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COREIXAS Master 2014
COREIXAS Master 2014
N° 75
SIMULATIONS AEROACOUSTIQUES
AUX GRANDES ECHELLES PAR LES
METHODES LATTICE BOLTZMANN
Christophe COREIXAS
2014
Sommaire
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3.2 Simulation aux Grandes Échelles de l’aéroacoustique de trains d’atterrissage
simplifiés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
3.2.1 Mise en place des calculs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90
3.2.2 Matrice des simulations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
3.3 Résultats pour la configuration LAGOON 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
3.3.1 Physique de l’écoulement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
3.3.2 Coefficient de pression pariétale moyen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
3.3.3 Champ moyen de vitesse axiale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
3.3.4 Champ rms de vitesse axiale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
3.3.5 Spectres de pression pariétale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
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Préambule
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Introduction Générale
Lors des deux dernières décennies le trafic aérien a quasiment doublé, et cette tendance
semble se confirmer pour les années à venir. Des mesures ont ainsi été mises en place par
l’Organisation Mondiale de l’Aviation Civile (OACI) afin de réguler l’émission acoustique lors
des différentes phases de vol des avions, et plus particulièrement lors de l’atterrissage et du
décollage. À ce jour, la certification acoustique est dicté par le Chapitre 4 de l’Annexe 16 du
Volume I de l’OACI. Celui-ci impose des conditions plus contraignantes que son prédécesseur
(10 EPNdB 1 de moins que pour le Chapitre 3), et devrait être remplacé d’ici 2020 par le Cha-
pitre 14 (7 EPNdB de moins). De plus, des réglementations locales sont aussi mises en place
afin de réduire le bruit généré par les avions. Une des plus connues est le système de ”Quota
Count” (aéroports de Heathrow, Gatwick et Stansted par exemple) qui privilégie le trafic des
avions les moins bruyants pendant la nuit.
Il paraı̂t désormais indispensable de contrôler et de diminuer au maximum les gènes sonores en-
traı̂nées par l’augmentation du trafic aérien, et cela le plus tôt possible dans le cycle en V. Pour
cela il semble absolument nécessaire de déterminer, de façon théorique et/ou expérimentale,
les sources acoustiques et les mécanismes physiques à leur origine. Leurs localisations (Fig. 1)
et leurs contributions respectives (Fig. 2) sont désormais parfaitement identifiées pour les
phases de décollage et d’atterrissage. Ainsi, on estime notamment que la contribution des
trains d’atterrissage au bruit généré par l’avion complet est de l’ordre de 40% lors des phases
d’atterrissage. Et ce chiffre va très certainement augmenter dans les années à venir, aux vues
des performances acoustiques obtenues avec les derniers moteurs en date. Il semble donc d’une
importance cruciale de trouver un moyen de diminuer le bruit généré : par les jets des moteurs
au décollage, et la cellule (airframe) à l’atterrissage. C’est pourquoi la prédiction, via des
Simulations aux Grandes Échelles basées sur les Méthodes Boltzmann sur Réseau, du rayon-
nement de deux composants du bruit de cellule, à savoir les cavités et les trains d’atterrissage,
va être présentée.
1. L’EPNdB (Effective Perceived Noise Decibel) est l’unité de base permettant d’exprimer le niveau
effectif de bruit perçu. Il est utilisé pour la certification des avions.
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Figure 1 – Localisations des sources acoustiques sur un A350 (extrait de [25]).
Figure 2 – Répartition globale des contributions des différentes sources acoustiques d’un
long-courrier de type Airbus (extrait de [25]).
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projet LAGOON, sera abordée via une simulation numérique du même type. Pour information,
les calculs seront mis en place à l’aide du solver, de l’équation de Boltzmann sur Réseau, LaBS.
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Chapitre 1
Les méthodes Boltzmann sur Réseau (Lattice Boltzmann Method ou LBM en anglais) font
partis des nouveaux outils de simulations numériques à la disposition des chercheurs et de
quelques industriels. Nous allons ici nous intéresser dans un premier temps aux différentes
étapes historiques qui ont conduit à l’élaboration de l’équation de Boltzmann sur Réseau
(Lattice Boltzmann Equation ou LBE). S’en suivra alors un développement mathématique
plus détaillé de l’obtention de cette équation.
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extérieures F, alors f est solution de l’équation d’advection-collision de Boltzmann :
∂f ∂f Fi ∂f ∂f
+ ci + = (1.1)
∂t ∂xi m ∂ci ∂t collision
Toute la difficulté se concentre alors dans la modélisation du terme de droite de (1.1), celui-
ci étant la composante réductrice de la physique représentée par cette équation. Boltzmann
lui-même n’avait qu’une idée très approximative de la façon dont cet opérateur de collision
C(f ) devait être appréhendé. Il proposa dans un premier temps de le restreindre à des inter-
actions binaires (i.e collisions entre deux particules fictives) permettant ainsi de modéliser
facilement la cinétique d’un grand nombre de gaz 1 .
Malgré la puissance des résultats découlant des travaux de Boltzmann, dont le plus célèbre
est intitulé Théorème H et constitue la toute première démonstration du Second Principe de
Thermodynamique (i.e la croissance inconditionnelle de l’entropie S ,assimilable au désordre
d’un système physique), ceux-ci sont restés particulièrement ignorés par la communauté scien-
tifique. Et ce n’est qu’après sa mort en 1906 que ses travaux seront finalement validés par
l’expérience.
Il faut attendre les années 1920 pour qu’un nouveau modèle de collision fasse son apparition.
Ce sont le mathématicien suisse David Enskog et l’astronome anglais Sydney Chapman qui
vont, en reprenant le développement systématique mis au point par Hilbert en 1912, en être
les instigateurs. Le premier va appliquer la méthode d’Hilbert à la fonction de distribu-
tion f . Quant au second, il enrichit le développement en assimilant les particules fictives à
des sphères dures (de vraies particules donc). Les travaux de Chapman et Enskog, validés
expérimentalement par le chimiste F. W. Dootson, vont alors (1920) permettre de faire le lien
entre les équations de Navier-Stokes (1823) et celle de Boltzmann (1782) (cf § 1.2).
Le seul point noir de leurs résultats est un opérateur de collision bien trop complexe
pour être utilisé.
Ce sont les mathématiciens Prabhu L. Bhatnagar (indien), Eugene P. Gross (américain), et
Max Krook (américain) qui vont alors proposer, en 1954, un modèle de collision simple et
beaucoup moins restrictif du point de vue de la Physique 2 (soit plus de trente ans après les tra-
vaux de Chapman et Enskog !). Et malgré son manque de robustesse numérique [70], ce modèle
est tellement intéressant qu’il est toujours utilisé aujourd’hui dans les logiciels de Mécanique
des Fluides Numérique. En effet, le modèle de collision BGK (pour Bhatnagar, Gross et
Krook) s’appuie sur un raisonnement simple : du point de vue des particules, les collisions cor-
respondent à un écartement de l’équilibre thermodynamique (ou ET) qui est ensuite retrouvé
après un temps donné τ , aussi appelé temps de relaxation.
Les équations de Navier-Stokes étant retrouvées via cet opérateur BGK, les méthodes LB
auraient alors pu naı̂tre à cet époque grâce au développement de la Physique Statistique
(elle-même issue de la Théorie Cinétique des Gaz). Cependant, les notions indispensables à la
résolution numérique d’une équation différentielle aux dérivées partielles (ou EDP), telles que
les discrétisations en espace et en temps, n’étaient pas encore connues à cette époque.
