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Microbiote intestinal et pathologies dermatologiques,

conseils à l’officine
Joana Boureau

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Joana Boureau. Microbiote intestinal et pathologies dermatologiques, conseils à l’officine. Sciences
pharmaceutiques. 2023. �dumas-04394005�

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UNIVERSITÉ CLERMONT AUVERGNE

UFR DE PHARMACIE

Année : 2023

THÈSE D'EXERCICE
pour le
DIPLÔME D’ÉTAT DE DOCTEUR EN PHARMACIE

Présentée et soutenue publiquement

le 28 avril 2023
par
Joana BOUREAU

Microbiote intestinal et pathologies dermatologiques,


conseils à l’officine

Directeur de thèse : Madame Valérie LIVRELLI HDR UFR Pharmacie de Clermont-Ferrand

Jury :
Président : Madame Valérie LIVRELLI HDR UFR Pharmacie de Clermont-Ferrand

Membres :
- Monsieur Philip Chennell MCU et pharmacien UFR Pharmacie de Clermont-Ferrand
- Monsieur Damien Balestrino MCU UFR Pharmacie de Clermont-Ferrand
- Monsieur Mathieu Bruna Docteur en pharmacie et titulaire à Mur-es-Allier
- Madame Maëva Meynier Post Doctoral Researcher, IPMC/CNRS, Nice
UNIVERSITÉ CLERMONT AUVERGNE

UFR DE PHARMACIE

Année : 2023

THÈSE D'EXERCICE
pour le
DIPLÔME D’ÉTAT DE DOCTEUR EN PHARMACIE

Présentée et soutenue publiquement

le 28 avril 2023
par
Joana BOUREAU

Microbiote intestinal et pathologies dermatologiques,


conseils à l’officine

Directeur de thèse : Madame Valérie LIVRELLI HDR UFR Pharmacie de Clermont-Ferrand

Jury :
Président : Madame Valérie LIVRELLI HDR UFR Pharmacie de Clermont-Ferrand

Membres :
- Monsieur Philip Chennell MCU et pharmacien UFR Pharmacie de Clermont-Ferrand
- Monsieur Damien Balestrino MCU UFR Pharmacie de Clermont-Ferrand
- Monsieur Mathieu Bruna Docteur en pharmacie et titulaire à Mur-es-Allier
- Madame Maëva Meynier Post Doctoral Researcher, IPMC/CNRS, Nice

1
REMERCIEMENTS
A Madame Valérie LIVRELLI, Professeur des Universités, Pharmacien à la faculté de Pharmacie
de Clermont-Ferrand et directrice de ma thèse,

Merci pour votre encadrement tout au long de mes études. Grâce à vous j’ai adoré la
parasitologie et de manière générale toutes les petites bêtes pouvant peupler notre
organisme. C’est un réel plaisir pour moi d’avoir bénéficié de votre aide pour mon sujet de
Master 1 et la rédaction de ce sujet de thèse.

A Monsieur Philip Chennell, Maître de conférence à la faculté de Pharmacie de Clermont-


Ferrand et Pharmacien Hospitalier au CHU de Clermont-Ferrand,

Merci d’avoir accepté l’invitation à composer mon jury et pour votre accompagnement tout
au long de ces années d’études. J’ai beaucoup apprécié vos cours et ce fut très formateur de
découvrir le fonctionnement du LCD lors de mon stage hospitalier.

A Monsieur Damien Balestrino, Maître de conférence à la faculté de Pharmacie de Clermont-


Ferrand,

Merci d’avoir accepté de faire partie de mon jury et pour votre accompagnement,
principalement pour les TP de bactériologie. J’ai adoré cette matière et c’est tout
naturellement que je me suis tournée vers un tel sujet pour ma thèse d’exercice.

A Monsieur Mathieu Bruna, docteur en pharmacie à Mur-sur-Allier,

Merci pour ta bienveillance, ta bonne humeur et ton accompagnement dans ce travail de


thèse. Tu es un modèle pour moi, dans ta pratique et ta vision du métier de pharmacien
d’officine. C’est un plaisir de te compter parmi mon jury !

A toi Maëva, Docteur d’Université en spécialité Neuro-Gastroentérologie,

Merci pour ton encadrement, ton soutien et ta gentillesse, en stage de Master 1 et maintenant
pour la rédaction de cette thèse, je suis fière de te compter parmi mon jury !

A Catherine Wolf du laboratoire de micronutrition Ysonut,

Un grand merci pour m’avoir mis à disposition l’ensemble de la documentation concernant


les produits et pour ton accompagnement tout au long de la rédaction de ce sujet.

2
A ma maman et à mon papa,

Merci pour votre soutien indéfectible tout au long de mes études.

Je ne vous ai rien épargné, des révisions aux journées de partiels, voire même au ramassage
des champignons !

Je peux présenter cette thèse aujourd’hui en grande partie grâce à vous !

A mon chéri,

Merci pour ton soutien et ton aide tout au long de la rédaction de cette thèse.

Merci pour ta présence, ta bienveillance et le fait de me pousser à donner le meilleur de moi


chaque jour.

A toi Malvina, mon ancienne collègue et amie, merci pour ton encadrement durant mon stage
de 6ème année, pour ton aide lors de la rédaction de ma thèse et pour les bons moments passés
au restaurant ou à l’Arsène !

A mes amies de toujours : Elsa, Ilona, Charlotte, merci pour votre soutien et votre amour
depuis toutes ces années.

A toi Margaux, ma précieuse amie depuis notre 2ème année de pharmacie, merci pour ta
présence, ton soutien et ta motivation sans faille. Je suis fière de toi, future confrère
hospitalière.

A mon équipe officinale lyonnaise,

Merci pour votre soutien et votre bienveillance durant ces derniers mois.

3
TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENTS ......................................................................................... 2
TABLE DES MATIERES ................................................................................... 4
LISTE DES TABLEAUX .................................................................................. 10
LISTE DES FIGURES ..................................................................................... 11
LISTE DES ABBREVIATIONS ......................................................................... 13
INTRODUCTION ......................................................................................... 16
PARTIE 1 : MICROBIOTE INTESTINAL ........................................................... 17
1. DEFINITION .................................................................................................................. 17
1.1 Méthodes d’étude du microbiote intestinal ...................................................... 18
Métagénomique ....................................................................................... 18
Concept de diversité microbienne ......................................................... 19
α- et β-diversité .................................................................................... 20
Techniques multi-omiques ........................................................................ 20
ENVIRONNEMENT DU MICROBIOTE INTESTINAL...................................................................... 22
2.1 La paroi intestinale colique ............................................................................... 22
Epithélium colique .................................................................................... 22
Lamina propria.......................................................................................... 23
Sous-muqueuse ........................................................................................ 24
Couches musculaires ................................................................................. 24
Tunique externe ........................................................................................ 24
COMPOSITION DU MICROBIOTE INTESTINAL .......................................................................... 24
3.1 Acquisition ........................................................................................................ 24
3.2 Age adulte ........................................................................................................ 26
ROLE DU MICROBIOTE INTESTINAL DANS LA PHYSIOLOGIE DE L’HOT̂ E ........................................... 28
4.1 Microbiote et immunité .................................................................................... 29
Immunité innée......................................................................................... 29
Immunité adaptative................................................................................. 30
4.2 Métabolites intestinaux, postbiotiques ............................................................. 31
Les acides gras à chaine courte (AGCC) ..................................................... 33
Les acides biliaires (AB) ............................................................................. 36
Récepteurs de reconnaissance de forme spécifique (PRR) et
lipopolysaccharides (LPS).......................................................................................... 37
4.2.3.1 PPR et TLR ............................................................................................. 37
4.2.3.2 LPS ........................................................................................................ 37
4.2.3.3 Perturbation des PRR ............................................................................ 38
Système endocannabinoïde (eCB) ............................................................. 38
Récepteur d'hydrocarbure arylique : lien avec le métabolisme énergétique,
l'inflammation et le microbiome intestinal ............................................................... 40
Récepteur d'hydrocarbure arylique, microbiote intestinal et barrière
cutanée ................................................................................................................. 41
Métabolites spécifiques de certaines souches ........................................... 42

4
Molécules nouvellement identifiées, impact sur la santé et leurs cibles .... 42
4.2.8.1 Métabolites contribuant à la santé de l’hôte ......................................... 43
4.2.8.2 Métabolites nuisant à la santé de l’hôte ................................................ 43
4.3 Vitamines.......................................................................................................... 44
MICROBIOTE ET PERMÉABILITÉ INTESTINALE ......................................................................... 44
IMPACT DES ANTIBIOTIQUES ............................................................................................. 45
6.1 Dysbiose ........................................................................................................... 46
6.2 Impact différentiel des classes d'antibiotiques sur le microbiote intestinal ....... 46
IMPLICATION DU MICROBIOTE INTESTINAL DANS DIVERSES PATHOLOGIES ..................................... 47
SYNTHESE .................................................................................................................... 48
PARTIE 2 : PEAU ET MICROBIOTE CUTANE................................................... 49
STRUCTURE DE LA PEAU................................................................................................... 49
1.1 Épiderme .......................................................................................................... 49
Couche basale ........................................................................................... 50
Couche épineuse ....................................................................................... 51
Couche granuleuse .................................................................................... 51
Couche lucide............................................................................................ 51
Couche cornée .......................................................................................... 52
1.1.5.1 Processus de cornification ..................................................................... 52
1.1.5.2 Lipides et NMF (Natural Moisturizing Factors)....................................... 52
1.2 Derme............................................................................................................... 52
Couche papillaire ...................................................................................... 53
Couche réticulaire ..................................................................................... 53
1.3 Hypoderme ....................................................................................................... 53
COMPOSITION GLOBALE DE LA PEAU ................................................................................... 53
FONCTIONS .................................................................................................................. 54
LE MICROBIOTE CUTANE .................................................................................................. 54
4.1 Composition générale ....................................................................................... 54
Levures du genre Malassezia .................................................................... 54
Acariens : Demodex folliculorum et brevis ................................................. 55
4.2 Localisation du microbiote cutané .................................................................... 55
4.3 Acquisition ........................................................................................................ 56
4.4 Variabilité et modifications ............................................................................... 56
4.5 Rôle du microbiote cutané ................................................................................ 57
Protection de l’hôte .................................................................................. 57
Éducation du système immunitaire ........................................................... 58
4.6 Dysbiose ........................................................................................................... 59
SYNTHESE .................................................................................................................... 61
PARTIE 3 : AXE INTESTIN-PEAU ET PATHOLOGIES DERMATOLOGIQUES
COURANTES .............................................................................................. 62
AXE INTESTIN-PEAU........................................................................................................ 62
1.1 Incidence du microbiote intestinal dans les pathologies dermatologiques ........ 62
1.2 Acteurs de l’axe intestin-peau........................................................................... 64
Système immunitaire ................................................................................ 64
1.2.1.1 Rôle des AGCC ....................................................................................... 64
1.2.1.2 Théorie hygiéniste de l’allergie .............................................................. 65

5
1.2.1.3 Atopie et allergie alimentaire ................................................................ 65
Impact du régime alimentaire ................................................................... 66
Perméabilité intestinale ............................................................................ 66
Dysbiose.................................................................................................... 67
UV ............................................................................................................. 67
1.3 Intervention du système nerveux et endocrinien .............................................. 68
DERMATITE ATOPIQUE .................................................................................................... 70
2.1 Prévalence et physiopathologie ........................................................................ 70
2.2 Score d’évaluation de la dermatite atopique .................................................... 71
2.3 Traitements actuels .......................................................................................... 71
2.4 Microbiote cutané dans la dermatite atopique ................................................. 72
Abondance de S. aureus ............................................................................ 72
Appauvrissement de la flore cutanée ........................................................ 72
2.5 Microbiote intestinal dans la dermatite atopique ............................................. 73
Immunité Th1-Th2 et surstimulation de l’immunité Th2 ............................ 73
Taux d’immunoglobulines E (IgE)............................................................... 73
Dysbiose : espèces bactériennes digestives impliquées ............................. 74
2.5.3.1 La diminution d’espèces microbiennes .................................................. 74
2.5.3.2 L’augmentation d’espèces microbiennes............................................... 74
2.5.3.3 Intégrité de la barrière intestinale et AGCC ........................................... 75
2.5.3.4 Neurotransmetteurs (NT) ...................................................................... 75
2.6 Régime alimentaire ........................................................................................... 76
ACNE.......................................................................................................................... 76
3.1 Prévalence ........................................................................................................ 76
3.2 Physiopathologie .............................................................................................. 76
Caractérisation .......................................................................................... 77
Hyperséborrhée ........................................................................................ 77
Desquamation anormale des kératinocytes............................................... 77
Cutibacterium acnes.................................................................................. 78
Papule ....................................................................................................... 78
Pustule ...................................................................................................... 78
Nodule ...................................................................................................... 78
Acné nodulo-kystique................................................................................ 79
3.3 Facteurs favorisants .......................................................................................... 79
3.4 Traitements actuels .......................................................................................... 80
3.5 Incidence du microbiote ................................................................................... 81
Dysbiose intestinale .................................................................................. 81
La voie mTOR ............................................................................................ 82
Stimulation de SREBP-1 ............................................................................. 82
Hypochlorhydrie et SIBO ........................................................................... 82
3.6 Axe intestin-cerveau-peau ................................................................................ 83
ROSACEE ..................................................................................................................... 84
4.1 Physiopathologie .............................................................................................. 84
4.2 Microbiote cutané ............................................................................................ 84
4.3 Traitements actuels .......................................................................................... 85
Traitement de la rosacée vasculaire : rougeurs du visage, couperose ........ 85
4.3.1.1 Le laser pour atténuer la couperose ...................................................... 85

6
4.3.1.2 Gel cutané pour diminuer la rougeur..................................................... 85
Le traitement de la rosacée papulopustuleuse .......................................... 85
4.3.2.1 Traitement local à appliquer sur la peau................................................ 85
4.3.2.2 La doxycycline ....................................................................................... 86
Le traitement de la rosacée hypertrophique ............................................. 86
4.4 Microbiote intestinal ........................................................................................ 86
SIBO et H. pylori ........................................................................................ 86
Dysbiose.................................................................................................... 87
4.5 Alimentation ..................................................................................................... 87
HIDRADENITE/ HYDROSADENITE SUPPUREE (HS) ................................................................... 87
5.1 Physiopathologie .............................................................................................. 87
5.2 Microbiote cutané dans l'HS ............................................................................. 88
5.3 Traitements actuels .......................................................................................... 88
5.4 Implications du microbiote intestinal ................................................................ 89
5.5 Mode de vie ...................................................................................................... 89
Obésité et alimentation ............................................................................ 89
S. cerevisiae............................................................................................... 89
PSORIASIS.................................................................................................................... 90
6.1 Physiopathologie .............................................................................................. 90
Caractérisation .......................................................................................... 90
Lien avec d’autres pathologies .................................................................. 90
6.2 Microbiote intestinal ........................................................................................ 91
6.3 Microbiote cutané ............................................................................................ 92
Dysbiose cutanée ...................................................................................... 92
Influence sur le système immunitaire........................................................ 92
6.4 Traitements ...................................................................................................... 93
Traitements locaux.................................................................................... 93
Traitements non médicamenteux ............................................................. 93
Traitements généraux ............................................................................... 93
6.4.3.1 Acitrétine SORIATANE® .......................................................................... 94
6.4.3.2 Immunosuppresseurs ............................................................................ 94
6.4.3.3 Aprémilast OTEZLA®............................................................................... 94
6.4.3.4 Biothérapies .......................................................................................... 94
Microbiote et traitement du psoriasis ....................................................... 95
6.5 Mode de vie et alimentation ............................................................................. 95
PLAIES ET CICATRISATION ................................................................................................. 96
7.1 Physiopathologie .............................................................................................. 96
7.2 Incidence du microbiote cutané ........................................................................ 96
7.3 Implications du microbiote intestinal ................................................................ 97
7.4 Synthèse ........................................................................................................... 97
PARTIE 4 : MICRONUTRITION ET CONSEILS A L’OFFICINE ............................. 98
IMPORTANCE DE LA MICRONUTRITION................................................................................. 98
1.1 Définition .......................................................................................................... 98
1.2 Principes de la micronutrition ........................................................................... 98
1.3 Principales familles de micronutriments ........................................................... 98
Vitamines .................................................................................................. 98
Les minéraux et oligo-éléments................................................................. 99

7
Acides aminés (AA).................................................................................... 99
Acides gras (AG) ........................................................................................ 99
1.3.4.1 Définition : acides gras saturés et insaturés........................................... 99
1.3.4.2 Principaux acides gras ......................................................................... 100
1.3.4.3 Le ratio omega-6 / omega-3 (w-6 / w-3) ............................................ 100
1.4 Intérêts thérapeutiques des micronutriments pour l’intestin et la peau ......... 101
Action sur l’inflammation ........................................................................ 101
1.4.1.1 Vitamine A .......................................................................................... 101
1.4.1.2 Vitamine D .......................................................................................... 102
1.4.1.3 Zinc ..................................................................................................... 102
1.4.1.4 Les acides gras : w-3 et w-6 ............................................................... 103
Maintien d’une barrière cutanée de qualité ............................................ 104
1.4.2.1 La vitamine B3 (vitamine PP) ............................................................... 104
1.4.2.2 Le magnésium ..................................................................................... 104
Les anti-oxydants .................................................................................... 105
1.4.3.1 La vitamine C ....................................................................................... 105
1.4.3.2 Le sélénium ......................................................................................... 105
1.4.3.3 La vitamine B12 ................................................................................... 105
1.4.3.4 La vitamine E ....................................................................................... 106
1.4.3.5 Les phénols ......................................................................................... 106
Action sur la perméabilité intestinale ...................................................... 107
1.4.4.1 Les vitamines....................................................................................... 107
1.4.4.2 Les acides aminés ................................................................................ 107
1.4.4.3 Autres éléments .................................................................................. 107
Enrichir son alimentation en micronutriments ........................................ 108
1.5 Solutions pro et prébiotiques pour la santé intestinale et cutanée.................. 108
Probiotiques............................................................................................ 108
Prébiotiques............................................................................................ 108
Effets pour la santé humaine................................................................... 109
Mécanismes d’action .............................................................................. 109
Amélioration de la dermatite atopique ................................................... 110
Bénéfices pour l’acné .............................................................................. 111
Bénéfices pour le psoriasis ...................................................................... 112
Intérêt dans la cicatrisation des plaies ..................................................... 112
CONSEILS A L’OFFICINE.................................................................................................. 113
2.1 Régime méditerranéen ................................................................................... 113
2.2 Impact du stress.............................................................................................. 113
2.3 Dysbiose et inflammation intestinale .............................................................. 114
2.4 Réduire l’inflammation systémique................................................................. 115
2.5 Solutions pour la dermatite atopique.............................................................. 115
2.6 Solutions pour l’acné ...................................................................................... 116
2.7 Solutions pour l’hidradénite suppurée ............................................................ 117
2.8 Solutions pour la rosacée ................................................................................ 118
2.9 Solutions pour le psoriasis .............................................................................. 118
2.10 Conseils pour la cicatrisation des plaies .......................................................... 119
SYNTHESE .................................................................................................................. 119
CONCLUSION ........................................................................................... 120

8
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ............................................................. 122
ANNEXES ................................................................................................. 139
I. METABOLISME DE LA FILAGGRINE (254) ........................................................................... 139
II. ÉVALUATION DE LA SEVERITE DE LA DERMATITE ATOPIQUE EN FONCTION DU SCORAD (163) ........ 140
III. LES ACIDES AMINES ESSENTIELS ET SEMI-ESSENTIELS (159)................................................. 140
IV. PRINCIPAUX ACIDES GRAS SATURES ET INSATURES (159) ................................................... 140
SERMENT DE GALIEN ............................................................................... 141
RESUME .................................................................................................. 142

9
LISTE DES TABLEAUX
Tableau I : Impact des différentes classes d'antimicrobiens sur le microbiote intestinal et
l'immunité (109). ................................................................................................................. 47
Tableau II : Articles répertoriés dans PubMed concernant les sujets : « microbiome et
maladies », décembre 2021 (11). ......................................................................................... 48
Tableau III : Microbiote cutané associé à neuf affections cutanées courantes (121). ........... 60
Tableau IV : Microbiote intestinal associé à huit affections cutanées courantes (121). ........ 63
Tableau V : Bénéfices d'une supplémentation orale en différents Lactobacillus chez des
patients exposés aux UV (144). ............................................................................................ 68
Tableau VI : Molécules à effet modulateur potentiel sur la peau et l'intestin directement ou
indirectement (121). ............................................................................................................ 69
Tableau VII : Représentation des phyla et bactéries en fonction de la localisation (peau saine
ou peau lésée) chez une personne atteinte de dermatite atopique (159). ............................ 72
Tableau VIII : Relation entre les neurotransmetteurs, les souches bactériennes et l’effet
cutané observé (145). .......................................................................................................... 76
Tableau IX : Facteurs exposomes à vérifier lors de la 1ère visite d'un patient chez un
dermatologue consultant pour de l'acné (176). .................................................................... 80
Tableau X : Degrés de sévérité de l'acné (171). .................................................................... 80
Tableau XI : Prise en charge de l'acné en fonction de la sévérité de celle-ci (171). ............... 81

10
LISTE DES FIGURES
Figure 1 : Abondance totale des bactéries selon les différents sites corporels...................... 17
Figure 2 : Schéma des étapes de l'analyse bio-informatique moderne d'échantillons de la
composante bactérienne du microbiote............................................................................... 19
Figure 3 : Analyses multi-omiques ciblant le microbiote intestinal. ...................................... 21
Figure 4 : Anatomie de l’épithélium colique. ........................................................................ 23
Figure 5 : Anatomie de la paroi colique. ............................................................................... 24
Figure 6 : Arbre phylogénétique de l’abondance des phyla bactériens du microbiote colique
humain................................................................................................................................. 27
Figure 7 : Induction de la réponse immunitaire médiée par le système immunitaire de la
muqueuse intestinale (55).................................................................................................... 31
Figure 8 : Molécules et métabolites produits par le microbiote intestinal selon les nutriments
ou la source métabolique et leurs composés dérivés (11). ................................................... 32
Figure 9 : Schéma des métabolites intestinaux jouant un rôle dans l’axe cerveau-intestin-
microbiote. .......................................................................................................................... 32
Figure 10 : Mécanismes moléculaires liant le microbiote intestinal et la santé de l'hôte en
situation saine et pathologique (11). .................................................................................... 35
Figure 11 : Synthèse des acides biliaires et intervention du microbiote intestinal. ............... 37
Figure 12 : Colonocytes et cellules endocrines expriment une variété de récepteurs capables
de détecter et de transmettre des signaux provenant de l'environnement microbien (11). . 41
Figure 13 : Effet des antibiotiques sur la dysbiose intestinale et rôle dans différentes
pathologies (110). ................................................................................................................ 45
Figure 14 : Influence du microbiote intestinal sur l'hôte. Adapté de Gebrayel et al (123). .... 48
Figure 15 : Couches de la peau (125). ................................................................................... 49
Figure 16 : Couches de l’épiderme (125). ............................................................................. 50
Figure 17 : Demodex folliculorum / brevis. ........................................................................... 55
Figure 18 : Répartition du microbiote cutané en fonction de la localisation et de
l’environnement sébacé, humide, sec (137). ........................................................................ 56
Figure 19 : Interactions bactéries et épiderme. .................................................................... 58
Figure 20 : Dysbiose et maladie de la peau (140).................................................................. 59
Figure 21 : Follicule sébacé normal (A), comédon (B), et lésion d'acné inflammatoire avec
rupture de la paroi folliculaire et inflammation secondaire (C). ............................................ 77
Figure 22 : Couches de la peau et physiopathologie de l’acné (175). .................................... 78
Figure 23 : Influences inflammatoires et microbiennes entre l'intestin et la peau pour un état
sain (à gauche) et un état dysbiotique (à droite) (121). ........................................................ 83
Figure 24 : L'impact de la dysbiose intestinale dans le psoriasis sur le développement des
lésions psoriasiques, du rhumatisme psoriasique et des comorbidités du psoriasis (196)..... 91
Figure 25 : Contribution d’un intestin dysbiotique à l’apparition de l’inflammation cutanée,
mettant en évidence les sites d’action potentiels de l’intervention probiotique pouvant
entraîner l’atténuation de l’état inflammatoire (250). ........................................................ 110
Figure 26 : composition de PROBIOVANCE J®. .................................................................... 114
Figure 27 : composition de PROBIOVANCE I 10®. ............................................................... 114
Figure 28 : composition de la spécialité INULIVANCE®. ...................................................... 115
Figure 29 : solutions pour la DA. ........................................................................................ 116
Figure 30 : solutions pour l'acné. ....................................................................................... 117
Figure 31 : solutions complémentaires à l'hidradénite suppurée........................................ 118

11
Figure 32 : solutions adjuvantes au traitement de la rosacée............................................. 118
Figure 33 : solutions adjuvantes au traitement du psoriasis. .............................................. 119
Figure 34 : solutions pour améliorer et accélérer la cicatrisation des plaies. ...................... 119

12
LISTE DES ABBREVIATIONS
1-PG , 2-PG 1-palmitoylglycérol, 2-palmitoylglycérol
2-AG 2-arachidonoylglycérol
2-OG 2-oléoylglycérol
12-HETE 12-hydroxyeicosatétraénoïque
25OH-D 25-hydroxyvitamine D
5-HT 5 HydroxyTryptamine , Sérotonine
A
AA Acide Aminé
Ach Acétylcholine
ACTH AdénoCorticoTropHine
ADN Acide DésoxyriboNucléique
AEA N-arachidonoyléthanolamide
AG Acide Gras
AGCC Acides Gras à Chaine Courte
AGE Advanced Glycation End product : produit final de glycation avancée
AGPI Acide Gras Poly Insanturé
AhR Aryl hydrocarbon Receptor
AhRR Aryl hydrocarbon Receptor Repressor
AL Acide Linolénique
ALA Acide Alpha Linolénique
AMP Adénosine Mono Phosphate
ARN Acide RiboNucléique
ASCA Anticorps Anti-Saccharomyces Cerevisiae
ASV Amplicon Sequence Variant
ATP Adénosine TriPhosphate
B
BSH Hydrolase des Sels Biliaires
C
C18-3OH acide 3-hydroxyoctadécénoïque
C acnes Cutibacterium acnes
CCR Cancer ColoRectal
CRF Corticotropin Realasing Factor
CRH Corticotrophin Releasing Hormone : hormone de libération de la corticotropine
CRP Protéine C-Réactive
D
DA Dermatite Atopique
DAMP Damage Associated Molecular Patterns
DGLA Acide Dihommo-Gamma Linolénique
DT2 Diabète de Type 2
E
EC EntéroChromaffines
EPA Acide EicosaPentaénoïque
F
FFAR Free Fatty Acid Receptor
FODMAPs Fermentable Oligo-, Di-, and Monosaccharides, And Polyols

13
FOS Fructo OligoSaccharides
FoxO1 Forkhead box protein O1
FXR Récepteur X Farnésoïde
G
GABA Acide γ-Amino Butyrique
GF Germ Free
GLA Acide Gamma Linolénique
GLP-1 Glucagon-Like Peptide 1
GOS Galacto OligoSaccharides
GPR G-Protein Coupled Receptor
H
HFD High Fat Diet
HS Hydradénite Suppurée/Hydrosadénite Suppurée
I
IBS Irritable Bowel Syndrome
IEL Lymphocytes IntraÉpithéliaux
IgE Immunoglobuline E
IGF-1 : Insulin-like Growth Factor One
IL InterLeukine
IL-22BP IL-22 Binding Protein
ILC Cellules Lymphoïdes Innées
IMID Immune-Mediated Inflammatory Diseases
IMP Propionate d'Imidazole
IV IntraVeineuse
J
JAK JAnus Kinases
L
LC-HRMS Chromatographie Liquide couplée à la Spectrométrie de Masse Haute Résolution
LCD4+ Lymphocytes CD4+
LEA N-linoléyléthanolamine
LPS LipoPolySaccharide
L. acidophilus Lactobacillus acidophilus
L. rhamnosus Lactobacillus rhamnosus
LT Lymphocytes T
M
MALT : Tissu Lymphoïde Associé à la Muqueuse
MEC Matrice ExtraCellulaire
MICI Maladie Inflammatoire Chronique de l'Intestin
MII Maladie Inflammatoire de l’Intestin
mTORC1 cible mammifère du Complexe de Rapamycine 1
Muc Mucine
N
NAE N-acyléthanolamines
Nuclear Factor-k B
NT NeuroTransmetteur
NK Natural Killer
NMF Natural Moisturizing Factors

14
O
w-3 Omega 3
w-6 Omega 6
OEA N-oléoyléthanolamine
OTU Operational Taxonomic Unit
P
PAM Peptides AntiMicrobiens
PAMP Pathogen-Associated Molecular Pattern : motif moléculaire associé au pathogène
PAR Protease-Actived Receptors
PASI Psoriasis Area Severity Index
PCR Polymerase Chain Reaction
PEA N-palmitoyléthanolamine
PO PerOs
PPARg Récepteur Gamma Activé par les Proliférateurs du Peroxysome
PRR Pathogen-Recognition-Receptor
R
RMN Résonnance Magnétique Nucléaire
RORγ Retinoic acid Receptor γ
S
S. aureus Staphylococcus Aureus
SC SousCutané
S. épidermidis Staphylococcus Epidermidis
SIBO Small Intestinal Bacterial Overgrowth : Prolifération Bactérienne de l'Intestin Grêle
SNA Système Nerveux Autonome
SNC Système Nerveux Central
SNE Système Nerveux Entérique
SREBP-1 Protéine 1 de liaison des éléments régulateurs des stérols
T
TLR Toll-Like Receptor
TMAO N-Oxyde de TriméthylAmine
TMF Transplantation de Microbiote Fécal
TNF Tumor Necrosis Factor
Treg Lymphocytes T régulateurs
Trp Tryptophane
TRPV1 Transient Receptor Potential Vanilloide
TSLP Thymic Stromal LymphoPoetin
U
UFC Unité Formant Colonie
UV rayons Ultra-Violets
V
VEGF Vascular Endothelial Growth Factor
Z
ZO-1 Zonula Occludens 1

15
INTRODUCTION
Selon Hippocrate, père de la médecine moderne : « Toute maladie commence dans
l’intestin » et « la mauvaise digestion est la racine de tous les maux ». Qualifié de deuxième
cerveau, notre tube digestif, et le microbiote qui y est associé, est impliqué dans de
nombreuses pathologies. Composé d’autant de cellules que notre corps, le microbiote
intestinal joue un rôle majeur dans le fonctionnement du système immunitaire. Avec
l’augmentation considérable des pathologies auto-immunes, le lien avec le microbiote
intestinal est de plus en plus exploré. La peau, en interaction permanente avec l’extérieur
contient de nombreuses cellules immunitaires, innées et adaptatives. La physiopathologie des
maladies dermatologiques démontre d’ailleurs une dérégulation constante du système
immunitaire. Cette dérégulation est médiée, en grande partie par le microbiote intestinal et
le régime alimentaire de type occidental : on parle de l’axe intestin-peau.
Comment le microbiote intestinal se compose-t-il et comment varie-t-il au cours du
temps ? Quelles sont ses fonctions métaboliques et sa relation avec la paroi digestive ?
Comment est-il susceptible d’induire des pathologies ?
Comment se compose la peau et le microbiote cutané ?
Comment la réactivité immunitaire, médiée par le microbiote intestinal et cutané,
entre-t-elle en compte dans les pathologies dermatologiques les plus répandues ?
Quel est l’intérêt de la micronutrition et quels sont les conseils à prodiguer à l’officine
pour réduire la prévalence de ces pathologies ou en améliorer les symptômes ?
L’objectif de cette thèse est d’essayer de répondre à ces questions, en réalisant une
synthèse de l’ensemble des données connues à l’heure actuelle.

