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De la précarité à la
vulnérabilité énergétique

De integratie van
Carrefour de de deeleconomie
in de openbare
l’Economie statistieken

Trefpunt Les PME, actrices


essentielles de

Economie la transformation
digitale de l’économie
belge et européenne

Développements conjoncturels
de l’économie

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vulnérabilité énergétique
la précarité à la

Entre se chauffer et conduire, faut-il choisir ?


De la précarité à la vulnérabilité énergétique
Bruno Kestemont, Christine Bruynoghe1

Introduction considérer qu’un ménage est en précarité


énergétique si la proportion de son bud-
mesure actuelle pour lutter contre la vul-
nérabilité énergétique est au contraire de
get consacré aux dépenses énergétiques diminuer ces prix pour une part significa-
De

Certains ménages se trouvent face à un


choix difficile : renoncer à des dépenses dépasse un certain seuil. La précarité éner- tive des ménages. C’est le rôle joué par
pour pouvoir se chauffer ou se déplacer gétique n’est généralement appréhendée le tarif social pour le gaz et l’électricité
ou, au contraire, se résigner à avoir froid que dans sa dimension du logement par (CREG 2019, SPF Economie 2020).
ou à se déplacer moins (Seujot 2012). manque de données. La particularité de

01
cette étude est d’introduire le concept Le premier chapitre de cet article introduit
Ces situations se produisent quand la part de « vulnérabilité énergétique » dans son quelques notions essentielles prélimi-
de la dépense énergétique inévitable est ensemble, y compris dans sa dimension naires nécessaires. Le deuxième chapitre
trop importante par rapport au revenu. « mobilité », ce qui est permis par l’utilisa- porte sur le taux d’effort énergétique par
tion des données de l’enquête sur le bud- décile de revenu, notion qui permet de
En 2018, 5.2% des Belges vivaient dans
get des ménages (Bonnard et al 2015). proposer un taux de vulnérabilité énergé-
des familles qui s’estimaient incapables
Cette terminologie nous permet d’éviter la tique dont les facteurs déterminants sont
de se chauffer adéquatement pour des
confusion entre les trop nombreuses défi- présentés dans le chapitre 3. Le chapitre
raisons financières (Statbel, 2019). Ce
nitions de la « précarité énergétique ».
pourcentage est corrélé au prix de l’éner-
gie et en particulier du gaz naturel (CREG, L’approche retenue permet d’évaluer la
2019). Les fluctuations des prix des car- tension qui pourrait exister entre le « droit
burants peuvent également mettre des énergétique minimal » (pour le confort et
ménages en difficulté, notamment s’ils la mobilité) et la nécessaire réduction des

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résident loin des pôles économiques. consommations énergétiques globales
dans le cadre du réchauffement clima-
Il n’existe pas de définition courte et tique. Une des mesures préconisées pour
consensuelle de la précarité énergétique lutter contre le réchauffement climatique
à ce jour (Rademaekers et al 2016). La est en effet d’augmenter les prix de l’éner-
littérature s’accorde généralement pour gie (par la taxation) alors que la principale
vulnérabilité énergétique
la précarité à la

4 analyse la consommation énergétique de la population en fonction du revenu un certain seuil. Ce seuil est pris dans la
des ménages par décile de revenu et le par UCM de leur ménage. Les ménages les littérature à deux fois la médiane de la va-
chapitre 5 présente l’évolution des prix plus pauvres se retrouvent dans les pre- riable considérée. Le seuil de vulnérabilité
énergétiques moyens pour les différentes miers déciles, à gauche sur les graphiques. énergétique est de 17.4% en 20185. La
classes de revenu. Enfin, nous détaille- vulnérabilité énergétique pour l’habita-
rons les résultats et leurs implications et Taux d’effort énergétique : Dépenses tion est atteinte quand l’effort énergé-
perspectives avant de conclure. énergétiques rapportées au revenu après tique pour l’habitation dépasse 9.7% en
coût du logement plafonné3. Il peut être 20186. La vulnérabilité énergétique pour
Définitions désagrégé en effort pour l’habitation
et pour la mobilité (Cochez et al 2015,
la mobilité est atteinte quand l’effort éner-
gétique pour la mobilité dépasse 6.5% en
De

Introduisons quelques définitions utiles ONPE 2019, Fontanes 2019), puis en- 20187. La « double peine » concerne les
à la compréhension des résultats2 : core par type d’énergie ou d’application. personnes en vulnérabilité énergétique à
la fois pour l’habitation et la mobilité.
Vulnérabilité énergétique : Un mé-

01
Unité de Consommation Modifiée
(UCM) : Chaque personne de chaque nage est en vulnérabilité énergétique En résumé, la vulnérabilité énergétique
ménage se voit attribuer un poids allant si son revenu disponible équivalent (pour l’habitation, la mobilité …) suit les
de 1 pour le premier adulte, 0.5 pour les est inférieur à la médiane nationale4 principes suivants :
autres personnes de 14 ans et plus, et 0.3 et si son taux d’effort énergétique dépasse
pour chaque enfant de moins de 14 ans.
Vulnérabilité
Cela donne une Unité de Consommation
Modifiée (UCM) qui permet de comparer 1/ Exclusion des revenus des cinq déciles supérieurs
des ménages de composition différente
entre eux et notamment de les classer (en tenant compte de la composition du ménage)
du plus pauvre au plus riche en tenant 2/ Ménages pour qui :
compte des économies d’échelle réalisées
pour plusieurs personnes habitant sous 𝐶𝐶𝐶𝐶û𝑡𝑡𝑡𝑡 𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐é𝑟𝑟é𝑠𝑠
> 2 𝑥𝑥 𝑙𝑙𝑙𝑙 𝑟𝑟𝑟𝑟𝑟𝑟𝑟𝑟𝑟𝑟 𝑚𝑚é𝑑𝑑𝑑𝑑𝑑𝑑𝑑𝑑
un même toit. Les données publiées par 𝑅𝑅𝑅𝑅𝑅𝑅𝑅𝑅𝑅𝑅𝑅𝑅 𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎è𝑠𝑠 𝑐𝑐𝑐𝑐û𝑡𝑡 𝑑𝑑𝑑𝑑 𝑙𝑙𝑙𝑙𝑙𝑙𝑙𝑙𝑙𝑙𝑙𝑙𝑙𝑙𝑙𝑙 ∗
UCM peuvent être lues comme « l’équi- * Coût du logement plafonné à 2 x le ratio médian
valent pour un ménage d’une personne ».

Déciles de revenu (notés D1 à D10 dans


les graphiques). Il s’agit du regroupement Source : adapté de Holzemer et al. (2014).
vulnérabilité énergétique
la précarité à la

Le taux d’effort énergétique


La part du revenu après coût du logement affecté aux dépenses énergétiques, ou effort énergétique moyen, prend des pro-
portions importantes pour les ménages qui ont les revenus les plus bas (figure 1).
Figure 1: Taux d’effort énergétique moyen par décile de revenu en Belgique, 2018.
25%
De

20%
Seuil énergétique

01 15%

Seuil habitation
10%

5%

0%
Moyenne D01 D02 D03 D04 D05 D06 D07 D08 D09 D10

Effort Habitation Effort Mobilité

Source : Calculs propres sur base de Statbel (EBM et SILC). Déciles sur base du revenu équivalent disponible.
vulnérabilité énergétique
la précarité à la

L’évolution de l’effort énergétique montre une tendance à la baisse pour l’ensemble des déciles et en particulier pour le pre-
mier décile, le plus touché par la vulnérabilité énergétique (figure 2). Cet effort énergétique annuel dépend surtout des prix de
l’énergie et du revenu après coût du logement.

Figure 2 : Evolution de l’effort énergétique moyen du premier décile en fonction de quelques variables explicatives.

200 50%

180 45%
De

160 40%

140 35%

120 30%

01
100 25%

80 20%

60 15%

40 10%

20 5%

0 0%
2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018

Effort énergétique du premier décile de revenu


Prix énergétiques (2000=100)
Indice degrés‐jours 16,5 éq. (2000=100)
Revenu après coût du logement du premier décile de evenu (2012=100)

Source : Calculs propres sur base de Statbel et IRM.


Note : Une croissance du prix énergétique et des degrés-jours tirent l’effort énergétique vers le haut et inversement : malgré un renchérisse-
ment des prix, c’est le climat qui limite la croissance de l’effort énergétique après 2016. Une croissance du revenu après coût du logement tire
la courbe vers le bas : malgré un climat plus rude en 2013, l’augmentation du revenu et la chute des prix permettent à l’effort énergétique de
diminuer. Le nombre de degrés-jours est le nombre de degrés manquant pour atteindre au moins 16.5°C.
vulnérabilité énergétique
la précarité à la

La vulnérabilité énergétique pour la mobilité dépasse


la vulnérabilité énergétique pour l’ha-
vulnérabilité énergétique pour l’habi-
tation et la mobilité. Ils sont plus d’un
bitation. 9% des ménages subissent sur cinq dans le premier décile.
énergétique la « double peine » étant à la fois en

18% des ménages se retrouvent en Figure 3 : Part des ménages en situation de vulnérabilité énergétique,
situation de vulnérabilité énergé-
par décile de revenu en 2018.
tique, 23% pour le logement, 20%
pour la mobilité et 9% pour les deux
De

à la fois (figure 3). On peut être en


80%
vulnérabilité pour le logement ou
pour la mobilité mais ne pas se re-
70%
trouver en situation de vulnérabilité
globale puisque les seuils sont bien

01
60%
plus élevés dans ce dernier cas. Par
exemple un ménage sans voiture en Vulnérabilité énergétique pour
47%
vulnérabilité pour le logement peut 50%
l'habitation
se retrouver juste en-dessous du seuil 39%
Vulnérabilité énergétique pour la mobilité
de vulnérabilité énergétique globale. 40%
36%
Vulnérabilité énergétique
Ces trois indicateurs recouvrent leur 30%
réalité propre et doivent être évalués 30%
Double peine (habitation et mobilité)
séparément 8.
19%
20% 18%

Tous les ménages pauvres ne souffrent


pas de vulnérabilité énergétique. Ils 10%

ne sont que 47% dans le premier dé-


cile. Par contre, on retrouve des mé- 0%
nages en vulnérabilité énergétique Total D01 D02 D03 D04 D05 D06 D07 D08 D09 D10

jusque dans le cinquième décile (et


pas au-delà par définition), où ils sont
encore près de 19%. Dès le quatrième Source : Calculs propres d’après Statbel (EBM). Déciles sur base du revenu équivalent
et cinquième déciles, la vulnérabilité disponible.
vulnérabilité énergétique
la précarité à la

La vulnérabilité énergétique est la plus importante en Région wallonne et la plus faible en Région bruxelloise (figure 4). Elle est
à peine plus importante en Région flamande qu’en Région bruxelloise. Ce constat vaut pour tous les paramètres.

Figure 4 : Part des ménages en vulnérabilité énergétique, par région en 2018.

35%

30% 29%
De

25% 24% 23%

21% Vulnérabilité énergétique pour


l'habitation

01
20%
18% Vulnérabilité énergétique pour la
17%
16% 16% mobilité
15% 13% Vulnérabilité énergétique
13%

Double peine (habitation et mobilité)


10%
8%

5%
5%

0%
Région flamande Région wallonne Région de Bruxelles‐
capitale

Source : Calculs propres d’après Statbel (EBM).

Le type de logement ou de chauffage, la taille des familles et d’autres paramètres augmentent ou diminuent le risque de vul-
nérabilité énergétique, en particulier pour l’habitation. La situation la pire ou la meilleure pour quelques paramètres liés au
logement est résumée au tableau 1 tandis que le tableau 2 concerne la mobilité.
vulnérabilité énergétique
la précarité à la

Tableau 1 : Vulnérabilité énergétique pour l’habitation en fonction de différents paramètres : condition la pire
et la meilleure (% de ménages vulnérables dans cette catégorie).

Situation la pire pour l’habitation Situation la plus favorable pour l’habitation


Année de construction du logement Avant 1946 (30%) De 2006 à nos jours (10%)
Type de logement Maison unifamiliale isolée (4 façades) Maison unifamiliale mitoyenne (2 façades)
(26%) (19%)
Taille du ménage 1 (40%) 5 (5%)
De

Principal système de chauffage Autre chauffage fixe (poêle, feu ouvert, Chauffage central ou système de chauffage
etc.)(36%) similaire (22%)
Principal moyen de chauffage du logement Mazout (33%) Pompe à chaleur (3%)
Type de chaudière à gaz Chaudière ni à condensation ni à haut Une chaudière à haut rendement (13%)

01
rendement (27%)
Type de chaudière à mazout Chaudière ni à condensation ni à haut Une chaudière à condensation (20%)
rendement (36%)
Système de chauffe-eau Un chauffe-eau instantané -- pas dans la Un chauffe-eau solaire avec chauffage d’ap-
cuisine (28%) point (4%)
Source d’énergie pour chauffer l’eau Bois (31%) Gaz butane (9%)
Panneaux photovoltaïques Non (26%) Oui (6%)
Panneaux solaires thermiques Non (24%) Oui (10%)
Situation par rapport au logement occupé Logé gratuitement (39%) Propriétaire (21%)
Situation par rapport au loyer Je paye un loyer inférieur au prix du marché Je paye un loyer qui correspond au prix du
car je loue un logement social (34%) marché (25%)
Vulnérabilité par rapport au coût du loge- Oui (65%) Non (8%)
ment9

Source : Calculs propres d’après Statbel (EBM). Les résultats issus de moins de 50 répondants ont été exclus.
vulnérabilité énergétique
la précarité à la

Tableau 2 : Vulnérabilité énergétique pour la mobilité en fonction de différents paramètres : condition la pire
et la meilleure (% de ménages vulnérables dans cette catégorie).

Situation la pire pour la mobilité Situation la plus favorable pour la


mobilité
De

Nombre de voitures privées 1 (26%) 2 (10%)

Nombres de voitures mises à disposition 0 (14%) 1 (3%)


par un employeur

01
Taille du ménage 1 (40%) 6 (11%)

Vulnérabilité pour les dépense de santé10 Oui (38%) Non (14%)

Source : Calculs propres d’après Statbel (EBM). Les résultats issus de moins de 50 répondants ont été exclus.
vulnérabilité énergétique
la précarité à la

La consommation énergétique des ménages


En 2018, la consommation énergétique des ménages varie entre le décile le plus pauvre (D1) et le décile le plus riche (D10),
mais essentiellement en matière de transport (figure 5).

Figure 5 : Consommation énergétique des ménages, par décile de revenu en 2018 (kWh/UCM).

25000
De

20000

01
15000

Transport collectif
Transport individuel
10000
Habitation

5000

Source : Calculs propres sur base de Statbel (EBM) et prix énergétiques corrigés par les prix sociaux (voir annexe 2). Déciles sur base
du revenu équivalent disponible.

Note : Le transport financé par l’employeur (essentiellement dans les déciles les plus élevés) et l’autoconsommation ne sont pas pris en
compte de sorte qu’il y a une sous-estimation, surtout pour le transport, pour les déciles les plus élevés. C’est l’avion qui explique la
forte consommation en transport collectif des déciles les plus élevés.
vulnérabilité énergétique
la précarité à la

La consommation énergétique de l’habitation est aujourd’hui sensiblement la même (en équivalent ménage d’une personne) en
moyenne entre tous les déciles de revenu. Les ménages les plus pauvres disposent de logements plus petits mais parfois mal
isolés et chauffés avec des appareils vétustes. Les ménages les plus riches disposent en moyenne de logements plus grands
mais mieux isolés et ils s’équipent en appareils plus performants et de panneaux solaires permettant l’autoconsommation.

De 2010 à 2018, la consommation énergétique totale des ménages a diminué de 17% grâce à une réduction de 24% pour
l’habitation et malgré une augmentation de (minimum) 2% pour le transport individuel hors voitures de société (figure 6).

Figure 6 : Evolution de la consommation énergétique des ménages (kWh/UCM).


De

25000

01
20000

15000
Transport collectif
Transport individuel
Habitation
10000

5000

0
2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018

Source : Calculs propres d’après BFP 2019, Statbel EBM, Eurostat, CREG et bilans de sociétés pour estimer la part de l’énergie dans les
billets de transport public. Note : avantages en nature (voitures de société et tickets) exclus.
vulnérabilité énergétique
la précarité à la

La cause d’une moindre consommation pour le chauffage traduit à la fois un effort continu pour mieux isoler les bâtiments et
le passage à des chaudières à meilleur rendement. Les pourcentages des ménages possédant une chaudière au gaz naturel à
haut rendement ou à condensation ont augmenté respectivement de 3.8% et 8.3% depuis 2010, au détriment des anciennes
chaudières (SPF Economie, 2019). La part des chaudières à mazout à haut rendement ou à condensation s’est accrue de 11%
entre 2010 et 2016 (ibidem).

La consommation énergétique des habitations a baissé plus fortement pour les ménages riches que pour les ménages pauvres (figure 7).