1. Cependant, il est clair qu’une telle simplification ne peut rendre compte de toute la richesse du modèle
physique d’origine. Cohen et Dorfman ont d’ailleurs récemment montré (1970) que ce type d’opérateur de
collision n’était applicable ni aux fluides, ni aux gaz à haute densité.
2. Des gaz à faible densité aux fluides les plus denses, tous ont un comportant pris en compte par cet
opérateur. Seuls les écoulements réactifs ne peuvent être modélisés via ce dernier.
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Figure 1.1 – Récapitulatif des différentes contributions à la création des LBM. Les cadres en
pointillés correspondent aux modèles à vitesses discrètes avant l’utilisation des discrétisations
spatio-temporelles (extrait de [50]).
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1.1.2 Automates Cellulaires
Ce n’est que dans la seconde moitié du XXième siècle que la notion de discrétisation fait
son apparition. John von Neumann, Stanislas Ulam et Konrad Zuse vont développer les Au-
tomates Cellulaires basés sur des opérations booléennes (du type vrai/faux ou 1/0). La
simplicité de ces automates s’explique par le fait que les premiers ordinateurs voient le jour à
cette époque. Ainsi, seuls des automates utilisant un langage très proche de celui de la machine
peuvent être implémentés.
En parallèle du développement des automates cellulaires, les premiers modèles de Boltz-
mann à vitesses discrètes voient le jour grâce à Broadwell puis à Gatignol, respectivement
en 1964 et 1975. il est à noter que ces modèles ne prennent pas en compte une quelconque
discrétisation spatio-temporelle et ne sont donc pas, en l’état, directement applicable en simu-
lation numérique.
C’est en fait en 1973 que les premiers Modèles de Gaz sur Réseau vont, via les au-
tomates cellulaires, permettre de modéliser numériquement la dynamique des gaz. Le
premier modèle de ces Automates Cellulaires appliqués à la résolution des Gaz sur Réseau
(Lattice Gas Cellular Automata ou LGCA) a été développé par Hardy, Pomeau et Pazzis
(modèle HPP). Celui-ci utilisait les distribution de Fermi-Dirac pour modéliser la distribu-
tion à l’équilibre f eq (cf § 1.2), mais n’était pas capable de retomber sur les équations
de Navier-Stokes via (1.1). S’en suivent les modèles 2D FHP (Frisch, Hasslacher et Po-
meau) et 3D FCHC (Face Centered HyperCube) de d’Humière, tous deux développés en 1986
et capables de retrouver les équations de Navier-Stokes. Ceux-ci sont toujours basés sur la
modélisation de l’état à l’équilibre via les distributions de Fermi-Dirac, mais leur réseau jouit
d’une meilleure symétrie. Cependant, ces modèles vont vite s’essouffler notamment à cause du
bruit numérique, dû à l’utilisation de variables booléennes, et du manque d’invariance
galiléenne, due à l’utilisation des distributions de Fermi-Dirac, qui les caractérisent.
Nous avons pu voir ici les prémices d’une méthode de résolution numérique permettant de
retrouver les équations de Navier-Stokes, et ce grâce à l’utilisation d’opérations booléennes et
des distributions de Fermi-Dirac. Il faut alors attendre les années 1980 pour que les Gaz sur
Réseau donnent naissance à une méthode de résolution numérique performante.
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Ainsi, les Méthodes Boltzmann sur Réseau sont considérés comme une amélioration des Méthodes
de Gaz sur Réseau. Et par conséquent, il faut passer par l’intermédiaire les équations de Navier-
Stokes pour retomber sur l’équation continue de Boltzmann : on parle alors de démonstration
a posteriori . Afin d’avoir un cadre théorique permettant de faire le lien direct entre les LBM
et l’équation continue de Boltzmann sans passer par les Gaz sur Réseau il faut attendre les
résultats de He et Luo en 1996. On parle alors de dérivation a priori , et cette façon de voir
les choses qui va être développée en § 1.2.
L’ensemble des évènements ayant permis de relier l’équation de Boltzmann (1872) aux
équations de Navier-Stokes (1823) via les Méthodes Boltzmann sur réseau (1992) ont ici été
présentés, et sont aussi récapitulés en Fig. 1.1. Il a donc fallu 120 ans avant qu’un cadre
théorique viable pour la simulation numérique de (1.1) voit le jour ! Ces méthodes de résolution
basées sur la Physique Statistique sont ainsi particulièrement jeunes (un peu plus de vingt
années d’existence) et restent encore en développement :
– Extension de la méthode aux nombres de Mach élevés [45],
– Dérivation de modèles à plusieurs densités de probabilités (i.e populations) [36],
– Modélisation des écoulements réactifs avec [24] ou sans [20] prise en compte de l’ionisation
des particules.
Nous allons dès à présent mettre en place le raisonnement mathématique permettant de re-
tomber sur l’équation de Boltzmann sur Réseau (Lattice Boltzmann Equation ou LBE) via
l’équation continue de Boltzmann.
où F est le vecteur des forces extérieures et m la masse moléculaire du gaz. Pour ne pas trop
rentrer dans les détails, il a été dit en § 1.1.1 que f (x, c, t) était la probabilité de trouver une
particule ayant une vitesse c ± dc, au point x ± dx et au temps t ± dt. Or pour être plus
exact, f correspond mathématiquement à la densité de probabilité des particules ayant une
vitesse c au point x et à l’instant t, alors que l’élément infinitésimale f (x, c, t)dxdc est définit
comme une véritable probabilité mathématique.
Pour être tout à fait complet, une brève démonstration de (1.2) est présentée ci-dessous, en
repartant du principe que seules les collisions et les forces externes peuvent perturber la tra-
jectoire des particules :
∂f ∂f
=
∂t collision ∂t advection
∂f
= + divG (ci f ) + divC (ai f ) (1.3)
∂t
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Et comme a correspond ici à l’accélération de la particule fictive, nous pouvons poser ma = F
et ainsi réécrire (1.3) sous la forme plus connue (1.2) 3 . Si ici le terme d’advection se décline
en un terme d’instationnarité local et, non pas en un mais en deux termes conservatifs,
c’est parce que ces termes de flux proviennent de l’espace géométrique G (vecteur de référence
x) pour divG (ci f ) et de l’espace des vitesses C (vecteur de référence c) pour divC (ai f ).
Il est communément admis de considérer dans un premier temps, qu’il n’y a aucune force
extérieure s’exerçant sur notre système (F = 0) et que les forces inter-particulaires sont
négligées (ce qui est vrai aux échelles considérées). Ainsi, nous nous réfèrerons désormais à
l’équation de Boltzmann continue suivante :
∂f ∂f ∂f
+ ci = (1.4)
∂t ∂xi ∂t collision
Ainsi, ce qui différencie le cadre d’étude mésoscopique de celui macroscopique c’est la prise
en compte des différentes vitesses possibles pour les particules considérées. En reprenant la
définition de la densité de particules f , il est alors facile de retomber sur les grandeurs macro-
scopiques (masse volumique ρ, quantité de mouvement ρu et énergie cinétique ρe + 12 ρ|u2 |) à
partir des différents moments stochastiques 4 (suivant c) de f :
Z
ρ= f dc (1.5)
R3
Z
ρu = cf dc (1.6)
R3
Z
1 1
ρe + ρ|u|2 = |c|2 f dc (1.7)
2 2 R3
Finalement, en considérant que les collisions entre particules sont élastiques (conservations
de la quantité de mouvement et de l’énergie lors des chocs), il est possible de montrer que
l’opérateur de collision détient certaines propriétés de conservations plus connues sous le nom
d’invariants de collision.
