurs mesnaiges que pour lesdites verrieres,
lequel bois ils prendront et pourront prendre ez bois de monseigneur, environ lesdites
verrieres, en lieu convenable, au moins de dommaige que faire se pourra pour monseigneur,
et au plus grand proffit et aisance que faire se pourra pour lesdits ouvriers. Pourront aussi les
dits ouvriers verriers prendre, cueillir par les bois de monseigneur, et emporter fouchieres
[fougères] et toutes autres herbes propres et convenables pour le fait de leur mestier […]80.
Pour attirer les maîtres verriers dans la région, la charte leur accorde
d’importants privilèges, pour certains directement liés à l’exercice de leur
activité : liberté de couper le bois et récolter les herbes dont ils ont besoin ;
pour d’autres allant bien au-delà : droits de pêche, de chasse et de glandée
dans les forêts, droit de construire un moulin pour y moudre leur grain.
En Vôge (sud des Vosges), la production est importante dans la forêt de
Darney. La charte de 1448 mentionne trois verrières en activité, dont la date
de fondation exacte reste inconnue : Bisval (Briseverre), les Auffans et
Jacob (Henricel ou Hennezel). Par la suite sont fondées les verrières de la
Fontaine Saint-Vaubert (1475), Lichécourt (1487), Fays d’Houseraile
(1491), Onzaines (1492), Thiétry (1494), Regnévelle (1496) et Rochiers
(1496). Ce sont de véritables dynasties, les Hennezel, Thiétry, Thysac et
Bisval, qui contrôlent la production.
L’art du verre se diffuse ensuite vers les autres espaces favorables à la
verrerie, en particulier l’Argonne, où chaque monastère cistercien possède
au moins un four de verrier depuis le XIIe siècle. Les moines attirent sur
leurs domaines des artisans spécialisés pour tirer profit de leurs forêts et
assurer leur approvisionnement en verre. Des fouilles ont révélé la présence
de deux ateliers sur le domaine de Lachalade : celui de La Chevrie, et celui
de Pérupt (ou Pairu). Le premier fonctionnait probablement dès le
XIVe siècle tandis que le second était déjà en activité au tournant des XIIe-
XIIIe siècles. Il était même en fonction avant 1180, comme en atteste la
découverte, dans les couches supérieures de fouille, de deux monnaies
datant des règnes de Louis VIII et Philippe Auguste81. Les deux ateliers
auraient cessé de produire durant la guerre de Cent Ans. Pairu est
définitivement abandonné tandis que La Chevrie est rouvert en 1495. La
charte de 1408 évoquée ci-dessus atteste également l’existence d’une
verrerie sur le territoire de l’abbaye de Lisle-en-Barrois (voir Figure 282).
La métallurgie du fer
Une autre richesse de la Lorraine médiévale est la minette, un minerai de
fer qu’il est possible d’exploiter dans des gisements superficiels. Le minerai
de meilleure qualité se trouve dans la région de Longwy, dans les basses
vallées de la Saulx et de l’Ornain, mais d’autres gisements existent en forêt
de Haye, au sud de Neufchâteau, au nord de Dun-sur-Meuse et autour de
Commercy, dans les vallées de l’Orne et de la Fensch. Les monastères
jouent encore une fois un rôle essentiel dans l’essor de l’artisanat du fer en
Lorraine aux XIIe-XIIIe siècles, comme en témoignent 17 chartes, rédigées
entre 1161 et 1240, qui encouragent et encadrent cette activité83. Ce sont
eux qui, les premiers, sollicitent des seigneurs un droit d’usage du bois pour
pouvoir alimenter des forges en charbon de bois.
Durant le haut Moyen Âge, et parfois jusqu’au XVe siècle, le fer est
élaboré dans des bas-fourneaux à soufflerie manuelle, en une seule
opération de réduction sans fusion, ce que l’on appelle la réduction directe.
Le minerai, qui contient de l’oxyde de fer et des impuretés, est lavé puis
placé dans un four de réduction chauffé à haute température (1 200-
1 300 °C) à l’aide de soufflets actionnés à la main, où sont jetées des
couches superposées de minerai de fer et de bois ou charbon de bois. Le
charbon chauffe le minerai mais fournit également le carbone indispensable
à la réduction : le minerai de fer étant un oxyde, la réduction consiste à en
éliminer l’oxygène. Le charbon capte l’oxygène, qui devient monoxyde de
carbone puis gaz carbonique.
La première étape est de produire du charbon de bois. La transformation
du bois en charbon se fait par pyrolyse84. Les charbonniers construisent une
meule, c’est-à-dire un empilage de bois, sur un ou plusieurs étages, d’abord
vertical puis oblique au fur et à mesure que la meule grandit. Celle-ci est
recouverte de végétaux et de terre pour être pratiquement étanche à l’air, qui
doit parvenir à l’intérieur par des canaux de ventilation soigneusement
placés et contrôlés. Seule doit pénétrer la quantité d’oxygène nécessaire à la
combustion du bois qui, une fois la meule allumée, ne doit pas s’enflammer.
Le processus de carbonisation dure plusieurs jours ou semaines, l’humidité
est extraite du bois et les gaz produits par la réaction sont brûlés. Il ne reste
plus que le squelette carboné des cellules ligneuses. La quantité obtenue
représente environ 20 à 25 % du poids originel, sans qu’il soit possible de
donner des chiffres plus précis : le rendement dépend également du type de
bois utilisé.
En Lorraine, Édouard Ier de Bar accorde un bail pour la construction
d’une forge hydraulique en 1323. Cette mutation technique annonce les
premiers hauts-fourneaux : dans ces fourneaux devenus hauts (4-5 m),
associés à un moulin à eau actionnant un ou des soufflets hydrauliques, la
température atteint désormais plus de 1 500 °C, autrement dit le seuil de
fusion du fer. Ce dispositif permet d’obtenir de la fonte, un mélange en
fusion composé de fer et de carbone, facile à mouler. Une fois extraite du
fourneau, la fonte doit être affinée avant d’être forgée, c’est pourquoi on
parle de réduction indirecte. On désigne aussi cette technique par
l’expression « procédé de type wallon », car ce système est au point dès la
fin du XVe siècle en Wallonie avant de se répandre en Europe, surtout après
1450, d’abord en France puis en Angleterre. L’opération nécessite
l’utilisation d’un foyer d’affinage dont la température doit être portée à plus
de 1 100 °C environ pour que la fonte entre en fusion et forme finalement
une loupe constituée de fer et d’oxyde, qu’il faut, comme dans le procédé
direct, chauffer et marteler pour obtenir des lingots de fer.
Cette technique, qui nécessite une très grande force hydraulique pour
actionner les soufflets du haut-fourneau, ceux de l’affinerie et le marteau,
est particulièrement destructrice pour la forêt tant elle nécessite une
consommation de charbon de bois abondante. L’enjeu est alors de concilier
les usages traditionnels de la forêt que sont le chauffage, le pâturage et la
construction avec ces nouvelles activités très prédatrices.
Certaines affaires jugées par les ducs de Lorraine témoignent de
l’importance prise par ces nouveaux usages de la forêt. En 1334, par
exemple, le chapitre de Saint-Dié se plaint que l’abbaye d’Étival, qui a
installé des forges dans ses forêts, prélève tant de bois pour fabriquer le
charbon nécessaire à leur fonctionnement que la situation en devient
préjudiciable aux droits d’usage accordés aux chanoines85. L’émergence
d’activités proto-industrielles, très rémunératrices, fait donc évoluer la place
de la forêt du domanial vers le spéculatif, et soulève pour la première fois la
question du renouvellement de la ressource.
Face à ces nouveaux enjeux, le duc Raoul émet une ordonnance sur les
forêts le 16 novembre 1340 :
Par ordonnance du 16 novembre 1340, Raoul défendit aux gouverneurs des salines de faire
abattre des bois sans la participation des officiers de gruerie. Il ordonna aux gardes de faire
leurs rapports dans les vingt-quatre heures de la reprise [réprimande] et fixa les amendes à dix
livres par personne reprise [réprimandée] ; et à l’égard du bétail à quarante sols par bête
appartenant à des particuliers et à soixante livres pour les troupeaux des communautés, les
dommages-intérêts à la même somme dans tous les cas. Il fixa la défense des taillis à dix ans
de recrue [repousse] et le nombre des étalons de chêne à trente par coupe, à peine de dix livres
d’amende contre les officiers. Il déclara les gardes responsables des forêts, régla leurs gages à
vingt livres et que leurs rapports feraient foi jusqu’à la même somme86.
Depuis le XIe siècle les contenants sont en fer et reposent sur le fourneau à
demi enfoncé dans la terre. Pour éviter qu’ils n’écrasent de leur poids les
parois du fourneau, ils sont suspendus à l’aide de barres de fer formant des
crochets, les chaînes. Des piles en maçonnerie soutiennent deux poutres
parallèles ou pannes. Sur ces poutres, des traversiers, pièces en bois de
sapin, permettent de suspendre les chaînes, leur autre extrémité venant se
fixer par des anneaux au fond de la chaudière100 (voir Figure 1).
La description de Loys Gollut, chroniqueur comtois du XVIe siècle, détaille
la méthode permettant l’obtention du sel. Une première cuisson dure quatre
heures à feu très violent suivie de quatre autres heures à feu modéré qui
décroît, enfin, la cuisson se termine à feu doux. L’ensemble du processus,
nommé cuite, correspond à dix-sept ou dix-huit heures de travail et chaque
chaudière effectue une série de seize cuites consécutives, la remandure,
avant une pause et des réparations si cela s’avère nécessaire101. On
comprend dès lors l’énorme besoin de matière première de cette industrie
conduisant à une surexploitation des forêts alentour pendant plusieurs
siècles. La difficulté essentielle va alors résider dans la bonne régulation de
l’apport de bois, car un manque de matière première contraint les officiers
des entreprises à prendre des mesures rapides pour éviter d’importantes
fluctuations dans le rendement du sel, comme le fait de l’acheter plus cher.
Une délibération du 17 août 1467 énonce :
[…] en regart qu’il n’y avoit guere bois en ladite saulnerie et qu’il n’en y venoit point, ont
conclud et deliberé […] de haulcer le bois et mectre le cent dudit bois qu’est à 3 solz
9 deniers estevenants à 5 solz estevenants102.
Figure 1 : Une chaudière au début du XVIIe s., Anatoile Chastel, BM Besançon, col. Chifflet, 44,
fol. 72.
Pour un meilleur rendement, une certaine qualité du bois est exigée. Les
« fasseurs », coupeurs en chef d’un quartier de forêt, la « fassure »,
encourent parfois les reproches d’amener « mauvais et petit bois ». Les trois
qualités essentielles pour approvisionner les bernes sont l’essence, la
grosseur et la qualité. Les fasseurs surveillent les coupes de bois, veillant
aux dimensions des bûches ou fassins qui doivent avoir la « grosseur d’un
bras » et une longueur de 6 pieds et demi. Mais en 1424, un texte nous
apprend que les dimensions ne sont plus respectées. Les essences les plus
appréciées sont le hêtre et le charme, tandis que tremble et sapin sont
considérés comme des catégories inférieures ne fournissant pas
suffisamment de flammes. Le chêne pose plus de questions, car il est absent
des sources. Tremble et sapin donnent un feu qui dure moins longtemps et
de plus, qui ne produit pas de bon charbon. En effet, la braise est extraite du
fourneau avec une longue pelle puis éteinte avec de l’eau. Le charbon
obtenu sert dans une autre étape de la production, le séchage. Les pains de
sel, les salignons, sont placés sur un brasier de charbon pendant environ dix
heures. Le charbon extrait des chaudières ne suffisant pas, il faut donc en
acheter103.
On l’a compris, la saunerie est extrêmement dépendante de son
approvisionnement en bois. Dans le cas de Salins, il provient des forêts
appartenant aux propriétaires de l’entreprise mais aussi, en cas de besoin, de
celles détenues par des communautés d’habitants ou des propriétaires
privés104. Mais les premiers fournisseurs de bois restent les propriétaires de
la saunerie, les principaux détenteurs appartenant aux plus grandes familles
nobles de la région, dont celle du comte de Bourgogne. Leurs forêts doivent
fournir un nombre de bûches proportionnel à leurs parts respectives dans
l’entreprise, un texte de la fin du XVIe siècle rappelle :
[…] qu’estoient tenuz lesdits partagiers de fournir les bois necessaires pour la cuitte des
muyres d’icelle saulnerie, chascun selon et a l’équivalent de sa portion des muyres et de ce
qu’ilz possedent en icelle et pour ce avoient en propriété plusieurs bois et notables bois, tant
de taillis [que] de hault en fustée aux environs de Salins105.
On ne sait à quand remonte cette obligation connue par des textes pour le
XIVe siècle106. Mais pour ces propriétaires, « les parçonniers », seuls le
travail de transformation du tronc en bûches ainsi que le transport sont
rémunérés par les officiers de la saunerie, tandis que les achats effectués
auprès de communautés d’habitants ou de particuliers comprennent
également la valeur du bois lui-même107. À 3 lieues à la ronde, environ
15 km, le bois est réservé à la saline. Pourtant, l’approvisionnement de la
Grande Saunerie se révèle un problème de plus en plus pesant à partir de la
seconde moitié du XVe siècle. De nombreuses difficultés sont perceptibles,
liées à l’organisation de l’exploitation des bois des parçonniers. Ils sont en
fait constitués pour partie de bois « banaux » réservés au seigneur et pour
partie de bois communs où le seigneur partage la jouissance avec ses
hommes vivant dans les villages alentour. Ces derniers ont développé des
pratiques de prélèvement liées à leurs besoins et considérées comme des
usages dont on ne peut les priver. Pourtant, à l’extrême fin du XVe siècle,
une ordonnance est promulguée, étendant l’institution des fassures aux bois
dits communs. À partir de là, les ordonnances vont se multiplier, montrant
une réelle volonté de la part des autorités de réduire les usages des
communautés pour mettre définitivement la main sur un combustible
devenu de plus en plus rare. Tout cela met en lumière les concurrences à
l’œuvre pour l’utilisation des produits ligneux. Il y a donc une prise de
conscience que la forêt n’est pas inépuisable et que la situation n’est pas
très favorable dans la région de Salins108. En découle une volonté de
réglementer les usages et l’exploitation de la sylve. Pourtant, les mesures
prises ne peuvent empêcher la « disette de bois » qui se fait jour dès la fin
du Moyen Âge, établissant des relations conflictuelles entre les différents
consommateurs. En 1529, la comtesse de Bourgogne Marguerite d’Autriche
promulgue une ordonnance : toutes les autorités du comté doivent empêcher
les communautés
qui de toute ancienneté ont accoustumé de venir charrier et amener bois et charbon audit
Salins pour la cuyte desdites muyres et sescher le sel, les convertissent en autres usaiges,
menent, distribuent et vendent ailleurs mesmes en certaines forges a faire fer puis nagueres
dressées et mises sus en notredit comté, esquelles forges se consume si grosse quantité de bois
que par briesve succession de temps, les bois desdits villaiges seront totalement depeuplez,
ruynés109.
L’administration forestière
C’est tout au début du XIIIe siècle – en France comme dans les duchés
indépendants de Lorraine et de Bar – que l’on voit véritablement apparaître
une administration forestière. Dès l’origine, le souci du propriétaire
forestier, fut-il le roi, lui impose de gérer les droits d’usage qui concernent
une grande partie de la population. Cette gestion se fait conformément à des
coutumes locales, orales à l’origine et découlant souvent de la période
gallo-romaine. Progressivement, ces droits font l’objet de chartes écrites
aux XIIIe et XIVe siècles26. En effet, à partir du Xe siècle, la propriété
forestière dans le royaume de France se répartit entre le souverain et les
seigneurs. Le domaine royal est d’environ 200 000 ha sous Saint Louis
(Louis IX, r. 1226-1270), à peine plus en 1789 ; le domaine seigneurial
d’environ 700 000 ha. À partir des XIIe et XIIIe siècles, l’Église devient
également un riche propriétaire terrien et forestier : on estime qu’à la
Révolution française, 800 000 ha de forêts ecclésiastiques sont nationalisés.
Enfin, la propriété forestière communale se développe à partir du
XVIe siècle : elle est ainsi de 1 500 000 ha en 178927.
Les origines de l’administration forestière en Lorraine sont fort obscures :
comme il est fait mention d’ordonnances forestières dès le commencement
du VIIe siècle, on peut conjecturer que, dès cette époque, les ducs songent à
organiser cette partie importante de leur domaine. « On ne peut cependant
rien préciser à cet égard, parce que les textes anciens ne nous sont pas
parvenus28. » Toutefois, dans toutes les justices rurales, à côté du maire et
des échevins, du doyen et du banvard (le gardien du ban, c’est-à-dire des
droits du seigneur), « on trouve le forestier, qui cumule quelquefois les
fonctions du maire29 ». Ce forestier des anciennes justices est choisi tantôt
par les habitants, tantôt par le seigneur, ou encore au moyen de
combinaisons diverses ; quel que soit son mode de création, « il a autorité
sur l’ensemble des propriétés du ban, et ses attributions ne consistent que
dans la constatation des délits ; très souvent, il y a concurrence entre lui et
le banvard ou messier30 », messier étant encore un autre terme pour
désigner un agent du seigneur. D’ordinaire, il est à la fois l’homme du
seigneur et celui de la communauté, surveillant les forêts de l’un et de
l’autre. Les forestiers des justices rurales peuvent être considérés comme les
premiers représentants d’une administration forestière dans notre pays.
Beaucoup de seigneuries, même importantes par leur superficie boisée,
n’ont jamais eu d’organisation forestière plus compliquée. Et cependant, ces
membres des anciennes justices ne répondent pas à tous les besoins d’une
administration complète : simples gardes, ils ne s’occupent que de la
répression des délits et la gestion proprement dite leur est étrangère. De
plus, comme leur compétence est bornée à l’étendue du ban ou finage, les
massifs considérables qui constituent souvent des bans à part, sans relation
nécessaire avec les communautés voisines, échappent à leur action. Aussi, à
côté de la justice rurale, les grands propriétaires laïques et ecclésiastiques,
les maisons religieuses de la montagne instituent de bonne heure, non
seulement des gardes spéciaux pour leurs forêts, mais encore toute une
hiérarchie d’officiers supérieurs chargés de la gestion forestière. Le duc de
Lorraine, comme le plus grand propriétaire, leur avait sans doute donné
l’exemple. À chaque stade de son ascension politique, de suzerain à
souverain, à l’issue de la période féodale, le pouvoir royal comme le
pouvoir ducal codifient un certain nombre de règles de gestion de la forêt,
qu’elles concernent les plans technique, juridique ou administratif.