Figure 7 : Evolution de la consommation énergétique pour l’habitation, 2010-2018, par décile de revenu (kWh/UCM).
De

18000

16000

01
14000

12000

10000

8000

6000

4000

2000

0
Moyenne D1 D2 D3 D4 D5 D6 D7 D8 D9 D10

2010 2018

Source : Estimations propres d’après BFP 2019, Statbel EBM, Eurostat et CREG. Déciles sur base du revenu équivalent disponible.
vulnérabilité énergétique
la précarité à la

Les ménages les plus précarisés habitent Figure 8 : Evolution des émissions directes de CO2 des ménages, 2010-
des endroits où la consommation peut dif- 2018, par décile de revenu (t CO2/UCM)
ficilement baisser (logements mal isolés et
impossibilité de déménager vers un loge- 7 7

ment encore plus petit). Les ménages les


plus riches ont plus investi dans des sys- 6 6
2010
tèmes d’économie d’énergie pour leur loge-
5
ment propre. Les déductions fiscales pour 5
2018
investissements économiseurs d’énergie
4
De

4
se retrouvent très majoritairement dans
les déciles les plus élevés et sont (logi-
3 3
quement) quasi inexistants en-dessous
du quatrième décile (Bonnard et al 2015). 2 2

01
Les ménages les plus riches sont en 2018
les mieux équipés en panneaux solaires : 1 1
leur proportion varie entre 16% et 23% à
partir du cinquième décile jusqu’au dernier 0 0
décile, contre 3% à 9% du premier décile Moyenne D1 D2 D3 D4 D5 D6 D7 D8 D9 D10

au quatrième décile11. Habitation Transport individuel Transport collectif

Traduites en termes d’émissions directes de


CO2, les évolutions sont comparables pour Source : Estimations propres d’après BFP 2019, Statbel EBM, Eurostat, CREG et les fac-
teurs d’émission des différents combustibles calculés sur la moyenne d’après l’inventaire
l’habitation, compte tenu que le chauffage
belge à l‘UNFCCC, TABLE 1.A(b) élaborée par le SPF Economie. Déciles sur base du re-
au gaz émet moins de CO2 que les autres
venu équivalent disponible.
modes de chauffage les plus courants (Fi-
gure 8). Mais les émissions du transport in-
2010 et 2018 avec une grande disparité (+2% en moyenne). Ce dernier diminue en
dividuel continuent à augmenter dans tous
entre déciles : de -7% pour le décile 4 à apparence de -13% pour le décile 10 et
les déciles de manière dramatique (rappe-
-24% pour les décile 10. La diminution augmente de +25% pour le premier dé-
lons que les chèques-essence offerts avec
relativement importante pour l’habita- cile. Les émissions du transport collectif
les voitures de société ne sont de plus pas
tion (-24% en moyenne, de -14% pour le diminuent de 32% en moyenne mais leur
inclus).
décile 4 à -33% pour le décile 8) est en contribution au total est marginale.
Au total, les émissions pour les secteurs partie compensée par l’augmentation des
considérés ont diminué de 17 % entre émissions directes du transport individuel
vulnérabilité énergétique
la précarité à la

L’évolution des prix Figure 9 : Evolution des prix énergétiques pour le consommateur (2010=100).

énergétiques ressentis

Les prix des différents vecteurs éner-


gétiques ont évolué de manière assez
disparate de 2010 à 2018. On relè-
vera surtout une forte augmentation
De

du prix de l’électricité, une diminution


conséquente du prix du gaz naturel et
de fortes fluctuations du prix des car-
burants (figure 9).

01
Si tout le monde paye le même prix à
la pompe pour le carburant ou pour
le gasoil de chauffage, il n’en va pas
de même pour le gaz et l’électricité.
D’une part, le prix de revient est dé-
gressif en fonction de la consomma-
tion, à cause de la part fixe du prix (lo-
cation de compteur et redevance fixe
Source : Statbel (CPI-IPC).
pour le raccordement au réseau), mais
cet effet est relativement limité d’un
point de vue statistique. D’autre part, ficiant d’un revenu du CPAS, ou dont s’applique pas nécessairement à tous
environ 9,3% des ménages (plus préci- un membre reçoit un revenu pour les ménages les plus pauvres ni à tous
sément 9,3% des compteurs) ont droit personne handicapée, aux ménages les ayants droit12. Inversement, des
au tarif social pour l’électricité et 9,7% de retraités à très faible revenu ou du ménages plus aisés peuvent bénéfi-
pour le gaz (CREG, 2019). « zorgkas » en Flandre et ceci suivant cier du tarif social, par exemple s’ils
certaines conditions, dont le revenu hébergent une personne handicapée.
Le tarif social correspond au tarif le de la personne ou de son conjoint Nous avons estimé13 qu’environ 28%
moins cher du marché. Il est attribué (SPF Economie 2020). Il est important des ménages du premier décile béné-
automatiquement aux ménages béné- de remarquer que le tarif social ne ficient du tarif social (figure 10).
vulnérabilité énergétique
la précarité à la

Figure 10 : Proportion des ménages (UCM) bénéficiant du tarif social, par décile de revenu en 2018.

30,0%

25,0%

20,0%
De

15,0%

10,0%

01 5,0%

0,0%
D1 D2 D3 D4 D5 D6 D7 D8 D9 D10

CPAS Autres

Source : Estimations propres sur base de CREG, Statbel (SILC), SPF Economie 2020, BCSS et autres sources administratives (DGPH,
VSB, CPAS), moniteur belge. Déciles sur base du revenu équivalent disponible. En raison de l’imprécision et de la comparaison difficile
des données utilisée, les ordres de grandeur de la catégorie « autres » en particulier doivent être considérées avec prudence. Il s’agit
cependant de la meilleure estimation disponible actuellement. Voir note méthodologique (Annexe 2).

Les figures 11 et 12 donnent une estimation de l’évolution du tarif payé par les différents déciles, tenant compte d’une répartition théo-
rique (sur la base des ayants droit) du tarif social. Le tarif social atteint 61% du tarif plein électrique en 2018 et 54% pour le gaz.
vulnérabilité énergétique
la précarité à la

Figure 11 : Prix moyen effectivement payé pour l’électricité, par décile de revenu (€/kWh).

0,300

0,250
De

0,200

0,150

01 0,100

0,050

0,000
2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018

Moyenne D1 D2 D3 D4
D5 D6 D7 D8 D9
D10 Tarif plein Tarif social

Source : Estimations propres sur base de CREG, Statbel (SILC), SPF Economie 2020, BCSS et autres sources administratives (DGPH,
VSB,CPAS), moniteur belge. Voir note de la figure 9.
vulnérabilité énergétique
la précarité à la

Figure 12 : Prix moyen effectivement payé pour le gaz, par décile de revenu (€/kWh).

0,080

0,070

0,060

0,050
De

0,040

0,030

01
0,020

0,010

0,000
2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018

Moyenne D1 D2 D3 D4
D5 D6 D7 D8 D9
D10 Tarif plein Tarif social

Source : Estimations propres sur base de CREG, Statbel (SILC), SPF Economie 2020, BCSS et autres sources administratives. Voir note
de la figure 10.

Pour ce qui est de la mobilité, une série d’avantages sont donnés aux individus les plus fragiles et aux familles nombreuses
pour les transports en commun. Pour la voiture individuelle, des personnes ayant les revenus les plus élevés bénéficient d’avan-
tages octroyés par leurs employeurs sous forme de voiture de société14. La combinaison des prix effectivement payés et des
consommations donne une répartition des dépenses énergétiques entre déciles de revenu illustrée par la figure 13.
vulnérabilité énergétique
la précarité à la

Figure 13 : Dépenses énergétiques par décile en 2018 (€/UCM). A consommation énergétique équi-
valente, les ménages les plus pauvres
2500 dépensent en moyenne un peu moins
que la moyenne nationale pour l’éner-
gie liée à l’habitation. La courbe pour le
2000 carburant suit la courbe des consom-
mations effectivement payées par les
ménages (donc sans les avantages en
1500 nature). Quant aux transports collec-
De

tifs, ils pèsent plus que proportion-


nellement à leur consommation éner-
gétique dans le budget des ménages,
1000
puisque les tarifs incluent d’autres

01
frais que les frais énergétiques. Près
de 88% des dépenses pour transport
500
collectif sont pour l’avion. Cette pro-
portion varie de 62% pour le premier
décile à 94% pour le décile 10. Les dé-
0 penses pour le train et les TEC sont
Moyenne D01 D02 D03 D04 D05 D06 D07 D08 D09 D10
globalement constantes entre déciles,
Habitation Transport individuel Transport collectif
l’avion expliquant l’essentiel des diffé-
rences observées.
Source : Calculs propres d’après Statbel (EBM). Déciles sur base du revenu équivalent
disponible. Certains ménages pauvres ne par-
viennent manifestement pas à se
Note : Seules les dépenses effectivement payées par les ménages sont considérées, à passer de voiture (songeons aux tra-
l’exception de tout avantage en nature. Pour le transport collectif, le prix inclut implicite- vailleurs habitant loin des transports
ment tous les coûts de personnel, d’amortissement et de valeur ajoutée des compagnies. en commun, devant travailler la nuit,
Le dépenses pour billets d’avion représentent en moyenne 88% des dépenses en trans-
ayant des enfants ou des difficultés à
port collectif.
se déplacer, etc.), puisqu’il reste des
vulnérabilité énergétique
la précarité à la

dépenses pour la voiture même dans


les premiers déciles de revenu (figure
moyenne de carburant des ménages
(annexe 1) suggère que seul le revenu Quelques
14) quel que soit le prix de l’énergie et des conditions structurelles de vie
(figure 9). Ceci indique que les frais (comme la situation géographique ou
constatations
de carburant sont une dépense né- l’état de santé) peuvent expliquer des
cessaire pour les ménages concernés. différences d’usage moyen de la voi- Les études sur la précarité énergétique
L’absence totale de corrélation entre ture individuelle entre les premiers et se basent essentiellement sur l’enquête
prix du carburant et consommation les derniers déciles. SILC (enquête sur les revenus et les
conditions de vie), dont les variables
De

Figure 14 : Evolution des dépenses énergétiques par UCM du premier disponibles (surtout orientées vers le
détail des ressources du ménage et une
décile de revenu (€/UCM).
série de variables subjectives quant
1800
aux conditions de vie) limitent de facto
l’étendue de la recherche à la seule

01
1600
précarité énergétique liée au logement.
1400 L’enquête EBM relative au budget des
ménages est plus détaillée en ce qui
1200 concerne les dépenses des ménages.
Cela permet non seulement de mieux
1000
appréhender la problématique de la
800 vulnérabilité énergétique dans ses di-
mensions de logement, mais aussi de
600 mobilité.
400
Pour échapper à des loyers trop éle-
200
vés dans les centres urbains et près
des pôles économiques, des ménages
0 peuvent être amenés à choisir d’habiter
2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
des logements plus décentrés et qui sont
Habitation Transport individuel Transport collectif
parfois mal desservis par les réseaux de
Source : Calculs propres sur base de Statbel (EBM). Décile sur base du revenu équivalent transport public. Ils se trouvent alors
disponible. confrontés à un problème de mobilité.
vulnérabilité énergétique
la précarité à la

L’effort énergétique, les prix payés, la cette diminution se limite pour l’habi- insatisfaisante (horaires mal adaptés).
consommation énergétique des mé- tation aux ménages les plus riches. De « Ne pas arriver à se passer de voiture »
nages sont les sources de la précarité sur plus, la consommation énergétique semble, au vu de nos résultats, une réa-
lesquelles les pouvoirs publics peuvent pour le transport individuel (hors voi- lité pour un grand nombre de ménages
agir. Nos calculs ont montré comment tures de société) augmente sensible- en Belgique aujourd’hui.
ces différentes causes s’articulent pour ment pour tous les déciles. Un élément
mener ou non certains groupes sociaux structurel empêche apparemment une Deuxième constatation : Les prix éner-
à éprouver des difficultés temporaires diminution. On peut émettre l’hypo- gétiques fluctuent et sont la principale
en fonction des aléas de prix ou de cli- thèse que la structure économique du cause aujourd’hui de la diminution ou
De

mat, ou plus structurelles liées au choix pays, l’aménagement historique du ter- de l’augmentation de la vulnérabilité
(éventuellement limité) du lieu et de la ritoire et l’infrastructure de transport énergétique tant pour l’habitation que
qualité de l’habitation. sont des éléments lourds qui forcent lit- pour la mobilité. Cette sensibilité aux
téralement aujourd’hui le recours à l’au- prix de l’énergie est fort préoccupante

01
Première constatation : La consomma- tomobile loin des centres économiques en regard des efforts nécessaires pour
tion énergétique des ménages diminue urbains. On peut également émettre la lutte contre le changement clima-
lentement mais sûrement. Cependant, l’hypothèse d’une offre de transport pu- tique. Une des mesures naturelles et
blic insuffisante (fermeture de gares) ou immédiates possibles est en effet de
« taxer l’énergie » pour espérer dimi-
nuer la consommation. L’effet de dimi-
nution des frais de chauffage observée
pour les ménages les plus riches peut
avoir diverses causes, dont probable-
ment une série de primes, subsides et
autres déductions fiscales pour les in-
vestissements économiseurs d’énergie.
Des normes plus sévères à la construc-
tion et à la rénovation, ainsi que des
améliorations technologiques ont sans
© Eisenhans - Adobe Stock

doute joué. Mais la consommation des


ménages les plus pauvres ne s’est pas
infléchie sur la période étudiée et leur
vulnérabilité reste dépendante essen-
vulnérabilité énergétique
la précarité à la

tiellement de la fluctuation des prix. Quatrième constatation : L’existence il importe de réduire la consommation
Toutes choses égales par ailleurs, ces d’un tarif social permet de limiter dras- énergétique des ménages. Mais d’un
résultats suggèrent qu’une taxation ac- tiquement la vulnérabilité énergétique autre point de vue, l’organisation gé-
crue de l’énergie risquerait d’augmenter pour l’habitation sans compromettre les nérale actuelle de notre territoire, la
la précarité énergétique si elle n’est pas émissions de CO2. Vu la stagnation du structure du bâti et des réseaux de
accompagnée de mesures de compen- niveau de consommation énergétique transport légués par l’histoire ont ren-
sation pour les ménages les plus vulné- « indispensable pour un niveau de vie du indispensables encore aujourd’hui
rables. décent » des plus pauvres dans leur ha- les besoins de consommer de l’éner-
bitation, sans le tarif social, la précarité gie pour se chauffer, faire la cuisine
De

Troisième constatation : Une diminu- énergétique exploserait. ou s’éclairer d’une part, se déplacer
tion des émissions directes de CO2 de l’autre. Ces besoins légitimes en-
dans le domaine de l’habitation s’ob- Cinquième constatation : Le tarif social traînent une consommation énergé-
serve pour tous les déciles. Cette dimi- manque en partie sa cible. Les résultats tique minimale pour maintenir un ni-

01
nution a été en 8 ans plus importante de cette étude, qui doivent être confir- veau de vie décent.
pour les déciles les plus riches, au point més par des investigations plus précises,
que les émissions directes pour l’habita- suggèrent que la majorité des ménages La particularité de cette étude est
tion sont aujourd’hui sensiblement les les plus pauvres – près des deux tiers d’appréhender la vulnérabilité éner-
mêmes en moyenne pour tous les dé- dans le premier décile - ne bénéficient gétique dans son ensemble, y compris
ciles de revenu. Mais cette diminution pas du tarif social. dans sa dimension « mobilité », ce qui
est en grande partie compensée par est permis par l’utilisation des don-
l’augmentation des émissions du trans- nées de l’enquête sur le budget des
port individuel dans tous les déciles Conclusion ménages.
sauf les D2, D6, D9 et D10, à laquelle
il faudrait encore ajouter les émissions 18% des ménages se retrouvent en si- Les résultats suggèrent que l’énergie
des voitures (de société) pour lesquelles tuation de vulnérabilité énergétique, reste encore aujourd’hui un bien de
l’employeur paie les frais de carburant. 23% pour le logement, 20% pour la première nécessité. Cela ne pose pas
Or ce secteur s’avère inélastique aux mobilité et 9% pour les deux à la fois. de problème si l’on dispose de reve-
prix : une taxation carbone n’aurait pas nus suffisants, que l’on est proprié-
d’effet environnemental mais pourrait Dans un cadre de lutte contre le chan- taire et qu’on peut investir dans des
augmenter la vulnérabilité à la mobilité. gement climatique et de la dépen- équipements plus performants. Mais
dance du pays aux énergies importées, pour les ménages aux revenus plus li-
vulnérabilité énergétique
la précarité à la

mités, par exemple des familles mono- des ménages n’a pas de voiture) et la énergétique pour l’habitation. Cepen-
parentales, des ménages ayant beau- Wallonie peut servir d’indication. dant, celui-ci manque apparemment
coup d’enfants ou dont les adultes une grande partie de sa cible : selon
souffrent d’incapacité de travail, cette La consommation énergétique des mé- nos estimations à considérer avec pru-
question peut s’avérer impossible à nages a baissé depuis 2010, mais sur- dence, seul un tiers des ménages du
résoudre. Ils peuvent choisir d’aller tout au niveau des ménages les plus premier décile y aurait droit. Dès lors,
habiter dans les centres urbains pour riches et pour l’énergie liée à l’habita- 69% des ménages du premier décile se
pouvoir se passer de voiture et pro- tion. La consommation pour l’habitation retrouvent quand même en situation
fiter des transports publics ou de la des ménages les plus pauvres n’a que de vulnérabilité énergétique pour le bâ-
De

mobilité douce, mais c’est souvent peu baissé d’une part, ni la consomma- timent en 2018.
soit au prix de coûts du logement éle- tion du transport individuel en général,
vés, soit de dépenses accrues pour d’autre part. En généralisant les principes pour le
se chauffer dans des logements bon calcul de situations de vulnérabilité liées