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la dernière pour l’énergie cinétique) correspondant à cinq invariants de collision (ψk )0≤k≤4
définis par la relation :
Z
∂f
∀k ∈ J0, 4K, ψk dc = 0 (1.8)
R3 ∂t coll
Par simple intégration de (1.4) sur l’espace des vitesses C, et en utilisant les définitions
mésoscopiques des quantités macroscopiques (1.5), (1.6) et (1.7), il est alors aisé de montrer
que :
ψ = 1, c, |c|2
(1.9)
Finalement, on appelle l’Invariant général de collision l’opérateur φ(c) définit comme une
combinaison linéaires des invariants de collision ψk :
4
X
φ(c) = αk ψk = A + B · c + C|c|2 (1.10)
k=0
Cet opérateur est d’autant plus important qu’il va nous permettre de déterminer la forme
générale de la distribution des particules à l’équilibre f eq .
avec dΩ l’angle solide de diffraction des particules et σ(Ω) la section différentielle de collision.
Avec cette expression, qui est assez générale puisque le principe de Chaos moléculaire est
inviolé pour des échelles macroscopiques (ce qui nous intéresse dans la suite du manuscrit), la
condition de nullité de l’opérateur de collision (à l’équilibre !) devient :
ci = cj
ci 6=cj
ou =⇒ f eq (c0i )f eq (c0j ) = f eq (ci )f eq (cj ) (1.13)
eq 0 eq 0 eq eq
f (ci )f (cj ) = f (ci )f (cj )
En prenant le logarithme de cette expression, nous constatons que le terme ln(f eq ) est un
invariant de collision. En le reliant alors à l’invariant globale de collision φ(c), nous obtenons
la forme générale de la distribution des particules à l’équilibre :
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Afin de déterminer les cinq constantes de φ, il suffit de remplacer (1.14) dans (1.5), (1.6) et
(1.7). Nous arrivons alors un système de cinq équations à cinq inconnues. Une fois ce système
résolu, nous obtenons la distribution à l’équilibre de Maxwell-Boltzmann :
D/2
eq m m 2
f (x, c, t) = ρ exp − (c − u) (1.15)
2πkB T 2kB T
avec D le nombre de dimensions du problème, kB = 1, 381 × 10−23 J · K −1 la constante de
Boltzmann 7 et T la température.
Maintenant que la forme générale de la distribution à l’équilibre est connue, il ne reste plus
qu’à simplifier l’opérateur de collision si l’on veut pouvoir résoudre numériquement (1.4).
1.2.3.1 Théorème H
Avant de montrer mathématiquement qu’il est possible de retrouver les équations de Navier-
Stokes via l’équation continue de Boltzmann (§ 1.2.4), intéressons-nous à une propriété fonda-
mentale de la Physique à savoir le Second Principe de la Thermodynamique 8 . Il est, en
effet, possible de retrouver ce principe à travers sa version mésoscopique : le Théorème H.
Considérons la fonction H(t) définit comme suit :
Z
H(t) = f (x, c, t) ln [f (x, c, t)] dxdc (1.16)
R6
Il est alors possible de montrer [40] que l’équation de Boltzmann (1.4), couplée au terme de
collision générale (1.12), entraı̂ne :
dH
≤0 (1.17)
dt
Étant donné que l’entropie S et la quantité H sont intimement liées par la formulation générale :
S(t) = −kB H(t) − α (1.18)
où α est une constante. Nous pouvons donc en conclure que la relation (1.17), plus connue
sous le nom de Théorème H, implique que l’entropie S(t) est une fonction croissante du
temps.
7. Pour information, la constante de Boltzmann permet de relier l’énergie cinétique moyenne d’un gaz,
assimilé à un ensemble de particules, à sa température, correspondant à la variance de la vitesse de chaque
1 D
particule par rapport à celle du gaz, via la formule : m|u|2 = kB T . En utilisant la formule des gaz parfait, il
2 2
R
est alors aisé de remonter à la fameuse définition de cette constante : kB = avec R = 8.314J.K −1 .mol−1 la
NA
23 −1
constante des gaz parfaits, NA = 6.022×10 mol la constante d’Avogadro correspondant au nombre d’atomes
contenus dans une mole.
8. Pour rappel, ce principe stipule que l’entropie S (variable quantifiant le désordre) d’un système isolé ne
peut que croı̂tre au cours du temps
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Maintenant que ce théorème a été présenté, la simplification de l’opérateur de collision (1.12)
peut être mise en œuvre.
Toutefois, la physique obtenue à partir de (1.19) est plus que suffisante pour pouvoir retrou-
ver les équations de Navier-Stokes, via l’équation de Boltzmannn continue munie de l’opérateur
BGK :
∂f ∂f 1
+ ci = − [f − f eq ] (1.20)
∂t ∂xi τ
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de Navier-Stokes (formulation conservative). Le tenseur (complet) des efforts P et le flux
de chaleur q sont, quant à eux, définis comme suit :
Z
∀ i, j ∈ J1, DK, Pij = (ci − ui )(cj − uj )f dc (1.22)
R3
Z
∀ i ∈ J1, DK, qi = (ci − ui )|c − u|2 f dc (1.23)
R3
Il est alors primordiale de noter que Pij et qi dépendent de c et f . Ce qui veut dire que
le système (1.21) possèdent trois (ρ, ρu et E) plus deux (f et c) soient cinq inconnues
pour trois équations : le système est ouvert. Le problème de fermeture peut alors être
traité théoriquement 9 à l’aide de développement systématique (Hilbert [18][4] ou Chapman-
Enskog [10]) de la fonction de distribution des particules f .
Développement de Chapman-Enskog
Avant de nous lancer dans le développement limité, commençons par modifier la formulation
de l’équation de Boltzmann couplée avec l’opérateur BGK (1.20). En utilisant les grandeurs
9. Il est intéressant de noter que ce problème a, tout d’abord, été résolu expérimentalement en déterminant
les expressions de P et q en fonction de ρ, ρu et e.
10. Cependant il faut, a priori, faire attention à l’ordre du développement pour être sûr d’être capable de
modéliser la physique de l’intégralité des fluides.
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caractéristiques et moyennes du problème, il est possible d’obtenir toutes les variables sous
forme adimensionnelle :
√
θ0 x τ θ c f
t̃ = t , x̃ = , τ̃ = , θ̃ = , c̃ = √ , f˜ = (1.25)
L L τ0 θ0 θ0 ρ0
∂ f˜ ∂ f˜ 1 h˜ i
+ ci =− f − f˜eq (1.26)
∂ t̃ ∂ x̃i τ̃
Arrêtons nous un instant sur cette équation. On peut remarquer que le terme de collision est
inversement proportionnel au nombre de Knudsen . Ainsi pour :
– 1 : Le terme de collision devient prépondérant, les collisions entre particules se
produisent en masse, ce qui est relativement logique puisque nous travaillons dans ce cas
avec des liquides,
– 1 : L’opérateur de collision est négligeable, les particules sont tellement éloignées les
unes des autres que leurs collisions sont quasi-inexistantes, ceci correspond parfaitement
à la physique rencontrée avec les gaz raréfiés.