Au-dessous des bailliages, véritables provinces qui divisent la Lorraine,
l’unité administrative est la prévôté. Le prévôt est essentiellement le chef de
la haute justice locale ; à côté de lui, le capitaine est le chef militaire et le
receveur s’occupe de la partie financière. Mais ces trois offices sont
rarement distincts dans le même lieu : parfois le capitaine et le prévôt ne
font qu’un ; ailleurs, le capitaine ou le prévôt cumule les fonctions du
receveur. La gestion des forêts, considérée comme dépendant des finances,
peut donc appartenir à un prévôt ou à un capitaine, plus fréquemment à un
receveur. Toutefois, dès le XIVe siècle, apparaît un officier spécial, le gruyer
– de l’allemand grün, « vert » –, dont l’origine est sans doute antérieure, et
qui, à partir de cette époque, s’occupe exclusivement des forêts. Il n’y aura
jamais cependant autant de grueries que de prévôtés, et, dans les contrées
où les bois ont moins d’importance, le receveur conserve l’intégralité de la
gestion du domaine ; il prend alors le double titre de receveur gruyer et a
sous ses ordres les officiers ordinaires des grueries. Dans chaque gruerie on
trouve, à côté du gruyer, un contrôleur et un arpenteur. Le gruyer est le chef
du service, comme le rappelle une ordonnance du 16 novembre 1340 dans
laquelle « le duc Raoul fait défense aux gouverneurs des salines d’abattre
des bois sans les officiers de gruerie31 ». Le gruyer est un administrateur. Il
a l’initiative et l’exécution de tous les actes qui intéressent la forêt et qui
sont fréquemment énumérés dans les ordonnances : martelage des coupes,
ventes et délivrances, surveillance des gardes et visites régulières. Le gruyer
est également un comptable. Il reçoit les deniers provenant des revenus du
domaine et paie les dépenses autorisées. Chaque année, son compte de
gestion énumère les différentes opérations auxquelles il a pris part, expose
la situation de chaque forêt, les délits, le résultat des ventes, donne enfin la
balance des sommes perçues et versées. Pour ces deux missions, le gruyer
n’agit jamais seul : à ses côtés, dès le commencement du XVIe siècle, existe
un autre officier, le contrôleur, dont le titre indique bien les fonctions. Le
contrôleur n’administre pas, n’effectue ni recette ni dépense. Il participe
cependant nécessairement à tous les actes d’administration et la
comptabilité n’est régulière que s’il l’a certifiée. C’est ainsi qu’il assiste aux
balivages, avec son marteau spécial : au gruyer appartient le choix des
arbres, la direction de l’opération, la marque principale faite à la racine ; le
contrôleur se borne à frapper de son marteau le corps de chaque pièce ainsi
désignée. Il accompagne de même le gruyer aux deux visitations annuelles,
et doit se trouver aux ventes. Le contrôleur dresse aussi son compte de
contrôle, reprenant les mêmes articles que celui du gruyer, et atteste de
quelle manière les faits se sont réellement passés. Dans l’ordre
hiérarchique, le contrôleur a le grade le moins élevé : ses gages sont moitié
moindres que ceux du gruyer qui d’habitude est choisi parmi les anciens
contrôleurs pour remplir par avancement la charge de la gruerie. Mais dans
le service, le contrôleur n’est nullement un subordonné : il agit à côté du
gruyer et ne dépend que de leur supérieur commun. Enfin, il existe un
troisième officier, l’arpenteur juré, dont le titre indique la fonction spéciale.
Si les gruyers sont souvent d’anciens contrôleurs, ou des receveurs du
domaine, les contrôleurs eux-mêmes sont choisis parmi les habitants du
lieu, des tabellions par exemple ; les traditions administratives peuvent ainsi
se transmettre, et la forêt gagne certainement à cette stabilité des agents
chargés de sa gestion. Les gruyers ont un chef, le grand gruyer, dont la
charge importante est confiée à un membre de la noblesse qui appartient
presque toujours à la cour ducale par d’autres fonctions honorifiques. Dès
1464, on trouve un grand gruyer pour la Lorraine et dès 1550 pour le
Barrois. Ces deux grands gruyers remplissent essentiellement des charges
judiciaires, et reçoivent le serment des officiers et gardes. Toutefois, ils font
parfois aussi des visitations, par eux ou leurs lieutenants, et vérifient ainsi la
gestion des gruyers. Ils ont pour mission principale de veiller à la
conservation du sol domanial en réprimant les anticipations. Alors,
l’arpenteur général les accompagne pour faciliter l’application sur le terrain
des titres de concession.
Il existe enfin une dernière catégorie d’agents : les commissaires
extraordinaires de la Chambre des comptes, dont les attributions forestières
sont toutes différentes. Ils n’ont que des missions temporaires, dans un but
nettement déterminé : établir un règlement pour une forêt ou pour une
gruerie, décider une coupe extraordinaire importante, etc. La Chambre des
comptes délègue alors un ou plusieurs commissaires pour aller sur les lieux
et produire un rapport sur la question. Ces commissaires sont souvent des
membres de la Chambre elle-même, ou le grand gruyer en exercice avec un
gruyer particulier. Parfois encore, ils sont choisis parmi des fonctionnaires :
receveur du domaine, maître de la monnaie, mais que leurs connaissances
spéciales imposent. Ces commissaires procèdent à leur enquête, assistés des
officiers locaux, ils préparent un projet de règlement ou de décision, discuté
devant la Chambre, pour être ensuite revêtu de la sanction ducale. Les
règlements ainsi élaborés forment dès lors « la loi de la forêt que le gruyer
est chargé d’appliquer, et qu’il transcrit en tête de ses comptes annuels32 ».
En résumé, toute cette hiérarchie du XVIe siècle aboutit à la Chambre des
comptes, un des grands corps de l’État ducal, qui détient la haute gestion du
domaine ducal, très important en Lorraine, et d’où se tirent les revenus les
plus considérables du souverain. Elle administre, elle juge, elle légifère, ses
membres constituent un petit parlement. Ils ont la haute main sur tous les
officiers, et notamment sur ceux des Forêts. La Chambre des comptes de
Lorraine est aussi ancienne que le pouvoir ducal lui-même33. Enfin, à côté
de ces officiers, la gruerie comprend également un personnel subalterne en
nombre variable selon l’étendue de la circonscription, composé des gardes à
cheval et des sergents gardes à pied, qui assurent les missions de
surveillance et de constat des délits. Leur nomination relève de la
compétence exclusive du supérieur hiérarchique des gruyers : le grand
gruyer.
Un personnel spécialisé
Ayant presque toujours à sa tête un seul gruyer, l’office se dote d’un
personnel spécialisé. Or, dans ce domaine, grande est la différence entre les
deux principautés bourguignonnes. Dans le duché, à partir de Geoffroy de
Blaisy (1352-1360), c’est une centaine de personnes qui est placée sous
l’autorité du gruyer, et Frédéric Amblard d’énumérer 1 maître arpenteur,
9 maîtres forestiers, 85 forestiers et gardes des étangs. En outre, ajoutons
2 vendeurs à gages, 1 louvier, le clerc du gruyer et des commis. La
documentation a même permis de dresser la répartition des différents
acteurs bailliage par bailliage39. Mais tout autre est la situation sur les terres
comtoises.
Comme nous l’avons dit précédemment et de manière fort semblable au
duché, au XIVe siècle le comté connaît l’existence d’un ou deux gruyers,
preuve d’une hésitation administrative. Mais, sous les ducs-comtes valois
(1384-1404), un seul homme se trouve à la tête de l’institution comtoise. Si
les officiers antérieurs à 1384 sont de véritables professionnels, des
hommes de terroir, les seconds se soucient moins des eaux et forêts
comtales : ils reçoivent l’office parmi d’autres charges. Au total, entre 23 et
26 officiers œuvrent de 1335 à 1469. De ces hommes nous savons quelles
étaient leurs origines géographiques : la Comté dans la grande majorité des
cas. Certes, Nicolas de Florence renvoie à une origine italienne. Mais en
dehors de Girard Denisot (1397-1402), qui proviendrait des environs de
Langres, et de Jean Gaude de Chalon (1402-1404), les maîtres de l’office
sont comtois. Soulignons qu’il n’y a pas là une originalité, car les ducs-
comtes de Bourgogne valois recrutent essentiellement sur place le personnel
qu’ils utilisent dans leurs deux principautés.
Figure 1 : La gruerie en comté dans la première moitié du XVe s.
Quels « mesusants » ?
Si le terme de « mesusant » désigne tout délinquant, sous la plume des
rédacteurs des comptes de gruerie il cible tous ceux qui braconnent dans les
forêts et les eaux. Alors que les premiers sont très nombreux, les seconds
constituent une minorité telle qu’elle se trouve dispersée parmi les
coupables regroupés dans le poste « Amendes des bois banaux »44.
A priori on pourrait penser qu’il suffit de compter les « mesusants »
énumérés dans la comptabilité pour aboutir à un résultat précis par exercice
financier et connaître le total de ceux qui ont commis des délits dans les
forêts comtales. En fait, c’est une mission impossible pour plusieurs
raisons, qui condamnent le médiéviste à une approche non exhaustive de la
réalité. Parmi toutes les causes expliquant notre méconnaissance, il y a
d’abord parfois le silence des textes, soit parce que les forestiers ne trouvent
pas les braconniers en train de commettre leurs délits, soit parce que les
registres énumèrent les amendes mais pas ceux qui en sont la cause. Dans le
premier cas, il est évident que le manque de constat ne signifie pas
l’absence de coupables. Mais il faut joindre aux facteurs responsables de
méconnaître les faits, des événements, comme la météorologie, la peste et la
guerre. En 1398-1399, il n’y a pas de justice du gruyer à Ornans à cause de
la neige. En 1400, c’est « pour cause de mortalité » qu’il en est de même à
Arbois, Fraisans, Gendrey, La Loye, Santans, Orchamps, Ornans et
Quingey. De 1360 à 1370, la présence des routiers rend compte du
dérèglement de la justice à Dole, en 1363-1364, par exemple. En outre, sans
qu’il soit possible de les énumérer, des fluctuations politiques et
administratives complexes justifient les lacunes dans la comptabilité. Il
suffit qu’une châtellenie passe entre les mains d’un seigneur par don
princier pour que la gruerie cesse d’en comptabiliser les revenus. Enfin
demeure la rédaction des textes qui manque parfois de rigueur : combien de
« valets » pris en défaut ? Combien de fils, de filles, d’enfants, voire
d’habitants de tel ou tel village (voir Figure 2) ?
Une étude pointilleuse des amendes enregistrées dans la châtellenie de
Montrond45, sur le plateau du Jura à l’est de Poligny, nous a permis de
dénombrer 1 427 « mesusants » entre 1374-1376 et 1428 (la comptabilité ne
cite plus les détails des « jours » à partir de 1429). De ce nombre
approximatif, nous ne retiendrons que deux caractéristiques. D’une part, il
est l’addition de braconniers quantitativement très variable d’un exercice
financier à l’autre : du 2 décembre 1374 au 24 juin 1376, 3 coupables ; du
1er mai 1422 au 8 mars 1423, 88 fautifs. D’autre part, au cours de la
séquence chronologique documentée, il y a une tendance à l’augmentation
des Comtois qui sont jugés. Il serait intéressant de savoir s’il s’agit d’un
phénomène local ou général. Dans le second cas, quelles en sont les
causes ? La connaissance des braconniers implique la recherche de leurs
lieux d’origine. À ce sujet, les difficultés rencontrées s’inscrivent dans une
problématique qui dépasse le cadre de notre propos. Très souvent, le
prénom et le nom sont suivis d’un toponyme : lieu de naissance du coupable
ou localité de résidence ? Quant aux toponymes, leur identification n’est
pas toujours évidente. C’est donc une recherche de grande ampleur qu’il
faudrait entreprendre pour mesurer les déplacements effectués pour voler du
bois. Le recours à des charrettes est indispensable dans certains cas. Un
regard sur la châtellenie de Montrond a le mérite de localiser ceux qui sont
traduits devant le tribunal de la gruerie. La cartographie des lieux d’origine
des « mesusants » fait ressortir trois localités principales : Crotenay
(189 mentions), Le Pasquier (167) et Champagnole (99). Si les deux
premiers villages jouxtent la forêt de la Faye de Montrond, Champagnole
s’en trouve plus éloigné. Mais il faudrait connaître le couvert forestier aux
XIVe et XVe siècles. Au total, 455 références géographiques de proximité
pour 842 mentions, ce qui paraît logique. En revanche, il est surprenant de
constater que certains sujets viennent depuis Salins, Ivory, Champagny,
Chaux, Moutaine, au nord de la carte, c’est-à-dire à plus d’une dizaine de
kilomètres pour commettre leurs méfaits. Même si elles sont peu
fréquentes, les informations sociales et familiales concernant les
braconniers ne sauraient être négligées, car elles complètent l’approche des
coupables qui comparaissent lors des « jours » de la gruerie. En
commençant par l’opposition entre laïcs et ecclésiastiques, les calculs
soulignent sans surprise la supériorité numérique des premiers par rapport
aux seconds : réciproquement, 59 et 11 pour un modeste comptage de
70 « mesusants » identifiés. Disons de ces derniers qu’il s’agit de 9 prêtres
et curés, 1 prieur et 1 vicaire. Parmi les laïcs, 8 nobles (1 monseigneur,
2 chevaliers et 5 écuyers), 2 détenteurs d’une autorité, 1 maire, 1 sergent.
Suit la longue liste des artisans et autres travailleurs regroupés par ordre
alphabétique : chapuis, charbonnier, charreton, cordier, corvoisier, faivre,
fournier, grangier, maçon, meunier, pêcheur, pelletier, rouhier, serrurier,
vannier. Classons à part un messager et les valets. Mais il convient de
joindre à cette énumération ceux dont la fonction n’est pas évidente à
préciser : bergier, clerc, cuturier, maître.
Figure 2 : Un exemple d’origine des mesusants forestiers en Comté aux XIVe et XVe s.
Les délits
Les fautes commises par les braconniers en forêt ne sont pas
systématiquement citées. Mais dans l’immense majorité des cas, les scribes
mentionnent les « mesus » dont on peut faire la typologie avec une relative
précision. Parfois, une certaine imprécision existe quant à la localisation des
fautes et le calcul du nombre de méfaits demeure approximatif.
Même si notre exploitation n’est pas exhaustive, les centaines de données
collectées pour la seconde moitié du XIVe siècle autorisent à dégager des
caractéristiques qui, fort vraisemblablement, ne changent pas pendant le
XVe siècle. Tout du moins on peut le penser, au vu de l’étude exhaustive des
délinquants qui sévissent dans les bois de la châtellenie de Montrond. En
commençant par les délits les plus imprécis, nombreux sont les cas où les
fautifs sont « pris » ou « trouvés » dans la sylve princière, sans que l’on
sache ce qu’ils y faisaient. Pour nous limiter à la décennie 1353-1354 à
1362-1363, c’est au total 69 « mesus » de ce type que contient le poste des
« Amendes des bois banaux », le minimum étant de 3 en 1354-1355 et le
maximum de 27 en 1362-1363. Est-ce le fait que les sujets condamnés n’ont
pas le droit de pénétrer dans les forêts qui explique leur répression ? Il
faudrait connaître le statut juridique des lieux concernés pour répondre, car
il existe des bois banaux (réserves seigneuriales) et des bois communaux.
Toujours est-il que l’on s’attendrait à lire « pris » ou « trouvé » en train de
faire un acte délictueux. Par leur fréquence, les vols de bois l’emportent sur
tous les autres « mesus » jugés par la gruerie. Si la majorité des coupables
est prise in situ, d’autres fautifs se font arrêter alors qu’ils transportent du
bois avec des charrettes, ce qui n’est pas discret. Signalons que parfois le
bois volé est découvert chez le voleur où à proximité de sa maison. Dans la
châtellenie de Poligny est pratiquée la « cerche », c’est-à-dire une recherche
organisée des bois volés46. La coupe des arbres est connue grâce à
l’abondance des renseignements qui les concerne. Les verbes « abattre »,
« couper », « trancher » sont cités 60 fois de 1353-1354 à 1362-1363 sans la
mention des essences. En revanche, 115 fois il s’agit du chêne, 38 fois du
« foul » (hêtre), 4 fois du pommier, 3 fois du poirier, c’est-à-dire des
essences protégées. Par « sauce » tranché sur la chaussée du pont
d’Apremont, il faut comprendre un saule. Le tremble apparaît en 1359-1361
et le « coudre » (coudrier, c’est-à-dire noisetier) en 1363-1364. La
châtellenie de Montrond nous met en présence du charme. La mention de
l’écorce à plusieurs reprises (1354-1355, 1356-1357, 1357-1358…) fait
penser au tanin, c’est-à-dire à cette substance provenant du chêne, entre
autres, et rendant les peaux imputrescibles. Mais les bois n’étaient pas
toujours définis par leur essence. C’est ainsi que les textes citent le bois vif,
bois vieux, le menu bois, le bois mort et le mort-bois. Certains passages
nous incitent à penser que dans l’esprit du rédacteur il n’y a pas toujours
une distinction nette entre le bois sans sève et les essences secondaires. Une
grande inconnue : pas un mot sur la taille des arbres. Le relevé du nom des
pièces de bois ouvragées fait apparaître les « aissannes », « essannes »
(bardeaux), les « billons » (quelle acception ?), les « chevrons », le
« dental » de la charrue. La viticulture et la vinification sont à l’origine de
vols de bois : pour faire des « paisseaux » (échalas) et des perches pour les
vignes, le « merrin » étant réservé aux tonneaux, ou une essence non
précisée destinée à la fabrication des cercles de la tonnellerie.
Ce qui précède pourrait laisser croire que les « mesusants » ne
s’approvisionnent frauduleusement en bois que pour utiliser ce dernier à des
fins multiples. En fait, plus d’une fois il est question de la vente par les
braconniers de ce dont ils se sont emparés, la recherche d’un peu d’argent
étant leur seule motivation. La liste précitée implique d’être étoffée par
d’autres « mesus » mais beaucoup moins nombreux : essartages illicites,
feux volontaires47 et, ce qui peut paraître surprenant, rarement la chasse des
animaux sauvages ou le pacage. Compte tenu de l’importance de la paisson,
les manquements aux règles régissant son bon déroulement ne manquent
pas. Mais il y a aussi d’autres comportements qui sont sanctionnés, comme
des tensions entre personnes : injures, violences physiques…
Concluons par des résultats chiffrés pour la seconde moitié du
XIVe siècle48. Les revenus bruts, et non pas les bénéfices obtenus, atteignent
11 398 livres estevenantes. Or, avec 4 670 livres, les amendes des bois
banaux représentent 41 % de la somme perçue (voir Figure 3). L’évolution
de ce que rapportent les amendes, calculée en moyennes mobiles sur 10
exercices, fait ressortir une nette progression à partir de 1370 et surtout dans
la dernière décennie du siècle.
Figure 3 : Évolution des amendes forestières entre 1362 et 1400 en Comté (moyennes mobiles sur 10
exercices). Pour l’année 1370, il existe deux exercices financiers différents. Les années 1375, 1383,
1384 et 1385 ne sont pas documentées.
Les haies indiquées au Moyen Âge central dans les actes diplomatiques de
l’ouest de la France ne constituent pas un bocage : les haiæ mentionnées
dans le cartulaire de Redon délimitent les parcelles sur un côté, parfois
deux, jamais plus5. Il ne peut donc s’agir d’un bocage comme on l’entend
au sens historique avec la clôture systématique des parcelles sous la forme
d’un réseau de haies, associée à un régime spécifique6. De plus, haia
possède plusieurs sens. Dans l’Ouest, ce terme recouvre trois notions
différentes jusqu’au XIIIe siècle. Il définit un espace boisé assez vaste, une
bande forestière formant séparation, souvent maintenue sur des limites
paroissiales ou de seigneuries, ou encore une haie séparant deux parcelles et
plantée sur des talus7. Ce dernier sens devient plus courant au XIIIe siècle et
quelques parcelles sont entièrement closes8. Aux XIVe-XVe siècles, la haie
porte encore le sens d’un large espace boisé intégré à la forêt, mais surtout
celui d’une haie séparant deux parcelles et plantée sur des talus. La haye de
Bouessay, par exemple, relève des forêts de Rennes9.