01
marché mais inefficaces sur le plan La vulnérabilité énergétique pour l’habi- au budget des ménages, notre étude
énergétique. Ils peuvent au contraire tation s’est réduite depuis 2010 grâce à permettrait d’envisager et d’identifier
choisir d’habiter en périphérie dans une heureuse conjonction entre un lé- une série de fragilités des ménages peu
un logement bien isolé et d’un coût ger relèvement des revenus les plus bas explorées jusqu’à présent, comme par
raisonnable, mais au prix de dépenses et surtout une chute des prix du gaz et exemple la vulnérabilité aux dépenses
de mobilité importantes. Mais les plus du mazout de chauffage jusqu’en 2016 de santé. Elle donne des résultats pion-
vulnérables risquent pour leur part de et un climat favorable les dernières an- niers pour la vulnérabilité énergétique
devoir non seulement choisir de vivre nées. Mais cette vulnérabilité reste fort liée à la mobilité et pour l’énergie dans
loin des centres urbains, mais égale- dépendante des prix de l’énergie en gé- sa globalité.
ment de devoir se résigner à un loge- néral et du gaz en particulier. Si celui-ci
ment énergivore en raison de revenus devait repartir à la hausse comme par Elle a mis en évidence le rôle impor-
limités. Ainsi, des ménages peuvent ailleurs le prix de l’électricité, un nombre tant joué par les prix (et en particulier
tomber en vulnérabilité énergétique plus important de ménages se retrouve- les tarifs sociaux) pour un bien de pre-
pour l’habitation, pour la mobilité ou rait à nouveau en situation de vulnérabi- mière nécessité tel que l’énergie, ce qui
les deux à la fois. Les données dispo- lité énergétique pour l’habitation. pourra inspirer de nouvelles voies de
nibles ne permettent pas de compa- recherche et de solutions pour d’autres
rer la situation urbaine par rapport à C’est le tarif social qui sauve un grand problèmes liés à la consommation des
la situation péri-urbaine, mais la com- nombre de ménages de la vulnérabilité ménages en général.
paraison entre Bruxelles (où la moitié
vulnérabilité énergétique
la précarité à la

Remerciements N. Cochez, E. Durieux, D. Levy (2015)


Vulnérabilité énergétique, INSEE Pre-
K. Rademaekers et al (2016), Selec-
ting Indicators to Measure, Framework
mière n° 1530, 4pp. Contract ENER/A4/516-2014 Final
Nous tenons à remercier vivement les Report, Trinomics for European Com-
nombreuses personnes de différentes CREG (2019), Etude sur le poids de la mission, DG Energy
institutions (en particulier Statbel, la DG facture d’électricité et de gaz naturel
énergie du SPF Economie et la Banque dans le budget des ménages belges en M. Seujot (2012), La mobilité, l’autre
Carrefour de la Sécurité Sociale) qui 2018, Bruxelles, 44 pp. vulnérabilité énergétique, Policy Brief
ont parfois dû subir avec une patience 5/12, IDDRI.
De

infinie nos demandes de données ou


Fondation Roi Baudouin (2020) La pré-
d’information répétitives. Nous remer- SPF Economie (2019) Analyse de
carité énergétique en Belgique 2009-
cions en particulier de mémoire et en la consommation énergétique des
2018. Baromètre de la précarité éner-
nous excusant d’avance pour les per- ménages en Belgique, [chargé le
gétique, Bruxelles.

01
sonnes oubliées, Geneviève Geenens, 17/6/2020]
Kelly Sabbe, Joke Brecx, Vicky Truwant,
Sandrine Meyer, Françoise Tomasetti et M. Fontanes (2019) La brutale réalité
SPF Economie (2020) Tarif social pour
plusieurs relecteurs anonymes. de la précarité énergétique, Auxilia, Pa-
l’électricité et/ou le gaz naturel [chargé
ris [chargé le 17/6/2020]
le 17/6/2020]
Bibliographie L. Holzemer, B. Delbeke, S. Meyer et S. Statbel SILC, 2019, Enquête sur le re-
Oosterlinck (2014) Baromètre de la Pré- venu et les conditions de vie – SILC
S. Bonnard, C. Bruynoghe, M. Deprez carité Energétique. 1/Méthodologie et – Indicateurs de privation matérielle
et B. Kestemont (2015), Prix de l’éner- détails techniques, ULB, Bruxelles, 71 [chargé le 17/6/2020] et donnée ad
gie et précarité énergétique, SPF Eco- pp. hoc reçues par e-mail
nomie, 75 pp.
ONPE (2019) Vulnérabilité et mobilité, Statbel EBM, 2020, Enquête sur le
BFP (2019) Comptes des flux physiques
Office National de la Précarité énergé- budget des ménages – EBM, données
d’énergie (2008-2017) [PEFA], Institut
tique, Paris [chargé le 17/6/2020] sous contrat de confidentialité 2019-
des comptes nationaux - Bureau fédé-
ral du Plan [chargé le 17/6/2020] 003101
vulnérabilité énergétique
la précarité à la

Annexe 1 : Relation prix du carburant / consommation


La figure A1.1 représente l’indice de la consommation annuelle de carburant par les ménages belges en fonction de l’indice des prix
des carburants (lui-même déflaté par l’indice santé). L’absence totale de corrélation à un an d’intervalle (élasticité nulle) définit le car-
burant comme un bien nécessaire pour une partie significative des ménages. Cela suggère également que les taxes sur le carburant
sont une ressource stable pour le budget de l’Etat. A contrario, une taxe carbone ne pourrait pas infléchir l’usage de la voiture.

Figure A1.1 : Corrélation entre indice de consommation et indice de prix constant des carburants (1999-2018).
De

Indice annuel de consommation de carburant (1999=100) 105

103

101

01
99

97

95

93

91 R² = 0,0579

89

87

85
100 110 120 130 140 150 160
Indice annuel de prix des carburants déflaté par l'indice santé (1999=100)

Source : Calculs propres sur base de Statbel et BFP. Si l’on n’avait pas corrigé par l’inflation (indice santé15), la courbe serait très faible-
ment croissante avec un R2 de 0.01.

L’évolution des indices montrent que des fluctuations à court terme ne suffisent pas à établir une corrélation sur le long terme
alors que les prix courants ont progressivement quasi doublé (et ont progressé de 30% à prix « santé » constant), la consom-
mation est redevenue la même en 2018 qu’en 1999 (Figure A1.2).
vulnérabilité énergétique
la précarité à la

Figure A1.2 : Indice du prix des carburants et indice de consommation de carburant (kWh) (1999=100).

180

160

140
De

120

100

01
80

60

40

20

0
1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018

Prix déflaté par l'indice santé Consommation

Source : Calculs propres sur base de Statbel et BFP.


vulnérabilité énergétique
la précarité à la

Annexe 2 : Annexe est classé en fonction de son revenu


par UCM, du plus petit au plus grand.
dixième décile. On aurait pu prendre un
dixième des ménages plutôt que de la
On affecte ensuite au premier décile population mais cela n’aurait pas chan-
méthodologique les ménages dont le total de la popu- gé nos conclusions. Garder exactement
lation atteint un dixième de la popu- les mêmes limites de déciles que ceux
Revenus après coût du lation belge, et ainsi de suite jusqu’au de l’enquête SILC permet d’utiliser les
logement
Figure A2 : Composition des déciles utilisés dans cette étude, par activi-
Le revenu moyen de chaque décile est
té principale (2018).
De

issu de l’enquête SILC16. Tous les revenus


monétaires perçus par chaque membre
du ménage, peu importe leur origine, sont
100%
additionnés. Il s’agit des revenus du travail

01
et des placements et des prestations so- 90%
ciales, auxquels s’ajoute tout autre revenu
80%
perçu par le ménage, tous nets d’impôts et
de cotisations sociales. Le revenu dispo- 70%
nible comprend tous les revenus du travail
60%
(salaires des employés et revenus prove-
nant d’un travail indépendant) y compris 50%
les avantages en nature, les revenus pri-
40%
vés provenant des investissements et des
propriétés, les transferts entre ménages 30%
et tous les transferts sociaux reçus en es-
20%
pèces. On en déduit ensuite le coût du lo-
gement plafonné à 2 x son ratio médian. 10%
Le coût du logement est issu de l’enquête
0%
EBM : variables COICOP 41 « loyers réels » D1 D2 D3 D4 D5 D6 D7 D8 D9 D10
et 42 « loyers fictifs (imputés) ».
Enfants dépendants Indépendants Salariés Sans emploi Retraités Autres inactifs

Déciles de revenu. Déciles sur base


du revenu équivalent disponible (voir
Statbel SILC 2019). Chaque ménage Source : Statbel (SILC). Déciles sur base du revenu équivalent disponible.
vulnérabilité énergétique
la précarité à la

statistiques officielles sur les conditions Economie 2020). Il y avait 453 501 Sur la base des informations fournies
de vie et les revenus17. clients bénéficiaires de tarifs sociaux par la Banque Carrefour de la Sécuri-
en 2018. L’enquête SILC permet de té Sociale (BCSS) sur les bénéficiaires
La figure A2 caractérise la composition des répartir par déciles 692 579 ménages par type d’organisme financeur et de
différents déciles utilisés dans cette étude. bénéficiaires potentiels de tarifs so- Statbel (SILC), nous avons retenu la mé-
La taille des ménages dans les 5 premiers ciaux sur les 4 millions de ménages thode suivante :
déciles est respectivement de 3.2, 2.8, 2.8, que comporte le pays. La différence
3.0 et 3.1 (source : Statbel, SILC 2018). La vient du fait que des limites de revenu - Les personnes bénéficiaires suivant
part des locataires y est respectivement s’appliquent suivant des conditions as- la BCSS et le SPF Economie (2020)
De

de 66%, 47%, 28% et 26%. sez complexes (ce qui n’empêche pas sont converties en ménages (une
des ménages des derniers déciles de personne bénéficiaire = un ménage
Dépenses énergétiques : Ce sont toutes bénéficier du tarif social, par exemple bénéficiaire) pour chacune des caté-
les dépenses liées à l’énergie utilisée di- quand un ménage accueille une per- gories 1 (CPAS), 2.B (zorgkas) et 3.

01
rectement par les ménages pour le lo- sonne adulte handicapée). Malheu- (GRAPA) ; la situation d’une personne
gement (électricité, gaz et autres com- reusement, les résultats disponibles suffit en effet généralement à déter-
bustibles - nomenclature COICOP 45 et de l’enquête SILC ne permettent pas miner le droit du ménage, même si le
4449A de l’EBM), pour le transport indivi- de bien différencier les différents revenu du conjoint peut diminuer ce
duel (carburant - COICOP 0722) et pour le types d’indemnités liées au handicap droit directement ou indirectement
transport collectif (COICOP 073 incluant (par exemple accident de travail en- dans certains cas.
tous les types de transport collectif tels gendrant une incapacité permanente,
que train, bus, métro, avion et bateau). maladie professionnelle engendrant - Le nombre de ménages de la caté-
une incapacité permanente, alloca- gorie 2A (handicapés) est déduit par
tion de remplacement de revenus ou différence des autres catégories avec
Répartition des ayant une allocation d’intégration). Les in- le total des 453 501 clients bénéfi-
droits au tarif social par demnités d’incapacité liées aux acti- ciaires (SPF Economie 2020). Ceci
vités professionnelles ne donnent pas ramène cette catégorie à sa juste
décile de revenu
droit au tarif social, mais nous n’avons proportion.
aucun moyen de les différencier dans
Les ayant droit au tarif social sont au-
l’enquête SILC. C’est dans la catégo- - Le pourcentage des bénéficiaires par
tant que possible identifiés automa-
rie « handicap » que l’enquête SILC décile est estimé pour chaque ca-
tiquement par la SPF Economie sur
donne beaucoup « trop » de candidats tégorie sur base des résultats SILC
base de sources administratives (SPF
potentiels au tarif social.
vulnérabilité énergétique
la précarité à la

de 2018, et sur base de la moyenne et l’étude des conditions d’octroi du dans le billet de train) est déduite des
2014-2018 pour les catégories 2B tarif social permet d’obtenir des ré- rapports financiers des principales
et 3 (en raison du nombre trop petit sultats bien plus convaincants, mal- compagnies de transport collectif
de réponses). gré l’imprécision des données. pour lesquelles cette information est
publiée (p.ex. la SNCB pour le train).
Cela tourne suivant les années autour
- La répartition par décile du nombre
de ménage totaux est ensuite ré-
Estimation de la d’une vingtaine de pourcents pour
alisée au prorata de la répartition consommation par décile l’avion et 3-4% pour le train et les TEC
De

ci-dessus. Les catégories 2 et 3 sont bruxellois. Cela permet de calculer la


regroupées en « autres » pour éviter La consommation totale des ménages part des dépenses des ménages en
toute interprétation erronée. est issue des comptes PEFA (physical billets de transport qui est consacrée
energy flow accounts) élaborés par le à l’énergie. Ce montant divisé par le

01
Nous avons testé plusieurs méthodes Bureau fédéral du Plan dans le cadre de prix énergétique industriel des vec-
impliquant chacune des hypothèses l’Institut des Comptes nationaux. C’est teurs correspondants (au prorata de la
fortes sur la répartition des handi- la consommation des résidents, ce qui consommation énergétique des sec-
capés, obtenant entre 26% et 30% correspond à la logique du budget des teurs correspondant dans les comptes
de bénéficiaires du tarif social pour ménages. Elle comprend donc les dé- PEFA) donne la consommation éner-
le premier décile. En l’absence des penses et la consommation à l’étran- gétique par UCM pour chaque moyen
données de SILC, la méthode la plus ger. Elle exclut les avantages en nature de transport collectif.
mauvaise consiste à faire l’hypothèse comme les tickets-carburant que la
erronée que tous les ayant droit se comptabilité nationale attribue aux so- La répartition de la consommation par
retrouvent dans le premier décile. ciétés. décile de revenu est opérée comme
Un simple calcul de la consomma- suit. Pour le gaz et l’électricité, le prix
tion par UCM sur base des dépenses Ces totaux sont divisés par le nombre moyen par décile est calculé en fonc-
et du prix social ferait apparaître la d’UCMs pour donner la consomma- tion du tarif plein et de la proportion
consommation de ce décile comme tion totale par UCM pour l’habita- de ménages bénéficiant du tarif social
démesurée et irréaliste par rapport tion et le transport individuel. Pour le pour chaque décile de revenu. Une pre-
à celle des autres déciles. L’utilisa- transport collectif, la part du carbu- mière estimation de la consommation
tion des résultats de l’enquête SILC rant dans le prix du billet (par exemple par décile est ensuite opérée par divi-
vulnérabilité énergétique
la précarité à la

sion du total des dépenses par le prix rées. C’est pour l’estimation du coût arbitraires. Les responsables des sta-
moyen pour chaque poste de dépense. du logement des propriétaires que tistiques sociales s’attaquent par ail-
L’ensemble de la série est ensuite cali- les deux enquêtes diffèrent le plus. leurs à harmoniser un maximum de
bré pour que le total corresponde exac- L’enquête EBM propose une imputa- concepts et de méthodes entre dif-
tement à la consommation totale des tion de loyer fictif des ménages pro- férentes enquêtes et nous espérons
ménages. priétaires de leur logement alors que que cet exercice pourra contribuer à
le Baromètre utilise des variables de cette tâche difficile. L’essentiel n’est
remboursement des emprunts hypo- pas de définir statistiquement de
Comparaison avec la
De

thécaires. Le résultat suivant les deux manière binaire des ménages en si-
littérature enquêtes est différent: en 2018, tuation de précarité ou non, car cela
14% des ménages sont en « préca- dépend fort du choix des seuils, mais
Le concept de la « vulnérabilité éner- rité énergétique mesurée » pour le d’identifier les situations les plus

01
gétique pour le logement » de cette Baromètre, contre 23% en « vulnéra- « risquées » de manière à pouvoir
étude mérite d’être comparé à la bilité énergétique pour le logement » identifier des facteurs de risques et
« précarité énergétique mesurée » suivant notre méthode. Le choix des y mener des politiques ad hoc. Notre
du Baromètre de la précarité énergé- seuils et des sources de données in- étude apporte des informations com-
tique. Les concepts sont les mêmes fluence donc le résultat, raison pour plémentaires à celles qui ressortent
mais les sources sont différentes. laquelle nous nous sommes résolus des études basées sur l’enquête SILC.
L’une utilise l’enquête SILC, l’autre à utiliser le terme de « vulnérabilité »
l’EBM, deux enquêtes aux échantil- pour éviter toute confusion entre les Nous proposons une généralisation de
lons différents et avec des forces et deux indicateurs. Nous avons tes- principes de base pour le calcul d’in-
faiblesses, enquêtes portant l’une té différentes méthodes, tant d’ex- dicateurs de différentes formes de
sur les revenus et l’autre sur les dé- trapolation que de calculs d’indica- vulnérabilités liées aux besoins essen-
penses. Nous avons pu constater teurs, pour déterminer les déciles et tiels face à des ressources limitées. En
que la différence principale tient au médianes, ou de choix de variables et marge de l’étude, nous avons pu tester,
concept de « coût du logement » qui de sources, pour arriver à la conclu- toujours sur la base de l’enquête EBM,
est déduit du revenu net pour obte- sion que le concept de « vulnérabi- la vulnérabilité pour les dépenses liées
nir le revenu après coût du logement lité » ou de « précarité » reste très à l’eau, au logement ou à la santé par
auquel les dépenses seront compa- sensible à ces choix somme toute exemple.
vulnérabilité énergétique
la précarité à la

Notes
1 SPF Economie, Direction générale E4 - Analyses économiques et de l’Economie internationale.. 