Pour ne pas alourdir les développements mathématiques qui suivent, la notation ”tildée” sera
abandonnée mais les variables resteront belles et bien adimensionnées. Le développement limité,
en nombre de Knudsen , de la fonction de distribution f (à l’ordre n ∈ N) revêt la forme
suivante :
XN
f= k f (k) , N ∈N (1.27)
k=0
En le réinjectant dans (1.26) et en identifiant les termes ordre par ordre, nous obtenons :
Il paraı̂t alors clair que le calcul du terme d’ordre N+1 est obtenu de façon explicite en
fonction du terme d’ordre N (ce qui est particulièrement intéressant du point de vue de la
résolution numérique) :
Df N ∂f N ∂f N
(N +1)
∀ N ∈ N, f = −τ ≡ −τ + ci (1.29)
Dt ∂t ∂xi
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Le calcul des trois premiers moments (ordre k ∈ J0, 2K), par rapport à c, de l’équation de
Boltzmann adimensionnée (1.26) nous permet, en tronquant le résultat à l’ordre 0 en (et
donc développement de f à l’ordre N = 1), de retomber sur le set d’équations (1.21) muni
des opérateurs :
(0)
Pij = R3 (ci − ui )(cj − uj )f eq dc = ρθδij
R
(1.30)
(0) 1
R 2 eq
qi = 2 R3 (ci − ui )|c − u| f dc = 0
En pensant, de plus, à utiliser la loi des Gaz Parfaits p = ρrT = ρθ, nous retombons donc bien
sur les équations d’Euler :
∂ρ ∂ρui
+ =0
∂t ∂xi
∂ρuj ∂(ρui uj + pδij )
∀j ∈ J1, DK, + =0 (1.31)
∂t ∂xi
∂E ∂(ui E + uj pδij )
+ =0
∂t ∂xi
Ainsi, en reprenant le même raisonnement et en conservant, cette fois, les termes d’ordre 1
(et inférieurs) en (et donc développement N = 1 et N = 2 de f ), nous obtenons les
nouvelles expressions des opérateurs :
Il a été prouvé, de façon plus ou moins rigoureuse 12 , que les équations de Navier-Stokes
découlent directement d’une restriction aux petits nombres de Knudsen (milieux
continues) de l’équation de Boltzmann continue munie de l’opérateur BGK (1.20).
Cependant, nous sommes toujours confronté à un problème de taille du point de vue de la
résolution numérique. En effet nous devons, a priori, résoudre une équation dont la variable
principale f (x, c, t) n’est plus défini sur R3 × R+ (Navier-Stokes) mais sur R6 × R+ . C’est
pourquoi nous allons tenter de réduire le domaine (continue) des vitesses possibles C à un
ensemble discret ; et ce, afin que la méthode soit compétitive du point de vue numérique.
11. Un fluide est considéré comme Newtonien dès lors que le tenseur des contraintes visqueuses τ est propor-
tionnel au taux de déformation S, et que le facteur de proportionnalité est constant. Ceci se résume, dans
notre cas, à avoir des viscosités constantes.
12. Il est à noter que la démonstration mathématique rigoureuse de cette procédure, pour un terme de
collision générale (1.12), pose toujours, à l’heure actuelle, d’énormes difficultés pour la communauté scienti-
fique [17][18].
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1.3 Équation de Boltzmann à vitesses discrètes
Une légère prise de recul sur la résolution de l’équation de Boltzmann continue (1.20) va
être , tout d’abord, proposée. S’en suivra un développement en polynômes d’Hermite
de la fonction de distribution à l’équilibre f eq , permettant par la suite de retrouver, de façon
exact, les grandeurs macroscopiques via un ensemble discret de vitesses. Finalement, le cas
tridimensionnel comportant un set de 27 vitesses (D3Q27) sera présenté.
pour tout triplet (a1 , a2 , a3 ) tel que 0 ≤ a1 , a2 , a3 ≤ 4, et où fαeq est la fonction d’équilibre
pour la vitesse cα .
13. Il faudrait, a priori, assurer l’égalité des moments jusqu’à l’ordre 3 seulement. Cependant, il a été re-
marqué (1.29) que le calcul des moments d’ordre N nécessité la connaissance de ceux d’ordre N+1, d’où la
nécessité de calculer les moments d’ordre 4.
Hn (x)tn
14. Par définition, les polynômes d’Hermite revêtent la forme : exp(2xt − t2 ) = +∞
P
n=0 n!
où n est l’ordre
du polynôme. De plus, ils satisfont les relations de récurrences suivantes : Hn+1 (x) = 2xHn (x) − 2nHn−1 (x) et
Hn0 (x) = 2nHn−1 (x).
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Il est intéressant de rappeler que la réécriture de la fonction de distribution à l’équilibre f eq ,
sous la forme (1.35), a tout d’abord été proposée par Grad [30], mais n’a réellement été utilisée
que très récemment par Shan et He [69].
Nous pouvons maintenant évaluer les moments de la fonction d’équilibre via les polynômes
d’Hermite :
Z Z
0 2
a1 a2 a3 eq
c1 c2 c3 f dc = (2θ)(D+a1 +a2 +a3 )/2 (c01 )a1 (c02 )a2 (c03 )a3 e−|c | f eq dc01 dc02 dc03
R3 R3
D +∞
! (1.36)
ρ(2θ)(D+a1 +a2 +a3 )/2 Y X (u0 )n
= i
In(ai )
π D/2 i=1 n=0
n!
(ai )
où In est défini comme suit :
Z
02
In(ai ) = (c0i )ai Hn (c0i )e−ci dc0i , ∀i ∈ J1, DK (1.37)
R
Arrêtons-nous un instant sur (1.36). Il y a deux choses importantes à remarquer :
– L’intégrale triple (R3 ) a été découplée 15 en trois intégrales simples (R) via l’utilisation
(a )
des In i . Cette formulation permet de calculer de façon astucieuse les moments discrets
eq
de f , et repose (comme une bonne partie des méthodes utilisées pour faire le lien entre
les moments continus et ceux discrets) sur la quadrature de Gauss-Hermite comme nous
allons le voir en § 1.3.3.
– En plus de l’intégrale continue présente dans l’expression des Inai , une somme infinie est
apparue dans le membre de droite. Afin de pouvoir résoudre le problème numériquement,
il faudrait que nous reformulions le problème de sorte que ces deux composantes de-
viennent discrètes.
D’après Ricot [61], nous pouvons d’ores et déjà considéré que la somme infinie se réduit aux
(N + 1) premiers termes, avec N = max(a1 , a2 , a3 ) (qui est aussi l’ordre du développement
(ai )
en polynômes d’Hermite de f eq ), puisque In>N = 0. Seul le problème de l’intégrale continue,
(a )
présente dans les In i , perdure.
avec Ank (ai ) les coefficients du polynôme (c0i )k Hn c0i , d’ordre n+ai . Il est alors possible de réduire
l’intégrale continue à une somme discrète via l’utilisation d’une quadrature de Gauss. De plus,
cette approximation devient exacte avec l’emploi des quadratures de Gauss-Hermite, qui
0 2
permettent de remplacer les termes (c0i )k e−(ci ) par des sommes discrètes [31][32]. Ceci donne
finalement :
Z H
0 k −c0i 2
X
0 0 k
(ci ) e dci = σm (ξm ) (1.39)
R m=1
15. Ceci n’est exact que si les variables c0i sont indépendantes entre elles. Or la température d’agitation
moléculaire θ fait le lien entre ces différentes variables. Il semblerait donc qu’une erreur soit introduite par
cette procédure lorsque θ n’est pas constante.