De même, certains historiens avaient assimilé le terme de bosc (boscum) à
la présence du bocage. Or, selon Daniel Pichot et Élisabeth Zadora-Rio, il
définirait davantage un paysage boisé et renverrait à la forêt telle qu’on la
conçoit aujourd’hui, s’opposant à plano qui correspondrait au paysage
ouvert des campagnes10. La première mention d’un « bocage », relevée par
Paul Vidal de La Blache dans le Roman de Rou vers 1170 (« cil del bocage
e cil de plain »), témoigne de cette opposition entre un paysage boisé et des
champs ouverts, et non de l’existence d’un bocage11. Enfin, parcellaire et
bocage doivent être dissociés12. La transmission ou l’absence de
transmission entre les formes parcellaires protohistoriques ou
altomédiévales et celles du cadastre napoléonien ne présage pas de
l’ancienneté ou du caractère récent du bocage. Selon Magali Watteaux,
[o]n voit alors se dégager de ces travaux [archéologiques] autre chose que le bocage. On voit
émerger l’histoire du parcellaire avec ses discontinuités et ses transmissions. Il y a donc
intérêt à ne pas mettre sous la seule appellation de « bocage » une série très riche de faits
archéologiques et morphologiques13.
Figure 4 : courbe d’âge moyen des chênes exploités entre 500 et 1500 (vert) ; répartition
chronologique des plus vieux chênes (rouge) et des plus jeunes (bleu). Les chênes de 280 ans et plus
sont tous datés du début du VIIe s. Pendant la période 1180-1230, les arbres les plus vieux ne côtoient
qu’à de rares exceptions les plus jeunes au sein de taillis-sous-futaies ; ce sont de loin les taillis qui
dominent et quelques vieilles futaies se distinguent à Paimpont, Rennes ou Laval. © Yann Couturier.
Figure 5 : Bûcherons et paysans au travail pour abattre, émonder, élaguer et recéper. Les outils
employés sont tous différents, parfaitement adaptés à la tâche. Les Géorgiques, Virgile, XVIe s.
CHAPITRE 2
Les contrées méridionales
Forêts méditerranéennes
Frédéric Guibal
Après des débuts de l’économie agropastorale attestés par des signaux qui
apparaissent dans le courant du VIe millénaire avant J.-C.1, les massifs
forestiers méditerranéens du sud-est de la France, jusqu’alors perturbés par
les seuls incendies liés à la foudre ou provoqués par les chasseurs, par
d’éventuels coups de vent et des attaques de ravageurs, connaissent les
premiers déboisements liés à la conquête de la terre. Aux âges des métaux,
les attaques vis-à-vis de la forêt s’intensifient : la forêt est un bien commun
qui regorge de ressources dans lesquelles on puise sans compter. Puis la
romanisation réduit considérablement le couvert forestier pour composer
des paysages assez proches de l’actuel. Vient le haut Moyen Âge qui voit
s’amorcer, tant en Provence qu’en Languedoc, une séquence de périodes
plus ou moins stables, marquées par de fortes fluctuations démographiques
rythmées par les famines, les épidémies et les guerres. Les diminutions de
la pression anthropique sur l’environnement, au fil des campagnes
dévastées, des réserves pillées, des migrations paysannes pour trouver
refuge dans les villes, entraînent une reconquête des friches, broussailles et
forêts. Une fois les dangers et les épidémies passées, les paysans reviennent
à leurs terres ou aux surfaces incultes qu’ils défrichent et mettent en
culture ; l’habitat se réorganise. La croissance démographique redémarre en
milieu rural et entraîne une extension des surfaces agricoles cultivées ou
bien leur réaménagement pour les rendre plus productives.
Tels sont souvent décrits les épisodes majeurs de l’histoire des forêts de
cette région. Mais un schéma aussi appuyé ne saurait refléter de façon fidèle
une réalité à l’évidence plus complexe, déclinée dans la diversité des
bioclimats, des écosystèmes, des modes de gestion du milieu, des terroirs et
des populations humaines propres à ce territoire.
Pour aborder les forêts médiévales de cet espace, nous limiterons celui-ci
au territoire des régions continentales actuelles françaises soumises à un
climat méditerranéen, c’est-à-dire un climat à étés chauds et secs : cela
correspond à la zone littorale et à l’arrière-pays, jusqu’aux premiers
versants du Massif central et des Alpes du Sud. Les connaissances
proviennent de trois types de sources : les études paléo-environnementales,
les vestiges archéologiques et les sources écrites.
Figure 2 : Solives de l’hôtel Arlatan à Arles (Bouches-du-Rhône) : chevilles de blocage des ligatures
des radeaux (cliché F. Guibal).
Figure 3 : Traces d’encastrement des bois de charpente, Montpaon (Fontvieille, Bouches-du-Rhône)
(cliché F. Guibal).
Enfin, aux yeux du paysan, dont les récoltes sont souvent précaires, la
forêt apparaît comme une ennemie qui attire à elle tous les sucs de la terre
pour nourrir une végétation inutile.
Signalés dès les plus anciens textes, l’essartage et le fournelage
(arrachage et amas de végétaux qui sont incendiés) se font aux dépens des
bois et des garrigues dont le terme apparaît dans la première moitié du
XIe siècle, en différents endroits de Haute-Provence et de Provence littorale.
Substituer la terre cultivable au bois improductif est le geste spontané du
moine comme du paysan. En Haute-Provence, en 1266, les moines du
monastère de Gruis, près de Sisteron, mettent le feu à une partie de la forêt
de Malefougasse située au sud de la montagne de Lure, pour gagner des
terres labourables28.
Dans ces pays de climat sec, à la topographie souvent mouvementée, où
les surfaces enherbées sont réservées pour les troupeaux, les bois ne
peuvent manquer de solliciter l’activité du cultivateur. La meilleure terre
est, en effet, celle où les arbres, établis depuis longtemps, conservent un
humus plus ou moins profond, mais toujours fertile. Il suffit de le mettre à
nu. La nécessité de s’adresser à l’humus forestier comme source nutritive
des végétaux cultivés donne lieu à des procédés variés, signale Georges
Kuhnholtz-Lordat29, pour le rendre utilisable. À l’origine, le but des
incendies ne paraît pas être l’obtention de cendres, mais la simple mise à
découvert de l’humus et le nettoiement pour la culture. Les textes nous
disent comment on y parvenait : on pratiquait l’essartage ou le fournelage
du bois, deux termes indiquant des procédés et des résultats à peu près
similaires. Cette conquête de la terre ne se faisait pas sans grand effort : il
fallait, d’abord, amonceler des broussailles, des arbrisseaux, que l’on
recouvrait d’herbes et qui formaient autant de fours, ou fournelles, auxquels
on mettait le feu. Le mode de déblaiement par le feu était peu coûteux et,
dans l’immense majorité des cas, donnait de meilleurs résultats que les
extirpages mécaniques qui, en région méditerranéenne, favorisent l’érosion
par ruissellement, amorce de l’érosion torrentielle.
Qu’entend-on par essarter ? Essarter, ou pratiquer le sartage à feu couvert,
consiste à arracher et couper tous les bois d’essences de la sous-strate
forestière connus sous le nom de mort-bois, soulever à la pioche les
herbacées et faire des petits fourneaux auxquels on met le feu. Lorsque
l’incinération est terminée, on répand les cendres et la terre brûlée. On
ensemence le sol en céréales pendant quelques années, pour recommencer
de même à intervalles réguliers, environ tous les dix ans. Appliqué de la
sorte, sous climat humide, l’essartage amende le terrain par l’apport des
cendres, le rend plus pénétrable aux racines et élimine les essences
indésirables. Sous climat chaud et sec, là où le sol est maigre et pauvre en
matière organique, cette opération se révèle nuisible car elle ne fournit
qu’un engrais factice et réduit le terrain à l’état de sable en lui enlevant son
peu de cohésion. Sur les pentes un peu raides, elle devient désastreuse, car
elle livre le sol à la merci des eaux. Une pratique commune consistait aussi
à brûler la terre avec les végétaux qui la recouvrent et les racines présentes
dans les horizons supérieurs du sol, en établissant des fourneaux. On traitait
non seulement les champs cultivés, les vieilles prairies, mais aussi les
garrigues, les terrains de parcours et de pâturage, les landes et les versants
des montagnes. Les défrichements étaient des entreprises individuelles mais
en principe et, pour un temps du moins, acceptées et contrôlées par les
pouvoirs seigneuriaux. Croyant suppléer à l’engrais qui leur manquait, par
la combustion d’une faible quantité de végétaux, les cultivateurs se hâtaient
de recueillir plusieurs récoltes successives de céréales mais ne concevaient
pas que, pour obtenir un médiocre accroissement de revenu, ils dévoraient
le capital. Qu’arrivait-il ? La fine couche de terre végétale donnant toujours
sans rien recevoir, lavée par les pluies, épuisée par une culture forcée, ne
tardait pas à devenir stérile ; le paysan la délaissait alors, pour la défricher
une deuxième, une troisième fois, après un certain intervalle de temps30.
Les cendres forestières issues du fournelage, riches en potasse, étaient
répandues, mais lorsque l’épandage n’alternait pas avec celui des engrais
organiques, la terre s’épuisait vite. Parfois pour enrichir la terre, le bois
voisin était attaqué ; buis et jeunes chênes étaient arrachés pour faire
décomposer leurs branches et feuilles qui fournissaient un engrais excellent.
Il n’est donc pas exagéré de conclure que l’impact des cultures était
désastreux pour les espaces boisés sur lesquels on les avait créées et aux
dépens desquels on s’ingéniait à les maintenir.
Le recul progressif des bois et des garrigues était loin de se traduire par
une extension des cultures. Au bout de quelques années, quand la récolte ne
payait plus l’effort déployé, il fallait abandonner la terre à elle-même. Sous
climat chaud et sec, sur des sols souvent pentus et peu profonds, la terre,
privée de la protection des bois qui avaient reculé à cause d’elle, ne pouvait
régénérer son humus et devenait d’une instabilité extrême que ne pouvait
corriger une végétation s’appauvrissant de plus en plus. Soleil, eau et vent
pouvaient impunément conjuguer leurs forces pour mettre à nu la roche-
mère que la végétation recouvrait à peine. Sans doute quand les conditions
étaient particulièrement favorables, des jeunes plants d’arbre
réapparaissaient ici et là sur le champ abandonné, prêts à reconquérir leur
place primitive, mais le cas était probablement rare ; le plus souvent, les
plants naissants, piétinés ou dévorés par les troupeaux, ne parvenaient ni à
se développer ni même à se maintenir.
Les lignes précédentes ont montré l’ampleur des ravages des défricheurs
de la forêt. D’autres ravages, tout aussi funestes, furent l’œuvre des
troupeaux, à tel point qu’il est bien difficile d’établir la part qui revient à la
culture et à l’élevage dans la déforestation. À côté de la cueillette des
denrées alimentaires et de la collecte du bois pour le chauffage, la
construction ou l’outillage agricole, une autre ressource est liée à l’élevage
puisqu’on ramasse en forêt les feuilles mortes pour la litière, les glands pour
l’engraissage des pourceaux, et qu’on pratique le pacage et le pâturage des
troupeaux. Comme il n’existe pas assez de prairies naturelles pour nourrir le
bétail, et comme la jachère, exposée à la sécheresse de l’été, ne produit pas
assez d’herbage, le pacage est une nécessité. La forêt va alors vite se
dégrader à cause de la surcharge de bétail ; les moutons arrachent les
broussailles et l’herbe qui retiennent le sol, leur piétinement achève de le
rendre instable et provoque le ravinement au moment des pluies. De plus, il
faut compter avec l’abondance des chèvres qui rongent l’écorce des arbres
et étêtent les pousses, et l’habitude de certains bergers qui mettent le feu à
la forêt pour qu’au printemps l’herbe tendre croisse sur le brûlis. Feux
d’installation et feux d’entretien sont pratiqués pour créer et maintenir le
pâturage au détriment du boisement préexistant, les seconds relevant plus
d’un désir que de la réalité, car les feux périodiques entraînent
inexorablement l’appauvrissement du pâturage en bonnes espèces
alimentaires. Ainsi, la forêt a été dévastée par les troupeaux.
Arrive alors un moment où les populations exercent une pression de plus
en plus forte sur les espaces boisés pour satisfaire leurs usages domestiques,
alimenter les industries en matière première ou en matière énergétique et
servir les besoins de l’agriculture et de l’élevage (voir Figure 4). La
multiplicité de ces usages ne peut qu’entraîner des conflits.
Graphique : évolution des principales essences forestières (pins, sapin, hêtre, chêne) à partir des
données polliniques enregistrées dans cinq tourbières pyrénéennes d’après Galop, La Forêt, l’homme
et le troupeau dans les Pyrénées : 6000 ans d’histoire de l’environnement entre Garonne et
Méditerranée, contribution palynologique, Toulouse, 1998 et « Les transformations de
l’environnement pyrénéen durant l’Antiquité : l’état de la question à la lumière des données
polliniques », Aquitania, 13, 2005, p. 317-327.
Aux Xe-XIIIe siècles, l’étude des pollens détecte d’est en ouest de la chaîne
pyrénéenne une phase d’expansion agropastorale. La couverture forestière,
qui s’était rétractée par endroits sur les flancs montagnards, se morcelle
sous l’effet du « gonflement » des terroirs agropastoraux, avec somme toute
des nuances locales traduisant ici ou là un relâchement de la pression durant
des pas de temps qu’il est difficile d’évaluer. Par endroits, notamment dans
les Pyrénées orientales (versant sud du Carlit), l’étude combinée des pollens
et des micro-charbons (Pla de l’Orri) montre que les défrichements
pastoraux utilisant le feu ont provoqué la diminution drastique des forêts
d’altitude (pin et sapin), ce qui est par ailleurs étayé par les sources du
XIe siècle. Les textes confirment qu’en plusieurs endroits de la chaîne, la
majorité des estives sont en place dès le XIe siècle. Les textes qui sont le
reflet d’une économie monastique tournée principalement vers le
pastoralisme, ne parviennent pas à documenter la forêt en dehors des
prélèvements en bois des bergers. Les témoignages archéologiques sont
ténus mais attestent dans les régions les mieux documentées comme la
vallée d’Ossau et la montagne d’Enveitg, des occupations de la haute
montagne (cabanes pastorales) à cette période et dès le haut Moyen Âge61.
Or, la modification des forêts qui se traduit par la diminution croissante et
parfois radicale du sapin au profit du hêtre (Pailhères, Argentières,
Ranques) ou généralement par la chute des courbes de pollens d’arbres
(chêne, sapin, hêtre) et d’arbustes (noisetier) (Piet, vallée d’Ossau), suggère
un accroissement des prélèvements de bois à toutes les altitudes62 (voir
Figure 1). Il ne peut être expliqué à partir de la seule pression agropastorale,
aussi son origine est à rechercher dans les autres activités consommatrices
de bois. On sait par exemple que l’activité minière et métallurgique se
poursuit dans la partie orientale des Pyrénées au Xe siècle et surtout au
XIIe siècle63. Les indices de charbonnage datés de cette période en Ariège
(Lercoul, Suc-et-Sentenac, Aston) laissent supposer qu’il en est de même.
De plus, l’échelonnement des charbonnières entre 1 200 et 1 650 m
d’altitude témoigne de cette exploitation des forêts montagnardes (voir
Figure 2).
Cette phase de régression et de morcellement de la couverture forestière
semble atteindre son apogée au cours de la première moitié du XIVe siècle
où s’intensifient la production sidérurgique et l’exploitation commerciale du
bois d’œuvre64. Plusieurs écrits témoignent de la dégradation de certains
bois et pointent la nécessité de les protéger un temps pour permettre leur
régénération. Cette situation est dénoncée à l’échelle des comtés de
Cerdagne et de Roussillon par l’ordonnance générale de 1345. La même
année, un officier de l’administration qui s’occupe des forêts s’inquiète de
l’état de dégradation des bois de Seix en Couserans65. Ainsi, les textes
resserrent la datation du premier minimum forestier dans la première moitié
du XIVe siècle alors que les archives sédimentaires peinent à le situer
précisément. Les pollens décrivent ensuite un phénomène inverse, avec une
« rétractation » des terroirs agropastoraux, une baisse de fréquentation des
pâturages, et un processus de reforestation dans certaines vallées. Des
espaces sont reconquis par les pinèdes, le hêtre ou des essences pionnières
(aulne, bouleau, noisetier) dans les Pyrénées occidentales (Argentières,
Ranques, Piet) comme orientales (Plat de l’Orri, Les Cortalets). Ce
phénomène situé entre les XIVe et XVe siècles est à dater plus
vraisemblablement de la seconde moitié du XIVe siècle. En effet, la crise
démographique du milieu de siècle, liée aux épidémies de peste noire, et les
troubles économiques dus aux faits d’armes ayant agité la région, ont
engendré un relâchement de la pression humaine sur les forêts. Les textes le
confirment et le nuancent à la fois. Dans les années 1380-1390, plusieurs
communautés des Pyrénées orientales décrivent les effets néfastes du retour
des forêts, notamment la prolifération de bêtes sauvages (sangliers, ours,
loups) qui détruisent les cultures, et dont certaines s’invitent en ville à la
nuit tombée66. Elles obtiennent du roi le droit d’abattre des arbres et d’user
du feu pour éloigner ces bêtes et remettre les terres en culture. Il s’agit donc
là d’un défrichement de terres anciennement cultivées, d’un retour à une
situation d’avant crise. Un répit tout relatif est aussi perçu en Cerdagne où
le roi déplore dès 1380 la quasi-disparition de certaines de ses forêts
(Camporells, Pas de la Case, Barres)67. Ces exemples montrent que si la
pression anthropique a diminué, la détente fut de courte durée (une
vingtaine d’années) du moins dans les zones basses. De plus, les
représentants du roi ne relâchent pas pour autant leur surveillance des forêts
royales. Si certains contrats d’exploitation traduisent un contrôle moins
restrictif qu’auparavant (bail de mouline à Prats-de-Mollo en Vallespir en
1366), il ne faut pas y voir seulement les effets d’une ressource qui s’est
régénérée mais aussi la volonté du pouvoir de redynamiser une économie en
berne68. Même après la peste, on ne fait pas feu de tout bois. D’ailleurs,
cette tendance à la recolonisation forestière n’est pas perçue uniformément.
Dans les Pyrénées ariégeoises, l’étude des pollens détecte au contraire une
stabilisation des milieux ouverts et des végétaux inféodés à l’humain. Elle
est attribuée au développement florissant de la métallurgie du fer
particulièrement vigoureux en raison de la présence de la grande mine de
fer de Rancié. Jusqu’à présent pratiquée au cœur des forêts montagnardes,
cette métallurgie s’est développée sur les cours d’eau principaux des hautes
vallées glaciaires avec l’introduction de la forge hydraulique à réduction
directe appelée « mouline » au début du XIVe siècle et sa diffusion69. Cette
innovation technique engendre un saut quantitatif de la production
sidérurgique, et par conséquent de la consommation en charbon de bois, mis
en lien avec la régression des forêts montagnardes (sapinières et chênaies)
qui s’accélère à partir des XVe-XVIe siècles pour ne plus décélérer jusqu’au
XIXe siècle. Pourtant, la localisation au cœur de l’étage montagnard (voir
Figure 2) de plusieurs charbonnières datées entre la fin du XIIIe et la fin du
XVe siècle prouve l’existence de forêts encore denses malgré la faim des
moulines. Par ailleurs, la détection de nombreux replats de charbonnage
dans l’espace supraforestier actuel révèle que la limite supérieure de la forêt
charbonnée, entre la fin du Moyen Âge et les Temps modernes, est souvent
située très en amont de la limite supérieure des forêts actuelles. Elle a
atteint les 2 100-2 200 m d’altitude dans certaines hautes vallées (Soulcem,
voir Figure 2). Dans le Pays basque, la même tendance de recul des forêts
en lien avec le développement minier est établie pour la fin du XVe et le
XVIe siècle. Cependant, le recul continu des forêts n’est pas propre aux
régions d’intense activité métallurgique, comme le montre globalement la
synthèse des séquences polliniques pyrénéennes70. Cette conclusion nous
invite à changer d’échelle pour regarder de plus près les effets des activités
humaines sur le fonctionnement des forêts.
