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Prévention et l utte contre les

gra nds in cendies de forêts

par Robert CHEVROU *

La surface totale brûlée est d'environ d'éte i ndre tous les i ncendies avant
1 . Introduction 3500 ha. qu'ils n'atteignent la surface de 5 ha ;
Cet événement conduit à poser de construire des pare-feu ou des cou­
Le 25 juillet 1 997, le feu prend sur diverses questions. pures qui puissent les arrêter tous.
la décharge contrôlée de Septèmes-Ies­ Nous proposerons divers moyens
- De nombreux feu x partent des
Vallons, près de Marseille. La tempé­ propres à améliorer l 'effi cacité des
décharges et des dépôts d'ordures dont
rature de l'air est de l'ordre de 30°C, le i n frastructures de prévention et de
la p l u p art ne s o n t ni a u tori s é s n i
vent souffle à 55 km/h avec des rafales l utte, aussi bien que la stratégie, en
contrôlés ; mais l a plupart des incen­
à 90 km/h, et le feu saute dans la gar­ vue de réduire le nombre de grands
dies sont dus à l ' imprudence ou à la
rigue voisine de la décharge. incendies.
malveillance (les avis étant partagés
Les pompiers arrivés rapidement sur sur leurs proportions respectiv e s ) .
les lieux ne peuvent maîtriser le feu qui Peut-on e n réduire l e nombre ?
saute plusieurs obstacles (routes, pistes
et pare-feu plus ou moins larges) ; la
- S i 9 5 % des feux sont maîtrisés
avant que la surface brûlée n'atteigne
2. Statistiques
tête de l'incendie se propage à vitesse
5 ha, quelques-uns échappent aux pre­
élevée (estimation de 0,36 mis) ; des
miers secours et détruisent plusieurs N o m b re s d ' incendies et
renforts sont acheminés pour atteindre
centaines d'hectares, voire plusieurs
un total d'environ 1 500 pompiers avec
milliers. Pourquoi ?
surfaces totales b rûlées
400 véhicules.
- A quoi servent les pare-feu et les chaque année depuis 1973
L'incendie longe de nombreux lotis­
coupures (vertes, grandes, stratégiques
sements ; le flanc du feu est maîtrisé Le ta b l e a u s u i v a n t d o n n e l e s
selon la terminologie en usage) et les
dans des conditions très difficiles. nombres d'incendies e t les s urfaces
autres infrastructures de défense des
Le vent faiblit le 26 au soir, et l'in­ b r û l é e s e n reg i s tr é s c h a q u e a n n é e
forêts contre les incendies (DFCI) ?
cendie semble être sous contrôle dans depuis 1 973 dans les 1 5 départements
- Comment se fait-il que des cen­ du sud-est regroupés dans l 'Entente
la nuit ; il reste à le surveiller, et à
taines de pompiers ne puissent arrêter interdépartementale, d'après le fichier
éteindre les surfaces encore enflam­
un incendie ? Prométhée consulté le 1 er août 1 997
mées, ainsi que d'éventuelles reprises.
Nous nous proposons de répondre à par minitel (36 1 5 , Prometel), ainsi que
ces questions et à d'autres en montrant les surfaces moyennes brûlées par feu.
* 1 3, rue du Clair soleil, qu'il est difficile, voire impossible, de Les incendies du département de la
34430 Saint-Jean-de-Védas supprimer totalement les mises à feu et Drôme ne sont pris en compte que
Tél : 04 67 42 3 1 03 les éclosions dans l 'espace naturel ; depuis 1 988.

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forêt méllilermnéenne t. x/x, n O l , février 1 998
année nombre surface surface année nombre surface surface
de feux totale moyenne de feux totale moyenne
(ha) par feu (ha) (ha) par feu (ha)

1 973 2375 36903 1 5,54 1 985 3732 46638 1 2,50


1 974 1 909 301 44 1 5,79 1 986 2657 461 57 1 7,37
1 975 2460 1 7525 7,12 1 987 21 1 6 1 0392 4,91
1 976 2897 41 943 1 4,48 1 988 2240 51 65 2,31
1 977 1 699 1 6399 9,65 1 989 3321 56922 1 7, 1 4
1 978 4383 39291 8,96 (1 ) 1 990 3299 54730 1 6,59
1 979 41 76 53275 1 2,76 1 991 2372 6543 2,76
1 980 3563 1 5684 4,40 1 992 271 2 1 2740 4,70
1 981 3457 23455 6,78 1 993 2962 1 1 774 3,98
1 982 291 2 48771 1 6,75 1 994 251 8 22577 8,97
1 983 2776 48620 1 7,51 1 995 2346 9933 4,23
1 984 2684 1 4664 5,46 1 996 1 789 31 1 9 1 ,74

moyennes 2806 28057 9,68

Tableau 1 : Nombre d'incendies et surfaces brûlées dans les 1 5 départements de «l'Entente»


(1 ) Source : MAP/MI 1 997 ; les données Prométhée pour l'année 1 978 (4367 et 57329 ha) ont été corrigées en éliminant des
incendies ayant touché la France les surfaces brûlées en Espagne qui avaient été enregistrées à tort (le feu ne reconnaît pas les
frontières) .

Analyse de ces imprudence serait, pour sa part, lié à la est l'une des plus élevées.
densité de la population dans l'espace Les années néfastes se répartissent
statistiques
naturel et à ses abords, ce qui dépend sur l'ensemble de la période et elles
Les nombres des incendies varient des conditions météorologiques (selon c oïnc i d e n t , globalement, avec l e s
relativement peu, de 1 à 2,5, avec un que le temps est ensolei l l é ou plu­ années o ù la sécheresse prolongée a
minimum de 1 699 feux en 1 977 et un vieux), particulièrement les samedis, été accompagnée de plusieurs jours de
maximum de 4383 en 1 978 ; les sur­ dimanches, et autres jours fériés (on très hautes températures et de vents
faces totales annuelles varient bien­ observe un maximum d'éclosions les très forts . La comparai son avec les
plus, de 1 à 1 8, avec 3 1 1 9 ha en 1 996 samedis et dimanches). pays voisins montre, comme on peut
et 5 6 9 2 2 ha en 1 9 8 9 ; la s u rface Aux années relativement "humides" s ' y attendre, q u e c e s c o n d i t i o n s
moyenne par feu varie, elle, dans une c orre s p o n d r a i e n t u n e pré s e n c e e x trêm e s n e s e retro u v e n t p a s l e s
proportion i ntermédiaire, de 1 à 1 0, moindre d u public dans l'espace natu­ mêmes a n n é e s d a n s l e s d i fféren t s
avec 1 ,74 ha en 1 996 et plus de 1 7 ha rel , donc moins de mises à feu par pay s , e t q u e l e s c o m p arai s o n s
en 1 983, 1 986, et 1 989. imprudence, des éclosions plus diffi­ "annuelles brutes" n e sont pas perti­
Le nombre d'éclosions dépend de c i les, des feux de faible puiss ance, nentes ; 1 9 8 1 et 1 9 8 8 o n t é t é des
celui des mises à feu et de l'inflamma­ donc faciles à maîtriser, et une surface années très m a u v a i s e s e n I t a l i e ,
bilité de la végétation c'est-à-dire de moyenne par feu très faible. bonnes e n France ; 1 982, 1 986, 1 989
son état hydrique déterminé par l a Sur ces 24 années, on compte I l de bonnes années en Italie, très mau­
sécheresse e t l 'humidité d u sol et de années fastes q u i ont présenté des vaises en France ; 1 983, 1 985, et 1 990
l'air. conditions de l u tte faciles ou assez de très mauvaises années en Italie et
La surface moyenne brûlée par feu fac i l e s , avec des s urfac e s t o t a l e s en France.
traduirait l'efficacité de la lutte ; elle annuelles brûlées inférieures à 20000 Depuis 1 99 1 , les surfaces totales
dépendrait des conditions météorolo­ ha (moyennes annuelles de 2449 feux, annuelles brûlées, bien qu'irrégulières,
giques, avec une surface moyenne plus 1 1 267 ha, 4,66 ha par feu) ; 10 années sont nettement inférieures à la moyen­
élevée l orsque l 'air et la végétation néfastes avec d e s s u rfac es totales ne de la période de 24 ans, mais on
sont très secs et le vent très fort, ce qui annuelles brûlées supérieures à 36000 peut se rappeler que les conditions
crée des incendies très nombreux, très hectares (moyennes annuelles de 3253 météorologiques ont été particulière­
puissants, et très difficiles à combattre feux, 47325 ha, 1 4,96 ha par feu) ; et 3 ment favorables à la lutte, comme le
(Benoit de Coignac, 1 996). La surface années moyennes, avec 22577 ha en souligne l'Institut des aménagements
totale brûlée, étroitement liée à la sur­ 1 994, 23455 ha en 1 98 1 , et 30 1 44 ha régi o n a u x et de l ' e n v i r o n n e m e n t
face moyenne par feu, dépend de ces en 1 97 4 , a n n é e où le nombre d e s (lARE, 1 994), sauf pour d e courtes
mêmes conditions météorologiques. incendies est l'un des plus faibles d e l a périodes en quelques endroits, notam­
Le n o mbre d e s m i s e s à feu par série, e t o ù l a surface moyenne par feu ment en Corse.

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G l o b a l e m e n t , i l app araît u n e S e l o n le C e n tre i n terrégional de (3654 ha le 1 8-07- 89) et de S ai nt­
décro i s sance notable d e s s u rface s coordination opérationnelle de la sécu­ Aubin-Carcans (5636 ha le 3 1 -03-90),
totales brûlées, n otamment depui s r i t é c i v i l e à V a l abre ( C I RC O S C , qui ont menacé des villes, des villages,
1 990, ainsi qu'une faible décroissance 1 990), les grands incendies d e 1 989 et des campings. Plus généralement, la
des nombres de feux annuels. Si l'on "sont dus sans nul doute à la sécheres­ m é m o i re d e s c atastro p h e s s e r a i t
suppose que la variabilité des surfaces se exceptionnelle qui a sévi sur l 'en­ "brouillée par les intérêts, les préju­
brûlées dépend principalement des semble de la France" , les feux inhabi­ gés, les expériences et les préoccupa­
conditions météorologiques, une ana­ tuels en dehors du sud-est en apportant tions du moment" (D'Ercole et Dollfus,
lyse statistique de ces données glo­ t é m o i g n age ; " n o u s sa vons q u e , 1 995).
bales montre qu'il n'existe pas de ten­ confrontés à des situations identiques D'autres auteurs affirment leur opti­
dance significative à la baisse de ces à celles de cet été, les moyens de lutte misme quant à l'avenir, tandis que
s u rfac e s , p o u r l 'e n s e m b l e d e s 24 les plus performants peuvent se mon­ Bernard ( 1 997) suggère que les grands
années ; la tendance d'une décroissan­ trer temporairement impuissants. . . ". i n cendies dépendraient des c y c l e s
ce des dégâts (tout juste significative) "Déficit hydrique et vent fort sont les solaires, e t prévoit l e pire pour 1 997,
pour les I l années fastes serait équili­ principaux facteurs d'évolution défa­ 1 999, et 2002.
brée par leur croissance (non significa­ vorables des incendies" (CIRCOSC,
tive) pour les 1 0 années néfastes. 1 992). D a n s l ' i m m é d i at et j u sq u ' à p l u s
B enoit de Coignac ( 1 990) observe ample informé, i l vaut mieux s'en rap­
que, dans le sud-est, "en 1 987 puis porter à l'évidence : la simultanéité de
Optimisme ou
1 988, nous avons assisté à une absen­ sécheresse, de hautes températures, de
pessimisme ? vents forts, de mises à feu, et d'éclo­
ce quasi-totale de Grand incendie, due
essentiellement au climat extrêmement sions, est la cause principale des bilans
Il n'est pas douteux que des progrès
favorable et aussi, il faut bien le dire, catastrophiques.
sensibles ont été réalisés dans la pré­
vention des incendies et dans la straté­ à une amélioration sensible de la rapi­ Il faudrait pouvoir proscrire tout
gie et la tactique de lutte : les délais dité des interventions . . . Ce rta ins excès d'optimisme ou de pessimisme
d ' i n tervention o n t été rédu i t s , l e s furent même tentés de penser qu 'enfin en matière de prévention et de lutte
incendies sont éteints plus tôt (Benoit la solution miracle pour supprimer ces contre les i ncendies de forêts , c ar
de Coignac, 1 996), et, en 1 996, 95% catastrophes était sur le point d'abou­ cela peut conduire à faire des erreurs
des feux ont été éteints avant d'at­ tir. . . " . Malheureusement, les années de programmation et de réglementa­
teindre 5 ha ; les pompiers maîtrisent 1 989 et 1 990 ont montré qu'il n ' e n tion. Ainsi, en Californie, les grands
aujourd'hui des incendies rapides qui était rien. i nc e n d i e s du d é b u t du s i è c l e o n t
ne l'auraient pas été il y a 1 5 ou 20 ans L e s g o u rg u e s ( 1 9 9 0 ) é v o q u e l a conduit à adopter une réglementation
(Drouet et Feuillet, 1 986). "perte d e mémo i re collective des particulière pour les matériaux des
ravages des incendies de forêts" pour toits des maisons, qui fut abandonnée
Néanmoins, face à un incendie de
illustrer les polémiques concernant la quelques décennies plus tard, à tort
forte puissance se déplaçant rapide­
DFCI dans le sud-ouest, qui semblent comme l'ont montré les incendies des
ment dans une végétation dense, il a
avoir découlé d'une longue période années 1 990 (Pyne et al, 1 996), où
été observé, dans tous les pays, qu'au­
sans grands incendies, avant que ne se des mill iers de maisons o n t été
cun moyen de lutte ne permet de le
d é c l aren t c e u x du Porge-Lacanau détruites.
contrôler (Benoit de Coignac, 1 996,
Pyne et al, 1 996). Teusan ( 1 995) de
l'Institut national de la recherche agro­
nomique, se demande si la réduction
des surfaces brûlées observées après
1 990 ne provient pas seulement des
conditions météorologiques favorables
; Ragus ( 1 996) de la Direction de la
sécurité civile, estime qu'on ne peut
pas éradiquer les grands i ncendies ;
Ningre ( 1 996) de l'Administration des
forêts, observe que l'année 1 996 a été
exceptio n n e l l e , et " i l est à la fo is
logique de croire à l 'efficacité des
moyens (mis en oeuvre), et difficile
d 'en apporter la démonstration . . . " .
L'lARE remarque que si l e s grands
incendies sont moins fréquents, ils ten­
dent à devenir de plus en plus grands.
"On peut être à peu près certain que
de très grands incendies ne manque­
ront pas de se produire au cours des Photo 1
décennies à venir" (lARE, 1 994). Photo DDSIS Hérault

