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Chapitre 1 .

Les nombres

1. Les entiers naturels

Notre relation avec les nombres commence dès la petite enfance avec l’acquisi-
tion de la capacité à compter les choses. On apprend à compter « jusqu’à dix »,
puis « jusqu’à cent » et ainsi de suite. Ce comptage se fait avec des nombres
« entiers » car le petit enfant ne compte que des objets « entiers » sans les
découper en morceaux.
En mathématiques, ces premiers nombres que l’on manipule sont appelés
entiers naturels. Ainsi 0, 1, 2, 345, 1 077 sont des entiers naturels. L’ensemble
des nombres entiers naturels est appelé . Cet ensemble est infini puisqu’il
suffit d’ajouter 1 au dernier nombre considéré pour en créer un nouveau.
L’étude des entiers naturels est une discipline toujours en vigueur aujourd’hui,
l’arithmétique, dont nous donnerons un aperçu dans le chapitre 2.
Après le comptage, on introduit le calcul à l’école primaire et les quatre opé-
rations : addition, soustraction, multiplication et division. Nous ne détaillerons
pas ici ces différentes manipulations, considérées comme acquises.
L’addition et la multiplication ne posent pas de problèmes particuliers en
termes algébriques.
La soustraction pose un problème à l’écolier. En effet, certaines soustractions
sont impossibles au sein de l’ensemble des entiers naturels. Ainsi comment
calculer 2 − 5 ?

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De même, la division n’est pas toujours possible dans l’ensemble . Comment
diviser 2 par 3 ?
Mener à bien ces calculs et être capable de nommer leur résultat nécessite
l’introduction d’autres nombres.

2. Les entiers relatifs

La soustraction 2 − 5 peut être vue de manière intuitive comme un déplacement


sur une règle graduée ou sur un parcours de type « jeu de l’oie ». J’avance
de 2 graduations ou de 2 cases et je recule de 5 graduations ou de 5 cases. Je
me retrouve donc 3 graduations ou 3 cases avant mon point de départ. En
mathématiques, on va donc considérer que le déplacement est de 3 et on va
indiquer que l’on a « reculé » grâce au signe « − ».

On obtient donc 2 − 5 = −3.


On vient donc de créer −3, qui est un nombre négatif, que l’on lit « moins trois ».
À noter que dans l’égalité 2 − 5 = −3, les deux signes « − » n’ont pas la même
signification. Le premier indique une opération, la soustraction. Le deuxième
indique le signe du nombre.
On notera également que 5 − 2 = +3 = 3. En effet, si on adopte la même logique
intuitive que ci-dessus, 5 − 2 correspond à un déplacement de 3 « vers l’avant ».
Puisque l’on indique « − » lorsqu’on « recule », il est cohérent d’indiquer « + »

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lorsqu’on « avance ». Par souci d’économie, on considère que le « + » n’est pas
obligatoire et que son absence indique un nombre positif.
En ajoutant un signe « − » devant tout nombre entier naturel, on obtient un
entier négatif. L’ensemble des nombres entiers, qu’ils soient positifs ou néga-
tifs s’appelle l’ensemble des entiers relatifs. On l’appelle .
Contrairement aux entiers naturels, les entiers relatifs constituent donc un
ensemble dans lequel toutes les additions et soustractions sont possibles.

Pour aller plus loin


Ce dernier point, rendre les opérations possibles, peut paraître anodin
mais il est essentiel en algèbre car il introduit la notion de loi de com-
position interne à un ensemble qui permet la définition des premières
structures algébriques. Le lecteur qui désire se documenter sur ce sujet
pourra se référer à des ouvrages d’algèbre de l’enseignement supérieur.

Un entier relatif se compose donc d’un nombre entier naturel précédé d’un
signe, ce signe pouvant être omis s’il est positif. Le nombre entier naturel se
nomme distance à zéro au collège et valeur absolue par la suite. Ainsi, 567 a
pour distance à zéro 567 et −12 a pour distance à zéro 12. La valeur absolue
se note entre deux traits verticaux. Ainsi 567 = 567 et −12 = 12

Vocabulaire complémentaire
L’opposé d’un nombre est un nombre qui a la même distance à zéro
(même valeur absolue) et un signe contraire. Par exemple −3 est l’opposé
de 3, 5 est l’opposé de −5.

Remarque On note l’opposé également avec un signe « − », ce qui


ne simplifie pas forcément la compréhension de l’écriture mathéma-
tique. En effet −3 désigne à la fois le nombre négatif (lu « moins trois »)
( )
et l’opposé du nombre 3. L’écriture − −3 désigne l’opposé du nombre
−3. D’après ce qui précède, il s’agit du nombre qui a la même valeur
absolue que −3 et un signe opposé, c’est-à-dire +3 ou plus simplement
( )
3. On a donc − −3 = 3, le premier « − » signifiant « opposé » et le
deuxième étant le signe du nombre négatif −3.