L’étude des charbonnières datées entre l’an mil et le XIIIe siècle montre
une utilisation du hêtre presque exclusive pour la plupart d’entre elles.
Celle-ci a été interprétée comme le résultat de l’exploitation d’une hêtraie
en taillis où le sapin tiendrait une place réduite car se régénérant
difficilement sous l’effet des coupes périodiques. L’étude des replats de
charbonnières d’une autre forêt, celle de Bernadouze dans la haute vallée de
Suc-et-Sentenac (Ariège), apporte des éléments complémentaires73. Le
charbonnage médiéval y a démarré entre la fin du IXe et le tout début du
XIe siècle dans une hêtraie-sapinière où le hêtre dominerait. La présence
significative d’essences pionnières (bouleau, aulne) et post-pionnières
(merisier, chêne, sorbier) suppose que cette forêt ait fait l’objet de trouées
suffisamment importantes pour permettre à ces essences de lumière de
cohabiter avec les dryades (sapin, hêtre). Par ailleurs, la composition des
charbonnières révèle la cohabitation d’arbres d’âges différents. Dans les
deux sites, l’étude des charbons montre l’existence d’une hêtraie-sapinière
dont les proportions de hêtre et de sapin varient d’une forêt à l’autre.
L’interprétation de ces variations est sujette à débat : s’agit-il d’un reflet
fidèle de la composition de la végétation arborée ou bien d’une vision
déformée de celle-ci par les pratiques des hommes qui sélectionnent le hêtre
plus compétitif ? Cela dépend des cas. Le sapin est toujours présent à
Lercoul entre les XIVe et XVe siècles où il devient mieux représenté dans la
composition des charbonnières, bien qu’il soit minoritaire par rapport au
hêtre. Il est accompagné d’essences arbustives (noisetier), pionnières
(aulne, bouleau, genévrier) et même d’essences post-pionnières (sorbier,
chêne, merisier). Cette composition suppose la coexistence de peuplements
à différents stades de maturation, donc de fermeture, avec une régénération
du sapin. Cette essence très tolérante à l’ombre peut patienter sous le
couvert de ses concurrents deux cents ans en attendant une ouverture
propice à sa croissance. À Bernadouze entre la fin du XIIIe et la première
moitié du XVe siècle, les charbonniers utilisent presque exclusivement le
hêtre probablement traité en taillis fureté, dans une forêt où le sapin semble
réservé à d’autres fins comme la production de bois d’œuvre. Les essences
pionnières (saule) et post-pionnières (merisier) sont très discrètes dans les
assemblages. L’analyse des charbons de sapin, dont la présence est
significativement plus importante dans les charbonnières datées entre la fin
du XVe et la première moitié du XVIIe siècle, révèle qu’il s’agissait
principalement de rebuts d’exploitation (branches, houppiers) charbonnés
sur place avec le hêtre. Les sapins arrivés à maturité pour une exploitation
ont donc été prélevés à cette période. La composition des charbonnières
révèle en filigrane la présence d’espèces pionnières (bouleau et saule) et
post-pionnières (pin sylvestre, merisier, chêne, sorbier) indiquant une
diversité des peuplements probablement liée à une imbrication de
différentes unités de régénération et de maturité. Elles donnent l’image d’un
taillis sous futaie jardinée avec des trouées. Quelques textes contemporains
confirment et complètent cette image au travers le plus souvent
d’interdiction ou d’autorisation de coupe ou de charbonnage de telle ou telle
essence. Ainsi le bail de la mouline d’Albiès (Ariège), en 1326, exclut le
chêne et le bouleau des essences qui peuvent être charbonnées (non
mentionnées). La présence du bouleau est attestée à la même période à
Lercoul. Sur le torrent de Saleix en Vicdessos, le bail d’une scie
hydraulique du XIVe siècle précise qu’elle sert à débiter du bois de sapin et
de pin74 prouvant ainsi l’existence de peuplements relativement matures.
De même, seul le chêne est mentionné pour les forêts du Couserans pour
signifier qu’il est exclu de l’accord de 1347-134875 (35). En revanche, les
textes catalans témoignent d’un large éventail d’essences dans le Conflent
et le Vallespir : sapin (Py, 1312 ; Prats, 1314 ; Saint-Guillem-de-Combret,
1321), bouleau, frêne et érable (Prats-de-Mollo, 1314). L’ordonnance royale
de 1345 complète cette liste sans qu’on puisse cette fois-ci les rattacher à
des forêts particulières et localisées. Elle interdit à tout homme d’abattre
sapin, pin, hêtre, buis, frêne dans l’ensemble des forêts royales du
Roussillon et de Cerdagne pour quelque usage que ce soit. Seul le sapin est
précisément mentionné en raison de sa valeur économique poussant les
autorités à le préserver jusqu’à ce qu’il soit propre à l’exploitation pour en
tirer poutres, solives, planches, antennes, ancres, etc. Le sapin est
omniprésent dans les baux de scieries hydrauliques et les contrats de coupe
et de flottage de bois d’œuvre. Les pins montagnards sont également très
prisés comme bois d’œuvre. A contrario le hêtre, rarement mentionné en
tant que tel, apparaît le plus souvent en négatif par la « non-interdiction » de
le couper. Ainsi, si les charbonniers qui aliment la forge de Prats-de-Mollo
en 1314 n’ont pas le droit de couper les sapins, les bouleaux, les frênes et
les érables, il leur reste néanmoins le hêtre et tout le cortège des autres
essences pionnières et post-pionnières. Le règlement de 1311 concernant les
forêts des Ayades et de Saint-Guillem-de-Combret (Vallespir) montre par
ailleurs que le hêtre est le bois le moins prisé pour faire des cercles de
tonneaux. Le noisetier et l’érable, le bouleau et le frêne sont les essences les
plus recherchées. À côté du frêne, le hêtre sert également à faire des
hampes. Le chêne – auquel s’ajoute localement le châtaignier – est utilisé
pour la confection de vases vinaires et barriques. Le buis sert quant à lui à
la confection de peignes76. Dans le Vallespir, les teinturiers de Céret
s’approvisionnent en combustible dans des formations forestières ouvertes,
sans doute de plus basse altitude, où les essences arbustives (noisetier),
pionnières (aulne, saule) et post-pionnières (chêne, orme) sont présentes en
abondance au vu des quantités importantes consommées. Les commandes
de bois d’œuvre révèlent également l’exploitation des pinèdes d’altitude
fournissant poutres et solives qui alimentent le marché de la construction de
Perpignan. L’ensemble du faisceau d’informations prouve que les forêts
montagnardes sont bel et bien des hêtraies-sapinières, gérée en taillis de
hêtre sous futaie de sapin, et suffisamment clairsemées pour laisser des
essences pionnières et post-pionnières se développer.
Figure 4 : Cycle sylvigénétique d’une forêt naturelle et d’une forêt exploitée pour le charbonnage et
le bois d’œuvre (© Fouédjeu F. Léonel).
Un environnement original
La forêt vosgienne est si dense et prégnante dans le paysage que l’on
pourrait croire qu’elle est le dernier bastion des forêts primaires en France.
L’expression « ligne bleue des Vosges », utilisée pour la première fois par
Jules Ferry en 1881 pour désigner cette longue ligne de crête densément
boisée, ne fait que renforcer cette impression.
Pourtant les structures forestières très fournies, que l’on a plaisir à
contempler aujourd’hui et qui font la richesse économique de cette région,
sont surtout héritées des évolutions paysagères et des aménagements qui se
sont opérés à la fin du XIXe siècle. La déprise agricole d’un secteur
géographique qui s’industrialise à grand pas, les changements de pratiques
culturales qui s’intensifient dans des espaces désormais dédiés et bien
séparés des espaces boisés auxquels s’ajoute l’application de nouvelles
législations forestières qui protègent et réglementent la forêt, engendrent
une reconquête forestière sans précédent largement aidée par les
reboisements1. C’est d’ailleurs à cette époque que l’épicéa fait une
apparition en force dans les forêts vosgiennes. Sans nier son indigénat dans
quelques rares stations isolées des Hautes-Vosges où il s’est installé il y a
environ deux mille ans2, l’épicéa est ici en limite d’aire de répartition
naturelle et ne serait pas aussi présent dans le paysage s’il n’avait été
largement privilégié dans les plantations où on le préfère souvent au sapin.
Ainsi, il occupe aujourd’hui d’importantes surfaces de l’étage montagnard,
c’est-à-dire au-delà de 900 m d’altitude, soit en mélange avec le hêtre et le
sapin, soit en peuplement pur. Le pin a également été fortement favorisé
tout comme d’autres essences plus exotiques comme le douglas ou le
mélèze. Hormis ces plantations qui peuvent venir brouiller la distribution
naturelle des ligneux, les essences qui peuplent le massif et ses marges
aujourd’hui sont issues d’une colonisation forestière spontanée entreprise il
y a environ dix-huit mille ans au sortir de la dernière période glaciaire.
À cette époque, un inlandsis couvre encore tout le nord de l’Europe et les
principaux massifs montagneux dont les Vosges, repoussant les arbres les
plus sensibles au froid et à la sécheresse dans des zones refuges
climatiquement plus clémentes, à savoir le sud de l’Espagne, de l’Italie et
dans les Balkans. Le brusque réchauffement qui met fin à cette glaciation
amorce une lente fonte des glaces et la migration progressive des arbres
depuis ces zones refuges en direction du nord et de l’ouest. Les chênes et
autres feuillus des climats tempérés, à l’exception du charme, s’étendent
dans le nord-est de la France et dominent entièrement les espaces boisés
entre le VIIe et le IVe millénaire avant J.-C. Le sapin ne s’installe
progressivement dans la région qu’à partir de 5 500 avant J.-C., puis le
hêtre près de deux millénaires plus tard3. Le charme vient en mélange des
forêts de feuillus de basse altitude seulement à partir de 1 000 avant J.-C. À
cette période, les grands traits du paysage forestier actuel sont en place, les
essences se distribuant selon un étagement où le sapin et le hêtre règnent en
maîtres dans les secteurs d’altitude et le chêne et le charme en plaine. Le
schéma de la figure 1, extrait de la flore forestière de montagne4, illustre
cette distribution actuelle de la végétation forestière, laquelle est tributaire
de la topographie et de la géologie. Le massif des Vosges présente un profil
très dissymétrique qui oppose le sud cristallin, aux altitudes les plus
élevées, et le nord gréseux, l’ouest en pente douce vers le Plateau lorrain et
le Bassin parisien, et l’est aux pentes abruptes au-dessus de la plaine
d’Alsace. Les Vosges gréseuses sont constituées de roches sédimentaires
dont l’altération donne naissance à des sols sableux plus ou moins argileux
et pauvres, alors que les Vosges cristallines ont des sols limoneux à limono-
sableux plus riches en matière organique. Le Plateau lorrain, partie orientale
du Bassin parisien, limité à l’est par les Vosges et à l’ouest par le massif
ardennais et les reliefs karstiques de Champagne, présente un paysage
entrecoupé de lignes de côtes (côtes de Moselle, côtes de Meuse, Argonne)
formé d’une succession de petites collines et de vallées ondulées orientées
nord-est/sud-ouest, oscillant entre 150 et 300 m d’altitude.
Aujourd’hui, sur le versant occidental de l’étage collinéen, les dépôts
calcaires accueillent les chênaies-charmaies dans lesquelles le hêtre peut
être l’essence dominante, surtout sur les terrains plus frais ou plus acides.
Des essences plus thermophiles comme le chêne pubescent se retrouvent
sur le versant alsacien, plus abrupt et plus sec. L’étage montagnard, entre
400 et 1 100 m d’altitude, est le domaine de la hêtraie-sapinière dominée
par le sapin jusqu’à 800 m puis, au-delà, le hêtre gagne en importance pour
former des hêtraies à formes rabougries sur les parties sommitales. À cet
étage, le pin sylvestre se joint au sapin sur les sols pauvres, particulièrement
sur les versants exposés au sud ou sur les sommets des plateaux gréseux.
Dans les Vosges cristallines, les secteurs d’altitude au-delà de 1 200 m sont
occupés par de vastes landes à haute diversité floristique bien connues sous
le nom de Hautes-Chaumes. L’origine de ces prairies fut longtemps sujette à
controverse, opposant les partisans de l’existence de chaumes pour partie
dites primaires, c’est-à-dire naturelles compte tenu du climat, à d’autres qui
soutiennent que les plus hauts sommets vosgiens étaient autrefois couverts
de forêt puis ont été défrichés pour créer des pâturages. Le profil b de la
figure 1 symbolise des arbres dans la partie sommitale optant ainsi pour la
seconde hypothèse, mais, plus largement, cette illustration qui compare la
végétation potentielle à la végétation actuelle pointe l’impact de l’homme
sur les paysages en soulignant notamment des défrichements dans les zones
de basse altitude ainsi que des changements dans la composition forestière.
Figure 1 : Etagement de la végétation sur les versants vosgiens.
Le Plateau lorrain
À l’est du Plateau lorrain, les mardelles (voir Figure 3 : sites 5, 6, 7, 8, 9
et 13) ou roselières (voir Figure 3 : site 4) offrent des informations
précieuses sur l’évolution du couvert forestier à basse altitude.
Dans ces zones de plaine, le second âge du fer et la période gallo-romaine
ont été des périodes d’intenses défrichements. Les recherches
archéologiques ont démontré la présence de nombreux habitats et
parcellaires antiques au sein de grands massifs forestiers pourtant
considérés comme « anciens » ou « immémoriaux »10. À partir du IIIe siècle
et jusqu’au début du XIe siècle, on observe l’abandon des villas antiques, la
chute de l’usage des voies romaines11 et une fermeture du paysage avec une
pression anthropique qui décroît fortement. Certaines zones défrichées et
exploitées durant l’âge du fer et la période gallo-romaine seront peu ou pas
réouvertes durant le Moyen Âge, qui est donc plus forestier, mais aussi une
période au cours de laquelle les sociétés s’implantent dans des espaces
géographiques différents de ceux occupés par les sociétés protohistoriques.
Le contexte de peuplement
Autour de cet état de la végétation se dessine également l’évolution
générale du peuplement et de la pression humaine sur les massifs forestiers
jurassiens. Dans ce contexte montagnard, l’occupation du sol durant les
périodes anciennes peut être restituée grâce à trois principaux types
d’informations. La première catégorie est constituée par les vestiges
archéologiques, c’est-à-dire toutes les traces matérielles laissées par
l’établissement d’un habitat ancien ou d’une activité humaine, des quelques
tessons de céramique retrouvés dans les labours aux ruines monumentales
d’un château ou d’une église. Depuis les XVIIIe-XIXe siècles, et même si la
recherche archéologique s’est peu intéressée à cette région au cours du
XXe siècle, l’accumulation d’observations effectuées par des professionnels
ou des amateurs d’archéologie, les découvertes fortuites réalisées lors de
travaux d’aménagement, les diverses opérations de fouilles et de
prospections archéologiques permettent de dresser des inventaires de ces
vestiges et d’évaluer, a minima, la répartition ancienne de l’habitat. Les
archives et les textes médiévaux ou modernes constituent une deuxième
source d’information, ici assez lacunaire jusqu’aux XIe-XIIe siècles mais
offrant ensuite des informations de plus en plus détaillées à mesure que l’on
progresse dans le temps. Enfin, comme décrit plus haut, les analyses paléo-
environnementales mettent en évidence la présence d’activités humaines et
de pratiques agricoles. Malgré des lacunes et des biais documentaires
encore nombreux, le cumul de ces différents types d’informations offre
donc une vision assez complète des dynamiques d’évolution du peuplement
autour des forêts jurassiennes.
Si l’on outrepasse les limites de la période médiévale, des indices paléo-
environnementaux et archéologiques encore diffus documentent la présence
de l’homme dans tous les secteurs de la montagne jurassienne dès le
Néolithique et l’âge du bronze. Il faut cependant attendre la période du
Haut-Empire romain (Ier-IIIe siècles ap. J.-C.) pour saisir plus précisément
les modalités d’occupation de la montagne jurassienne, grâce à une
amélioration de la documentation archéologique. Une opposition apparaît
alors entre des zones de plateaux largement cultivées, associées à un habitat
aisé bien reconnaissable archéologiquement, et des zones d’altitude très
boisées dans lesquelles les occupations humaines restent beaucoup plus
discrètes. L’Antiquité tardive (IVe-Ve siècles ap. J.-C.) est marquée par des
reforestations et une déprise agricole sur les plateaux et dans les zones
d’altitude, correspondant à des crises ou des mutations de l’exploitation du
territoire montagnard. Ces changements restent cependant très difficiles à
appréhender dans l’état actuel de nos connaissances : peu de sites d’habitat
sont répertoriés pour cette période, tandis que le mobilier archéologique
associé reste mal connu et difficile à dater précisément.
Durant les périodes mérovingienne et carolingienne (VIe-Xe siècles), les
données du paléo-environnement enregistrent une augmentation progressive
des activités agropastorales, même si une opposition perdure entre des
plateaux très exploités et une haute-chaîne encore largement forestière. Les
données archéologiques, quoique de qualité inégale, insistent également sur
le dynamisme des zones de plateaux, notamment dans les zones de passage
où se regroupent plusieurs fortifications de hauteur et nécropoles
aristocratiques. Les textes, encore rares, évoquent surtout les circulations et
les possessions éparses des grands monastères et des lignages
aristocratiques situés principalement sur les marges du massif.
Dans le Jura, comme dans la plupart des massifs voisins, le Moyen Âge
central (XIe-XIIIe siècles) est marqué par la régression du couvert forestier et
le très fort accroissement des activités agropastorales, en particulier dans les
vallées de la haute-chaîne encore très boisées. Une mutation intervient à la
même période avec la fondation de nombreux monastères et l’apparition de
plusieurs lignages de seigneurs châtelains implantés cette fois au cœur de la
montagne jurassienne. Ces créations peuvent être vues comme les
marqueurs d’un nouveau dynamisme dans des régions qui semblaient
jusque-là en marge des réseaux de pouvoir documentés par les écrits. Les
textes des XIe-XIIe siècles soulignent ainsi la distinction entre les plateaux
cultivés, divisés en de multiples finages et petits territoires seigneuriaux, et
les vallées de montagne vues comme de vastes espaces pastoraux et
forestiers occupés de manière plus diffuse. Ces vallées connaissent ensuite
une intensification et une fixation progressive du peuplement et des
pratiques agricoles, sous l’influence des pouvoirs locaux. À Mouthe, aux
Fourgs ou dans le val du Saugeais, divers contrats d’« abergements » datés
du XIIIe siècle témoignent ainsi de la fixation de populations extérieures
devant contribuer à une nouvelle mise en valeur des espaces d’altitude.
À partir des XIIe-XIIIe siècles, un peuplement stable est attesté à la fois sur
les plateaux et dans les fonds de vallées de la haute-chaîne. Les reliefs,
monts et combes d’altitude, restent en revanche peu documentés. Ces
espaces sont alors mentionnés uniquement en tant que terres de parcours
collectives, exploitées de manière temporaire pour le pacage des animaux et
le prélèvement de ressources forestières. De la fin du XIIIe jusqu’au
XVe siècle se dessine ensuite une période de déprise agricole, accompagnée
par l’abandon de quelques fortifications et sites d’habitat. Dans le Jura,
cette tendance est plus sensible dans la haute-chaîne que dans les zones
basses. Il s’agit toutefois d’un phénomène général, lié aux recompositions
politiques et aux crises militaires, climatiques ou épidémiques qui
caractérisent le Moyen Âge tardif.