16
PARTIE 1 : MICROBIOTE INTESTINAL
1. Définition
Le microbiote regroupe l’ensemble des organismes microbiens d’une communauté
(1,2). Le microbiote fait référence aux micro-organismes trouvés dans et sur les humains tels
que les bactéries, archées, virus, champignons et protozoaires (3). Le terme microbiome
recouvre deux sens différents :
- l’ensemble des micro-organismes et le génome qui leur est associé,
- le microbiote et son milieu (1,2,4).
Cet ensemble forme un super-organisme symbiotique (5). Les recherches et projets
menés autour de l’exploration du microbiote ont permis de confirmer qu’il est un déterminant
essentiel de la santé humaine et animale par son rôle de régulateur clé de la physiologie de
l'hôte (6,7). Le corps humain est composé d’autant de cellules microbiennes que de cellules
humaines (5). Les micro-organismes de l'intestin humain peuvent atteindre jusqu'à cent mille
milliards de cellules et représenter un poids de deux kilogrammes, supérieur à celui de notre
cerveau (2) (Figure 1). Notre génome hérité est stable pour la durée de notre vie, le microbiote
est, quant à lui, immensément diversifié, dynamique, réactif aux stimuli externes mais aussi
résilient (8–10). Le séquençage bio-informatique a montré qu'il existe un nombre d’environ
3,3 millions de gènes différents parmi 200 individus analysés. En comparaison, c’est 150 fois
plus que le génome humain qui contient 21 000 gènes (2).

Figure 1 : Abondance totale


des bactéries selon les
différents sites corporels.
Facteurs limitant le nombre
de bactéries dans différents
organes (11).

17
1.1 Méthodes d’étude du microbiote intestinal
De nos jours, l’étude de la composition et des gènes du microbiote intestinal est de
manière générale réalisée à partir de prélèvements fécaux, par facilité de l’échantillonnage.
Elle peut aussi être réalisée sur des biopsies de muqueuse intestinale.
L'identification microbienne reposait historiquement sur l'isolement et la culture dans
des conditions de laboratoire, qui ne sont pas universelles et ne conviennent pas à la
croissance de la majorité des micro-organismes, limitant ainsi l'identification de toute la
diversité d'une communauté microbienne donnée. De nouveaux outils moléculaires et bio-
informatiques avancés ont désormais permis l'identification et la caractérisation de micro-
organismes spécifiques à plus grande échelle, c'est-à-dire la caractérisation des communautés
microbiennes présentes dans une zone particulière et l'identification génomique de chacun
des individus présents dans un environnement spécifique.
Métagénomique
L’analyse moléculaire permet l’étude des communautés microbiennes. Tous les agents
commensaux et infectieux contiennent des génomes d’ADN ou d’ARN. La PCR et le
séquençage génomique sont des technologies de référence pour la détection et la
caractérisation taxonomique des micro-organismes dans les échantillons biologiques (12).
Ces deux approches essentiellement analytiques consistent à réaliser des inventaires
moléculaires massifs offrant une résolution et une sensibilité élevées pour l’analyse du
microbiote (13).
La plupart des études du microbiote publiées se focalise sur la composante
bactérienne et consiste au séquençage du gène codant l’ARN ribosomique (ARNr) 16S. Ces
gènes sont spécifiques des bactéries et des archées, ils permettent la synthèse protéique et
restent très conservés entre les espèces puisque leur transfert horizontal est quasi impossible
(14). Il existe sur ces gènes des régions hypervariables spécifiques de certains groupes
bactériens, permettant de déterminer la classification phylogénétique des bactéries. Celles-ci
sont regroupées en OTU ou ASV (unités taxonomiques opérationnelles Operational
Taxonomic Unit ou Amplicon Sequence Variant) définies comme un ensemble de séquences
ayant plus de 97% de similarités. Les OTU sont ensuite comparées à des séquences d’affiliation
taxonomique connue, recensées dans des bases de données, ce qui permet de les classer dans
un groupe bactérien correspondant à un niveau taxonomique : phylum, classe, ordre, famille,

18
espèce, genre, selon la précision des informations disponibles et le niveau de spécificité de
l’OTU (4). Cette approche est à la fois qualitative et semi-quantitative (quantité relative) et
permet de déterminer la composition du microbiote étudié, ainsi que sa richesse et sa
diversité (Figure 2).

Pour des analyses ciblées, il est possible d’utiliser des PCR limitant la détection à une
liste de micro-organismes spécifiques. Cependant, de plus en plus d’études se focalisent sur
le séquençage complet de l’ensemble des génomes composant le microbiote étudié : on parle
alors de métagénomique globale. Ces méthodes non ciblées utilisent le séquençage « shotgun
», dans lesquels des échantillons aléatoires d'ADN ou d'ARN du prélèvement extrait sont
étudiés en masse (13).

Figure 2 : Schéma des étapes de l'analyse bio-informatique moderne d'échantillons de la composante


bactérienne du microbiote.
Le processus commence par l'extraction d'un ensemble de génomes bactériens qui est séquencé et
numérisé, puis une identification des espèces est opérée. La diversité et l'abondance sont analysées
en fournissant un tableau d'analyse fonctionnelle et un graphique d'analyse en composantes
principales (ACP). OTU : unité taxonomique opérationnelle (7). Adapté par Maëva Meynier (13).

Concept de diversité microbienne

Le maintien de l’homéostasie intestinale passe par la richesse (quantité d’OTUs


différentes présentes dans une communauté) et la biodiversité (nombre d’OTUs et leur
abondance relative dans une communauté) du microbiote. Elle est mesurée par l'α- et la β-
diversité.

19
α- et β-diversité

L'α–diversité représente la diversité au sein de la communauté, c’est-à-dire la richesse


des espèces et leur régularité. La richesse quantifie leur nombre et le contenu en espèces
différentes dans un échantillon. La régularité est une mesure du caractère équitable de la
distribution des populations bactériennes et de leur taille respective : les communautés avec
une répartition équilibrée des différentes espèces ont ainsi un indice de régularité plus élevé
(13).

La β-diversité décrit la diversité entre des communautés, c'est-à-dire le nombre


d'espèces partagées entre deux ou plusieurs échantillons.

Bien que ces techniques aient permis des avancées majeures dans la compréhension
du microbiote intestinal et de sa composition notamment avec des analyses taxonomiques,
l’investigation quantitative et fonctionnelle du microbiote reste nécessaire. Les techniques
multi-omiques combinées à la métagénomique permettent d’identifier des substances
produites par le microbiote et donc de décrire plus finement les interactions hôte-microbiote,
celles des micro-organismes entre eux, et leur incidence sur le fonctionnement de l’organisme
(13).

Techniques multi-omiques
Pour comprendre quels produits de l’activité microbienne sont susceptibles d’interagir
avec l’hôte, plusieurs approches multi-omiques visent à caractériser l’expression des gènes du
métagénome (métatranscriptomique), les protéines (protéomique) et les métabolites
(métabolomique) (Figure 3).

Bien que ces protocoles soient lourds à mettre en œuvre, ils sont devenus
indispensables puisqu’une simple étude descriptive de la composition du microbiote ne
permet pas de comprendre les relations entre espèces au sein d’un microbiote, ni leurs effets
sur le métabolisme et la physiologie de l’hôte. Ces analyses sont généralement réalisées sur
des échantillons de selles et parfois de plasma (13).

20
fonction

Séquences métagénomiques

Figure 3 : Analyses multi-omiques ciblant le microbiote intestinal.


Après l'extraction de l'ADN, de l'ARNm, des protéines ou des métabolites à partir d’échantillons de
microbiote intestinal, ceux-ci sont analysés respectivement par métagénomique,
métatranscriptomique, métaprotéomique et métabolomique, et les données multi-omiques seront
intégrées pour la caractérisation du microbiote intestinal. NGS : Séquençage de nouvelle génération ;
LC-MS/MS : chromatographie liquide couplée à de la spectrométrie de masse en tandem (15).
Adapté par Maëva Meynier à partir de Yuqiu Wang et al., 2020 (20,22).

21
Environnement du microbiote intestinal
2.1 La paroi intestinale colique
Le côlon est organisé en quatre couches tissulaires concentriques qui sont, de la
lumière vers le péritoine : la muqueuse, la sous-muqueuse, la musculeuse et enfin la séreuse.
La muqueuse intestinale est le siège des échanges avec les éléments du contenu
intestinal. Elle est divisée en trois compartiments histologiquement et fonctionnellement
distincts. Il s’agit, de la lumière vers la sous-muqueuse : de l’épithélium monostratifié, la
lamina propria et la musculaire muqueuse. L’épithélium monostratifé est séparé
physiquement du contenu luminal et des populations bactériennes du microbiote par une
couche de mucus. La lamina propria est située sous l’épithélium. La musculaire muqueuse est
formée de deux fines couches de fibres musculaires lisses, l’une longitudinale et l’autre
circulaire, permettant de légers mouvements augmentant les contacts entre la muqueuse et
le contenu luminal (16).
Epithélium colique
L’épithélium colique est une monocouche cellulaire repliée en microvillosités et/ou en
cryptes. Les cellules épithéliales sont produites de manière constante au fond des cryptes, où
sont localisées les cellules souches. Les cellules ainsi générées se différencient et colonisent
les microvillosités lors d’un processus de migration actif et continu permettant le
renouvellement épithélial complet constant et rapide, tous les 4 à 5 jours environ (17).
Le rôle de barrière intestinale est assuré par des jonctions serrées entre les cellules de
l’épithélium dont les fonctions sont variées. De plus, à l’interface entre le microbiote intestinal
et l’épithélium, le mucus produit par les cellules caliciformes représente la première ligne de
défense « physique » contre les menaces biologiques et chimiques du tube digestif.
Les entérocytes sont les cellules épithéliales les plus nombreuses et assurent
principalement l’absorption des nutriments. Les cellules entéro-endocrines sécrètent des
hormones digestives et des neuropeptides. Il existe plus d’une dizaine de types de cellules
entéro-endocrines impliqués, entre autres, dans la régulation de la satiété et des fonctions
intestinales. Parmi ces dernières, les cellules entérochromaffines (EC) relarguent la sérotonine
(5-HT) essentielle aux fonctions sensori-motrices intestinales. Le côlon humain contient une
faible proportion de cellules D produisant la somatostatine ayant un rôle inhibiteur de la

22
sécrétion de plusieurs hormones. D’autres cellules sécrétrices sont enchâssées dans
l’épithélium : les cellules Tuft capables de produire des opioïdes, de l’acétylcholine (Ach) et
des médiateurs immunitaires, et les cellules caliciformes (cellules « gobelets ») assurant la
production de mucus (Figure 4).

Figure 4 : Anatomie de l’épithélium colique.


Les entérocytes et les cellules caliciformes
constituent les principaux types cellulaires présents
dans l’épithélium. Le mucus fait office de barrière
entre le microbiote intestinal et l’épithélium. Les
cellules entéro-endocrines assurent différentes
fonctions de régulation. Les cellules Tuft sont des
cellules sécrétrices enchâssées dans l’épithélium
(16). Adapté par Maëva Meynier(13).

Pour réguler le microbiote intestinal et limiter la prolifération des micro-organismes


pathogènes, certaines cellules intestinales sont capables de produire des peptides
antimicrobiens (PAM) telles que les cathélicidines, les α- défensines, les β-défensines et du
lysozyme ou encore des lectines Reg3γ (18). Ces molécules antimicrobiennes agissent sur un
large spectre de bactéries et sont produites, au niveau du côlon, par les entérocytes et les
cellules immunitaires de manière constitutive ou induite par les pathogènes ou les médiateurs
inflammatoires. Au niveau de l’intestin grêle, la production de PAM est assurée par les cellules
de Paneth, inexistantes au niveau colique (19). On retrouve les récepteurs de pathogen
associated molecular patterns ou PAMP au niveau cérébral.
Lamina propria
Située sous l’épithélium, la lamina propria est un tissu conjonctif composé des fibres
nerveuses, des capillaires sanguins et lymphatiques, de nombreuses cellules immunitaires,
ainsi qu’une matrice assurant sa cohésion avec l’épithelium intestinal.

23
Sous-muqueuse
Elle est composée d’un tissu conjonctif lâche qui contient le plexus nerveux de
Meissner (ou sous-muqueux) ainsi que de nombreux réseaux vasculaires et lymphatiques.
Couches musculaires
Elles sont au nombre de 2, ce sont des couches de tissu musculaire lisse : circulaire
interne et longitudinale externe. Entre ces deux couches se situe le plexus nerveux
d’Auerbach (ou myentérique).
Tunique externe
Elle comporte un épithélium simple, appelé le mésothélium, constituant le feuillet
viscéral de la séreuse (Figure 5).

Figure 5 : Anatomie de la paroi colique.


Adapté de Reed and Wickham,2009 par Maëva Meynier (13).

Composition du microbiote intestinal


3.1 Acquisition
Jusqu’à recemment, le tube digestif était considéré comme stérile avant la naissance
et les nourrissons étaient colonisés principalement lors de l’accouchement par voie basse.
Certaines études remettent en cause cette information. Des analyses en culture ont détecté
des microorganismes dans le liquide amniotique, les membranes fœtales, le cordon ombilical
et le placenta chez des nouveau-nés en bonne santé, sans aucune indication d’infection ou
d’inflammation (20). De plus, l’analyse de méconium (première expulsion intestinale du

24
nouveau-né) montre la présence d’une communauté microbienne complexe. Le mécanisme
de migration de ces bactéries n’étant pas totalement élucidé, il a été suggéré que les bactéries
se déplacent vers le placenta via la circulation sanguine après translocation à travers
l’épithélium intestinal (20). Alors que la barrière intestinale bloque généralement le passage
des bactéries dans le système circulatoire, les cellules dendritiques pourraient récupérer
certaines bactéries dans la lumière intestinale et les transporter vivantes via une migration
vers les organes lymphoïdes. Une analyse publiée en janvier 2023 réfute toutefois cette
possibilité et propose de revenir au dogme initial : le tube digestif du nourrisson est stérile
(21).

Il est certain qu’immédiatement après la naissance, les nouveau-nés subissent une


colonisation rapide par les micro-organismes provenant de la filière génitale, de la flore
digestive de leur mère, et du milieu environnant (22). Les maladies de l'enfance et de l’âge
adulte sont potentiellement médiées par la perturbation de la colonisation du microbiote
intestinal du nourrisson (23). Les principaux facteurs influençant la composition du microbiote
chez le nouveau-né sont : le mode d’accouchement, l’allaitement, l’introduction de la
nourriture solide, l’apport en probiotiques et vitamine D, la position géographique et le milieu
environnant, le fait d’avoir des frères et sœurs, des animaux de compagnies à fourrure ainsi
que la consommation d’antibiotiques (24).

Les effets de l'accouchement par césarienne sur les premiers stades d'acquisition et de
développement du microbiote intestinal, pendant la période néonatale, restent controversés.
L’étude de Shao et al,2019, rapporte la transmission perturbée des souches maternelles de
Bacteroides et la colonisation de haut niveau par des agents pathogènes opportunistes
associés à l'environnement hospitalier (y compris les espèces Enterococcus, Enterobacter et
Klebsiella), chez les bébés nés par césarienne. Ces effets ont également été observés, dans
une moindre mesure, chez les bébés nés par voie basse dont les mères ont subi une
prophylaxie antibiotique et chez les bébés qui n'ont pas été allaités pendant la période
néonatale.

Les analyses métagénomiques démontrent que le mode d'accouchement est un


facteur important qui affecte la composition du microbiote intestinal tout au long de la
période néonatale et jusque dans la petite enfance. La culture à grande échelle et le
séquençage du génome entier de plus de 800 souches bactériennes de ces bébés ont identifié

25
des facteurs de virulence et une résistance aux antimicrobiens cliniquement pertinente chez
les agents pathogènes opportunistes qui peuvent prédisposer les individus aux infections
opportunistes. Leurs résultats mettent en évidence le rôle essentiel de l'environnement local
dans l'établissement du microbiote intestinal au tout début de la vie et identifient la
colonisation par des agents pathogènes opportunistes résistants aux antimicrobiens comme
un facteur de risque auparavant sous-estimé dans les accouchements à l'hôpital (25).

Après la naissance, le microbiote du nourrisson est composé principalement des phyla


Firmicutes, Tenericutes, Proteobacteria, Bacteroidetes et Fusobacteria (26). La colonisation et
la diversité du tube digestif se réalise progressivement, le microbiote se complexifie et sa
composition se rapproche de celle de l'adulte, surtout à partir du sevrage, pour atteindre son
aspect quasi définitif à l’âge de 2-3 ans.

3.2 Age adulte


Le microbiote est très abondant au niveau colique, la diversité et la densité de la
population bactérienne y sont maximales. Sa composition change au fil la vie, en fonction de
nombreux facteurs : alimentation, âge, sexe, génétique, géographie, traitements
pharmacologiques, conditions d'hygiène et mode de vie (20).

Le projet européen sur le microbiome humain MetaHIT estime qu'il existe au moins
2776 espèces procaryotes dans les matières fécales humaines (27–29). Ces expèces sont
classées en 11 phyla différents, les Firmicutes, Bacteroidetes, Actinobacteria et Proteobacteria
représentant plus de 90% du microbiote, tandis que les phyla Fusobacteria et Verrucomicrobia
sont moins abondants (Figure 6) (9,30,31). La taxonomie établie par le National Center for
Biotechnology Information (NCBI), a récemment fait l'objet de plusieurs modifications (32).
Cependant pour une meilleure compréhension, l’ancienne nomenclature de la taxonomie des
phyla dont la dernière révision date de 2012, sera utilisée dans ce travail.

26
Figure 6 : Arbre phylogénétique de l’abondance des phyla bactériens du microbiote colique humain.
La proportion des différents phyla du microbiote intestinal total est précisée entre parenthèses. Les
groupes, genres et espèces bactériens importants pour la santé humaine sont indiqués. Adapté de
Cheng et al., 2013.

Déterminer une signature microbienne de l’individu sain semble complexe au regard


des nombreux facteurs influençant la composition de la flore et des différences de
méthodologies entre les études (33). Un set de gènes commun à tous les individus a été
identifié et appelé microbiome central (34). Cet ensemble de gènes code des fonctions
métaboliques, dont le rôle serait essentiel dans le maintien de la relation entre l’hôte et le
microbiote.

En parallèle, chaque individu possède également un microbiome fonctionnel variable,


avec un set de gènes fonctionnels particulier et différent selon les individus (33). Cependant
le rôle exact du microbiome central et du microbiome variable dans la physiologie humaine
reste encore mal connu. Actuellement, des études à l'échelle du métagénome sont en cours
(35,36). Néanmoins il est possible de discriminer des spécificités dans la composition
microbienne de certaines conditions pathologiques, au cours desquelles l’équilibre
homéostatique entre le microbiote et la paroi intestinale est rompu.

Le microbiote intestinal humain est également défini par sa stabilité et sa résilience. À


la suite d’une modulation de sa composition, le microbiote est capable de retourner à son état
initial après une période variant de 1 à 3 mois chez l’Homme. La diversité des micro-
organismes qui le composent, la flexibilité du métabolisme, la redondance fonctionnelle, les

27
interactions entre micro-organismes et hôte-micro-organismes semblent d’ailleurs être
essentielles au maintien de la résilience.
Cette capacité présente néanmoins des limites. L’exposition répétée ou chronique à
différentes perturbations (alimentation, antibiothérapie, ou les infections par exemple)
affecte sa stabilité, sa richesse fonctionnelle et sa diversité et peuvent, à terme, favoriser le
développement de maladies. En conséquence, des stratégies ont été développées pour
manipuler le microbiote intestinal afin de prévenir ou d'inverser cet état pathologique. D'un
point de vue clinique, rétablir l’équilibre du microbiote intestinal semble primordial. En
revanche, pour être efficace, ces approches thérapeutiques doivent être personnalisées,
puisque la résilience et les réponses du microbiote intestinal aux différentes stratégies de
modulation sont hautement spécifiques à l'individu (13).

Rôle du microbiote intestinal dans la physiologie de l’hôte

La présence permanente d’une communauté microbienne non pathogène, dite


commensale, au sein du tractus digestif exerce des effets physiologiques généralement
bénéfiques pour l’hôte.
La métabolisation de substrats énergétiques disponibles au niveau du côlon, la
fonction de barrière permettant de prévenir la colonisation par les micro-organismes
pathogènes, le développement et la maturation du système immunitaire intestinal ainsi que
l’implication dans la motilité et les sécrétions intestinales font du microbiote un organe à part
entière, essentiel pour le maintien de l’homéostasie intestinale et plus généralement de la
santé de l’hôte (37).
La fonction métabolique du microbiote repose sur la métabolisation des sources
énergétiques issues des produits alimentaires (glucides, protéines, lipides et gaz
majoritairement) non digérés dans le tractus digestif supérieur et qui parviennent au côlon.
Ces substrats sont transformés en nutriments par les bactéries pour leur fournir de l’énergie
nécessaire pour leur développement. Cette fonction génère la production de métabolites
absorbés et utilisés par l’hôte. Les produits finaux de fermentation sont généralement des
acides gras à chaine courte (AGCC) tels que l’acétate, le propionate et le butyrate, des acides
aminés, des acides biliaires (AB) et des vitamines essentielles (38–41). Le microbiote participe
aussi au métabolisme des xénobiotiques et des composés aromatiques et joue un rôle dans la
détoxification (42).

28
Le microbiote intestinal influence le développement et la maturation des tissus
épithéliaux, des systèmes nerveux et immunitaire. Il est essentiel au développement normal
du système nerveux central (SNC) et du SNE (système nerveux entérique). Il a un rôle
immunologique majeur de par ses échanges permanents avec la muqueuse intestinale qui
représente la plus grande surface de l’organisme en contact avec les antigènes de
l’environnement (43). Il participe ainsi à la maturation du système immunitaire digestif. Chez
les animaux axéniques, le système immunitaire est peu développé au niveau de l’épithélium
intestinal mais aussi au niveau de la rate et des ganglions lymphatiques (44).
Le rôle protecteur du microbiote intestinal s’illustre par sa fonction de barrière vis-à-
vis des bactéries pathogènes avec qui les bactéries commensales entrent en compétition pour
limiter l’invasion. La production d’immunoglobulines A (IgA) par le système immunitaire des
muqueuses, la stimulation de la production du mucus intestinal par les cellules caliciformes
ou encore par la libération de PAM par les entérocytes et les cellules de Paneth sont des
mécanismes permettant eux aussi, de maintenir l’eubiose (45,46).

4.1 Microbiote et immunité

Immunité innée
L’immunité innée intestinale est la première ligne de défense immunitaire contre des
agressions de la muqueuse intestinale. Elle est caractérisée notamment par une absence de
mémoire immunitaire. Elle est dépendante de la reconnaissance de PAMP ( motif moléculaire
associé aux agents pathogènes) et de motifs d’atteintes tissulaires (damage-associated
molecular patterns ou DAMP) par des récepteurs membranaires ou cytosoliques, les PRR
(pathogen-recognition receptors), tels que les toll-like receptors (TLR). Les TLR sont des
glycoprotéines transmembranaires dont certains reconnaissent des agents pathogènes (47).
Une fois activés, ces récepteurs permettent, entre autres, l’induction de la voie de
signalisation dépendante de NF-κB, caractéristique d’une réponse inflammatoire. Cette
activation mène à la production de chimiokines et de cytokines utiles au recrutement et à
l’activation de cellules immunitaires, ce qui a pour conséquence la production de molécules
antimicrobiennes telles que des défensines et des cathélicidines au niveau de l’épithélium.
Le contenu luminal est continuellement sondé par l’épithélium afin de prévenir les
menaces pouvant perturber son intégrité, notamment en cas d’infection. En conditions
homéostatiques, de nombreux micro-organismes et macromolécules pénètrent dans

29
l'organisme par le biais des cellules M, présentes à la surface des îlots de cellules immunitaires
appelés plaques de Peyer intégrées dans la muqueuse intestinale iléale (48). Ces cellules ont
pour rôle la surveillance de la population microbienne en captant les particules antigéniques
de la lumière intestinale par endocytose pour les présenter aux cellules de l’immunité innée
telles que les cellules dendritiques(Figure 7) (49).
Immunité adaptative
La réponse immunitaire adaptative est orchestrée par les lymphocytes, les cellules
dendritiques, les mastocytes et les macrophages. Différents mécanismes sont mis en place :
présentation des antigènes, productions de chimiokines, cytokines et immunoglobulines ainsi
que l’activation des processus cytotoxiques permettent de lutter contre l’invasion de
pathogènes (Figure 7). Deux populations principales de cellules T sont impliquées dans
l’immunité adaptative intestinale, les lymphocytes T CD8 localisés au niveau du compartiment
intraépithélial, et les lymphocytes T CD4 au niveau des agrégats lymphoïdes et de la lamina
propria. Les lymphocytes intraépithéliaux (IEL) sont des cellules immunitaires qui possèdent
une action pro-inflammatoire, notamment par la sécrétion de TNF-α (Tumor Necrosis Factor
α ) et d’IFN-g (Interféron g) en réponse à une infection (50). L’activation des lymphocytes T
CD4 naïfs induit l’activation de différentes sous populations de cellules immunitaires en
fonction des cytokines présentes, telles que les LT helper Th1, Th2, Th17, Th22 ou encore les
LT régulateurs Treg (51). La réponse Th1 est principalement dépendante de TNF-α et IFN-g, et
permet de lutter contre des micro-organismes intracellulaires. Les cellules Th2 activées
produisent de l’IL-4, IL-5 et IL-13 qui ont pour effet d’activer des macrophages et de faciliter
la production de mucus. Cette réponse Th2 cible les parasites, notamment les helminthes. La
voie Th17 permet la production d’IL-17, une cytokine au rôle pro-inflammatoire ou anti-
inflammatoire en fonction du contexte intestinal puisqu’elle participe au maintien de
l’homéostasie intestinale de manière dépendante du microbiote (52). Les cellules Th17 et
surtout les Th22 produisent de l’IL-22 dont les principaux rôles peuvent aussi être divisés en
deux fonctions distinctes, avec des propriétés pro-inflammatoires dans certains contextes et
des activités anti-inflammatoires protectrices et réparatrices dans d'autres (13,53,54). Les
mastocytes interviennent dans les réponses allergique et antiparasitaire médiée par les Th2.

30
Figure 7 : Induction de la réponse immunitaire médiée par le système immunitaire de la muqueuse
intestinale (55).
APC : cellules présentatrices d'antigènes ; CD : cellules dendritiques ; FDC : cellules dendritiques
folliculaires ; HEV : veinules endothéliales hautes ; MALT : tissu lymphoïde associé à la muqueuse ;
mSC : composant de sécrétion membranaire ; pIgR : récepteur polymère d'Ig; SIGA : IgA sécrétoire ;
SIGM : IgM sécrétoire ; J : chaîne J (dimères/polymères).

4.2 Métabolites intestinaux, postbiotiques


L'intestin grêle est hautement spécialisé dans la décomposition, l'émulsification et
l'absorption des nutriments et peu de nutriments échappent à la digestion. Dans des
conditions normales, par exemple, moins de 5 g/jour de graisse atteindront le côlon.
Le même principe est vrai pour la digestion et l'absorption des glucides simples
(décomposés en molécules de sucre) et de la plupart des protéines (converties en acides
aminés), même si, selon le niveau d'apport, certaines protéines atteindront le côlon.
À l'inverse, les glucides complexes, tels que les fibres alimentaires, ne sont pas
digestibles, ce qui signifie que le corps manque des enzymes nécessaires pour les digérer, ce
qui leur permet d'échapper à la digestion dans l'intestin grêle. Dans le côlon, cependant, ils
peuvent être utilisés comme source d'énergie par des bactéries résidentes spécifiques.
Les métabolites de la lumière intestinale produits par les cellules de l’hôte ainsi que les
métabolites dérivés du microbiote peuvent influencer la physiologie intestinale (Figure 8). La
fonction du microbiote sur son hôte s’exerce par la production de protéines secrétées, de
composants de la paroi bactérienne ou par la production de métabolites issus de la
transformation de produits alimentaires. Les micro-organismes transforment de nombreux

31
composés utiles à l'hôte, tels que des vitamines, des AGCC, des acides biliaires, des acides
aminés aromatiques et des neurotransmetteurs (56).
Figure 8: Molécules et
métabolites produits par le
microbiote intestinal selon les
nutriments ou la source
métabolique et leurs composés
dérivés (11).
AGCC : acides gras à chaîne
courte, LPS : lipopolysaccharides,
PAMP : motifs moléculaires
associés aux agents pathogènes.

Ces composés régulent de nombreuses voies métaboliques dans l’intestin, le foie, le pancréas,
le tissu adipeux, les muscles mais peuvent aussi avoir des effets à distance sur le système
nerveux central par le réseau vasculaire (11,57) (Figure 9). Ils sont impliqués dans diverses
pathologies : syndrome de l’intestin irritable, maladie cœliaque, carcinome colorectal, obésité
et diabète de type 2 notamment(11).

Figure 9 : Schéma des métabolites intestinaux jouant un rôle dans l’axe cerveau-intestin-microbiote.
Les métabolites issus du métabolisme de l’hôte et du microbiote sont regroupés dans différentes
familles : acides gras à chaine courtes, neurotransmetteurs, acides biliaires, vitamines, acides aminés,
tryptophane et ses dérivés et la sérotonine (adapté par Maëva Meynier (13)).