2 Voir également l’annexe méthodologique (Annexe 2). 

3 Le coût du logement est plafonné à deux fois sa médiane, de manière à discriminer la précarité énergétique de la précarité
liée au seul coût du logement (Holzemer et al 2014). 
De

4 Les ménages des déciles 5 à 10 ne sont donc jamais considérés comme vulnérables énergétiquement. Même avec des
dépenses énergétiques démesurées, par exemple s’ils se déplacent beaucoup en avion ou habitent de grandes villas, la
littérature considère qu’ils ne sont pas « contraints » d’effectuer ces dépenses. 

01
5 C’est deux fois la médiane de l’effort énergétique. 

6 C’est deux fois la médiane de l’effort énergétique habitation. 

7 C’est deux fois la médiane de l’effort énergétique mobilité 

8 Les ménages en situation de « double peine » sont évidemment tous d’office aussi en situation de précarité énergétique
globale. 

9 Même méthodologie que celle appliquée pour cette étude, mais appliquée au coût du logement. 

10 Même méthodologie que celle appliquée pour cette étude, mais appliquée aux dépenses de santé. 

11 Sources : Statbel EBM, calculs propres. 

12 Il n’est pas d’application pour les chaufferies centralisées hors logement social. 

13 Voir note méthodologique (Annexe 2). 


vulnérabilité énergétique
la précarité à la

14 Dans les déciles 8 à 10, respectivement 16%, 19% et 31% des ménages bénéficient de voitures de société en 2018,
contre quelques pourcents dans les premiers déciles, estimé d’après l’enquête SILC (source : Statbel). 

15 La valeur actuelle de cet indice est obtenue par la soustraction de certains produits du panier de l’indice des prix à la
consommation, à savoir les boissons alcoolisées (achetées en magasin ou consommées dans un café), le tabac et les car-
burants, à l’exception du LPG. 

16 Sauf pour les calculs au niveau individuel, pour lesquels les déclarations de chaque ménage de l‘enquête EBM sont uti-
lisées. 
De

17 Notons que les médianes prises pour déterminer les différents seuils de vulnérabilité sont calculées suivant les mêmes
principes. 

01
integratie van de

De integratie van de deeleconomie in de


deeleconomie

openbare statistieken
Pieter Vermeulen, Statbel

De voorbije jaren raakten diverse apps vormen de kern van dit artikel. In het deeleconomie, opgesteld door de Eu-
in gebruik die mensen met elkaar in tweede hoofdstuk vindt de presentatie ropese Commissie in 20161, fungeert
contact brengen om goederen en dien- van de diverse acties plaats. Uit de tekst hierbij als startpunt. Op basis van deze
sten uit te wisselen. Steeds meer con- zal blijken dat Statbel de deeleconomie agenda werkte Eurostat in samenwer-
De

sumenten doen een beroep op een vanuit verschillende standpunten zal king met de lidstaten de onderstaande
onlineplatform zoals Airbnb om een meten. Soms staat de consument cen- statistische definitie2 voor de deeleco-
vakantieverblijf te reserveren, boeken traal, terwijl een andere statistiek focust nomie uit:

02
een taxirit bij Uber of laten een maal- op de platformwerker, dus de persoon
• de deeleconomie verwijst naar
tijd aan huis leveren door Deliveroo of die via het onlineplatform zijn diensten
bedrijfsmodellen waarbij onli-
een ander fietskoerierbedrijf. Hierdoor aanbiedt. Een derde benadering slaat op
neplatformen leveranciers van
neemt het economische belang van de de kenmerken en eigenschappen van
diensten in contact brengen met
deeleconomie snel toe. het platformbedrijf. In dit tweede hoofd-
consumenten. De onlineplatfor-
stuk komt ook een nationale analyse aan
Vandaar dat Statbel, het Belgische sta- men genereren een omzet uit hun
bod, waarin Statbel de relevante infor-
tistiekbureau, in nauwe samenwerking diensten die direct of indirect ver-
matie in bestaande, nationale databan-
met Eurostat en andere nationale statis- bonden zijn met de bemiddeling;
ken onder de loep neemt. Daarna volgt
tische instellingen, bestudeert op welke
de conclusie.
manier de deeleconomie kan geïnte-
greerd worden in de openbare statis-
tieken. In een eerste stap werd hiervoor Statistische definitie
een conceptueel kader voor de deeleco-
van de deeleconomie

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nomie ontwikkeld. Deze statistische no-
tie komt in het eerste hoofdstuk aan bod
en vormt het richtsnoer bij de integratie Om de zoektocht naar relevante cijfers
van dit economische model in de open- te kaderen, is er nood aan een pragma-
bare statistieken. Deze concrete initia- tische definitie van het begrip deeleco-
tieven om de deeleconomie te meten, nomie. De Europese agenda voor de
integratie van de
deeleconomie

• platformwerkers zijn in regel na- sieke loontrekkende of zelfstandige de definitie eveneens dat het be-
tuurlijke personen, maar kunnen activiteit. De Internationale Arbeidsor- drijfsmodel van de onlineplatformen
een vergunning nodig hebben om ganisatie3 omschrijft een platformwerk stoelt op de vergoeding die ze innen
aan de wettelijke eisen te voldoen; sinds 2018 als een dependant con- bij iedere succesvolle transactie. In-
tractor, waar de platformwerker alle ri- termediaire actie zonder winstoog-
• de relatie van de platformwerker sico’s draagt in geval van afwezigheid merk, zoals platformen die buren met
met de onlineplatformen en met en vaak volledig afhankelijk is van één elkaar in contact brengen voor kleine
de consument beperkt zich tot klant, namelijk het platformbedrijf dat klusjes, worden dus evenmin tot de
het leveren van de afgesproken de werkplanning opstelt. Dergelijke deeleconomie gerekend. En om vrij-
dienst. De transacties leveren de
De

dependant contractors maken dus in- willigerswerk uit te sluiten, moeten


platformwerkers een secundai- tegraal deel uit van de deeleconomie, de platformwerkers ten slotte een
re bron van inkomsten op, maar zelfs indien ze wegens specifieke re- vergoeding voor de geleverde dienst
kunnen gedurende een beperk- gelgeving hun activiteit moeten regis- ontvangen.
te periode ook de primaire bron

02
treren.
van inkomsten vormen. Uit de bovenstaande notie kan men dus
Om allerhande sociale netwerken uit afleiden dat de deeleconomie uit drie
Sommige aspecten uit deze definitie de deeleconomie te weren, stipuleert partijen bestaat:
verdienen enige toelichting. Zo stipt
de notie vooreerst aan dat platform-
werkers in regel natuurlijke personen
zijn. Hierdoor vallen b2c-transacties
buiten de reikwijdte van de deeleco-
nomie. De notie houdt echter rekening
met wettelijke bepalingen die de plat-
formwerker verplichten om zich te re-
gistreren of om over een certificaat of
een licentie te beschikken. Deze situ-
atie geldt bijvoorbeeld voor de chauf-

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feurs die taxi-diensten aanbieden voor
Uber. Daarnaast is het belangrijk om
aan te stippen dat platformwerk niet
kan omschreven worden als een klas-
integratie van de
deeleconomie

• vooreerst is er de natuurlijke per- Het volgende hoofdstuk presenteert dan hoofdstuk presenteert de werkwijze
soon, die via het platform een ook de initiatieven die Statbel neemt om die Statbel volgt om de deeleconomie
dienst aanbiedt; de deeleconomie te integreren in de be- te meten. Hierbij zal voor iedere actor
staande statistieken. binnen de deeleconomie een andere
• aan de andere kant van de ket- werkwijze worden gevolgd.
Oplijsting van de door
ting staat de consument, die ge-
bruik wil maken van de dienst; De deeleconomie vanuit
• leverancier en klant kennen el- Statbel ondernomen het oogpunt van de
kaar niet en komen dankzij de
initiatieven consument
De

bemiddeling van het onlineplat-


form met elkaar in contact.
De consument is de natuurlijke per-
Om de vergelijkbaarheid over jaren en
Willen de openbare statistieken de vol- soon die via een onlineplatform een
tussen landen te garanderen, maakt

02
ledige reikwijdte van de deeleconomie bepaalde dienst bestelt. Deze actor
Statbel gebruik van internationaal ge-
vatten, dan moeten de drie partijen ge- binnen de deeleconomie kan het best
harmoniseerde concepten en metho-
analyseerd worden. Het is bovendien gemeten worden via de jaarlijkse En-
den. Het uitwerken van een gestan-
van belang dat de deeleconomie kan quête naar het ICT-gebruik bij huis-
daardiseerde vragenlijst neemt hierdoor
vergeleken worden met de reguliere houdens en individuen (ICT-HH). Deze
enkele jaren in beslag en de coördinatie
economische activiteiten. Hoeveel pro- enquête meet in welke mate personen
ligt in handen van Eurostat. Transacties
cent van de overnachtingen worden bij- en huishoudens in het dagelijkse leven
tussen particulieren via een digitaal plat-
voorbeeld door particulieren aangebo- gebruik maken van informaticatools.
form zijn echter een recent fenomeen.
den via onlineplatformen zoals Airbnb? Bijgevolg capteren de meeste openbare
Om deze vraag te beantwoorden, vol- statistieken de deeleconomie nog niet.
staat het niet om enkel Airbnb en ande- Maar de statistische instellingen heb-
re onlineplatformen te bestuderen. De ben de afgelopen jaren sterk ingezet
deeleconomie moet geïntegreerd wor- op de integratie van de deeleconomie
den in de bestaande statistiek, die het in de bestaande statistieken. Voor het
aantal overnachtingen aangeboden door

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luik “consument” beschikt Statbel reeds
de collectief logiesverstrekkende bedrij- over relevante cijfers en ook voor de
ven meet. Enkel op deze manier kan een platformbedrijven en de platformwer-
correct marktaandeel worden berekend. kers liggen de scenario’s reeds vast. Dit
integratie van de
deeleconomie

Aangezien deze toepassingen pijlsnel Huren van een accommodatie bij 25-34 jarigen, terwijl 65-plussers het
evolueren, passen Eurostat en de nati- minst via een platform een accommoda-
onale statistische instellingen ieder re- 21% van de Belgen tussen 16 en 74 jaar tie huren. Een andere interessante con-
ferentiejaar de modelvragenlijst van de geven in 2019 aan dat ze via een speci- statatie is dat het gebruik van platfor-
ICT-HH aan. Op die manier kan deze fieke website of app een accommodatie men toeneemt naarmate de gebruiker
statistiek snel inspelen op de nieuwste bij een particulier huurden. Dit is een een hogere opleiding heeft genoten. Ten
trends, zoals de toenemende populari- toename met 3 procentpunt in verge- slotte valt op dat Brusselaars het vaakst
teit van deelplatformen. Vanaf het re- lijking met 2018 en met 8 procentpunt via specifieke apps of websites accom-
ferentiejaar 2017 meet de ICT-HH via ten opzichte van 2017. modaties boeken, terwijl deze praktijk
De

de twee onderstaande variabelen het Mannen blijken iets vaker gebruik te het minst ingeburgerd is bij Vlamingen.
gebruik van dergelijke apps door indi- maken van specifieke apps om tijdelijke
viduen: verblijven bij particulieren te huren. De Zoals eerder aangestipt, maakt Stat-
opdeling naar leeftijdsklassen toont aan bel gebruik van een internationaal ge-
• huurde de respondent een ac- harmoniseerde vragenlijst. Een derge-

02
commodatie bij een particulier dat deze praktijk het best ingeburgerd is
via een speciaal daartoe opge-
richte website of app (bv. Airbnb, Gebruik platform om accommodatie te huren bij particulier (2019)
HouseTrip, Couchsurfing)? 40%
35%
• maakte de respondent gebruik 30%
van een vervoerdienst die door 25%
een particulier werd aangebo- 20%
den via een speciaal daartoe 15%
opgerichte website of app (bv. 10%
Uber)? 5%
0%
Voor beide variabelen kunnen bijko-

Vlaanderen
Hoog
Laag

Wallonië
Mannen

Brussel
16-24 jaar

25-34 jaar

35-44 jaar

45-54 jaar

55-64 jaar

65-74 jaar

Gemidd.
Vrouwen

mende opdelingen naar regio, geslacht,


opleidingsniveau, socio-economische
situatie en leeftijd worden gemaakt. De Totaal Geslacht Leeftijd Opleidingsniveau Woonplaats
onderstaande paragrafen presenteren
de voornaamste resultaten4. Bron: Statbel, het Belgisch statistiekbureau
integratie van de
deeleconomie

lijke werkwijze biedt het voordeel dat Gebruik platform om accommodatie te huren bij particulier:
de Belgische situatie kan vergeleken internationale vergelijking (2019)
worden met de toestand in de andere
40
EU-lidstaten. Van alle Europeanen blij- 35
ken de Luxemburgers het meest ver- 30
25
trouwd te zijn met specifieke apps om 20
korte verblijven bij particulieren te re- 15
10
serveren. België behoort, samen met 5
de buurlanden Nederland, Frankrijk en 0

Slovakije

Oostenrijk
Malta
Frankrijk

Italië
Polen

Litouwen

Slovenië
Kroatië
Zweden

Roemenië

Bulgarije
Cyprus
België

Tsjechië
Estland

EU
Nederland

Griekenland

Denemarken

Letland
Portugal
Luxemburg

Verenigd Koninkrijk

Duitsland

Finland
Ierland

Spanje

Hongarije
De

Duitsland, tot de subtop met een per-


centage gebruikers dat licht boven het
EU-gemiddelde ligt.

Gebruik maken van een

02
vervoerdienst Bron: Eurostat

In 2019 maakten 7% van de Belgen ge- Gebruik platform voor het reserveren van een vervoerdienst
bruik van een platform om bij een par- aangeboden door een particulier (2019)
ticulier een vervoerdienst te reserve- 18%
ren. In vergelijking met 2018 gaat het 16%
om een toename met 2 procentpunt. 14%
12%
De gedetailleerde opdelingen leveren 10%
vergelijkbare resultaten op met het hu- 8%
6%
ren van accommodaties. De praktijk is 4%
het best ingeburgerd in de leeftijds- 2%
groep van 25-34 jarigen en bij hoogge- 0%

Hoog
Laag

Vlaanderen
Mannen

Brussel

Wallonië
16-24 jaar

25-34 jaar

35-44 jaar

45-54 jaar

55-64 jaar

65-74 jaar

Gemidd.
Vrouwen

schoolden. Weinig verrassend maken


Brusselaars het vaakst gebruik van een
platform voor vervoerdiensten. Uber,
Totaal Geslacht Leeftijd Opleidingsniveau Woonplaats
ongetwijfeld de bekendste speler in dit
segment, beperkt immers haar activitei- Bron: Statbel, het Belgisch statistiekbureau
ten tot de hoofdstad.
integratie van de
deeleconomie

Gebruik platform voor het reserveren van een vervoerdienst De platformwerker draagt immers alle
aangeboden door een particulier: internationale vergelijking (2019) risico’s in geval van afwezigheid en is
30
zowel inzake het aantal transacties als
op het vlak van de financiële vergoe-
25
ding vaak volledig afhankelijk van één
20
klant, namelijk het platformbedrijf dat
15
de werkplanning opstelt. Vandaar dat
10
Commissievoorzitster Ursula von der
5
Leyen platformwerk als één van haar
0
De

beleidsprioriteiten beschouwt en ook


Malta

Frankrijk

Slovakije
Kroatië

Litouwen

Italië

Oostenrijk
België

Polen
Slovenië

Zweden
Estland

Nederland

EU

Roemenië

Bulgarije

Cyprus
Tsjechië
Luxemburg

Verenigd Koninkrijk

Letland
Ierland

Spanje

Denemarken

Finland

Duitsland
Portugal

Griekenland
Hongarije
een sterke focus legt op de kwaliteit van
het platformwerk5. De Europese Com-
missie is dan ook vragende partij dat de