Les XVIe-XVIIe siècles sont, a contrario, marqués par une intense
déforestation, sensible tant dans la documentation paléo-environnementale
que dans les textes, à travers la multiplication des conflits concernant
l’utilisation des boisements. Les dévastations entraînées par les guerres du
XVIIe siècle (1634-1644, 1668, 1674) ne semblent entamer que brièvement
cette dynamique. Les créations d’établissements proto-industriels
métallurgiques ou hydrauliques très consommateurs en combustibles, mais
aussi les pâtures d’estive liées à un développement croissant de l’élevage du
gros bétail, se multiplient depuis la seconde moitié du XVe siècle. L’essor de
ces activités, liées à de nouvelles pratiques économiques et aux
investissements de la petite bourgeoisie locale, entraîne une forte pression
sur les ressources forestières et leurs différents usages. Dans le même
temps, les reliefs de la haute-chaîne jurassienne, auparavant décrits comme
des pâturages forestiers sujets à des droits d’usage communautaires, se
parsèment alors de nombreux enclos, écarts, hameaux et granges d’estive
qui témoignent d’une appropriation graduelle des espaces d’altitude par des
particuliers. Cette dynamique est notamment illustrée par la constitution
progressive du village de Chapelle-des-Bois dans une combe surplombant
le val de Mouthe, hameau temporaire au début du XVIe siècle, puis habitat
permanent et enfin communauté paroissiale à part entière au XVIIIe siècle.
On ne peut que lui donner raison ! La forêt n’est pas un espace vide. Au
contraire, elle peut être envisagée comme la justification du peuplement du
massif plutôt qu’apparaître comme un frein à son développement.
Les premières investigations archéologiques sont prometteuses.
Néanmoins, le chantier est important et nécessite, outre la reconnaissance et
l’interprétation fonctionnelle des vestiges existants, d’aborder également les
aspects quantitatifs de l’exploitation des ressources et d’en préciser la
chronologie. Quels bois pour quels usages ? Quels volumes de production à
quelles périodes ? Cette étape implique également le recours à l’archéologie
expérimentale. Les enjeux de connaissance sont aussi de définir quels ont
été les impacts de l’exploitation des ressources sur l’extension, la densité et
la typologie du couvert forestier pour comprendre la trajectoire anthropique
et écosystémique de la forêt jurassienne médiévale à la forêt d’aujourd’hui,
composante significative de l’économie régionale.
Des faînes, des glands et des châtaignes :
l’exploitation de la forêt morvandelle
Vincent Balland, Valentin Chevassu, Isabelle Jouffroy-Bapicot
Le massif du Morvan forme au cœur de la Bourgogne un territoire
montagnard bien spécifique, défini notamment par un sous-sol granitique et
des reliefs arrondis d’altitude modeste mais entaillés de vallées profondes.
La région se singularise ensuite par ses paysages, émaillés de haies
bocagères et de multiples hameaux, mais surtout marqués par
l’omniprésence des forêts. Les boisements couvrent en effet plus de 45 %
du territoire : ils sont surtout formés de résineux (pin Douglas, sapin et
épicéa) et de hêtraies-chênaies. Ces vastes forêts constituent à la fois une
caractéristique du paysage morvandiau et un élément central de l’économie
locale, sans avoir pourtant une origine très ancienne. En effet, l’extension
des espaces boisés s’est souvent réalisée au détriment d’anciens espaces
agricoles, à la faveur de l’exode rural et des réorientations économiques qui
marquent la région aux XIXe et XXe siècles. Des documents, tels que la carte
d’état-major (1828-1866), témoignent ainsi des paysages largement ouverts
et intensément exploités qui existaient au XVIIIe ou au XIXe siècle. Cette
reconquête forestière a engendré un maillage de micropropriétés forestières
caractéristique du Morvan actuel, même s’il existe çà et là quelques grands
massifs domaniaux et privés. L’arrivée des résineux est encore plus
récente : les premières plantations interviennent dans les forêts domaniales
de l’État au XIXe siècle, puis l’enrésinement s’étend plus largement après la
Seconde Guerre mondiale, avec l’introduction massive du pin Douglas,
essence originaire d’Amérique du Nord.
Ces traits paysagers considérés aujourd’hui comme caractéristiques du
Morvan sont donc très récents. Quel était l’aspect de la montagne
morvandelle et de ses forêts avant les mutations économiques des deux
derniers siècles ? Et dans quelle mesure les paysages actuels de la région
conservent-ils un héritage des périodes antérieures ? Quelle empreinte a
laissée à cet égard le Moyen Âge, qui constitue par ailleurs une période
charnière pour la mise en place des peuplements ruraux actuels ?
Comprendre plus en profondeur l’histoire des paysages morvandiaux,
valorisés notamment dans le cadre d’un parc naturel régional, devrait
également permettre d’orienter les politiques de gestion des espaces boisés
actuels.
Plusieurs travaux ont porté sur l’évolution des paysages : une synthèse
récente sur l’histoire du couvert végétal du Morvan a été réalisée sur la base
de l’étude des grains de pollens conservés dans les tourbières, et des
recherches portant sur les vestiges archéologiques et les sources écrites sont
en cours. Ces travaux concernent des aires chronologiques et spatiales
différentes (voir Figure 1) : les analyses paléo-environnementales
documentent l’évolution de l’ensemble du massif depuis dix mille ans, alors
que les recherches archéologiques et historiques, restreintes à sa partie sud,
se sont principalement concentrées sur les périodes antique, médiévale et
moderne. Ces recherches croisées fournissent un ensemble de données
pluridisciplinaires et complémentaires qui permettent d’appréhender
l’histoire de la forêt médiévale, sa structure et sa place dans le système
socio-économique.
Figure 1 : Périmètres étudiés au sud du Morvan : principaux massifs forestiers, noms de lieux
mentionnés dans le texte et sites de prélèvements palynologiques.
34. Henri DUBLED, « Le pays de Sault aux XIIIe et XIVe siècles », op. cit.
35. Ibid.
36. Nicolas LEROY, « Réglementation et ressources naturelles : l’exemple de la forêt en Comtat
venaissin », Médiévales, 53, 2007, p. 81-92.
37. Ibid.
38. Ibid.
39. Jean-Paul BOYER, « Pour une histoire des forêts de Haute Provence (XIIIe-XVe s.) », op. cit.
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Les forêts montagnardes
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7000 ans de pastoralisme dans les Pyrénées, Toulouse, Éditions Le Pas d’oiseau, 2016 ; Christine
RENDU, La Montagne d’Enveig : une estive pyrénéenne dans la longue durée, Le Canet-en-
Roussillon, Trabucaire, 2003.
62. Didier GALOP, « Évolutions paléo-environnementales en vallée d’Ossau du Néolithique à
l’époque contemporaine », dans Christine RENDU, Carine CALASTRENC, Mélanie LE COUÉDIC et al.
(dir.), Estives d’Ossau, op. cit., p. 161-173.
63. Catherine VERNA, L’industrie au village, op. cit. ; Véronique IZARD, Les montagnes du fer, op. cit.
64. Catherine VERNA, L’industrie au village, op. cit.
65. Ibid. ; Véronique IZARD, Les montagnes du fer, op. cit.
66. Ibid.
67. Christine RENDU, « Quelques jalons pour une histoire des forêts en Cerdagne… », op. cit.
68. Catherine VERNA, L’industrie au village, op. cit ; Véronique IZARD, Les montagnes du fer, op. cit.
69. Catherine VERNA, Le temps des moulines : fer, technique et sociétés dans les Pyrénées centrales
(XIIIe-XIVe siècles), Paris, Publications de la Sorbonne, 2001.
70. Didier GALOP, Damien RIUS, Carole CUGNY et al., « A History of Long-Term Human-
Environment Interactions in the French Pyrenees Inferred From the Pollen Data », op. cit.
71. Claude DUBOIS et Jean-Paul MÉTAILIÉ, « Anthropisation et dynamique forestière dans les Pyrénées
ariégeoises à l’époque gallo-romaine… », op. cit.
72. Ibid. ; Méline DI ROSA, Analyses anthracologique et dendro-anthracologique des sites de
charbonnage de la forêt de Lercoul, mémoire de master 2, Toulouse, université Toulouse Jean-Jaurès,
2017.
73. Vanessa PY-SARAGAGLIA, Mélanie SAULNIER, Raquel CUNILL ARTIGAS et al., « Long-Term Forest
Evolution and Woodland Uses in an Ancient Charcoal-Production Forest of the Eastern French
Pyrenees », op. cit.
74. Catherine VERNA, Les montagnes du fer, op. cit., 1994
75. Ibid. ; ID., L’industrie au village, op. cit.
76. Ibid.
77. Amaia LEGAZ et Delphine BROCAS, « Iraty, de la forêt mythique à la forêt sylvo-pastorale », dans
Andrée CORVOL (éd.), Les forêts d’Occident du Moyen Âge à nos jours, op. cit., p. 181-202.
78. Christine BOURQUIN-MIGNOT et Olivier GIRARDCLOS. « Construction d’une longue chronologie de
hêtres au Pays basque… », art. cit.
79. Catherine VERNA, L’industrie au village, op. cit. ; Véronique IZARD, Les montagnes du fer, op.
cit. ; Catherine VERNA, Le temps des moulines, op. cit.
80. ID., L’industrie au village, op. cit. ; Véronique IZARD, Les montagnes du fer, op. cit. ; David
BLANKS, « Mountain Society: Village and Town in Medieval Foix », dans Kathryn REYERSON et John
DRENDEL (éd.), Urban and Rural Communities in Medieval France: Provence and Languedoc (1000-
1500), Leyde, Brill, 1998, p. 163-192.
81. Catherine VERNA, Le temps des moulines, op. cit.
82. Amaia LEGAZ, Systèmes pastoraux et société en Basse-Navarre du XIIIe au XVIIIe siècle :
construction et transition, thèse de doctorat, Toulouse, université Toulouse-II, 2005 ; Jean-François
LE NAIL et Xavier RAVIER, Vocabulaire médiéval des ressources naturelles en Haute-Bigorre,
Perpignan-Pampelune, Presses universitaires de Perpignan-Universidad pública de Navarra, 2010.
83. Catherine VERNA, Le temps des moulines, op. cit. ; ID., L’industrie au village, op. cit.
84. ID., « Fer, bois, houille : forge hydraulique et gestion des combustibles (Pyrénées-Languedoc,
e
XIV siècle) », dans Simonetta CAVACIOCCHI (éd.), Economia e energia, secc. XIII-XVIII, Florence, Le
Monnier, 2003, p. 341-356 ; Catherine VERNA, L’industrie au village, op. cit.
85. ID., Le temps des moulines, op. cit. ; ID., « Fer, bois, houille…», op. cit.
86. Sylvain BURRI, « Towards an Interdisciplinary Approach on Ancient Forests », dans Sandrine
PARADIS-GRENOUILLET, Chantal ASPE et Sylvain BURRI (éd.), Into the Woods, op. cit.
Chapitre 3 :
Une moyenne montagne occupée
et exploitée
Les Vosges : des forêts et des chaumes
1. Xavier ROCHEL, Gestion forestière et paysages dans les Vosges d’après les registres de martelages
du XVIIIe siècle, thèse de doctorat, Université de Nancy II, 2004.
2. Arie J. KALIS, « L’indigénat de l’épicéa dans les hautes Vosges », Revue de paléobiologie, vol.
spécial, 1984, p. 103-115.
3. Pim DE KLERK, « Palynological Research of the Vosges Mountains (NE France): A Historical
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4. Jean-Claude RAMEAU, Dominique MANSION, Gérard DUMÉ et al., Flore forestière française, II,
Montagnes, Paris, Institut pour le développement forestier, 1993.
5. Stéphanie GOEPP, Origine, histoire et dynamique des Hautes-Chaumes du massif vosgien.
Déterminismes environnementaux et actions de l’Homme, thèse de doctorat de géographie,
Strasbourg, Université Louis-Pasteur, 2007.
6. Xavier ROCHEL, Gestion forestière et paysages dans les Vosges d’après les registres de martelages
du XVIIIe siècle, op. cit. ; Philippe JÉHIN, Mutations des paysages forestiers dans les Vosges du Nord de
la fin du Moyen Âge à la veille de la Révolution, thèse de doctorat d’histoire, Strasbourg, Université
Marc-Bloch, 2003 ; Emmanuel GARNIER, Les forêts des Vosges méridionales à l’époque moderne :
des espaces forestiers éclatés et convoités, thèse de doctorat d’histoire, Besançon, université de
Franche-Comté, 2000.
7. Damien PARMENTIER, « La forêt vosgienne et le sapin dans les textes anciens : la haute vallée de la
Meurthe », dans Andrée CORVOL (dir.), Le Sapin : enjeux anciens, enjeux actuels, Paris, L’Harmattan,
2001, p. 323-330.
8. Odile KAMMERER, « Les Vosges sont-elles une montagne au Moyen Âge ? », dans Patrick
BOUCHERON et Élisabeth MORNET (éd.), Montagnes médiévales, Paris, Publications de la Sorbonne,
2004, p. 23-39.
9. Roel JANSSEN, « Quelques aspects concernant les assemblages polliniques régionaux et locaux dans
les Vosges », Revue de paléobiologie, vol. spécial, 1984, p. 97-102.
10. Dominique HECKENBENNER et Nicolas MEYER, « Les habitats et les parcellaires du piémont
vosgien », dans Pascal FLOTTÉ et Matthieu FUCHS (dir.), Carte archéologique de la Gaule. La
Moselle, Paris, Librairie archéologique, 2004, p. 177-179 ; Murielle GEORGES-LEROY, Dominique
HECKENBENNER, Jean-Denis LAFFITE et al., « Les parcellaires anciens fossilisés dans les forêts
lorraines », dans Jean-Luc DUPOUEY (éd.), La Mémoire des forêts, Paris-Metz, Office national des
forêts-Drac de Lorraine, 2007, p. 121-131 ; Murielle GEORGES-LEROY, Jérôme BOCK, Étienne
DAMBRINE et al., « Le massif forestier, objet pertinent pour la recherche archéologique. L’exemple du
massif forestier de Haye (Meurthe et Moselle) », Revue géographique de l’Est, XLIX, 2-3, 2009,
p. 2-16.
11. Joachim HENNING, Michael McCORMICK et Thomas FISCHER, « Decem Pagi At the End of
Antiquity and the Fate of the Roman Road System in Eastern Gaul », dans Paul BIDWELL (éd.),
Roman Frontier Studies, Oxford, Bristish Archeological Report, 2009, p. 1-9.
12. Bjørn POULSEN, « Agricultural Technology in Medieval Denmark », dans Grenville ASTILL et
John LANGDON (éd.), Medieval Farming and Technology: The Impact of Agricultural Change in
Northwest Europe, Leyde, Brill, 1997, p. 115-145 ; Peter RASMUSSEN, « Mid-to Late-Holocene Land-
Use Change and Lake Development at Dallund S0, Denmark: Vegetation and Land-Use History
Inferred From Pollen Data », The Holocene, XV, 8, 2005, p. 1116-1129.
13. David ETIENNE, Pascale RUFFALDI, Jean-Luc DUPOUEY et al., « Searching For Ancient Forests: A
2000 Year History of Land Use in Northeastern France Forests Deduced From the Pollen
Compositions of Closed Depressions », The Holocene, XXIII, 5, 2013, p. 678-691 ; Pascale
RUFFALDI, Frédéric RITZ, Hervé RICHARD et al., « Analyse pollinique de la mardelle d’Assenoncourt
(Moselle, France) : impact des pratiques agricoles sur la biodiversité végétale en milieu forestier »,
dans Jean-Luc DUPOUEY (éd.), La Mémoire des forêts, op. cit., p. 69-77.
14. Annekäthi HEITZ-WENIGER, « Zur Waldgeschichte im unteren Zürichseegebiet während des
Neolothikums un der Bronzezeit Ergebnisse pollen analytischer Untersuchungen », Bauhina, VI, 1,
1977, p. 61-81.
15. Louis BADRÉ, « Les forêts et les industries en Lorraine à la fin du XVIIe siècle », Revue forestière
française, XLIV, 4, 1992, p. 365-369 ; Robin DEGRON, « Historique de la forêt du Römersberg : une
forêt de Lorraine sous l’emprise des salines », Revue forestière française, XLVII, 5, 1995, p. 590-
597.
16. Ibid.
17. Stéphanie GOEPP , Origine, histoire et dynamique des Hautes-Chaumes du massif vosgien, op. cit.
18. Pierre FLUCK, Sainte-Marie-aux-Mines ou les mines du rêve : une monographie des mines
d’argent, Soultz, Éditions du Patrimoine minier, 2000.
19. Anne-Lise MARIET, Carole BÉGEOT, Frédéric GIMBERT et al., « Past Mining Activities in the
Vosges Mountains: Impact on Vegetation and Metal Contamination Over the Past Millennium », The
Holocene, 26, 2016, p. 1225-1236.
20. Denis LEYPOLD, La métallurgie du fer dans le massif vosgien : la vallée de la Bruche de
l’Antiquité au XIXe siècle, Strasbourg, Société savante d’Alsace, 1996.
21. Anne-Lise MARIET, Anne-Véronique WALTER-SIMONNET, Frédéric GIMBERT et al., « High-
Temporal Resolution Landscape Changes Related to Anthropogenic Activities Over the Past
Millennium in the Vosges Mountains (France) », Ambio, 47, 2018, p. 893-907.
22. Stéphanie PARADIS-GRENOUILLET, Étudier les forêts métallurgiques : analyses dendro-
anthracologiques et approches géohistoriques : exemple des forêts du mont Lozère et du Périgord-
Limousin, thèse de doctorat, Limoges, université de Limoges, 2012.
23. Wilko NÖLKEN, Holzkohleanalytische Untersuchungen zur Waldgeschichte der Vogesen, Freiburg,
Universität Freiburg, 2005.
24. Émilie GOURIVEAU, Résilience des écosystèmes : approche multiproxy de l’impact
environnemental des activités humaines passées et récentes dans les Vosges du Nord (mines,
verreries, activités militaires et agro-pastorales), thèse de doctorat, Besançon, université de
Bourgogne Franche-Comté, en cours.
25. Ibid.
26. Jean DION, « Les forêts de la France du Nord-Est », Revue géographique de l’Est, X, 3-4, 1970,
p. 155-277.
27. Nicolas MEYER et Bernard HOUPERT, « Hommage à Antoine Stenger. Nouvelles données sur les
verreries forestières du massif vosgien », dans Véronique ARVEILLER et Hubert CABART (dir.), Le
verre en Lorraine et dans les régions voisines, Montagnac, Éditions Monique Mergoil, 2011.
28. Ibid. ; Philippe JÉHIN, Les forêts des Vosges du Nord du Moyen Âge à la Révolution : milieux,
usages, exploitations, Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, 2005.
Notes de la figure 3
Everardus Jacobus de VALK, Late Holocene and Present Vegetation of the Kastelberg (Vosges,
France), Utrecht, Pressa Trajectina, 1981.
David ETIENNE, Pascale RUFFALDI, Jean-Luc DUPOUEY et al., « Searching for Ancient Forests… », op.
cit.
David ETIENNE et Pascale RUFFALDI, Analyse pollinique d’une mare intra-forestière en forêt
domaniale de Rambervillers (Vosges, Lorraine), rapport Office national des forêts, 2011.
Benoît FOREL, Fabrice MONNA, Christophe PETIT et al., « Historical Mining and Smelting in the
Vosges Mountains (France) Recorded in Two Ombrotrophic Peat Bogs », Journal of Geochemical
Exploration, CVII, 1, 2010, p. 9-20.
Émilie GOURIVEAU, Résilience des écosystèmes, op. cit.
Colin R. JANSSEN, Arie J. KALIS, G. TAMBOER-VAN DEN HEUVEL et al., « Palynological and
Paleoecological Investigations in the Vosges (France): A Research Project », Geologie en Mijnbouw,
LIII, 6, 1974, p. 406-414.
Anne-Lise MARIET, Carole BÉGEOT, Frédéric GIMBERT et al., « Past Mining Activities in the Vosges
Mountains… », op. cit.