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3. Mises à feu

Différentes sources
de mise à feu

Une mise à feu correspond à l'apport


du feu dans l'espace naturel au contact
de matéri a u x c o m b u s t i b l e s q u e l ­
conques. Cette m i s e à feu peut être
due à des causes naturelles (foudre) ou
présumées naturelles (inflammation
s p on t a n é e de tas de fe u i l l e s , de
branches, de copeaux) ; le plus sou­
vent la mise à feu est due à l'homme,
volontairement (en vue de nuire, ou à
travers des travaux) ou par impruden­
ce (braises, étincelles, brandons, etc.).
Les sources de braises, d'étincelles,
Photo 2 : La Grande - Motte, 1 993
et de brandons sont, par exemple : les
Photo DDSIS Hérault
braises des mégots de cigarettes des
promeneurs aussi bien que ceux des on n e l e s c o n n aît s a n s doute p a s d'i mprudences par une probab i l ité
occupants des véhicules sur les voies toutes, e t certaines sont controversées, d'occurrence très faible.
de circulation (Alexandrian, 1 995) ; voire niées ; dans les années 1 960, cer­
C'est d'ailleurs cette faible probabili­
les étincelles venant des véhicules et tains forestiers doutaient qu'un mégot,
té, ou fréquence, d'accident qui donne
des trains (échappement, freins, frotte­ une allumette ou un briquet puissent
un fau x sentiment de sécurité aux
ments divers) : on peut voir de nom­ mettre le feu, et nous avons assisté à
automobilistes et les incite à conduire
breux feux sur le terre-plein central une tentative de démons tration en
à des vitesses excessives.
des autoroutes (Favre, 1 992) ; il est forêt de Fontainebleau, heureusement
assez fréquent que les trains mettent le interrompue avant d'en connaître le Pour montrer comment nous appré­
feu le long des voies ferrées : de nom­ dénouement. cions le niveau de risque, Hirsch et ail
breux feux début 1 997 entre Lunel et ( 1 996) décomposent sa perception en
Nîm e s , le 5 s eptembre 1 99 7 e ntre 4 éléments : a.- la probabilité d'occur­
Les mises à feu par
Agde et Sète ; le 8 avril 1 997, une cin­ rence ; b.- la gravité du danger ; cl les
quantaine d'éclosions entre Bordeaux imprudence implications sur le mode de vie (on
et Dax, dont l'une provoqua un incen­ sous-estimerait un danger qui oblige à
L'imprudence est à l'origine de nom­
d i e de forêt de 4 5 0 ha à Y c h o u x modifier les habitudes) ; dl la respon­
breux accidents et de nombreux incen­
(Landes). sabil ité directe : " le fum e u r ou le
dies. On espère en diminuer les effets
par l'information du public, notam­
conducteur a la sensation de prendre
Il faut aussi évoquer les éti ncelles
ment par des campagnes de sensibili­
un risque calculé qu 'il a l'illusion de
des engins et des outils utilisés sur les
maîtriser. Il perd cette illusion quand
chantiers dans l'espace naturel pour les sation ciblées.
il pense que sa vie dépend" d'une autre
travaux agricoles et forestiers, ou au Les efforts dans ce sens des services
personne ou d'un "groupe anonyme"
voisinage de cet espace dans des chan­ de la Sécurité routière semblent avoir
de personnes.
tiers industriels (soudure, impacts des obtenu quelques succès ; mais il est
scies avec des obj ets métalliques ou patent que leurs effets arrivent à une On é v o q u e p l u s fac i l em e n t l e s
des pierres) ; les braises, étincelles et limite extrême ; de nouveaux progrès incendiaires e t les pyromanes que les
brandons issus des dépôts d'ordures ; seront très difficiles à obtenir sans une m i l l iers d'i mprudents ; on attribue
les braises des grills portables ou non, surveillance et des contrôles accrus. peut-être beaucoup trop d'éclosions de
utilisés pour la cuisson des aliments feux aux premiers, parce que l'impru­
Il faut constater que les imprudences
par les forestiers, les agriculteurs, les dent c'est chacun d'entre nous, ce qu'il
sont extrêmement nombreuses mais
ouvriers, les promeneurs, ou les vacan­ est fort d é s agréable d e d e v o i r
qu'elles ne débouchent pas toutes sur
ciers ; les étincelles et les brandons admettre.
des accidents ou des incendies. Ainsi,
projetés par les colonnes de convection
par temps de brouillard, un très grand En pratique, tous les évènements à
de tous les feux isolés, parfois très éloi­ nombre de véhicules circulent sur les haut risque et à faible probabilité peu­
gnés de l'espace naturel, tels ceux des
voies à des vitesses excessives, et le vent conduire à des raisonnements et
barbecues, ou ceux destinés à détruire
nombre des accidents re s te fai b l e des comportements inadéquats (excès
quelques feuilles ou papiers, dans un
quoique trop élevé. O n peut e n déduire ou i n suffi s ance de prudence ou de
jardin ou sur un chantier. que la probabilité d'accident est très publicité), tant de la p art des per­
Il serait difficile de faire une liste faible et que le nombre d'accidents est sonnes qui sont exposées aux acci­
complète des diverses sources de feu ; le produit d'un très grand n ombre dents et aux incendies que de celle des

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responsables chargés d'en réduire les me l e n t e m e n t avant de provoquer réduire notablement la projection des
effets. l'éclosion lorsque le combustible végé­ particules les plus grosses qui sont les
Il faut continuer les campagnes d'in­ tal à son contact atteint la température plus dangereuses.
formation et de s e n s i b i l i s ation du d'inflammation ; ou encore le combus­
public pour deux rai sons : d'abord, tible végétal prend feu mais ce feu
dans l'espoir de faire diminuer sensi­ "couve" plus ou moins longtemps dans Les écobuages
blement le nombre des imprudences ; la litière avant de se propager. Dans traditionnels
ensuite, pour qu'elles n'augmentent pas ces di vers cas, l ' imprudent est loin
lorsque le feu devient visible. P o s e n t u n prob l è m e s p éc i a l l e s
par négligence. En quelque sorte, ces
mises à feu traditionnelles destinées à
campagnes permettent de maintenir le Dans le second cas, l'imprudent crée
détruire les résidus de végétation après
nombre d'accidents à un niveau relati­ un feu assez loin de l'espace naturel
la récolte (brûlage des chaumes ou des
v ement faible, quoique trop élevé, combustible, par exemple sur un chan­
foins), et, plus spécialement, les éco­
voire de réduire ce nombre. tier ou dans un jardin. De ce feu s'élè­
buages destinés à supprimer les végé­
Il faut aussi continuer et, si possible ve une c o l o n n e de convection qui
taux ligneux et semj-ligneux qui enva­
augmenter, la surveillance préventive, contient une multitude de particules
hi ssent certains pâtu rages . Il s'agit
mais il ne sera jamais possible de sur­ plus ou moins grosses ; certaines de
d'une technique ancestrale, transmise
veiller tout et tous, partout, même pen­ ces p arti c u l e s sont en combustion
oralement, dont la maîtri se disparaît
dant les quelques jours de risque extrê­ (étincelles, brandons, papiers) ; elles
avec les "anciens" qui avaient acquis
me. sont dispersées par le vent et par les
une expérience sur le tas, dans des cir­
a s c e n d a n c e s t h e rm i q u e s , et e l l e s
On peut ajouter à ces imprudences constances où les populations locales
retombent au sol plus o u moins loin de
concernant les mises à feu celles tou­ avaient le plus grand intérêt à maîtriser
leur point d'émission ; si les conditions
chant la protection. Combien de mai­ le feu. Aujourd'hui, cette maîtrise du
se prêtent à l'éclosion du feu, certaines
sons qui ne sont pas protégées contre feu ne semble plus assurée, et, résultat
de ces particules vont mettre le feu
l'incendie, notamment par une zone de la déprise agricole, la population
d a n s l ' e s p ace naturel végétal . Un
débroussaillée ? Combien d'habitants locale disponible pour le contrôle de
exemple parmi tant d'autres : l'incen­
en zone boisée qui n'ont pas un mini­ ces feux est insuffisante.
die d'Eze, Alpes-Maritimes, du 24-07-
mum de moyens de protection indivi­ S ' y aj o u t e n t p l u s i e u r s fac te u r s
1 986, a détruit plus de 1 000 ha et tué
duelle ? Imprudences aussi les dépôts aggravants : d'abord, la forêt et ses
une personne (une femme âgée brûlée
d'ordures "illégaux " , quelques i nfra­ produits ne sont plus utilisés par le
vive) ; à son origine, un horticulteur
structures m a l d i s tribuée s , m a l pâturage, le panage, le ramassage du
qui brûlait des broussailles dans sa
conçues, o u mal entretenues, une for­ bois mort et de la litière, si bien que la
propriété. Mais combien de cas iden­
mation incomplète des personnels, une masse de combustible est beaucoup
tiques attribués au "pyromane anony­
certaine réti cence à l ' utili sation de plus importante aujourd'hui qu'elle ne
me" parmi les autres causes de mise à
méthodes et d'outils modernes d'aide à l'était autrefois ; ensuite, un passage
feu inconnues ou présumées connues ?
la décision, une réglementation parfois du feu à plus longs intervalles fait que
inadaptée ou inappliquée, etc. Il est "normal" que ce phénomène
ces espaces sont envahis par une végé­
induise des feux simultanés ou succes­
t a t i o n de l i g n e u x b a s et de s e m i ­
sifs, dispersés dans une zone propice à
l igneux qui, a u fil d u temps, devient
Mises à feu proches l'éclosion du feu, parce que l'ascen­
de plus en plus dense ; la mise à feu
et lointaines dance thermique projette de nombreux
est pratiquée alors que la densité extrê­
brandons au loin, à plusieurs centaines
On doit di stinguer deux types de me de la végétation la rend particuliè­
de mètres, voire plus d'un kilomètre.
mises à feu par imprudence : le pre­ rement dangereuse ; la maîtrise tech­
Plutôt que de faire référence à des
mier concerne les feux engendrés par nique et l'expérience de terrain s'étant
"commandos de pyromanes", il vau­
des braises déposées sur le sol ou dans perdues, la date et l'heure de mise à
drait mieux considérer leur origine la
la végétation ; le second ceux engen­ fe u , de même q u e l e s c o n d i t i o n s
plus probable et ne pas minimiser la
drés par des étincelles ou des brandons météorologiques, n e sont plus choisies
grande responsabilité des imprudents
dispersés au loin par le vent et les de façon à réduire les risques.
qui font des feux en période d'interdic­
ascendances thermiques. tion en croyant que l'éloignement de Il faut abandonner ces méthode s
Dans le premier cas, l'auteur de l'im­ l'espace naturel annule le risque d'in­ " traditi o n n e l l e s " , et u t i l i s e r d e s
prudence se trou v e à prox i m i té du cendie. moyens mécaniques ou c hi mi q u e s
point de mise à feu ; s'il a quelque p o u r détruire les l igneux bas et les
Il semble d'ailleurs que le risque de
compétence pour maîtriser la propaga­ s e m i - l i g n e u x d a n s les pâturages
mise à feu lointaine, lié à l'usage d'un
tion du feu et pour l'éteindre, il échap­ concernés, et les entretenir régulière­
barbecue dans un jardin, soit fort sous­
pera aux statistiques car il est peu pro­ ment. On peut aussi procéder à des
estimé, alors qu'on observe aisément
bable que son auteur aille en faire état brûlages dirigés.
les nombreuses particules incandes­
auprès des autorités après l'avoir éteint centes dans la colonne de convection.
et détruit ainsi la preuve. On peut espérer que la mise en place Les brûlages dirigés
Le plus souvent, ou bien l'objet sus­ de grilles (régulièrement nettoyées) à
ceptible de créer un feu est jeté d'un l'intérieur des conduits de cheminée Comme dans d'autres pays exposés
véhicule ; ou bien cet objet se consu- des maisons et des barbecues puisse a u x mêmes r i s q u e s (Améri q u e du

45
Nord, Australie), il devient nécessaire au passage d'un front froid ou d'une Malgré l'éventualité qu'un feu dirigé
de contrôler l'évolution de la végéta­ dépression, ou à l'alternance du vent le p u i s s e é c happer à s e s auteurs, i l
tion, soit par des moyens mécaniques soir près de la mer. Ceci montre que convient d e poursuivre ces opérations
ou chimiques, soit par des brûlages les personnels chargés de ces brûlages en prenant toutes les précautions utiles,
dirigés. dirigés doivent être de véritables spé­ car il semble que ce soit le seul moyen
Une action a été entreprise depuis cialistes et avoir reçu pour cela une de traiter à fai b l e coût l e s s urface
q u e l q u e s a n n é e s ( i n struc t i o n s du formation complète ; et que de telles immenses qui en ont besoin. On n'in­
M i n i s tère de l 'Agri c u l ture et de l a opérations doivent être placées sous la terdit pas la circulation des véhicules,
P ê c h e ) , p o u r e ffe c tuer , d a n s l e s responsabilité conjointe d'un météoro­ des trains, des avions, sous prétexte
périodes d e l'année o ù l e s feux peu­ logue compétent qui puisse prévoir ces que c'est extrêmement dangereux ; on
vent être maîtrisés, des brûlages diri­ phénomènes. n'interdit pas les activités industrielles,
gés destinés à réduire la biomasse Pyne et al ( 1 996) citent des cas de ni les loisirs, ni les débroussaillages
combustible (sur les pâturages et en brûlages dirigés encore plus drama­ mécaniques et chimiques, qui entraî­
forêt), et pour former les personnes tiques qui ont entraîné des décès et où nent des bles sure s , v o i re quelques
susceptibles de conduire de tels feux les surfaces détruites ont été considé­ décès ; par contre, on exige, plus ou
( c o u r s de for m a t i o n au C e ntre rab l e s . Les causes de ces désastres moins fortement, que les i ntéressés
Interrégional de la Sécurité Civile à sont multiples. prennent des précautions ad hoc. Il doit
Valabre, Bouches-du-Rhône). Les sur­ en être de même pour les brûlages diri­
Outre l'impréparation et l'impruden­
face s trai tées ont été de l ' ordre de gés.
ce, la routine et l a banalisation des
1 5000 ha en 1 996, ce qui est encore opérati o n s peuvent être à l ' orig i ne
modeste eu égard aux surfaces mena­ d'une perte de contrôle du feu , c ar Mise à feu avec éclosion
cées (4,6 millions d'ha). elles induisent chez l'opérateur l'illu­
retardée
Une mise à feu volontaire pour tra­ sion de maîtriser totalement le proces­
vaux doit s'accompagner d'un contrôle sus ; ainsi est-il pris au dépourvu lors­ Les i ncendi aires utilisent souvent
permanent du feu : d'une part, de ses qu'un incident survient. des systèmes de mise à feu retardée
fumées et ses gaz toxiques, pour éviter qui entraînent l'éclosion du feu après
Une autre cause peut être trouvée
qu'ils n'atteignent les voies (réduction u n d é l a i de p l u s i e urs d i z a i n e s de
dans le fait que la plupart des forestiers
de l a v i s i b i l i té ) et l e s p e r s o n n e s minutes, ce qui leur laisse le temps de
et des pompiers ont une expérience des
(intoxication possible) ; d'autre part, s'éloigner du lieu de leur forfait. Des
feux de forêts terriblement locale ; tel
de sa progression en vue de le maîtri­ systèmes très simples aussi bien que
p h é n o m è n e c o n s idéré i c i c o m m e
ser s'il sort des li mites qui l u i sont d'autres très élaborés ont été retrouvés.
essentiel est v u là, parfois avec dédain,
affectées. Ce n'est pas toujours le cas, comme mineur, voire inexistant. Un La foudre, les braises, les étincelles
et les i nc idents peuvent résulter de changement d'affectation d'une person­ et les brandons peuvent produire des
diverses circonstances : les conditions ne expérimentée ici peut induire là une éclosions retardées. Aux Etats-Unis, il
météorologiques et leur variation ont action inappropriée. Une formation a été s i g n a l é que la foudre p e u t
été mal appréciées ; l'état de la végéta­ continue et approfondie est nécessaire e n fl am m e r l e coeur d ' u n arbre o u
tion a été mal estimé ; les auteurs de la pour prévenir ces "illusions". d'une souche, o u encore la litière, de
mise à feu avaient une compétence ou
u n e expérience i n s u ffi santes ; l e s
moyens de contrôle e t de maîtrise du
feu étaient insuffisants.
Depuis 1 987, des brûlages dirigés
ont été entrepris dans le département
des Pyrénées-orientales sous le contrô­
l e d ' u n e U n i t é d ' I n s tr u c t i o n de l a
Sécurité Civile (UISC) (Lambert et
Parmain, 1 9 8 7 , 1 990). Le 20 mars
1 9 9 1 , l ors d ' u n e tel l e opérat i o n ,
conduite près de Montalba-le-Château,
sous le contrôle d'une soixantaine de
pompiers militaires de l'UISC 7, le feu
s'est échappé ; 5 pompiers ont été brû­
lés, dont 2 au deuxième degré et un au
troisième qui ont été évacués sur un
hôpital de la région parisienne pour
soins intensifs. Il semble que le vent
ait tourné du nord-nord-ouest à l'est, et
que les pompiers qui contrôlaient un
flanc du feu peu exposé se soient brus­
quement trouvés sous la tête du feu . Photo 3 : Saint Paul et Valmalle, 1 0-8-1993
C e changement d u vent semble être lié Photo DDSIS Hérault