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0 sont les abscisses de la quadrature d’ordre H, et les σ sont les poids associés. Finale-
où les ξm m
ment, nous ne pourrons considéré que cette quadrature n’est exacte que si 0 ≤ k ≤ (2H − 1) :
H
X
0 ai 0
In(ai ) = σm (ξm ) Hn (ξm ) (1.40)
m=1
La chose à ne surtout pas oublier est que cette quadrature n’est valable que pour un problème
monodimensionnel ! Or, celle-ci est étendu au cas tridimensionnelle en supposant que les
variables ci sont indépendantes entre elles, ce qui est uniquement justifiable pour les
problèmes athermanes ou isothermes. Cependant, il n’existe pas aujourd’hui de qua-
drature de Gauss-Hermite valable pour les problèmes tridimensionnelles. Nous obtenons donc
pour le cas tridimensionnel appliqué à (1.36) :
Z H
X 2
ca11 ca22 ca33 f eq dc = σp σq σr (2θ)(D/2) caα,1
1
caα,2
2
caα,3
3
e|cα | /2θ eq,N
f (x, cα , t) (1.41)
R3 p,q,r=1
√
avec cα = (c1,α , c2,α , c3,α ) = 2θ(ξp0 , ξq0 , ξr0 ) et f eq,N (x, cα , t) la fonction de distribution à
l’équilibre tronquée à l’ordre N (polynômes d’Hermite).
2
Finalement, en posant fαeq (x, t) = Wα f eq,N (x, cα , t) avec Wα = σp σq σr (2θ)(D/2) e|cα | /2θ , nous
obtenons la relation permettant d’exprimer les moments continus de f eq sous forme
discrète :
Z Nα
X
ca11 ca22 ca33 f eq dc = ca1,α
1
ca2,α
2
ca3,α
3
fαeq (x, t) (1.42)
R3 α=1
∂fα ∂fα 1
+ cα,i = − [fα − fαeq ] (1.43)
∂t ∂xi τ
Les trois premiers moments (1.5)(1.6)(1.7) prennent alors la forme suivante dans Cα :
X X
ρ= fα = fαeq (1.44)
α α
X X
ρu = cα fα = cα fαeq (1.45)
α α
1 X X
ρe + ρ|u|2 = |cα |2 fα = |cα |2 fαeq (1.46)
2 α α
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Ainsi, si nous voulons retrouver les propriétés des équations de Navier-Stokes compres-
sibles (1.21) grâce à (1.43), il faut que les moments de fαeq soient calculés jusqu’à l’ordre N=4.
Or,
k ≤ N + ai
N =4
et =⇒ k ≤ 8 (1.47)
0 ≤ a1 , a2 , a3 ≤ 4
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Qui devient en utilisant la méthode des trapèzes 17 :
∆t
fα (x+cα ∆t, t+∆t))−fα (x, t) = − [fα (x + cα ∆t, t + ∆t) − fαeq (x + cα ∆t, t + ∆t) + fα (x, t) − fαeq (x, t)]+O
2τ
(1.49)
Nous obtenons ainsi une estimation implicite 18 de fα avec une précision d’ordre 3 en
temps. Afin d’améliorer les performances de notre résolution numérique 19 , nous allons refor-
muler (1.49) dans le but d’obtenir une solution explicite de fα .
∆t
gα (x, t) = fα (x, t) + (fα (x, t) − fαeq (x, t)) (1.50)
2τ
Ainsi en remplaçant fα dans (1.49) par la fonction de ditribution équivalente gα , nous obtenons
l’Équation de Boltzmann sur Réseau (ou LBE pour Lattice Boltzmann Equation) :
∆t ∆t eq
gα (x + cα ∆t, t + ∆t) = 1− gα (x, t) + g (x, t) (1.51)
τg τg α
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k p1 2 p3
ξk − 3/2 0 3/2
√ √ √
σk π/6 2 π/3 π/6
avec ωα les poids de l’espace des vitesses discrètes Cα , représentés avec les vitesses cα cor-
respondantes en Tab. 1.2. De plus, les poids (σ) et les abscisses (ξ) de la quadrature d’ordre
H = 3 sont regroupés en Tab. 1.1. Toutefois, il faut garder à l’esprit que pour construire ce
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modèle nous avons choisi d’avoir une quadrature exacte jusqu’à l’ordre 3 uniquement. Et ceci
n’est pas sans conséquences sur la physique qu’est capable de capturer ce modèle de vitesses,
puisque nous ne pouvons désormais plus calculer correctement les moments d’ordre
élevés. Ce qui a pour conséquence [11] l’apparition de termes non physiques dans l’expression
du tenseur des contraintes :
∂ρui uj uk
τij = µSij −τ (1.54)
∂x − k
L’erreur induite sur ce tenseur est donc en O(M a3 ), ce qui limite le champ d’application du
modèle de vitesse D3Q27 aux écoulements isothermes faiblement compressibles.
1.5.2 D3Q19
Ce modèle est actuellement implémenté dans LaBS (et dans la plupart des solveurs LBM).
Il nous permet de retrouver, a priori, la même physique qu’avec 27 vitesses mais tout
en économisant du temps de calcul. En effet, la quadrature de Gauss-Hermite à l’ordre
H = 3 permet de conserver les moments d’ordre N vérifiant : 2N ≤ 2H − 1. Or, nous désirons
conserver les moments d’ordre N = 2 (le moment d’ordre 3 ”ne sert qu’à” retrouver l’équation
de l’énergie). Ce qui implique que nous n’avons besoin que d’une quadrature exacte jusqu’à
l’ordre 2N = 4 et non pas 2H − 1 = 5. Cet excès se traduit alors par un surplus de vitesses
superflues dans (Cα ).
Pour information, il existe plusieurs combinaisons (ωα , cα ) possibles [70]. Une de celles-ci est
présentée en Tab. 1.3.
α 1 2-7 8-19
(0, 0, ±1) (0, ±1, ±1)
c˜α (0, 0, 0) (0, ±1, 0) (±1, ±1, 0)
(±1, 0, 0) (±1, 0, ±1)
1 1 1
ωα
3 18 36
Table 1.3 – Un set de pondérations et vitesses associées au modèle D3Q19.
Maintenant que les fondements des méthodes Boltzmann sur Réseau ont été abordés, nous
pouvons rentrer dans le cœur du manuscrit, à savoir l’étude aéro-acoustique par les méthodes
LB : (1) du bruit de cavité, (2) du bruit de train d’atterrissage.
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Chapitre 2
Le bruit généré par un écoulement affleurant une cavité est particulièrement intéressant à
la fois d’un point de vue pratique, puisque de nombreuses configurations industrielles font in-
tervenir ce genre d’écoulement, mais aussi d’un point de vue théorique de par la complexité
et le brassage des phénomènes multi-physiques rencontrés. En quelques mots celui-ci peut être
vu comme un bruit tonal intense couplé avec une acoustique large-bande, tous deux intime-
ment liés par les phénomènes non-linéaires induits par des instabilités de Kelvin-Helmoltz,
alimentées par / ou alimentant (tout dépend des caractéristiques de l’écoulement étudié) les
ondes acoustiques issues du bord aval de la cavité.
Cette partie est organisée de la manière suivante. Tout d’abord un état de l’art en matière de
bruit de cavité est présenté. La nature des phénomènes physiques prenant part à ce problème y
est décrite, ainsi que les paramètres clés de l’écoulement. S’en suit la présentation des résultats
obtenus par Simulation aux Grandes Echelles de l’acoustique rayonnée par un écoulement af-
fleurant une cavité cylindrique. Celle-ci est directement inspirée d’une configuration présente
dans la base de données du projet AEROCAV (AEROacoustics for cylindrical CAVities), per-
mettant ainsi de confronter les résultats obtenus avec l’expérience. Pour finir, des conclusions
sont tirées sur la simulation numérique et des perspectives sont données pour une éventuelle
amélioration de celle-ci.