32
Les acides gras à chaine courte (AGCC)
Les métabolites les plus étudiés dans les interactions hôte-microbiote sont les AGCC,
majoritairement l’acétate, le butyrate et le propionate. Ils sont synthétisés lors de la
fermentation bactérienne des carbohydrates contenus dans les fibres alimentaires non
dégradées par les enzymes intestinales pendant la digestion (58,59). La structure chimique
des fibres fermentescibles est directement liée au profil de production d'AGCC puisque la
quantité de butyrate, d'acétate ou de propionate générée dépendra du type de fibres. Par
exemple, l'inuline est décrite comme propionogène, alors que les amidons résistants sont
plutôt butyrogènes. Plusieurs bactéries du côlon utilisent des voies alternatives pour produire
également du butyrate à partir d'acides aminés tels que la lysine ou du propionate à partir de
composés végétaux tels que le phytate (11).
Les bactéries productrices d’AGCC sont les Bacteroides, Firmicutes Actinobacteria,
Prevotella, Bifidobacteria, Ruminococcus et Roseburia, bien que cette liste ne soit pas
exhaustive (60). Dans les cas où le régime alimentaire de l'hôte est pauvre en fibres
fermentescibles, les microbes se nourrissent des glycanes du mucus et utilisent des sources
alternatives moins favorables sur le plan énergétique, ce qui entraîne une réduction de
l'activité fermentaire et de la production d'AGCC (61). Cette carence est préjudiciable pour
l’hôte puisqu’ils jouent un rôle bénéfique important dans la régulation de l'inflammation
intestinale par l'inhibition de la voie NF-κB et la réduction des cytokines pro-inflammatoires
produites par les macrophages (62).
Dans les cellules épithéliales, l'acétate, le butyrate et le propionate modulent
l'expression et la sécrétion de peptides intestinaux comme glucagon-like peptide GLP-1 par
l'intermédiaire des récepteurs d'acides gras FFAR2/récepteur 43 couplé à la protéine G
(GPR43) et FFAR3/GPR41. Les effets de ces composés ne sont pas limités à l’épithélium
puisque le récepteur est également exprimé par les ganglions sous-muqueux et myentériques
(63) ansi que par les cellules immunitaires (11). Aussi, les AGCC qui ne sont pas métabolisés
par le microbiote intestinal, entrent dans la circulation sanguine, peuvent traverser la BHE et
agir sur d’autres organes (11,64).
Le propionate agit sur les récepteurs dans la muqueuse pour entrainer la libération de
5-HT par les cellules EC qui lie ensuite les récepteurs 5-HT4 des terminaisons des neurones
afférents. Cela conduit à une activation des neurones moteurs cholinergiques et entraine la
contraction du muscle circulaire du SNE (65).

33
Le butyrate est le métabolite bactérien le plus étudié. Il a été montré comme étant
capable d’activer la contraction des muscles circulaires coliques sur des préparations ex vivo
en agissant sur le SNE et augmenterait donc la motilité (66). Le butyrate a été décrit à plusieurs
reprises comme une source d'énergie essentielle pour que les cellules du côlon prolifèrent et
maintiennent la barrière intestinale. Cependant, des preuves récentes montrent que le
butyrate influence également fortement l'environnement microbien en communiquant avec
les cellules du côlon.
L'abondance d'oxygène dans la partie luminale de l'intestin et sa concentration
progressivement décroissante vers l'épithélium est une exigence clé pour que les bactéries
anaérobies restent à proximité immédiate de l'épithélium, contrairement aux anaérobies
facultatifs tels que les Enterobacteriaceae (phylum Proteobacteria) augmentant le risque
d'inflammation intestinale (Figure 10). Le butyrate contribue au contrôle de la condition
anaérobie dans le côlon en activant la β-oxydation dans les mitochondries. En activant le
PPARγ (récepteur nucléaire activé par les proliférateurs de peroxysomes gamma) dans les
cellules coliques, le butyrate limite la diffusion de l'oxygène des colonocytes vers la partie
luminale, maintenant ainsi les conditions anaérobies. L'activation de PPARγ réprime
également l'expression du gène codant pour l'oxyde nitrique synthase inductible, réduisant
ainsi la production de NO (oxyde nitrique) et finalement les niveaux de nitrate luminal qui sont
des sources d'énergie spécifiques utilisées pour la prolifération d'anaérobies facultatifs
pathogènes potentiels tels que les Enterobacteriaceae (Figure 10).
Des observations similaires ont été faites chez l'homme souffrant d'inflammation
intestinale sévère, comme lors de MICI, de cancer, d'obésité et de diabète, chez lesquels une
abondance accrue d'entérobactéries a été détectée. De manière frappante, de nombreux
articles soulignent le fait que toutes ces maladies sont également associées à une diminution
de l'abondance des bactéries qui produisent des AGCC, principalement du propionate et du
butyrate. C'est le cas par exemple des bactéries du genre Bifidobacterium, A. muciniphila et
plus récemment Dysosmobacter welbionis (11).

34
Figure 10 : Mécanismes moléculaires liant le microbiote intestinal et la santé de l'hôte en situation
saine et pathologique (11).
En situation saine, les colonocytes utilisent le butyrate comme substrat énergétique via la bêta-
oxydation dans les mitochondries, consommant ainsi de l'oxygène et contribuant directement au
maintien de l'état anaérobie dans la lumière. Le butyrate se lie également au récepteur gamma activé
par les proliférateurs de peroxysomes (PPARγ) qui à son tour réprime la synthase d'oxyde nitrique
inductible (iNOS), diminue la production d'oxyde nitrique (NO) et éventuellement la production de
nitrate.
Inversement, dans des situations pathologiques, une faible teneur en butyrate dans la lumière est
associée à une activité PPARγ plus faible, à une glycolyse accrue et à une consommation d'oxygène
plus faible. Ceci est associé à une expression plus élevée d'iNOS qui à son tour produit plus de NO et
augmente finalement la disponibilité des nitrates pour des agents pathogènes spécifiques. Le butyrate
peut également stimuler les cellules immunitaires telles que les cellules T régulatrices (Treg) pour
réduire l'inflammation. Le récepteur d'hydrocarbure arylique du facteur de transcription nucléaire
(AhR) est fortement exprimé et activé dans les colonocytes sains, tandis que des agonistes de l'AhR
plus faibles ou une activité réduite de l'AhR peuvent entraîner une altération de la fonction de barrière
intestinale. Les cellules entéroendocrines (cellules L) expriment plusieurs récepteurs clés activés par
des AGCC , des endocannabinoïdes spécifiques (eCB) et des acides biliaires (BA). L'activation de ces
récepteurs augmente la sécrétion de peptides intestinaux clés tels que le peptide de type glucagon
(GLP)-1, le GLP-2 et le peptide YY (PYY). Au total, l'interaction entre les microbes intestinaux et ces
acteurs moléculaires contribue à réduire la perméabilité intestinale, à améliorer la sécrétion d'insuline
et la sensibilité à l'insuline, à réduire la prise alimentaire, à abaisser les lipides plasmatiques et à éviter
la stéatose hépatique et l'endotoxémie métabolique. Tous ces effets sont associés à une moindre
inflammation. A l'inverse, des effets opposés ont été observés dans des situations pathologiques (11).

35
Les acides biliaires (AB)
Les acides biliaires primaires (acide cholique, ou chénodésoxycholique par exemple)
sont des molécules amphipathiques endogènes, synthétisées à partir du cholestérol dans les
hépatocytes. Ils peuvent être conjugués à la glycine ou à la taurine avant leur sécrétion dans
la bile et leur stockage dans la vésicule biliaire. La majeure partie des acides biliaires primaires
est réabsorbé via la circulation entéro-hépatique (95%), les 5% restants sont métabolisé dans
le côlon par le microbiote. Les bactéries telles que Clostridium, Enterococcus, Bifidobacterium,
Lactobacillus et Bacteroides sont capables d’opérer cette métabolisation grâce à une activité
hydrolase (67–69). La circulation entérohépatique des AB se produit plusieurs fois par jour et
est un mécanisme physiologique important pour maintenir l'homéostasie du glucose, des
lipides et de l'énergie dans tout le corps afin de prévenir l'hyperglycémie, la dyslipidémie et
l'obésité ; elle protège contre les maladies métaboliques inflammatoires des systèmes digestif
et cardiovasculaire (11).
Les acides biliaires secondaires sont exclusivement produits par le microbiote
intestinal à partir des acides biliaires primaires produits par l’hôte (70–72). Ces modifications
comprennent la déconjugaison (l'élimination des résidus d'acides aminés) via l'activité de
l'hydrolase des sels biliaires (BSH) et une métabolisation supplémentaire via l'élimination des
groupes hydroxyle (déshydroxylation), l'oxydation (déshydrogénation) ou épimérisation. Cela
entraîne la formation des acides biliaires secondaires tels que l'acide désoxycholique, l'acide
lithocholique et l'acide ursodésoxycholique. Ce métabolisme bactérien modifie la
biodisponibilité et les bioactivités des AB, et par conséquent leur impact sur les réponses
métaboliques dans lesquelles ils interviennent (Figure 11) (11).
Les récepteurs des acides biliaires regroupent les récepteurs nucléaires tels que le
récepteur X farnésoïde (FXR) et le récepteur d’acides biliaires couplé à la protéine G (TGR5)
exprimés par les tissus impliqués dans la circulation entéro-hépatique (notamment les cellules
épithéliales intestinales) (67,73,74). La fixation des AB primaires sur ces récepteurs FXR et
TGR5 leur permet d’agir sur le microbiote et de moduler sa composition (69). Les effets des
AB secondaires intestinaux induisent une tolérance immunitaire. Une augmentation d’AB
primaires dans le côlon favoriserait l’inflammation (75). Le maintien d’une métabolisation
microbienne optimale des AB primaires en AB secondaires est donc primordial.

36
Figure 11 : Synthèse des acides biliaires et
intervention du microbiote intestinal.

Récepteurs de reconnaissance de forme spécifique (PRR) et


lipopolysaccharides (LPS)
4.2.3.1 PPR et TLR

Les cellules de l’immunité innée comportent des récepteurs spécifiques aux agents
pathogènes. Ce sont les PRR et plus particulièrement les TLR. Les TLR sont une famille de
récepteurs comprenant 10 membres chez l'homme. Chacun des TLR médie les réponses à des
composants microbiens distincts dérivés d'agents pathogènes. Deux exemples typiques sont
le TLR2, qui détecte les lipoprotéines bactériennes et le TLR4, qui reconnaît les LPS bactériens.
Ensemble, les TLR couvrent une large gamme de stimuli externes (PAMP) et de signaux
internes dérivés de lésions tissulaires (DAMP) (Figures 10 et 12) (76).
Leur activation induit l'activation des cellules présentatrices d'antigène, reliant ainsi
les réponses immunitaires innées et adaptatives, et stimule les cascades de signalisation pour
tenter de repousser les envahisseurs microbiens ou de réparer les tissus endommagés.

4.2.3.2 LPS

Les LPS sont des motifs moléculaires associés aux agents pathogènes, dont les LPS
bactériens sont la classe la plus connue (11).
Les LPS, endotoxines constituants de la paroi cellulaire des bactéries à Gram-négatif,
sont de puissants activateurs de la réponse inflammatoire et la libération de même de petites
quantités de LPS dans la circulation est suffisante pour déclencher une réponse inflammatoire.
Les LPS et autres PAMP exercent leur activité par l'activation des PRR qui détectent les
micro-organismes et les agents infectieux et signalent une réponse défensive.

37
4.2.3.3 Perturbation des PRR

Bien que cette réponse inflammatoire soit nécessaire pour éliminer l'infection, une
activation excessive des TLR peut entraîner une perturbation de l'homéostasie immunitaire et
la production soutenue de cytokines pro-inflammatoires et de chimiokines peut augmenter le
risque de maladies inflammatoires et de troubles auto-immuns. Les LPS de différents types de
bactéries ont des effets distincts sur la fonction de barrière intestinale, l'inflammation
adipeuse, l'absorption intestinale du glucose, la glycémie, l'insuline et les incrétines, ce qui
indique que l'effet net des niveaux d'endotoxémie métabolique sur le métabolisme de l'hôte
peut varier en fonction de la composition du microbiote intestinal (77).
La perturbation de l'expression des PRR a été associée à des altérations de la
composition du microbiote qui favorisent l'inflammation. Par exemple, des souris déficientes
en TLR5, qui est activé par la flagelline bactérienne, développent une colite ou un syndrome
métabolique, associé à un microbiote altéré (78,79).
Système endocannabinoïde (eCB)
Au cours des deux dernières décennies, le système eCB a été largement exploré en
raison de sa vaste gamme d'effets physiologiques. Parmi ses effets pléiotropes, le système de
signalisation eCB semble jouer un rôle clé dans la régulation du métabolisme énergétique,
glucidique et lipidique mais aussi dans l'immunité, l'inflammation et plus récemment dans les
interactions microbiote-hôte (80,81).
En 1988 et 1993 ont été découverts les récepteurs cannabinoïdes endogènes : le
récepteur de type 1 (CB1), activé par le composé psychoactif du Cannabis sativa, le Δ9-
tétrahydrocannabinol et le récepteur cannabinoïde de type 2 (CB2). Les deux récepteurs sont
des RCPG (Récepteurs Couplés au Protéines G) et partagent des mécanismes de signalisation
communs.
Le premier agoniste endogène identifié était l'anandamide (N-
arachidonoyléthanolamide (AEA)). L'AEA est l'un des membres clés d'un grand groupe de
lipides bioactifs appartenant à la famille des N-acyléthanolamines (NAE). Le deuxième ligand
clé identifié était le 2-arachidonoylglycérol (2-AG). Depuis la découverte de ces deux
composés, la famille eCB s'est élargie et n'est plus restreinte aux seuls eCB ayant une activité
spécifique sur les récepteurs CB1 et CB2. Par exemple, certains eCB interagissent également
avec PPARα et PPARγ, ainsi qu'avec d'autres récepteurs membranaires tels que GPR55, ou

38
transient receptor potential vanilloid type-1 (TRPV1) (Figure 12). Outre les eCB dits "vrais",
c'est-à-dire les eCB capables de se lier à CB1 et CB2, il a été démontré que de nombreux autres
composés présentant une ressemblance structurelle avec les eCB prototypiques interfèrent
avec la réponse eCB sans activer directement les récepteurs CB1 ou CB2. Toutes ces molécules
sont appelées composés ou congénères de type eCB et sont des lipides bioactifs, y compris
d'autres NAE ou membres de la famille des acylglycérols. Cependant, les composés de type
eCB peuvent également exercer leur propre activité pharmacologique. Par exemple, la N-
oléoyléthanolamine (OEA) ou la N-palmitoyléthanolamine (PEA) peuvent activer PPARα et
TRPV1, et l'OEA, la N-linoléyléthanolamine (LEA) et le 2-oléoylglycérol (2-OG) sont capables
d'activer GPR119.
Plus récemment, il a été démontré que le 1-palmitoylglycérol (1-PG) et le 2-
palmitoylglycérol (2-PG) sont des agonistes du PPARα (Figure 12). En 2010, il a été découvert
que parmi les systèmes métaboliques impliqués dans la régulation de la fonction de barrière
intestinale, le système eCB jouait un rôle majeur (80). Cela a commencé par la découverte de
l’altération du système eCB intestinal pendant l'obésité et le diabète, avec une abondance
accrue d'AEA qui déclenche la perméabilité intestinale via des mécanismes dépendants de
CB1. Cette modification du tonus du système eCB était associée à des modifications du
microbiote intestinal. De plus, l'activation pharmacologique du système eCB avec un puissant
agoniste de l'eCB a augmenté l'adipogenèse et perturbé la barrière intestinale (82). Dans une
série d'études indépendantes, le lien entre le microbiote intestinal, le métabolisme du tissu
adipeux et le système eCB a été confirmé puisque les personnes obèses génétiquement et les
souris diabétiques (ob/ob et db/db) présentent un changement profond dans la composition
de leur microbiote intestinal, qui est associé à une modification du métabolisme des tissus du
corps entier et du tonus du système eCB (83,84). Ces données soutiennent fortement un lien
entre des lipides bioactifs spécifiques, appartenant au système eCB, et le microbiote
intestinal, le développement du tissu adipeux et la fonction intestinale.
Pour explorer davantage les liens potentiels entre le microbiote intestinal et la
régulation du système eCB, l'endocannabinoïdome (eCBome) de souris axénique a été
comparé à celui de souris conventionnelles à différents moments. L'eCBome est une extension
du système eCB qui comprend plus de 50 récepteurs et enzymes métaboliques, et plus de 20
médiateurs lipidiques avec des fonctions importantes. De manière frappante, la

39
transplantation de matières fécales de donneurs de souris témoins à des souris axéniques du
même âge a inversé plusieurs de ces altérations, après seulement une semaine (85).
D’autres études complètent ces observations, l’ensemble de celles-ci démontre que le
microbiote intestinal a un impact direct sur l'eCBome de l'hôte. De manière plus générale, les
preuves indiquent une interférence bidirectionnelle entre le système eCB de l'hôte et le
microbiote intestinal. Il a récemment été démontré que le microbiote intestinal lui-même est
capable de produire des eCB spécifiques (11,86).

Récepteur d'hydrocarbure arylique : lien avec le métabolisme


énergétique, l'inflammation et le microbiome intestinal
Le récepteur d'hydrocarbure arylique (AhR) est exprimé de manière ubiquitaire dans
les cellules de vertébrés et ce facteur de transcription est activé après la liaison du ligand. De
nombreux ligands AhR existent, notamment des déclencheurs environnementaux, des
signaux dérivés de la nutrition, divers composés phytochimiques et des métabolites
bactériens tels que le tryptophane (Figure 8) (11).
La liaison du ligand AhR entraîne la translocation de l'AhR dans le noyau où il est lié à
sa molécule de dimérisation, le translocateur nucléaire AhR, entraînant la transcription de
nombreux gènes impliqués dans les processus immunitaires et inflammatoires. Les produits
bactériens et les métabolites jouent un rôle clé en tant qu'activateurs et, par conséquent,
plusieurs rapports des dernières années ont tenté de comprendre l'interaction de l'AhR avec
le microbiote intestinal (Figure 12) (11).
La voie de l'AhR a également été liée au métabolisme énergétique et au syndrome
métabolique (87). Une augmentation des ligands AhR obtenue par l'administration d'une
souche de Lactobacillus améliorait les fonctions métaboliques par une amélioration de la
barrière intestinale et une réduction de la stéatose hépatique. L'indigo, un ligand AhR naturel
doté de puissantes activités anti-inflammatoires, protège contre l'obésité induite par un
régime riche en graisses et les perturbations métaboliques en régulant à la hausse
Lactobacillus spp et les interleukines IL-10 et IL-22 (88).
Les métabolites microbiens du tryptophane tels que l'indole3-éthanol, indole-3-
pyruvate et indole-3-aldéhyde protègent la barrière épithéliale intestinale en affectant
l'intégrité du complexe jonctionnel apical (89).

40
Récepteur d'hydrocarbure arylique, microbiote intestinal et
barrière cutanée
Impliqué dans la différenciation épidermique, ce récepteur a un impact direct sur la
stabilité de la barrière cutanée (90). L’étude de Uberoi et al., 2021, démontre, en utilisant des
souris axéniques, que le microbiote est nécessaire pour une différenciation et une réparation
correcte de la barrière épidermique. Ces effets sont médiés par la signalisation du microbiote
via le récepteur AhR dans les kératinocytes. Les souris dépourvues d'AhR de kératinocytes
sont plus sensibles aux dommages de la barrière et à l'infection de celle-ci. La colonisation
avec un consortium défini d'isolats de peau humaine a restauré la compétence barrière d'une
manière dépendante de l'AhR (90). Cette étude révèle un mécanisme fondamental par lequel
le microbiote régule la formation et la réparation de la barrière cutanée, ce qui a des
implications profondes pour les nombreux troubles cutanés caractérisés par un
dysfonctionnement de la barrière épidermique (90).

Figure 12 : Colonocytes et cellules


endocrines expriment une variété de
récepteurs capables de détecter et de
transmettre des signaux provenant de
l'environnement microbien (11).
Les PAMP, les LPS du microbiote sont
détectés par les PRR, y compris les TLR.
Amuc_1100 est une protéine exprimée sur
la membrane externe d'A. muciniphila. Il a
été démontré qu'elle signale via TLR2 pour
améliorer la fonction de barrière intestinale
et réduire l'inflammation. Les métabolites
sécrétés par certains microbes (par ex, les
endocannabinoïdes, générés par la
digestion microbienne des composants
alimentaires (par ex, les AGCC) ou par la
transformation de facteurs dérivés de
l'hôte (par ex, les eCB et les AB) peuvent
être détecté par divers récepteurs et voies
pour altérer l'intégrité intestinale et la
santé de l'hôte.

CB1, CB2 : récepteurs cannabinoïdes de type 1 et de type 2 ; TRPV1 : membre 1 de la sous-famille V


des canaux cationiques à potentiel de récepteur transitoire ; FXR : récepteur farnésoïde X ; AhR :
récepteur d'hydrocarbure aryle; GPR119, GPR43, GPR41 : récepteurs couplés aux protéines G 119, 43
et 41 ; MYD88 : réponse primaire de différenciation myéloïde 88 ; PPARα/γ : récepteurs activés par les
proliférateurs de peroxysomes a et g ; TGR5 : récepteur 5 couplé aux protéines Takeda G(11).

41
Métabolites spécifiques de certaines souches
La plupart des métabolites de signalisation peuvent être produits par un grand nombre
de bactéries intestinales différentes et ont donc une spécificité limitée. Cependant, diverses
bactéries peuvent fabriquer des molécules spécifiques qui ont des interactions uniques avec
l'hôte (Figures 8,10 et 12). Pour des raisons évidentes, ceux-ci ont été très bien caractérisés
chez des agents pathogènes capables de fabriquer des toxines spécifiques, de synthétiser des
polysaccharides pour échapper au système immunitaire ou d'inciter l'hôte à synthétiser des
récepteurs, leur permettant d'envahir les cellules. En revanche des recherches récentes ont
identifié de nouvelles et uniques molécules de signalisation de l'hôte que l'on trouve dans les
bactéries intestinales potentiellement symbiotiques. Ceux-ci incluent les polysaccharides
immunomodulateurs, les sphingolipides produits par Bacteroides spp (91) et les muropeptides
formés par Enterococcus spp (11,92). L. acidophilus NCFM produit une grande protéine de
couche de surface, glycosylée. L. rhamnosus GG comporte une protéine de pilus qui est une
protéine de liaison au mucus partiellement glycosylée avec une capacité de signalisation
inhabituelle d’un récepteur sur les cellules dendritiques (93). Les pili de certains
Bifidobacterium spp comporte la protéine Tad qui favorise la persistance colique et la
prolifération épithéliale (94). Plusieurs protéines d'A. muciniphila ont récemment été
identifiées avec une capacité de signalisation potentielle (95). Différentes protéines codées
par les gènes Amuc1831, 1434 et 1100 interviennent dans l’induction du GLP-1 sérique,
l’adhésion intercellulaire, la viabilité cellulaire et la prévention de l’obésité induite par
l’alimentation (Figure 12) (11).
Molécules nouvellement identifiées, impact sur la santé et
leurs cibles
Outre les molécules classiques telles que les AGCC, les AB ou les PAMP et les peptides
intestinaux, tous décrits comme des régulateurs du métabolisme de l'hôte, de la barrière
intestinale et de l'inflammation, le rôle d'une nouvelle classe de molécules appelées
« entérosynes » est en train d'émerger. Le concept d'entérosynes a été récemment introduit
et défini comme « des molécules provenant de l'intestin qui ont la capacité de moduler la
contraction duodénale en ciblant le SNE. Les entérosynes peuvent être chimiquement
diverses et liées aux hormones, aux peptides/lipides bioactifs, aux nutriments, au microbiote
et aux facteurs immunitaires (96).

42
4.2.8.1 Métabolites contribuant à la santé de l’hôte

L’administration d’oligofructose augmente sélectivement l'abondance d'un lipide


bioactif intestinal (l'acide 12-hydroxyeicosatétraénoïque (12-HETE)) dans les cellules coliques.
Ce lipide bioactif a la propriété de diminuer la glycémie et la fréquence des contractions
duodénales en contrôlant l'activité des neurones entériques (97) .
La bactérie E. coli Nissle 1917 (EcN), une souche bien étudiée commercialisée comme
probiotique pour le traitement de la colite a pour propriété d’augmenter de la concentration
en acide 3-hydroxyoctadécénoïque (C18-3OH). Il a été démontré que l'administration orale de
C18-3OH diminuait la colite (98). Pour déterminer si d'autres bactéries présentes dans le
microbiote intestinal produisent du C18-3OH, le microbiote intestinal a été modulé à l'aide
d'oligofructose. Il s’est avéré que les propriétés anti-inflammatoires de l'oligofructose étaient
associées à une augmentation de la concentration colique de C18-3OH. Ce lipide bioactif est
produit par d’autres bactéries spécifiques et agit en activant PPARg (98).
4.2.8.2 Métabolites nuisant à la santé de l’hôte

Trois métabolites à impact négatif ont fait l'objet d'études récentes, notamment la
fructoselysine, un produit final de glycation avancée (AGE), le N-oxyde de triméthylamine
(TMAO) et le propionate d'imidazole (IMP).
Les AGE sont des produits de réaction de Maillard formés dans nos aliments par
traitement thermique lorsque des groupes amino-libres de protéines et d'acides aminés
réagissent avec des glucides réducteurs, formant des composés peu biodisponibles. Les AGE
interviennent dans le diabète de type 2 (DT2) et le carcinome colorectal (CCR) en stimulant la
réponse pro-inflammatoire (99). Une augmentation de la perméabilité intestinale, permettant
une interaction plus étroite des AGE avec l'épithélium colique et par conséquent une fuite de
toxines bactériennes dans la circulation systémique a aussi été remarquée (100). Le TMAO est
fortement associé à l'athérosclérose et aux risques cardiovasculaires (101), l’IMP est retrouvé
chez les patients atteints de DT2 (11).
Ces exemples indiquent l'implication des bactéries intestinales dans la génération de
composés indésirables. En revanche, ont également été identifiées de nouvelles espèces qui
peuvent les détoxifier et même les convertir en produits tels que le butyrate qui ont un
potentiel de signalisation bénéfique (Figure 10).

43
4.3 Vitamines
Certains micronutriments comme les vitamines sont synthétisés à la fois par l’hôte et
par les bactéries du microbiote intestinal. La source de ces vitamines provient généralement
de l’alimentation, mais certaines bactéries telles que Lactobacillus et Bifidobacteria sont
capables de les métaboliser.

Le microbiote colique intervient dans la synthèse de plusieurs types de vitamines


hydrosolubles qui sont ensuite absorbées dans la muqueuse colique par les entérocytes. La
majorité de ces vitamines, que sont la thiamine (ou vitamine B1), la riboflavine (ou vitamine
B2), la niacine (ou vitamine B3), l’acide pantothénique (ou vitamine B5), la biotine (ou vitamine
B8), le folate (ou vitamine B9) et la cobalamine (ou vitamine B12), est impliquée dans le
métabolisme énergétique et dans l’adaptation génétique des cellules de l’organisme aux
différentes conditions environnementales (102).

Le microbiote intestinal est également impliqué dans la synthèse de vitamines


liposolubles telles que les vitamines A, D, K et E qui jouent un rôle important dans la
coagulation, mais aussi dans la régulation de la réponse immunitaire et dans le maintien de
l’intégrité de la barrière épithéliale intestinale (13,103).

Microbiote et perméabilité intestinale

La barrière intestinale, entre le contenu luminal et les tissus sous-jacents, permet le


maintien d’un niveau de perméabilité physiologique optimal (104). Les contacts étroits entre
ces cellules, assurés par les protéines de jonctions serrées, forment une barrière très sélective
au passage des composés en provenance de la lumière. Les petites molécules et les ions
peuvent emprunter la voie para-cellulaire, via ces jonctions serrées, pour traverser la barrière
tandis que des molécules de plus haut poids moléculaire sont prises en charge par les cellules
épithéliales, soit par des transporteurs spécifiques, soit par diffusion passive pour transiter du
pôle apical vers le pôle basal des cellules. Ceci constitue la voie trans-cellulaire.
Les altérations de la perméabilité épithéliale intestinale et le dysfonctionnement du
microbiote intestinal sont tous deux étroitement associés à la pathogenèse de plusieurs
maladies chroniques, telles que l'obésité et le DT2. Les interactions bactéries-cellules
épithéliales ont été suggérées comme un contributeur clé de la perméabilité épithéliale dans
plusieurs segments du tractus gastro-intestinal. Les bactéries peuvent modifier l'expression et

44
l'assemblage des jonctions serrées, et ainsi réguler la perméabilité trans-épithéliale (105). Les
maladies inflammatoires ou ulcéreuses entraînent une barrière intestinale anormale. La
fonction barrière anormale est décrite pour : les MICI, la maladie cœliaque, les infections et
infestations entériques, le virus de l'immunodéficience humaine et le syndrôme du côlon ou
de l’intestin irritable (106). Enfin, le stress psychologique chez l’individu sain réduit
l’absorption d’eau et perturbe les équilibres électrolytiques probablement par modification
de la perméabilité intestinale (107). La barrière intestinale devenant moins sélective, une
translocation accrue des microbes intestinaux ou des molécules associées aux microbes peut
avoir lieu entrainant des réactions immunitaires et inflammatoires (107).

Impact des antibiotiques

Les antibiotiques figurent parmi les classes de médicaments les plus vendues. En
France en 2021, environ 700 prescriptions d’antibiotiques pour 1000 habitants ont été
réalisées, hors hospitalisations (108).
Les antibiotiques induisent une dysbiose qui se traduit en général par une perte de
diversité, une perte de certains taxons importants, des modifications de la capacité
métabolique, et par une diminution de la résistance à la colonisation contre les pathogènes
envahisseurs (Figure 13) (109).
Résilience
Microbiote sain

Antibiotics
Antibiotiques

Cancer Perte de taxons clés

Obésité

Immunité intestinale
Auto-immunité

Maladie infectieuse Réduction de la résistance à la


colonisation

Figure 13 : Effet des antibiotiques sur la dysbiose intestinale et rôle dans différentes pathologies (110).
Les antibiotiques peuvent déplacer le microbiote vers des états de dysbiose à long terme. L'interaction
de l'immunité intestinale et du microbiote contribue à la pathogenèse et à la gravité des maladies
métaboliques, auto-immunes, infectieuses et du cancer (109).

45
Même une utilisation à court terme, en particulier dans les 2 premières années de
l'enfance, peut entraîner des modifications durables du microbiote intestinal et par
conséquent une altération de l'interaction avec l'hôte (111). La dysbiose intestinale favorise
le transfert horizontal des gènes de résistance et alimente l'évolution des agents pathogènes
résistants aux médicaments et la propagation de la résistance aux antibiotiques (112).