46
telle sorte que le feu n'est pas immé­ vie de l 'apport du feu . Le feu peut nombreux incendies de forêts ont pour
diatement repérable ; et il peut se pas­ resurgir longtemps après qu'il ait été origine des braises ou des brandons
s e r p l u s i e u rs j o urs ou p l u s i eurs déclaré éteint, là ou une racine ressort issus de ces dépôts d'ordures et des
semaines avant que le feu, activé par à la surface du sol ou dans la litière. décharges, et transportées par le vent
un temps sec et par le vent, ne sorte de ou par des ascendances thermiques.
ce "nid" pour se propager dans le com­ Sur le dépôt, le feu peut provenir de
Mises à feu spontanées
b u s ti b l e e n v i r o n n a n t ( P y n e et a l , matériaux qui ont été déposés alors
1 996). Le feu peut éclore spontanément qu'ils étaient déjà en combustion lente
dans u n tas de bois, de feu i l l e s , de invisible. L'incendie du 1 er août 1 989
Des étincelles ou des brandons peu­
branches, de papiers, ou de chiffons, à à Rognes (Bouches-du-Rhône) en est
vent tomber au creux d'un vieil arbre
la s ui te de la fermentation des élé­ un exemple : un matelas prend feu à
dans u n combustible relativement
ments du tas. La température au coeur partir d'une braise ; le matelas est arro­
humide qui se consume lentement, le
du tas augmente progressivement jus­ sé et le feu semble éteint ; le matelas
feu "n'explosant" que lorsqu'il atteint,
qu'à atteindre celle de l'inflammation. est ensuite j eté sur une décharge ; le
après un certain délai, un combustible
Ce phénomène a conduit, autrefois, à feu reprend et le vent projette des étin­
plus sec (bois mort, herbes ou feuilles
proscrire la mise en tas des rémanents celles dans la garrigue proche ; résul­
sèches). Ce phénomène a été signalé
des coupes . Bien qu'il soit connu et tat, plus de 2000 ha détruits. Un cas
en France au cours d'incendies : l'in­
documenté pour les tas de foi n , de similaire serait à l'origine de l'incendie
cendie est passé et i l semble éteint,
copeaux de bois, de papier, ou de chif­ du 25 j ui llet 1 99 7 à Septèmes-les­
mais i l repart à partir du creux d'un
fons, il a été controversé en Amérique Vallons, décrit en introduction.
arbre qui semblait avoir été épargné
du Nord, en c e q u i c on c erne l e s
par les flammes. Le plus souvent sans doute, c'est la
déchets en forêt, j usqu'à u n e période
Les braises, les brandons et les étin­ fermentation des détritus qui génère
récente où il a été effectivement obser­
celles tombés sur la l itière, et, éven­ l'éclosion du feu et sa propagation par
vé, et des recherches ont immédiate­
tuellement, tassés sous la semelle pour saut hors de la décharge.
ment été entreprises sur ce sujet.
les éteindre, peuvent se consumer len­ La s u p p re s s i o n d e s d é p ô t s n o n
Il est à n oter que ce phénomène,
tement dans un combustible relative­ contrôlés est indispensable. Les autres
assez rare, a été nié en France dans les
m e n t h u m i de et c ompact ; le fe u dépôts doivent non seulement être
années cinquante et que cette cause
"couve" jusqu'à ce que le combustible contrôlés mais encore surveillés, bien
d'éclosion n'est plus prise en compte
voisin atteigne une température telle qu'on ne puisse escompter une s ur­
dans les statistiques. Il n'est pas éton­
que le feu "explose" soudain, puis se veillance étroite 24 heures sur 24 ; ils
nant que des forestiers aient pu contes­
propage dans la végétation voisine. doivent être entourés d'une zone de
ter le fait que leurs pratiques puissent
On a souvent observé des éclosions protection incombustible, ou peu com­
être à l'origine d'éclosions de feux, pas
en début de semaine (lundi ou mardi) bustible, et d'un réseau de pistes qui
plus que de constater que "Electricité
dont l'origine est liée à des braises ou permette d'atteindre rapidement les
de France" (EDF) ait contesté l'éviden­
des mégots mal éteints qui ont été éclosions lointaines qui s'avèrent être
ce que les lignes électriques peuvent
déposés sur les lieux le samedi ou le inévitables compte tenu de nos impru­
créer des incendies de forêts (Feintuch
dimanche, et qui ont "couvé" dans la dences.
et Lenci, 1 974).
l i t i ère pendant de l on g u e s h e u r e s La loi du 1 3 j uillet 1 992 vise à l a
La fermentation d'un tas de déchets
(Delabraze, communication person­ suppression, a u 1 er juillet 2002, d e l a
demande certaines conditions particu­
nelle). mise en dépôt d e tout c e qui n'est pas
lières, avec une humidité relative du
Bien que ces phénomènes soient dif­ totalement inerte (en fai t des seuls
"fond" du tas qui génère la fermenta­
ficiles à observer, il n'y a aucun doute "déchets ultimes" au sens de l a défini­
tion, et u n e sécheresse relativ e du
qu'ils existent ; on peut espérer que les tion départeme ntale ) . L'application
sommet du tas pour permettre l'éclo­
équipes formées spécialement à cet stricte de cette loi permettrait de sup­
sion du feu , conditions assez c om­
effet (Peixoto da Eira et Natario, 1 995, primer totalement le risque d'incendie
munes en forêt : humidité relative du
Rivalin, 1 996) puissent fournir, dans de forêts issu des dépôts d'ordures.
sol et de la litière, sécheresse du som­
l ' avenir, des indications précises sur met du tas exposé au rayo n nement
toutes les causes de feu , notamment s o l aire e t au v e n t . C e p h é n omène Probabilités de mise à
sur l 'e x i stence de ces phénomènes pourrait expliquer les éclosions de feu feu, d'éclosion et de pro­
dans notre pays, et sur leur fréquence. dans des zones reculées où 'les autres
causes de mise à feu sont très peu pro­ pagation ;
A ce type d'éclosion retardée se rat­
tachent certaines reprises de feu. Le bables.
EPS, MOSAR
feu c o u v e très l o ngtemps dans l e s
souches d e certaines herbacées dont La grande variabilité des conditions
Les dépôts d'ordures
l e s b u l b e s ou l e s r a c i n e s form e n t atmosphériques induit une grande varia­
d'épais coussins. O n a observé que l e Il existe, dans les 1 5 départements bilité des mises à feu et des éclosions,
feu s e propage lentement dans l e sys­ de l'Entente interdépartementale (sud­ car elles infl uent sur la présence du
tème racinaire des arbres et arbustes, e s t du pay s ) , p l u s i eurs m i l l iers de public dans l'espace naturel (loisirs, tra­
notamment lorsqu'ils sont détruits par dépôts d'ordure, pour l a plupart non vaux agricoles et forestiers), et sur l'in­
imprégnation de nitrate de potasse sui- contrôlés, et souvent " i llégaux " . De flammabilité et la combustibilité de la

47
ment sec ; il doit apporter au combus­
tible une quantité de chaleur suffisante
pour l'inflammation, ou bien le com­
bustible doit avoir été préchauffé d'une
façon ou d'une autre ; l'état du com­
bustible et son arrangement spatial
doivent pouvoir faciliter la propaga­
tion du feu.
L'éclosion s'étant produite, elle peut
être combattue i mmédiatement par
l'auteur de la mise à feu, et, si le feu
est éteint immédiatement, il est peu
probable qu'il soit déclaré et recensé
dans les statistiques.

Propagation du feu
Après l'éclosion, le feu peut se pro­
pager dans l'espace naturel si le com­
b u s t i b l e e s t s u ffi s a m m e n t s e c e t
Photo 4 : Feu Assas 1 991 continu.
Photo DDSIS Hérault
Le feu peut encore être éteint par
l'auteur de l'imprudence dans les pre­
végétation. Une éclosion n'est suivie de organ i sée systémique d'analyse de mières minutes de sa propagation ; ou
propagation du feu que si le combus­ risques) est enseignée notamment à b i e n , la v égétation n'est pas assez
tible est suffisamment sec et continu. l'Université de Bordeaux. combustible ou continue, et le feu s'ar­
Pour un nombre quotidien de mises L'application de méthodes similaires rête de lui-même, notamment sur les
à feu donné, qui peut être très grand, le au cas des incendies de forêts permet­ bords des routes c o n v e n ab l e m e n t
nombre des éclosions dépend beau­ trait, sans doute, d'encore améliorer entretenus, o ù s e produisent les mises
coup de l'état du combustible, plus ou l'efficacité des infrastructures DFCI et à feu provoquées par les véhicules et
moins sec, plus ou moins chaud. Il est celle des interventions de lutte. leurs occupants (Alexandrian, 1 995).
- "normal" de n'observer aucune éclo­ Le feu ne sera recensé que s'il se pro­
sion un jour froid et humide. Comme page peu ou prou et s'il est constaté
il est "normal" de constater un "grand 4. De la sur place par les forestiers ou les pom­
n o mbre " de fe u x l e s j o urs d ' é t é piers.
chauds, secs, e t ventés, qui suivent une mise à feu On peut penser que les populations
longue période de sécheresse, sans rurales habituées à utiliser le feu à des
avoir à faire appel au " p yromane à la fins agricoles (brûlage des résidus de
inconnu", ni aux commandos d'incen­ récolte sur le sol) ou pastorales (éco­
diaires. propagation buage) savent contrôler, maîtriser, et
Du fait que les probabilités d'éclo­ éteindre la plupart des feux qu'elles
sion et de propagation sont très faibles et au portent dans l'espace naturel, volontai­
(même en période sensible), l'analyse rement ou par imprudence.
de ce risque relève des techniques recensement A u c o n traire, l e s p o p u l a t i o n s
développées dans l'industrie pour l'es­ urbaines q u i parcourent l e s espaces
timation des risques de très faible pro­
babilité qui peuvent avoir des consé­
des incendies naturels pour leurs loisirs, ne savent
pas contrôler, maîtriser et éteindre ces
quences dramatiques. feux.
Eclosion du feu
La méthode d'étude probabiliste de Cela expliquerait la disparité obser- -
sûreté, dite méthode EPS, est utilisée Le nombre de mises à feu est certai­ vée aujourd'hui dans les statistiques
d a n s l ' i n d u s tr i e é l ec tr o n u c 1 é a i r e , nement considérable, et, heureuse­ entre le nord et le sud du bassin médi­
notamment par EDF et le CEA. Elle ment, elles débouchent très rarement terranéen occidental ; avec plusieurs
permet de confronter les divers acteurs sur des éclosions du feu. Si certaines dizaines de milliers d'incendies annuels
intervenant dans le système, de mettre sources de mise à feu sont controver­ recensés dans les pays du nord, où l'es­
en relief certains aspects méconnus, sées, c'est que la probabilité de l'éclo­ pace naturel a une forte vocation de
d'apporter un éclairage sur certaines sion est extrêmement faible car l'éclo­ loisirs (par exemple 2800 par an dans
actions clés, d'orienter des décisions sion suppose un concours de circons­ les 4,6 millions ha "forestiers" du sud­
de conception et de maintenance, de tances assez exceptionnel : l ' obj e t e s t de l a Fra n c e ) ; e t s e u l e me n t
détecter les points sensibles (Magne, incandescent susceptible d e mettre l e quelques centaines d'incendies recen­
1 996). feu d o i t p o u v o i r entrer en c o ntact sés au Maroc (250 par an sur 6,3 mil­
La méthode M O S A R ( m é th o de étroit avec un combustible suffisam- l io n s ha au cours des 20 dernières

48
années) où l'espace naturel reçoit peu Dans les premières minutes, la puis­ très rapide de secours en quantité suffi­
de citadins, et a encore une forte densi­ sance du feu reste très faible et il est sante sur le lieu de l'éclosion lorsqu'elle
té de population rurale dont la pression facile de le maîtriser et de l'éteindre. se produit dans une végétation dense,
sur la forêt réduit le volume du com­ Dès que le feu atteint un régime stable, ou quand le feu peut atteindre rapide­
bustible par le pâturage et le ramassage sa maîtrise dépend de sa puissance P ment une telle végétation. Il en découle
du bois mort et de la litière. (exprimée en kW par mètre de front), que la stratégie d'intervention doit tenir
qui est une fonction de sa vitesse de compte de la nature de la végétation
propagation, R (en mètres par secon­ dans la zone concernée, et prévoir des
Incendies enregistrés
de), et de la quantité de biomasse brû­ renforts dès la première alerte lors­
dans les statistiques lée, w (en kg par m2) : qu'une éclosion est signalée dans une
Finalement, sont enregistrés au titre P = 1 8700 R w (Alexander, 1 982, zone où le combustible est dense, ce
des incendies annuels déclarés, ceux qui induit un risque élevé de grand
Valette, 1 988)
qui ont pri s une certaine extension, incendie si les conditions météorolo­
Un incendie se propageant à 0,5 mis giques s'y prêtent.
nécessitant l'intervention des pompiers
( l ,8 km/h) et brûlant 1 kg/m2 de com­
ou des sapeurs forestiers, et quelques Du fait de la grande quantité d'éner­
bustible développe une puissance de
feux de très faible surface qui ont pu gie dégagée par un incendie de forêt,
9350 kW/m, et 1 00 m de front de feu
être constatés dès leur éclosion par les les feu x dans l'espace naturel sont
développent la puissance thermique
pompiers ou les forestiers. accompagnés de phénomènes très dan­
d'une centrale nucléaire (1 gigawatt).
Sans même tenir compte des erreurs gereux : proj ection d'étincelles et de
On a estimé la puissance de certains
et d e s o u b l i s s i g n a l é s par l ' l A R E brandons, bouffées brûlantes d'air et de
incendies en Amérique du Nord et en
( 1 994), i l est très difficile d'évaluer le fumées toxiques, rayonnement ther­
Australie à plus de 1 00000 kW/m, et
n o m bre des é c l o s i o n s , e n Fran ce mique, explosions de gaz i ssus de la
10 mètres de front développent alors la
comme ailleurs ; il paraît probable que pyrolyse des végétaux, explosions de
pui ssance thermique d'une centrale
le nombre de feux recensés est une poussières, phénomènes météorolo­
nucléaire. L'énergie totale développée
sous-estimation plus ou moins éloi­ giques extrêmes.
par un incendie de plusieurs centaines
gnée du nombre d'éclosions selon les d'hectares en plusieurs heures repré­
pays, la distribution des populations et sente celle d'une bombe thermon u­ Phénomènes thermiques
les moyens de surveillance. La surface cléaire.
totale parcourue par les i nc e n d i e s et explosifs
S'il est facile de maîtriser les incen­
semble être une évaluation d u phéno­ Les pompiers et les personnes situées
d i e s de p u i s s a n c e i n fé r i e u re à
mène beaucoup plus précise que leur à proximité du front du feu, notamment
2000 kW/m, ceux de 4000 kW/m com­
nombre, car les feux non con statés sous le vent, sont exposés à divers phé­
mencent à poser problème et la tête du
touchent, chacun, de très petites sur­ nomènes thermiques et e x p l o s i fs
fe u ne p e u t être maît r i s e r s a n s l e
faces. (Trabaud, 1 9 8 9 , Pyne et a l , 1 9 96,
concours de moyens aériens (Agence
Le nombre des éclosions de feux, MTDA, 1 996). Les incendies de puis­ Chevrou, 1 998).
potentiellement dangereuses ou non, sance supérieure à 1 0000 kW/m ne La température des gaz et des fumées
est sans aucun doute très supérieur au peuvent être attaqués que sur les flancs d'un i ncendie de forêt peut dépasser
nombre des incendies enregistrés, qui, ; la tête du feu n'est maîtrisable qu'en 1 000°C, voir 1 500°C ; les explosions
lui, est de l'ordre de 2800 par an, en réduisant sa puissance par la création des gaz issus de la pyrolyse des végé­
moyenne, dans les 15 départements du de barrières chimiques en avant du taux, et les explosions de poussières,
sud-est. front (moussants et retardants mélan­ peuvent porter l'aérosol qu'ils consti­
gés à l'eau des largages), ou en atten­ tuent, à une température de 1 500 à