Rappels historiques
C’est dans les années 50 que les premières études de bruit de cavité ont été menées par les
militaires. Ils cherchaient à identifier les phénomènes à l’origine d’oscillations auto-entretenues
au niveau des soutes à bombes de leurs bombardiers, pour des écoulements quasi-transsonique,
voire supersonique. En effet, un écoulement affleurant une cavité peut exciter certains modes
de cette dernière et ainsi, entraı̂ner une détérioration en fatigue de la structure et une aug-
mentation de la traı̂née allant jusqu’à 30% de sa valeur initiale. La nécessité d’explorer des
domaines de vitesses plus faibles s’est, quant à elle, faite sentir au cours des années 70, où
pour la première fois les caissons des trains d’atterrissage des avions de ligne ont été identifiées
comme des sources de bruit non-négligeables lors des phases d’approche et de décollage.
Ce domaine a ensuite été élargi aux systèmes résonants rencontrés dans de nombreux problèmes
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où un écoulement vient affleurer une cavité. Cette dernière peut d’ailleurs prendre des formes
diverses et variées telles que : les jonctions en T rencontrés dans les pipelines, les terrasses à
ciel-ouvert, l’espace entre deux wagons, ou bien encore le toit d’une voiture. Dans les cas cités
(ainsi qu’en général), le bruit généré est considéré comme indésirable et des traitements actifs
ou passifs sont recherchés afin de diminuer voire dissiper totalement cette nuisance. Cependant,
il est un domaine où ces oscillations sont plutôt recherchées : les instruments musicaux à vent !
Figure 2.1 – Écoulement, de vitesse u∞ et d’épaisseur de couche limite δ, affleurant une cavité
rectangulaire : notations et phénomènes rencontrés (extrait de [16]).
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2. La vorticité induit en retour la création d’ondes acoustiques que ce soit via l’impact
de la couche de cisaillement sur le bord aval de la cavité ou bien en excitant un mode de
résonance de la cavité.
Ainsi, nous assistons à un échange énergétique mutuel entre la vorticité et l’acous-
tique de l’écoulement. Nous avons d’une part, un transfert des modes acoustiques vers les
modes de vorticité dès qu’une condition de Kutta-Joukowski est imposée à l’écoulement [35].
Cette dernière dicte alors la fréquence des lâchés tourbillonnaires en convertissant l’énergie
acoustique en énergie cinétique. De plus nous avons la dynamique rotationnelle, correspon-
dant à la déformation et/ou à l’accélération de la vorticité, qui est responsable du transfert
énergétique inverse. Ceci ayant principalement lieu dans la zone d’impact de la couche de ci-
saillement sur le bord aval de la cavité.
Finalement, il est à noter que le transfert énergétique net est le plus souvent en faveur
des modes acoustiques : nous parlons alors dans ce cas de bruit de cavité. Cependant, il
est aussi possible que ce bilan soit favorable aux modes de vorticité : c’est le cas des éléments
de contrôle passif du bruit bâptisés acoustic liners ou tout simplement liners en français.
En effet cette structure en nid d’abeilles, assimilable à un ensemble de résonateurs d’Helmoltz
(cf § 2.1.1.2), est notamment utilisée pour l’atténuation du bruit des fans des moteurs d’avions.
Une description plus détaillée des phénomènes présentés ci-dessus va désormais être présentée.
Il est montré qu’en effet l’introduction d’un obstacle modifie la dynamique de la couche de
cisaillement, forçant ainsi l’organisation des structures au sein de celle-ci. Ceci a alors pour
conséquence la génération d’oscillations auto-entretenues. De plus, si un résonateur acoustique
se situe dans le voisinage de la couche de mélange, celui-ci peut être excité par l’écoulement et
affecter la couche de cisaillement en retour.
En fait, les oscillations auto-entretenues sont observables à la fois via l’acoustique et via
l’aérodynamique de l’écoulement. Et celles-ci suggèrent qu’une relation de phase stable est
à l’œuvre entre les surfaces solides présentent, en amont et en aval, dans ce type de problème.
Gharib et Roshko [23] ont été les premiers à quantifier ce phénomène. Ils considèrent que cette
relation est vérouillée (ou locked in en anglais) dès lors qu’il existe un intervalle de temps
préférentiel entre l’impact des structures, présentes dans la couche de cisaillement, sur le coin
aval et l’instant où cette dernière est la plus à même d’être affectée par rétroaction au coin
amont. La plus connue des formules semi-empiriques illustrant cette relation de phase est
très certainement celle introduite par Rossiter [66].
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Différentes étapes du couplage rétroactif
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créés vont alors croı̂tre par entraı̂nement de l’écoulement d’une part, et par effet visqueux
d’autre part.
4. Interactions tourbillon/structure au coin aval : l’étude de l’interaction entre la
vorticité et une paroi solide permet de déterminer le champ de pression instantané au
coin aval de la cavité. En faisant cela, Rockwell et Knisley [63] [64] ainsi que Tang et
Rockwell [77] ont déterminé les différentes étapes permettant de définir les cartes de
pression au coin. En effet, en assimilant la déformation du champ de vorticité à une force
fluctuante équivalente s’exerçant le coin, il est alors possible de remonter directement aux
fluctuations de pression générées. En parallèle de cette étude, ils aboutissent à la famille
d’interactions coin/tourbillon suivante :
– Rattachement complet (complete clipping en anglais) : le tourbillon est presque entièrement
”aspiré” par la cavité,
– Échappement complet (complete escape en anglais) : la structure tourbillonnaire échappe
à l’impact avec le coin,
– Rattachement/Échappement partiel (partial clipping/escape en anglais) : dans les deux
cas l’interaction avec le coin est non-négligeable et le tourbillon se scinde en deux plus
petites structures.
Chacune des interactions présentées ci-dessus est alors directement reliée à une carte de
fluctuations de pression. Et la boucle est ainsi bouclée.
Figure 2.3 – Visualisations des différentes interactions tourbillon/coin : (a) Avant l’impact,
(b) Rattachement total, (c) Scission partielle, (d) Échappement partiel (d’après [63]).
Pour finir, il est à noter que parmi les théories modélisant les oscillations auto-entrenues, aucune
ne prend en compte l’effet de la recirculation dans la cavité (impliquant entre autres, une
déviation de la trajectoire des structures tourbillonnaires au sein de la couche de cisaillement).
Or celle-ci a une influence non-négligeable sur la variabilité des interactions coin/tourbillon,
puisqu’elle a tendance à exercer une force verticale sur la couche de mélange et donc à favoriser
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les échappements complets. C’est pour cela qu’à partir d’un certain nombre Reynolds, il est
considéré que le bruit de cavité ne peut être que de nature acoustique comme il le sera détaillé
en § 2.1.2 avec l’étude de l’influence de ce nombre adimensionnel.
Modes de Rossiter
Les modes de Rossiter font références aux instabilités rencontrés lors des rétroactions
aéroacoustiques présentées ci-dessus. En reprenant les mécanismes décrits précédemment,
on peut considérer que les tourbillons générés au coin amont de la cavité mettent un temps
L
Uc avant d’atteindre le coin aval, avec Uc = κυ u∞ la vitesse de convection des tourbillons et
L la longueur caractéristique de la cavité rectangulaire. Au contraire, les ondes acoustiques
remontent l’écoulement après avoir été générées au coin aval et ce en un temps cLa , avec ca
Figure 2.4 – Modélisation de l’écoulement affleurant une cavité rectangulaire du point de vue
de Rossiter (extraite de [16]).