02
openbare statistieken zich niet beperken
tot het aanbod aan platformwerk, maar
Bron: Eurostat deze secundaire activiteit eveneens ver-
gelijken met de reguliere tewerkstelling.
28% van de Esten heeft in 2019 gebruik ele voorbeeld van een platformwerker De Commissie wil bijvoorbeeld graag
gemaakt van een platform om een ver- zijn de fietskoeriers, die een maaltijd weten of er specifieke groepen bestaan
voerdienst aangeboden door een parti- per fiets naar de klant brengen. Type- die vaker platformwerk aanbieden. Van-
culier, te reserveren. In vergelijking met rend voor de deeleconomie is dat het daar dat de lidstaten en Eurostat over-
Fransen en Luxemburgers maken pro- platformwerk in principe niet de hoofd- eenkwamen om het platformwerk te
portioneel minder Belgen gebruik van activiteit inhoudt. Meestal gaat het om meten via de bestaande Enquête naar
deze dienst, maar we scoren toch 1 pro- studenten die ’s avonds via het plat- de Arbeidskrachten (EAK).
centpunt boven het EU-gemiddelde. formwerk een centje willen bijverdie-
nen of om werknemers die op deze ma- De EAK is een enquête bij particuliere huis-
De deeleconomie vanuit nier een bijverdienste genereren. houdens6, die als voornaamste doelstelling
heeft om de populatie op actieve leeftijd
het oogpunt van de Het eerste hoofdstuk refereerde reeds op te delen in drie groepen (werkenden,
platformwerker naar een Resolutie die door de Internati- werklozen en niet-actieven) en over elk
onale Arbeidsorganisatie werd aangeno- van deze drie categorieën beschrijvende
De platformwerker is de persoon die men en waarin platformwerkers worden en verklarende gegevens te verstrekken.
een dienst aanbiedt. Het meest visu- omschreven als dependant contractors. Evenals de ICT-HH is ook deze statistiek
integratie van de
deeleconomie

gebaseerd op internationaal geharmo- Momenteel zet een Task Force, waar- Bij de analyse van de platformbedrijven
niseerde methoden en concepten. Plat- aan Statbel deelneemt, de geharmo- worden de nationale statistische instel-
formwerkers meten via de EAK biedt met niseerde vragenlijst en methodologie lingen echter geconfronteerd met een
andere woorden diverse voordelen: op punt. De vragen over platformwerk aanzienlijke moeilijkheid. De grootste
zullen via een specifieke module aan de platformbedrijven, zoals Uber of Airbnb,
• de EAK bevat informatie over de
EAK-vragenlijst worden toegevoegd. In zijn multinationale spelers, die hun ac-
voornaamste persoonlijke ken-
2022 kunnen de lidstaten deze module tiviteiten in België vaak beheren vanuit
merken van de respondenten, zo-
op vrijwillige basis aan de respondenten een buitenlandse zetel. Deze onderne-
als leeftijd en opleidingsniveau;
voorleggen. In een tweede fase gaat de mingen zijn daarom zelden terug te vin-
De

• de EAK zal beschikken over spe- module op basis van een Verordening den in de reguliere ondernemingsstatis-
cifieke informatie over het plat- georganiseerd worden, waardoor alle tieken of –registers. Om de vereiste data
formwerk, zoals de verloning, lidstaten de vragen over platformwerk te verkrijgen waren de nationale statis-
het aantal gepresteerde uren of moeten opnemen in de enquête. tische instellingen bijgevolg verplicht

02
de geleverde dienst; om alle platformbedrijven op unilaterale
De deeleconomie vanuit basis te contacteren. Dat was een tijd-
• nationale vergelijkingen met re- rovende en weinig efficiënte werkwij-
het oogpunt van het
guliere werknemers zijn mogelijk, ze, zowel voor de platformbedrijven als
evenals internationale vergelij- platformbedrijf voor de statistische instellingen. Van-
kingen met andere EU-lidstaten; daar dat de Europese Commissie be-
Kenmerkend voor de deeleconomie is sloot om deze gesprekken naar zich toe
• ten slotte maakt de EAK gebruik dat de platformwerker en de consument te trekken en via één overeenkomst de
van een grote steekproef, waar- elkaar niet kennen. Het is de rol van het
bij jaarlijks meer dan 120.000 platformbedrijf om leverancier en klant
personen worden bevraagd. Dit met elkaar in contact te brengen. Het
is belangrijk om tot representa- platformbedrijf zal met andere woorden
tieve resultaten te komen. Want bepalen welke koerier een bestelling bij
ondanks de stijgende populariteit de klant gaat afleveren. Voorts is het

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blijft de omvang van de deeleco- van belang dat het platformbedrijf winst
nomie relatief beperkt. Een grote wil puren uit deze intermediaire rol. Het
steekproef vormt de beste garan- bedrijfsmodel van een platformbedrijf
tie dat voldoende respondenten stoelt dus op de vergoeding die bij iede-
platformwerk zullen uitoefenen. re succesvolle transactie wordt geïnd.
integratie van de
deeleconomie

data voor alle EU-lidstaten op te vragen. door particulieren op de markt worden bedrijven ook vervat in de regulie-
Deze onderhandelingen focusten zich in gezet. Hierdoor zal Statbel in de toekomst re bevraging, waardoor het risico
eerste instantie op de sector van het ver- niet enkel aparte cijfers kunnen publice- bestaat dat we één hotel meerde-
blijfstoerisme en resulteerden in maart ren over de deelplatformen actief binnen re keren in rekening brengen;
2020 in akkoorden met de platformbe- het verblijfstoerisme, maar ook een cor-
drijven Airbnb, Booking.com, TripAdvisor rect marktaandeel kunnen berekenen. • een particulier die een accom-
en Expedia7. Ondertussen hebben deze modatie aanbiedt via een plat-
Met de akkoorden tussen de Europese form, wedt meestal op meerdere
bedrijven de eerste gegevensbestan-
Commissie en de vier platformbedrijven paarden en biedt zijn logement
den aan Eurostat geleverd. Eurostat gaat
werd een eerste, belangrijke horde geno- bijgevolg op diverse platformen
De

de microdata vervolgens opdelen in 27


men. Maar het methodologisch werk vangt tegelijk aan. Dus ook binnen de
nationale bestanden, waardoor Statbel
nu pas aan. Op basis van de eerste testbe- deeleconomie bestaat een reëel
binnen het jaar informatie ontvangt over
standen moeten de nationale statistische risico op dubbeltellingen.
alle overnachtingen die via deze vier on-
instellingen en Eurostat nog een gehar-

02
lineplatformen op het Belgische grond-
moniseerde aanpak voor de methodolo- De Statistiekwet biedt Statbel de moge-
gebied worden gereserveerd.
gische uitdagingen uitwerken. Doordat de lijkheid om voor statistische doeleinden
Het is moeilijk om de meerwaarde van microdata van de platformbedrijven geen identificatienummers, zoals bijvoorbeeld
deze akkoorden te overschatten. Dankzij identificatiegegevens bevatten, vormen in het ondernemingsnummer, op te vragen.
deze microdata kan Statbel de bestaande het bijzonder de dubbeltellingen een aan- Dankzij deze unieke nummers kan Stat-
statistiek8 over het volume van het bin- zienlijk probleem. Deze dubbeltellingen, bel makkelijk dubbeltellingen waarnemen
nenlandse toerisme en van het inkomen- waarbij een accommodatie dus minstens en oplossen. De overeenkomst van de
de toerisme, uitgedrukt in aantal aankom- in twee verschillende bestanden zit vervat, Europese Commissie met de platformbe-
sten en overnachtingen, per doel van de resulteren in een overschatting van het drijven sluit de transfer van ieder identi-
reis en land van ingezetenschap van de aantal aankomsten en overnachtingen en ficatienummer echter uit11. De nationale
gast, uitbreiden9. Momenteel beperken kunnen twee vormen aannemen: statistische instellingen moeten dus inno-
de resultaten van deze statistiek zich vatief te werk gaan om de dubbeltellingen
• de collectief logiesverstrekkende
tot de collectief logiesverstrekkende be- te elimineren. Webscraping12, waarbij de
bedrijven maken eveneens ge-
drijven10. Dankzij de akkoorden kunnen statistische instellingen de vereiste infor-
bruik van onlineplatformen om
de nationale statistische instellingen de matie van de websites van de platform-
(een deel van) hun kamers aan te
bestaande resultaten aanvullen met het bedrijven schrapen, wordt, in combinatie
bieden. Hotels zijn bijvoorbeeld
aantal aankomsten en overnachtingen in met artificiële intelligentie (AI), als de bes-
actief op zowel Booking.com als
accommodaties die via deelplatformen te oplossing gezien.
op Expedia. Daarnaast zitten deze
integratie van de
deeleconomie

Op dit moment bestuderen de natio- methodologische knopen door te hak- Aanvullende nationale
nale statistische instellingen, in samen- ken. De coronacrisis maakt echter dat
werking met Eurostat, welke techniek de platformbedrijven tijdelijk geen ge- benadering: de deeleconomie
van webscraping en AI de beste resul- gevens kunnen verstrekken. De werk- in bestaande databanken
taten genereert. De volgende twee pis- zaamheden liggen hierom voor onbe-
tes liggen op tafel: paalde tijd stil en worden samen met De economische activiteit van een be-
het versoepelen van de lockdown- drijf wordt bepaald aan de hand van de
• tekstherkenning: particulieren
maatregelen opnieuw opgestart. Op NACE-nomenclatuur. Maar deze nomen-
en hotels die eenzelfde kamer
dat moment gaat Eurostat ook ge- clatuur beschikt niet over een aparte code
aanbieden op meerdere platfor-
De

sprekken aanknopen met platformbe- om platformbedrijven te identificeren.


men, maken in regel gebruik van
drijven in andere domeinen. Het is dus De onlineplatformen beschikken bijge-
dezelfde tekst. Door op zoek te
de bedoeling dat op termijn ook ande- volg over dezelfde NACE-code als de re-
gaan naar kernwoorden, zoals
re, bestaande statistieken worden aan- guliere bedrijven. Dat maakt het moeilijk
de locatie van het logement, de

02
gevuld met de gegevens die door de om de platformbedrijven te identificeren
grootte van de kamer, aanwezige
platformbedrijven aan Eurostat wor- in de bestaande registers en databanken.
faciliteiten, … kunnen identieke
den verstrekt. België vormt hierop echter een uitzonde-
accommodaties automatisch op-
gespoord worden;
• fotoherkenning: bij deze techniek
worden de foto’s die bij een ad-
vertentie worden geplaatst au-
tomatisch vergeleken, om op die
manier eventuele dubbeltellingen
te identificeren. Deze techniek
vereist echter een groot compu-

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tergeheugen en wordt hierom
eerder als een alternatieve oplos-
sing achter de hand gehouden.

Het was initieel de bedoeling om nog


dit jaar, dus in 2020, de belangrijkste
integratie van de
deeleconomie

ring. Statbel kan immers vertrekken van Statistisch ondernemingsregister • wat de geografische spreiding be-
de lijst van erkende platformbedrijven die treft, blijkt 60% van de bestudeer-
de FOD Financiën13 op zijn website pu- Statbel koppelde de unieke onderne- de platformbedrijven gevestigd te
bliceert. In tegenstelling tot andere lan- mingsnummers van de geïdentificeerde zijn in Vlaanderen. Brussel verte-
den beschikt België dus wel over een of- platformbedrijven aan het statistisch genwoordigt 28% van de bedrij-
ficiële, administratieve lijst van bedrijven ondernemingsregister (DBRIS). Dankzij ven, terwijl Wallonië 12% van de
die onder de deeleconomie vallen. deze koppeling komen we meer te we- platformondernemingen telt;
ten over de kenmerken van deze plat-
Op het moment van schrijven (mei 2020) formbedrijven:
• DBRIS beschikt ook over infor-
beschikken 85 platformen over een der-
De

• zo toont de koppeling aan dat in matie over de sector waarin de


gelijke, officiële erkenning. Deze erkende
67% van de geanalyseerde onder- platformbedrijven actief zijn.
ondernemingen worden aangevuld met
nemingen het om eenmanszaken 22% van de bestudeerde on-
vijf grote en alom bekende platformbe-
gaat, waar naast de eigenaar geen dernemingen situeren zich in de
drijven die over een nationaal onderne-

02
andere werknemers in dienst zijn; NACE-sectie informatie en com-
mingsnummer beschikken. Voor deze 90
ondernemingen gaat Statbel vervolgens
na welke informatie beschikbaar is in de
drie onderstaande databanken14: Verdeling van de platformbedrijven over de NACE-secties (2018)

• een eerste invalshoek bestaat erin Informatie en communicatie 22%

om de ondernemingsnummers Onderwijs 20%


van de platformbedrijven te kop- Administratieve diensten 17%
pelen aan het statistisch onderne- Handel 16%
mingsregister (DBRIS) van Statbel; Transport en koeriers 6%
Gezondheidszorg en maatschappelijke dienstverlening 6%
• vervolgens vindt er eveneens een
Persoonlijke diensten 5%
koppeling plaats met de btw-aan-
Advies op gebied van bedrijfsbeheer
giften; 5%
Recreatie 1%
• tenslotte maakt de Belcotax-fi- Handel in onroerend goed 1%
che 281.29 het mogelijk om het Industrie 1%
aantal platformwerkers te iden-
0% 5% 10% 15% 20% 25%
tificeren, evenals de inkomsten
die hier tegenover staan. Bron: Statbel, het Belgisch statistiekbureau
integratie van de
deeleconomie

municatie. Voorbeelden hiervan ren leveren of diensten verrichten die Belcotax15


zijn het ontwerpen van compu- in het btw-wetboek zijn omschreven,
terprogramma’s of het aanbie- zijn belastingplichtig. Het is niet be- De koppeling met DBRIS en de
den van technische expertise langrijk of de activiteit wordt uitge- btw-aangiften biedt informatie over de
bij de ontwikkeling en het be- oefend met of zonder winstoogmerk, karakteristieken van het platformbe-
heer van websites. 20% van de hoofdzakelijk of aanvullend en als drijf. Maar typerend voor de deeleco-
geanalyseerde bedrijven bieden hoofd- of bijberoep. Bijgevolg vallen nomie is dat het onlineplatform enkel
onderwijsactiviteiten aan. Het ook de ondernemingen actief in de fungeert als tussenpersoon. Achter
gaat hier meestal om onlineplat- deeleconomie onder deze verplich- ieder platform staan meerdere plat-
formwerkers, die van de applicatie ge-
De

formen die lesgevers in contact ting. Dit biedt Statbel de mogelijkheid


brengen met studenten die bij- om de platformbedrijven met een na- bruik maken om hun diensten aan te
les willen volgen. De top drie van tionaal ondernemingsnummer te kop- bieden. Via de Belcotax-fiche 281.29
populairste economische activi- pelen aan de btw-aangiften. Op die kon Statbel analyseren om hoeveel
personen het gaat en welke inkom-

02
teiten wordt afgesloten met de manier kan bijvoorbeeld worden na-
administratieve diensten. Deze gegaan welke omzet de platformbe- sten ze dankzij de deeleconomie heb-
categorie omvat onder meer de drijven halen. ben verdiend. Ieder erkend platform
verhuur van personenwagens. stuurt immers de specifieke fiche
In 2018 bedroeg de gemiddelde om- 281.29 naar de FOD Financiën voor
Ten slotte zijn ook veel platform-
zet van een erkend platformbedrijf elke persoon die via het platform zijn/
bedrijven actief in de handel,
614.146 euro. Dit cijfer wordt echter haar diensten aanbiedt16.
waaronder ook het onderhoud
sterk naar boven getrokken door enkele
van auto’s valt. Uit deze cijfers Uit de Belcotax-databank met de inko-
grote spelers. Zoals eerder aangestipt,
kan men dus vaststellen dat de mens van 2018 (aanslagjaar 2019) blijkt
zijn de meeste ondernemingen actief
deeleconomie zich niet beperkt dat een erkend platformbedrijf gemid-
in de deeleconomie eenmanszaken.
tot enkele sectoren, maar bijna deld 208 platformwerkers telt. Maar
De vaak geringe omzetcijfers wekken
het volledige economische spec- ook bij dit cijfer geldt dat de enkele gro-
bijgevolg de indruk dat het platform-
trum bestrijkt. te spelers het gemiddelde naar boven
bedrijf niet de enige inkomensbron van
de eigenaar vormt. De totale omzet trekken. De mediaan bedraagt immers
Btw-aangiften 29 werknemers, wat impliceert dat bij
van alle platformbedrijven waarvoor
Alle personen die een economische de koppeling met de btw-statistieken de helft van de bedrijven minder dan
activiteit uitoefenen op geregelde en plaatsvond, bedroeg overigens 32 mil- 30 personen gebruik maken van de ap-
zelfstandige basis, en hierbij goede- joen euro. plicatie om hun diensten aan te bieden.
integratie van de
deeleconomie

Platformwerkers krijgen in ruil voor de ge- Dankzij deze werkwijze kan dit de overstijgt. Platformwerkers zullen
leverde prestatie een financiële vergoe- economische model correct verge- geanalyseerd worden via een aparte
ding. Het is bijgevolg interessant om na leken worden met de reguliere ac- module, die wordt toegevoegd aan de
te gaan welk bedrag men via dit model op tiviteiten en blijft de internationale Enquête naar de arbeidskrachten. Ten
jaarbasis bijverdient. Uit de Belcotax-cijfers vergelijkbaarheid gegarandeerd; slotte sluit de Europese Commissie ak-
blijkt dat de gemiddelde platformwerker koorden met de onlineplatformen, zo-
617 euro verdient, terwijl de mediaan 203 • de specifieke benadering voor ie- danig dat Statbel over de microdata
euro bedraagt. Het lagere mediaanbedrag dere actor binnen de deelecono- van deze bedrijven kan beschikken. Dit
kan verklaard worden doordat veel wer- mie. artikel toont met andere woorden aan
De

kers slechts één of enkele dagen platform- dat de grote krachtlijnen vastliggen en
werk verrichtten. Het totale bedrag dat de De mate waarin de consument gebruik dat de implementatie gefaseerd wordt
platformwerknemers in 2018 verdienden, maakt van onlineplatformen wordt uitgerold. Dankzij deze nieuwe initiatie-
bedroeg 2,6 miljoen euro. Ten slotte is het sinds 2017 gemeten via de Enquête ven zal Statbel pertinente en betrouw-
naar het ICT-gebruik bij huishoudens

02
interessant om vast te stellen dat 5% van bare cijfers over de deeleconomie ter
de platformwerkers hun diensten aanbie- en individuen. De resultaten van 2019 beschikking kunnen stellen en dit ter
den via meerdere deelplatformen. tonen aan dat België een percentage ondersteuning van het Europees en
gebruikers telt dat het EU-gemiddel- Belgisch socio-economisch beleid.
De integratie van de
deeleconomie in de
openbare statistieken
is volop bezig

Dit artikel beschrijft dus de diverse


initiatieven die Statbel neemt om de
deeleconomie te meten. Twee krachtlij-

© Elnur - Adobe Stock


nen vallen hierbij op:
• de integratie van de deelecono-
mie in de bestaande statistieken.
integratie van de

Voetnoten
deeleconomie

1 De Europese Commissie beschikt over een specifieke webpagina over deeleconomie, waar diverse relevante documenten over dit
onderwerp beschikbaar zijn. Zie hiervoor https://ec.europa.eu/growth/single-market/services/collaborative-economy_en 
2 Deze statistische definitie werd aangenomen op de Business Statistics Directors Group meeting van 11 en 12 december
2019. Aangezien de deeleconomie razendsnel evolueert, werd op deze meeting eveneens beslist om elke twee jaar de
definitie opnieuw onder de loep te nemen. Indien de situatie op het veld grondig wijzigt, dan vindt er eveneens een her-
De

ziening van de definitie plaats. 