6.1 Dysbiose

La dysbiose post-antibiotique se manifeste par des effets fonctionnels diversifiés


entraînant des changements dans le mutualisme hôte-microbiome, dans l'interaction espèce-
espèce et dans l'activité et la régulation métaboliques. La dysbiose est généralement
caractérisée par une diversité réduite des phylums Firmicutes et Bacteroidetes, et souvent
accompagnée d'une prolifération de la famille des Enterobacteriaceae (113,114). Cela peut
devenir critique, car le microbiote sain transmet une résistance à la colonisation vis-à-vis des
bactéries pathogènes envahissantes, et la dysbiose augmente la vulnérabilité à l'expansion
post-antibiotique de souches entéropathogènes telles que Clostridium difficile (115) et
d'agents pathogènes résistants aux antibiotiques tels que comme Enterococcus résistant à la
vancomycine (116). Les compositions altérées de la communauté bactérienne affectent la
structure de la couche de mucus et par conséquent la fonction de barrière gastro-intestinale
de l'hôte (117), ce qui peut donner lieu à des MICI (118).

6.2 Impact différentiel des classes d'antibiotiques sur le


microbiote intestinal

Différentes classes d'antibiotiques ont des effets et des conséquences très différents
sur le microbiote intestinal, comme en témoignent cliniquement les effets indésirables allant
de la diarrhée simple aux infections potentiellement mortelles chez les enfants et les
personnes âgées.
Alors que les effets à court terme des antibiotiques ont été reconnus dans plusieurs
études, les conséquences à long terme restent moins connues mais pourraient avoir
d'énormes répercussions socio-économiques (119). Les altérations du microbiome,
notamment concernant l'émergence de gènes de résistance, peuvent durer jusqu'à 4 ans
après une antibiothérapie de courte durée par la clindamycine ou la clarithromycine
(119,120).

46
Le Tableau I résume les effets observés des antibiotiques sur la composition
microbienne, sur l'émergence de bactéries résistantes aux médicaments, et comment ces
changements peuvent affecter les défenses immunitaires intestinales avec des conséquences
sur la résistance à la colonisation.

Tableau I : Impact des différentes classes d'antimicrobiens sur le microbiote intestinal et l'immunité
(109).

Implication du microbiote intestinal dans diverses


pathologies

Par son aspect régulateur et sécréteur de nombreux métabolites, le microbiote


intervient dans de nombreuses pathologies. Tous les produits exogènes, alimentation ou
molécules (antibiotiques, antidiabétiques etc...) sont susceptibles d’altérer ou de modifier sa
composition et d’induire une dysbiose intestinale. Les principales pathologies associées à des
dysbioses sont répertoriées dans le Tableau II.

47
Tableau II : Articles répertoriés dans PubMed concernant les sujets : « microbiome et maladies »,
décembre 2021 (11).

Synthèse

Le microbiote a une composition propre à chacun, évoluant avec le temps et son


environnement. Il offre une multitude d'avantages à l'hôte, tels que la formation du système
immunitaire, la protection contre les agents pathogènes, la décomposition et la formation des
métabolites et le maintien d'une barrière saine (121,122). Il peut aussi contribuer à différentes
pathologies, par son rôle de communication avec le système immunitaire (Figure 14).

Figure 14 : Influence du
microbiote intestinal
sur l'hôte. Adapté de
Gebrayel et al (123).

48
PARTIE 2 : PEAU ET MICROBIOTE CUTANE
Structure de la peau
La peau, organe qui recouvre notre corps, est l’un des plus étendus et des plus lourds.
Elle pèse plus de 3kg et possède une surface d’environ 2m² chez un adulte (124). Cette surface
peut atteindre 25m² en incluant les appendices cutanés tels que les follicules pileux, les canaux
eccrines, apocrines et les glandes sébacées (3).
La peau est composée de trois couches et présente une épaisseur variable. La plus
superficielle est l’épiderme, qui se situe au-dessus du derme, qui est lui-même par-dessus
l’hypoderme (124) (Figure 15).

Figure 15 : Couches de la peau (125).


La peau est composée de deux couches principales : l'épiderme, constitué de cellules épithéliales
serrées les unes contre les autres, et le derme, constitué de tissu conjonctif dense et irrégulier qui
abrite les vaisseaux sanguins, les follicules pileux, les glandes sudoripares et d'autres structures. Sous
le derme se trouve l'hypoderme, composé principalement de tissus conjonctifs lâches et de tissus
adipeux (125).

1.1 Épiderme
L’épiderme est un épithélium pavimenteux kératinisé et stratifié. Il présente une
épaisseur de 40 µm à 6 mm selon sa localisation anatomique.
Il n’est pas vascularisé et reçoit l’oxygène et les nutriments nécessaires à sa survie
uniquement grâce à sa membrane basale, la couche la plus profonde de celui-ci. Cette couche
basale, en contact avec le derme, se renouvelle constamment (126).

49
Quatre ou cinq couches composent l’épiderme, selon sa localisation sur le corps. Le
terme « peau fine » définit un épiderme de quatre couches, de la plus profonde à la plus
superficielle, on retrouve la couche basale, épineuse, granuleuse et cornée. Au niveau de la
paume des mains et de la plante des pieds il se compose de cinq couches et est nommé « peau
épaisse ». La couche supplémentaire est la couche lucide (125) (Figure 16).
Les cellules de toutes les couches à l'exception de la couche basale sont appelées
kératinocytes. Un kératinocyte est une cellule qui fabrique et stocke la protéine kératine. La
kératine est une protéine fibreuse intracellulaire qui donne aux cheveux, aux ongles et à la
peau leur dureté et leurs propriétés de résistance à l'eau. Les kératinocytes de la couche
cornée sont morts et se détachent régulièrement, remplacés par des cellules des couches plus
profondes (Figure 16).
Cellules mortes remplies de
kératine
Couche cornée

Couche lucide

Couche granuleuse
Granulés lamellaires

Couche épineuse Kératinocyte


s

Couche basale
Cellule de Merkel
Mélanocyte
Neurone sensoriel
Derme

Figure 16 : Couches de l’épiderme (125).


L'épiderme de la peau épaisse comporte cinq couches : la couche basale, la couche épineuse, la couche
granuleuse, la couche lucide et la couche cornée (125).

Couche basale
La couche basale est la couche épidermique la plus profonde et attache l'épiderme à
la membrane basale, en dessous de laquelle se trouvent les couches du derme. Elle est
principalement constituée de cellules basales. Une cellule basale est une cellule souche de
forme cubique qui est un précurseur des kératinocytes de l'épiderme. Tous les kératinocytes
sont produits à partir de cette seule couche de cellules, constamment en mitose pour en
produire de nouvelles. Au fur et à mesure que de nouvelles cellules se forment, les cellules

50
existantes sont écartées superficiellement de la couche basale pour former les autres couches
de l’épiderme. Deux autres types de cellules se trouvent dispersés parmi les cellules basales.
La première est une cellule de Merkel, responsable de la stimulation des nerfs sensoriels que
le cerveau perçoit, comme le toucher. Ces cellules sont particulièrement abondantes sur les
surfaces des mains et des pieds. Le second est un mélanocyte, qui produit le pigment mélanine
(Figure 16). La mélanine donne sa couleur aux cheveux et à la peau et aide également à
protéger les cellules vivantes de l'épiderme des dommages causés par les rayons ultraviolets
(UV) (125).
Les cellules de la couche basale se lient au derme via des fibres de collagène
entrelacées formant la membrane basale et la jonction dermoépidermique. Cela crée une
barrière mécanique solide contre les agents pathogènes (126).
Couche épineuse
Son apparence épineuse est permise par les desmosomes. Ceux-ci s'imbriquent les uns
dans les autres et renforcent le lien entre les cellules. Elle est composée de huit à 10 couches
de kératinocytes, formés à la suite de divisions cellulaires dans la couche basale. Parmi les
kératinocytes de cette couche, se trouve les cellules de Langerhans capables de phagocyter
les bactéries, les particules étrangères et les cellules endommagées. Les kératinocytes de la
couche épineuse commencent la synthèse de la kératine et libèrent un glycolipide hydrofuge
qui aide à prévenir la perte d'eau du corps, rendant la peau relativement imperméable. Au fur
et à mesure que de nouveaux kératinocytes sont produits au sommet de la couche basale, les
kératinocytes de la couche épineuse sont poussés dans la couche granuleuse (125).
Couche granuleuse
Elle est la résultante de modifications supplémentaires des 3 à 5 couches de
kératinocytes qui la composent. Les cellules deviennent plus plates, leurs membranes
cellulaires s'épaississent et elles génèrent de grandes quantités de kératine et de
kératohyaline, s'accumulant sous forme de granules lamellaires dans les cellules. Les noyaux
et autres organites cellulaires se désintègrent à mesure que les cellules meurent, laissant
derrière eux : la kératine, la kératohyaline et les membranes cellulaires qui formeront les
couches lucides et cornées (125).
Couche lucide
C’est une couche lisse et translucide de l'épiderme (125).

51
Couche cornée
1.1.5.1 Processus de cornification

La couche cornée de l’épiderme résulte du processus de cornification qui est l’un des
processus adaptatifs pour fournir au corps une barrière contre les éléments extérieurs et
limiter la perte d’eau et nutriments (127). Ce processus résulte de la différenciation des
kératinocytes en cornéocytes, formant 90 à 95 % de la population épidermique de la couche
cornée. Les cornéocytes sont des cellules plates, anucléées et sans organites cellulaires,
organisées en 15 à 20 couches. Ils présentent des dimensions de 30 à 40 µm de diamètre et
une épaisseur de 0,1 à 1 µm, intégrés dans une matrice à multiples facettes de lipides
multilamellaires. Ces cellules sont continuellement abrasées et/ou naturellement éliminées,
remplacées au fur et à mesure par les cellules remontant des couches inférieures.
Cette exfoliation appelée « desquamation » résulte de l'action de protéases.

1.1.5.2 Lipides et NMF (Natural Moisturizing Factors)

La forte teneur en lipides, issus des céramides, des cholestérols et des acides gras
générés par la couche granulée, explique la fermeté et l’élasticité partielle de l'épiderme
(126). Dans cette couche se trouvent les facteurs naturels d'hydratation composés
principalement d’acides aminés, d’acide hyaluronique et de glycérol qui maintiennent le
degré d'hydratation de la peau à un niveau optimal (128). Ces molécules solubles représentent
jusqu'à 10% du contenu des cornéocytes. Une dérégulation de la proportion de ces facteurs,
peut entraîner des troubles de l'hydratation de la peau, comme la sécheresse. Ces NMF
peuvent être perdus par effet mécanique, par exemple après de trop nombreux lavages de
peau ou abrasion de la peau : la peau asséchée est alors plus vulnérable (129).

1.2 Derme
Il est composé de nombreux vaisseaux sanguins, lymphatiques, nerfs, terminaisons
nerveuses ainsi que des follicules pilo-sébacés et glandes sudoripares. Le derme, d’une
épaisseur de 1 à 2 mm en moyenne est constitué de deux couches de tissu conjonctif qui
composent un maillage interconnecté de fibres d'élastine et de collagène, produites par les
fibroblastes (125).

52
Couche papillaire
La couche papillaire est constituée de tissu conjonctif aréolaire lâche. Cette couche
superficielle du derme se projette dans la couche basale de l'épiderme pour former des
papilles dermiques en forme de doigt. Dans la couche papillaire se trouvent des fibroblastes,
quelques adipocytes, une abondance de petits vaisseaux sanguins, des capillaires
lymphatiques, des fibres nerveuses et des récepteurs tactiles appelés corpuscules de
Meissner. Enfin, la couche papillaire contient des phagocytes (125).
Couche réticulaire
Sous la couche papillaire se trouve la couche réticulaire beaucoup plus épaisse,
composée de tissu conjonctif dense et irrégulier. Cette couche est bien vascularisée et
possède un riche réseau nerveux sensoriel et sympathique. La couche réticulaire est appelée
ainsi en raison d'un maillage serré de fibres. Les fibres d'élastine fournissent une certaine
élasticité à la peau, permettant le mouvement. Les fibres de collagène fournissent la structure
et la résistance à la traction ainsi que le maintien de l’hydratation cutanée. Ces brins de
collagène s'étendent à la fois dans la couche papillaire et dans l'hypoderme (125).

1.3 Hypoderme
L'hypoderme (également appelé couche sous-cutanée ou fascia superficiel) est une
couche située directement sous le derme et sert à relier la peau au fascia sous-jacent (tissu
fibreux) des os et des muscles. L'hypoderme est constitué de tissu conjonctif aréolaire lâche
et bien vascularisé et de tissu adipeux, qui fonctionne comme un mode de stockage des
graisses. Son épaisseur varie de 40 µm à 6 mm (125).

Composition globale de la peau


La peau contient :
- 70 % d'eau : sa répartition est variable, l'hypoderme est le plus hydraté,
- 27,5 % de protides,
- 2 % de lipides : phospholipides, acides gras, triglycérides…,
- 0,5% de sels minéraux et oligo-éléments : sodium, magnésium, potassium, fer, cuivre,
zinc, soufre, phosphore, iode, manganèse… (130)

53
Fonctions
La protection, les mécanismes de régulation thermique et métabolique, la cicatrisation
et le système sensoriel font partie des grandes fonctions de la peau. La peau est le témoin du
dysfonctionnement de certains organes (131). La protection de la barrière cutanée est
notamment permise par l'acidité de la peau (pH de 5,4 à 5,9), cela crée un environnement
inhospitalier pour les agents pathogènes potentiels et inhibe la croissance bactérienne. De
plus, le sébum produit par les glandes sébacées agit comme un joint pour les follicules pileux
et contient plusieurs molécules antimicrobiennes ainsi que des lipides nutritionnels
spécifiques pour les micro-organismes bénéfiques (121).

Le microbiote cutané
4.1 Composition générale
Le microbiote cutané présente une densité d’environ 107 microorganismes par
centimètre carré de peau (132). La peau contient plus de 300 sous-espèces bactériennes
commensales selon les techniques basées sur l’ARNr 16S (133). La plupart des espèces
bactériennes présentes sur la peau sont non pathogènes et saprophytes, mais certaines
peuvent devenir pathogènes selon le contexte. Des champignons, dont le genre Malassezia
est prédominant dans les régions séborrhéiques, des virus et des acariens sont également
présents sur la peau. Chacun de ces micro-organismes possède des adaptations métaboliques
distinctes pour survivre dans les différents microenvironnements cutanés. Les espèces
bactériennes les plus abondantes trouvées sur la peau humaine appartiennent à quatre phyla
: Actinobacteria, Firmicutes, Proteobacteria et Bacteroidetes (132). Le microbiote cutané
comprend principalement des bactéries comme Staphylococcus epidermidis, Staphylococcus
hominis, Streptococcus mitis, Cutibacterium acnes, Corynebacterium spp, Acinetobacter
johnsoni, et Staphylococcus warneri (Figure 18).
Levures du genre Malassezia
C’est un champignon opportuniste et abondant de la microflore fongique trouvée sur
la peau humaine. A ce jour 18 espèces de Malassezia ont été identifiées. La peau humaine
abrite 10 espèces tandis que les autres sont normalement isolées de la peau animale. M.
globosa est l'espèce fongique prédominante sur notre peau. Malassezia est bien adapté à
l'environnement cutané, où les glucides sont limités mais les lipides sont abondants, une

54
condition qui favorise les caractéristiques lipophiles du champignon. Ce champignon est
retrouvé de manière bien plus importante chez les adultes que chez les enfants, en corrélation
avec la production de sébum de la peau. Malassezia possède plusieurs gènes codant des
lipases ; elles jouent un rôle important non seulement dans la survie mais aussi dans la
pathogenèse du champignon chez les hôtes. La forte présence de Malassezia est commune à
de nombreuses maladies de la peau, telles que la dermatite ou pellicules séborrhéiques, la
dermatite atopique (DA) et le pityriasis versicolor. Les lipases produites par le champignon
décomposent le sébum en acides gras libres. Les acides gras saturés sont majoritairement
consommés par Malassezia alors que les acides gras insaturés, notamment l'acide oléique,
restent sur la couche cornée et sont susceptibles de provoquer une perturbation de la fonction
barrière cutanée. Semblables à d'autres micro-organismes pathogènes, les lipases sécrétées
par Malassezia peuvent également moduler ou interférer avec les réponses des cellules
immunitaires de l'hôte (134).
Acariens : Demodex folliculorum et brevis
Les acariens Demodex sont des arachnides microscopiques présents dans la peau
normale de nombreux mammifères. Chez les humains, la densité d'acariens Demodex est plus
élevée chez les patients atteints de rosacée et le traitement avec des agents acaricides est
efficace pour résoudre les symptômes. Les acariens Demodex humains sont principalement
les espèces folliculorum et brevis (Figure 17). Ce sont des arthropodes ressemblant à des vers
d’une longueur de 0,1 mm à 0,4 mm selon les espèces et dont le cycle dure environ 14 à 18
jours chez l'homme (135).

Figure 17 : Demodex folliculorum / brevis.

4.2 Localisation du microbiote cutané


Les bactéries sont présentes à la surface de la peau et des phanères, dans les couches
profondes de l'épiderme, et même dans le derme et le tissu adipeux dermique (132,136). La
prédominance de certains phylotypes sur des zones cutanées spécifiques dépend de plusieurs
facteurs : niveau d'humidité, teneur en sébum, température, pH et exposition aux UV. Les
sites sébacés sont principalement colonisés par Cutibacterium, et leurs microbiotes sont

55
généralement moins diversifiés, moins uniformément répartis et moins riches que ceux des
zones humides abritant principalement des espèces de Corynebacterium et Staphylococcus.
Les sites secs contiennent des espèces de Micrococcus, Enhydrobacter et Streptococcus. Les
sites partiellement occlus, tels que le conduit auditif externe, les narines et le sillon inguinal,
sont plus stables dans le temps en termes d'appartenance et de structure communautaire
(Figure 18). En comparaison à d'autres habitats (oral, intestinal ou vaginal), le microbiote
cutané présente la plus grande variabilité interindividuelle et montre la plus grande variabilité
dans le temps (132).

Figure 18 : Répartition du
microbiote cutané en
fonction de la localisation
et de l’environnement
sébacé, humide, sec
(137).

4.3 Acquisition
Le microbiote cutané est constitué de la même manière que le microbiote intestinal,
en grande partie au moment de la naissance par voie basse, ou avec le contact de la peau
maternelle lors d’une césarienne (138).

4.4 Variabilité et modifications

L’âge, l’origine ethnique, le sexe et la composition séborrhéique de la peau sont


susceptibles de modifier le microbiote cutané (133). A l’âge adulte, la composition
bactérienne de la peau reste relativement stable sur une période de 2 ans. Des variations
temporelles du microbiome cutané ont été observées et semblent dépendre du site, la fosse
poplitée, l'avant-bras palmaire et les fesses présentant les variations les plus importantes.

56
Les facteurs environnementaux et les changements intrinsèques ont un impact sur la
structure et la fonction du microbiote cutané, préservant ou altérant la santé de la peau.
L'urbanisation a des effets à grande échelle sur les expositions chimiques et microbiennes, et
donc sur le microbiote cutané humain. De nombreux facteurs sont impliqués dans ces
changements, tels que le mode de vie, l'architecture de la maison, le nombre d'habitants par
maison, la pollution de l'air, les détergents et l'utilisation de cosmétiques. Les changements
dans la composition du microbiome cutané entre les populations rurales et urbaines
pourraient également provenir de différences dans les sources microbiennes : sol, eau,
occupations intérieures ou extérieures de l’espace de vie, proximité des animaux. D'autres
facteurs exogènes ou environnementaux tels que les vêtements, l'humidité, la température
du climat environnant et l'exposition aux rayons UV peuvent également entraîner des
variations entre les individus (3).
Cette variabilité interindividuelle soulève encore de nombreuses questions sur son
acquisition (environnemental, rôle de la génétique) et sur son rôle dans le développement des
maladies cutanées (139). Les populations urbaines sont les plus concernées car la prévalence
et le risque de dermatite atopique ont été signalés comme étant plus élevés que dans les
populations rurales (133).

4.5 Rôle du microbiote cutané

Protection de l’hôte
Les bactéries commensales entrent en compétition pour les nutriments et pour
l’espace disponible sur la peau de leur hôte afin de réduire l’opportunité de proliférer des
bactéries pathogènes (Figure 19). Ces organismes commensaux peuvent également produire
des bactériocines, composés qui peuvent tuer d’autres espèces bactériennes (Figure 19). Une
étude a montré que des doigts désinfectés pouvaient être facilement contaminés par des
streptocoques du groupe A ou par Staphylococcus epidermidis. Cependant, si les doigts sont
d’abord contaminés par le staphylocoque commensal, une contamination ultérieure par des
streptocoques pathogènes est fortement réduite. Il a été observé que des souris axéniques
présentaient une pouvoir infectant élevé. Le taux de colonisation par des pathogènes est aussi
augmenté pour les patients traités avec des antibiotiques (140).

57
Figure 19 : Interactions bactéries et épiderme.
Les bactéries commensales protègent l’hôte contre une colonisation par des bactéries pathogènes en
rentrant en compétition pour les nutriments et en sécrétant des bactériocines. Elles induisent
également l’expression de l’IL-17 par les lymphocytes T et de PAM par les kératinocytes, conduisant à
la mise en place d’une immunité protectrice contre le risque d’infection (140).

Éducation du système immunitaire


Outre son rôle antibactérien direct, le microbiote est central dans l’éducation du
système immunitaire. Il joue également un rôle dans la formation des réponses immunes dans
la peau pour le contrôle des infections cutanées (141). En effet, Staphylococcus epidermidis,
l’une des bactéries commensales prépondérantes de la peau, est requise pour l’induction de
l’expression d’IL-17, une cytokine essentielle dans les réponses immunitaires protégeant
contre les bactéries pathogènes invasives et les infections à Candida spp (142). Les produits
des bactéries commensales modulent directement la réponse du système immunitaire en
libérant des PAM qui agissent en tandem avec ceux de l'hôte pour tuer sélectivement les
agents pathogènes. Des souches bénignes de staphylocoques ciblent et inhibent directement
la croissance de S aureus par ce mécanisme. En conséquence, les déséquilibres des
populations de bactéries commensales peuvent avoir un impact négatif sur la réponse du
système immunitaire et conduire à des affections cutanées inflammatoires (3).

58
4.6 Dysbiose

Des anomalies de la composition bactérienne du microbiote (augmentation ou déficit


de certains microorganismes) peuvent conduire au développement de pathologies à
composante inflammatoire comme la DA, le psoriasis et l’acné (140) (Figure 20). Le microbiote
cutané intervient aussi dans le mélanome et la cicatrisation des plaies. Les principales
affections cutanées médiées par le microbiote cutané sont répertoriées dans le Tableau III.

Figure 20 : Dysbiose et maladie de la peau (140).


L’augmentation ou la réduction de la diversité bactérienne, appelée dysbiose, favorise l’émergence de
bactéries pathogènes et/ou un dérèglement des réponses immunes qui peuvent être à l’origine du
développement de certaines maladies cutanées comme l’acné, la dermatite atopique, l’hidradénite
suppurée ou peut-être même le psoriasis (140).

59
Maladie Microbiote cutané associé Remarques supplémentaires
1. Acné vulgaire Souches particulières de C. Des bactéries probiotiques
acnes administrées pourraient jouer
un rôle protecteur.
2. Dermatite atopique Diminution de la diversité Le virus de l'herpès simplex et le
bactérienne virus coxsackie peuvent infecter
Augmentation de la peau atopique.
l'abondance de S. aureus
3. Psoriasis Plus grande abondance de Les traitements anti-psoriasis
Staphylococcus et entraînent des modifications
Streptococcus microbiennes de la peau.
4. Hidradénite suppurée Saccharomyces cerevisiae Espèces anaérobies dans les
(levure), Prevotella et lésions.
Porphyromonas
(bactéries)
5. Rosacée Demodex folliculorum La gravité de la rosacée est
(mites) reliée à une diminution de C.
acnes et une augmentation de
Snodgrassella alvi. Présence de
Geobacillus et Gordonia.
6. Pellicules et dermatite Malassezia spp. (levure) Déséquilibre bactérien potentiel
séborrhéique
7. Pelade Données limitées. Rôle potentiel du
Déséquilibre possible C. cytomégalovirus et/ou des
acnes /S. épidermidis champignons Alternaria.
8. Cancer de la peau Polyomavirus à cellules de L'augmentation de certaines
Merkel (MCPyV), souches de S. aureus associée à
Fusobacterium, et une diminution des
Trueperella, S. aureus. commensaux cutanés peut être
associée au carcinome
épidermoïde ou basocellulaire.
L’augmentation de MCPyV peut
être associée au carcinome à
cellules de Merkel.
9. Cicatrisation des plaies S. aureus et bactéries Les lactobacilles et les produits
formant un biofilm fermentés peuvent être
bénéfiques.
Tableau III : Microbiote cutané associé à neuf affections cutanées courantes (121).

60
Synthèse

La peau est un organe en permanence en contact avec l’extérieur. C’est un système


complexe de protection, de synthèse de métabolites et d’échanges. Elle présente une
structure et un système immunitaire particuliers. Comme l’intestin, elle forme une barrière
avec les éléments externes et parfois pathogènes. Cette barrière est notamment permise par
la présence du microbiote cutané. Lors de dysbiose, ce microbiote peut être perturbé et
participe alors à la physiopathologie de nombreuses maladies dermatologiques.

61
PARTIE 3 : AXE INTESTIN-PEAU ET
PATHOLOGIES DERMATOLOGIQUES
COURANTES
Axe intestin-peau

1.1 Incidence du microbiote intestinal dans les


pathologies dermatologiques

En 2021, 10 à 25% des patients atteints de maladies gastro-intestinales, telles que la


colite ulcéreuse, la maladie de Crohn et la maladie cœliaque, présentaient des signes cutanés
associés, en particulier le psoriasis et les ulcères cutanés. Certaines des manifestations
dermatologiques associées aux maladies inflammatoires de l'intestin (MII) peuvent être en
corrélation avec l’importance de l'inflammation du tractus digestif (3). Le lien entre le régime
alimentaire, la maladie cœliaque et l'exacerbation de la dermatite herpétiforme est visible
avec des poussées correspondant à une dysbiose intestinale. Un membre fongique
commensal : Malassezia restricta est associé à la maladie de Crohn et corrélé à une gravité
accrue de la maladie et à l'exacerbation de la colite (3). Concernant psoriasis et MII, ces deux
pathologies comprennent un dysfonctionnement de la barrière épithéliale et un taux de
renouvellement cellulaire épithélial accru. L’augmentation de la perméabilité de l’épiderme
et de la barrière intestinale est due à l'interaction accrue des allergènes et des agents
pathogènes avec les récepteurs inflammatoires des cellules immunitaires. Les deux maladies
entraînent une réponse immunitaire analogue et impliquent des cellules phagocytaires,
dendritiques et Natural Killers (NK) ainsi qu'une gamme de cytokines et d'AMP qui induisent
une réponse des lymphocytes T (143). Ces deux maladies sont caractérisées par une dysbiose
dans la composition des microbiotes respectifs (121,143). Enfin, les patients atteints de DA
présentant une perte d’eau transépidermique, constatent une amélioration significative suite
à la prise de probiotiques. La prise de probiotiques améliore la fonction de barrière cutanée,
une diminution de la sensibilité cutanée, et une hydratation normale de la peau (144).
Le Tableau IV met en lumière l’intervention du microbiote intestinal dans différentes
pathologies dermatologiques.

62
Maladie Microbiote intestinal associé Remarque additionnelle
1. Acné vulgaire Diminution des Firmicutes et Composition distincte du
augmentation des Bacteroides. microbiome intestinal et
diminution de la diversité.
2. Dermatite atopique Niveaux plus élevés de La consommation de
Clostridium et Escherichia (chez probiotiques peut prévenir
les nourrissons). la DA.
Enrichissement d'une sous-
espèce de la principale espèce
intestinale Faecalibacterium
prausnitzii
Niveaux inférieurs
d'Akkermansia, Bacteroidetes et
de Bifidobacterium.
3. Psoriasis Changements dans la β- diversité. Risque accru de troubles
Le microbiome intestinal change immunitaires intestinaux.
en réaction aux produits L'alimentation et le
biologiques. microbiote intestinal
peuvent avoir un impact
sur l'inflammation.
4. Hidradénite suppurée Inconnue Risque accru de
développer une maladie
de Crohn et une colite
ulcéreuse.

5. Rosacée Peut être associé au SIBO. Peut être associé à une


Acidaminococcus et Megasphaera infection à H. pylori.
augmentent et Peptococcaceae et
Methanobrevibacter diminuent.
6. Pellicules et dermatite Pas clair La consommation de
séborrhéique probiotiques peut soulager
les pellicules modérées à
sévères.
7. Pelade Pas de différences majeures La greffe de microbiote
fécal chez 2 patients a
montré une restauration de
la croissance des cheveux.
8. Cancer de la peau Non rapporté D'autres cancers sont
associés à une dysbiose
microbienne.
Tableau IV : Microbiote intestinal associé à huit affections cutanées courantes (121).
Abréviations : dermatite atopique (DA), prolifération bactérienne de l'intestin grêle (SIBO) (121).

63
1.2 Acteurs de l’axe intestin-peau

Système immunitaire
Les mécanismes par lesquels le microbiote intestinal exerce son influence sur
l'homéostasie cutanée sont liés à l'effet modulateur des commensaux intestinaux sur
l'immunité systémique (145). Certains microbes et métabolites intestinaux tels que l'acide
rétinoïque, le polysaccharide A de Bacteroides fragilis, Faecalibacterium prausnitzii et les
bactéries appartenant aux groupes Clostridium IV et XI favorisent l'accumulation de cellules T
régulatrices (Treg), lymphocytes qui facilitent les réponses anti-inflammatoires. Les bactéries
filamenteuses segmentées, favorisent l'accumulation de cellules pro-inflammatoires Th17 et
Th1 (144). Les Th17 sont abondantes à la fois dans la peau et l'intestin, car les deux organes
entrent en contact avec l'environnement externe. Ces cellules et leurs cytokines pro-
inflammatoires contribuent directement à la pathogenèse de plusieurs dermatoses
inflammatoires chroniques, notamment le psoriasis, la maladie de Behcet et l'hypersensibilité
de contact. L'équilibre entre les cellules effectrices Th17 et leurs homologues Treg est
fortement influencé par le microbiome intestinal. Les Th17 peuvent être éliminées dans la
lumière intestinale, ou elles peuvent acquérir un phénotype régulateur avec des
caractéristiques immunosuppressives (rTh17) qui limitent la pathogénicité (144).