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la vitesse du son. Ainsi, afin que les oscillations soient auto-entretenues il faut que l’onde de
pression issue du coin aval atteigne la partie amont au bon moment pour amplifier le phénomène
de détachement tourbillonnaire (vortex shedding en anglais). C’est le cas lorsque la fréquence
de ces détachements f satisfait l’équation de rétroaction acoustique suivante :
n L L n
Tυconvection + Tapropagation = ⇐⇒ + = , n ∈ N∗
f Uc ca f
En introduisant le déphasage γv , nous obtenons finalement après quelques modifications la
fameuse formule de Rossiter :
fL n − γv
St = = 1 , n ∈ N∗ (2.1)
u∞ κv + M a
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parle alors dans ce cas de turbulent rumble.
De plus, une résonance double peut être observée si un pic dû aux modes de Rossiter coı̈ncide
avec celui d’un des modes de cavité. Ceci peut être quantifié via les deux concepts suivants :
– Impédance équivalente Z : elle permet de déterminer la réponse de la cavité à une exci-
tation externe,
– Facteur de qualité Q : il permet d’évaluer l’intensité de la résonance acoustique.
Ces deux paramètres ne seront pas étudiés dans la suite du manuscrit, il est donc recommandé
aux lecteurs intéressés de se reporter à [65] pour de plus amples explications.
Cavités passives/actives
On parle de cavité passive lorsque celle-ci ne fait qu’amplifier le bruit extérieur (provenant
de la couche de cisaillement) sans y ajouter de contributions d’aucune sorte. C’est d’ailleurs
le cas pour 0.1 < Ma < 0.45 comme l’ont montré Rowley et al. [67]. En effet, les modes
de Rossiter rencontrés dans cet intervalle de vitesses étaient généralement stables, et leurs
oscillations auto-entrenues légèrement amorties. Au contraire, si la cavité contribue de façon
non-négligeable au bruit rayonné en champ lointain, on parle alors de cavité active.
Modes de cavité
En considérant que la couche de cisaillement et la cavité forment une boı̂te rectangulaire, il est
alors possible d’étudier la réponse de la cavité aux excitations externes. Celle-ci se matérialise
sous forme d’ondes stationnaires pouvant appartenir à trois familles différentes :
1. Modes longitudinaux : Ils se superposent aux modes de Rossiter et sont principalement
rencontrés pour des cavités allongées L/D > 1 et pour des vitesses d’écoulement
élevées,
2. Modes transversaux(spanwise en anglais) : Ils font leur apparition lorsque les cavités
sont assez larges L/W < 1 comme les soutes à bombes par exemple,
3. Modes de profondeur : Le plus souvent observés pour des cavités profondes L/D <
1, ils sont généralement directement liés au caractère actif de la cavité.
Une dernière famille de modes bien spécifique peut être citée : les modes de tunnel. Elle est
directement liée aux cavités ayant une ouverture plus petite que leur diamètre global (comme
les toit-ouvrants des voitures par exemple). Son étude sera abordée plus en détails via les
résonateurs d’Helmoltz (§ 2.1.1.2).
En considérant une boı̂te avec cinq parois rigides (fluctuations de vitesse u0 = 0) et une
ouverture associée à une surface libre (fluctuation de pression p0 = 0), il est alors possible
d’obtenir une forme analytique de la fréquence associée aux modes naturels de la cavité :
r
ca nx ny nz 2
fnx ,ny ,nz = ( )2 + ( )2 + ( ) (2.2)
2 L W 2D
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profondeur. En considérant, de plus, le cas spécifique d’une cavité à forme cylindrique bafflée
(cf § 2.1.1.2) la formule (2.2) devient [7] :
s 2 2
ca 2zl,m nπ
fl,m,n = + ∀ (l, m, n) ∈ N2 × N∗ (2.3)
2π L 2(H + H 0 )
où l, m et n sont respectivement les nombres d’ondes correspondant aux modes azimutaux,
radiaux et de profondeur. zl,m représente le mième zéro de la lième dérivée de la fonction de
Bessel de première espèce notée Jl . Cette formule sera utilisée en § 2.2, afin de déterminer si
un des pics, observés dans le spectre acoustique de la cavité, est bien dû à un mode naturel.
Résonateurs d’Helmoltz
Les cavités partiellement fermées par des rebords (toit de voiture, bouteille d’eau,
etc) sont assimilables à des résonateurs d’Helmoltz. En effet, une résonance de type Helmoltz
émerge de ce genre de géométries lorsque celles-ci sont affleurées par un écoulement (modes de
tunnel ). La chronologie du phénomène peut alors être décrite de la manière suivante :
– L’air entre dans la cavité et entraı̂ne une augmentation de la pression en son sein,
– La surpression entraı̂ne l’éjection d’une quantité d’air initialement présente dans la
cavité,
– Cette éjection crée à sont tour une dépression au sein de la cavité,
– Une nouvelle quantité d’air est alors ”aspirée”, bouclant ainsi le cycle.
Ce phénomène de va-et-vient est ainsi assimilable à un système masse-ressort : dont la
masse serait l’air au niveau du goulot, et le ressort serait le centre de la cavité. Pour les
lecteurs désirant en apprendre un peu plus sur la phénoménologie des résonateurs d’Helmoltz
peuvent se référer à l’excellente review de Nelson et al. [57]. Il est alors possible d’estimer la
fréquence de résonance de ce type de cavité grâce à la formule :
r
c∞ S
f= (2.4)
2π VH
Figure 2.6 – Esquisse d’un résonateur de Helmoltz de volume V, comportant des rebords
d’épaisseur H, et dont la superficie de l’ouverture est notée S (extrait de [16]).
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où c∞ est la vitesse du son. De plus, en prenant en compte l’inertie du flux acoustique il est
possible d’améliorer les prédictions de l’équation (2.4) en modifiant la hauteur du goulot [58] :
s r
ca S 0 S
f= 0
, avec H = 0.8216 (2.5)
2π V (H + 2H ) π
En fonction de la valeur du rapport L/D, il est possible de scinder les cavités en deux
catégories :
– Allongée (L/D > 1),
– Profonde (L/D < 1).
Dans le premier cas, le bruit généré par un écoulement affleurant ce type de cavité est plutôt
tonal, et ce pour des valeurs de rapport supérieur à deux [66][8][2]. Pour des cavités très
allongées, le phénomène d’auto-oscillations est plus difficilement observable d’où la génération
d’un bruit de nature majoritairement large-bande.
Dans le second cas, pour des rapport de l’ordre de/inférieur à un ce sont les modes de
profondeur qui ont tendances à prédominer la réponse acoustique de la cavité comme le
montre pour la première fois Plumbee [60]. De plus on peut considérer que les oscillations de
la couche de cisaillement, observées pour les cavités profondes, ont deux origines :
– Rétroaction aéroacoustique : c’est le cas pour les écoulements à vitesse élevée [66],
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– Résonance acoustique : plutôt pour les écoulements à faible vitesse [60].
Figure 2.7 – Illustrations de l’écoulement dans les cavités : profondes (a), allongées : ouvertes
(b), transitionnelles (c) et fermées (d). La distinction entre les types de cavités allongées est
faite par Tracy et al. [78] via le coefficient de pression Cp (d’après [78]).
Une nouvelle fois, il est possible de classer les cavités en deux catégories en fonction de la
valeur de L/W :
– Large (L/W < 1) : la dynamique de la couche de cisaillement est essentiellement bidi-
mensionnelle et les vagues de tourbillons sont fortement cohérentes dans la direction
transverse (spanwise) engendrant ainsi un bruit fortement tonal.
– Étroite (L/W > 1) : les effets de bord sont désormais non-négligeables du point de vue
de la couche de mélange dont la dynamique est fortement tridimensionnelle.