5. L 'incendie dant que l'incendie atteigne une zone à


végétation moins dense, ou des condi­
2000°C ; tous ces phénomènes peuvent
entraîner des brûlures pul monaires

de forêt est un tions météorologiques plus favorables


(baisse de la température, par exemple
létales, voire une mort instantanée. 14
pompiers ont été tués lors de l'incendie
avec la tombée de la nuit, pluie ou
phénomène humidité).
du 2 jui llet 1 994 près de Glenwood
Springs, Colorado, Etats-Unis, par une
explosion de ce type (Putnam, 1 995). 4
très dangereux Les feux d'hiver, lorsque la litière et
le sol sont relativement humides, et la pompiers ont été tués par un tel phéno­
température de l'air assez basse, ont mène dans l'incendie du 2 1 juin 1 990 à
Puissance du feu une faible puissance et sont, le plus Cabas son (Var).
souvent, faciles à maîtriser. Les feux La toxicité des gaz peut être élevée :
Après l'éclosion et l'apparition des
d'été, après une longue péri ode de monoxyde de carbone, dioxyde de car­
flammes, le feu se propage d'abord
sécheresse, lorsque l'air est très chaud bone, gaz issus de la pyrolyse des végé­
lentement pendant quelques minutes
et très sec, et lorsque le vent est très taux, etc. De nombreux pompiers sont
ou quelques dizaines de minutes ; puis
fort, sont pratiquement impossibles à intoxiqués chaque année, certains cas
il atteint un régime relativement stable
maîtriser lorsqu'ils ont atteint leur puis­ conduisant à l'hospitalisation des vic­
selon la nature et la réparti tion du
sance maximale. times.
combustible végétal, l'état de l'atmo­
sphère, la température, et le vent. On voit ici l'importance d'une arrivée Le rayonnement thermique reçu des

49
flammes d'un front de feu puissant est s'opposer à un tel phénomène, et il est ment le front du feu lui-même, front
de l'ordre de plusieurs watts par centi­ heureux qu'il soit assez rare dans notre qui se propage alors très rapidement.
mètre carré à une distance de 20 à 30 pays, où la densité des formations
L e s radi a t i o n s t h erm i q u e s et l a
mètres, c ' e s t à dire 1 0 à 50 foi s l a végétales est moindre qu'en Amérique
convection chauffent et assèchent les
v a l e u r du rayonnement s o l aire au du Nord. Il n'est pas exclus que l a
végétaux situés devant le front du feu,
Sahara en été en plein midi, et égal ou moindre fréquence des i ncendies de
ce qui facilite l'inflammation du com­
supérieur au rayonnement thermique forêts et le développement excessif de
bustible lorsque les étincelles y tom­
d'un grille-pain ou d'un grille-viande. la v égétati o n ne créent dans notre
bent.
n peut enflammer des objets à distance pays, à l'avenir, des conditions favo­
(foin, bois, papier, etc.). Toute person­ rables à des incendies très puissants L ' i n c e n d i e du 2 2 a o û t 1 9 9 0 à
ne exposée à un tel rayonnement sans a c c o m p a g n é s d ' a s c endances ther­ Montagnac dans le Gard, qui a parcou­
vêtements de protection se trouve miques très dynamiques et de sauts de ru 1 900 ha environ, a commencé par
"comme une dinde dans une rôtissoi­ feu très longs. un petit feu facile à maîtriser pour
re" . Le rayonnement thermique a tué l'unité de pompiers arrivée sur les lieux
de nombreuses personnes dans l e s peu après l'alerte. Malheureusement,
i n c e n d i e s du 1 6 fé v r i e r 1 9 8 3 e n Les sauts courts deux cyprès se sont enflammés en pro­
Australie (Krusel e t Petris, 1 993), dits pulsant une multitude d'étincelles qui
Le front du feu est formé par l'em­
"feux du Mercredi des Cendres ", qui ont porté le feu au loin (c'est l'effet
brasement des éléments végétaux fins
ont fait 75 morts au total. "chalumeau" des végétaux à port fasti­
(feuilles, aiguilles, brindilles), qui peu­
gié). Les renforts ont tardé à venir car
Les règles app l i quées aux Etats­ vent être emportés par le vent. La
un autre incendie menaçait la ville de
Unis considèrent le rayonnement ther­ combustion de ces éléments fins dure
Nîmes.
mique comme dangereux et pouvant quelques 20 à 30 secondes (Drouet,
entraîner des blessures graves, voire la 1 988) ; si un tel objet est emporté par L'arrosage du front du feu réduit le
mort, malgré le port de vêtements de le vent, il n'est dangereux que s'il est rayonnement thermique et le nombre
protection, jusqu'à une distance égale bien enflammé, sinon il est éteint par des étincelles en humidifiant le com­
au m o i n s à 4 fo i s la h au te u r des le souffle, et pas trop brûlé, sinon il bustible, l'air et les fumées ; l'arrosage
flammes (Butler, 1 997b, qui préconise s'éteindra avant de transmettre le feu "dans le vert" à l'avant du front réduit
de multiplier cette distance par 4 par une fois retombé au sol ; la durée de la fréquence des éclosions dues aux
sécurité) ; la largeur d'un pare-feu doit temps dangereuse est de l'ordre de 1 5 étincelles, et refroidit le combustible
être égale à 1 ,5 foi s la hauteur des secondes ; porté par un vent fort de 20 exposé aux radiations thermiques des
flammes pour que les radiations ther­ mis (72 kmlh), la distance dangereuse flammes. Une règle empirique utilisée
miques ne transmettent pas le feu de est alors de 300 mètres. par les pompiers consiste à arroser 1 /3
part et d'autre de la coupure de com­ dans le brûlé, 2/3 dans le vert.
Les sauts courts sont de l'ordre de
bustible (Pyne et al, 1 996). quelques dizaines à quelques centaines Les houppiers d'arbres épars ou en
La h a u t e u r des fl a m m e s , H e n de mètres, et ils sont provoqués par les alignement dans une coupure de com­
mètres, serait liée à l a puissance du étincelles formées dans le front du feu. bustible peuvent arrêter les étincelles
feu, P en KWlm, par la formule : Ces étincelles sont nombreuses, par­ portées par le vent et renforcer l'effica­
P 300 H 2 (Trabaud, 1 989).
=
fois tellement nombreuses qu'elles for- cité de la coupure (Delabraze, 1 990).

A un feu de puissance 1 0000 KWlm


c o rre s p o n drait u n e h a u t e u r des
fl ammes d'environ 6 mètres et une dis­
tance dangereuse de 25 à 1 00 mètres.

Les sauts de feu : aucun


obstacle ne peut arrêter
tous les feux
On a constaté, en France, des sauts
de fe u de p l u s i e u r s c e n t a i n e s de
mètres, voire de plus d'un kilomètre,
parfois au dessus de lacs que l'on pré­
sumait infranchissables : l'incendie du
22-09- 1 990 à Saint-Cassien a sauté un
bras du l ac l arge de 800 m. Il a été
signalé, en Amérique du Nord et en
Australie, des sauts de feu de plusieurs
kilomètres (Pyne et al, 1 996), la valeur
e x trême c i tée é t a n t de 24 k m
(Strazzulla, 1 99 1 ).
Photo 5 : Août 1 989
n est clair qu'aucun obstacle ne peut Photo DDSIS Hérault

50
Les sauts longs et notamment l e s i nc e n d i e s du 1 6 m a s s e de c o m b u s t i b l e ( C h a b o u d ,
février 1 983 en Australie où un front 1 9 9 3 , P y n e et a l , 1 99 6 , Trab a u d ,
Les sauts longs sont provoqués par froid a fait c hanger la direction du 1 989). Une tornade d e feu, éventuelle­
des brandons soulevés par les ascen­ vent de 90° entraînant la mort de nom­ ment amorcée par un contre-feu, est
dances thermiques j u s q u ' à p l u s de breuses personnes. impossible à maîtriser et elle peut por­
5000 m d'altitude (Pyne et al, 1 996). ter le feu au loin par transport de bran­
L'ensoleillement produit, près de la
Le n o mbre de brando n s d a n s u n e dons.
mer et en montagne, une alternance du
colonne d e convection est très grand
vent qui passe d'une direction à la Pour toutes les opérati ons sur les
(Trabaud, 1 989). L'incendie, aidé par­
direction inverse, le phénomène pou­ feux et les incendies, il faut associer à
fois par le relief local, crée de puis­
vant être assez rapide lorsque la mon­ l'équipe de direction de la lutte u n
santes colonnes de convection et des
tagne est proche de la mer. météorologiste compétent qui sera
tornades, susceptibles de soulever des
Le re lief induit des phénomènes chargé de suivre l'évolution des condi­
arbustes entiers, de grosses branches,
locaux bien connus, avec l'accélération tions météorologiques en vue d'avertir
des tro n c s d ' arbres ( M c R a e and
du vent sur les pentes montantes, et les pompiers des risques à venir. De
Flannigan, 1 990).
l'effet de venturi provoqué par un col, tels accidents seront i nadm i s s i bles
Les gros brandons en combustion puisque la plupart d'entre eux pour­
une cluse, ou tout obstacle de cette
peuvent rester longtemps enflammés ; raient être évités.
forme, qui accélère considérablement
soulevés par la colonne de convection
le vent. Une tranchée dans la végéta­ Déjà un météorologiste est affecté
à plusieurs centaines de mètres de hau­
tion (pare-feu, ligne électrique) peut au Centre interrégional de coordina­
teur, et poussés par le vent, ils retom­
accélérer un incendie lorsque le vent tion opérationnelle de la sécurité civile
bent au loin lorsque la force ascen­
s o u ffle dans s o n axe ou dans u n e (CIRCOSC) à Valabre, Bouches-du­
sionnelle de la colonne de convection
direction voisine (Delabraze, 1 990). Rhône, pendant l ' é té pour estimer
devient insuffisante pour les porter ;
chaque jour le risque "météo" (Drouet
ils peuvent alors enflammer les com­ Tous ces phénomènes étant b i e n
et Sol, 1 990, Sol, 1 990) ; mais il ne
bustibles parmi lesquels ils tombent. connus, o n peut "prévoir" à l'avance
peut s u i v re l 'é v o l u tion de tous les
l e s c o n d i t i o n s de l utte c orre spon­
L'extinction des éclosions dues aux incendies apparus un même jour dans
dantes, mais divers autres phénomènes
sauts longs suppose que les pompiers 1 5 départements (parfo i s plu sieurs
interviennent qui peuvent augmenter
soient en alerte sur les lieux, ou qu'ils centaines), ni des feux d'hiver. Il faut
les risques.
puissent atteindre rapidement le site de donc s'organiser pour qu'un météoro­
ces éclosions. Si la coupure est formée L'incendie induit des vents particu­ l o g i s t e p u i s s e être affe c t é , q u an d
par des terrains nus, des terres agri­ liers, le plus souvent un appel d'air à nécessaire, à chaque Service départe­
coles, ou de tout autre terrain à végéta­ l'avant du front de flammes ; dans ce mental d'incendie et de secours.
tion rase, des p i stes doivent y être cas, un vent opposé au déplacement du
construites pour permettre un accès feu est engendré et, éventuellement,
rapide d'un côté à l'autre. Si la coupure utilisé pour créer un contre-feu, qui est
est formée par un fleuve ou un lac, il "tiré" ou "aspiré" par le front principal ; 6. Implantation
est prudent de surveiller l'autre rive et ce contre-feu brûle le combustible, si
s o i t trai ter l e s é c l o s i o n s par v o i e bien que le feu principal s'arrête par d'infrastruc­
aérienne, s o i t y p lacer d e s équipes absence de combustible lorsque l'opéra­
prêtes à les éteindre. tion s'est bien déroulée. tures de lutte ;
Mais l'incendie principal peut aussi
Phénomènes accélérer le vent, c'est-à-dire faire le normalisation
contraire de ce qui est décrit ci-dessus ;
météorologiques ce phénomène est dû à une descente
d'air froid à l'intérieur de la masse d'air
Infrastructures
Les mouvements des masses d'air
provoquent des changements brutaux chaud ascendante de l'incendie (Pyne Les pistes, les pare-feu, les coupures
de la force et de la direction du vent et al, 1 996) comme cela se produit vert e s , l e s c ou p u r e s straté g i q u e s ,
(passage d'une dépression, d'un front dans les nuages d'orage ; dans un pareil implantés s u r le terrai n, notamment
froid, notamment un front froid sec cas, le contre-feu devient alors extrê­ pour soutenir les personnels chargés
sans p l u i e - Trabaud 1 9 8 9 ) et des mement dangereux car il accélère l'in­ de la lutte contre les incendies, doivent
variations de la température et de l'hu­ cendie principal et il peut mettre les être conçus en fonctiQn du type de feu
midité de l'air (Chaboud, 1 993). pompiers en danger. Ce phénomène se le plus puissant susceptible de se pro­
Lors de l'incendie du 3 1 juillet 1 985 produirait surtout lorsque la puissance duire dans la zone.
dans le massif du Tanneron (Var), un du feu est très grande. C'est pourquoi Le réseau des pistes DFCI doit per­
changement de la direction du vent, les contre-feux ne doivent être utilisés mettre un accès rapide et protégé,
probablement dû au passage d'un front que dans des circonstances favorables aussi bien qu'un réapprovisionnement
froid, a tué 5 pompiers ; ils n'en étaient très difficiles à déterminer. rapi de, ce qui rend souvent i nadé­
pas conscients ; brusquement, le flanc De terribles ascendances thermiques quates les pistes très longues sur les­
du feu où ils se trouvaient est devenu et des trombes (tornades locales) sont quelles les engins se déplacent lente­
la tête du feu où ils ont péri. Plusieurs engendrées par l'énorme énergie déga­ ment, pour atteindre un espace végétal
cas sont décrits par Pyne et al ( 1 996), gée par la combustion d'une grande où l ' i ncendie est s u sceptible de se