1.2.1.1 Rôle des AGCC

Les AGCC, en particulier le butyrate, suppriment les réponses immunitaires en inhibant


la prolifération, la migration, l'adhésion et la production de cytokines des cellules
inflammatoires. De plus, par leur inhibition de l'histone désacétylase et l'inactivation des voies
de signalisation NF-κB, les AGCC régulent à la fois l'activation et l'apoptose des cellules
immunitaires. L'inhibition de l'histone désacétylase favorise la prolifération des cellules
régulatrices impliquées dans diverses fonctions physiologiques cutanées, notamment la
régulation de la différenciation des cellules souches du follicule pileux et la cicatrisation des
plaies. Acétate et butyrate jouent un rôle central dans la détermination de la prédominance
de certains profils microbiomiques cutanés qui influencent par la suite les mécanismes de
défense immunitaire cutanés. Cutibacterium, par exemple, est un genre capable de produire
des AGCC, principalement de l'acétate et de l'acide propionique. L'acide propionique peut

64
avoir un effet antimicrobien profond contre Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline
(144).

1.2.1.2 Théorie hygiéniste de l’allergie

La théorie hygiéniste de l’allergie est liée au développement de maladies à médiation


Th2 telles que l'asthme et la dermatite atopique. Elle suppose qu'une exposition réduite aux
microbes par les pratiques de santé modernes peut entraîner une augmentation des maladies
inflammatoires et auto-immunes dans la société urbanisée (146). Un mode de vie trop
hygiénique empêche la stimulation microbienne du système immunitaire et peut provoquer
une réponse asymétrique Th2 atopique. Les personnes vivant dans des environnements non
urbanisés (peuples autochtones et environnements agricoles) sont généralement peu
concernées par des maladies inflammatoires (132).

1.2.1.3 Atopie et allergie alimentaire

Le dysfonctionnement de la barrière épithéliale entraîne une sensibilisation précoce


dans la vie par exposition à certains allergènes et activation pathologique du système
immunitaire. Les défauts de la filaggrine, une protéine de la barrière épidermique, sont
associés à la fois à la dermatite atopique et à la sensibilisation allergique. Dans le cas des
réponses médiées par les IgE (immunoglobulines E) spécifiques aux aliments, des réactions
allergiques peuvent être détectées au cours des premiers mois de la vie, ce qui suggère que
la sensibilisation se produit avant l'ingestion d'aliments, via une exposition à travers une peau
enflammée, par opposition au tractus gastro-intestinal. De plus, les patients atteints de
dermatite atopique dont la barrière cutanée est perturbée peuvent présenter une
sensibilisation épicutanée entraînant des allergies alimentaires. La dermatite atopique
sensibilise à l'allergie à l'arachide en raison de l'exposition épicutanée aux protéines
d'arachide dans la poussière domestique, entraînant finalement une expansion des
mastocytes médiée par les IgE dans l'intestin (147,148). Ce mécanisme est possible par
intervention du duodénum et de l'œsophage qui agissent comme des réservoirs pour les
cellules de la lignée IgE+ B (149). Ce principe a entraîné l’émergence de l'immunothérapie
épicutanée, une méthode utilisée pour induire la tolérance, suggérée comme traitement utile
des allergies alimentaires (3).

65
Une forte association entre dermatite atopique et allergie alimentaire démontre
l'importance de l'alimentation sous-jacente à l'axe intestin-peau (121).
Impact du régime alimentaire
On sait aujourd’hui qu’un régime alimentaire occidental a été associé au
développement de nombreuses maladies inflammatoires à médiation immunitaire (IMID),
telles que la polyarthrite rhumatoïde, le psoriasis et la dermatite atopique (121). Le rôle du
régime occidental, ou régime riche en graisses (High Fat Diet : HFD), repose sur la dysbiose
intestinale qui en résulte, entraînant une augmentation du rapport Firmicutes/Bacteroidetes.
Les changements alimentaires ont un effet profond sur le microbiote intestinal car les fibres
alimentaires et la perte de poids peuvent réduire les niveaux de bactéries inflammatoires (3).
La perméabilité intestinale, ou bien la présence d’A. muciniphila font partie des paramètres
augmentant cet impact. Un des mécanismes découvert chez la souris démontre qu’un régime
HFD entraîne une diminution de la libération d'AMP dans l'intestin grêle, qui est suivie de
modifications de la composition du microbiote intestinal et d’altérations ultérieures des taux
sérologiques de cytokines inflammatoires (121,150).
Le gluten peut avoir un impact sur la santé de la peau. La maladie cœliaque et la
sensibilité au gluten ont été associées à plusieurs affections cutanées, notamment la
dermatite herpétiforme (151). Un passage à un régime sans gluten pendant plusieurs mois à
plusieurs années permet de stopper les éruptions cutanées. Cependant ces éruptions
réapparaissent généralement lorsque les patients reprennent la consommation de gluten
(152). D'autres maladies allergiques et auto-immunes, dont le psoriasis, ont été associées à
l'intolérance au gluten (151).
Perméabilité intestinale
Le régime occidental et la présence d’émulsifiants ont été associés à une perméabilité
intestinale augmentée (153). C’est aussi le cas de certains composants tels que les
glycoalcaloïdes, l'alpha tomatine et la capsaïcine, caractéristiques des légumineuses de la
famille des solanacées (154).
Le microbiote intestinal peut avoir un impact plus direct sur la physiologie cutanée, la
pathologie et la réponse immunitaire, par la propagation du microbiote intestinal et de ses
métabolites sur la peau (145). En cas de barrière intestinale perturbée, les bactéries ainsi que
les métabolites du microbiote intestinal accèdent à la circulation sanguine, s'accumulent dans

66
la peau et perturbent l'homéostasie cutanée principalement en réduisant la synthèse de
kératine et la différentiation épidermique (3). Une étude a permis d’isoler de l'ADN de
bactéries intestinales à partir du plasma de patients psoriasiques, ce qui n’est pas le cas chez
les sujets sains (145,155).
Dysbiose
La dysbiose intestinale a un impact négatif sur la fonction cutanée. Le phénol libre et
le p-crésol, produits métaboliques des acides aminés aromatiques, sont considérés comme
des biomarqueurs d'un milieu intestinal perturbé car leur production est induite par certaines
bactéries pathogènes, notamment Clostridium difficile. Ces métabolites peuvent accéder à la
circulation, s'accumuler préférentiellement dans la peau et altérer la différenciation
épidermique et l'intégrité de la barrière cutanée (145). En effet, des taux sériques élevés de
p-crésol sont associés à une hydratation cutanée réduite et à une kératinisation altérée (156).
La dysbiose intestinale entraîne une augmentation de la perméabilité épithéliale qui
déclenche alors l'activation des cellules T effectrices, perturbant leur équilibre avec les cellules
T régulatrices immunosuppressives. Les cytokines pro-inflammatoires augmentent encore la
perméabilité épithéliale et créent un cercle vicieux d'inflammation systémique chronique
(145).
UV
La modulation du microbiome intestinal peut influencer les voies de signalisation
immunitaire impliquées dans la neutralisation des dommages causés par les UV. L'acide
lipotéichoïque (LTA), un composant de la paroi cellulaire des espèces de Lactobacillus, est
connu pour ses propriétés anti-inflammatoires. Plusieurs études concernant les bénéfices
d’une supplémentation orale en Lactobacillus ont été conduites et sont résumées dans le
Tableau V. L'exposition cutanée aux ultraviolets B (UVB) et donc indirectement aux taux
sériques de vitamine D augmente la diversité α et β du microbiome intestinal. Des bactéries
de plusieurs familles ont été enrichies et les taux sériques de vitamine D ont été corrélés avec
l'abondance relative des genres Lachnospira et Fusicatenibacter (121).

67
Souche de Type d’étude Résultats obtenus
Lactobacillus utilisée
L. plantarum HY7714 Supplémentation Amélioration de l'élasticité cutanée et une
orale de 110 sujets augmentation de l'hydratation de la peau.
coréens d'âge
moyen pendant 12
semaines.
L. johnsonii La1 Supplémentation Protège l'homéostasie immunitaire. Cet effet a été
orale, étude médié par la normalisation de l'expression
contrôlée par épidermique d’une glycoprotéine
placebo chez 54 transmembranaire structurellement similaire au
volontaires sains complexe majeur d'histocompatibilité qui
après une présente les glycolipides innés et microbiens aux
exposition au UV. cellules T.
L. casei DN-114 001 Supplémentation Altère la différenciation des lymphocytes T CD8+
orale chez des en cellules effectrices d'hypersensibilité cutanée
volontaires sains. et diminue leur recrutement sur la peau lorsqu'ils
sont exposés au 2-4-dinitrofluorobenzène.
Augmente le recrutement de cellules T
régulatrices FoxP3 + sur la peau, entraînant une
diminution de l'inflammation cutanée médiée par
l'apoptose, restaurant l'homéostasie par des
mécanismes immunomodulateurs.
Tableau V : Bénéfices d'une supplémentation orale en différents Lactobacillus chez des patients
exposés aux UV (144).

1.3 Intervention du système nerveux et endocrinien


L'axe intestin-peau peut être considéré comme faisant partie intégrante de l'axe
intestin-cerveau-peau. Le Tableau VI répertorie les neurotransmetteurs produits par le
microbiote intestinal qui pourraient traverser la barrière intestinale, pénétrer dans la
circulation sanguine et provoquer des effets systémiques.
Les études citées dans le Tableau VI confirment que l'intestin et la peau interagissent
via l'alimentation, les métabolites microbiens, les voies neuroendocrines et le système
nerveux central. Neufs troubles cutanés courants, leur physiopathologie respective, ainsi que

68
l'ensemble des connaissances concernant : les altérations du microbiome cutané, le
microbiome intestinal déséquilibré et/ou la relation avec un régime alimentaire spécifique
sont répertoriés dans ce tableau (121).
Molécule Effet documenté / possible Effet documenté / possible sur
dans l'intestin la peau
Acide gras à chaîne courte Effets anti-inflammatoires Effets anti-inflammatoires
Vitamine D Supprime l'inflammation Non rapporté
dans les MII
Acide urocanique Supprime l'inflammation Non rapporté
dans les MII
GABA Modulation des NT Limitation des démangeaisons
Dopamine Modulation des NT Inhibition de la croissance des
cheveux
Sérotonine Modulation des NT Modulation de la mélatonine
Acétylcholine Modulation des NT Fonction barrière
Phénol et p-cresol Modulation des NT Fonction barrière épidermique
altérée
Composants
alimentaires
Catéchines Effets anti-inflammatoires Effets anti-inflammatoires
Polyphénols Effets anti-inflammatoires Effets anti-inflammatoires
Lycopène Utilisé sélectivement par le Protection contre les
microbiote hôte photodommages
Prolamine Non rapporté Protection contre la DA
Phytomolécules Non rapporté Anti-âge
Gluten La maladie cœliaque Éruptions cutanées
Tableau VI : Molécules à effet modulateur potentiel sur la peau et l'intestin directement ou
indirectement (121).
Abréviations : MII : Maladies Inflammatoires de l’Intestin, NT : NeuroTransmetteurs.

La relation neuroendocrinienne entre le microbiote intestinal et cutané est déterminée


par la capacité des micro-organismes intestinaux à stimuler les voies neuronales par la
production de neurotransmetteurs, tels que la noradrénaline, la sérotonine et l'acétylcholine.
Cela déclenche la libération d'hormones par les cellules entéroendocrines, entraînant des
effets systémiques généralisés et une inflammation qui affecte la peau. Par exemple, une
augmentation de la sérotonine peut déclencher une réaction de démangeaison, ce qui est
important dans la physiopathologie de la dermatite atopique. En revanche, la diminution des

69
niveaux d'acétylcholine dans les lésions de la dermatite atopique suggère que ce
neurotransmetteur peut aider à prévenir l'inflammation. Concernant l’acné, les patients
présentant des niveaux élevés d'acétylcholine et de noradrénaline ont une production accrue
de sébum et de comédons. L’acné semble aussi être la conséquence de la stimulation du
facteur de croissance analogue à l’insuline 1, stimulé par un régime glycémique élevé,
entraînant une augmentation de sébum riche en lipides (3).

Dermatite atopique

2.1 Prévalence et physiopathologie


La dermatite atopique est la maladie cutanée inflammatoire la plus fréquente dans le
monde, elle affecte 7 % des adultes et 15 % des enfants. Il s'agit d'une affection cutanée
inflammatoire caractérisée par un dysfonctionnement de la barrière, une inflammation
chronique et une dysbiose microbienne cutanée. Elle est caractérisée par un prurit intense et
une xérose (sécheresse cutanée intense). Elle évolue par poussées récidivantes se manifestant
par des plaques rouges avec des vésicules, des suintements et des croûtes. La DA est
influencée par la génétique de l'hôte et l'environnement. L'inflammation est induite par une
voie des cytokines Th2, les cytokines IL-4 et IL-13. Celles-ci jouent un rôle central dans
l'inflammation de type 2, non seulement pour la dermatite atopique mais aussi pour plusieurs
autres maladies allergiques. Les cytokines IL-4 et IL-13 sont impliquées dans la rupture de la
barrière cutanée, la diminution du métabolisme des lipides cutanés et l'inhibition de la
synthèse des peptides antimicrobiens. La principale cause héréditaire est la mutation du gène
codant la filaggrine, une protéine cruciale régulant l'homéostasie épidermique. Jusqu'à 30 %
des Caucasiens présentent cette mutation (157). La filaggrine joue un rôle essentiel dans le
maintien de l'homéostasie épidermique en permettant la rétention d'eau et la fonction de
barrière (Annexe I). Par conséquent, une mutation dans le gène codant cette protéine
entraîne une augmentation de la perte d’eau transépidermique ainsi qu'une sensibilité accrue
à l'invasion par des antigènes environnementaux (144). L’ensemble de ces conditions
favorisent la croissance et la pathogenèse de Staphylococcus aureus (121).
Les maladies allergiques, notamment l'asthme, le rhume des foins et l'eczéma, ont
augmenté en prévalence au cours des dernières décennies. La théorie hygiéniste était
largement utilisée pour expliquer ce phénomène basé sur une stimulation de la voie Th2

70
uniquement. Cependant, la théorie alimentation-microbiome semble plus adaptée. Elle
implique que la prévalence accrue des maladies allergiques découle d'un état d'homéostasie
immunitaire moins robuste plutôt que d'une réponse excessive à des signaux
environnementaux inoffensifs (158).
La compréhension de cette maladie s'est beaucoup améliorée ces dernières années et
a permis le développement de nombreux traitements. Le besoin de contrôle de cette maladie
reste toutefois très important (121).

2.2 Score d’évaluation de la dermatite atopique


Le SCORAD est le score le plus utilisé et a été développé en 1993. L’index SCORAD est
calculé selon trois critères (Annexe II):
- L’étendue de l’affection cutanée en utilisant la règle de neuf. La règle de neuf permet
de donner le pourcentage qu’occupe la zone infectée par rapport au reste du corps. Il
est noté sur 100. Le résultat obtenu compte pour 60% du score final.
- L’évaluation de six caractéristiques cliniques : la présence d’un érythème,
d’œdème/papule, de suintements ou de croûtes, d’excoriation et de lichénifications,
de sécheresse cutanée. Chaque item est noté de 0 à 3, le total donne une note sur 18.
Le résultat obtenu compte pour 20% du score final.
- Les symptômes subjectifs de prurit, le manque de sommeil ainsi que la condition
générale de la peau sont évalués grâce à une échelle analogique visuelle de 1 à 10. Le
total des trois donne une note sur 30. Le résultat obtenu compte pour 20% du score
final.
Ces trois aspects peuvent être combinés, tout comme ils peuvent être utilisés séparément. Le
score de gravité va de 0 à 103, dont le résultat peut être représenté dans l’Annexe II (159,160).

2.3 Traitements actuels


La dermatite atopique légère peut être traitée avec des hydratants pour la peau, des
corticostéroïdes topiques, des antihistaminiques, des immunosuppresseurs et la
photothérapie. Les patients atteints présentent pour 20 à 30% d’entre eux une dermatite
atopique modérée à sévère. Pour ces patients, de nombreux produits biologiques sont en
développement ou ont été développés ciblant l'axe Th2, tels que les inhibiteurs de l'IL-4, de
l'IL-13, de l'IL-31, de l'OX40, de l'IL23p19, de l'IL-5RA et de la Janus Kinase (JAK). Jusqu'à

71
présent, seul le Dupilumab (DUPIXENT®) s'est avéré efficace pour améliorer la dermatite
atopique modérée à sévère et a été approuvé par la suite (121,161).

2.4 Microbiote cutané dans la dermatite atopique

Abondance de S. aureus
La dysbiose cutanée dans la dermatite atopique est caractérisée par une diminution
de la diversité bactérienne qui permet la colonisation de la peau par Staphylococcus aureus
(162). S. aureus apparaît comme un facteur pathogène pendant les poussées inflammatoires
de la dermatite atopique. Selon une méta-analyse, le portage de S. aureus sur une zone
cutanée saine ou une zone atopique diffère chez un même individu : seulement 39% sont
retrouvés sur les zones saines, contre 70% sur les zones atopiques (163).
S aureus isolé peut s’agglutiner et coloniser la surface épidermique en formant des
biofilms. Leur abondance entraine la formation de toxines dirigées contre les polynucléaires
neutrophiles et contre l’activité phagocytaire des macrophages. Les biofilms exercent
également une action sur les kératinocytes : ils favorisent leur différenciation et leur
apoptose, en libérant en parallèle la lymphopoïétine stromale thymique (Thymic Stromal
Lymphopoietin, TSLP), cytokine impliquée dans l’initiation de l’allergique cutanée (159,163).
Appauvrissement de la flore cutanée
Alors que Staphylococcus aureus semble être la principale espèce qui se multiplie à la
surface des lésions, d’autres espèces bactériennes s’appauvrissent. Celles-ci sont
représentées dans le Tableau VII. La peau lésée est associée particulièrement à une
diminution des genres Cutibacterium, Prevotella, Acinetobacter, Streptococcus, Granulicatella
(159,163).

Tableau VII :
Représentation des
phyla et bactéries en
fonction de la
localisation (peau saine
ou peau lésée) chez une
personne atteinte de
dermatite atopique
(159).

72
2.5 Microbiote intestinal dans la dermatite atopique

Immunité Th1-Th2 et surstimulation de l’immunité Th2


Le statut immunitaire fœtal est à prédominance Th2 : ceci est nécessaire au non-rejet
du fœtus lors de la grossesse. A la naissance, le nouveau-né atopique conserve la polarisation
Th2 contrairement aux nourrissons non atopiques chez qui le changement de Th2 vers Th1
s’est produit (164). Les bactéries commensales du microbiote, premiers antigènes rencontrés
par l’enfant à la naissance avec ceux de l’alimentation, ont un rôle déterminant dans la
modulation de l’équilibre Th1/Th2. De ce fait, une exposition microbienne réduite associée à
une hygiène excessive dès le plus jeune âge mène à une polarisation immunitaire en faveur
de l’immunité Th2 (165). L’orientation de la réponse Th1 ou Th2 dépend de l’environnement
cytokinique : la cytokine signature des cellules Th1, est l’IFN-g qui est le principal activateur
des macrophages. On retrouve aussi IL-2 et TNF. Les cytokines signatures des cellules Th2 sont
principalement les IL-4, IL-5 et IL-13 (165). La TSLP est une cytokine que l’on retrouve en
grande quantité chez les patients atteints de dermatite atopique. Elle est à l’origine de
l’initiation de phénomènes allergiques dont l’atopie cutanée, en activant les réponses Th2. Il
a été mis en évidence que la TSLP produite au niveau digestif permet à la fois de maintenir
l’homéostasie immunitaire, et à la fois d’induire des réactions inflammatoires. Cette
contradiction est expliquée par le microbiote et l’existence de deux isoformes : le TSLP court
et le TSLP long (166). En présence d’un épithélium cohabitant avec un environnement riche
en bactéries commensales, les cellules épithéliales répondent en synthétisant les TSLP courts
et les cellules dendritiques diminuent la production de cytokines pro-inflammatoires.
L’homéostasie est alors maintenue. En revanche, en présence de bactéries pathogènes et
d’allergènes, les cellules épithéliales synthétisent les TSLP longs, ce qui induit un phénomène
inflammatoire. Un environnement microbiotique sain renforce l’expression des TSLP courts et
diminue la présence de cytokines pro-inflammatoires. Tsilingiri K et al ont ainsi mis en
évidence l’augmentation de la forme TSLP long dans les biopsies cutanées chez les patients
atteints de dermatite atopique associée à une très forte diminution de l’isoforme TSLP court
(159,166).
Taux d’immunoglobulines E (IgE)
Sur un terrain atopique, le système immunitaire privilégie les réactions
d’hypersensibilités médiées par les IgE. Deux acteurs peuvent influencer le taux d’IgE : les

73
LTreg et la population bactérienne intestinale. Les cellules Treg, elles-mêmes induites par la
flore microbienne intestinale, sont capables de supprimer la production d’IgE (163). Il
semblerait que la présence de Lactobacillus casei et Clostridium IX influence les taux d’IgE. Par
ailleurs, il a été démontré que L. casei inhibe le déclenchement de l’inflammation in vivo. Le
taux d’IgE tend à diminuer lorsque L. casei est abondant. L’effet inverse est observé pour
Clostridium IX. Enfin, le taux d’IgE est augmenté par la colonisation de Staphylococcus aureus
(159).
Dysbiose : espèces bactériennes digestives impliquées
2.5.3.1 La diminution d’espèces microbiennes

La diminution d’un groupe particulier de bactéries, celles qui dégradent la mucine


(167), est significativement associée à un affaiblissement de la maturation du système
immunitaire chez les personnes atopiques. Parmi celles-ci, on retrouve les espèces
Akkermansia municiphila, Ruminococcus gnavus et la famille des Lachnospiraceae. Leur
diminution entraine un manque de nutriments pour d’autres bactéries, ce qui diminue
globalement la richesse du microbiote intestinal. On observe une déplétion des bactéries du
genre Bifidobacterium et un changement de composition intraspécifique chez F prausnitzii
(168).
Une peau saine reflète au niveau digestif une colonisation par les bactéries qui
dégradent la mucine, offrant un environnement nutritif suffisant pour permettre un
enrichissement du microbiote intestinal. À l’inverse, une diminution de cette population
bactérienne limite les ressources nutritives, le microbiote s’appauvrit et diverses voies de
signalisation sont diminuées. L’ensemble est favorable au développement de la dermatite
atopique (159).

2.5.3.2 L’augmentation d’espèces microbiennes

La KOALA birth cohort study (169) est une étude menée au Pays-Bas dans le but
d’étudier les facteurs pouvant influencer l’expression de l’atopie chez 957 enfants, en
s’appuyant entre autres sur la composition de la flore digestive. Cette étude démontre un
changement de composition du microbiote intestinal précédent les manifestations cliniques
de l’atopie.

74
Les premières données partagées concernant les espèces bactériennes sont :
- la colonisation par Clostridium difficile qui augmente le risque d’eczéma et de
sensations atopiques, comparé aux enfants non colonisés,
- l’augmentation de la présence d’Escherichia coli dans les selles qui révèle un risque
élevé de développer de l’eczéma. Par ailleurs, d’autres espèces sont également
présentes en abondance comme les Bacillus clausii et Veillonella parvula. La famille
des Enterobacteriaceae est incriminée dans les réponses inflammatoires, très
largement retrouvée dans les selles des enfants atteints d’atopie (159,168).

2.5.3.3 Intégrité de la barrière intestinale et AGCC

Les métabolites produits par le microbiote digestif impactent la physiologie et les


réponses immunitaires cutanées. Lors d’une hyperperméabilité intestinale, l’entrée dans la
circulation sanguine de molécules alimentaires, de toxines et surtout de fragments bactériens
accompagnés de leurs métabolites se fait plus facilement. S’accumulant au niveau du tissu
épidermique, ils entrainent une rupture de l’homéostasie cutanée. Cela se traduit par une
barrière cutanée altérée ou une déshydratation. Parallèlement, la production d’AGCC par les
bactéries pourrait aussi moduler la composition du microbiote cutané, puisque certaines
d’entre elles exercent une action antibactérienne (144).L’impact des AGCC se reflète par leur
maintien de l’intégrité de la barrière intestinale et leur rôle immunorégulateur (170).

2.5.3.4 Neurotransmetteurs (NT)

Les effets cutanés induits en fonction de la molécule produite sont détaillés dans le
Tableau VIII ci-dessous. Les espèces bactériennes sont capables de synthétiser la tryptamine,
triméthylamine, acétylcholine, GABA ou sérotonine qui provoqueront soit un effet néfaste
(démangeaisons), soit un effet protecteur sur la peau. Des études complémentaires doivent
être effectuées afin de déterminer l’origine précise de leur synthèse (étude de souches
bactériennes) et savoir s’il est possible d’influencer l’impact de ces molécules sur la peau en
modulant le microbiote (159).

75
Tableau VIII : Relation entre les neurotransmetteurs, les souches bactériennes et l’effet cutané observé
(145).

2.6 Régime alimentaire

Le régime alimentaire a été impliqué dans la dermatite atopique et les inflammations


induites par Th2. Une consommation réduite de fruits, de légumes et d'acides gras ω-3 et une
consommation accrue d'acides gras ω-6 ont été associées à la dermatite atopique. Des études
épidémiologiques ont démontré des associations de dermatite atopique (et d'asthme) avec la
margarine, le poisson, les acides gras polyinsaturés (AGPI) ω-6 et les AGPI ω-3 (121).

Acné

3.1 Prévalence
L’acné concerne environ 80% des personnes dans leur vie : le plus souvent à
l’adolescence, mais elle peut se poursuivre ou apparaître également à l’âge adulte. Plus de
trois adolescents sur quatre en souffrent (entre 75 et 95% selon les études). Après 25 ans ce
sont 12% des femmes et 3% des hommes selon la Haute Autorité de Santé (171). Concernant
l’acné de la femme adulte certaines études rapportent les chiffres suivants : 35% des 30-39
ans, 26% des 40-49 ans et 15% des cinquantenaires et plus sont touchées (172).

3.2 Physiopathologie
L'acné vulgaire est une maladie multifactorielle provoquée principalement par la
composition du microbiome cutané, l'état hormonal et immunologique de l'hôte, la
production de sébum, l'alimentation, le déficit en FoxO1 (facteur de transcription ubiquitaire
qui intervient notamment dans le contrôle du cycle cellulaire, la réponse au stress, la survie

76
cellulaire et le métabolisme), les troubles hormonaux et la dérégulation du facteur de
croissance analogue à l'insuline (121).
Caractérisation
L’acné peut prendre plusieurs formes :
- lésions non inflammatoires ou rétentionnelles qui sont des comédons ouverts et fermés
(points noirs ou blancs),
- lésions inflammatoires : papules et pustules,
- nodules et kystes qui sont les composants d’une acné nodulokystique sévère,
- divers degrés de cicatrisation.
La distribution de l'acné correspond à la plus forte densité d'unités pilo-sébacées (visage, cou,
haut de la poitrine, épaules et dos) (173).
Hyperséborrhée
L’acné est une résultante quasi constante de l’hyperséborrhée, augmentation de
sébum responsable d’une peau grasse (124,174). L’hyperséborrhée, sous contrôle
androgénique, dilate l’unité pilo-sébacée et occupe tout le follicule. Les comédons ouverts et
fermés sont des lésions rétentionnelles dues à l’hyperseborrhée (174). Ce qui forme une
papule ou une pustule, c’est la concomitance de ce phénomène à une hyperkératinisation
(Figure 21) (124,173).

Figure 21 : Follicule sébacé


normal (A), comédon (B), et
lésion d'acné inflammatoire
avec rupture de la paroi
folliculaire et inflammation
secondaire (C).

Desquamation anormale des kératinocytes


Cette desquamation entraîne une obstruction canalaire et une inflammation médiée
par Cutibacterium acnes (autrefois nommée Propionibacterium acnes) (144).

77
Cutibacterium acnes
Les lésions inflammatoires sont la conséquence de la prolifération de la bactérie
Cutibacterium acnes qui favorise l’hyperkératinisation de l’infundibulum folliculaire par
plusieurs moyens :
- en augmentant la sécrétion d’IL-1 et le système du facteur de croissance (IGF-1),
- par oxydation des acides gras et squalène du sébum,
- en agissant sur la différenciation et l’adhésion kératinocytaire.
Avec la prolifération de C. acnes, une lésion rétentionnelle (point noir, microkyste) peut alors
devenir une lésion inflammatoire (Figure 22) (124,173). Alors que C. acnes est l’espèce
bactérienne prédominante dans les zones grasses de la peau, les souches de C. acnes chez les
patients souffrant d’acné sont distinctes de celles retrouvées chez les individus sains (140).

Figure 22 : Couches de la peau et physiopathologie de l’acné


(175).

Papule
C’est un follicule pilo-sébacé enflammé, en relief, sensible au toucher et parfois
douloureux. Il survient suite à la formation d’un micro-comédon parfois invisible, d’un
microkyste ou d’un point noir. On observe la production de nombreuses molécules
inflammatoires autour des bactéries et la rupture de la paroi du follicule. Le contenu de la
glande sébacée se retrouve au contact du derme, cela amplifie la réaction inflammatoire avec
l’intervention des macrophages et LCD4+ environnants. Plus la réaction inflammatoire est
importante plus la papule est gonflée et rouge (Figure 21) (124,173). Une papule peut
régresser spontanément ou bien évoluer vers une pustule.
Pustule
C’est un bouton contenant du pus, retenu par une fine couche d’épiderme (124).
Nodule
Une lésion inflammatoire de taille supérieure à 5 mm est un nodule. Elle est en relief,
rouge, douloureuse à la palpation avec ou sans contenu liquide visible. Un nodule peut se

78
percer spontanément, il contient plus de pus qu’une pustule. La cicatrisation complète d’un
nodule peut prendre plusieurs mois. Ils sont caractéristiques d’une acné sévère (124).
Acné nodulo-kystique
Une lésion d’acné de ce type est la résultante d’un agglomérat de nodules, formant
une cavité profonde. Cette cavité contient du pus, du sébum et de la kératine. L’inflammation
peut se prolonger sur plusieurs semaines ou plusieurs mois.