3 De notie “dependant contractor” werd bij Resolutie aangenomen tijdens de 20ste sessie van het ICLS (International Con-
ference of Labour Statisticians). 

02
4 Alle gedetailleerde resultaten zijn beschikbaar op Statbel: https://statbel.fgov.be/nl/themas/huishoudens/ict-ge-
bruik-huishoudens#figures. Deze webpagina presenteert eveneens de metadata. 
5 Ursula von der Leyen, Political guidelines for the next European Commission 2019-2024, https://ec.europa.eu/commis-
sion/sites/beta-political/files/political-guidelines-next-commission_en.pdf 
6 Meer informatie over de Enquête naar de arbeidskrachten is te vinden op https://statbel.fgov.be/nl/themas/werk-oplei-
ding/arbeidsmarkt/werkgelegenheid-en-werkloosheid#documents 
7 Europese Commissie, Commission reaches agreement with collaborative economy platforms to publish key data on tou-
rism accommodation, https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/en/ip_20_194 
8 Meer informatie over de Enquête naar het toerisme en het hotelwezen is te vinden op https://statbel.fgov.be/nl/themas/
ondernemingen/horeca-toerisme-en-hotelwezen#documents 
9 Het is belangrijk om te melden dat de platformbedrijven dezelfde informatie en variabelen moeten verstrekken als de
collectief logiesverstrekkende bedrijven. De gegevens van de platformbedrijven gaan de bestaande statistiek dus ver-
volledigen en zullen geen beperkende impact hebben op de verschillende bestaande indicatoren die op basis van deze
enquête worden opgesteld. 
10 Onder de collectief logiesverstrekkende bedrijven ressorteren hotels, toeristische kampeerterreinen, vakantieparken,
jeugdherbergen, gastenkamers, vakantiewoningen en vakantieverblijven die door rechtspersonen voor een kort verblijf
worden aangeboden. 
integratie van de
deeleconomie

11 De platformbedrijven weigerden deze informatie te verstrekken. 


12 Statbel beschikt reeds over praktijkgeoriënteerde ervaring in webscraping. Een mooi voorbeeld hiervan slaat op het ge-
bruik van webscraping in het kader van de Consumptieprijsindex. Dorien Roels en Ken Van Loon hebben in dit kader
een uitgebreide Statbel-analyse geschreven, die kan geraadpleegd worden op https://statbel.fgov.be/sites/default/files/
files/documents/Analyse/NL/webscraping_nl.pdf 
13 Meer informatie over de voorwaarden en de procedure is terug te vinden op de website van de FOD Financiën: https://fi-
nancien.belgium.be/nl/ondernemingen/deeleconomie/inkomsten-vanaf-01-01-2018/aanvraag-tot-erkenning#q8. 
14 Het is belangrijk om aan te stippen dat deze nationale oefening geen representatief beeld schetst van de deeleconomie.
De

De analyse vindt enkel plaats om in afwachting van de openbare statistieken reeds een gedeeltelijk beeld van dit econo-
misch model te bekomen. De voornaamste tekortkomingen zijn: 
• niet alle platformbedrijven vragen een erkenning aan bij de FOD Financiën;

02
• sommige onlineplatformen opereren in België vanuit een buitenlandse zetel. Deze ondernemingen zitten hierom niet
vervat in de Belgische reguliere statistieken of databanken;
• de oefening resulteert enkel in betrouwbare resultaten indien het erkende platformbedrijf haar activiteiten beperkt tot
de deeleconomie. Sommige grote bedrijven, zoals een supermarktketen of een interimkantoor, werden uit de analyse
geweerd. De deeleconomie vertegenwoordigt immers maar een klein deel in hun totale omzet of werknemersaantallen.
15 Belcotax is de verzamelnaam voor alle fiscale fiches die werkgevers in naam van hun werknemers invullen en die een
overzicht bieden van alle inkomsten die onderworpen zijn aan de bedrijfsvoorheffing. Het is dus dankzij deze fiches dat
de aangifte van de personenbelasting via Tax-on-web voor het grootste gedeelte reeds vooraf ingevuld is 
16 Voor enkele erkende platformen zijn er geen gegevens beschikbaar in Belcotax. Dit geldt in het bijzonder voor de grote fiets-
koerierbedrijven Deliveroo en Uber Eats. Volgens de fiscus voldeden beide bedrijven immers niet aan de wettelijke voor-
waarden, doordat het platform beslist welke koerier voor een bepaalde taak wordt ingezet. In plaats van peer-to-peer neemt
de transactie dus de vorm aan van b2c, waardoor de fietskoeriers worden aanzien als gewone werknemers. Dit maakt dat de
fiche 281.10 van toepassing is. Deze kwestie is ondertussen uitgeklaard, maar in april 2020 duikt een nieuw probleem op.
In een arrest verklaart het Grondwettelijk Hof de wet tot instelling van het fiscale en (para)fiscale regime met betrekking tot
verenigingswerk, occasionele diensten tussen burgers en diensten van de deeleconomie die via een goedgekeurd platform
worden aangeboden, nietig. Het Hof handhaaft echter de gevolgen van de wet voor de verleende diensten tot het einde
van het jaar. Het is bijgevolg onzeker of de Belcotax-fiche 281.29 ook na 2020 behouden blijft. 
l ’ économie belge et euroéenne
La transformation digitale de

Les PME, actrices essentielles de la transformation


digitale de l’économie belge et européenne
Ludovic Deschamps - DG « Politique des PME »

Le bouleversement nouant avec le mythe du progressisme


technologique.
toujours simple à appréhender : Internet
des objets (IoT), cloud, Big data, intelli-
gence artificielle (IA), réalité virtuelle et
numérique dans un Cette digitalisation s’accompagne de augmentée, impression 3D, blockchain,
tout un nouveau lexique qui n’est pas cybersécurité…
monde soumis à la
Illustration n°1 : la transformation de l’économie par la digitalisation (The
contrainte climatique

03
Boston Consulting Group, 2016, p.6)
Révolution industrielle ? Oui,
mais…

La digitalisation (ou numérisation, selon


les usages) est depuis quelques années
devenue un phénomène incontour-
nable de nos sociétés modernes, bou-
leversant nos usages et nos vies quoti-
diennes.
Le monde entrepreneurial, et à fortiori
les PME, n’est évidemment pas épar-
gné par ces changements profonds.
Certains spécialistes parlent d’ailleurs
de troisième (Anderson, 2012), voire
de quatrième révolution industrielle
pour qualifier le processus en cours, re-
l ’ économie belge et euroéenne
La transformation digitale de

C’est d’autant plus vrai pour des petites tement menacés par l’automatisation pales victimes seront les groupes so-
structures comme les PME, qui ne dis- (risque d’automatisation allant au-de- ciaux déjà plus vulnérables sur le mar-
posent bien souvent pas des ressources là de 70%) et 28,5% (= 1,35 millions) ché du travail, comme les personnes
ni des compétences nécessaires pour se verraient profondément modi- les moins qualifiées ou les femmes
appréhender ces concepts abstraits et fiés (risque d’automatisation compris (Manpowergroup, 2016).
encore moins pour les opérationnaliser entre 50% et 70%). Au-delà de la disparition pure et simple
dans leur business model.
Cette automatisation pourrait, en outre, d’emplois, c’est d’abord et avant tout
Même si la digitalisation est aujourd’hui être porteuse d’un approfondissement le contenu de ceux-ci qui évolue déjà
considérée comme l’un des principaux des inégalités sociales car ses princi- et qui va continuer à évoluer, néces-
vecteurs d’innovation, de compétitivité
et de croissance pour les entreprises, il Illustration n°2 : variation entre pays du risque d’automatisation des em-
ne faut donc pas nier sa complexité ni
plois, % d’emplois à risque par niveau de risque (Nedelkoska, Quintini,

03
en dresser un tableau idyllique.
2018, p.49)
L’usage de « l’expression « révolution
industrielle » a [d’ailleurs] d’abord une
fonction idéologique. Elle relève d’une
rhétorique qui gomme les incertitudes
et les contradictions du processus en
le présentant comme linéaire. Elle offre
un langage simple, voire simpliste, pour
expliquer des évolutions compliquées »
(Jarrige, 2015).

Par exemple, le risque pour les emplois


est réel car la digitalisation implique
l’automatisation de nombreuses ac-
tivités. Comme le démontre ce gra-
phique publié par l’OCDE dans l’un
de ses rapports (Nedelkoska, Quintini,
2018), rien qu’en Belgique, 14% des
emplois (= 660.000) seraient direc-
l ’ économie belge et euroéenne
La transformation digitale de

sitant des compétences qui n’étaient compétences numériques (Manyika, nés. Elle devrait également donner de
pas utiles auparavant ou qui n’exis- Sneader, 2018). plus en plus d’autonomie aux travail-
taient tout simplement pas. Les tâches leurs, créant un environnement de tra-
les plus répétitives, en ce compris Bien entendu, tout n’est pas néga- vail plus gratifiant.
celles effectuées par les professions tif non plus. Cette transition apporte
intellectuelles, vont progressivement également son lot de nouvelles op- Néanmoins, afin de tirer pleinement
être remplacées par de nouvelles ac- portunités. L’émergence des nouvelles profit de la digitalisation de l’écono-
tivités demandant davantage de créa- technologies signifie la création de mie, un important effort de formation
tivité, de compétences sociales et de nouveaux emplois encore insoupçon- est indispensable car la transition est
et sera difficile pour un bon nombre
Illustration n°3 : nombre total d’heures prestées en Europe et aux Etats-Unis, de travailleurs et de patrons de PME.
estimation 2016 vs 2030, en milliards (Manyika, Sneader, 2018) L’évolution des technologies ne s’ar-
rêtera pas pour laisser à chacun la
possibilité de monter dans le train si

03
rien n’est fait.

Double transition
Cette transformation numérique n’a
pas lieu dans un vase clos. Une autre
contrainte s’impose de plus en plus à
l’agenda politique : celle du change-
ment climatique. Afin d’y apporter une
réponse, nos sociétés sont donc for-
cées de s’engager aussi dans une tran-
sition vers un modèle plus durable et la
digitalisation n’est pas neutre vis-à-vis
de celle-ci.

L’impact environnemental réel du dé-


ploiement des technologies de l’infor-
mation et de la communication (ICT) est
l ’ économie belge et euroéenne
La transformation digitale de

un sujet débattu de longue date (Hilty, sente déjà à lui seul 4% des émissions duire à néant tous les efforts réalisés
Bieser, 2017 ; Coroama, Mattern, 2019), mondiales de GES, c’est-à-dire davan- dans la lutte contre le changement cli-
mobilisant des avis engagés et contra- tage que le secteur de l’aviation, cette matique. Le passage d’une économie
dictoires (GeSI, 2015 ; The Shift, 2019). part pourrait monter à 8% d’ici 2025 linéaire à une économie circulaire est
Comme souvent, la réponse la plus fac- et sa consommation énergétique aug- un moyen d’éviter cette surconsom-
tuelle se trouve quelque part entre les mente chaque année de 9% (The Shift, mation digitale, tout comme le déve-
deux. 2019, p.4). loppement de technologies pensées
comme propres dès leur conception
L’économie numérique, et l’innova- Lorsqu’il est question de transforma-
(« cleantech ») (Coroama, Mattern,
tion qu’elle implique, a effectivement tion numérique, il est donc essentiel
2019, p.7).
le potentiel de réduire les émissions pour mener une politique efficace
de gaz à effet de serre (GES) dans de ne pas oublier son empreinte en- La Commission européenne l’a bien

03
certains secteurs et peut permettre vironnementale réelle et de « l’inter- compris et associe désormais systé-
le déploiement de nouvelles solutions naliser » autant que possible dans la matiquement digitalisation et durabili-
technologiques qui améliorent l’effica- transition durable, afin de ne pas ré- té comme les deux faces d’une même
cité énergétique, comme les réseaux
intelligents (GeSI, 2015).
Cependant, ces effets positifs espérés
ignorent la plupart du temps ce qui est
nommé en économie « l’effet de re-
bond » (Coroama, Mattern, 2019, p.1).
La mise à disposition de nouveaux
produits et services plus performants
grâce à la digitalisation implique que
la demande des entreprises et des
consommateurs augmente dans le

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même temps, limitant leurs bénéfices
environnementaux. C’est d’ailleurs ce
que les chiffres tendent à démontrer :
alors que le secteur numérique repré-
l ’ économie belge et euroéenne
La transformation digitale de

pièce, celle d’une double transition né- l’Union européenne (UE) « une écono- la Belgique fait plutôt figure de bon
cessaire de l’économie européenne. mie numérique agile, neutre pour le élève en se classant sur la troisième
climat et efficace dans l’utilisation des marche du podium européen, seule-
Cela n’est pas sans impact sur les
ressources » (Eur-Lex, 2020). ment dépassée par l’Irlande (1ère) et
PME. En effet, la nouvelle stratégie
la Finlande (2ème) (Commission euro-
européenne pour les PME, dévoilée en
mars 2020, vise non seulement à sou- Quelques chiffres en péenne, 2020).
tenir leur digitalisation mais également
leur adoption de modèles durables.
Belgique Cette bonne performance ne doit tou-
tefois pas éclipser une autre obser-
Leur pleine implication dans la double En matière d’intégration des technolo- vation. Ainsi que le démontrent les
transition est nécessaire pour faire de gies numériques dans les entreprises, chiffres publiés annuellement dans le
tableau de bord des PME et des en-
Illustration n°4 : types de site web des PME, en pourcentage (données trepreneurs indépendants du SPF Eco-

03
nomie (2019), les disparités restent
2018) (SPF Economie, 2019, p.39)
considérables selon la taille des entre-
prises.
Par exemple, alors que 93,8% des en-
treprises dites « moyennes » (50 à 249
employés) disposent d’un site web, elles
ne sont que 60,3% des microentre-
prises (2 à 9 employés) dans ce cas (SPF
Economie, 2019).
Cet écart en fonction des tailles de
PME se répète pour d’autres para-
mètres comme l’achat de services de
cloud computing, l’analyse des don-
nées massives (plus couramment appe-
lées « Big data ») ou encore le paiement
pour la diffusion de publicité sur inter-
net (Statbel, 2019).
l ’ économie belge et euroéenne
La transformation digitale de

Illustration n°5 : utilisation du cloud, du Big data et de la publicité internet selon la taille de PME (données
2018) (Statbel, 2019)

Ce que ces statistiques démontrent, Or, si nous souhaitons que les PME Belges (2019) a ainsi mis en avant le

03
c’est que, même si les termes anglo- puissent pleinement profiter des fait que la population belge la perçoit
phones de « start-up » et de « scale- dernières innovations, fondées, par à 72% comme une évolution positive
up » se sont imposés dans le discours exemple, sur des systèmes avancés pour la société mais, dans le même
officiel et que le secteur technologique d’IA, il leur faut déjà au préalable ap- temps, craint les répercussions sur
prend une place importante grâce à préhender correctement et maîtriser la protection de la vie privée et des
sa haute valeur ajoutée, force est de un certain niveau de digitalisation données personnelles (85%). Elle s’in-
constater qu’une grande partie de nos « de base ». Une partie des entrepre- quiète aussi de la perte de l’utilisation
économies, et la Belgique n’y fait pas neurs reste encore méfiante ou ne du bon sens humain (85%) et des in-
exception, sont encore et toujours ba- comprend pas ce que ces technolo- teractions humaines (82%). Une ma-
sées sur un tissu de microentreprises gies peuvent lui apporter en termes jorité des Belges est d’ailleurs favo-
« traditionnelles », encore relative- d’applications concrètes dans son bu- rable à l’action gouvernementale, afin
ment débutantes dans la digitalisation. siness quotidien. de protéger les citoyens des risques
En 2018, ces microentreprises (0 à 9 éthiques de l’IA (74%) et pour sou-
Ces doutes persistants reflètent ceux
employés) représentaient en Belgique tenir les employeurs et les employés
de la population en général. Une
96,6% des assujettis à la TVA, tous lors de son déploiement sur le lieu de
étude récente réalisée par le SPF Eco-
secteurs confondus. (SPF Economie, travail (65%).
nomie sur la perception de l’IA par les
2019, p.21).
l ’ économie belge et euroéenne
La transformation digitale de