Anne-Lise MARIET, Anne-Véronique WALTER-SIMONNET, Frédéric GIMBERT et al., « High-Temporal
Resolution Landscape Changes Related to Anthropogenic Activities Over the Past Millennium in the
Vosges Mountains (France) », op. cit.
Pascale RUFFALDI, David ETIENNE, Clément LAPLAIGE et al., « Dynamique holocène de la végétation
et impact anthropique dans les zones de basses altitudes de Lorraine (France) », Besançon, Actes du
XXIVe colloque APLF, septembre 2015.
Pascale RUFFALDI, Frédéric RITZ, Hervé RICHARD et al., « Analyse pollinique de la mardelle
d’Assenoncourt (Moselle, France)… », op. cit.
Dirk SUDHAUS et Arne FRIEDMANN, « Holocene Vegetation and Land Use History in the Northern
Vosges (France) », Quaternary Science Journal, LXIV, 2, 2015, p. 55-66.
La forêt de la montagne jurassienne : usage et nature
29. Vincent BICHET, Valentin CHEVASSU et Hervé RICHARD, Programme de recherche ArcheoPal
Haut-Jura central : rapport d’activités 2017. Secteur de Pontarlier, La Cluse-et-Mijoux, les Fourgs
et les Hôpitaux-Vieux (Doubs, France), Besançon, université de Bourgogne Franche-Comté, UMR
6249 CNRS Chrono-environnement, 2017.
30. Eugène DROZ, Mémoires pour servir à l’histoire de la ville de Pontarlier, Pontarlier, Faivre,
1840.
31. Bernard PROST et Étienne-Symphorien BOUGENOT (éd.), Cartulaire de Hugues de Chalon (1220-
1319), Lons-le-Saunier, Declume, 1904 ; Joseph BOURGON, Recherches historiques sur la ville et
l’arrondissement de Pontarlier, Pontarlier, Laithier, 1841.
32. Christophe VASCHALDE, Fours à chaux et chaufourniers en France méditerranéenne du Moyen
Âge à l’époque moderne : approche interdisciplinaire autour des techniques, des savoir-faire et des
artisans, Drémil-Lafage, Éditions Mergoil, 2018.
33. Marc FORESTIER, Construire avec les ressources naturelles du massif du Jura, Lausanne, Favre,
2015 ; Alphonse ROUSSET, Dictionnaire géographique, historique et statistique des communes de la
Franche-Comté et des hameaux qui en dépendent, classés par département : département du Jura,
Besançon, Bintot, 1853.
34. Catherine FRUCHARD, Analyse spatiale et temporelle des paysages de la forêt de Chailluz
(Besançon, Doubs), de l’Antiquité à nos jours, thèse de doctorat, Besançon, université de Franche-
Comté, 2014 ; Jean-Daniel DEMAREZ (dir.), La production de chaux en Ajoie (Jura, Suisse) de
l’époque romaine au XIXe siècle : recherches d’archéologie et d’histoire, Porrentruy, Office de la
culture-Société jurassienne d’émulation, 2014.
35. Ibid.
36. Gilbert COUSIN, Brevis ac dilucida Burgundiæ superioris, quæ Comitatus nomine censetur,
descriptio, Bâle, J. Oporinum, 1552 ; édité par Achille Chereau, Lons-le-Saunier, Gauthier, 1863.
37. Ibid.
38. Claude-Joseph PERRECIOT, De l’état civil des personnes et de la condition des terres dans les
Gaules, dès les temps celtiques, jusqu’à la rédaction des coutumes, Paris, Dumoulin, 1845.
39. Hervé LAURENT, Sylvie LAURENT-CORSINI et Michel MANGIN, « La sidérurgie ancienne dans la
région de Franche-Comté : trente années de recherches pluridisciplinaires sur la réduction directe
dans l’Est de la France (1981-2011) », dans Costanza CUCINI (dir.), Acta mineraria et metallurgica:
studi in onore di Marco Tizzoni, Bergame, Civico Museo Archeologico di Bergamo, 2012, p. 195-
204.
40. Marie-Claude MARY (dir.), La métallurgie comtoise (XVe-XIXe siècles) : étude du Val de Saône,
Besançon, Asprodic, 1994 ; Eugène DROZ, Mémoires pour servir à l’histoire de la ville de Pontarlier,
op. cit.
41. Auguste PIGUET, Les verreries de la vallée, Le Lieu, Le Pèlerin, 1998.
42. Guy-Jean MICHEL, Familles verrières et verreries dans l’est de la Franche-Comté au XVIIIe siècle,
thèse de doctorat, Besançon, université de Franche-Comté, 1989.
43. Jean MUSY, Mouthe : histoire du prieuré et de la terre seigneuriale, Pontarlier, La Gentiane
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44. Émilie GAUTHIER, « Évolution des activités agropastorales du Haut-Jura (France) au cours des
trois derniers millénaires », Quaternaire, XIII, 2, 2002, p. 137–147.
45. Jan Peter PALS et Bas van GEEL, « Rye Cultivation and the Presence of Cornflower (Centaurea
cyanus L.) », Berichten van de Rijksdienst voor het Oudheidkun-dig Bodemonderzoek, 26, 1976,
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46. Édouard CLERC, La Franche-Comté à l’époque romaine représentée par ses ruines, Besançon,
Bintot, 1847.
Des faînes, des glands et des châtaignes : l’exploitation de la forêt morvandelle
47. Isabelle JOUFFROY-BAPICOT, Évolution de la végétation du massif du Morvan (Bourgogne-
France) depuis la dernière glaciation à partir de l’analyse pollinique : variations climatiques et
impact des activités anthropiques, thèse de doctorat d’archéologie option Paléoenvironnement,
Besançon, université de Franche-Comté, 2010.
48. Isabelle JOUFFROY-BAPICOT, Boris VANNIÈRE, Émilie GAUTHIER et al., « 7000 Years of Vegetation
History and Land-Use Changes in the Morvan Mountains (France): A Regional Synthesis », The
Holocene, XXIII, 12, 2013, p. 1888-1902.
49. Pierre NOUVEL, Valentin CHEVASSU, Stéphane IZRI et al., « Les opérations de prospections
inventaires menées par l’UMR 6249 Chrono-environnement en Bourgogne. Résultats de la campagne
2015 », dans Angélique TISSERAND (éd.), Journée d’actualité archéologique en territoire éduen,
Autun, Service archéologique de la ville d’Autun, 2017, p. 7-16.
50. Archives départementales de Côte-d’Or, B 400. « Viels terriers des châtellenies de Bourgogne »,
1323, censier de Roussillon et Glenne.
51. Compte de la châtellenie de Glenne, Archives départementales de Côte-d’Or, B 4885.
52. Terrier de la châtellenie de Roussillon, Archives départementales de Côte-d’Or, B 1291.
53. Corinne BECK, Les Eaux et Forêts en Bourgogne ducale, op. cit.
54. Comptabilité générale du comté de Nevers, Archives départementales de Côte-d’Or, B 5505.
55. Compte général de la gruerie, Archives départementales de Côte d’Or, B 1485.
56. Robert CHEVROT, « Faulin : une verrerie médiévale en Morvan », dans Hervé MOUILLEBOUCHE
(dir.), Chastels et maisons fortes, V, Chagny, Centre de castellologie de Bourgogne, 2015.
57. Terrier de la châtellenie de Roussillon, Archives départementales de Côte-d’Or, B 1291.
58. Compte général de la gruerie, Archives départementales de Côte-d’Or, B 1485.
59. Enquête sur les bois de Roussillon (châtellenie de Roussillon), Archives départementales de
Côte-d’Or, B 11 610.
60. Chantal LEROYER, « Apparition et diffusion du châtaignier (Castanea sativa) en Dordogne :
l’apport de la palynologie », dans Claire DEHLON, Isabelle THERY-PARISOT et Stéphanie THIEBAUT
(dir.), Des hommes et des plantes, op. cit., p. 211-224.
61. Yannick MIRAS, Pascal GUENET, Frédéric CRUZ et al., « Gestion des ressources naturelles dans le
Pays de Tulle : impacts paysagers et histoire du châtaignier (Castanea sativa Mill.) de l’Antiquité à la
Renaissance d’après la palynologie », Aquitania, 29, 2013, p. 311-330.
62. Enquête sur les bois de Roussillon (châtellenie de Roussillon), Archives départementales de
Côte-d’Or, B 11 610.
63. Rentier pour la chapelle Saint-Martin érigée au hault de la place du Beuvray, diocèse d’Autun,
publié dans Jacques-Gabriel BULLIOT, « Les foires de Bibracte », Mémoires de la Société éduenne, 7,
1878, p. 83-104.
64. Comptabilité du bailliage d’Autun, Archives départementales de Côte-d’Or, B 2365.
Conclusion
1. Emmanuel GARNIER, Terre de conquêtes : la forêt vosgienne sous l’Ancien Régime, Paris, Fayard,
2004.
2. Ibid., p. 28-54.
3. Michel DEVÈZE, La vie de la forêt française au XVIe siècle, II, op. cit., p. 76-82.
4. Christian PFISTER, Emmanuel GARNIER, Maria-João ALCOFORADO et al., « The Meteorological
Framework and the Cultural Memory of Three Severe Winter-Storms in Early Eighteenh-Century
Europe », Climatic Change, CI, 1-2, 2010, p. 281-310.
5. Emmanuel GARNIER, « Les tempêtes des siècles : les écosystèmes forestiers normands à l’épreuve
des vents XVIe-XXe siècles », Annales de Normandie, 2009, p. 23-45.
6. ID., Terre de conquêtes, op. cit.
INDEX DES NOMS DE LIEUX
Ain, 20, 171, 174
Aincille – Pyrénées-Atlantiques, 291
Aix-en-Provence, 189, 377, 388
Albiès, 288, 295
Albret (forêt d’), 127
Allemagne, 38, 370
Alligny-en-Morvan – Nièvre, 175
Alpes du Sud, 260, 267, 389
Alsace, 215, 302, 304, 312, 354, 378, 394
Altenberg, 310
Amblève, 102
Ambly-Fleury – Ardennes, 174
Amelécourt, 193-194
Amsterdam, 167
Anchamps – Ardennes, 177
Andaine (forêt d’), 355
Andernach, 124
Andorre, 282
Angleterre, 75, 77, 198, 245, 366, 371
Angoustrine, 282, 391
Anjou, 79-80, 144, 217, 243, 250, 363, 372, 384
Annappes (domaine royal d’), 115
Anthelupt, 175
Anvers, 161, 167-168
Apremont – Haute-Saône, 228, 238
Araignys (tourbière des), 325-326
Arbanats, 173
Arbois, 225, 229, 232, 235
Ardenne, 65, 75-76, 85, 99, 102, 161, 164, 168, 363, 420
Argentières, 282-283
Argilly (forêt d’), 117, 119
Argonne, 89, 196, 208, 302, 381
Ariège, 109, 127, 171, 277, 280, 283, 286, 288, 293-295, 356, 389
Arles, 263, 265, 388
Armorique, 255
Arnicourt – Ardennes, 174
Arthonnay – Yonne, 176
Artigue – Haute-Garonne, 171-173
Artxilondo, 280
Aspet, 293, 390
Assenoncourt (massif forestier d’), 309, 394-395
Aston – Ariège, 283
Aude, 5, 15, 171, 173, 260, 263-264, 391, 419-420
Audenarde, 163, 168
Auffans (les) – verrerie, 196
Auge (pays d’), 243, 340, 343
Austrasie, 304
Autremencourt – Aisne, 174
Autun, 338, 341, 345, 397
Autunois (bois de l’), 109, 336, 345
Auxerre, 97, 115, 135, 155, 159, 365, 368
Avignon, 263-264
Ax, 293, 295
Ayades (forêt des), 290, 297
Baccarat (all. Bergarten), 123-124, 126
Baïgorry (vallée de), 280
Balkans, 302
Baltique (mer), 167, 170
Banca (mine de), 291
Barres (forêt de), 202, 283
Bas Rocher (château de) – Ille-et-Vilaine, 250
Basse-Navarre, 293, 392
Basse-Normandie, 250
Basse-Provence, 264, 266, 388
Bassin parisien, 142-144, 148, 150-152, 184, 186, 189, 256, 302, 306, 372, 376-377, 419
Bastogne, 164, 168
Bayeux, 143, 247, 250
Béarn, 113
Beaucet, 273
Beaulieu (abbaye de), 92
Beaumont, 208-211, 381
Beaupré (abbaye de), 191, 194
Beau-Repaire (monastère de), 65
Beauvais, 19-20, 30-32, 148, 155
Béhorléguy – Pyrénées-Atlantiques, 291
Belgique, 7, 154, 161-162, 166, 170, 209, 369, 371, 373, 382
Belsele – Flandre orientale, 170
Belval (abbaye de), 209
Bercé (forêt de) – Sarthe, 147-149, 373
Bernadouze (forêt de), 286, 288, 290-291
Béroul (forêt de), 64, 361-362
Beuffarde (la), 318, 321, 325-327
Biloque (hôpital de la) – Gand, 162, 167
Birnam (forêt de), 103
Bisval (Briseverre) – verrerie, 196
Bitche, 312
Blois, 136
Blombay – Ardennes, 174
Bohême, 195, 355
Boissy-Maugis, 109
Bolquère, 282
Bonhomme (col du), 304
Bonport (abbaye de), 258
Bordeaux, 52, 127, 173, 361
Boscherville (forêt de), 257
Boscodon – Hautes-Alpes, 264
Bouconville – Ardennes, 178
Bouessay (haye de), 245
Boulogne (bois de), 184
Bourges, 69, 72, 133, 141-142, 144-146, 150, 155, 362, 371-372
Bourgogne, 7, 68, 75, 108, 117, 119-120, 129, 133, 136, 138, 141-142, 174, 189, 200, 204-205, 223-
225, 227, 229-234, 331, 336, 338, 341-342, 368, 382-383, 395, 397, 420
Bourguignon-lès-la-Charité – Haute-Saône, 175
Bouxières (abbaye de), 97, 199
Brabant, 161, 163-164, 168, 374
Bresse, 232, 314
Bretagne, 90, 212, 243, 247, 250, 255-257, 366, 384-387
Briançonnais, 208
Brie (forêt de), 184
Brocéliande, 11, 38, 41, 212, 387
Brotonne (massif de), 13
Bruche, 126, 310, 394
Bruges, 126, 161, 163, 167-170
Bruxelles, 161, 163, 168, 170, 364, 366, 369, 371, 374, 380-381
Burbanche (forêt de la) – Ain, 20
Busigny, 209
Bussang (col de), 304
Bussière-sur-Ouche, 135
Caden (château de) – Morbihan, 250
Cadouin (abbaye de), 173
Callot (île), 256
Camporells (forêt de), 283
Canigou (massif du), 280, 391
Capcir (forêt de), 294, 297
Carança, 296
Carlit, 282
Carpentras, 273-274
Cartignies (bois de), 110
Castelnau-Barbarens – Gers, 172
Celles-sur-Plaine (val de), 124
Cerdagne, 280, 282-283, 290, 293, 297, 389-392
Céret, 290
Cévennes, 260
Chaintreaux – Seine-et-Marne, 178
Chalonnais, 120
Champagnac-la-Noaille – Corrèze, 177
Champagne, 20, 109, 129, 133, 136, 138, 208, 302
Champagnole, 235
Champagny, 235
Champ-du-Feu (tourbière du), 310
Champeaux – Manche, 256
Chantrans – Jura, 132
Chapelle-des-Bois, 329
Charbonnière (Carbonaria) – Ardennes, 161, 163-164, 170, 280, 374
Charente, 174
Chartres, 90, 212, 373
Château-Salins, 193-194
Château-Verdun – Ariège, 293
Châtillon (abbaye de), 191
Chaux (forêt de), 118, 172, 206, 229, 235, 266-267, 272, 316, 319-323, 327, 351-352, 371, 396
Chéhéry – Ardennes, 177-178
Cheniménil – Vosges, 175
Chilly – Ardennes, 174
Chiny (comté de), 208
Clairlieu (abbaye de), 191
Clairvaux, 55, 194
Clamecy, 127
Cluny, 133, 135
Coblence, 124
Cologne, 67, 93, 365, 368
Colonne, 29, 87, 232
Commercy, 197
Comminges (forêt du), 295
Comtat Venaissin, 272, 389
Conat (vallée de), 296-297
Conflent, 288, 293-294, 297
Constance (lac de), 88, 94
Coppie (vallée de), 178, 363
Corbreuse, 186
Cortvassill – Cerdagne, 293
Corvées-les-Yys – Eure-et-Loir, 178
Côte-d’Or, 135, 177, 367-369, 397
Cotentin, 253
Couserans, 283, 288, 293, 295
Cravant, 127
Crotenay, 235
Cruye (forêt de), 188, 377
Cucuron – Vaucluse, 264
Cuise (forêt de), 12
Cure, 127, 346
Cysoing (abbaye de), 209
Damme (port de), 167-168, 374
Danzig (Gdańsk), 167
Darnantes (bois de), 75
Darney (forêt de), 196, 378
Dauphiné, 113, 127, 183, 208, 380
Deneuvre, 124
Deventer, 167
Dieuze, 193-194, 309
Dignois (forêt du), 264
Dinant, 126, 163, 166, 168
Dinard, 90
Dole, 225, 228, 232-233, 235
Donchery, 174
Dordogne, 92, 173-174, 397
Dordrecht, 167
Dorestad, 118, 368
Doubs, 126, 172, 175-176, 317-320, 322, 324-326, 370, 377, 379-380, 395-396
Droiteval (abbaye de), 191
Dun-sur-Meuse, 197
Durance, 264, 388
Durfort, 272
Durham, 101
Ebersmunster (abbaye de), 194
Échenans-sous-Mont-Vaudois – Haute-Saône, 175
Échery (monastère d’), 310
Écosse, 75
Écouis – Eure, 177
Écouves (forêt d’), 355
Écurey (abbaye d’), 191
Éden (jardin d’), 102-103
Eifel, 161
Einville (château d’), 196
Enveitg (montagne d’), 280, 282, 389
Épeugney – Doubs, 175
Ercé (forge d’), 295
Escaut, 161
Espagne, 302
Essen, 93
Essonne, 133, 178
Étanche (abbaye de l’), 191, 198
Étival (abbaye d’), 198
Ettenheimmünster (abbaye de), 194
Eure, 115, 177-178
Exmes (château d’), 87
Falkenstein (château de), 312
Faucogney – Haute-Saône, 225
Faudon (lac de), 261
Faulin (bois du), 338-339, 342-344, 397
Faye de Montrond (forêt de la), 235
Fays d’Houseraile – verrerie, 196