51
déplacer rapidement. Des méthodes geur suffisante (50 m, 1 00 m, voire vient, la lutte en sera plus difficile, les
existent pour déterminer un réseau 200 m ou plus) autour des habitations dégâts plus importants, mais il faut se
efficace de desserte forestière (Dean, situées sous les " verts ombrages", afin rappeler qu'on ne peut pas rendre le
1 997), et on peut s'en inspirer pour de permettre aux pompiers de les pro­ risque nul, ni se protéger contre les
planifier le réseau de pistes DFCI. téger sans s'exposer à un rayonnement c atastrop h e s n at u r e l l e s ex trêmes
On devrait c o n s i dérer le type de thermique excessif, aux bouffées brû­ (éruption volcanique, séisme, crue,
feu pour lequel une coupure a été lantes d'air et de fumées, aux explo­ incendie de forêt, etc.).
conçue, car un simple pare-feu étroit sions des gaz et des poussières ; Plusieurs visites sur le terrain, dans
qui arrêtera un feu courant d'hiver - débroussaillage et entretien régu­ des c o n d i t i o n s météoro l o g i q u e s
dans un tapis d'herbe plus ou moins lier d'une bande de largeur suffisante variées, e t une réflexion approfondie
h u m i d e , sera i ne ffi c ac e l ors d ' u n le long des routes, des autoroutes, des sur les phénomènes physiques prévi­
incendie d'été dans des herbes sèches pistes, et des voies ferrées traversant sibles, doivent conduire à l'adoption
(nombreuses étincelles poussées par des espaces n ature l s combustibles des infrastructures les plus appropriées
le vent et atteignant, de l ' autre coté (Alexandrian, 1 995, Cochelin, 1 994) ; à la nature du risque local. Le choix de
du pare-fe u , u n c o m b u s t i b l e t r è s "formules standards" est à proscrire en
- entretien permanent, pour assurer
inflammable) . général, car elles conduisent à l'adop­
que l'infrastructure aura l'effet souhai­
Tenir compte du type de feu suscep­ tion de solutions trop onéreuses pour
té sur les incendies pour lesquels elle a
tible de se produire dans la zone étu­ un niveau de risque local faible, ou
été conçue ;
diée à une époque donnée, de· sa puis­ techniquement insuffisantes pour un
- la structure d'une grande coupure niveau de risque élevé.
sance et des phénomènes annexes dan­
stratégique doit être conçue en tenant
gereux, conduit à donner à une piste
compte des conditions de son entretien
ou une coupure des caractéristiques Normalisation
qui peut être plus ou moins facile et
particulières, et par exemple pour des des infrastructures
plus ou moins onéreux, donc effectué
incendies d'été de puissance moyenne
plus ou moins régulièrement, et de
ou forte : La normalisation mise en oeuvre en
l'efficacité relative qui en découl e
- débroussaillage pour rédui re l a 1 9 97 par l a D i rection de l' Espace
(Cochelin, 1 992).
biomasse combustible e t réduire l a Rural et de la Forêt, la Direction de la
puissance d u feu, les radiations ther­ Il ne s'agit pas seulement d'inventer Sécurité Civile, et la Délégation à la
miques, et la température des fumées de nouvelles techniques de prévention Protect i o n de la Forêt
et des gaz, du coté de la piste, du pare­ et de lutte, mais surtout d'utiliser d'une M édi terranéenne, a montré que de
feu, de la coupure, situé au vent, c'est­ faç o n adéqu ate c e l l e s q u e n o u s nombreuses pistes DFCI n'ont pas les
à-dire du coté d'où l'incendie viendra, connaissons (cf. l e "Guide technique qualités requi ses pour obtenir u n e
afin que les pompiers puissent y circu­ du forestier méditerranéen français" bonne efficacité (largeur trop faible,
ler, s'y tenir, et y lutter contre le front du CEMAGREF), en fonction de l'im­ protection latérale absente ou insuffi­
d'un feu de puissance faible ou modé­ portance du risque reconnu. On se s ante) . Les pi stes existantes seront
rée ; posera la question de s avoir si l'on progressivement mises aux normes, et
e n v i s age une protecti o n contre les ce peut être l'occasion d'abandonner
- débroussai l l age du coté sous le
feux d'hiver, ou contre les incendies celles qui ne seraient pas jugées effi­
vent, pour que les pompiers puissent
d'été, ou encore une protection contre caces pour les remplacer par d'autres
facilement attei n dre et éteindre les
l'incendie décennal, l'incendie "tren­ qui le seront.
éclosions produites par les étincelles
tennal" , ou contre tout incendie raison­
venant du front de feu et emportées Certaines pistes peuvent être desti­
nablement prévisible, selon un proces­
par le vent ; n é e s à ne se ren dre sur le l i e u de
sus comparable à ceux utilisés lors de
l 'éclosion qu'en cas de feu de faible
- création de pare-feu doubles ou l 'étude des risques d'une autre nature
puissance, lorsque le risque "météo"
triples formées de bandes alternées, les (crues et inondations, éboulements et
est faible ; elles ne doivent pas être
unes à sol nu pour arrêter les feux de glissements de terrain, séismes, etc.),
empruntées lorsque le risque est élevé
surface, les autres arborées pour arrê­ et on énoncera le choix retenu, notam­
car les personnels y seraient trop expo­
ter les étincelles et les brandons ; deux ment à travers le code de normalisa­
sés. Si une zone peut être affectée par
pare-feu de 25 m de large séparés par tion.
des incendies rapides et puissants, il
une haie d'arbres sont plus efficaces et
Enoncer le choix retenu est impor­ faut pouvoir y accéder très rapide­
plus esthétiques qu'un seul pare-feu de
tant car il n ' e s t p a s p o s s i b l e de ment, ce qui exclut les pistes longues
largeur 50 m (Delabraze, 1 990) ;
construire immédiatement un réseau où les engins se déplacent lentement.
- établissement dans la coupure d'un d'infrastructures susceptibles d'arrêter, Il a été montré que, lorsque les condi­
réseau de pistes permettant de circuler partout, tous les incendies puissants. tions météorologiques sont extrême­
facilement d'un coté à l'autre, pour que Comme p o u r l e s autres types de ment défavorables, il faudrait que les
l e s pompiers p u i ssent atteindre et risques (crues, séismes, etc.), il faut se premiers secours arrivent sur le site de
éteindre les éclosions produites par les donner une limite supérieure de l'oc­ l'éclosion en moins de 2 minutes pour
brandons portés au loin par les ascen­ currence des phénomènes et implanter e s p é rer maîtri ser le feu ( A g e n c e
dances thermiques créées par l'incen­ les infrastructures de prévention et de MTDA, 1 992). Certaines pistes DFCI
die ; l utte q u i l u i c orre spondent. S i u n devront donc être transformées e n
- débroussaillage d'une bande de lar- incendie de puissance imprévue sur- " voies rapides " , d'autres complétées

52
faible puissance dans une végétation
basse. On peut supprimer le combus­
t i b l e en l e b r û l a n t s e l o n d i v e r s e s
méthodes (Pyne e t a l , 1 996) ; ce feu
tactique doit s'appuyer sur un pare-feu
existant ou créé sur place, et il doit
être étroitement surveillé ; un engin, le
"Dragon " , permet de construire deux
pare-feu parallèles à l'aide de socs, et
de brûler la végétation entre eux, tout
en disposant d'une réserve d'eau pour
éteindre les étincelles.
Souffler les flammes consiste à frap­
per les flammes et le combustible à
l ' ai de d ' o u t i l s (battes à feu , b a l a i s
métalliques, branchages verts, outil s
spéciaux pour cet usage). L a frappe du
combustible entraîne une dilution des
gaz de pyrolyse et la disparition de la
flamme qui réapparaît aussitôt si les
Photo 6 : Vendemian 1 993
Photo DDSIS Hérault braises sont assez chaudes ; la frappe
doit continuer j usqu'à ce que les
bra i s e s d e v i e n n e n t a s s e z fro i d e s ;
ou remplacées par un réseau de pistes néanmoins, p l u s tard, le v e n t peut
c ou r t e s rattac h é e s a u x routes 7. Extinction réactiver une braise, les flammes se
publiques. reformer, et le feu reprendre sa pro­
Les pare-feu et les coupures n'en­ des incendies gression. Les outils de frappe sont uti­
l i sées en France en c omplément de
de forêts
trent pas vraiment dans le cadre de
cette normalisation, alors qu'ils for­ l 'arros age des flammes, ou l orsque
ment le réseau susceptible d'arrêter ou l 'eau ne peut pas être employée. Ils
de maîtriser les incendies qui échap­ sont très effi c ac e s sur les feu x de
pent à la premi ère i ntervention. Il Méthodes d 'extinction au faible pui ssance se déplaçant lente­
i m p orte q u e c e s i n frastru c t u r e s , ment dans une végétation rase.
sol
notamment celles q u i visent à l a maî­ Empêcher l ' arri vée de l 'oxygène
trise des grands incendies lorsque les La maîtrise, le contrôle et l'extinc­ consiste à recouvrir le combustible de
conditions météorologiques sont défa­ tion d'un incendie de forêt peut se faire terre, de sable, ou de produits spéciaux
vorables, fassent l'objet d'une normali­ en supprimant le combustible, ou en (mousse, partic u l e s ) . La projection
sation accompagnée des règles écrites soufflant les flammes, ou en empê­ d'eau pulvérisée à l'aide d'un brumi­
sur la façon dont elles doivent être uti­ chant l'alimentation des flammes en seur, ou de gaz inerte, forme un aéro­
lisées par les moyens de lutte. oxygène, ou en refroidissant le com­ sol où la proportio n d'oxygène e s t
Lors d'un incendie de forte puissan­ bustible pour amener sa température moindre que dans l'air ambiant ; cette
ce, aucune coupure de combustible ne en dessous de la température d'inflam­ méthode est particulièrement efficace
peut l'arrêter sans l ' intervention des mation et de combustion. dans un local fermé où l'on peut ainsi
moyens de lutte ; il faut connaître, par Supprimer le combustible consiste à étouffer le feu ; elle l'est moins à l'ex­
avance, si l ' amén agement de cette enlever les végétaux et la l i tière en térieur, car, souvent, on ne peut pas
i n frastructure permet l ' ac c è s de avant de l'incendie sur une bande dont approcher les flammes d'assez près et
moyens de lutte, aussi bien les aéro­ l a l argeur dépend du type de feu à le vent disperse facilement l'aérosol.
nefs que les engins et les hommes au arrêter ; une règle empirique utilisée Réduire la température du combus­
sol, en quantité suffisante, et s'ils peu­ aux Etats-Unis est de nettoyer jusqu'au tible consiste à envoyer de l'eau, plus
vent être ravitaillés convenablement ; sol minéral une bande de largeur au ou moins pulvérisée, dont l'évapora­
il faut définir par avance les tactiques moins égale à 1 ,5 fois la hauteur des tion absorbe de grandes quantités de
permettant de maîtriser l'incendie sur flammes (Pyne et al, 1 996) ; l'incendie chaleur, ce qui réduit la température
la coupure, car il n'est pire situation s'arrête par absence de combustible, de l'aérosol, de l'air, des flammes et du
que de décider dans l'urgence et sous s'il ne saute pas. Cette méthode, cou­ combustible. Les quantités d'eau
le s tr e s s ; et i l fau t s a v o i r si l e s r amm e n t u t i l i sé e part o u t d a n s l e nécessaires à l a maîtrise, a u contrôle et
hommes pourront être évacués sans monde, l'est aussi e n France, le plus à l 'extinction d'un incendie de forêt
risque. s o u v e n t à l ' a i d e d ' e ng i n s , p o u r sont considérables de l'ordre de plu­
construire des lignes d'arrêt d u feu lors s i e urs l itres d'eau, v o i re p l u s i eurs
des brûlages dirigés et dans quelques dizaines, par mètre de front du feu
incendies "sauvages". Elle est particu­ (Drouet, 1 996) ; pour un incendie de
l i èrement e ffi cace sur l e s feu x de puissance 1 0000 kW/m, il faut, théori-

53
par les spécialistes que sont les offi­
ciers des pompiers. Tous les feux sont
attaqués vigoureusement dès l'alerte ;
si un grand incendie est en cours de
développement, des moyens aériens
sont détournés vers le petit feu de
façon à ce qu'il ne se produise pas plu­
sieurs grands incendies simu l tané­
ment, cas difficile à traiter.
Néanmoins, les phénomènes rares
sont mal évalués dans certaines zones,
justement parce qu'ils sont rares, et une
formation continue est indispensable
pour attirer sur eux l'attention des per­
sonnels. Cette formation doit être fon­
dée sur des cas réels vécus dans le sud­
est ou dans des régions similaires.
C'est pourquoi il est indispensable
que les incendies soient systématique­
Photo 7 : Vendémian 1 993 ment analysés (retour d'expérience) et
Photo DDSIS Hérault les résultats publiés comme cela se fait
ailleurs, et comme cela est réclamé
depu i s l o ngtemps ( S e i gu e , 1 99 0 ) .
quement, projeter sur le front du feu produit m o u s sant ou retardant, en L'incendie d u 2 j ui l let 1 994 près de
30 litres d'eau par mètre de front en 30 a v a n t du fro n t de fla m m e s , par Glenwood Springs, Colorado, Etats­
secondes - 1 /3 dans le brûlé, 2/3 dans exemple l e l o n g d'une cou pure de Unis, a fait l'objet d'une multitude d'ar­
le vert - pour arrêter sa progression, combustible accessible aux engins des t i c l e s , n o t a m m e n t dans l a r e v u e
beaucoup plus en pratique pour tenir pompiers ; c e l a crée u n e b arrière Wildfire dont n o u s citons quelques­
compte des pertes diverses dans l'utili­ humide ; l'incendie y perd de sa puis­ uns : description de l'incendie, de sa
sation des l ances d'incendie et d'un sance et les hommes au sol peuvent progression, de la lutte, et extraits des
coefficient de sécurité ; et, au total, l'arrêter plus facilement. De nombreux rapports d'enquête (Wildfire 1 994,
des dizaines de mètres cubes dès que spécialistes préconisent cette méthode. 1 995) ; analyse de la végétation, des
l'incendie prend quelque extension. La barrière humide peut être continue tactiques de lutte, de l'organi sation,
L ' addition à l 'eau de produits chi­ ou en chevrons, cette dernière tech­ des causes des décès (Putnam, 1 995,
miques (moussants ou retardants) aug­ nique (dite de percolation) v isant à Weick, 1 995) ; propositions pour amé­
mente l 'effi c aci té de l 'arrosage. La ralentir la progression de l'incendie, et liorer la tactique et la protection : sur­
facil ité d'accès sur le territoire rend à découper le front en petites pointes v e i l l ance de l ' incendie, s u i v i de l a
cette méthode pratique en France, où isolées plus faciles à maîtriser. lutte, équipement d e protection e t de
l'on peut envoyer un grand nombre Selon des officiers de pompiers expé­ survie (B utler, 1 997a, Roth, 1 997) ;
d'engins dès qu'un feu est détecté. rimentés, une tactique combinant de lettres de lecteurs ; etc. Il ne s'agit pas
telles barrières humides et des moyens d'un cas isolé. Pourquoi ne pas faire de
Largage d'eau par avion au sol s'appuyant sur une coupure de même en France ? On peut analyser
combustible bien équipée et large d'une les incendies sérieusement en utilisant
L' arrosage à partir des aéronefs cinquantaine de mètres, peut arrêter la la méthode "REAGIR" mise en oeuvre
lourds projette une grande masse d'eau p lupart des fronts de feux que nous pour les accidents de la route, ou celle
et crée un effet de souffle p l u s ou connaissons, les sauts de feu étant trai­ qui l'est pour les accidents d'avion.
moins opportun. Sur un petit feu qui tés en complément. Il faut cependant
vient d'éclore, ou sur un feu de faible remarquer que la mise en oeuvre de
puissance dans une végétation basse, cette tactique demande un certain délai Peut-on et doit-on
le souffle peut éteindre le front de pour la mise en place des moyens, donc tout protéger ?
flamme, et i l est adéquat de projeter l'abandon aux flammes d'une surface
l 'eau selon la règle c itée c i-dessus, qui sera d'autant plus petite que la déci­ Une protection totale ne pourra pas
1/3 dans le brûlé, 2/3 dans le vert, ou sion sera plus rapidement prise et exé­ être assurée avant longtemps, si elle
1 /2 et 1 /2. Néanmoins, si la cible est cutée, et que les coupures stratégiques l 'est j amais ; les i ncendies naturels,
ratée et que l'eau tombe dans le brûlé, seront plus nombreuses. aussi bien que d 'autres qui le sont
le souffle peut projeter des étincelles moins, sont des acteurs dans l'évolu­
et des brandons en avant du feu. tion de l'écosystème ; peut-on et doit­
Stratégie, tactique, retour
on tout protéger ?
Sur un incendie de grande puissan­
d 'expérience
ce, il semblerait que la méthode d'em­ La question est posée, et une répon­
ploi des aéronefs la plus appropriée Les stratégies et les tactiques de se de fait l u i est donnée, lorsqu'un
soit de projeter l'eau, additionnée de lutte sont définies et mises en oeuvre incendie de forêt menace simultanément