La campagne de Illustration n°6 : témoignage d’un lauréat, exemple réussi de digitalisation


d’une « petite boulangerie traditionnelle »
sensibilisation « Je Vidéo de Bakkerij Heidi en VOSTFR à intégrer (https://www.youtube.com/
passe au digital » et ses
watch?v=9Yfdzhbjyp4)

bonnes pratiques
Présentation de la campagne
Partant de ces constatations, la Direction
Générale « Politique des PME » du SPF
Economie a souhaité travailler au com-
blement de ce retard dans la digitalisation

03
des plus petites entreprises. Elle a donc
mené, tout au long de l’année 2019,
une campagne de sensibilisation des mi-
croentreprises (0 à 9 employés) « tradi-
tionnelles » intitulée « Je passe au digital ».
Le meilleur moyen de convaincre les riques, mais bien de leur montrer des d’experts, cinq lauréats, qui ont ensuite
entrepreneurs et de les inspirer n’est exemples concrets provenant de leurs été mis en avant par des vidéos-témoi-
pas de leur fournir des conseils théo- pairs, sur le terrain. 29 témoignages gnages tournées au sein de leur entre-
ont ainsi été recueillis. Un panel varié, prise.
tant sur le plan des secteurs d’activités Au total, près de 600.000 personnes
(boulangerie, artisan, agence immobi- liées au milieu micro-entrepreneurial ont
lière, horeca, fiduciaire, entreprise ac- été touchées par ces vidéos et plus de
tive dans l’événementiel…, dont plu- 50.000 ont poursuivi leur chemin vers
sieurs entrepreneurs indépendants) la plateforme accueillant l’ensemble des
que du niveau de digitalisation, du plus témoignages.
basique au plus avancé.
Ces derniers ont permis de synthétiser
La diffusion s’est faite, entre autres, une série de bonnes pratiques dont les
par une mobilisation du public. Celui-ci sections suivantes serviront à présenter
était invité à désigner, au côté d’un jury le résultat.
l ’ économie belge et euroéenne
La transformation digitale de

Présence sur le web et prenant des informations de base sur pourraient s’avérer complémentaires,
l’entreprise et les produits ou services voire même davantage prioritaires :
communication
qu’elle offre. Son entretien demande du
L’une des premières choses qui appa- • Instagram, qui permet une
temps et une bonne organisation pour
raît dans les témoignages recueillis, c’est communication différente par
assurer un suivi optimal et le conserver
l’importance pour l’entreprise d’une pré- l’image et touche un public
à jour. Cela n’exige cependant pas de
sence de qualité sur le web. Cette der- plus jeune ;
compétences techniques particulières.
nière passe par différents canaux, que ce • LinkedIn, qui vise le public pro-
Parmi les différents réseaux sociaux exis-
soit un site internet ou un compte sur un fessionnel et entrepreneurial ;
tant, Facebook constitue souvent le pre-
ou plusieurs réseaux sociaux.
mier choix. Il est le réseau social le plus uti- • Twitter, pour une communica-
Avant même de créer son propre contenu, lisé en Belgique et celui qui touche le plus tion courte et ciblée et générer
il est essentiel que l’entrepreneur prenne large public dans la population. Il ouvre un davantage d’interactions avec sa
garde aux premières informations qu’un canal de discussion direct entre l’entre- communauté ;
internaute trouvera en le cherchant sur un

03
prise et ses clients et permet la commu-
moteur de recherche et les maintienne à nication rapide de promotions, d’actions, • Vimeo, afin de montrer ses pro-
jour. Un premier pas pour lui sera déjà de d’évènements, des heures d’ouverture, du ductions audiovisuelles ;
chercher sa propre entreprise sur internet lancement de nouveaux produits…
et de voir à quel résultat il aboutit. • Pinterest, également centré sur
Toutefois, selon le secteur d’activité de le visuel et qui intéresse un pu-
Un entrepreneur doit également veiller à l’entreprise, d’autres réseaux sociaux blic plus féminin.
ce que son référencement soit bon, afin
que son entreprise s’affiche dans les pre-
miers résultats et ne soit pas invisible.
Au-delà des cinq premiers résultats, les
chances qu’un potentiel client s’intéresse à
l’entreprise diminuent en effet fortement.
Cela lui assurera un rayonnement bien

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plus large que ne pourra jamais le faire
une boutique physique seule, attirant de
nouveaux clients qu’il n’aurait pas atteints
autrement.
Au départ, un site web se limitera pro-
bablement à une simple vitrine com-
l ’ économie belge et euroéenne
La transformation digitale de

De manière générale, ces nouvelles formes électroniques… La publicité peut égale- munication web ne se prépare pas du
de marketing digital remplacent de plus en ment se faire sous forme audiovisuelle, en tout de la même manière qu’une cam-
plus la communication papier. La fidélisa- réalisant des vidéos dévoilant le savoir-faire pagne de communication passant par
tion de la clientèle est meilleure pour un et la vie interne de l’entreprise. les médias classiques. Une campagne
coût moindre, grâce à la mise en ligne de non réfléchie et mal ciblée sur les ré-
L’entrepreneur avisé prendra toutefois
messages réguliers, l’envoi de newsletters seaux sociaux risque de n’avoir qu’un
garde au fait qu’une campagne de com-
très faible impact.
Illustration n°7 : tableau synthétique n°1 des bonnes pratiques

03
l ’ économie belge et euroéenne
La transformation digitale de

Site web et fonctionnalités plus gistiques supplémentaires qui peuvent des livraisons, l’intérêt peut aussi se situer
être lourds pour une petite entreprise), dans la prospection de nouveaux marchés,
avancées
un système efficace de commande en à la fois à l’intérieur et au-delà des fron-
Au-delà de la communication et de l’as- ligne avec un retrait en magasin ou dans tières du pays d’origine. C’est particulière-
pect vitrine, un site web peut disposer de un point de collecte est une solution qui a ment intéressant dans le contexte du mar-
nombreuses fonctionnalités, offrant un prouvé son efficacité auprès de plusieurs ché unique européen. Le multilinguisme
meilleur service au client et facilitant la des témoins. Il leur permet, par exemple, devient alors une nécessité, particuliè-
gestion de la relation entre l’entreprise et de minimiser les pertes de temps au télé- rement l’anglais, pour attirer des clients
celui-ci. phone et les erreurs de commande. étrangers. Attention qu’il n’y a néanmoins
Sans aller jusqu’à une plateforme complète pas de grande utilité pour l’entrepreneur
Si l’entrepreneur décide de développer un
d’e-commerce (qui implique des coûts lo- de disposer d’un site web en langue étran-
site de vente en ligne complet, impliquant
Illustration n°8 : tableau synthétique n°2 des bonnes pratiques

03
l ’ économie belge et euroéenne
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gère si aucun membre de son personnel telle que celle du Covid-19, sur laquelle paiement sécurisé. Une nouvelle fois, le
n’est capable de la parler couramment. nous reviendrons en conclusion. gain de temps est important, tant pour
l’entrepreneur que pour le client.
Un webshop peut également compenser, Enfin, d’autres types d’activités (agence
au moins partiellement, la perte de clients immobilière, service de formation, cabinet Gestion interne
en cas de coups durs économiques. Par médical, salon de coiffure…) se facilitent
exemple, lors de travaux de voiries qui la vie par la prise de rendez-vous en ligne Digitaliser sa gestion interne requiert
limitent l’accès physique au magasin ou via des agendas électroniques interactifs, avant tout de la curiosité et de l’ouver-
à l’entreprise mais aussi lors d’une crise associée éventuellement à un mode de ture d’esprit. De très nombreuses appli-
cations digitales peu coûteuses existent
Illustration n°9 : tableau synthétique n°3 des bonnes pratiques

03
l ’ économie belge et euroéenne
La transformation digitale de

désormais sur le marché et de plus en Afin de connaître au mieux les habitu- Planifier sa transformation
plus d’applications sectorielles appa- des et les préférences de leurs clients,
digitale
raissent également. certains entrepreneurs se servent des
opportunités rendues possibles par le La décision de digitaliser l’entreprise ne
Sans accompagnement, l’entrepreneur « Big data ». Pour ce faire, des outils doit jamais être prise à la légère. Elle
devra néanmoins être conscient qu’il est comme Google Analytics ou Matomo, implique un investissement certain en
probable qu’il lui faudra faire plusieurs pour ne citer que ces deux exemples, temps, en argent et en énergie. C’est
tentatives pour trouver celles qui corres- analysent les données reçues sous pourquoi il est essentiel que cette digitali-
pondent le mieux à ses attentes. Mais ce forme de statistiques et de graphiques. Il sation soit correctement réfléchie et pla-
n’est pas cher payé par rapport au gain est cependant conseillé de faire preuve nifiée en étapes de développement bien
final. de prudence en matière de respect du identifiées, grâce à une feuille de route à
L’emploi des possibilités offertes par Règlement Général européen de Pro- long terme.
tection des Données (RGPD) (Eur-Lex,

03
le cloud constitue un must pour pas Pour ce faire, certains des témoins ont
mal d’entrepreneurs. Il permet d’avoir 2016). décidé de directement faire appel à
accès à ses documents depuis n’im- des start-ups ou des entreprises spé-
porte quel endroit et à tout moment, Bien entendu, toutes ces fonctionna- cialisées dans l’accompagnement et la
sans risquer de perdre ses données lités digitales nécessitent des compé- conception d’outils digitaux personnali-
en cas de problème avec le matériel tences différentes de celles qui étaient sés par rapport à leurs besoins.
informatique. La continuité des acti- précédemment valorisées. C’est pour-
vités est donc assurée et sécurisée. quoi l’un des témoins explique orga- Une relation de confiance peut d’ail-
Plusieurs collaborateurs peuvent, niser, de manière régulière, des for- leurs se tisser avec un partenaire par-
en outre, travailler en même temps mations internes et du coaching avec ticulier, qui aidera alors l’entreprise
sur un même projet car la synchro- des spécialistes du secteur IT, afin de dans toutes les étapes de développe-
nisation entre chacun des postes de rapidement familiariser les (nouveaux) ment de l’outil digital et se montrera
travail est instantanée. Le cloud au- employés aux outils utilisés dans l’en- proactif pour imaginer les suivantes en
torise également l’utilisation de res- treprise. Selon lui, cela constitue un fonction des besoins et des moyens de
sources et de logiciels informatiques facteur d’attractivité non négligeable l’entreprise, ainsi que des technologies
à distance, limitant le coût de l’in- pour les candidats à l’embauche et lui disponibles.
frastructure informatique physique permettre également de conserver son Étant donné la petite taille des en-
nécessaire. personnel. treprises-témoins de la campagne, le
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La transformation digitale de

nombre de progiciels de gestion intégrée rement leur stratégie commerciale et/ signalement de l’intérêt jusqu’à la si-
de type ERP (Enterprise Ressource Plan- ou leur modèle d’entreprise, de A à Z. gnature des papiers finaux, réduisant
ning) est limité mais l’idée derrière leurs ainsi de 80% la charge administrative.
Par exemple, alors qu’il possédait au dé-
environnements digitaux respectifs est la
part une entreprise exclusivement active De manière générale, le gain de temps,
même : obtenir une vue d’ensemble de
dans les services de catering, l’un des de productivité et la réduction des
tous les processus de la PME grâce, par
lauréats de la campagne a développé coûts obtenus par la transformation
exemple, à une centralisation des stocks,
son propre logiciel, en s’associant à un digitale peut aussi servir à engager de
à des fiches de travail et de temps, etc.
spécialiste des technologies, et le com- nouvelles personnes, pour des fonc-
Pour les petites entreprises capables de mercialise désormais auprès de tous les tions innovantes qui n’existaient pas il
le mettre en œuvre, un progiciel ERP autres acteurs de son secteur d’activité. y a encore quelques années. On peut
constitue toutefois un outil incontour- D’une concurrence, il en a fait une colla- penser, par exemple, aux « community
nable en termes de centralisation et de boration. managers ».
digitalisation de tous les processus de

03
Un autre témoin explique avoir trans-
l’entreprise. Auparavant réservé aux en-
treprises de plus grande taille, il se démo-
formé entièrement et étendu son ac- Des soutiens publics
tivité de location business-to-business
cratise de plus en plus. Un ERP s’adapte
(B2B) de matériel de construction à chaque niveau de
entièrement aux besoins de l’entreprise
et permet un échange de données en
lourd, en développant sa propre plate-
forme digitale. pouvoir : européen,
temps réel entre tous les départements.
Il propose, en outre, des indicateurs de La digitalisation implique également de fédéral et régional
performance autorisant le monitoring de repenser les métiers de type fiduciaire.
l’activité et de la performance de la socié- En effet, elle offre un suivi en temps Afin de les aider à planifier et à tirer le
té. C’est un précieux support d’aide à la réel de leurs comptes aux clients et crée meilleur profit de leur transformation
décision pour un chef d’entreprise. une nouvelle dynamique, par la spécia- digitale, les PME peuvent faire appel à
lisation dans des activités de conseil de de nombreux dispositifs de soutien à
Revoir sa stratégie commerciale plus en plus personnalisés. chaque niveau de pouvoir. Cette sec-
et/ou son modèle d’entreprise tion ne se veut pas exhaustive mais
Dans le cas d’une agence immobilière,
Au cours de leurs réflexions sur la digita- il est possible d’aller jusqu’à digitaliser donne une idée, à l’heure d’écrire
lisation, certains des entrepreneurs-té- l’entièreté du processus de location ces lignes, de diverses solutions exis-
moins en sont venus à repenser entiè- ou d’achat d’un bien immobilier, du tantes.
l ’ économie belge et euroéenne
La transformation digitale de

Les soutiens européens Le LGF, au vu de son succès, sera main- • le Tax Shelter pour les start-ups
tenu dans le nouveau programme « In- (2015) et les scale-ups (2018) ;
Au niveau européen, un des instru- vestEU » (Eur-Lex, 2018), actuellement
• la dispense partielle du pré-
ments phares de soutien aux PME en cours de négociations et qui suc-
compte professionnel pour les
est le système de garantie des prêts cédera à COSME pour le volet finan-
starters (4 premières années) ;
(« Loan Guarantee Facility » ; LGF) du cement du prochain Cadre Financier
programme européen pour la compéti- Pluriannuel (CFP) 2021-2027. Ce der- • la déduction fiscale majorée
tivité des PME, le programme COSME nier fixe, sur une période de sept ans, pour investissement, élargie aux
(Commission européenne, s.d.). les plafonds annuels de dépenses de investissements numériques.
l’Union européenne.
Depuis 2014, COSME a pour but de En ce qui concerne le volet digitalisa-
faciliter l’accès au financement, de Depuis 2019, le dispositif LGF a été ré- tion au sens strict, c’est cette dernière
soutenir l’internationalisation et l’ac- orienté pour couvrir également les pro- qui est particulièrement pertinente. Les
cès aux marchés, de créer un environ- jets de transformation numérique des investissements numériques pouvant

03
nement favorable à la compétitivité et PME. être déduits fiscalement incluent :
d’encourager la culture d’entreprise. • le paiement électronique, y com-
Son action se concentre sur les PME En Belgique, trois intermédiaires finan-
pris pour le développement d’une
« moins innovantes » qui ne peuvent ciers principaux sont habilités à pro-
plateforme d’e-commerce ;
bénéficier des aides du programme poser cette couverture des prêts aux
PME : la banque Belfius, la Société • la facturation, la signature et l’ar-
européen Horizon 2020, consacré à
flamande d’Investissement PMV (Par- chivage électroniques ;
la recherche et au développement.
ticipatiemaatschappij Vlaanderen) et • la sécurité des données et des ré-
L’instrument LGF de COSME sert à ob- la Société wallonne de financement seaux, c’est-à-dire la cybersécurité.
tenir une couverture pour les prêts oc- et de garantie des PME (SOWALFIN)
troyés aux PME par les intermédiaires (Fond européen d’investissement,
financiers (les banques, par exemple), 2020).
réduisant ainsi les risques pour ces der-
niers et augmentant de facto le volume Les soutiens fédéraux

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de prêts accordés aux PME. La cou- Dans le cadre du plan fédéral de sou-
verture est plafonnée à un montant de tien aux PME (Ministre des PME,
150.000 euros, sans dépasser 70% du 2015), trois mécanismes fiscaux sont
volume total du prêt. prévus :
l ’ économie belge et euroéenne
La transformation digitale de

Alors que les PME peuvent habituel- spécifiques, comme le montre le tableau Cela permet à la PME de :
lement déduire 8% de leurs investis- ci-dessous. • dresser un état des lieux de sa
sements, le taux majoré est porté à
Néanmoins, l’objectif est partagé. Il s’agit maturé numérique ;
13,5%. En ce qui concerne les inves-
tissements réalisés en 2018 et 2019, de financer une mission de consultance,
• établir un plan d’action ;
il était même de 20% (SPF Finances, confirmant ce besoin d’accompagne-
s.d.). ment de la PME dans sa transformation • être accompagnée dans la mise
digitale. en œuvre de ce plan.
Par ailleurs, à la suite de recommanda-
tions de l’OCDE, la Belgique a trans- Illustration n°10 : dispositifs régionaux de soutien financier à la digitalisa-
formé en 2016 son régime de déduc- tion des PME (Chèques-entreprises, s.d. ; VLAIO, s.d. ; Bruxelles Écono-
tion pour revenus de brevet (DRB) en mie et Emploi, s.d.)
un régime de déduction pour revenus
d’innovation (DRI) (Slaedts, 2017). Région wallonne Région flamande Région bruxelloise