3.3 Facteurs favorisants


Ces facteurs sont nombreux et peuvent être en grande partie regroupés sous la notion
d’exposome. L’exposome se traduit comme la mesure cumulative des influences
environnementales et des réponses biologiques associées tout au long de la vie, y compris les
expositions dues à l’environnement, à l’alimentation, au comportement et aux processus
endogènes (176). Ces influences sont regroupées dans le Tableau IX. Une part héréditaire,
avec l’identification de trois locus génétiques, a été reconnue comme étant une des causes
(177). L'acné est particulièrement répandue dans les pays occidentaux, phénomène lié à une
abondance de glucides dans le régime alimentaire occidental typique. Une charge glycémique
élevée favorise une augmentation de la signalisation de l'insuline et de IGF-1. Cela induit une
expression cytoplasmique accrue de FoxO1. FoxO1 déclenche finalement mTORC1, un
régulateur du métabolisme et de la prolifération cellulaire, pour médier l'hyperprolifération
des glandes sébacées, la lipogenèse et l'hyperplasie des kératinocytes, contribuant ainsi au
développement de l'acné (144). L’acné hormonale est induite par une forte sécrétion
androgénique qui induit une surstimulation des glandes sébacées, favorisant le
développement de l’acné (124). L’action du stress sur l’acné s’explique par l’action de
hormone de libération de la corticotropine (CRH) qui stimule chaque glande sébacée. Enfin, la
vitamine D régule la production de sébum, alors qu’une exposition aux rayons UV sans
protection solaire favorise l’hyperkératinisation (121).

79
Nutrition Lait écrémé, saccharides rapidement assimilables, grignotage,
compléments nutritionnels à base de protéines de lactosérum ou
leucine 1
Médicaments Contraception : type de progestatif utilisé
Utilisation de stéroïdes anabolisants, testostérone
Soins de la peau Utilisation de cosmétiques comédogènes, exfoliation mécanique
Polluants Polluants de l’air et industriels, consommation de tabac et de
cannabis
Facteurs climatiques Chaleur, expositions aux UV, humidité
Facteurs Stress, émotions, privation de sommeil Pressions socio-
psychosociaux et économiques, exposition excessive à la lumière (tablettes,
mode de vie moderne smartphones, ordinateurs)
Tableau IX : Facteurs exposomes à vérifier lors de la 1ère visite d'un patient chez un dermatologue
consultant pour de l'acné (176).

3.4 Traitements actuels


Les traitements sont choisis en fonction de la sévérité de l’atteinte cutanée (Tableau X et XI)
(171).

Tableau X : Degrés de sévérité de l'acné (171).

80
Tableau XI : Prise en charge de l'acné en fonction de la sévérité de celle-ci (171).

Les pilules contraceptives peuvent avoir un effet positif sur l’acné. Seront prescrite en
première intention des pilules de seconde génération à base de lévonorgestrel ou en seconde
intention du norgestimate. Les dérivés d’acétate de cyprotérone et d’éthinylestradiol type
Diane 35® sont des médicaments ayant une indication pour le traitement de l’acné modérée
à sévère dans un contexte d’hyperandrogénie et/ou d’hirsutisme chez les femmes en âge de
procréer. Ils ont également des propriétés contraceptives et ne sont envisagées que si l’acné
persiste malgré un traitement dermatologique bien conduit, en concertation avec la patiente
et un gynécologue, et en tenant compte des caractéristiques de la femme concernant
notamment le risque thromboembolique. Dans le cas d’une prise d’acétate de
cyprotérone/éthinylestradiol, il ne sera pas possible de prescrire de l’isotrétinoïne (171).

3.5 Incidence du microbiote

Dysbiose intestinale
Les patients atteints d’acné ont une composition du microbiote intestinal distincte. Ils
présentent une diversité réduite du microbiote intestinal avec une abondance moindre de
Firmicutes, Actinobactéries et Protéobactéries et des niveaux accrus de Bacteroides par
rapport aux individus en bonne santé. Généralement, les Clostridium, Lachnospiraceae et
Ruminococcaceae sont épuisés chez les patients à peau acnéique. Cette dysbiose microbienne
contribue à l’inflammation intestinale et systémique retrouvée chez ces patients acnéiques

81
(Figure 23). L’inflammation et la présence d’acné sont corrélées à la consommation d’une
grande quantité de graisses saturées, de protéines de lactosérum et une charge glycémique
élevée, caractéristique du régime occidental (3,121).
La voie mTOR
Le microbiote intestinal influence la physiopathologie de l'acné via une interaction
entre les bactéries commensales intestinales et la voie mTOR. Les métabolites produits par le
microbiote intestinal régulent la prolifération cellulaire, le métabolisme des lipides et d'autres
fonctions métaboliques médiées par la voie mTOR. La voie mTOR peut à son tour affecter la
composition du microbiote intestinal via la régulation de la barrière intestinale. En cas de
dysbiose intestinale et de perturbation de l'intégrité de la barrière intestinale, cette relation
bidirectionnelle peut entraîner un cycle de rétroaction positive de l'inflammation
métabolique. Compte tenu du rôle important de mTORC1 dans la pathogenèse de l'acné, cette
relation sert de mécanisme par lequel le microbiome intestinal peut influencer la
physiopathologie de l'acné (144).
Stimulation de SREBP-1
Le régime occidental perturbe une autre voie de signalisation avec une stimulation
incontrôlée de la protéine 1 de liaison des éléments régulateurs des stérols (SREBP-1). Ceci
induit une synthèse accrue d'acides gras et de triglycérides dans le sébum, stimulant la
croissance de C. acnes (144).
Hypochlorhydrie et SIBO
L'hypochlorhydrie est fréquemment associée à l'acné. De faibles niveaux d'acidité
permettent la migration des bactéries du côlon vers les parties distales de l'intestin grêle,
créant un état de dysbiose intestinale et de prolifération bactérienne de l'intestin grêle (SIBO).
Une plus grande population bactérienne est en compétition pour les nutriments et altère
l'absorption des graisses, des protéines, des glucides et des vitamines. Il a été démontré que
les nutriments mal absorbés, notamment l'acide folique, le zinc, le chrome, le sélénium et les
acides gras ω-3, influencent l'état psychologique et, avec le stress oxydatif systémique, ont
été impliqués dans la physiopathologie de l'acné vulgaire. Le SIBO entraîne également la
production de métabolites toxiques, qui peuvent endommager les entérocytes, augmenter la
perméabilité intestinale et finalement conduire à une inflammation systémique (144,178).

82
3.6 Axe intestin-cerveau-peau
Le lien complexe entre l'acné et le dysfonctionnement gastro-intestinal peut
également être médié par le cerveau. Cette hypothèse est soutenue par l'association
fréquente de comorbidités psychologiques (anxiété et dépression) à une détresse gastro-
intestinale et à la présence d’acné. Ces facteurs de stress psychologique amènent la flore
intestinale à produire différents neurotransmetteurs, la sérotonine, la norépinéphrine et
l'acétylcholine ou à déclencher la libération de neuropeptides par les cellules
entéroendocrines voisines. Ces neurotransmetteurs augmentent non seulement la
perméabilité intestinale, entraînant à la fois une inflammation intestinale et systémique, mais
accèdent également directement à la circulation à travers la barrière intestinale compromise,
ce qui entraîne des effets systémiques. Une régulation à la hausse des nerfs contenant la
substance P et une forte expression de ce neuropeptide sont mutuellement observées dans
l'acné vulgaire et la dysbiose intestinale. La substance P peut déclencher des signaux
inflammatoires qui entraînent l'augmentation des médiateurs pro-inflammatoires impliqués
dans la pathogenèse de l'acné (IL-1, IL-6, TNF-α, PPAR-γ) (144).

Figure 23 : Influences inflammatoires et microbiennes entre l'intestin et la peau pour un état sain (à
gauche) et un état dysbiotique (à droite) (121).
Les barrières intestinale et épidermique sont reliées par la circulation systémique (sanguine et
lymphatique) et sont ici visualisées de manière simplifiée. L'état dysbiotique est caractérisé par une
barrière intestinale altérée et une barrière cutanée altérée. Les dysbioses intestinale et cutanée sont
liées par un déséquilibre immunitaire (déformation Th2 dans cet exemple), cet état peut être
bidirectionnel (121).

83
Rosacée
4.1 Physiopathologie
La rosacée est une dermatose inflammatoire chronique caractérisée par diverses
lésions cutanées prédominantes sur le visage. Ces lésions peuvent se caractériser par des
érythèmes, papulopustules, télangiectasie et/ou atteinte ophtalmique qui touche jusqu'à
15 % de la population caucasienne à peau claire sensible au soleil (phototypes cutanés I et II).
Bien que la physiopathologie de la rosacée reste incertaine, il est suggéré que la dysrégulation
neurovasculaire, l'immunité altérée, les facteurs externes et l'héritage génétique jouent un
rôle important dans la progression de la maladie. Les patients atteints de rosacée conservent
un système immunitaire inné dérégulé qui provoque une libération anormale de cytokines
inflammatoires et une réponse AMP. L'expression de la cathélicidine est significativement
augmentée dans l'épiderme de la peau affectée par la rosacée par rapport à la peau normale.
Des types particuliers de cathélicidines stimulent et contrôlent la chimiotaxie des leucocytes,
la vasodilatation, l'angiogenèse et l'expression des protéines de la matrice extracellulaire.
L'inflammation neurogène peut également jouer un rôle important dans la pathogenèse de la
rosacée. Divers déclencheurs de la rosacée, y compris la chaleur et les facteurs alimentaires,
activent et régulent positivement les canaux ioniques du potentiel de récepteur transitoire
(TRP) de type vanilloïde (TRPV), qui sont exprimés par les nerfs sensoriels ainsi que par les
kératinocytes. Les canaux TRP jouent un rôle dans l'inflammation, la perception de la douleur
et la vasorégulation (121).

4.2 Microbiote cutané


La peau des patients atteints de rosacée est régulièrement associée à une prolifération
de micro-organismes cutanés commensaux. Des concentrations plus élevées de Demodex
folliculorum ont été détectées, qui habitent généralement les glandes sébacées. Il a été
rapporté que la densité d'acariens D. folliculorum atteint jusqu'à 10,8/cm2 chez les patients
atteints de rosacée contre 0,7/cm2 chez les témoins. L'utilisation de perméthrine contre D.
folliculorum a réduit l'abondance des acariens ; cependant, les lésions cutanées n'ont pas
régréssé. Des bactéries sont certainement impliquées dans les réponses inflammatoires de la
rosacée comme Bacillus oleronius et Staphylococcus epidermidis. L'étude de Woo et al. a
analysé l'influence des antibiotiques oraux sur la composition et la diversité du microbiome
cutané chez les patients atteints de rosacée. S. epidermidis est l'espèce prédominante, suivie

84
de C. acnes. Cette étude montre que la gravité de la rosacée augmente avec l'âge et que C.
acnes diminue, tandis que Snodgrassella alvi augmente. Enfin, Geobacillus et Gordonia sont
significativement associées à la sévérité de la rosacée (179). L'utilisation de métronidazole
topique (crème à 1 %) n'a pas modifié la composition du microbiote cutané (180).

4.3 Traitements actuels


Il existe des traitements différents pour chaque forme de rosacée. Le traitement de la
rosacée permet de diminuer les symptômes, d’espacer les poussées et de mieux contrôler
l’évolution de la maladie. Il ne permet pas une guérison définitive. Il s'agit donc d'un
traitement continu dont l'arrêt expose au risque de rechute. Un diagnostic précoce permet
d’adapter le plus tôt possible les soins prescrits, en fonction de chaque cas particulier. Dans
tous les cas, le traitement repose aussi sur des mesures hygiénodiététiques qui éliminent les
facteurs déclenchants ou aggravant la rosacée.
Traitement de la rosacée vasculaire : rougeurs du visage,
couperose

4.3.1.1 Le laser pour atténuer la couperose


La rosacée vasculaire peut être améliorée par le traitement au laser. Ce traitement
permet d'atténuer les rougeurs et la couperose (télangiectasies ou dilatation visible et
permanente de petits vaisseaux de la peau). Ces séances sont pratiquées sur une peau claire
non bronzée, de préférence l'hiver (181).
4.3.1.2 Gel cutané pour diminuer la rougeur
La brimonidine est un traitement vaso-constricteur sous forme de gel cutané, appliqué
une fois par jour sur la peau. Il permet une diminution de la rougeur sur une durée de 8 à 10
heures. Ce gel n'a pas d'efficacité sur la couperose (181).
Le traitement de la rosacée papulopustuleuse
4.3.2.1 Traitement local à appliquer sur la peau
En cas de rosacée papulo-pustuleuse, est prescrit le métronidazole (antibactérien et
antiparasitaire), sous forme de gel, de crème ou de lotion. Il s’applique lors des poussées
pendant quelques semaines, puis en traitement d’entretien pour éviter les rechutes. Le
métronidazole ne doit pas être mis en contact avec les yeux et la zone traitée ne doit pas être
exposée au soleil, ni aux rayonnements ultraviolets. L'acide azélaïque en application locale

85
peut également être utilisé pour son action anti-inflammatoire. L'ivermectine en crème,
antiparasitaire est utilisée pour ses propriétés anti-inflammatoires. Ce traitement ne peut être
prescrit que chez l'adulte. D'autres traitements locaux utilisés dans l'acné peuvent être
prescrits afin d'améliorer les lésions de rosacée (181).
4.3.2.2 La doxycycline
Le médecin peut ajouter aux traitements locaux, dans les formes plus importantes, un
traitement oral par doxycycline. Elle empêche la multiplication de de C. acnes, responsable de
l’acné et possède des propriétés anti-inflammatoires pour réduire papules et pustules. Elle
n’agit pas sur les rougeurs et les télangiectasies. C’est un traitement photosensibilisant, qui
nécessite d’éviter l’exposition au soleil et de s’en protéger. Il ne doit pas être utilisé chez les
personnes allergiques aux cyclines et chez la femme enceinte. Lorsque la prise des
antibiotiques par voie orale se termine, l’application de la crème au métronidazole doit être
poursuivie en entretien, pour éviter une rechute liée à l’arrêt (181).
Le traitement de la rosacée hypertrophique
Pour les patients atteints de rosacée hypertrophique, un traitement chirurgical est
proposé. Son but est de restaurer la forme normale du visage grâce à des techniques spéciales
(181).

4.4 Microbiote intestinal

La rosacée est une affection cutanée inflammatoire, qui a été associée à des altérations
du microbiote intestinal et à une prévalence accrue de maladies inflammatoires de l'intestin
(3).
SIBO et H. pylori
Comme pour l’acné vulgaire, il existe un risque accru de troubles gastro-intestinaux
chez les patients atteints de rosacée. En particulier, l'infection à Helicobacter pylori a été
associée à la maladie. La prévalence du SIBO est augmentée chez les patients atteints de
rosacée. H pylori est supposé déclencher l'angiogenèse et la vasodilatation chez les patients
présentant des symptômes de bouffées vasomotrices en stimulant la libération d'oxyde
nitrique, de gastrine et de TFN-α (3,121).
L'élimination du SIBO a entraîné une réduction significative des lésions cutanées.

86
Dysbiose
Une plus grande abondance d'Acidaminococcus et de Megasphaera et une plus faible
abondance de Peptococcaceae et de Methanobrevibacter ont été rapportées. Dans l'étude de
Chen et al. on retrouve une réduction de la richesse microbienne fécale chez les patients
atteints de rosacée ainsi qu'une communauté microbienne fécale distincte. La composition
microbienne altérée est due au métabolisme du soufre, à la cobalamine et au transport des
glucides (182).

4.5 Alimentation

Les exacerbations de la rosacée sont fréquemment liées à des facteurs alimentaires.


Ces facteurs sont :
- la chaleur : consommation de cafés, thés, moutarde, piments (contenant de la capsaïcine),
- la consommation d'alcool
- le cinnamaldéhyde (présent dans les arômes alimentaires).
Il existe plusieurs mécanismes d'action, passant notamment par l'activation des canaux TRP
(121).

Hidradénite/ hydrosadénite suppurée (HS)

5.1 Physiopathologie
C’est une IMID cutanée chronique. Elle se caractérise par une occlusion des glandes
apocrines, également connue sous le nom d'acné inversa, car elle survient dans les zones
« inverses » telles que les aisselles, les régions sous-mammaires, l'aine, les régions génitales
et périanales. Il s'agit généralement de lésions récurrentes, enflammées qui sont
douloureuses et défigurantes. Les lésions consistent en des trajets sinusaux sous-cutanés
chroniques, des fistules cutanées ou des cicatrices dermo-cutanées. Son étiologie est
incomplète, la recherche rapporte une dérégulation des cytokines inflammatoires et une
occlusion des follicules. Le TNF est considéré comme une cytokine clé, orchestrant la boucle
inflammatoire avec le VEGF (Vascular Endothelial Growth Factor), l'IL-8 et l'IL-1β, tandis que
les biopsies cutanées montrent un ratio accru de cellules Th17 par rapport aux Tregs.
L'utilisation de l'adalimumab, un antagoniste anti-TNF, s'est avérée efficace dans le traitement
de l'HS et pour normaliser la population Th17/Treg. Il s'agit d'une maladie multifactorielle, où

87
le mode de vie joue un rôle important, notamment en exacerbant les effets du tabagisme et
de l'obésité. Les interventions thérapeutiques, en plus des anti-TNF, comprennent l'épilation
assistée par laser et les antibiotiques.

5.2 Microbiote cutané dans l'HS

Les lésions de l'HS présentent des infections bactériennes, qui sont cliniquement
considérées comme secondaires. Cependant, les lésions présentent un microbiome cutané
distinct dans la peau HS lésionnelle et non lésionnelle par rapport aux témoins sains. Plus
précisément, des espèces anaérobies ont été trouvées dans les lésions, par exemple,
Prevotella et Porphyromonas, tandis que les commensaux aérobies ont été réduits.
Fusobacterium et Parvimonas spp. se sont avérés corrélés à la gravité de la maladie. Enfin, la
levure Saccharomyces cerevisiae et un des composants de sa paroi, les mannanes, peuvent
également jouer un rôle dans l'HS. Des anticorps anti-Saccharomyces cerevisiae (ASCA) ont
été trouvés dans le sérum HS et sont spécifiquement présents par rapport aux patients
atteints de psoriasis et aux contrôles, soulignant son importance en tant que biomarqueur de
l’HS. Une élévation significative est présente dans les cas sévères, évocatrice d'un marqueur
pronostique de la sévérité de la maladie (121).

5.3 Traitements actuels


Les traitements sont adaptés en fonction du degré de sévérité. Dans les cas
d’hidrosadénite suppurée légère, une injection de corticoïdes dans la région concernée peut
être réalisée. Une prescription d’antibiotiques, tels que tétracycline, minocycline,
érythromycine ou clindamycine, à prendre par voie orale pendant environ 7 à 10 jours peut
être ajoutée. Des crèmes à base de clindamycine et de résorcinol sont à appliquer
localement sur la peau et la zone doit être lavée au peroxyde de benzoyle. Ces médicaments
peuvent être associés ou utilisés seuls. Pour les cas d’hidrosadénite suppurée
modérée, seront prescrits les mêmes antibiotiques oraux que pour les cas peu graves,
parfois de la rifampicine, sur une longue période de 2 à 3 mois. Pour les femmes peuvent
être mis en place des traitements inhibant les effets des hormones sexuelles masculines,
comme des contraceptifs oraux, de la spironolactone ou du finastéride. Le médecin peut
inciser les abcès pour évacuer le pus. Les tractus sinusaux sont ouverts et drainés. Pour
les cas d’hidrosadénite suppurée sévère, sera administré de l’infliximab par IV ou de
l’adalimumab en SC afin de réduire l’inflammation. L’isotrétinoïne ou l’acitrétine PO, prise

88
pendant plusieurs mois, peut réduire l’inflammation. Si le trouble persiste, les médecins
peuvent inciser la zone concernée, puis réparer la peau ou procéder à une greffe de peau.
Un traitement laser visant à retirer la peau lésée ou les poils peut également être réalisé.
Des gestes d’hygiène minutieux et doux et un soutien psychologique sont importants. Un
régime faible en glucides est conseillé pour perdre du poids et améliorer les symptômes
(183).

5.4 Implications du microbiote intestinal

L’analyse du microbiote intestinal a révélé un plus grand nombre de bactéries et un


degré de diversité bactérienne plus important comparée à la peau saine. Les antibiotiques au
long cours sont alors en partie efficace sur cet état de dysbiose (184). Cette pathologie
dermatologique est liée à diverses MII, notamment la maladie de Crohn. L’apparition de ces
deux pathologies chez les patients et la réponse au traitement par anti-TNF suggère des
mécanismes inflammatoires similaires. De plus, la présence d'ASCA dans l'HS peut être liée à
plusieurs troubles intestinaux tels que la maladie de Crohn et la maladie coeliaque, où les
ASCA sont également répandues (121).

5.5 Mode de vie

Dans l'HS, plusieurs facteurs liés au mode de vie tels que le tabagisme, l'alcool et
l'obésité sont considérés comme des facteurs aggravants. En particulier, l'arrêt du tabac a été
associé à une amélioration significative des lésions d'HS (121).
Sur la base du lien intime avec la maladie de Crohn, des interventions diététiques ont
été suggérées comme interventions cliniques pour l'HS.
Obésité et alimentation
L'obésité est également un facteur de risque connu pour l'HS, et une perte de poids
d'au moins 15 % a été associée à une diminution de la gravité de la maladie (185). Le
déséquilibre du microbiome intestinal a été associé à des régimes riches en graisses, y compris
une augmentation des Firmicutes et une réduction des Bacteroidetes (185).
S. cerevisiae
Ne pas consommer des aliments contenant ou préparés avec la levure S. cerevisiae a
donné des résultats prometteurs à long terme dans l'HS, notamment une réduction de
l'inflammation et une amélioration de la réponse clinique aux traitements chirurgicaux (186).

89
Psoriasis

6.1 Physiopathologie

Caractérisation
Le psoriasis est une dermatose inflammatoire chronique récurrente-rémittente à
médiation immunitaire déclenchée par une multitude de facteurs environnementaux et
internes chez des individus génétiquement prédisposés (187). Les caractéristiques
histologiques comprennent l'acanthose, état d'hyperprolifération des kératinocytes, et la
parakératose, différenciation dérégulée des kératinocytes. Une vascularisation accrue est
également caractéristique, permettant l'accumulation de sous-populations inflammatoires de
neutrophiles, de cellules dendritiques et de lymphocytes T. Cliniquement, le psoriasis se
présente généralement sous la forme d'épisodes récurrents de plaques érythémateuses
squameuses bien délimitées, mais peut rarement se manifester également par une
érythrodermie généralisée potentiellement mortelle. Les options de traitement ont évolué à
mesure que la physiopathologie du psoriasis est mieux comprise.
Lien avec d’autres pathologies
Le psoriasis s'accompagne généralement d'une inflammation dans d'autres organes. 7
à 11 % des patients atteints de MII reçoivent un diagnostic de psoriasis, ce qui rend
l'association avec l'inflammation gastro-intestinale importante (188,189,187). Certains
facteurs génétiques et environnementaux communs ainsi que des voies immunitaires ont été
impliqués dans l'étiopathogénie de ces maladies (188). Les cellules Th17 et leurs cytokines,
connues pour jouer un rôle principal dans le développement du psoriasis, ont également été
impliquées dans la physiopathologie des MII (189,190). Ce sous-ensemble de cellules joue un
rôle dans le développement de la spondylarthrite ankylosante et de la polyarthrite
rhumatoïde, deux maladies articulaires inflammatoires auto-immunes fréquemment
signalées chez les patients atteints de psoriasis et de MII (191). Les métabolites produits par
le microbiote intestinal ont un potentiel de modification immunitaire, capables de modifier
l'équilibre entre la tolérance immunitaire et l'inflammation grâce à leur influence sur la
différenciation des cellules T naïves en lignées régulatrices ou Th17. L’axe Th17/Treg est
modulé par le microbiote intestinal car celui-ci régule l’accessibilité des nutriments dans le
milieu intestinal et ainsi la formation de composés énergétiques tels que l’ATP (144,192).

90
6.2 Microbiote intestinal

Le schéma de dysbiose observé chez les patients atteints de MII a également été décrit
chez des patients psoriasiques avec et sans MII (193). Le ratio Firmicutes/Bacteroidetes
intestinal est augmenté chez les patients atteints de psoriasis par rapport aux témoins sains
(194). Les bactéries symbiotes comme Bifidobacteria, Lactobacilli et Faecalibacterium
prausnitzii sont épuisées. À l’inverse, on observe la colonisation de l’intestin par des
pathobiontes tels que Salmonella, Escherichia coli, Helicobacter, Campylobacter,
Mycobacterium et Alcaligenes par rapport aux témoins sains (189). Une étude a révélé une
diminution de la présence de Parabacteroides et de Coprobacillus, deux espèces intestinales
bénéfiques, chez les patients atteints de psoriasis et de rhumatisme psoriasique comparable
à ce qui est observé chez les patients atteints de MII. La présence réduite de phylums
bénéfiques peut se traduire par des conséquences fonctionnelles, notamment une mauvaise
régulation des réponses immunitaires intestinales qui peuvent alors affecter des systèmes
d'organes distants (193) . F. prausnitzii, normalement très présent dans le colon, offre de
nombreux avantages à l'hôte car il sert de source importante de butyrate, réduit le stress
oxydatif et confère une action anti-inflammatoire en déclenchant les cellules Treg, conférant
ainsi une tolérance immunitaire qui s'étend au-delà du système gastro-intestinal (195). La
dysbiose et l’altération de la barrière intestinale rendent possible la pénétration du microbiote
dans la circulation systémique pour cibler directement des organes distants, y compris la peau
et les articulations (Figure 24). Conformément à cette hypothèse, l'ADN d'origine microbienne
intestinale a été isolé du sang de patients atteints de psoriasis actif contrairement aux patients
contrôles (144,155).

Figure 24 : L'impact
de la dysbiose
intestinale dans le
psoriasis sur le
développement des
lésions psoriasiques,
du rhumatisme
psoriasique et des
comorbidités du
psoriasis (196).

Ratio F/B, ratio Firmicutes à Bacteroidetes ; Treg, cellules régulatrices T ; TNFalpha, facteur de nécrose
tumorale alpha.

91
6.3 Microbiote cutané

Dysbiose cutanée
Les études scientifiques de ces dernières années ont montré une dysbiose cutanée
importante chez les patients atteints de psoriasis. Une diminution significative de la diversité
a et b du microbiote a été notée dans la peau des patients psoriasiques (197). Une vaste étude
de cohorte a été réalisée afin d'analyser le microbiote des écouvillons cutanés prélevés sur 75
patients atteints de psoriasis (peau lésionnelle et non lésionnelle) et 124 témoins (197,198).
Des diminutions significatives de la richesse et de la diversité ont été rapportées dans les
échantillons lésionnels par rapport aux échantillons non lésionnels et témoins (197,198).
D’après Fyhrquist et al. (199), la représentation de Cutibacterium, Burkholderia spp. et
Lactobacilli a diminué, tandis que celle de Corynebacterium kroppenstedii, Corynebacterium
simulans, Neisseria spp. et Finegoldia spp. a été augmentée dans la peau psoriasique par
rapport à une peau saine. En parallèle, une abondance accrue de Firmicutes et une réduction
correspondante des Actinobactéries, plus marquées dans la peau lésionnelle est caractérisée
(200). L’abondance de Corynebacterium est plus élevée dans les lésions cutanées plus
enflammées (201). Une corrélation positive entre l'abondance de Staphylococcus et de
Corynebacterium et le score PASI (Psoriasis Area Severity Index) a été rapportée.
Corynebacterium peut agir sur les voies de signalisation faisant intervenir les interférons et
entraîner une dysbiose cutanée et le développement de lésions psoriasiques
(197,199,202,203). Dans le cas de lésions cutanées psoriasiques, le grattage peut blesser la
peau et certaines bactéries se trouvant dans le derme profond ou le sang périphérique
peuvent rencontrer facilement les cellules immunitaires et provoquer une inflammation
congénitale et adaptative (203–205). Malassezia et Candida albicans possèdent aussi un rôle,
encore controversé dans les lésions psoriasiques.
Influence sur le système immunitaire
Le rôle du microbiome cutané dans la pathogenèse du psoriasis s’explique notamment
par l'interaction entre les organismes commensaux et l'hôte par la reconnaissance des PAMP
par les PRR. Ainsi il peut moduler la synthèse des Th17 produisant IL-17 et IL-22 qui conduisent
au développement de lésions psoriasiques. La concentration de b-défensine (protéine
antimicrobienne dans le sang et la peau des patients) est corrélée à la concentration d'IL-17.
La concentration de cette protéine diminue après traitement par le sécukinumab, anticorps

92
anti-IL-17, et est directement proportionnelle au PASI. Par un autre mécanisme, la bactérie
Streptococcus pyogenes présente sur la peau psoriasique en quantité importante, produit la
protéine M. La protéine M présente un mimétisme moléculaire avec la kératine de type I et
cette similitude active les lymphocytes T, stimule l'inflammation, amplifiant le développement
du psoriasis (196,206).

6.4 Traitements
Traitements locaux
Les dermocorticoïdes constituent le traitement local de référence du psoriasis. De
différentes activités : très forte (classe I), forte (classe II), modérée (classe III) ils seront choisis
selon la localisation des lésions (coude, genou, plis, visage…) et de leur étendue. Ils sont
habituellement utilisés en une application par jour. Un kératolytique peut être associé au
dermocorticoïde comme dans la spécialité Diprosalic®. En traitement d’entretien peuvent être
utilisés des analogues de la vitamine D (calcipotriol, calcitriol) car ils luttent contre la
multiplication anormale des kératinocytes. Peuvent être ajoutés à ces traitements des
émollients visant à lutter contre la sécheresse et les squames (207).
Traitements non médicamenteux
Ils visent à compléter les traitements locaux et oraux, ainsi qu’à prévenir la survenue
de nouvelles lésions. Les émollients, aux propriétés hydratante renforcent la barrière cutanée,
ainsi plus résistante aux agressions extérieures. L’urée peut être utilisée pour favoriser
l’élimination des squames par ses propriétés kératolytiques. La photothérapie, est utilisée en
cas de psoriasis étendu à une grande partie du corps, ou persistant malgré les traitements
locaux. Les rayons ultraviolets ralentissent la multiplication des kératinocytes et soulagent
l’inflammation. Il existe deux types de photothérapie, la PUVAthérapie, utilisant les UVA et la
photothérapie à UVB. Les cures thermales ont montré un bénéfice dans la prise en charge du
psoriasis notamment grâce aux soins d’hydrothérapie. Un soutien psychologique et de
moyens de soulager le stress peuvent s’avérer nécessaire chez les patients en complément
(208).
Traitements généraux
Ces traitements sont réservés aux psoriasis sévères ou de sévérité modérée mais qui
ont fort impact sur la qualité de vie du patient.