54
un espace naturel et un espace urbain ; se trouve dans les archives du passé maîtriser le feu avant qu'il ne prenne
les secours se portent en priorité sur les qui montrent quand, comment et où se des proport i o n s trop i mportantes :
habitations pour protéger la population s o n t prod u i t e s l e s c at a s tr o p h e s . analyse stratégique de l'espace ;
et les biens ; l'espace naturel n'est proté­ Néanmoins, selon le proverbe, "l'expé­ - infrastructures destinées à ralentir
gé que dans la mesure où la quantité de rience est une lan terne acc rochée l ' incendie et à réduire sa puis sance
moyens disponibles le permet. On peut dans le dos qui éclaire le chemin par­ pour le rendre maîtrisable s'il a échap­
aussi noter que la densité des coupures couru", et "nous voyons le passé mais pé à la première intervention : analyse
de combustible stratégiques traduit pas l'avenir". dynamique de l 'espace ;
l 'étendue des e s paces naturels qui
L'espace naturel é volue, grignoté - aménagements destinés à la protec­
seront, le cas échéant, abandonnés aux
qu'il est par l'urbanisation, grignotant tion des personnes et des biens contre
flammes : à une faible densité de ces
lui-même l'espace agricole. Ses pro­ les incendies les plus puissants : ana­
infrastructures correspond une forte pro­
duits, de faible valeur, s'y accumulent lyse de la puissance du feu.
babilité d'énormes dégâts.
sous forme de végétaux v i vants et
Le zonage de l'espace en fonction du Ces méthodes permettent d'analy­
morts, tous trè s combustibl e s . Les
niveau de risque permet de localiser des ser l'ensemble d'un territoire à l'aide
z o n e s où se s o n t d é v e l o p p é s de
espaces qui seront protégés et d'autres de critères s i m i l ai r e s s i n o n i d e n ­
grands i ncendies ont été aménagées
qui ne le seront pas, sauf à interdire à tiques , c e qui permet des choix
p o u r en ré d u i re l ' o c c urre n c e .
l'incendie de franchir leur frontière en y obj ectifs . S i elles n e s e substituent
L'expérience d u passé (le chemin par­
créant des infrastructures ad hoc. pas à l 'analyse des experts, elles peu­
couru) n 'é c l aire que fai b l e ment l a
vent faciliter leur travail en leur per­
situation nouvelle (le chemin à par­
m e t t a n t de p o rt e r l ' e ffort s u r l e s
courir), et elle ne suffit pas à détermi­
zones les plus dangereuses.
8. Analyse de ner les zones à risque.
I l faut pre n dre en c o mp t e l e s
Il faut donc analyser l'état actuel de
l' espace pour l 'espace pour déterminer un zonage
conditions cl imatiques et météorolo­
giques extrêmes présumées qui exis­
des niveaux de risque actuels ; éven­
teront lors de la propagation de l'in­
le choix des tuellement, si l'on peut "prévoir" l'état
futur, on peut faire un zonage des
cendie. En pratique, deux paramètres
sont à considérer : la vitesse de pro­
infrastructures risques à venir.
pagation de l'incendie, telle qu'elle
Les méthodes et les outils de l'analy­ peut être c a l c u l é e ( D rouet et S o l ,
de DFCI se de l'espace permettent de choisir le 1 990, Sol, 1 990), o u estimée par les
type d'infrastructures à implanter dans pompiers ou les forestiers locaux ; la
une zone, en tenant compte du type de b i o masse c o m b u s t i b l e formée des
Analyse d e l'espace
feu à maîtriser et des autres objectifs é l é m e n t s fi n s q u i brûlent d a n s le
de prévention et de lutte : fro n t du fe u ( l i t i è r e , b r i n d i l l e s ,
Une première source d'information
feuilles, aiguilles) : diverses sources
sur le risque lié aux incendies de forêts - rapidité d'accès sur la zone pour
de données sont disponibles (cf. par
exemple Trabaud, 1 989).
Les méthodes décrites ci­
dessous, et qui ont déj à été
u t i l i s é e s ( C h e v ro u , 1 9 9 6 ,
1 998), nécessitent, pour une
mise en oeuvre aisée, un sys­
tème d'information géogra­
p h i q ue ( S I G ) , n o t a m m e n t
lorsque l'analyse e s t répétée
pour s i mu l e r l e s effets de
n o u v e l l e s i n frastru c tu r e s
DFCI.
Certaines Directions dépar­
tementales de l'agriculture et
de la forêt (DDAF) et cer­
tains services départementaux
d ' i n c e n d i e et de s e c o u r s
(SDIS) s e sont dotés d e SIG
et de données qui permet­

œ : risque fort
traient de mettre en oeuvre
: risque très faible
: risque faible : risque très fort c e t t e a n al y s e , c o m m e par
: risque moyen o : Centre de secours exemple ceux des départe­
ments des Alpes-Maritimes
Fig 1 : Analyse stratégique de l'espace (Pop pi et Duché, 1 997), de

55
l'Aude (Gueneret et Nicolas, 1 992), combine c e s divers paramètres pour deux indices sont calculés pour chacun
d e s B ou c h e s - d u - R h ô n e ( V i t a l b o , cartographier le niveau de risque. d e s p o i n t s du terri t o i re en t e n an t
1 997), d u Gard, d e Haute Corse, etc. L e s i n frastru ctures à i m p l an ter compte de l a probabilité d'éclosion, de
Ils les utilisent pour des études locales, ' l a propag a t i o n o b se r v é e , et de l a
dépendent du niveau et de la nature du
ou pour gérer les i nterventions des risque. Cette analyse permet aussi de v a l e u r d e s b i e n s atte i n t s : r i s q u e
secours, mais pas encore de façon sys­ tester les choix de l'implantation des induit, qui est affecté a u point d'éclo­
tématique pour déterminer les niveaux détachements d'intervention préventifs s ion et qui estime les dégâts totaux
de risque de chaque point du territoire placés en des points stratégiques les induits par cet incendie ; et risque
en vue de la prévention des incendies jours à risque météorologique élevé ; subi, qui est affecté à un bien donné et
de forêts. elle permet d'établir les programmes et qui estime la probabilité des dégâts
les itinéraires optimaux des équipes de q u ' i l p e u t s u b i r ( A g e n c e MTD A ,
surveillance. 1 996).
Analyse stratégique
Cette analyse vise à l'implantation
de l 'espace d'infrastructures DFCI efficaces pour
Analyse dynamique le contrôle des éclosions et des incen­
Il s'agit de déterminer, en tout point
du territoire où un feu peut éclore, si de l'espace dies potentiellement dangereux qui
les premiers secours pourront maîtriser auraient échappé à la première inter­
Cette a n a l y s e v i s e à e sti m e r l e vention ; elle devrait permettre de
et éteindre le feu. Ils le pourront s'ils
risque lorsque l e feu a échappé à la comparer l'efficacité des divers amé­
arrivent assez tôt, ou si le feu se pro­
première intervention. L'incendie se nagements destinés à "casser" la pro­
page lentement, et si les conditions de
propage et on calcule les dégâts qu'il gression de l'incendie avec ou sans des
lutte sur la zone ne sont pas trop diffi­
peut faire avant d'être maîtrisé. moyens de lutte : segmentation de l'es­
ciles.
Elle consiste à localiser les biens les pace c o m b u s t i b l e par des trouées
Sur chaque point du territoire, sont plus exposés aux incendies de forêts linéaires ou des trouées "en parquets" ,
pris en compte : la probabilité d'éclo­ (en probab i l i té , en fréquence, et en biodiversité (essences et structures),
sion du feu ; le temps d'accès du centre valeur), en fonction de la probabilité infrastructures de lutte, etc.
de secours voisin, ou du détachement d'éclosion du feu, de la combustibilité
d'intervention préventif le plus proche ; de la végétation, et de la nature des
la vitesse présumée de progression du biens à protéger : un départ de feu est A nalyse de l a puissance
feu ; la difficulté de l utte (nature et simulé sur chacun des points du terri­
pente du terrain, type de végétation) ;
du feu
toire (en pratique sur les noeuds d'une
éventuellement, le délai de détection maille de dimensions ad hoc) ; puis sa L'incendie n'ayant pas été maîtrisé
du feu. propagation est calculée et visualisée assez tôt, il arrive sur un site contenant
O n calcule ensuite u n indice q u i pendant une certaine durée ; enfin des personnes et des biens, et le risque
dépend alors de ses effets
liés à la puissance du feu.
On calcule, en tout point
du territoire (en pratique au
voisinage des biens à proté­
ger et e n quelques zones
particulières), la puissance
du feu à partir de sa vitesse
de pro gre s s i o n ( t e n a n t
compte d e la topographie),
et de l a biomasse combus­
t i b l e ( A g e n c e MTD A ,
".:J ..
1 996) .
.. .. .. .. ..

.
.
.. .. .. .. .. ..
.

, y
"". .
. .. . . .. .. .. .. ..

Cette méthode permet de


.. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. ..

localiser l e s biens ou l e s
.. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. ..
.. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. ..
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.. ..
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personnes exposés à u n
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..
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risque, notamment dans l e
.
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.. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. . . . . . . . . . . .

cadre d'un plan d'occupation

E:::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::
.. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. ..

des sols (POS ) . Les infra­


.. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. structures à implanter visent
. .
.. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. . . . . . . . .

à rédui re la p u i s s ance du
. . . . . . . . . . . . . . . . . .
.

feu : bande débroussaillée


Valeur du risq ue subi par u n site

� risq ue faible � : risq ue très faible


: risque moyen
de largeur fixée en fonction

� BHE de la puissance du front du


:

: risq ue fort : risq ue très fort


feu ; éclaircie des forma­
tions végétales ; aménage­
Fig 2 : Risque subi par un site ment de pare-feu, de cou-

56
Fig 3 : Modèle feu ; propagation du front du feu en présence d'obstacles

pures linéaires ou en parquet ; système re nts n i v e a u x de risque c o n d u i t à "moyenne" d u feu éclos e n u n point
d'arrosage spécial. l'aménagement de l'espace, pour ne donné, soit l'enveloppe "maximum"
pas créer de nouveaux risques là où il des incendies qui peuvent éclore en ce
n'y en a pas, et les réduire ailleurs. point (Chevrou, 1 996), ou encore la
S imulation de nouvelles Di verses incitations (fi nancières ou puissance du feu en chaque point.
infrastructures réglementaires) permettront de favori­ Les modèles existants (CARDIN en
ser ici, et de ne pas favoriser là ou Espagne, FARS ITE aux Etats-Uni s,
Ces méthodes permettent de simuler
d'interdire, certaines formes ou activi­ GEOFEU e n Fra n c e , S PA R K S e n
les infrastructures que l'on envisage
tés de l'agriculture, de la forêt, de l'in­ Suisse, modèle feu d u SDIS 1 3), utili­
d'implanter, et de calculer, par avance,
du strie, des loisirs , de l 'urbanisme, s a b l e s s u r ord i n at e u r , s e m b l e n t
leur efficacité relative ; de comparer
etc., selon les risques existants et leurs répondre assez bien à ces pri ncipes,
plusieurs possibilités présumées équi­
natures. quoiqu'ils puissent être améliorés. Le
v a lentes sur le p l a n tec h n i q u e o u
financier ; o u encore les effets, sur le SDIS 13 des Bouches-du-Rhône utili­
se un modèle feu qui fournit, dans les
risque lié aux incendies, de l'évolution Les modèles feu
prévisible de la végétation ou de l'ur­ secondes qui suivent l'alerte et pour
Ces analyses de l'espace utili sent, les heures suivantes, la progression
banisation dans une zone donnée.
explicitement ou implicitement, un présu mée de l'incendie de 1 5 en 1 5
Ces simulations multiples ne peu­ "modèle feu", c'est-à-dire un outil plus minutes (Drouet, 1 995). Le S DIS de
vent se faire sans l'aide d'un SIG, car ou moins élaboré qui permet de simu­ l'Aude localise la pointe de tête du feu
elles impliquent des calculs répétitifs ler, de façon plus ou moins précise, la à l ' arri vée esti mée des secours ; il
considérables quoique rel ati vement propagation du feu dans l'espace com­ s'agit d ' u n m o d è l e extrêmement
simples. bustible. simple, réduit à un vecteur. Dans ces
Le modèle feu doit représenter, pour deux cas, les secours peuvent être
des conditions extrêmes de l'état du envoyés sur la tête du feu, là où le
Aménagement de l'espace
combustible et des conditions météo­ danger est le plus grand (anticipation),
La localisation des zones de diffé- ro l o g i q u e s , s o i t la propagat i o n et non sur le point d'éclosion d'où les

57
pompiers verront le feu s'enfuir. Le
modèle du SDIS 1 3 permet, en princi­
pe, de calculer les moyens à envoyer
sur l'incendie en fonction du temps
d'accès, de l 'é v o l u t i o n de la l u tte,
d'éventuels changements météorolo­
giques, etc.
Ces divers modèles peuvent être uti­
lisés pour la formation des pompiers
(Terrai, 1 996).
Il serait opportun de les utiliser pour
l'information du public. Il est apparu,
lors de démonstra t i o n s effectuées
devant divers publics, que même des
modèles feu très simples sont de natu­
re à mettre en relief le risque lié aux
incendies de forêts, en fonction de la
répartition spatiale de la végétation,
actuelle ou future (telle qu'elle peut
être imaginée).
Photo 8 : Août 1 990
Photo DDSIS Hérault