03 Le DRI est plus souple par rapport aux Nom du dispositif Chèque « Maturité Kmo-portefeuille Prime web
nouvelles réalités technologiques et per- numérique »
met de déduire 85% des revenus nets Type de projet Transformation nu- Amélioration de la Site web / E-com-
d’innovation. C’est un soutien important
soutenu mérique qualité de l’entre- merce
pour les entreprises innovantes, dont de
nombreuses PME. Outre les brevets, le prise
DRI inclut, par exemple, les logiciels in- Montant maximal 60.000 euros 7.500 euros 5.000 euros
formatiques protégés par les droits d’au-
teur. % maximal d’inter- 75% Entreprise moyenne De 40% à 60% se-
vention (50 à 249 em- lon différents critères
Les soutiens régionaux ployés) : 20% (starters, entreprises
En ce qui concerne les subsides directs Petite entreprise (< sociales…)
aux PME, ce sont les Régions qui sont 50 employés) : 30%
compétentes. Chacune d’elles a donc Temporalité Répartition sur 3 1x par an 1x par an
développé son propre dispositif de sou-
ans
tien à la digitalisation avec des modalités
l ’ économie belge et euroéenne
La transformation digitale de

Conclusion : le Les initiatives se sont multipliées ces


dernières semaines, tant bénévoles
annuler entièrement ou partiellement,
font des mécontents et cela n’est pas
Covid-19, accélérateur qu’intéressées, tant du secteur public
que du secteur privé, pour soutenir en
positif pour leur réputation. Une pre-
mière mauvaise expérience virtuelle
de la digitalisation des particulier les commerçants dont les pourrait même rendre la PME encore
magasins faits de briques et de mortier plus méfiante à l’idée de réitérer l’expé-
PME ? ont dû fermer. Les nouvelles boutiques rience des nouvelles technologies dans
d’e-commerce, souvent créées avec le futur, alors même qu’elle aurait pu en
les moyens du bord, ont ainsi fleuri bénéficier avec la préparation adéquate
Si la transformation digitale s’impose de
sur internet et les réseaux sociaux afin (OCDE, 2020).
plus en plus aux PME et qu’il est crucial
de tenter de limiter les pertes (OCDE,
qu’elles en saisissent pleinement les op- De manière générale, les appels au
2020).
portunités pour assurer leur pérennité, tout digital devraient aussi être nuan-
un évènement est venu rendre encore Cette potentielle bouée de sauve- cés. Profiter de la digitalisation est une

03
plus prégnante cette nécessité : la crise tage temporaire n’est cependant pas chose qui doit être encouragée, mais en
du Covid-19. la panacée. Si l’e-commerce peut ef- devenir totalement dépendant en est
fectivement aider dans certains sec- une autre. Cela rendrait vulnérable les
Dans un monde où les contacts phy-
teurs, un entrepreneur averti devrait PME à d’autres types de chocs, comme
siques doivent être limités, pour évi-
se méfier de ce qui pourrait s’avérer celui d’une brèche cybersécuritaire de
ter la propagation d’un virus tel que
être une arme à double tranchant. Le grande échelle mettant à terre le monde
celui qui sévit actuellement, les en-
passage d’un magasin physique à une virtuel. Même si cela paraît improbable
treprises dont le business model est
plateforme d’e-commerce, s’il est fait aujourd’hui, qui aurait imaginé il y a six
encore peu ou pas du tout numérique
dans la précipitation et sans planifi-
se retrouvent davantage en difficulté
cation, ce qui est le cas ici, pourrait
que celles qui avaient déjà préalable-
à terme être contre-productif et trop
ment entamé ce processus de trans-
coûteux pour un petit commerçant
formation.
incapable d’assurer toute la logistique

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Tout le monde tente de s’adapter à la (OCDE, 2020).
nouvelle donne : secteur du commerce
C’est d’ailleurs ce que montre la réali-
de détail, secteur de l’éducation, sec-
té du terrain. Nombre d’entrepreneurs
teur culturel, secteur de l’horeca, sec-
se retrouvent rapidement débordés
teur de la finance et de l’assurance…
par les commandes, sont obligés d’en
l ’ économie belge et euroéenne
La transformation digitale de

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dans le but de pérenniser toutes ces
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nouvelles initiatives, et ainsi permettre
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actuelle. Dans ce cadre, les autorités
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publiques, dont le SPF Economie, ont,

03
tegration-digital-technology (page glement du Parlement Européen
et auront encore à l’avenir, un rôle es-
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Belges », site web du SPF Economie,
kmo-portefeuille (page consultée le
2019, https://economie.fgov.be/fr/
3 mai 2020).
Développements conjoncturels

Développements conjoncturels de l'économie


Graphique 1. Évolution du PIB en % et contribution • À un an d’écart, le PIB a crû de 1,2 % au quatrième trimestre
des différentes composantes selon l’optique dépenses de 2019, soit à un rythme inférieur à celui du trimestre pré-
cédent (1,6 %).
En point de pourcentage, à un an d’écart.
• La demande intérieure hors stocks a tiré la croissance éco-
nomique vers le haut au quatrième trimestre de 2019, y
contribuant pour 1,7 point de pourcentage. Cette contri-
bution positive à la croissance du PIB s’explique principa-
lement par les dépenses de consommation. Au quatrième
trimestre de 2019, le soutien de la consommation privée
à la croissance s’est renforcé (0,9 point de pourcentage
contre 0,7 point de pourcentage au trimestre précédent)

04
tout comme celui des dépenses de consommation publique
(0,6 point de pourcentage contre 0,4 précédemment). En
revanche, la contribution à la croissance économique des
investissements s’est réduite à 0,2 point de pourcentage
au quatrième trimestre de 2019, après trois trimestres de
contribution plus élevée (de 0,9 point de pourcentage cha-
cun).
Source : Institut des Comptes Nationaux (ICN) et Banque nationale de
Belgique (BNB). • Finalement, au quatrième trimestre de 2019, les exporta-
• En 2019, la croissance annuelle du PIB en Belgique s’est éle- tions nettes ont amputé l’activité économique de l’ordre de
vée à 1,4 %, contre 1,5 % en 2018. Il s’agit du deuxième ralen- 0,2 point de pourcentage. À l’instar des exportations nettes,
tissement annuel consécutif. Cette croissance est entièrement les variations de stocks ont également influencé négative-
attribuable à la demande intérieure hors stocks, y contribuant ment la croissance économique du quatrième trimestre de
à hauteur de 1,8 point de pourcentage. À l’instar de 2018, les 2019 (-0,3 point de pourcentage).
exportations nettes ont à nouveau amputé la croissance de l’ac-
tivité économique en 2019 mais dans une moindre mesure, de
l’ordre de 0,1 point de pourcentage contre une contribution de
-0,7 point de pourcentage en 2018. La variation des stocks a
également amputé la croissance économique en 2019, à hau-
teur de 0,2 point de pourcentage.
Développements conjoncturels

Graphique 2. Commerce extérieur selon le concept • Les exportations totales de biens en valeur ont progressé
national de 1,1 % au quatrième trimestre de 2019 par rapport à
la même période de 2018, atteignant 69,3 milliards d’eu-
En milliards d’euros.
ros, contre 68,6 milliards d’euros au quatrième trimestre de
2018. Cette hausse est attribuable uniquement aux expor-
tations extra-UE, qui se sont accrues de 7,7 % en glisse-
ment annuel. Les exportations intra-UE ont reculé de 1,6 %
sur la même période.
• Les importations belges de biens ont affiché une baisse de
4,9 % au quatrième trimestre de 2019 en glissement an-
nuel, pour se chiffrer à 70,3 milliards d’euros, sous l’effet
d’un amoindrissement prononcé des importations intra-UE

04
(-7,2 %). Les importations extra-UE se sont légèrement ac-
crues (+0,6 %) sur la même période de référence.
• Ces résultats se sont traduits par une balance commerciale
négative au quatrième trimestre de 2019 (-1 milliard d’eu-
ros). Le solde s’est dégradé comparativement au trimestre
Source : Institut des Comptes Nationaux (ICN) et Banque nationale de
précédent (+504,3 millions d’euros) mais connaît une amé-
Belgique (BNB, tableau de synthèse). lioration par rapport au trimestre correspondant de 2018
(-5,4 milliards d’euros).
• Selon le concept national , le solde de la balance commer-
1

ciale s’est amélioré en 2019 par rapport à 2018, résultant à


la fois d’un plus grand dynamisme des exportations (+1,9 %)
et d’un repli des importations (-0,9 %) de biens. Par consé-
quent, 2019 semble avoir mis un terme à la tendance bais-
sière du solde de la balance commerciale. Ce dernier reste
toutefois déficitaire, s’élevant à 5,7 milliards d’euros en 2019
contre 13,5 milliards d’euros en 2018.
Développements conjoncturels

Graphique 3. Évolution du PIB en % et contribution des • Au quatrième trimestre de 2019, la contribution de l’indus-
différentes composantes selon l’optique production trie manufacturière à la croissance de l’activité économique
s’est élevée à 0,1 point de pourcentage, soit en légère di-
En point de pourcentage, à un an d’écart.
minution par rapport au trimestre précédent (0,2 point de
pourcentage).
• L’apport des services à la croissance du PIB s’est affaibli,
passant de 1,2 point de pourcentage au troisième trimestre
de 2019 à 0,8 point de pourcentage au quatrième trimestre
de 2019. Les services ont, à l’accoutumée, soutenu presque
entièrement la croissance de l’activité économique au qua-
trième trimestre de 2019.
• Enfin, la contribution à la croissance de l’activité dans la

04
construction s’est maintenue à 0,2 point de pourcentage
au quatrième trimestre de 2019.
• Après s’être fortement détériorée aux deuxième et troisième
trimestre de 2019, la confiance des chefs d’entreprise est
Source : Institut des Comptes Nationaux (ICN) et Banque nationale de remontée au quatrième trimestre de 2019 mais reste néan-
Belgique (BNB).
moins relativement faible. Par ailleurs, la confiance des
• En 2019, l’activité économique s’est amoindrie par rapport entrepreneurs sur l’ensemble de l’année 2019 affiche son
à 2018, atteignant une croissance de 1,4 % contre 1,5 % en moins bon résultat depuis celui de 2015.
2018. Les services ont à nouveau été le principal moteur de
la croissance économique en 2019, la soutenant à hauteur de
1,1 point de pourcentage (contre 1,5 point de pourcentage en
2018). Après avoir amputé la croissance économique totale de
0,2 point de pourcentage en 2018, l’activité dans l’industrie
manufacturière a légèrement progressé en 2019, contribuant
ainsi pour 0,1 point de pourcentage à la croissance écono-
mique. Seule l’agriculture a affecté négativement la croissance
économique en 2019, à hauteur de 0,1 point de pourcentage.
Développements conjoncturels

Graphique 4. Évolution des indices de production in-


dustrielle • Le rythme de croissance de la production de l’industrie ma-
2015 = 100. nufacturière a accéléré en progressant de 3,1 % au dernier
trimestre de 2019 par rapport au trimestre correspondant
de 2018, contre 0,5 % au troisième trimestre de 2019.
• Avec 35,7 % de hausse, la production d’électricité, de gaz,
de vapeur et d’air conditionné a nettement progressé au
dernier trimestre de 2019 par rapport au trimestre corres-
pondant de 2018, la situation s’étant normalisée en 2019 au
niveau des capacités de production dans le parc nucléaire
belge.
• Enfin, l’activité dans le secteur de la construction s’est ré-

04
duite pour le second trimestre consécutif au quatrième tri-
mestre 2019 (-2 %, à un an d’écart).

Source : Statbel, Indices par jours ouvrables.

• Sur l’ensemble de 2019, la production dans l’industrie hors


construction s’est accrue de 4,8 % par rapport à 2018,
soit en décélération par rapport à 2018 (+1,1 %), en raison
d’une accélération dans la production d’énergie (+24,1 % en
2018). Au dernier trimestre de l’année 2019, la croissance
de la production s’est montrée dynamique (+6 % à un an
d’écart, après 4,3 % au trimestre précédent à un an d’écart).
Développements conjoncturels

Graphique 5. Nombre de créations et de cessations • Au quatrième trimestre de 2019, 27.038 nouvelles entre-
d’entreprises prises ont été créées, soit 458 entreprises de plus qu’au
trimestre correspondant de 2018.
• Ces nouvelles entreprises représentent pour 89,3 % des
primo-assujettissements (dont 50,6 % de personnes phy-
siques et 38,8 % de personnes morales) et pour 10,7 % des
ré-assujettissements (dont 9,6 % de personnes physiques et
1,1 % de personnes morales).
• Par ailleurs, 18.301 entreprises ont cessé leur activité au
quatrième trimestre de 2019 (dont 66,3 % de personnes
physiques et 33,7 % de personnes morales), soit 1.814 ces-

04
sations de plus qu’au quatrième trimestre de 2018.
• Au quatrième trimestre de 2019, le solde « créations-cessa-
tions » est donc positif et s’élève à 8.737 entreprises, dont
47,1 % de personnes physiques et 52,9 % de personnes
morales. Ce solde « créations-cessations » a fortement dimi-
Source : Statbel. nué par rapport à celui du trimestre correspondant de 2018
• En 2019, la démographie entrepreneuriale a enregistré (-13,4 %).
une évolution favorable par rapport à 2018 en matière de
créations d’entreprises, mais défavorable en termes de ra-
diations. Ainsi, les créations d’entreprises ont progressé de
6,5 % et les radiations de 5,1 %. Toutefois, avec 37.546 en-
treprises, le solde net de « créations-cessations » est positif
et compte 3.202 entreprises de plus qu’en 2018.
Développements conjoncturels

Graphique 6. Taux d’emploi et taux de chômage har- • Ainsi le taux d’emploi a atteint 65,3 % au quatrième tri-
monisé mestre de 2019, soit 0,1 point de pourcentage de plus qu’au
trimestre correspondant de 2018.
En %.
• Au quatrième trimestre de 2019, le taux de chômage (don-
nées brutes) a atteint 5,2 %, une diminution de 0,5 point
de pourcentage par rapport au trimestre correspondant de
2018.
• Le taux de chômage des jeunes a atteint 14,6 % au qua-
trième trimestre 2019, en hausse de 1,4 point de pourcen-
tage par rapport au trimestre précédent et de 2,4 points de
pourcentage par rapport au quatrième trimestre de 2018.

04
Source : Eurostat.

• 2019, dans son ensemble, s’est avérée une année favorable


sur le marché du travail. Toutefois, le quatrième trimestre
de 2019 montre des évolutions contrastées pour les trois
indicateurs suivis. Ainsi, au quatrième trimestre de 2019, si
le taux de chômage total est en diminution à un an d’écart,
l’inverse s’observe pour les deux autres indicateurs.
Développements conjoncturels

Graphique 7. Nombre de demandeurs d’emploi inoc- • Au cours des quatre trimestres de 2019, le nombre de de-
cupés (DEI) mandeurs d’emploi inoccupés (DEI) n’a cessé de se réduire
en glissement annuel. Au premier trimestre de 2020, on
dénombrait 475.089 DEI, en diminution de près de 1,6 % à
un an d’écart.
• À l’instar des DEI, le nombre de chômeurs de moins de
25 ans s’est aussi inscrit à la baisse au cours des quatre
trimestres de 2019 en glissement annuel. Au premier tri-
mestre de 2020, on comptait 81.334 chômeurs de moins
de 25 ans, en recul de 1,2 % à un an d’écart.

04
Source : ONEM.

• En 2019, le nombre de demandeurs d’emploi inoccupés


(DEI) a évolué favorablement par rapport à 2018, avec une
diminution de 3,8 %. Il en est de même pour les DEI de
moins de 25 ans dont leur nombre s’est réduit de 5,8 %.
Développements conjoncturels

Graphique 8. Évolution de l’indice des prix à la consom- • Les prix à la consommation des produits alimentaires trans-
mation harmonisé (IPCH) et contribution à l’inflation formés ont progressé de 2,1 % au cours du premier trimestre
des 5 grands groupes de produits de 2020 (en légère accélération par rapport au trimestre
précédent +1,6 %), contribuant ainsi à hauteur de 0,4 point
IPCH en % et contributions en point de pourcentage.
de pourcentage à l’inflation totale.
• Les prix à la consommation des produits alimentaires non
transformés ont crû de 1,9 % mais en raison de leur poids
modéré dans le panier de consommation, leur contribution
à l’inflation s’est limitée à 0,1 point de pourcentage.
• En raison de son poids élevé dans le panier de consom-
mation (plus de 40 %), la hausse de l’inflation des services,
atteignant 2,1 % au premier trimestre de 2020 contre 1,8 %

04
au trimestre précédent, a tiré l’inflation totale vers le haut à
concurrence de 0,9 point de pourcentage.
• Le cinquième groupe de produits, celui des produits indus-
triels non énergétiques, a enregistré une légère baisse de
l’inflation au premier trimestre de 2020 (+0,8 %) alimentant
de la sorte pour 0,2 point de pourcentage l’inflation totale.
Source : Statbel.

• Après le net ralentissement de l’inflation au cours des quatre


trimestres de 2019, l’inflation est repartie à la hausse au
premier trimestre de 2020. Cette accélération s’explique,
d’une part, par un recul des prix moins prononcé des princi-
paux produits énergétiques et, d’autre part, par une accélé-
ration des prix dans les services et les produits alimentaires.
Développements conjoncturels

Notes
1 Le concept national reprend uniquement les opérations d'importations et d'exportations dans lesquelles une entre-
prise résidente est contrepartie (source : BNB). 

04
21 - septembre 2020

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