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3. Les nombres décimaux

Au primaire, on apprend la division « à virgule » et on introduit les nombres


décimaux. Ainsi 7 ÷ 2 = 3,5. Le nombre décimal est composé d’une partie
entière située avant la virgule et d’une partie décimale, située après la virgule.
L’ensemble des nombres décimaux est appelé .
L’écriture décimale est pratique et permet en outre de préciser la compré-
hension de la division à l’école. L’enfant peut désormais découper les objets
en morceaux.
On verra plus avant dans ce livre, à la fin du chapitre 3, la manière plus « mathé-
matique » de définir un nombre décimal.
Cependant, algébriquement parlant, les nombres décimaux ne présentent pas
un très grand intérêt. En particulier, ils ne permettent pas de donner le résultat
de toutes les divisions. Par exemple 2 divisé par 3 ne peut pas s’écrire sous
forme décimale, puisque la suite des nombres figurant après la virgule est infinie.
On peut rencontrer la notation 0,666… les points de suspension signifiant que
l’on répète le « 6 » indéfiniment. Mais ce système ne peut représenter tous les
quotients. Par exemple un nombre dans lequel le schéma qui se répète après
la virgule comporte un nombre élevé de chiffres ne peut en pratique pas être
représenté de cette manière.

4. Les nombres rationnels

Il faut donc introduire de nouveaux nombres, que l’on appelle les nombres
2
rationnels. On écrit alors , qui se lit « deux tiers » ou « deux sur trois ».
2 3
est donc le nombre créé pour indiquer le résultat de la division de 2 par 3.
3
2
En d’autres termes, est le nombre qui multiplié par 3 donne 2.
3
Pour ce qui est du vocabulaire, le trait horizontal s’appelle un trait de fraction,
le nombre situé au-dessus est le numérateur et le nombre situé au-dessous
est le dénominateur. Pour éviter de confondre ces deux termes, il faut com-
5
prendre leur signification. se lit « cinq septièmes ». Le nombre situé au-des-
7
sous du trait de fraction donne donc son nom au nombre rationnel (il s’agit de
septièmes), d’où l’appellation de dénominateur (il « nomme »). Le nombre situé
au-dessus du trait de fraction indique combien le nombre rationnel contient
de septièmes, il s’agit du numérateur (il « numérote »).

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Un nombre rationnel est donc une fraction, c’est-à-dire le quotient d’un nombre
entier par un nombre entier. À noter que ces nombres entiers peuvent être
−5
positifs ou négatifs. désigne ainsi le résultat de la division de −5 par 7. On
7
verra plus avant dans ce livre, dans le paragraphe 2.2 du chapitre 3, comment
mener des calculs avec des nombres négatifs et avec des fractions.
L’ensemble des nombres rationnels est appelé . Il est celui qui permet de
rendre possible toutes les divisions de nombres entiers.

Pour aller plus loin


De même que pour l’introduction de l’ensemble , ce point est éga-
lement essentiel en algèbre car il introduit la notion de corps. Le
lecteur qui désire se documenter sur ce sujet pourra se référer à des
ouvrages d’algèbre de l’enseignement supérieur.

Remarque On généralise la notion de fraction à celle d’écriture frac-


tionnaire, qui consiste à utiliser un trait de fraction pour indiquer une
2,5 2,5
division. Ainsi 2,5 ÷ 1,6 = = 1,5625. est une écriture fractionnaire
1,6 1,6
mais n’est pas une fraction, puisque 2,5 et 1,6 ne sont pas des entiers.

5. Les nombres réels

Bien que résolvant le problème de la division, l’ensemble  ne permet pas de


décrire tous les nombres. En effet, certains nombres ne sont pas le résultat de
la division d’un nombre entier par un nombre entier.
Les nombres qui ne sont pas rationnels s’appellent irrationnels. On peut par
exemple citer le nombre π (lire « pi »), connu depuis l’antiquité, qui intervient
notamment dans le calcul du périmètre d’un cercle. Un autre exemple de
nombre irrationnel est 2 (lire « racine carrée de 2 » ou « racine de 2 »). On
verra plus avant dans ce livre, dans le paragraphe 4.1.1. du chapitre 4, la signi-
fication d’une racine carrée. Le caractère irrationnel de 2 est démontré dans
le paragraphe 5 du chapitre 9.
À noter qu’il existe une infinité de nombres irrationnels et qu’entre deux
nombres rationnels, on peut toujours trouver des nombres irrationnels. L’en-
semble des rationnels  est donc « à trous ».
L’ensemble des nombres rationnels et irrationnels constitue l’ensemble des
nombres réels. Il est appelé .