Fensch (vallée de la), 197
Fens (les), 101
Finchale, 101
Finistère, 247, 250-251, 255
Fiole (bois de la), 342
Flandres, 75, 119-120
Fleckenstein (château de), 312, 378
Foix (comté de), 35, 293-295, 392
Foncine – Jura, 323
Fontaine-l’Évêque, 209
Fontaine Saint-Vaubert (la) – verrerie, 196
Fontains – Seine-et-Marne, 178
Fontenois-la-Ville – Haute-Saône, 175
Fontevraud, 144
Forêt-Noire, 355
Formiguères, 296
Fosses, 93, 108
Fourmies (bois de), 110
Fraisans, 229, 235
Franche-Comté, 129, 133, 154, 189, 200, 231, 371, 377, 379, 382-383, 390, 393, 395-397, 420
Francie, 110, 367
Fresseau (bois du), 110
Gacé (château de), 87
Gand, 115, 161-163, 167-169
Gapençais (forêt du), 264
Garonne, 92, 127, 279, 390
Gascogne, 38, 66
Gaule, 15-16, 26, 111, 123, 161, 200, 364-365, 393
Geismar (chêne de) – Thuringe, 86
Gendrey, 235
Genève, 123, 360-363
Genevois (forêt du), 264
Genillé – Indre-et-Loire, 175
Gers, 171-172, 375
Gironde, 173
Givet, 126, 166
Glenne (châtellenie de), 336, 338, 341, 343, 397
Goumois – Doubs, 324
Grand Buëch (forêt du), 264
Grande-Bretagne, 256
Grande Charnie (massif forestier de la) – Mayenne, 250, 254
Grande Saunerie (la), 201, 204-206, 379-380, 383
Grand Montarnu (tourbière du), 333, 338
Grandpuits – Seine-et-Marne, 174
Graufthal (abbaye de), 312
Gray, 228, 232, 234
Grosbliederstroff, 193
Gruis (monastère de), 268
Gueldre, 126
Guerche (forêt de la), 112
Guermange (saline de), 194
Hainaut, 75, 91, 110, 113, 116, 119, 161, 163-164, 168, 208-210, 374, 380-381
Hasselt, 167
Haute-Amance – Haute-Marne, 176
Haute-Ariège, 294
Haute-Bretagne, 250, 385-386
Haute-Cerdagne, 280
Haute-Joux, 318-319, 321
Haute-Marne, 176-177
Haute-Meurthe, 124
Haute-Provence, 260, 263, 267-268, 274, 388
Haute-Saône, 16, 175, 355
Haute-Savoie, 20
Hautes-Chaumes, 303-304, 309-310, 393-394
Haute-Seille, 191, 193-194
Hautes-Fagnes, 161, 164
Hautes-Pyrénées, 171, 277
Hautes-Vosges, 301
Haute-Yutz, 123, 369
Haut-Folin, 338, 346
Haut-Languedoc, 260
Haut-Morvan, 333, 337-342, 345-347
Haut-Vallespir, 294, 296-297
Havardière (château de la) – Ille-et-Vilaine, 250
Haye (forêt de/bois de), 197, 199, 217, 245, 394
Hennemont – Meuse, 175
Herpy – Ardennes, 178
Hesdin (bois d’), 120
Hiémois, 87
Hollande, 126
Horn (tourbière de la), 312
Hostellerie Saint-Hugues de Cluny, 135
Huy, 163, 168
Île-de-France, 129, 133, 136, 138, 141-142, 376
Indre-et-Loire, 135, 174-175, 178, 369, 386
Iraty (massif d’), 291-292, 390, 392
Irlande, 75, 256
Isère, 127, 385, 388
Israël, 57, 87, 103
Italie, 25, 302, 364
Ivory, 235
Jacob (Henricel ou Hennezel) – verrerie, 196
Jujols, 293
Jura, 14, 20-21, 131-132, 174-175, 200, 225, 235, 314, 316-317, 320-321, 323-324, 327-330, 355,
372, 379, 396
Kampen, 167
Kergal (château de) – Morbihan, 250
Kerleguen (château de) – Morbihan, 250
Kermadec (château de) – Finistère, 250-251
La Cerlangue – Seine-Maritime, 174
Lachalade, 191, 196
Lachalade (abbaye de), 191, 196
La Chapelle – Ardennes, 13, 178, 345, 397
La Chevrie, 196-197
La Crête, 194, 308
La Flamengrie, 210
La Grande-Verrière – Saône-et-Loire, 342
Lagrasse, 263-264
Lallaing, 209-210
La Loye, 232, 235
landes, 112, 184, 243, 245-246, 269, 303, 317, 351, 356
Landévennec (abbaye de), 102, 247, 255, 364, 366
Landévennec – Finistère, 102, 247, 255, 364, 366
Landrecies, 210
Languedoc, 259-263, 270, 359, 364, 388-389, 392
Lannion – Côtes-d’Armor, 255
Laonais, 13
La Petite-Verrière – Saône-et-Loire, 342
La Roche-Jagu (château de) – Côtes-d’Armor, 246, 250, 385
La Rochelle, 127
Larochemillay (châtellenie de), 338
L’Auberson – Suisse, 325-327
Laval, 252, 256, 367, 384
Le Favril, 210
Le Mans, 386
Le Pasquier, 235
Lercoul – Ariège, 280, 283, 286, 288, 290, 295, 391-392
Léret et Louzourm, 293-294
Les Cortalets, 280, 283
Les Fourgs – Doubs, 319, 322, 325-326, 395
Les Nans – Jura, 200
Les Vaux-en-Ornois (abbaye de), 191
Létanne, 208
Lichécourt – verrerie, 196
Liège (principauté de), 99, 112, 126, 154, 160-163, 166-169, 266, 366, 373, 381
Lierneux, 164
Liessies (abbaye de), 110
Lieve (canal de), 62, 167
Limbourg (duché du), 161, 168
Limousin, 127, 345
Limoux, 264
Lindre-Basse, 193-194
Lindre (étang de), 309
Lisieux, 143
Lisle-en-Barrois (abbaye de), 191, 196-197
Loisy-en-Brie – Marne, 176
Lomont – Haute-Saône, 175
Longwy, 197
Lorraine, 7, 89, 122, 124, 175, 190-200, 215, 217-219, 221, 223, 304, 309, 369-370, 377-378, 382,
394-395
Lorris dans le Gâtinais, 41-42, 208, 360, 381
Loue, 232
Louvain, 161, 163, 167-168
Luchon (vallée de), 173
Lure (montagne de), 268, 371
Lutzelhardt (château de), 312
Luxembourg, 124, 161, 168, 208, 363, 369, 380-381
Luxembourg (duché du), 124, 161, 168, 208, 363, 369, 380-381
Luxeuil, 194
Lyon, 123
Maastricht, 126, 163-164, 167, 371
Maillé (château de) – Finistère, 250
Mailly-le-Château – Yonne, 176
Maine, 90, 92, 250, 386
Mairy – Ardennes, 174
Maisons-en-Beauce, 184
Malefougasse (forêt de), 268
Malmédy, 102
Manche, 250, 256, 386
Mangonville – Meurthe-et-Moselle, 175
Mans (forêt du), 44, 92, 96, 386
Marchiennes (abbaye de), 116
Marimont-lès-Bénestroff, 199
Marnay (villa de), 112
Marsal, 193-194
Marseilles-lès-Aubigny – Cher, 178
Marsillargues – Hérault, 261
Martinbois (Martinbosc, Marenbois, Martini nemus, Martius nemus, Martinbosco), 19
Massat (forge de), 295
Massif central, 260, 314, 388
Matton-et-Clémency – Ardennes, 174
Maures (massif des), 261, 388
Mayenne, 250, 254, 256, 367, 384, 386
Melun, 119
Ménil, 124
Metz, 93, 123-124, 193-194, 217, 309, 365, 369-370, 377, 379
Meurthe, 97, 122-124, 191, 370, 393-394
Meurthe-et-Moselle, 19, 175, 190, 370, 378
Meuse, 109, 123, 126, 161, 163, 166-167, 170, 175, 190, 211, 302, 370-371
Miellin – Haute-Saône, 355
Miglos, 293, 295
Misieux (bois de), 342
Molesme (abbaye de), 199
Monieux, 272
Monnet, 225, 228, 232, 364
Monségur en Bordelais, 189
Montaigu – Notre-Dame de Montaigu, 12-13
Montantaume (maison forte de), 340
Montbenoît (abbaye de), 317
Mont-Beuvray, 339
Mont-Blandin de Saint-Pierre de Gand, 115
Mont Cassin, 86
Montcenis (châtellenie de), 120
Mont de la Croix, 324
Mont-d’Or (massif du), 324
Monteilla, 293
Montfort, 87
Montgailhard, 293
Mont Gargan, 86
Mont Lozère, 261, 394
Montmédy – Meuse, 211, 381
Montmirey, 232
Mont Moux, 338
Montpellier, 263, 359
Montporcher (bois de), 120
Montrond, 225, 232, 235, 237-238
Mont-Saint-Michel, 256
Mont-Saint-Sulpice – Yonne, 175
Morigny (chronique de), 184
Morimond, 194
Mormal (forêt de), 75-76, 120
Morteau – Doubs, 317, 324
Morvan, 123, 126-127, 331-333, 335-339, 341, 344-347, 397
Moselle, 123-124, 190-191, 302, 369-370, 393-395
Mouchard (forêt de), 229
Moulins-Engilbert (château de), 342
Moutaine, 235
Mouthe – Doubs, 317, 324-325, 329, 396
Mouzon – Ardennes, 178
Moyenmoutier, 308
Moyenvic, 193-194
Namur, 126, 160-161, 163, 168, 374, 380-381
Nancy, 122, 124, 153, 193, 199, 217, 357, 369-370, 373, 378, 381-383, 393
Narbonne, 263
Nataloup, 333, 339-340
Neuchâtel, 20, 177, 317
Neufchâteau, 197
Neuilly-le-Brignon – Indre-et-Loire, 178
Neuwiller (abbaye de), 312
Nevers, 76, 338, 342, 363, 397
Niederbronn, 312
Nieppe (forêt de), 119, 369
Nîmes – Gard, 47, 176, 360, 389
Nivelles, 93, 168
Nivernais, 127, 342
Nohèdes, 293
Noirmont, 324
Normandie, 100, 109, 144, 149, 189, 212, 250, 257, 372-373, 385-387, 398
Notre-Dame de Bouxières (église), 199
Notre-Dame de Nancy (prieuré), 199
Noyon, 12, 76
Ognon, 232
Oisans, 208
Oise, 127, 371, 376
Ombrie, 95
Onzaines – verrerie, 196
Orbe (vallée de l’), 14
Orchamps, 232, 235
Orgelet, 225, 228, 232
Orléans, 76, 133, 136, 359, 363
Ornain (vallée de l’), 197
Ornans, 225, 229, 232, 234-235
Orne (vallée de l’), 13, 87, 197
Ossau (vallée d’), 282, 391-392
Othe (forêt d’), 109, 367
Ouche (forêt d’), 13, 87
Oussières – Jura, 131
Ouye (forêt de l’), 186
Pailhères, 280, 282
Pailhères – Ariège, 280, 282
Paimpont (forêt de), 212, 252, 254-257, 387
Paris, 5-6, 72, 127, 154-156, 159-160, 184, 186, 214, 345, 357-373, 375-382, 384-393, 396, 398, 420
Pas de la Case (forêt de), 283
Pays-Bas, 166-167
Pays basque, 246, 284, 299, 384, 390-392
Penvénan – Côtes-d’Armor, 255
Perche, 92, 109, 148-149
Périgord (forêts du), 127, 345
Perpignan, 290, 297, 391
Perseigne, 148
Pérupt, 196
Petites-Armoises – Ardennes, 177
Pévèle (forêt de la), 49
Peyriac-Minervois – Aude, 263
Picardie, 186, 208, 212, 247, 252, 381
Pic des Trois-Seigneurs, 280
Piet, 282-283
Pla de l’Orri, 280, 282
Plans du Vitiau – Doubs, 320-322
Plantier (bois de), 173
Ploëzal – Côtes-d’Armor, 246, 249
Poil, 333, 340, 344
Poitou, 252
Poligny, 225, 228-229, 232, 235, 238
Pologne, 96, 167
Pommeuse – Seine-et-Marne, 177
Pontiffroy (quartier du), 193, 377
Porcaro (château de) – Ille-et-Vilaine, 250
Pouru-Saint-Remy – Ardennes, 178
Prats, 288, 296
Prats-de-Mollo, 283, 288, 290, 296-297
Prez – Ardennes, 177
Prisches, 208-210
Provence, 183, 259, 264, 268, 270, 377-378, 388-389, 392
Psalmodi (abbaye de), 118, 263
Puits à Muire (le), 201
Puy-de-Dôme, 171, 174
Puyricard, 189
Py, 288, 293
Pyrénées-Atlantiques, 277, 291
Pyrénées orientales, 278, 280, 282-283, 294, 299
Querol – Cerdagne, 293
Quers – Cerdagne, 293, 371
Quesnoy, 210
Quimper, 250
Quingey, 229, 235
Quinto Real, 280, 291
Rambouillet, 186
Rancié (mine de fer de), 284, 286
Ranques, 280, 282-283
Ranques – Ariège, 280, 282-283
Raon-l’Étape, 122-126, 191, 369-370
Redon (abbaye de), 212, 244, 251
Regnévelle – verrerie, 196
Reigny, 174
Reims, 13, 85, 117, 208, 368
Rémelfing, 193
Remiremont, 124, 191
Rennes, 154, 245, 247-248, 252-253, 256, 366, 376-377, 383-387
Réno-Valdieu, 148
Rhin, 67, 117, 124, 370, 381
Rhône, 127, 261, 263-264, 370, 387
Rochejean – Doubs, 324
Rochiers – verrerie, 196
Rocroi – Ardennes, 177
Rome, 46-47, 58, 60, 65, 95, 357, 360-362, 364
Römersberg (massif forestier du), 309, 394
Roques Blanques, 280
Rosières, 193-194, 201
Rouen, 144, 363, 371, 373
Roussillon, 67, 127, 283, 288, 295, 297, 336, 338, 341, 343, 362, 371, 391, 397
Roussillon (châtellenie de), 67, 127, 283, 288, 295, 297, 336, 338, 341, 343, 362, 371, 391, 397
Route (bois de la), 25, 45, 54, 61, 97, 102, 126, 164, 264, 371
Royallieu (abbaye), 13
Saales (col de), 304, 310
Saint-Alban – Côtes-d’Armor, 175
Saint-Amand, 115
Saint-André-de-Roquelongue – Aude, 172
Saint-Antoine (forêt de) – Haute-Saône, 355
Saint-Benoît-en-Woëvre (abbaye de), 191, 194
Saint-Bertin (abbaye de), 115
Saint-Brieuc, 250
Saint-Christol (château de), 270, 272
Saint-Christol-d’Albion (monastère de), 270
Saint-Claude – Jura, 320, 379
Saint-Denis, 100, 108, 112, 162, 169, 188, 190, 373
Saint-Denis à Liège, 100, 108, 112, 162, 169, 188, 190, 373
Saint-Denis-d’Augerons – Eure, 178
Saint-Dié (val de), 198, 217
Sainte-Anne de Norrey-en-Auge (église de) – Calvados, 253
Sainte-Baume, 11, 388
Sainte-Marie-aux-Mines, 310, 394
Saint-Empire romain germanique, 223
Saint-Evroult-Notre-Dame-du-Bois (monastère de) – Orne, 87
Saint-Fargeau, 115
Saint-Gall (abbaye de), 110
Saint-Georges (collégiale), 199
Saint-Germain d’Auxerre (abbaye de), 97
Saint-Germain-des-Prés (abbaye de), 109, 115, 368
Saint-Germain-d’Esteuil – Gironde, 173
Saint-Grégoire de Munster (abbaye de), 194
Saint-Guilhelm-le-Désert, 65
Saint-Guillem-de-Combret, 288, 290, 296
Saint-Hubert (abbaye de), 76, 97, 168
Saint-Jean-Balanant (château de) – Finistère, 250
Saint-Jean-de-la-Porte (Savoie), 123
Saint-Jean-le-Vieux – Pyrénées-Atlantiques, 291
Saint-Jean (massif forestier de), 167, 169, 309
Saint-Jean-Saverne (abbaye de), 312
Saint-Jean (vieil hôpital) – Bruges, 167, 169, 309
Saint-Lambert de Liège, 112
Saint-Laurent-en-Brionnais – Saône-et-Loire, 20
Saint-Lazare (grange), 148
Saint-Léger de Murbach (abbaye de), 194
Saint-Martin-de-Boscherville (abbaye) – Seine-Maritime, 256-257
Saint-Martin du Beuvray, 345
Saint-Maur, 13, 194
Saint-Maur de Marmoutier (abbaye de), 194
Saint-Maurice (cathédrale) – Angers, 253
Saint-Maximin et Saint-Marie d’Oeren (abbaye de) – Trèves, 194
Saint-Médard-d’Eyrans, 173
Saint-Mihiel (monastère de), 86, 364
Saint-Pair-sur-Mer (pêcheries de), 258
Saint-Pierre-et-Saint-Paul d’Andlau (église de), 95
Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Wissembourg (abbaye de), 194
Saint-Pol-de-Léon – Finistère, 250, 255-256
Saint-Sauveur de Prüm (abbaye de), 194
Saint-Trinit, 272
Saint-Victor de Marseille (abbaye de), 264
Saint-Wandrille (monastère de), 100
Saléaux, 193
Saleix, 288, 295
Salerne (école de), 28
Salins – Jura, 201, 204-205, 225, 229, 232, 235, 379-380, 383
Sambre, 161, 209
Santans, 232, 235
Saône, 119, 223-224, 232, 314, 396
Saône-et-Loire, 20, 133, 342
Sarralbe (bassin de), 193
Sarre, 122, 126, 369
Sarrebourg, 193
Sarreguemines, 193, 370
Saugeais (val du), 329
Saulges (château de) – Mayenne, 250
Saulnois, 193-194, 308, 377
Sault, 270, 272, 389-390
Saulx (vallée de la), 16, 197
Sauve – Gard, 92, 270
Sauve-Majeure, 92
Savoie, 123, 174, 178, 371, 380, 390
Schwelm, 93
Seille, 194, 308, 378
Seine, 86, 92, 127, 222, 371
Seine-et-Marne, 159, 174, 177-178
Seix, 283, 293
Sénanque (abbaye de), 272
Senonches – Eure-et-Loir, 174
Senones (val de), 124
Séquanie, 200
Servel-Lannion (pêcheries de), 258, 387
Seuil – Ardennes, 138, 174, 198, 357, 359, 365, 377
Sexcles – Corrèze, 173
Sierck (péage de), 123-124
Sisteron, 268
Soest, 93
Soignes (forêt de), 163, 374
Soissonais, 13
Somain, 209
Somme, 11, 94, 127, 132, 174, 199, 239, 282, 333, 335, 344
Sost, 280
Souabe, 304
Soulcem (vallée de), 281, 284
Stavelot (abbaye de), 85, 161, 168
Stavelot (principauté de), 85, 161, 168
Stoumont, 164, 168
Sturzelbronn (abbaye de), 191, 312-313
Sublaines (château de), 135
Suc-et-Sentenac – Ariège, 280-281, 283, 286
Suisse, 20, 177-178, 314, 317, 324-326, 396
Suisse romande, 20, 177-178
Surcamps – Picardie, 186
Taden (château de) – Côtes-d’Armor, 250
Tarcenay – Doubs, 175
Taulignan – Drôme, 263
Teilhet, 295
Ter Doest (grange de), 163-164
Thann, 126, 370
Thervay – Jura, 175
Theux (villa de), 112, 164, 168
Thiétry – verrerie, 196
Thionville, 123-124, 369-370
Tholy – Vosges, 175
Thur, 126, 370
Toul, 97, 123, 194
Toulouse, 127, 279, 295, 364-365, 367-368, 371, 387, 390-392
Touraine, 119, 148-149, 253, 386
Tournus, 133
Tours, 39, 136, 369, 371, 373, 386
Trégor, 247, 253
Tréguier, 247
Trémédern (château de) – Finistère, 250
Trèves, 93, 123-124, 126, 164, 194, 370
Triguères – Loiret, 175
Troguéry (château de) – Côtes-d’Armor, 250
Tronçais, 148
Troyes, 43-45, 50, 133, 136, 359-362
Ubaye (forêt de l’), 264
Urbanya, 293
Vaivres (forêt de), 228
Val-de-Bride, 193
Val-de-Travers – Neuchâtel, Suisse, 317
Vallespir, 283, 288, 290, 293-294, 297