93
6.4.3.1 Acitrétine SORIATANE®
Cette molécule de la famille des rétinoïdes a un effet sur les plaques après 6 à 8
semaines de traitement. Elle est plus efficace chez les adultes que les enfants et peut être
utilisée seule ou en association à la photothérapie. Elle induit en revanche une importante
sécheresse cutanée. L’acitrétine doit être prescrite avec un accompagnement particulier chez
les femmes en âge de procréer puisque comme l’isotrétinoïne, elle induit des malformations
du fœtus.
6.4.3.2 Immunosuppresseurs
Le méthotrexate est utilisé dans les formes sévères résistantes aux traitements
traditionnels (photothérapie, puvathérapie, rétinoïdes), il agit comme anti-inflammatoire et
immunosuppresseur. Une prise par semaine est suffisante, par voie orale ou injectable. Les
patients traités par methotrexate bénéficient d’un suivi très régulier pur déceler rapidement
tout effet indésirable. L’acide folique pris à distance du méthotrexate permet de limiter une
partie de ces effets. Ce traitement est contre indiqué chez les femmes en âge de procréer.
La ciclosporine peut aussi être utilisée et présente aussi de nombreux effets
indésirables.
6.4.3.3 Aprémilast OTEZLA®
Utilisé en seconde intention après les autres traitements généraux, il diminue les
processus inflammatoires en inhibant une phosphodiéstérase intervenant dans la production
de cytokines. Il convient de signaler au médecin toute survenue d’idée suicidaire se présentant
avec le traitement.
6.4.3.4 Biothérapies
Les biothérapies sont proposées aux patients présentant des formes modérées à
sévères de psoriasis en cas de réponse insuffisante ou de contre-indication au traitements
généraux. Les agents Anti-TNF bloquent le TNF impliqué dans les processus inflammatoires,
produit par les cellules immunitaires. Ils s’administrent par voie SC ou IV. En diminuant la
réponse immunitaire ils exposent en revanche à des affections graves, leur prescription est
donc aussi très encadrée. Les inhibiteurs d’interleukines comme le sécunizumab COSENTYX®
bloquent la sécrétions de ces molécules messagères dans les processus inflammatoires. Leur
prescription est aussi très encadrée et ils se présentent sous forme injectable, s’administrant
en SC (209).

94
Microbiote et traitement du psoriasis
De nouvelles recherches ont fourni des preuves des effets des traitements du psoriasis
sur les modifications du microbiote. Le calcipotriol topique peut inhiber l'abondance de la
population de Malassezia dans la peau psoriasique en induisant la production du peptide
antimicrobien cathélicidine. Le rayonnement ultraviolet à bande étroite (NB-UVB) dans le
psoriasis diminue les indicateurs de stress oxydatif et provoque l'amélioration du microbiote
cutané. De plus, par l’influence du métabolisme de la vitamine D, l'irradiation NB-UVB exerce
une influence significative sur le microbiote intestinal. Par conséquent, l'efficacité de la
thérapie NB-UVB chez les patients atteints de psoriasis peut résulter non seulement de
l'influence directe de ce rayonnement sur la peau, mais aussi indirectement par l'influence sur
le microbiote intestinal. Parmi les méthodes de traitements psoriasiques analysées et citées
au-dessus, les thérapies biologiques ont eu la plus forte influence sur le ratio des
Actinobactéries/Firmicutes (200). Les biothérapies présentent en revanche une limite chez les
patients présentant une association de troubles cutanés et une MII. En effet les inhibiteurs de
l’IL-17 sont délétères pour les intestins présentant une inflammation (210).

6.5 Mode de vie et alimentation


Le mode de vie a des implications majeures dans le psoriasis : le tabagisme et l'alcool
ont été associés à l'exacerbation des lésions cutanées et même à des réponses sous-optimales
aux traitements. L'obésité est un facteur de risque important pour le développement du
psoriasis (211). Un poids santé est associé à des effets bénéfiques : le régime HFD sont associés
à l'exacerbation du psoriasis, alors que la réduction de poids a un effet positif sur la sévérité
du psoriasis (212–214). Une réponse au traitement peut également être sensible à l'apport
alimentaire, car il a été démontré qu'un régime cétogène très hypocalorique améliore la
réponse chez les patients présentant une rechute de psoriasis (212,215). Il a également été
constaté que le jeûne intermittent selon le régime du Ramadan a un impact positif sur le
psoriasis modéré à sévère (216). Enfin, l'intolérance au lactose est significativement plus
présente chez les patients atteints et est même associée à la sévérité psoriasique (217).

95
Plaies et cicatrisation

7.1 Physiopathologie
La cicatrisation des plaies cutanées est un processus très complexe et organisé et
consiste en des phases de cicatrisation aiguë qui se chevauchent. Plusieurs types de cellules,
principalement les kératinocytes épidermiques, les neutrophiles et les macrophages, sont
impliqués et interagissent avec le microbiote commensal résidant. Le microbiote peut
coloniser les plaies et stimuler la cicatrisation en favorisant le système immunitaire inné. Par
la suite, les kératinocytes se dilatent et migrent, les fibroblastes migrent, accumulent la
matrice extracellulaire (MEC), et l'angiogenèse s'ensuit pendant la phase de prolifération.
Dans la phase de remodelage, la MEC se restaure, la formation de cicatrices apparaît et la
barrière cutanée épidermique se rétablit. Lorsqu'une de ces phases est gênée, la barrière
épithéliale ne cicatrise pas correctement et la plaie devient chronique. La mauvaise
cicatrisation des plaies est un défi majeur pour le système de santé, car elle touche environ 1
à 2 % de la population dans les pays développés (218). La prévalence des plaies chroniques
est plus élevée chez les personnes âgées présentant des pathologies sous-jacentes telles que
le diabète sucré, les maladies vasculaires et l'obésité (219). Les programmes cellulaires de
restauration de la barrière cutanée ne fonctionnent pas correctement dans les plaies
chroniques. Une cicatrisation altérée se caractérise par une prolifération accélérée des
kératinocytes, une migration altérée et une fibrose. De plus, plusieurs processus tels que
l'angiogenèse, le remodelage de la MEC et l'induction de cellules souches sont entravés. Les
plaies chroniques sont également continuellement enflammées, d’après plusieurs études
[307, 313–317]. En revanche, les mécanismes cellulaires et moléculaires sous-jacents de la
cicatrisation altérée ne sont pas encore entièrement compris, particulièrement le rôle du
microbiote cutané dans l'altération de la cicatrisation des plaies. L'application de produits
antimicrobiens est aussi, remis en question (121).

7.2 Incidence du microbiote cutané


Les plaies offrent au microbiote une opportunité idéale d'accéder aux tissus sous-
jacents et de réunir les conditions idéales pour coloniser et se développer (220). Le microbiote
commensal est bénéfique pour le processus de cicatrisation par son rôle dans la régulation du

96
système immunitaire inné de la peau. Il stimule la production de molécules antimicrobiennes
qui offrent une protection contre les pathogènes intracellulaires (220). Le rôle protecteur de
bactéries commensales de la peau, telles que S. epidermidis est notamment décrit face à
l’invasion de S. aureus intracellulaire (221).

7.3 Implications du microbiote intestinal

L’utilisation de la souche Lactobacillus reuteri par voie orale a amélioré la cicatrisation


des plaies en stimulant l'ocytocine, induisant les lymphocytes CD4 + Foxp3 + CD25 + Treg qui
véhiculent la capacité de cicatrisation (222).

7.4 Synthèse

Les pathologies présentées résultent d'une interaction complexe entre la susceptibilité


génétique, le mode de vie et le système immunitaire. Plus précisément, ce dernier est en
constante orchestration avec les systèmes nerveux et endocrinien. Ces interactions
permettent au microbiote de jouer un rôle clé, en particulier dans des organes tels que la peau
et l'intestin qui sont richement imprégnés d'immunorégulateurs et de microorganismes.
De manière générale, on observe dans ces pathologies une dysbiose cutanée et intestinale. La
perméabilité intestinale est augmentée et son microbiote présente un rapport
Firmicutes/Bacteroidetes augmenté, un appauvrissement des souches bénéfiques et une
augmentation des souches pathogènes. Ces dérégulations sont médiées en grande partie par
les habitudes de vie et l’alimentation. Des effets bénéfiques ont cependant été observés par
la consommation de probiotiques permettant de rétablir ces déséquilibres (121).

97
PARTIE 4 : MICRONUTRITION ET
CONSEILS A L’OFFICINE
Importance de la micronutrition

1.1 Définition

Les aliments que nous ingérons sont composés de nutriments. Nous distinguons les
macronutriments des micronutriments (223). Les macronutriments correspondent aux
glucides, lipides et protides. Ils fournissent de l’énergie à l’organisme. Les micronutriments
assurent à notre organisme un fonctionnement optimal. Ils sont présents en infimes quantités
et comprennent les minéraux et oligo-éléments, vitamines, acides aminés et acides gras.
D’autres éléments sont assimilés à la micronutrition tels que les polyphénols, flavonoïdes,
caroténoïdes, les probiotiques et prébiotiques (159,224).

1.2 Principes de la micronutrition

La micronutrition dérive de la nutrition et a pour but une prise en charge nutritionnelle


individualisée du patient. L’enjeu de la micronutrition repose sur l’existence de troubles
fonctionnels qui résultent d’un déséquilibre, de déficits ou d’intolérance à des constituants de
notre alimentation (225). Ainsi, la micronutrition propose des conseils alimentaires et des
protocoles de complémentation personnalisés. L’objectif de la micronutrition est d’assurer
l’apport des nutriments pour prévenir les anomalies touchant certains processus (régulation
hormonale, nerveuse) et organes (intestin, cerveau). Pour que les micronutriments exercent
une action optimale sur l’organisme, il est nécessaire d’avoir une paroi intestinale intacte pour
permettre une assimilation complète. Une perturbation de la structure intestinale et du
microbiote est un facteur qui peut influencer cette absorption (159).

1.3 Principales familles de micronutriments

Vitamines
Ce sont des substances organiques, constituées de carbones, sans valeur énergétique.
Essentielles à l’organisme par leur implication dans de nombreux processus physiologiques
(226), elles doivent être apportées par l’alimentation car l’organisme ne peut pas toutes les

98
synthétiser de manière endogène. Les seules vitamines synthétisées par l’organisme sont : la
vitamine D à partir du cholestérol grâce au rayonnement UV ; la vitamine B3 à partir du
tryptophane et les vitamines K2, B8, ou B12 par la flore microbienne. Il existe deux grands
types de vitamines aux caractéristiques physico-chimiques propres, ce qui leur attribue des
mécanismes de stockage différents :
- les vitamines liposolubles : A, D, E, K,
- les vitamines hydrosolubles : B1, B2, B3, B5, B6, B8, B9, B12, C (159).
Les minéraux et oligo-éléments
Ceux dont nous avons besoin en quantité importante sont appelés macrominéraux,
contrairement aux minéraux à l’état de traces (ou oligo-éléments). Les minéraux essentiels
sont ceux dont l’absence, entrainent des dysfonctionnements sévères et irréversibles.
Toutefois, une carence ou un déficit peut être rééquilibré par une supplémentation (227). On
distingue les minéraux essentiels suivants :
- les minéraux : calcium, sodium, potassium, magnésium, phosphore, chlore, soufre
- les oligoéléments : fer, zinc, cuivre, sélénium, iode, manganèse, cobalt, silicium, fluor,
chrome, molybdène.
Ils sont indispensables au bon fonctionnement de notre organisme puisque certains
participent aux systèmes enzymatiques et hormonaux. Ils sont à la fois essentiels à la survie
des cellules, et des éléments constitutifs des tissus (159,223).
Acides aminés (AA)
Il existe plus de 300 AA dans la nature, mais ceux composant les protéines sont au
nombre de 20. Ils sont divisés en deux catégories, les AA essentiels ne pouvant pas être
synthétisés par l’organisme, devant provenir de notre alimentation et les non essentiels
(Annexe III). Les AA ont de nombreuses fonctions : ils participent au métabolisme énergétique
(par exemple lors d’un jeûne, la néoglucogenèse se produit ; cela correspond à la formation
de glucose à partir des acides aminés), au métabolisme de l’azote, à la synthèse de NT, des
protéines de structure (muscles, membranes) et des enzymes (159,228).
Acides gras (AG)
1.3.4.1 Définition : acides gras saturés et insaturés

Ce sont les lipides les plus répandus de l’organisme. Les lipides sont indispensables
puisqu’ils constituent les phospholipides, élément de base de la composition des membranes

99
cellulaires. Ils sont aussi retrouvés dans les tissus adipeux sous forme de triglycérides. Il existe
deux catégories d’acides gras : les acides gras saturés et les acides gras insaturés (Annexe IV).
Ils se distinguent par leur configuration spatiale. Pour les AG saturés tous les sites de liaison
des atomes de carbones sont occupés, leur configuration spatiale est linéaire. Les acides gras
insaturés présentent des liaisons carbones doubles et peuvent ainsi avoir deux configurations
spatiales différentes : configuration « cis » ou configuration « trans » (225). Les acides gras
monoinsaturés présentent une seule double liaison, tandis que les acides gras polyinsaturés
(AGPI) en présentent plusieurs (159).

1.3.4.2 Principaux acides gras

Parmi les acides gras saturés, il existe principalement l’acide palmitique et l’acide
stéarique. Concernant les acides gras mono-insaturés, ils sont représentés par l’acide oléique,
aussi appelé omega-9 (w-9) qui est le chef de file. Les AGPI sont dits « essentiels » puisqu’ils
ne peuvent pas être synthétisés par l’organisme et sont indispensables pour la santé de
l’Homme. Nous retrouvons les omega-6 (w-6) dont le chef de file est l’acide linoléique (AL), et
les omega-3 (w-3) dont le chef de file est l’acide ɑ-linolénique (ALA). L’acide linoléique va
donner des dérivés de la lignée des oméga-6 (l’acide Ɣ-linolénique (GLA), acide dihommo-Ɣ-
linolénique (DGLA), acide arachidonique (AA)). L’acide ɑ-linolénique va donner des dérivés de
la lignée w-3 (acide eicosapentaénoïque (EPA), acide docosahexaénoïque(DHA)). L’enzyme
nommée la « delta-6 désaturase » agit sur deux acides gras essentiels : AL et ALA. Ceux-ci se
trouvent en compétition : leurs proportions respectives vont décider de la prédominance des
dérivés d’une voie par rapport à l’autre. Un rapport optimal doit exister entre les deux acides
gras essentiels (159,225) .

1.3.4.3 Le ratio omega-6 / omega-3 (w-6 / w-3)

Le rapport w-6 / w-3 doit être compris entre 4 et 5, autrement dit il est nécessaire
d’avoir une alimentation plus riche en w6 qu’en w3. Cependant, le régime alimentaire des
pays occidentaux consomme des w6 en excès comme en France par exemple où la population
consomme 2 à 3 fois trop w6 (223). Ces AGPI interviennent dans les processus immunitaires
et inflammatoires. Lorsqu’une cellule est soumise à un stress, sa membrane déclenche une

100
cascade de réaction pour faciliter sa régulation. Elle libère sous l’action de la phospholipase
A2 soit de la DGLA, de l’AA ou de l’EPA (225):
- l’AA donnera des métabolites de la série prostaglandines 2, de puissants
proinflammatoires, pro-agrégants, et vasoconstricteurs.
- le DGLA et l’EPA donnent des dérivés prostaglandines 1 et 3 respectivement, qui ont
un effet anti-inflammatoire, antiagrégant et vasodilatateur. Un apport trop important
en w-6 entraine un excès d’AA, qui signe un climat pro-inflammatoire.

1.4 Intérêts thérapeutiques des micronutriments pour


l’intestin et la peau

Action sur l’inflammation


1.4.1.1 Vitamine A

Elle appartient à la famille des rétinoïdes. Dans l’organisme, elle est présente sous
forme de rétinol, rétinal et acide rétinoïque. On retrouve dans les plantes de nombreux
caroténoïdes, composés de carotènes et apparentés, qui sont des précurseurs de la vitamine
A. Les ɑ-, β-, Ɣ- caroténoïdes sont les plus importantes. Cette vitamine participe au bon
fonctionnement de la vision, intervient dans l’embryogenèse, la croissance, le développement
et la différenciation cellulaire mais aussi tissulaire au niveau de la peau et de la muqueuse
intestinale. Elle est également impliquée dans les réponses immunitaires et la régulation de
l’inflammation au niveau cutané (229). C’est un important antioxydant. Un déficit en vitamine
A se manifeste par une xérose, des fissures cutanées, des cheveux et ongles secs et une
hyperkératose folliculaire. La complémentation en vitamine A est intéressante pour la
problématique d’hyperperméabilité intestinale en permettant un renouvellement de la
muqueuse et une protection de la barrière intestinale. Un apport en vitamine A suffisant
permet de stimuler la prolifération des lymphocytes B et T. Une belle peau est associée à la
consommation de β-carotènes puisque que celle-ci contient une grande quantité de
rétinoïdes. Il est conseillé de consommer suffisamment de β-carotènes pour protéger la peau
des UV et limiter le vieillissement cellulaire (230). Les rétinoïdes sont utilisés dans trois des
pathologies dermatologiques citées précédemment : l’acné, le psoriasis et la DA. Pour le
traitement de l’acné en local, les rétinoïdes provoquent l’expulsion des comédons ouverts et
des microkystes, accélèrent l’évolution des éléments inflammatoires, et favorisent la

101
transformation et l’ouverture des comédons fermés. Par voie orale ils permettent la
diminution de l’activité des glandes sébacées et la réduction de leur taille. Pour le psoriasis,
l’efficacité thérapeutique est liée à la restauration d’une morphologie normale de la peau, à
la réduction des marqueurs de l’inflammation, à la diminution des marqueurs de l’hyperplasie
et de la différenciation anormale de l’épiderme. La spécialité TOCTINO®, rétinoïde par voie
orale est prescrite pour l’eczéma sévère des mains, elle permet la régression du nombre et de
l’étendue des lésions (231).

1.4.1.2 Vitamine D

De nombreuses études mettent en avant l’importance et l’efficacité d’une


supplémentation en vitamine D chez les patients souffrant d’acné, de psoriasis et de DA. On
retrouve chez ces patients une carence en 25-hydroxyvitamine D (25OH-D) (232). Concernant
l’acné, une supplémentation en vitamine D permet une diminution de la formation de
nouvelles lésions et la cicatrisation plus rapide de celles formées (233–235) . Pour le psoriasis,
on observe une réduction de l’étendue des lésions et l’amélioration importante de la
pathologie lorsque la supplémentation en vitamine D est couplée à la photothérapie
(236,237). Enfin, une supplémentation orale en vitamine D dans la prise en charge de la
dermatite atopique a permis une amélioration du SCORAD. Appliquée localement, elle module
l’inflammation, l’angiogenèse et favorise la réparation cutanée (238).

1.4.1.3 Zinc

Le zinc est un oligo-élément impliqué dans l’expression des gènes, le métabolisme des
glucides, lipides et protéines, possède un impact sur les récepteurs hormonaux et une action
antibactérienne (124). Il est aussi impliqué dans le métabolisme redox et immuno-
inflammatoire. Il permet l’intégrité de la peau, des muqueuses et des membranes cellulaires.
Son rôle est important en tant que second messager cellulaire (224). Concernant le
métabolisme immuno-inflammatoire, il permet l’activation, différentiation et prolifération
des LT Helpers et des anticorps ainsi qu’une immunomodulation des LTreg. Son action dans la
régulation de l’inflammation et du stress oxydatif se manifeste notamment par l’inhibition du
facteur NF-kb et TNF-a. Le zinc ne peut être apporté qu’à travers l’alimentation. Une carence
en zinc peut être causée par une consommation excessive de phytates, d’alcool, et une
malabsorption intestinale induite par une MICI ou un SIBO. Une carence s’observe lorsque la

102
consommation de zinc est inférieure à 11mg par jour de manière répétée. Dans les pays
développés les carences légères ou modérées sont courantes. Les symptômes d’une carence
en zinc se manifestent par une immunodépression, des troubles cutanés, visuels, digestifs,
métaboliques ainsi qu’une perte de cheveux. Par ses propriétés on comprend tout à fait
l’intérêt d’une supplémentation en zinc chez les patients présentant une carence ou bien des
troubles intestinaux et cutanés (224). En application locale le zinc est assainissant et apaisant,
on le trouve notamment dans SEROZINC® chez la Roche Posay.

1.4.1.4 Les acides gras : w-3 et w-6

Par leurs propriétés immunomodulatrices, les acides gras jouent un rôle important
dans les pathologies intestinales et dermatologiques. De nombreuses études cliniques ont
évalué les avantages d'une supplémentation alimentaire en huiles de poisson dans plusieurs
maladies inflammatoires et auto-immunes chez l'homme, notamment la polyarthrite
rhumatoïde, la maladie de Crohn, la colite ulcéreuse, le psoriasis, le lupus érythémateux, la
sclérose en plaques et les migraines. De nombreux essais contrôlés par placebo sur l'huile de
poisson dans les maladies inflammatoires chroniques révèlent des avantages significatifs,
notamment une diminution de l'activité de la maladie et une utilisation réduite des anti-
inflammatoires (239). Pour les patients atteints de psoriasis, dermatite atopique et acné on
observe une amélioration significative de la pathologie lorsqu’une supplémentation en w3
(EPA et DHA) est réalisée (239,240).Pour la DA, les w3 permettent la régulation des allergies
médiées par les IgE. Concernant la supplémentation en w6 dans la DA, des études ont été
menées avec l’huile de bourrache et d’onagre. Elles sont toutes les deux riches en GLA. Malgré
le résultat d’une étude montrant une diminution de l’intensité des symptômes et des
grattages après une supplémentation en huile d’onagre, leur intérêt dans la dermatite
atopique n’est pas encore clairement défini. Il faudra noter que le nombre d’études reste
limité et ne permet pas de donner une place de ces acides gras dans la stratégie
thérapeutique. Une supplémentation en w3 reste une recommandation nutritionnelle
générale pour la population (159).

103
Maintien d’une barrière cutanée de qualité
1.4.2.1 La vitamine B3 (vitamine PP)

La vitamine B3, niacine, est synthétisée par l’organisme à partir du tryptophane. La


niacine regroupe deux composés : l’acide nicotinique et le nicotinamide. Elle est retrouvée
dans de nombreux aliments tels que la viande rouge, les volailles, les poissons, les légumes, la
levure de bière (159). Un déficit en vitamine B3 et en tryptophane conduit à la pellagre. On
utilise aussi la dénomination vitamine PP pour Prévention de la Pellagre. Cette maladie est
caractérisée par 3 symptômes : une dermite photosensible, une démence et des diarrhées
(229). Une carence en riboflavine et en vitamine B6 (éléments permettant la synthèse de
nicotinamide à partir du tryptophane) peut être un facteur déclenchant de la pellagre.
L’application locale de vitamine B3 (ou nicotinamide) chez les patients atopiques a permis
d’observer une augmentation en céramides et en acides gras, accompagnée d’une diminution
en perte d’eau transépithéliale. Leur peau avait un aspect plus hydraté (241). La niacinamide
possède des propriétés photoprotectrices, anti-âge, anti-pollution, anti-rougeurs, hydratantes
et éclaircissantes en application cutanée. On retrouve cette molécule dans de nombreux
cosmétiques (242).

1.4.2.2 Le magnésium

Le magnésium, quatrième élément minéral le plus important du corps humain,


possède de nombreuses propriétés. Une carence en magnésium, comme chez 2/3 des
occidentaux, induit régulièrement des troubles musculaires, un transit de mauvaise qualité,
de la fatigue, une difficulté de la gestion du stress et de l’anxiété, des risques cardiovasculaires
et même une possibilité plus importante de développer un pré diabète. Le magnésium se
trouve principalement dans les graines oléagineuses, les céréales complètes, le chocolat noir,
les légumes verts, les avocats, les bananes et les petits poissons. Un apport recommandé de
300 mg par jour d’un magnésium bien absorbé par la muqueuse intestinale permet de combler
cette carence et réduire les troubles associés. Par son activation des voies de l’inflammation,
le stress induit notamment une augmentation des lésions dermatologiques. Un apport en
magnésium est donc recommandé pour les patients souffrants de stress, troubles du transit
et pathologies dermatologiques (224). Appliqué par voie locale (solution enrichie avec 5%
d’eau saline provenant de la mer morte, naturellement riche en magnésium), le magnésium

104
améliore l’état d’hydratation du stratum corneum, et diminue les rougeurs et les érythèmes
(243).
Les anti-oxydants
1.4.3.1 La vitamine C

La vitamine C, ou acide ascorbique, est une vitamine retrouvée massivement dans les
fruits et légumes. Elle présente des propriétés multiples : elle intervient dans la synthèse de
collagène présent dans les tissus (cutanés, sanguin osseux, tendineux, ligamentaires,
gingivaux) et permet l’absorption du fer dans le tube digestif. Elle a également des propriétés
antioxydantes (229). Une étude a montré une diminution du taux de vitamine C dans le sérum
des patients atopiques, associée à une capacité antioxydante réduite. Ainsi, en adaptant la
formulation pour favoriser l’absorption de la vitamine C à travers le derme, les chercheurs ont
couplé la vitamine C à l‘oxyde de zinc (ZnO), nommé VitabridC12. En testant ce complexe sur
les souris atopiques, l’équipe a conclu une diminution des facteurs pro-inflammatoires dont
le TSLP (159,232,241). Une supplémentation en vitamine C par voie orale permet, par la
synthèse de collagène, une meilleure cicatrisation des plaies.

1.4.3.2 Le sélénium

Le sélénium par son incorporation dans les sélénoprotéines est anti-inflammatoire,


régulateur de la thyroïde et du métabolisme redox et améliore l’immunité. Les
sélénoprotéines sont de puissants anti-oxydants. Cet oligo-élément est principalement
contenu dans les poissons et crustacés, la viande, les œufs et les oléagineux. Une carence en
sélénium peut s’observer par une mauvaise qualité de la peau et des phanères induite par une
neutropénie et une anémie macrocytaire (224).

1.4.3.3 La vitamine B12

La vitamine B12, aussi appelée cobalamine, est un composé corrinoïde (contenant du


cobalt et possédant un cycle de corrine). Cette vitamine n’est retrouvée que dans une
alimentation d’origine animale. Elle a une fonction essentielle dans l’érythropoïèse, puisqu’un
déficit en vitamine B12 est associé à une perturbation du cycle de l’acide folique, conduisant
à une anémie (229). Chez les patients atopiques, une enzyme a été retrouvée en grande
quantité : il s’agit de la forme inductible de l’oxyde nitrique synthase. Sous l’action de

105
cytokines, elle induit la production d’oxyde nitrique (NO) impliquée dans la pathogénèse de la
dermatite atopique. La vitamine B12 (ou cobalamine) serait bénéfique dans les lésions
cutanées, puisqu’elle a une action anti-oxydante envers le NO. Ainsi, l’incorporation de
vitamine B12 dans une formulation pour application cutanée a permis une diminution du
SCORAD (159,241).

1.4.3.4 La vitamine E

La vitamine E est un anti-oxydant lipophile essentiel retrouvé dans le plasma, les


membranes et de nombreux tissus. Le nom de vitamine E regroupe deux familles de composés
: les tocophérols et les tocotriénols (229). Une alimentation riche en légumes, huiles végétales,
céréales et noix apportent à l’organisme de la vitamine E (241). Une étude témoigne de
l’efficacité d’une supplémentation orale de vitamine E à faible dose pour la DA : on observe
une amélioration des symptômes (troubles du sommeil, démangeaisons, étendue des lésions)
et une diminution significative du SCORAD. Grâce à ses propriétés antioxydantes, la vitamine
E protège les cellules immunitaires du stress oxydatif et agit notamment sur la production de
prostaglandines et histamines, limitant ainsi l’inflammation. Une utilisation cutanée de la
vitamine E n’est en revanche pas conseillée puisqu’elle entraine des sensations de brûlures,
des démangeaisons et des dermatites de contact (159,244).

1.4.3.5 Les phénols

Les phénols sont une famille de molécules produites par les végétaux. Ils sont
retrouvés dans de nombreux fruits et légumes comestibles comme les oignons, pommes,
tomates, graines ou noix. Les molécules appartenant à cette famille sont reconnues pour leurs
propriétés anti-oxydantes et anti-inflammatoires. Parmi celles-ci, la quercétine est un des
flavonoïdes apportés en grande quantité par notre alimentation et dont notre organisme a
besoin (entre 5 et 40mg par jour). Appliquée localement a obtenu des résultats bénéfiques
sur la DA avec des effets sur de nombreuses cellules et cytokines pro-inflammatoires
(notamment ses effets sur la voie TH2) et améliore l’aspect des lésions cutanées (159,245). En
supplémentation orale, la quercétine est un puissant anti-allergique et pourra avoir un rôle
bénéfique dans la DA et le psorasis (224).

106
Action sur la perméabilité intestinale
1.4.4.1 Les vitamines

Les vitamines qui permettent de maintenir l’intégrité intestinale sont principalement


la vitamine A et la vitamine D. Ces vitamines liposolubles renforcent les jonctions serrées, sont
nécessaires à la fois au bon développement et aux fonctions de nombreux types cellulaires de
l’immunité innée et adaptative. De plus, ils modulent la réponse immunitaire, en maintenant
un milieu anti-inflammatoire. La vitamine A stimule par ailleurs la production de peptides
antimicrobiens (159,246).

1.4.4.2 Les acides aminés

La glutamine est la principale source d’énergie pour les entérocytes et les cellules
immunitaires. Ses fonctions sont importantes dans l’expression des protéines constituant les
jonctions serrées, dans la prolifération des cellules épithéliales, mais aussi dans l’activation
des lymphocytes T. La glutamine possède un rôle essentiel dans la régulation de
l’inflammation et l’intégrité de la barrière intestinale. L’arginine est aussi impliquée dans le
maintien de la barrière épithéliale. Une supplémentation orale en glutamine et arginine
améliore les fonctions immunitaires intestinales et le maintien des jonctions serrées des
entérocytes (246).

1.4.4.3 Autres éléments

Le soutien de la muqueuse intestinale est permis par de nombreux composés comme


le zinc, les vitamines du groupe B et C. Les AGCC possèdent un rôle central dans la perméabilité
intestinale et sont apportés par l’alimentation. On les retrouve principalement dans les
aliments riches en fibres comme les céréales complètes ou semi-complètes (le quinoa, riz,
millet, sarrazin, etc). Par ailleurs, il est possible de soutenir sa muqueuse intestinale en
consommant des substances d’origine naturelle tels que le curcuma, des végétaux contenant
des polyphénols (comme le marc de raisin par exemple ou le thé), mais aussi la mélisse, la
myrtille et enfin les prébiotiques et probiotiques (246,247).