9. La
"Il ne peut y avoir efficacité que si pas la malveillance mais l'imprudence
prévention et lutte sont associées et de tout un chacun qui est à l'origine de
que s 'il existe une coordination des la majorité des sinistres. Les moyens
population et différents acteurs : pompiers, adminis­ déployés pour faire passer l'informa­
trations, forestiers, élus, populations... tion auprès du public sont considé­
les incendies Les moyens existent pour limiter le rables pourtant les résultats escomptés
ne sont pas atteints.
de forêts :
risque d'incendie... , pourtant la situa­
tion n 'évolue pas . . . Un élément de "Les gens veulent habiter dans des
réponse se trouve dans le fait que la
attitude et
milieux naturels tout en étant en sécu­
prise de conscience du risque n 'est pas rité, ils doivent comprendre que cette
� encore rée lle d 'un coté comme de sécurité a un prix et suppose un cer­
reponses l'autre... tain nombre de contraintes.
"Les habitants des zones boisées ... "En même temps, on constate que
Une étude a s s e z c ompl ète a été restent, le plus souvent, inconscients de cette non p rise en conscience est
menée à l'initiative de l'Association la fragilité du milieu qui les entoure, directement liée au degré d'implica­
Forêt Médi terrané e n n e , et p ub l i ée ils n 'ont a ucune notion des risques tion des instances décisionnaires. Il y
dans le numéro XV-2 d'avril 1 994 de qu 'ils courent et qu 'ils font courir à la a corrélation indéniable entre habi­
sa revue, sous la forme d'une série forêt. Ceux qui en ont conscience res­ tants et élus : si il n 'y a pas de volonté
d'articles et de commentaires (Arnaud tent cependant généralement persua­ de prise en compte des uns, il ne peut
et ail, 1 994), d'où sont extraits les dés qu 'il n 'y aura jamais le feu chez y en avoir des autres et inversement.
paragraphes suivants. eux. Même lorsque l'on démontre, don­
"Divers exemples (locaux) mettent à
"Nous sommes dans une société qui nées à l 'appui, aux propriétaires la
jour l'existence d'une volonté politique
oublie les risques de façon générale. réalité du danger, ils continuent à ne
de prévention, de lutte et de contrôle
Pourtant, le risque (incendie de forêts) pas vouloir en tenir compte et respec­
de l 'urbanisation, volonté qui passe
peut être évalué. ter un minimum de règles de sécurité,
par une meilleure définition du risque
" On trouve de véritables quartiers ceci certainement parce que jusqu 'à
avant tout. L 'information, la sensibili­
totalement sous-équipés en matière de maintenant la menace que représentent
sation des populations, de
prévention et de lutte (circulation et les incendies de fo rêt sur les vies
l'Administration et des élus sont une
accès difficiles, manque de voies de humaines reste faible voire inexistante.
des premières clés du problème mais
communication, réseau d'eau insuffi­ "Ils se sentent en sécurité car le feu ne peuvent avoir d'effets si les enjeux
sant). n 'arrive qu 'aux autres et l'expérience et les priorités liés à l'habitat en forêt
"Il semble urgent de revenir à des leur montre qu 'en cas de sinistre les ne sont pas définis au préalable. Le
normes de construction obligatoires, biens sont toujours protégés et rares risque doit être identifié et quantifié
ce que prévoient les PZSIF (plan de sont les hab itations subissant des pour être crédible, il faut établir des
zone sensible aux incendies de forêts), dommages irréparables. statistiques d'incendies, dénombrer les
tels que volets pleins sur toutes les "Devant ces constats, il appara ît habitations en danger, faire des simu­
ouvertures, pas de revêtements exté­ nécessaire de sensibiliser les popula­ lations de feu pour qu 'élus et popula­
rieurs inflammables, murs épais, toits tions et ceci passe en premier lieu par tions réalisent les risques. Il existe ici
protégés. . . un réajustement du discours : ce n 'est un énorme effort de recensement puis

58
de diffusion d'information àfaire. Il
p e m e n t s c atastrop h i q u e s (grands en eau pour l'éteindre, il interviendra
B re f, on ne pourrait e spérer une incendies), et de réhabiliter les espaces dans ce but tout en alertant les secours
diminution des i mprudences et u ne incendiés. au sol q u i , de toute façon, doivent
augmentation des mesures de précau­ En pratique, la structure du système intervenir pour empêcher les reprises
tion par les campagnes de sensibilisa­ atteint rapidement ses limites lorsque de feu.
tion et d'information traditionnelles. les conditions météorologiques sont Lorsque le risque "météo" est élevé
Le discours devrait être complètement très défavorables et que de nombreux et que le feu éclôt dans ou près d'une
modifié. feux éclosent un peu partout. Il fau­ végétation dense et sèche, il s'agit d'un
Il faut "dire le risque" ("l'Etat identi­ drait 200 foi s plus de moyens pour grand incendie en puissance qui mérite
fie, dit et affiche le risque dans sa réa­ maîtriser tous les feux dès leur éclo­ une mobili sation immédiate de tous
lité objective" , Cochelin, 1 994) ; cela sion (Agence MTDA, 1 992), ce qui est les moyens (équipes locales, renforts
consi ste à le cartographier, comme impossible à réaliser. proches et éloignés, avions) que l 'on
cela a été fait pour les avalanches et De même, on ne peut augmenter renverra si l'incendie est maîtrisé avant
les séismes. Il faut ensuite informer le beaucoup les moyens aéri ens, déjà leur arri v é e . Par c on tre, lorsque l e
public, non seulement en diffusant la nombre u x , c ar la c i r c u l a t i o n d ' u n risque "météo" est faible e t que l e feu
carte du risque, mais aussi en montrant grand nombre d'aéronefs dans u n péri­ éclôt dans une végétation rase et clai­
que le risque existe, par l'utilisation de mètre restreint ne pourrait être organi­ re, il n'est pas utile de mobil iser de
modèles feu dans des exposés publics sé avec sécurité sans le concours d'un suite trop de moyens de lutte, bien
(réunions dans les communes, médias, A w a c s ( c e ntre de c on tr ô l e aéri e n qu'il soit prudent d'envoyer immédia­
c a s s e t t e s v i d é o , e tc . ) , et par d e s mobile), ce q u i fait entrer dans une tement plus de moyens que nécessaire
exemples récents d e grands incendies spirale financière infernale. s'ils sont disponibles.
documentés et commentés publique­ Néanmoins, le système actuel peut
ment. être améli oré pour lui permettre de Zonage selon la nature et
Pour faire comprendre les risques maîtri ser un p l u s grand nombre de
fe u x n a i s s a n t s et p o u r rédu i re le
le niveau de risque
des incendies de forêts, il ne faut pas
cacher leurs conséquences : les dégâts, nombre des grands incendies. Tout le territoire peut être analysé
les blessés, les morts, dans le public et Il faut bien constater que tous les en vue de déterminer des zones de
chez les pompiers. Il faut donc analy­ incendies de forêts finissent tôt ou tard même niveau et de même nature de
ser les incendies, et publier les catas­ par s'arrêter ou par être arrêtés (par les risque. On utilisera, pour ce faire, les
trophes qui serviron t à i l l us trer les p o m p i e r s , la mer, ou la p l u i e ) . méthodes d'analyse de l 'espace
conséquences des imprudences de la L'objectif à s e fixer est donc de conte­ décrites p l u s h a u t et déj à m i s e s en
population, tant pour les mises à feu nir tous les incendies avant qu'ils ne oeuvre, avec les améliorations utiles.
que pour les protections individuelles deviennent grands et catastrophiques, Et les zones à risque élevé feront l'ob­
actuellement insuffisantes. et, ultérieurement, afin qu'aucun ne jet d'analyses plus approfondies des
dépasse le stade du petit feu. experts.

Si les incendies les plus puissants ne On peut envisager une classification


10. sont pas maîtrisables temporairement de forme générale suivante qui tient
compte de la nature de la végétation,
dans certaines circonstances excep­
Amélioration tionnelles, les grands incendies ne sont
pas toujours des incendies puissants et
des i nfrastru c tures e x i stante s , d e s
biens exposés, e t des moyens d e lutte.

de la les incendies puissants ne le sont, en


g é n éral , q u e p e n d a n t de c ou r t e s
Cette classification sera faite à petite
échelle et ne s'appliquera donc ni à

prévention et p é r i o d e s ; b e a u c o u p d ' entre e u x


auraient p u n'être que des petits feux
celle des PPR, ni à celle des pas .
- L e s zones à risque faible où tout
de la lutte ou des incendies moyens si la préven­
tion et les infrastructures DFCI avaient
feu est facilement et rapidement maî­
trisable ; le feu sera éventuellement
été convenablement conçues, implan­ laissé libre de se propager jusqu'à des
tées, entretenues, et utilisées par les limites fixées à l'avance sur lesquelles
Approche théorique : pre­ moyens de lutte. il peut être aisément arrêté. Ici, on pré­
m i è re fra p p e r a p i d e et Il faut construire une théorie raison­ parera et on entretiendra les limites sur
nable qui s'inspire, autant que faire se lesquelles l'incendie doit impérative­
forte
peut, de la théorie actuelle de frappe ment être arrêté : pare-feu, coupures,
La théorie actuellement en vigueur rapide et forte, sans outrance ni i nsuf­ pistes d'accès, points d'eau, etc.
est décrite dans le "Guide de stratégie fisance. - Les zones à risque moyen ou fort.
générale " de l a D i r e c t i o n de l a Toute éclosion constatée doit être Tout départ de feu sera combattu avec
Sécurité Civile. immédiatement contrôlée, c'est à dire des moyens appropriés au type de
Ses obj ectifs sont d'empêcher les que des secours sont envoyés sur les végétation et aux conditions météoro­
mises à feu (prévention), de maîtriser lieux pour maîtriser la progression du logiques. Sur certaines de ces zones,
les éclosions au stade initial (frappe feu. Si le feu est constaté par un avion où de nombreux biens ou personnes
rapide et forte), de limiter les dévelop- de surveillance qui dispose de moyens s o n t part i c u l ièrement e x p o s é s , o n

59
enverra, dès l'alerte, tous les moyens coupures de combustible conçues pour rapprocher des sites des éclosions pro­
de lutte disponibles à proximité, et les que les pompiers puissent y maîtriser bables.
renforts seront mobilisés dès l'alerte, l'incendie, ce qui suppose de pouvoir y I l e s t p o s s i b l e d'amé l i o rer c e s
ainsi que les moyens aériens ; une cel­ circuler de part en part, d'y trouver des méthodes e n utilisant u n S I G dispo­
lule d'aide au commandant au feu sera points d'eau et des systèmes d'arrosa­ sant des logiciels développés pour des
formée pour être prête à fonctionner ge, d'y exclure les obstacles de toutes besoins similaires (desserte forestière,
si, par hasard, l'incendie parcourt une n atures ( l i g n e s él ectri q u e s , pentes distribution et livraison du courrier, de
surface limite fixée par avance pour la fortes, falai ses, karst, etc .) qui gêne­ colis, de matériels, d'alimentation, sur­
zone ; cette cellule comprendra des raient la lutte. v e i l l ance par la police, etc . ) , et en
experts de diverses origines, notam­ Les spécialistes conseillent de créer tenant compte des probabilités de mise
ment un pompi er, un fore stier, u n des réseaux de coupures parallèles à la à feu et d'éclosion liées aux routes, aux
météorologiste, etc. direction principale (déduite de l'ob­ habitations, aux sites de loisir, etc.
- Les zones intermédiaires à risque servation) de propagation de l'incen­ L e s i t i n é raires de s u rve i l l an c e
fai b l e en période de fai b l e risque die, pour le cloisonner latéralement. conduiraient à parcourir les points les
" mé t é o " , mais à risque m o y e n en Des coupures larges et bien équipées p l u s dangereux à des i n terv a l l e s
période de haut risque "météo" . Sur doivent être implantées dans la direc­ courts, les autres à des intervalles plus
certaines d'entre elles, et selon le degré tion perpendiculaire en vue de l'y arrê­ longs. C'est, peut-être, pour la sur­
de risque "météo", l'incendie sera faci­ ter par des moyens au sol ou avec l'ai­ veillance qu'il serait possible d'aug­
le à maîtriser ou il sera laissé libre de de des aéronefs. menter n otablement les moyens en
se propager j u squ'aux limites pres­ m o b i l i s an t la p o p u l at i o n via l e s
Les biens exposés seront protégés
crites. Sur d'autres, tout départ de feu Comités communaux feux d e forêts
par des coupures de combustible assez
sera combattu en envoyant un volume (Benoit de Coignac, 1 990).
l arges pour atténuer les radiations
de moyens en proportion du risque
thermiques, les fumées et gaz brûlants, Les DIP, M I R , V I I et autres GA
"météo" et des biens exposés.
et les explosions de gaz ou de pous­ seraient distribués de façon à minimi­
- Les espaces naturels où il n'est pas sières, et pour que les pompiers puis­ ser les temps d'accès sur le territoire
possible d'impl anter des i nfrastruc­ sent aisément s'y tenir et combattre en fonction des probabilités d'éclosion,
tures DFCI "cohérentes" , et celles où l'incendie. Lorsque c'est possible, et ça bien que la méthode actuelle, "pifomé­
la lutte est impossible en raison de la l'est le plus souvent, il faut prévoir en trique", puisse donner de bons résul­
nature du relief (karst, falaises, etc.), limite de zone urbanisée (ou à urbani­ tats.
d o i v e n t être c o n s i dérées c o m m e ser) un sy stème d'arrosage ou des
livrées aux éventuels grands incendies, Un SIG permet, en outre, de déter­
conduites d'eau et des bornes qui per­
mais le feu doit impérativement être miner les meil leures positions des
mettent la mise en place rapide d'un tel
maîtrisé sur leurs frontières où l'on tours de guet, d'où l'on peut voir un
système conservé dans la commune.
étab lira les c o upure s stratégiques. maximum de territoire en vue directe.
La voirie publique, notamment dans
D'autres espaces naturels peuvent être Dans tous les cas, l'expérience des
l e s l o t i s s e m e n t s " s o u s l e s verts
tra i té s de l a même façon pour des spécialistes doit venir compléter l'ana­
ombrages", doit être assez large pour
motifs "écologiques", bien que cette lyse de la machine pour choisir les
que les engins des pompiers puissent y
o p t i o n s o i t c o n t r o v e r s é e , v o i re solutions les plus efficaces.
circuler, en particulier lorsqu'une éva­
condamnée (Cochelin, 1 995).
cuation de la population s'avère simul­
tanément nécessaire. Stratégies et tactiques
Infrastructures DFCI
de lutte
Les pistes permettent d'accéder aux
Surveillance Il appart i e n t a u x serv i c e s de l a
éclosions et sur le front du feu, ainsi
qu'aux points d'eau pour le ravitaille­ et prépositionnement Sécurité Civile de définir les stratégies
ment. et les tactiques de lutte. De l'extérieur,
Les jours où le risque "météo" est
on constate qu'elles sont adaptées aux
Dans les zones à risque faible, on grand, c'est à dire ces jours où, après
prob lèmes qui se présentent et très
peut implanter des pistes étroites et une longue sécheresse, la température
efficaces.
longues puisque le feu est peu puis­ est élevée et le vent fort, ce que l'on
sant, sa progression est lente, et il sera prévoit 24 h ou 48 h à l'avance, des Néanmoins, on constate aussi qu'il
arrêté facilement par des coupures de patrouilles de surveillance sont organi­ arrive que l'adaptation et l'efficacité
combustible étroites, dont les pistes sées par les forestiers et les pompiers soient mises en cause, notamment lors
elles-mêmes. Néanmoins, il faut pou­ sur le réseau des routes et des pistes de grands i ncendi e s . On peut aussi
voir accéder rapidement aux frontières DFCI et dans les airs ; des détache­ constater que des problèmes similaires
de la zone, sur des coupures de com­ ments d'intervention préventifs (DIP), se sont présentés dans d'autres pays
bustible assez larges pour y arrêter le modules d'intervention rapides (MIR), qui ont adopté des mesures propres à
feu. véhicules isolés d'intervention (VII) et éviter ces "bavures" (Pyne et al, 1 996),
autres groupes d'attaque (GA), sont et dont on peut s'inspirer.
Dans les autres zones, le contrôle
des grands i n c e n d i e s i m p l ique u n placés en des points stratégiques, ce Nous suggérons que toute éclosion
réseau assez dense d e pistes telles que qui revient à sortir les pompiers et su sceptible de devenir un incendie
les temps d'accès soient courts, et des leurs engins de leurs casernes pour les puissant, petit, moyen ou grand peu