Valois (forêt de), 9, 11, 75, 114, 222-223, 225, 228, 379
Vannes, 250
Var, 13, 263
Varus, 25-26
Vaucluse (monts de), 264, 270, 389
Vaucresson, 188
Velesmes-Échevanne – Haute-Saône, 175
Venasque, 273-275
Vendée, 171, 174
Vercors (forêt du), 264
Verdun, 89, 92, 194
Verdunois, 119, 368
Vermandois, 208
Vernois (forêt de), 228
Vesoul, 224-225, 228, 232
Vézelay, 69
Vicdessos, 288, 293-295
Vic-sur-Seille, 193-194
Vienne, 27, 49, 93, 165, 360
Vievoigne (bois de), 341
Vigan – Gard, 176
Villance (domaine de), 115
Villers-Cernay – Ardennes, 174
Villiers-le-Bois – Aube, 176
Vincennes (bois de), 184, 369
Vireux-Wallerand (péage de), 126
Vistule, 167
Vôge, 196
Voiteur, 225, 228
Voncq – Ardennes, 178
Vosges, 85, 113, 117, 122, 175, 190, 196, 199, 301-303, 306, 308-309, 312-314, 355, 363, 370, 377-
378, 393-395, 421
Waldeck (château de), 312-313
Wallonie, 198, 374
Wasenbourg (château de), 312
Wasigenstein (château de), 312
Wesel, 167
Wincestre (bataille de), 64
Wissembourg (abbaye de), 194, 312
Yoncq, 208
Yonne, 123, 127, 159, 174-177, 338, 346, 365
Ypres, 168, 170
Yveline (forêt de l’), 184, 190
INDEX DES NOMS PROPRES
Abbon, 117, 368
Agilolf, 102
Alamans, 94
Alexandre (roman d’), 54, 361
Alis, 69
Angles (les), 93
Anicia Juliana, 27
Antoine (duc de Lorraine), 59, 65, 101, 217, 366, 382-384, 386, 395
Antoine (saint), 59, 65, 101, 217, 366, 382-384, 386, 395
Apollon, 86
Arthur (roi), 38, 48, 55-56, 362
Attila, 97
Auberi le Bourguignon, 48, 360
Aubéron, 52
Aubert de Plaine, 224
Auguste, 25, 184, 197, 215, 229, 358, 396
Ax (co-seigneur d’), 293, 295, 399
Aymon, 61, 65-66, 359, 362
Bardot de Velesme, Jean, 234
Barthélémy l’Anglais, 30
Basile (saint), 13
Basle (saint), 97
Baudouin de Flandre, 75-76, 363
Bavon (saint), 101
Begon, 57-58, 361
Bègue, 48-49
Benoît (saint), 86, 358-359, 387, 390, 395
Bergeret, Jacquet, 224, 234
Bernard de Tiron, 90
Berry (duchesse de), 59, 76
Berthe (reine), 44-46, 49, 58, 67-69, 390
Betis, 75
Bisval, 196, 400
Blanchandine, 73-74
Bonami d’Augerans, Humbert, 227
Boniface (saint), 86, 256
Boscodon (abbé de), 264, 400
Bouceart, Ginot, 342
Bouchet, Guillaume, 19, 363
Boutière (seigneurs de la), 341
Brichemer (le cerf), 33
Brun (l’ours), 33, 379
Burgondes, 173
Calais (saint), 96
Calogrenant, 38, 41, 43, 47
Camel de Camois, 75
Capétiens, 114
Carantec (saint), 256
Carondelet, Jean, 227
Célestins du Mont-de-Châtres, 13
Celtes, 12, 72, 96
Césaire de Heisterbach, 93
César, 21, 26, 52, 304, 358
Chaalis (moines de), 186
Chalon-Arlay, 317
Charlemagne, 17, 49, 65, 69, 100, 108, 112, 182, 366
Charles d’Orléans, 76, 363
Charles Estienne, 19
Charles le Chauve, 112
Charles Le Conte, 127
Charles le Simple, 112
Charles le Téméraire (duc-comte de Bourgogne), 224, 228, 234
Charles Martel, 67
Charles VI, 114, 127
Charles VII, 76
Chartier, Alain, 79, 363
Childebert (roi), 18, 96
Chilpéric, 12, 102
Chilpéric Ier, 12
Chrétien de Troyes, 43-45, 50, 359-362
Cisterciens, 186-187, 191, 195
Claude de Raon (le grant), 126
Colbert, 148, 153, 205, 214, 222, 345, 354
Colbert de Croissy, 354
Colomban, 94
Corbinien (saint), 95
Coudrette, 74
Couserans (vicomte de), 283, 288, 293, 295, 401
Dagobert, 95, 100
Danois, 103, 366
Denisot, Girard, 225, 227
Desfroissiz, Gilles, 127
Dioscoride, 27
Doon de Mayence, 70
Druet, Jean, 228
Cuc de Lorraine, 196, 199-200, 215, 217, 219, 223
Duicon, Guillaume, 342
Ébroïn, 93
Edmond (roi), 93, 365, 368
Édouard Ier de Bar, 198
Éliduc, 33, 359
Éloi (saint), 12
Engelbert, 93, 365, 367
Énide, 45, 49-50, 360
Érec, 45, 47, 49-50, 360
Ermold le Noir, 117, 368
Esclados, 41, 43
Étienne de Velesmes, 234
Eudes IV (duc-comte de Bourgogne), 224
Eustache (saint), 12, 99, 366
Évrard de Breteuil, 90, 364
Evroul (saint), 13, 87-89, 94
Ferry III (duc de Lorraine), 124
Feuillen, 93
Florence de Rome, 46-47, 58, 60, 65, 360-362
Florent (ermite), 95
Foix (comte/comtesse de), 35, 293-295, 392, 402
Forcalquier (comte de), 264
Fraimbault (ermite), 92
François d’Assise (saint), 13
François Ier, 214, 222, 354
Francs, 12, 15, 96, 111, 341
Frédégonde, 102
Frédéric d’Isenberg, 93
Froissart, 75, 77, 362
Fromont, 49
Gadifer, 75
Gall (saint), 94
Garin de Monglane, 46
Garin le Lorrain, 48-49, 57-58, 361
Gaston Phébus, 35-37, 47, 71, 359-360
Gaude de Chalon, Jean, 225
Geneviève (sainte), 86, 364, 374
Geoffroy de Blaisy, 224-225, 382
Geoffroy Laurent d’Aignay, 224
Geoffroy le Gros, 90
Georges Chastellain, 19
Gérard d’Alsace (duc de Lorraine), 215
Gérard de Nevers, 76, 363
Géraud (abbé), 92
Germains, 12, 25-26
Gertrude (sainte), 93
Ghislain (saint), 91, 95
Gilles de Chin, 75, 363
Gilles (saint), 75, 98-99, 127, 357, 360, 362-363
Girart de Vienne, 49, 360
Gobain (saint), 13
Godric, 100
Gollut, Loys, 202
Gottfried de Strasbourg, 62, 361
Goudre, Guillaume, 342
Graal, 50, 56, 58-61, 75, 96, 360-362
Graelent, 52, 361
Greban, Simon, 80-81
Grégoire le Grand, 86, 92, 95, 363-365
Gudule (sainte), 86
Guenièvre, 60, 64
Guénolé (saint), 102, 366
Guibert de Nogent, 90
Guildeluëc, 33
Guillaume aux Blanches Mains (évêque de Reims), 208
Guillaume de Lorris, 41-42, 360
Guillaume d’Orange, 47, 58, 65, 360
Guillaume Ier de Hainaut, 75
Guilliadon, 33
Guingamor, 51-52, 361
Gurdisten, 102, 366
Guthlac, 101, 366
Hector de Chartres, 212, 373
Hennezel, 196, 403
Henri II (roi de Navarre), 127
Hermant de Raon, 126
Herpin, 69
Hersent, 33
Hilaire de Mende, 91, 364
Hincmar de Reims, 85
Hubert (saint), 12, 97, 99, 365-366, 381, 395
Hugonnart, Jean, 228
Huguenin de Bannans, 224, 228
Huon de Bordeaux, 52, 361
Isaac, 92, 364
Isaïe, 103
Isidore de Séville, 30
Isolde, 62, 361
Jacques de Voragine, 98, 366
Jacques (saint), 65, 79, 81, 98, 261, 357-358, 361, 363-366, 372, 380, 387
Jean d’Arras, 74, 362
Jean d’Avesnes, 75-76
Jean de Bonnay, 224
Jean de Gorze, 89
Jean de Morans, 228
Jean de Vignay, 19-20
Jean d’Oliferne, 224
Jean Ier (duc de Lorraine), 124, 200
Jean II (duc de Lorraine) – Jean II d’Anjou – Jean de Calabre, 200, 217
Joux (sires de), 20-21, 317, 324
Julien l’Hospitalier, 99
Kush, 95
Lancelot, 46, 50, 56, 60-61, 64, 75
Laumer, 92
Léger (saint), 30, 93, 365
Lescheval, Raolin, 342
Louis le Pieux, 85, 110, 368
Louis Morel, 227
Louis VI, 186, 208
Louis VII, 208
Louis VIII, 197
Louis XI, 114, 224, 382
Louis XIV, 215, 222, 224
Lug (dieu), 96
Lunaire (saint), 90-91, 99-100, 364, 366
Mabillette, 46
Macbeth, 10, 102
Macduff, 103
Malcom, 103
Malines (évêque de), 13
Malmédy (moine de), 102, 404
Marc (le roi), 58, 60, 62, 64, 183, 190, 366, 371, 376-377, 396
Marguerite d’Autriche (comtesse de Bourgogne), 205
Marguerite de France (comtesse de Bourgogne), 200, 228-229, 382
Marie de France, 33, 43, 51, 359-361
Marien, 92-93, 97
Marien (saint), 92-93, 97
Marke (roi), 62
Martin (saint), 86, 256, 344, 364-365, 385, 388
Meinulf, 100
Melyador, 75
Mélusine, 74, 362
Merlin, 43, 55-56, 75, 360-361
Mérovingiens, 9, 16-17
Michel (saint), 86, 94, 358-360, 363-365, 370-378, 381, 386, 388-390, 396, 398
Milet, Jacques, 79, 81, 363
Milon, 46-47, 58, 65
Modus (roi), 35, 359
Moniage, Guillaume, 40, 45, 65, 360-362
Morgane, 52
Navarre (roi de), 127, 172, 291
Neckam, Alexandre, 30
Nemrod, 95
Nicolas de Florence, 224-225, 230
Noble (lion), 11, 28, 33, 35, 57, 87, 97, 111, 114, 362
Noé, 95
Norbert (saint), 13
Ogrin, 60, 64
Olivier de La Marche, 81, 363
Orléans (duc d’), 76, 133, 136, 359, 363, 405
Orson, 70-71, 362
Oudat de Brans, 228
Pellinor (roi), 43-44
Pépin, 49, 71, 368
Perceforest, 75, 362
Perceval, 50, 56, 59, 71, 362
Perlesvaus, 56-57
Perrenot de Grozon, 224
Philippe Auguste, 184, 197, 215
Philippe de Vaudrey, 227
Philippe de Vigneulles, 201, 379
Philippe Ier, 186, 188
Philippe le Bon (duc-comte de Bourgogne), 227
Philippe le Hardi (duc-comte de Bourgogne), 227-228, 232, 234, 342
Philippe VI, 200, 213, 222
Pierre de Crescens, 34, 359
Pierre de Maillezais, 97
Pierre de Vaudrey, 227
Pinte (poule), 33
Platearius, 28-29
Pline, 26-27, 30, 304
Pline l’Ancien, 26-27
Pol Aurélien, 256
Privat (saint), 91
Quarondelet, Jehanin, 228-229
Rabel, 257
Raginfred, 102
Raoul (duc de Lorraine), 199, 218, 220, 370
Ratio (reine), 35, 359
Raymond d’Agout, 272
Remacle (abbé), 85
Rémi (saint), 85, 117
Renart (goupil), 33, 40, 360
Renaud de Gerland, 224
Renaut de Montauban, 38, 64-65, 69, 359
René d’Anjou, 79-80, 363
René Ier (duc de Lorraine), 196, 200, 217
René II (duc de Lorraine), 218
Richard de Fournival, 33-34
Richard de la Loige, 224, 232
Richarde (sainte), 95
Robert (duc de Bar), 174, 196, 257, 357, 361, 365, 367, 375, 377, 381-382, 391, 397
Robert le Magnifique (duc), 257
Roi Ermite, 57
Roland (Chanson de), 38, 359
Romains, 15, 25-26
Ronan (saint), 95
Rosselat, 234
Rouin (ermite), 92, 364
Rouvet, Jean, 126
Sagremor, 75
Saint-Cloud (chanoines de), 188
Saint-Denis (moines de), 100, 108, 112, 162, 169, 188, 190, 373, 406
Saint-Dié (chapitre de), 198, 217, 406
Saint Louis – Louis IX, 218
Sarrasins, 182-183
Saxo Grammaticus, 103, 366
Sigebert III, 17, 85
Simon le voyer, 51
Strabon, 200
Suétone, 25, 358
Suger, 150, 188, 190, 373, 377
Sulpice Sévère, 86
Tacite, 25, 358
Térence, 93, 365
Thiétry, 196, 408
Thomas de Catimpré, 30
Thor, 86
Thysac, 196
Tite-Live, 25, 358
Toulongeon, André de, 227
Tristan, 58, 60-65, 71-73, 75, 361-362
Tristan de Nanteuil, 71-73, 362
Valentin, 5, 70-71, 314, 331, 362, 395, 397, 421
Valois, 9, 11, 75, 114, 222-223, 225, 228, 379, 408
Vikings, 93, 182
Vincent de Beauvais, 19-20, 30-32
Vincent, Henri, 5, 19-20, 30-32, 154, 228, 243, 249, 292, 314, 331, 374, 384-387, 395, 420-421
Vital, Orderic, 87, 274
Vuchillon, Martin et Étienne, 344
Vulmer, 89
Vurry, Jacquot, 227-228
Wetti, 94
Wulfoald, 86
Ysaÿe le Triste, 75, 363
Ysengrin (loup), 33, 40
Yseut, 58, 60-65, 75, 361-362
Yvain, 38, 43-44, 47, 58, 60-61, 361
LISTE DES AUTEURS
BALLAND Vincent
Doctorant
MSH et laboratoire ARTEHIS (Archéologie, terre, histoire, sociétés), Dijon
BALOUZAT-LOUBET Christelle
Maître de conférences
CRULH (Centre de recherche universitaire lorrain d’histoire, EA 3945), Nancy
BECK Corinne
Professeure des Universités émérite
ArScAn (Archéologies et sciences de l’Antiquité), Maison de l’archéologie et de l’ethnologie,
Nanterre
BÉGEOT Carole
Maître de conférences
Laboratoire Chrono-environnement, Besançon
BÉPOIX Sylvie
Professeure agrégée
Laboratoire Chrono-environnement, Besançon
BERNARD Vincent
Chargé de recherche CNRS
CReAAH (Centre de recherche en archéologie, archéosciences, histoire), Rennes
BICHET Vincent
Maître de conférences
Laboratoire Chrono-environnement, Besançon
BURRI Sylvain
Chargé de recherche CNRS
Laboratoire TRACES (Travaux et recherches archéologiques sur les cultures, les espaces et les
sociétés), Toulouse
CHEVASSU Valentin
Doctorant
Laboratoire Chrono-environnement et MSHE, Besançon
CHEVRIER Virgine
Chercheuse indépendante, Chaumergy
CORVOL-DESSERT Andrée
Directrice de recherche CNRS
Membre de l’Académie d’agriculture de France, Paris
COUTURIER Yann
Dendro-archéologue
Dendrotech, Betton
DIÈTRE Benjamin
Post-doctorant
Laboratoire Chrono-environnement, Besançon
ÉPAUD Frédéric
Chargé de recherche CNRS
Laboratoire Archéologie et territoires (CITERES), Tours
ETIENNE David
Maître de conférences
CARRTEL (Centre alpin de recherches sur les réseaux trophiques et les écosystèmes limniques), Le
Bourget-du-Lac
FOUÉDJEU F. Léonel
Doctorant
Laboratoire GEODE (Géographie de l’environnement), Toulouse
FRAITURE Pascale
Docteur en histoire de l’art et archéologie, responsable du Laboratoire de dendrochronologie de
l’Institut royal du patrimoine artistique, Bruxelles
GALLÉ Hélène
Maître de conférences Laboratoire ELLIAD (Édition, langages, informatique, arts, didactiques,
discours), Besançon
GARNIER Emmanuel
Directeur de recherche CNRS
Laboratoire Chrono-environnement, Besançon
GAUTHIER Émilie
Professeure des Universités
Laboratoire Chrono-environnement, Besançon
GIRARDCLOS Olivier
Ingénieur CNRS
Laboratoire Chrono-environnement, Besançon
GOULLET Monique
Directrice de recherche émérite CNRS
Laboratoire LAMOP (Laboratoire de médiévistique occidentale de Paris), Paris
GOURIVEAU Émilie
Doctorante
Laboratoire Chrono-environnement, Besançon
GRESSER Pierre
Professeur des Universités honoraire
Université de Franche-Comté, Besançon
GUIBAL Frédéric
Chargé de recherche CNRS
IMBE (Institut méditerranéen de biodiversité et d’écologie marine et continentale), Aix-en-Provence
GUIZARD Fabrice
Maître de conférences
ArScAn (Archéologies et sciences de l’Antiquité), Nanterre
HANECA Kristof
Ingénieur (PhD) – dendrochronologue
Agence Patrimoine de Flandre, Bruxelles
HOFFSUMMER Patrick
Professeur
Laboratoire de dendrochronologie, Centre européen d’archéométrie, Université de Liège, Liège
JOUFFROY-BAPICOT Isabelle
Ingénieure CNRS
Laboratoire Chrono-environnement, Besançon
LAMBERT Georges-Noël
Chercheur honoraire du CNRS
Collaborateur de l’université de Liège, Conliège
LORMANT François
Ingénieur de recherches, HDR
Institut François-Gény, Université de Lorraine, Nancy
MARGUERIE Dominique
Directeur de recherche CNRS
ECOBIO (Écosystèmes, biodiversité, évolution), Rennes
MARIET Anne-Lise
Post-doctorante, ATER
Laboratoire Chrono-environnement, Besançon
OILLIC Jean-Charles
Consultant
ISATECH, Saint-Dolay
OLIVIER Corentin
Doctorant
CReAAH (Centre de recherche en archéologie, archéosciences, histoire), Le Mans
PERRAULT Christophe
Dendrochronologue gérant de société CEDRE (Centre d’étude dendrochronologie et recherche en
écologie), Besançon
PY-SARAGAGLIA Vanessa
Chargée de recherche CNRS
Laboratoire GEODE (Géographie de l’environnement), Toulouse
QUÉRUEL Danielle
Professeure des Universités émérite
Centre de recherche interdisciplinaire sur les modèles
esthétiques et littéraires (CRIMEL), Université de Reims
Champagne-Ardenne, Reims
REINBOLD Aurélie
Post-doctorante
CReAAH (Centre de recherche en archéologie, archéosciences, histoire), Rennes
RICHARD Hervé
Directeur de recherche CNRS
Laboratoire Chrono-environnement, Besançon
RUFFALDI Pascale
Maître de conférences
Laboratoire Chrono-environnement, Besançon
WAGNER Anne
Maître de conférences
Centre Lucien-Febvre, Université de Franche-Comté, Besançon
WALTER-SIMONNET Anne-Véronique
Maître de conférences HDR
Laboratoire Chrono-environnement, Besançon
WIRTH-JAILLARD Aude
Post-doctorante
Institute for Research in the Humanities – ICUB, Bucarest
YANTE Jean-Marie
Professeur émérite
Université catholique de Louvain, Arlon
Cette édition électronique du livre
La Forêt au Moyen Âge
a été réalisée le 4 octobre 2019
par Flexedo.
Elle repose sur l’édition papier du même ouvrage
(ISBN 978-2-251-44988-3).