107
Enrichir son alimentation en micronutriments
L’alimentation est l’une des façons les plus simples de moduler notre microbiote
intestinal. Il est admis que l’adoption du régime alimentaire de type Méditerranéen très riche
en fibres a de nombreux avantages sur la santé. Il est caractérisé par la consommation
essentiellement de fruits, légumes, noix, huile d’olive, mais aussi de poissons et de produits
laitiers (159). Cependant, les aliments consommés aujourd’hui ne sont pas toujours
suffisamment riches en micronutriments de par leur mode de production ou de culture. Selon
la problématique observée par le patient, il est donc important pour résoudre ou prévenir une
carence, de consommer des compléments alimentaires.

1.5 Solutions pro et prébiotiques pour la santé


intestinale et cutanée

Probiotiques
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (2002), les probiotiques sont définis comme
des « micro-organismes vivants qui, lorsqu’ils sont ingérés en quantité suffisante, exercent
des effets positifs sur la santé, au-delà des effets nutritionnels traditionnels ». On les retrouve
dans de nombreux produits comme les aliments, les compléments alimentaires ou certains
médicaments (notamment l’ultra-levure). Même si le terme de « probiotiques » a été interdit
d’utilisation sur les emballages par la Direction Générale de la Concurrence, de la
Consommation et de la Répression des Fraudes, ils restent très médiatisés et attirent les
consommateurs. Les effets bénéfiques sur la santé sont diversifiés et dépendent de la souche,
de l’origine, de la quantité ingérée et du mode d’administration. De multiples souches de
probiotiques existent sur le marché pharmaceutique comme les bactéries du genre
Bifidobacterium, Lactobacillus, Bacillus, Streptococcus, une souche modifiée d’Escherichia coli
(Nissle 1917) ainsi que la levure Saccharomyces boulardii CNCM I-745 (159). Les souches
possédant des effets reconnus sur les pathologies dermatologiques seront abordées.
Prébiotiques
Le terme de prébiotique est défini par Gibson et al comme un « ingrédient alimentaire
non digestible qui stimule de manière sélective au niveau du côlon la multiplication ou
l’activité d’un nombre limité de groupes bactériens susceptibles d’améliorer la physiologie de
l’hôte » (248). Les prébiotiques sont caractérisés comme des polymères de glucides comme :

108
l’inuline, les fructo-oligosaccharides (FOS) ou les galacto-oligosaccharides (GOS). N’étant pas
digérés par l’hôte, ils fermentent dans le côlon et vont servir de substrat pour le microbiote
intestinal, facilitant ainsi sa croissance (159).
Effets pour la santé humaine
Les probiotiques sont utilisés depuis de nombreuses années pour leurs effets sur le
transit en cas de constipation ou diarrhée et en prévention d’infections génitale ou urinaire.
Pourtant, les effets des probiotiques sur la santé sont nombreux. Ils préviennent de
nombreuses maladies comme l’obésité, l’hypertension, l’hypercholestérolémie, les cancers,
les MII ou bien l’ostéoporose. Ils ont également des effets métaboliques importants avec la
synthèse de vitamines et améliorent l’assimilation des minéraux (calcium, magnésium, fer...).
Enfin, ils ont la capacité de moduler l’immunité et réduire l’allergie, l’inflammation, l’asthme
et l’eczéma (159).
Mécanismes d’action
Les probiotiques ont un effet non seulement sur les micro-organismes intestinaux,
mais aussi sur l’immunité. Ils agissent par compétition avec les agents pathogènes en formant
une barrière protectrice à proximité de l’épithélium intestinal ou en diminuant les ressources
indispensables à de nombreuses bactéries. Certaines souches sont capables de produire des
substances antimicrobiennes (AGCC, bactériocines, antibiotiques) et d’autres peuvent
neutraliser certaines toxines bactériennes (249). Enfin, les bactéries probiotiques exercent un
effet immunomodulateur, à travers leur interaction avec l’épithélium intestinal, l’activation
du système immunitaire inné et adaptatif (Figure 25) (159).

109
Dysbiose microbienne cutanée Homéostasie
microbienne cutanée

Lésion atopique Plaques Barrière cutanée


psoriasiques cicatrisant

Vaisseau sanguin
Cytokines pro- Cytokines anti-
inflammatoires inflammatoires

Environnement anti-inflammatoire Inflammation systémique Barrière retrouvant sa fonction


Intestin perméable, poreux

Jonctions serrées
Jonctions serrées qui se régénèrent
Cellules
épithéliales
inflammées

Acides biliaires Phénol,


Acides biliaires
secondaires Phénol, P-cresol
AGCC secondaires P-cresol

AGCC Vitamine D Vitamine D Métabolites


du microbiote
Métabolites du
microbiote

Cellules T Cellules T
régulatrices régulatrices

AGCC
Vitamine D

Intestin sain Dysbiose Dysbiose


Régime
occidental
Probiotiques
Figure 25 : Contribution d’un intestin dysbiotique à l’apparition de l’inflammation cutanée, mettant en
évidence les sites d’action potentiels de l’intervention probiotique pouvant entraîner l’atténuation de
l’état inflammatoire (250).

Amélioration de la dermatite atopique


Des études ont montré la présence d’une dysbiose intestinale chez les patients atteints
de DA et des niveaux plus élevés de Clostridium et d'E. Coli dans l’intestin des nourrissons
atopiques par rapport aux témoins sains (121). Étant donné le rôle important du microbiote
intestinal dans le développement immunitaire et l'homéostasie, les probiotiques peuvent être
utiles à la fois dans la prévention et le traitement des troubles allergiques, notamment la DA,
via des effets microbiens, épithéliaux et immunitaires (144).
Plusieurs études ont montré l’intérêt des probiotiques per os pour réduire le risque de DA
chez l’enfant lorsqu’ils sont administrés aux femmes enceintes, pendant l’allaitement ou

110
encore aux nourrissons. Ainsi, l’Organisation Internationale d’Allergologie (World Allergy
Organization) s’appuie sur ces données afin de donner 3 principales recommandations (251) :
- l’usage de probiotiques chez la femme enceinte durant les 3 derniers mois quand il
existe un risque élevé pour l’enfant de développer un eczéma,
- l’usage de probiotiques chez la femme allaitante quand il existe un risque élevé pour
l’enfant de développer un eczéma,
- l’usage de probiotiques chez les enfants à haut risque de développer un eczéma.
D’autres données sont encourageantes sur l’usage des probiotiques chez l’adulte et l’enfant,
avec une amélioration du SCORAD grâce à l’apport de la bactérie Bifidobacterium breve.
D’autres espèces ont montré des effets anti-pruritiques comme Bifidobacterium animalis
(159).
En application locale deux types de produits ont montré des résultats intéressants sur
les lésions de DA. C’est le cas des eaux thermales, conférant des propriétés anti-
inflammatoires et réequilibrantes du microbiote cutané et de crèmes à base de Vitreoscilla
filiformis (3).
Bénéfices pour l’acné
Les antibiotiques topiques et oraux sont souvent inclus dans les régimes traditionnels
de traitement de l'acné. Bien qu'efficace sur certains types d’acné, cette approche risque la
résistance aux antibiotiques et la perturbation du microbiote. Compte tenu du rôle de la
dysbiose intestinale dans les affections cutanées inflammatoires, la supplémentation en
probiotiques représente une approche prometteuse alternative ou adjuvante du traitement
de l'acné (144). Plusieurs études cliniques démontrent des résultats en ce sens, en utilisant
une complémentation alimentaire en différentes souches de probiotiques. Dans une première
étude, l'ingestion de comprimés probiotiques de Lactobacillus acidophilus et Lactobacillus
bulgaricus par 300 patients acnéiques a entraîné une amélioration de l'acné chez 80 % des
sujets, en particulier chez les sujets présentant des lésions inflammatoires (144,178). Dans
une autre étude, les sujets qui ont reçu des espèces de Lactobacillus et de Bifidobacterium par
voie orale en conjonction avec des antibiotiques oraux ont présenté une diminution
significativement plus importante du nombre de lésions d'acné par rapport à un groupe
témoin contenant uniquement des antibiotiques. Des études in vitro démontrent que les
souches Streptococcus salivarius et Lactococcus HY449 produisent respectivement une
substance inhibitrice de type bactériocine et des bactériocines, qui inhibent la croissance de

111
C. acnes. Associées aux propriétés antimicrobienne, on a observé chez Streptococcus
salivarius une action anti-inflammatoire par l'inhibition de la sécrétion d'IL-8, la suppression
de la voie NF-κB et la régulation négative des gènes associés à l'adhésion des bactéries aux
surfaces épidermiques (252). Les probiotiques peuvent également réduire la charge
glycémique, réduire la signalisation IGF-1 et diminuer la prolifération des kératinocytes et
l'hyperplasie des glandes sébacées. Dans une étude pilote, la consommation de Lactobacillus
rhamnosus SP1 pendant 12 semaines a entraîné une diminution de l'expression de l'IGF-1 et
des marqueurs de stress oxydatif (253). Enfin, sur rongeur diabétiques et obèses,
l'administration d'espèces de Bifidobacterium a entraîné une inhibition de l'endotoxémie et
de l'inflammation induites par un régime riche en graisses via un mécanisme dépendant du
GLP-2. L'augmentation du peptide 2 de type glucagon (GLP-2), un peptide dérivé du
proglucagon intestinalotrophique, a entraîné une amélioration de l'intégrité des jonctions
serrées et une réduction de la perméabilité intestinale (144).
En application locale, un spray probiotique topique à base de Nitrosomonas eutropha
a été développé et permet une réduction de l’acné après 12 semaines d’utilisation. (3).
Bénéfices pour le psoriasis
Certaines études scientifiques ont apporté la preuve que l'utilisation de probiotiques
a un effet positif sur l'évolution du psoriasis. Lactobacillus pentosus GMNL-77 et
Bifidobacterium infantis 35,624 ont amélioré le phénotype du psoriasis dans un modèle murin
de psoriasis ainsi que chez l'homme. Une diminution de la CRP plasmatique et des cytokines
pro-inflammatoires (c'est-à-dire TNF-α et IL-6) a également été décrite, ce qui peut indiquer
un rôle anti-inflammatoire potentiel des probiotiques. L'influence des probiotiques sur le
système immunitaire est probablement due à la régulation négative des cellules dendritiques,
qui jouent un rôle dans le processus de présentation de l'antigène, affectant les cellules
régulatrices T dans l'intestin humain (196).
Intérêt dans la cicatrisation des plaies
Différentes études cliniques ont permis de confirmer l’importance d’une
supplémentation en Lactobacillus avant et après chirurgie dans la cicatrisation des plaies et la
prévention des infections (3). L'utilisation de probiotiques a également réduit la durée et la
nécessité des antibiotiques, ce qui est important pour prévenir la résistance, particulièrement
avec l'incidence croissante des pathogènes nosocomiaux. Une étude sur des adolescents

112
victimes de brûlures a montré que la consommation de Lactobacillus fermentum et
Lactobacillus delbrueckii deux fois par jour pendant la durée du séjour à l'hôpital diminuait les
taux de greffe de peau (intervention 10 % ; placebo 40 %), la durée du séjour à l'hôpital
(17,25 jours ; 21,9 jours) et les infections (35 % ; 60 %) par rapport à la cohorte placebo (3).
Des résultats encourageants sont aussi visibles lorsqu’une supplémentation en probiotiques
est réalisée chez les patients brûlés (3). En application topique, Lactobacillus plantarum
appliqué quotidiennement pendant 10 jours a entraîné une réduction de la quantité de
bactéries nocives et une meilleur cicatrisation sur un site brûlé par rapport à une application
de Sulfadiazine d’argent habituellement pratiquée (3).

Conseils à l’officine

À l’officine, nous sommes quotidiennement confrontés à des patients présentant des


pathologies dermatologiques. Ces pathologies sont, pour la plupart, engendrées ou stimulées
par notre mode de vie, nos habitudes alimentaires. Il en est de même pour la composition de
notre microbiote intestinal. Certains produits seront cités à titre d’exemples, il en existe
cependant d’autres, présentant un intérêt similaire pour la prise en charge de ces pathologies.

2.1 Régime méditerranéen

Pour toutes les pathologies citées précédemment, notre premier conseil sera
d’adopter un mode de vie plus sain. Cela passe par l’adoption d’un régime Méditerranéen
riche en fibres, oléagineux et céréales complètes.

2.2 Impact du stress

Le stress est vecteur et accélérateur des processus inflammatoires. Nous pouvons


conseiller, en plus d’une bonne hygiène de vie, divers compléments alimentaires pour aider à
le réduire. Le magnésium est recommandé dans cette indication car il permet de réguler le
stress et la fatigue. Le magnésium du laboratoire Ysonut, amino-complexé et très bien absorbé
par la muqueuse digestive permet un apport optimal de 300 mg de magnésium quotidien. La
spécialité PROBIOVANCE S3® permet d’agir sur l’axe intestin cerveau par sa composition en
probiotiques et safran. Elle réduit l’inflammation intestinale et augmente la synthèse de NT
avec le safran.

113
2.3 Dysbiose et inflammation intestinale

Chez les adultes et les enfants, une dysbiose intestinale est régulièrement impliquée
dans les pathologies dermatologiques. Si tel est le cas, en fonction de l’âge du patient nous
pourrons conseiller diverses gammes de produits. En guise d’illustration, la gamme
PROBIOVANCE du laboratoire Ysonut est présentée.
Pour les enfants dès la naissance nous pourrons conseiller PROBIOVANCE J® riche en 5
souches de probiotiques réputées pour leur action dans la physiopathologie de la DA (Figure
26).

Figure 26 : composition de PROBIOVANCE J®.

A partir de 15 ans nous pourrons conseiller pour ces patients la spécialité


PROBIOVANCE I 10®, composée de 109 UFC (Unité Formant Colonie) de Bifidobacterium
bifidum, L. rhamnosus et acidophilus (Figure 27).

Figure 27 : composition de PROBIOVANCE I 10®.

Dans le cas où les probiotiques ne fonctionnent pas, il est conseillé de limiter dans un
premier temps la prolifération de bactéries nocives, avant de ré-introduire des souches
bénéfiques. Dans ce cas, on pourra conseiller la spécialité DISBIOVANCE® à base de
phytothérapie.

114
Pour réduire l’inconfort et l’inflammation intestinale, on peut associer la glutamine.
Présente dans la spécialité GLUTAVANCE®, il est conseillé de consommer 2,5 à 5 grammes de
glutamine pour améliorer la fonction des jonctions serrées au niveau de l’intestin.
Pour potentialiser l’action des probiotiques, on peut associer des prébiotiques, retrouvés dans
la spécialité INULIVANCE® (Figure 28).

Figure 28 : composition de la spécialité INULIVANCE®.

2.4 Réduire l’inflammation systémique

La population occidentale présente une consommation déséquilibrée entre les w-3 et


les w-6. On estime actuellement les apports autour de 1 w-3 pour 20 w-6 voire 1 w-3 pour 50
w-6 dans certaines régions du monde (224). Or, en quantité trop importante les w-6 sont pro-
inflammatoires. Un bénéfice dans les différentes pathologies dermatologiques citées
précédemment est observée lors d’une supplémentation en w-3. On pourra conseiller la
spécialité OMEGA 3 EPA+® pour réparer ce déséquilibre et réduire l’inflammation de manière
générale.

2.5 Solutions pour la dermatite atopique

En plus des solutions précédentes, une prise en charge de la DA par divers


compléments alimentaires et dermo-cosmétiques est possible. Dans le cas où le patient ne
consomme pas suffisamment d’w-3 et w-6, on peut conseiller la spécialité BOURRACHE-
CASSIS® avec la prise de 2 gélules le soir. L’objectif est de régénérer la bicouche lipidique de
la membrane cellulaire cutanée et la guérison des lésions par sa composition en huile de
bourrache, de pépins de cassis, vitamine E, w-3 et w-6. Pour réduire le grattage et
l’inflammation cutanée par le biais de l’histamine libérée par les mastocytes, on peut associer
le complément QUERCETINE COMPLEX®. La quercétine est un puissant antioxydant et anti-
inflammatoire (224). Le laboratoire SVR propose la spécialité PROBIOCURE TOPIALYSE® dont

115
il est conseillé de consommer une gélule par jour. On retrouve dans sa composition 109 d’UFC
de L. rhamnosus, de l’huile de bourrache et de la vitamine B3.
En topique on pourra recommander des eaux thermales pour l’équilibre du microbiote
cutané et différents soins dont le but est de restaurer le microbiote cutané et la barrière
lipidique. Le soin doit être complet, de l’utilisation d’un produit de douche relipidant et
émollient à la crème ou au baume appliqué par la suite. La gamme TOPIALYSE SVR est adaptée
au soin des peaux à tendance atopiques. La peau ne doit pas être frottée, mais séchée par
pression et la douche doit être tiède pour ne pas agresser la barrière lipidique.

Figure 29 : solutions pour la DA.

2.6 Solutions pour l’acné

La prise en charge de l’acné, par la prise de compléments alimentaire est efficace. On


pourra recommander la spécialité ACNAVANCE®. La composition est particulièrement
complète :
- 2 souches de Lactobacillus (L. casei et L. rhamnosus à 5.109 UFC),
- Vitamines et oligo-éléments : zinc, vitamine B5, sélénium, magnésium,
- Antioxydant : N-acétyl-cystéine,
- Plantes aux propriétés dépuratives, assainissantes et anti-inflammatoires : radis noir,
bardane, curcuma et pensée sauvage.
La solution PROBIOCURE SEBIACLEAR® est aussi intéressante par sa composition :
- 3 souches microbiotiques : 3,2.109 par gélule : L. rhamnsosus GG, L. acidophilus,
Bifidobacterium bifidum
- Zinc et sélénium
- Ortie
Pour les patients dont la consommation de certaines plantes est déconseillée on
pourra recommander uniquement le zinc par voie orale, 30 mg par jour. Quelle que soit la
nature de la complémentation il est conseillé de réaliser 3 mois de cure pour observer un
effet.

116
En topique on conseillera une routine adaptée avec l’utilisation d’un gel nettoyant
réequilibrant, un sérum aux propriétés anti-inflammatoires, régulatrices et assainissantes et
une crème hydratante pour restaurer la barrière cutanée. De nombreuses molécules
permettent la réduction des lésions telles que le gluconolactone, l’acide azélaïque, les acides
AHA, BHA et PHA sans irriter la peau contrairement au peroxyde de benzoyle. On déconseille
fortement une exfoliation par gommage mécanique. Ceux-ci altèrent la barrière cutanée et
renforcent l’inflammation cutanée (124). On ajoutera une crème avec une protection solaire
pour limiter l’hyperkératinisation associée et l’apparition de taches suite à la cicatrisation des
lésions (124).

Figure 30 : solutions pour l'acné.

2.7 Solutions pour l’hidradénite suppurée

Pour améliorer les symptômes de cette pathologie, une supplémentation orale en zinc,
à 30 mg par jour sera recommandée. Ses propriétés anti-inflammatoires, immuno-
modulatrices, anti-androgènes et antibactériennes en font un allié important pour réduire la
sécrétion de sébum et la prolifération de C. acnes (124). La spécialité ACNAVANCE® peut aussi
être conseillée.
En topique, quel que soit la sévérité de la pathologie on conseillera une routine
d’hygiène basée sur un gel, un baume ou une huile lavante, aux propriétés émollientes et
relipidantes. Si les lésions sont à vif on pourra conseiller le gel lavant CICAPLAST B5® aux
propriétés assainissantes. Selon la sévérité des lésions, la suite de la routine de soins ne sera
pas la même. Dans le cas où les lésions sont modérées, des crèmes pour peaux à tendance
acnéiques seront adaptées, formulées à base d’exfoliants non irritants et anti-inflammatoires
elles pourront être utilisées matin et soir. Lorsque le patient fait usage du peroxyde de
benzoyle sur des lésions plus importantes, on lui conseillera des soins très hydratants, riches
en céramides et acide hyaluronique pour éviter la sécheresse et l’irritation induite par la
molécule.

117
Figure 31 : solutions complémentaires à l'hidradénite
suppurée.

2.8 Solutions pour la rosacée


La rosacée est une pathologie mêlant dysbiose du microbiote cutané, inflammation et
vasodilatation. Lorsqu’une vasodilatation est associée au niveau des lésions on pourra
conseiller le QUERCETINE COMPLEX®, améliorant la circulation sanguine systémique avec la
prise d’une gélule quotidienne. Lorsque le laser est utilisé dans le traitement des lésions on
peut associer le produit DERMOVANCE®, anti-oxydant pour la peau, composé de marc de
raisin, tyrosine, huile de bourrache, grenade, zinc, melon, lycopène, sélénium, vitamines A et
E. La prise d’une gélule par jour permet une meilleure cicatrisation suite à un acte abrasif.
En local, on pourra recommander la gamme SENSIFINE des laboratoires SVR, adaptée
aux peaux fragiles et très réactives. Comme pour l’acné, l’utilisation d’une protection solaire
est importante.

Figure 32 : solutions adjuvantes au traitement de la rosacée.

2.9 Solutions pour le psoriasis

Par voie orale nous pourrons ajouter, en plus des recommandations globales
précédentes, la spécialité BOURRACHE-CASSIS® par la prise de deux comprimés le soir. En
application cutanée nous recommanderons la gamme KERTYOL PSO® des laboratoires
DUCRAY. Cette gamme aussi bien adaptée au cuir chevelu qu’à la peau comporte des
propriétés kératolytiques et hydratantes pour régénérer la barrière cutanée. Quelle que soit
la période, on utilisera le gel nettoyant en soin d’hygiène. Lors de poussée, on recommandera
le concentré et le baume en entretien. La gamme PSORIANE du laboratoire NOREVA est aussi
adaptée à l’accompagnement et au soin des peaux à tendance psoriasiques.

118
Figure 33 : solutions adjuvantes au traitement
du psoriasis.

2.10 Conseils pour la cicatrisation des plaies

La synthèse du collagène est essentielle pour une bonne cicatrisation cutanée. Par voie
orale nous recommanderons la spécialité HYALUROVANCE®, permettant par sa formulation
complète, une réparation de la barrière cutanée, la néocolagenèse ainsi qu’une action anti-
oxydante. On conseille la prise d’un stick par jour, sur une période de 2 à 3 mois.
En local, on pourra associer, selon la profondeur et la complexité de la plaie, l’eau
thermale de la Roche Posay ou la spécialité SEROZINC®. Lorsqu’il s’agit d’une irritation ou la
cicatrisation suite à un acte de laser, on conseillera le CICAPLAST BAUME B5®, basé sur
l’équilibre du microbiote cutané.

Figure 34 : solutions pour améliorer et accélérer la


cicatrisation des plaies.

Synthèse
Notre rôle en tant que pharmacien d’officine est de tenter d’améliorer et d’orienter au
mieux les patients atteints de pathologies, notamment dermatologiques. Lorsque le patient
est demandeur de conseils, il est important de poser les bonnes questions sur son hygiène de
vie et les produits qu’il applique sur sa peau. De manière générale, un apport équilibré en
macro et micronutriments est indispensable. On recommande la consommation suffisante de
fruits, légumes, fibres et laitages régulière. Pour compléter ces apports, une supplémentation
en w-3, vitamine D et magnésium est intéressante. Selon les symptômes évoqués on pourra
conseiller des probiotiques ou de la glutamine pour restaurer la barrière intestinale. En
fonction de la pathologie on peut associer du zinc, des plantes aux propriétés hydratantes,
assainissantes et anti-inflammatoires ou du collagène. En association, diverses gammes de
produits topiques viendront compléter l’action des compléments alimentaires.

119
CONCLUSION
L’écosystème intestinal est composé de la triade microbiote – muqueuse intestinale –
cellules immunitaires. Le lien étroit entre ces éléments fait de notre microbiote intestinal un
élément central de notre système de défense immunitaire. Dans certains cas, il promeut ou
exacerbe la dérégulation immunitaire provoquant, à l’échelle cutanée, des pathologies
variées. Lors d’une dysbiose intestinale, cet écosystème intestinal est perturbé, impactant les
autres acteurs de la triade. D’une part la muqueuse intestinale devient perméable et
enflammée. D’autre part, le système immunitaire s’active et laisse passer des éléments pro-
inflammatoires dans le sang. Dans ce contexte, la micronutrition peut permettre de prévenir
la persistance de certains troubles fonctionnels. Établir un lien entre la micronutrition et la
diminution des phénomènes inflammatoires dans le cadre des pathologies dermatologiques
est ainsi justifié. De nombreux micronutriments participent à l’amélioration de la
symptomatologie : les vitamines, minéraux, oligoéléments, certains acides gras et acides
aminés aux propriétés anti-inflammatoires, anti-oxydantes, au potentiel hydratant et agissant
sur la perméabilité membranaire, présentent des effets bénéfiques dans ces diverses
pathologies. En privilégiant les fibres dans notre alimentation, nous contribuons à l’équilibre
du microbiote intestinal et du système immunitaire, mais aussi à la prévention de
l’inflammation et à l’hyperperméabilité de la muqueuse intestinale. Par ailleurs, pour rétablir
l’équilibre du microbiote intestinal, l’apport en probiotiques devient indispensable. Leur usage
est d’ailleurs recommandé par l’Organisation Internationale d’Allergologie. Les probiotiques
des genres Lactobacillus et Bifidobacterium (utilisés per os), parfois associés à des
prébiotiques, améliorent les symptômes de la dermatite atopique, de l’acné et du psoriasis
(121,159).
Les pathologies dermatologiques telles que la dermatite atopique, l’acné, la rosacée,
l’hidradénite suppurée, le psoriasis et la cicatrisation des plaies ne sont pas les seules
impactées par une dysbiose et une inflammation intestinale. L’existence d’un lien entre la
dermite séborrhéique et un déséquilibre du microbiote intestinal a notamment été retrouvée.
De manière préventive, la propriété photo-protectrice du microbiote intestinal, en lien avec
le microbiote cutané pourrait éviter les dommages causés par les rayons UV, le vieillissement
cutané ou à terme, un mélanome.

120
Selon les dernières recherches, il semble que l’axe intestin-peau soit en fait intégré de
manière plus générale à l’axe intestin-cerveau-peau mettant en jeux les nombreux
neurotransmetteurs synthétisés au niveau intestinal, ce qui ouvre des perspectives nouvelles
pour la prévention et le traitement des pathologies dermatologiques.

Le doyen de l’UFR de pharmacie, Le président du Jury,

Christiane FORESTIER Valérie LIVRELLI

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138
ANNEXES
I. Métabolisme de la filaggrine (254)

Acides Aminés
®Facteur Naturel d’Hydratation (FNH)

Monomères de filaggrine libres


disséminés

Monomères de filaggrine associés aux


filaments de kératine

Synthétisée sous la forme d’un précurseur de grande taille, la profilaggrine va être phosphorylée et
stockée dans le cytoplasme des kératinocytes granuleux sous la forme de granules de kératohyaline.
Ce précurseur de haut poids moléculaire est composé de 10 à 12 sous-unités de filaggrine répétées en
tandem. Lors du processus de cornification, la profilaggrine est déphosphorylée puis protéolysée en
sous-unités monomériques de filaggrine. Celles-ci s’associent aux filaments intermédiaires de kératine
permettant la formation de la matrice fibreuse intra-cornéocytaire. Au sein des assises cellulaires
profondes de la couche cornée, ces sous-unités subissent une modification post-traductionnelle
appelée désimination (ou encore citrullination) : les résidus arginyl sont transformés en résidus citrullyl
par une (ou des) peptidylarginine désiminase(s), engendrant un changement global de charge. La
filaggrine désiminée, alors acide, perd son affinité pour les filaments intermédiaires de kératines avant
d’être complètement dégradée, générant les acides aminés qui constituent le FNH.

139
II. Évaluation de la sévérité de la dermatite atopique en
fonction du SCORAD (163)
Dermatite atopique Légère Modérée Sévère
SCORAD <25 25-50 >50

III. Les acides aminés essentiels et semi-essentiels (159)

IV. Principaux acides gras saturés et insaturés (159)

140
SERMENT DE GALIEN

En présence des maîtres de la Faculté, des conseillers de l’Ordre et de mes

condisciples, je jure :

D’honorer ceux qui m’ont instruit dans les préceptes de mon art et de leur

témoigner ma reconnaissance en restant fidèle à leur enseignement.

D’exercer, dans l’intérêt de la santé publique, ma profession avec conscience et

de respecter non seulement la législation en vigueur, mais aussi les règles de

l’honneur, de la probité et du désintéressement.

De ne jamais oublier ma responsabilité et mes devoirs envers le malade et sa

dignité humaine

En aucun cas, je ne consentirai à utiliser mes connaissances et mon état pour

corrompre les mœurs et favoriser des actes criminels.

Que les hommes m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses.

Que je sois couvert d’opprobre et méprisé de mes confrères si j’y manque.

141
RESUME
La présence de bactéries dans nos intestins est une information connue depuis longtemps.
Plus récemment, il a été démontré que ce microbiote intestinal participe à l’établissement et
à la maturation du système immunitaire, et possède donc un rôle central dans le maintien de
l’équilibre inflammatoire. Ce lien immunitaire avec les organes, dont la peau, en fait un axe
de recherche de premier choix dans le traitement et la prise en charge des pathologies
dermatologiques, à forte prédominance auto-immune. Intervenir, par le biais de la
micronutrition et des probiotiques pourrait permettre, en compléments des traitements
topiques, de rééquilibrer un terrain dysbiotique et pro-inflammatoire.
Comment la réactivité immunitaire, médiée par le microbiote intestinal et cutané, entre en
compte dans les pathologies dermatologiques les plus répandues ? Quel est l’intérêt de la
micronutrition et quels sont les conseils à prodiguer à l’officine pour réduire la prévalence de
ces pathologies ou en améliorer les symptômes ?
Ces deux problématiques seront abordées dans cette thèse. La composition et les fonctions
du microbiote intestinal, puis du microbiote cutané, seront développées dans les deux
premiers chapitres. Une troisième partie présentera l’axe intestin-peau et la physiopathologie
de pathologies dermatologiques telles que la dermatite atopique, l’acné, la rosée,
l’hidradénite suppurée, le psoriasis et la cicatrisation des plaies en lien avec le microbiote
intestinal et cutané. Enfin, la quatrième partie abordera l’importance de la micronutrition, de
l’usage des probiotiques et de certains nutriments ayant montré des résultats favorables à
l’amélioration des symptômes de ces pathologies.

MOTS CLES
Microbiote intestinal – Pathologies dermatologiques – Immunité – Dysbiose – Micronutrition
Probiotiques – Prébiotiques – Conseils

142

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