60
doit déboucher sur l ' e xécution des
débroussaillages jusqu'au delà de ce
qui est obligatoire ; sur la mise en
place de grilles de protection dans les
cheminées pour arrêter les brandons ;
sur la protection des immeubles contre
les radi ations thermiques, les étin­
celles et les brandons : volets igni­
fuges sur toutes les ouvertures, toitures
et rives de toit étanches, protection de
tous les matériaux combustibles en
façades, ou entreposés dans les cours
et jardins, arrosage des maisons à l'ai­
de de pompes thermiques protégées du
feu et utilisant l'eau des piscines, etc.
I l faut, a u s s i , ouvrir les c l ôtures
auj ourd'hui infranchissables tel s que
les murs, les gri l l ages, les portai l s
cadenassés, qui sont une grande gêne
pour les pompiers.
Photo 9 : Assas 1 991
Photo DDSIS Hérault
Recherche
im porte, s o i t combattu avec l ' aide qu'il est exposé à des dégâts considé­ Les travaux de recherche sont nom­
d'une "cellule de soutien" constituée rables, voire à des blessures, et même breux en France (infl ammabi lité et
dès l ' alerte. Un feu su sceptible de des pertes de vies humaines. c o m b u s t i b i l i té de l a v é gé t a ti o n ,
devenir puissant est un feu éclos dans Le nombre des éclosions ne peut modèles de progression des feux, logi­
ou près d'une végétation dense un jour être réduit à zéro ; la végétation ne ciels d'aide à la décision, etc.). Ils por­
de fort risque "météo " , tout feu qui peut être total ement supprimée ; le tent souvent sur des domaines j ugés
atteint une telle végétation un tel jour, comportement du feu est pour une " valorisants" plutôt que sur d'autres
et tout incendie qui prend une exten­ grande part imprévisible ; des erreurs qui le seraient moins tout en étant fort
sion i n acceptable que l 'on pourrait peuvent se produire au c ours de la utiles.
fixer à 50 ha. lutte effectuée dans des conditions Prenons le cas des modèles feu étu­
Cette cellule comprendrait un offi­ particul ièrement pénibles et dange­ diés par plusieurs équipes : beaucoup
cier des pompiers comme directeur, un reuses ; les pompiers doivent protéger d'entre eux sont des "copies" du modè­
forestier, et un météorologiste. Son en priorité la population et les biens ce le américain FARSITE qui est dans le
rôle n'est pas de diriger les équipes qui qui dilue souvent leur force de frappe ; domaine public, non pas qu'il ait été
interviennent sur l'incendie. Il consiste aussi, lorsque les conditions météoro­ " vo l é " , mais parce q u e les mêmes
à travailler dans le calme pour aider le logiques seront très défavorables le principes et les mêmes outils informa­
commandant au feu ; à prévoir l'évolu­ feu se développera parfois en grand t i q u e s s o n t u t i l i s é s i c i et l à ; e n
tion de l'incendie dans le temps à l'aide incendie, détruisant l'espace naturel et Espagne, le modèle BEHA V E a été
de modèles feu et de l'expérience des des immeubles, et exposant la popula­ adapté aux conditions locales, ce dont
hommes de terrain consultés dans ce tion à des blessures ou des décès. C'est on peut s'inspirer ; d'autres modèles
but, ainsi qu'en fonction de l'évolution inévitable, et il faut absolument que le c o n d u i s e n t à u t i l i s er des d o n n é e s
prévisible des. conditions météorolo­ p u b l i c en prenne c o n s c i e n c e p o u r ( c arte e t état du c o m b u s t i b l e )
giques ; à proposer des stratégies et adopter l e s règles d e protection néces­ détaillées dont o n ne disposera pas
tactiques de lutte adaptées à l'environ­ saires à titre individuel. avant longtemps. En pratique et dans
nement, aux infrastructures DFCI, et I l faut d'abord c artograp h i e r l e s l'immédiat, on a besoin de modèles feu
aux biens exposés ; à mobiliser les zones d e différents niveaux d e risque qui donnent l ' e nveloppe maximale
renforts proches et lointains (en accord et publier ces cartes. Les campagnes probable de l ' i n c e n d i e ( C h e v r o u ,
avec le CIRCOSC) ; à gérer les ravi­ d ' inform ation s'appui eront sur c e s 1 996), e t plusieurs modèles existants
taillements ; à "démobiliser" les ren­ c artes ; e l l e s seront basées sur des peuvent fournir un tel résultat, éven­
forts ; etc. documents d'archives qui montrent des tuellement après quelques modifica­
incendies rée l s dangereux et l e u rs tions et améliorations. Il faut les pro­
dégâts (photographies, films, vidéo) ; mouvoir, soutenir leur développement,
Prévention
suivra une démonstration, à l'aide d'un et inciter les services à s'en doter.
et protection individuelle modèle feu, de ce qui peut arriver dans Par a i l l e ur s , certa i n s travaux de
Si des efforts importants sont entre­ la commune ou l'ensemble des com­ recherche semblent être "farfelus" ; de
pris pour informer le public et réduire munes voisines si un grand incendie grandes découvertes découlent de tra­
le nombre des imprudences, il faut s'y développe. vaux a priori "farfelus", et "la bonne
aussi montrer et démontrer au public Concrètement, cette i n formation science est toujours sur la frontière

61
entre lafolie et la raison" (Witkowski, d'estimation et de localisation des zones combustible ; le comportement du feu
1 997) ; ce n'est pas aux fonctionnaires à risques. Il faut classer les infrastruc­ est parfois imprévisible avec des phé­
d'administration de décider ce qui est tures DFCI susceptibles d'arrêter diffé­ n o m è n e s e x t rê m e s q u i le r e n d e n t
sérieux et ce qui est farfelu car cela rents types de feu, déterminer leurs incontrôlable ; l e s pompiers, qu i tra­
c o n d u i t à s c l ér o s e r la r e c h e r c h e caractéristiques, rédiger et diffuser les vaillent dans des conditions très dan­
( Lazar, 1 9 9 7 , L a w r e n c e et L e c k e , tactiques de lutte à y mettre en oeuvre. gereuses, peuvent être débordés. Il y
1 997). Il faut aussi rechercher de nouvelles aura toujours quelques grands incen­
stratégies et tactiques de lutte qui per­ dies. Mais ces conditions ne durent
Il est indispensable d'inciter, de pro­
mettent de maîtriser l e s i ncendies jamais que quelques heures, et, si les
mouvoir, et de soutenir les recherches
rapides et puissants, qui utilisent au précautions susdites sont prises, on
sur les incendies de forêts, les sources
mieux les moyens aériens, qui rédui­ peut espérer tenir la plupart des grands
de mise à feu, les éclosions, la propa­
sent le nombre des "bavures". incendies dans le cadre de ce qui est
gation, l'évaluation des risques et leur
a uj ou r d ' h u i c e l u i des i n c e n d i e s
cartographie, les infrastructures DFCI,
moyens, et, ultérieurement, celui des
les stratégies, et les tactiques de lutte.
petits feux.
Pour la connaissance des sources de Il. Conclusion
mise à feu, il ne faut pas se limiter à
celles qui ont fait l'objet d'une enquête
R.C.
On ne peut pas agir sur les condi­
formelle ayant conduit à les détermi­
tions météorologiques ; on ne peut pas
ner exactement. B eaucoup de celles
supprimer la végétation des 1 5 dépar­
" dites i nconnues" sont, en pratique,
i de nt i f i é e s a s s e z c l a i r e m e n t p o u r
tements du sud-est ; on ne peut pas Bibliographie
surveiller tout, partout ; il sera diffici­
qu'elles puissent être prises e n compte
le, et cela prendra du temps, de réduire AGENCE MTDA, 1 992, Schéma dépar­
dans le calcul des probabilités de mise
le nombre d e s i mprude n c e s de l a temental de prévention des incendies de
à feu en fonction de l'environnement
population (pour les mises à feu et la forêts, II-2, DDAF des Bouches-du-Rhône,
(présence de routes, d'habitations, de
protection i ndividuelle), autant que 99 p.
zones de loisir et de promenade, etc.).
c e l u i des i mprudences des aména­
On ne doit pas s'en tenir à une liste AGENCE MTDA, 1 996, Plan des zones
geurs, des aménagistes, et des pom­
fixée une fois pour toute, et, le cas sensibles aux incendies de forêts, com­
piers ( dépôts d'ordures " i l légaux " ,
échéant, on doit désigner une cause de munes de B astia et Ville-di-Pietrabugno,
i n frastructures mal conçues ou mal
mise à feu non prévue par le règlement entretenues, surveillance incomplète,
DDAF Haute-Corse, 32 p.
ou la liste "officielle" (il est vrai que
gestion inadéquate de l'espace naturel ALEXANDER M.E., 1 982, "Calculating
c e t te l i ste c omprend l a c at é g o r i e
ou de la forêt, tactique de lutte inadap­ and interpreting forest fire intensities " ,
" au tres cause s " , pratique mais peu
tée, protection insuffisante des per­ Cano J . Bot. 60, p 349-357.
explicite).
sonnes et des biens, etc.). En consé­ ALEXANDRIAN D., 1 99 5 ,
Il faut déterminer les conditions qui quence, le nombre des mises à feu sera "Intervention anti-incendie nécessaires sur
conduisent de la mise à feu à l'éclosion longtemps encore considérable, celui l a section c o urante des autoroute s " ,
puis à la propagation, pour estimer les des éclosions de l'ordre de 2800 par Options Méditerranéennes, Série. Al n025,
probab i lités d'incendie, ce qui sera an, et la s urface brûlée de près de p 121-131.
u tile pour la surveill ance et pour l a 30000 ha/an en moyenne.
mise en place des DIP, MIR, V I I et ARNAUD J-L., MARION S . ET BREUL
On peut "dire le risque" en le carto­
autres GA. N., 1 994, "Feux de forêt et habitat", Forêt
graphiant ; on peut mieux informer le
Méditerranéenne, XV-2, p 1 7 1 -234.
Il fau t détermi n er, pour c haque p u b l i c des r i s q u e s a u x q u e l s il e s t
grand type de végétation, les vitesses exposé ; on peut espérer qu'il devien­ BENOIT DE COIGNAC G., 1 990, "Les
maximales du feu, connaissance utile dra plus prudent, et qu'il prendra les comités communaux feux de forêt et les
pour l ' e n v o i des premiers secours mesures indispensables de précaution grands incendies", Forêt Méditerranéenne,
(volume initial et renforts à mobiliser individuelle. XII- l , p 62-65.
de suite), pour la stratégie et la tac­ On peut améliorer la protection des BENOIT DE COIGNAC G., 1 996, "la
t i q u e de l u tt e , p o u r amé l i orer l e s biens et des personn e s , en traitant prévention des grands incendies de forêt",
modèles feu. c o n v e n ab l e m e n t l ' e s p a c e p l u s ou Forêt Méditerranéenne, XVII-2, p 97- 1 06.
Il faut améliorer le risque "météo" moins "naturel" qui les entoure ; on BERNARD M., 1 997, "Prévoir les feux
pour réduire le nombre de jours où l'on peut améliorer la surveillance ; on peut de forêts", Pour la Science, n0239, p 20.
doit mobiliser tous les moyens de lutte ; améliorer les i nfrastructures de pré­
BUTLER B.W., 1 997a, "Comments on
cartographier la végétation et la bio­ vention et de lutte ; on peut améliorer
Storm King Mountain Technologies, Fire
masse ; améliorer les estimations de la les stratégies et les tactiques de lutte.
Shelter Tests", Wildfire, 6-3, p 23-24.
puissance du feu pour savoir s i l'on On peut donc réduire le nombre des
incendies moyens et grands, et leurs BUTLER B .W., 1 997b, "Safety Zones
aura à combattre des incendies puis­
dégâts. and Fire Shelters : Sorne Observations from
sants, moyens ou faibles ; améliorer les
Forest Service", WildfIre, 6-3, p 36-40.
prévisions météorologiques locales L e s c o n d i t i o n s météorol ogiques
pour avertir les pompiers d'un change­ p e u v e n t ê tre très défavorabl e s , la CHABOUD R., 1 993, La météo - ques­
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63
Rés u mé cues, camp fires, fires in gardens, in progress and intensity as weil as wind
building and industrial sites, etc. More changes, suggest appropriate strategy
Les s u rfa ces b rû lées dim inuent, surveillance is necessary to reduce the and tactics according to fire environ­
mais que se produira - t 'il lors d 'une effects of carelessness. Agricultural and ment, manage reinforcements and sup­
future année sèche, chaude et ventée ? pasture buming have to be eradicated plies, etc.
Nous proposons des moyens et des and replaced by controled fires mana­ Several methods existfor "space ana­
méthodes pour réduire le nombre des ged by appropriately trained specialists, lysis " to locate and to map areas of
grands incendies : recherche plus pré­ with meteorologists to forecast wind same risk levels computed from fire
cise des causes ; réduction de la puis­ changes. Being sources of many fires, outbreak probabilities, access facili­
sance du feu et des phénomènes dan­ rubbish dumps have to be monitored ties, firefighting conditions, combusti­
gereux associés ; prise en compte des and surrounded by fuelbreaks and by bility, fire intensity, values of goods,
phénomènes physiques p révisibles roads to access the fires easily and and fi re path estimated w ith fi re
pour la conception, l 'implantation, et rapidly. models ; mapping the risk will help to
l 'entretien des infrastructures DFCI ; Some wildland fires produce huge take mitigation measures and to inform
cartographie et affichage du risque heat intensities as large as those of people for hazard. These methods per­
pour informer et pour p rendre les nuclear plants, and they cause very mit to estimate to day risk as weil as
mesures de protection adéquates ; dangerous phenomena : radiant heat future one taking into account fore­
aménagement de l'espace ; soutien de that can be lethal to some distance ; seable changes in environment (expan­
la recherche. toxic gases and smoke ; explosion of sion ofwildland, housing, etc.).
hot gases or dust that create extremely A i l these ava ilable means a n d
hot aerosols with temperatures up to methods of prevention and firefighting
1500°C which can bum lungs to death have to be improved through research
S u m mary ; fire spotting, short (sparks carried by programs, and new ones should be
wind) or long (firebrands carried by invented, so that wildland fires be
The areas bumt by wildland fires in thermals) ; whirls. controlled earlier and the largest ones
South-East of France are decreasing
Any fuelbreak or firebreak should be eradicated.
since 1 991, but this trend is not statis­
thought, established and maintained
tically significant. For years with good
taking into account physical phenome­
climatic conditions, progress in fire
na that may occur, vegetation types,
prevention and in firefighting seem to
goods to be protected, as weil as fore­ R i assu nto
be significant as a decrease of bumt
seeable fire types. For each strategic
areas can be seen, whereas they are
fuelbreak firefighting rules to be used Le superficie bruciate diminuiscono,
increasing (not significantly) in bad
(strategy and tactics) should be writ­ ma che cosa accadera al tempo di un
years. Then, when considering a futu­
ten in advance. It should be used more anno fu turo secco e v e n toso ?
re year with bad climatic conditions,
systematically fi refighting tac tics Proponiamo mezzi e metodi per ridur­
both optimism and pessÏlnism seem to
consisting in aerial drops of water and re il numero dei grandi incendi :
be in excess.
chemicals a long a w ide fue lb reak ricerca più precisa della cause ; ridu­
Several means and methods are pro­ some distance ahead of advancing fire zione della potenza dei fuoco e dei
posed in the paper to improve efficien­ front, so that fire intensity is lessened fenomeni pericolosi associati ; presa
cy of road and firebreak networks and when reaching this wetted Une, and in conto dei fenomeni fisici prevedibili
offirefighting, to reduce the number of ground forces on this fuelbreak can per la concezione, l ' impianto e la
large wildfires. fight and control the less intense fire manutenzione delle infras trutture
Fire sources are many and various. more easily ; such a tactics would DFCI ; cartografia e affissione dei ris­
Although thefire outbreak probability is make poss ible to contain the most chio per informare e per prendere le
very smallfor a single source offire, the intense fires usually met in south-east misure di protezione adeguate ; siste­
very large number offire sources from of France. When a la rge fire may mazione dello spazio ; sostegno della
careless behaviour leads to many fires. occur, it would be efficient to set up a ricerca.
Fires may come from buming particles special staff early enough, to help the
carried away by wind and thermals, far fire commander ; this staff would work DFCI : Difesa della Foresta Contro
away from emitting sources like barbe- in the quiet and it could forecast fire l 'Incendio

forêt mélliterlilRéeRRe
64
t. XIX, n ° 7 , février 7 998

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