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L’ensemble  permet de « compléter » l’ensemble des nombres. Il n’existe
alors plus de « trou » entre deux nombres.

Pour aller plus loin


L’ensemble  est la base de la branche des mathématiques appelée
analyse, qui s’intéresse en particulier à ce qu’il se passe « à la limite »
de l’ensemble des nombres, quand les nombres étudiés ou intervenant
dans des calculs deviennent infiniment petits ou infiniment grands.
Nous aborderons quelques notions d’analyse, en particulier dans le
chapitre sur les fonctions et dans celui sur les suites. Le lecteur qui
désire se documenter sur ce sujet pourra se référer à des ouvrages
d’analyse de l’enseignement supérieur.

6. Repérage

Une utilisation des nombres qui nous sera utile par la suite est le repérage de
points sur une représentation graphique.

6.1. Repérage sur un axe gradué

Un axe gradué est défini par :


• une origine, à partir de laquelle on compte les graduations, ici le point O ;
• une unité de graduation : la longueur séparant la graduation 0 de la gra-
duation 1 ;
• un sens de graduation, qui permet de déterminer dans quel sens on compte
positivement.
Un point est repéré sur l’axe par un nombre appelé abscisse. Dans le schéma
ci-dessus, A a pour abscisse −2, B a pour abscisse −1,2 et C a pour abscisse 1,5.

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6.2. Repérage en deux dimensions
Le repérage sur une surface plane nécessite deux axes gradués. L’axe horizontal
s’appelle l’axe des abscisses. Le second axe est celui des ordonnées. Un point
est alors repéré par ses coordonnées, que l’on indique entre parenthèses,
séparées par un point-virgule. L’abscisse est indiquée en premier.

Dans la figure précédente, le point A a pour coordonnées (2 ; 2,6), le point B a


pour abscisse –2 et le point C a pour ordonnée –2.

Vocabulaire complémentaire
Si les deux axes sont perpendiculaires et utilisent la même unité de
graduation, comme dans la figure ci-dessus, on dit que le repère est
orthonormé. Si les deux axes sont perpendiculaires mais n’utilisent pas
la même unité de graduation, on parle de repère orthogonal. À titre
d’illustration, voici un exemple de repère orthogonal, non orthonormé
(l’unité sur l’axe des ordonnées est cinq fois plus grande que celle utilisée
sur l’axe des abscisses) :

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7. Comparaison

Les nombres peuvent être comparés entre eux. Les différents symboles utilisés
pour les comparer sont les suivants :
• = « égal »
Exemple 3 × 2 = 6 « le produit de 3 par 2 est égal à 6 »
• ≠ « non égal »
Exemple 3 + 2 ≠ 6 « la somme de 3 et de 2 n’est pas égale à 6 »
• < « inférieur (ou strictement inférieur) »
Exemple 10 < 13 « 10 est (strictement) inférieur à 13 »
• ≤ « inférieur ou égal »
Exemples 10 ≤ 13 « 10 est inférieur ou égal à 13 » (puisque inférieur)
10 ≤ 10 « 10 est inférieur ou égal à 10 » (puisque égal)
• > « supérieur (ou strictement supérieur) »
Exemple 13 > 10 « 13 est (strictement) supérieur à 10 »
• ≥ « supérieur ou égal »
Exemples 13 ≥ 10 « 13 est supérieur ou égal à 10 » (puisque supérieur)
10 ≥ 10 « 10 est supérieur ou égal à 10 » (puisque égal)

Note On pourrait questionner l’utilité des symboles ≤ et ≥ puisque l’on dispose


de symboles donnant plus de précisions : =, < et >. Leur intérêt vient du fait
que dans la vie réelle, une situation n’est pas forcément modélisée par une
égalité ou par une inégalité stricte (ne permettant pas l’égalité). À titre d’illus-
tration, un parc d’attractions peut interdire l’accès à un manège aux enfants
dont la taille est inférieure à 1,40 m. On peut exprimer cette contrainte en
langage mathématique par :
➝➝ Les enfants dont la taille T vérifie « T < 1,40 m » n’ont pas accès au manège.
➝➝ Les enfants dont la taille T vérifie « T ≥ 1,40 m » ont accès au manège.
Dans le 1er cas l’inégalité est stricte car un enfant de 1,40 m ne doit pas véri-
fier la condition. Dans le second cas, l’inégalité doit être large (permettant
l’égalité) car un enfant de 1,40 m doit vérifier la condition.

Une fois que l’on peut comparer des nombres, on peut les classer par ordre
croissant (du plus petit au plus grand) ou par ordre décroissant (du plus grand
au plus petit).
Exemple de classement par ordre croissant :
−1 000 < −2,7 < −2 < −1,5 < 2,5 < 678

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