Des conclusions contradictoires sont tirées à ce sujet par Block[8] et, Ahuja et Mendoza[2][1]
comme illustré en Fig. 2.8. Nous ne pouvons donc pas conclure sur la véritable influence
du rapport sur l’intensité du pic tonal. Au final, il est intéressant de noter que les
auteurs sont au moins en accord sur une chose : la largeur W de la cavité ne modifie que très
légèrement les fréquences tonales générées, mais influence de façon assez importante
leur amplitude.
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Figure 2.8 – Illusrations de l’influence de L/W par : Block [8] (a), et Ahuja et Mendoza [2][1].
Pour Block la diminution de la largeur implique une baisse de l’intensité du pic acoustique
alors que Ahuja et Mendoza observent le contraire.
Pour finir, il est intéressant de noter que des études ont été faites sur l’influence de la
forme du coin aval sur les interactions vortex/coin, et notamment par Pereira et
Sousa [59](Fig. 2.9). Leurs conclusions sont les suivantes :
1. La forme du coin ne modifie pas la fréquence du pic dominant l’acoustique rayonnée,
2. Même si le coin comportant un rebord favorise les rattachements complets à la paroi
de la cavité (cf Fig. 2.2 et le paragraphe correspondant), l’acoustique observée reste
fondamentalement la même que pour un coin carré,
3. Pour le coin en quart de cercle, l’interaction privilégiée est l’échappement total. Ce
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qui a pour conséquence une nette diminution du bruit rayonné par la cavité.
Figure 2.9 – Influence de la forme du coin aval : (a) coin carré, (b) coin avec rebord en
demi-cercle (nose-shaped edge), (c) coin en quart de cercle (d’après [59]).
Toutefois, il ne faut pas oublier que même si les composantes géométriques de la cavité ont
une influence importante sur sa réponse acoustique, celle-ci dépend énormément de la nature
de l’écoulement amont (épaisseur de couche limite δ, nature laminaire ou turbulente de la
couche, etc). L’influence de ces paramètres clés est par conséquent étudiée dans ce qui suit.
Les écoulements supersoniques (M > 1) jouent un rôle bien particulier dans la génération de
bruit par les cavités. En effet, ce n’est qu’à cette condition (a priori ) que les ondes de pression
réfléchies au coin amont (après avoir été générées lors de l’impact à l’aval) peuvent interférer
avec le mécanisme de rétroaction aéroacoustique. De plus, il a été remarqué par plusieurs
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Figure 2.10 – (a),(b) Visualisations du gradient de masse volumique ∂ρ/∂x par la méthode
de Schlieren, pour un écoulement à M a = 1.5 et L/D = 2 (d’après Zhang et al. [81]). (c)
Illustration de l’évolution d’un choc au dessus et en dessous d’une cavité (d’après Heller et
Delfs [33]).
auteurs dont Ünalmis et al. [56] que la formule de Rossiter (2.1) permet de retrouver de
façon assez précise la fréquence d’un pic acoustique pour les écoulements supersoniques.
Cependant, il n’est aucunement fait référence à une réflection d’onde de pression au niveau
du bord amont dans la démonstration de (2.1). Cette coı̈ncidence est alors considérée comme
purement fortuite pour les auteurs.
De plus, la dynamique de la couche de cisaillement se complexifie pour les écoulements superso-
niques comme le montrent Murray et Elliot [55]. Afin de comprendre pourquoi, penchons-nous
sur la chronologie du phénomène (illustrée en Fig. 2.10). Un choc naı̂t au niveau du coin aval
de la cavité suite à la nature supersonique de l’écoulement. Son interaction avec la couche de
cisaillement (subsonique) déforme ”son pied”, lui donnant ainsi une forme de lambda λ. Les
deux parties du pied suivent ensuite des directions opposées : la partie de gauche remonte
l’écoulement via la cavité et la couche de cisaillement, alors que celle de droite dérive len-
tement vers la partie aval de l’écoulement. S’en suit une réflexion de l’onde de Mach sur le
mur amont de la cavité : c’est alors qu’un nouveau détachement tourbillonnaire se produit.
Ce nouveau mécanisme de couplage avec la dynamique de la couche de cisaillement serait à
l’origine d’une perte de cohérence des vortex au sein de la couche de mélange, entraı̂nant ainsi
une redistribution de l’énergie acoustique et ce, en faveur du bruit large-bande.
L’influence de l’épaisseur de la couche limite amont a longtemps été laissée de côté, mais elle
s’avère pourtant être un facteur fondamental dans la sélection du mode d’instabilité
de la couche de cisaillement. Plus précisément, c’est le ratio L/δΘ (avec δΘ l’épaisseur de
quantité de mouvement) qui va permettre de savoir si des instabilités de type Kelvin-Helmoltz
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Figure 2.11 – Influence de l’épaisseur de couche limite pour plusieurs cavités : sans (bleu) et
avec (rouge) effet de succion (d’après [39]).
Plaçons nous désormais à des niveaux de Reynols modérés (104 − 105 ), et intéressons
nous plus particulièrement aux cas où la couche limite peut transitionner.
Une configuration permettant de réunir toutes ces caractéristiques serait par exemple : un
écoulement à vitesse élevée (M a = 0.5 − 1.5) en présence d’une petite cavité (L = 0.01 −
0.1m) de telle sorte que le nombre de Reynolds soit modéré [41]. Il est alors possible d’étudier
l’influence de l’état de la couche limite sur la génération de bruit. En effet la couche
limite étant initialement laminaire, il est possible de forcer la transition via une bande rugueuse
(stripping) placée en amont de la cavité (la turbulence est maintenue grâce au grand nombre
de Reynolds). Les conclusions suivantes ont ainsi pu être tirées de l’expérience [41] et des
simulations numériques [26][28] :
– Le niveau acoustique (OASPL) diminue de 8 dB lorsque la couche limite devient tur-
bulente. Ceci s’explique par la diminution de la cohérence entre les structures tourbillon-
naires, impliquant ainsi une dissipation plus importante des vortex et par conséquent une
diminution de leur taille moyenne.
– La fréquence du pic principal est légèrement diminuée. Une nouvelle fois la cohérence
des tourbillons est en cause puisque son altération implique une baisse de l’altitude
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Figure 2.12 – Influence de la nature de la couche limite. LES de la configuration L/D = 3,
M = 0.8 tirée des expériences de Karamcheti avec un écoulement en entrée : laminaire (au
dessus), turbulent (en dessous). A gauche, champ instantané de la norme de la vorticité avec
des valeurs comprises entre 0 et 2×106 s−1 (vue de dessus à x2 = 0.06D, vue de côté à x3 = 0).
A droite, champ de pression instantané avec mesure de l’OASPL au point (−D, 4.6D, 0) en
décibels. Les niveaux de pression sont comprise entre -3000 et 3000 Pascals. (D’après [26][28])
moyenne des vortex, qui sont par conséquent plus difficilement convectés par l’écoulement
vers le bord aval de la cavité.
Ces phénomènes ont de plus été observés pour plusieurs types de cavités : allongées [29]
et profondes [15].
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Dynamique de la couche de cisaillement
1. Formation de la couche de cisaillement
Afin d’étudier plus en détails la croissance de la couche cisaillée nous allons ici nous
pencher sur l’évolution de l’épaisseur de quantité de mouvement δθ (ou tout
simplement θ) définie par :
Z +∞
u1 u1
δθ = (1 − ) dx2 (2.6)
−∞ u∞ u∞
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Figure 2.13 – Évolution de l’épaisseur de quantité de mouvement adimensionnée δθ /δθR entre
les bords de la cavité : (a) LES d’après [27] avec L/D = 3, M a = 0.8, ReL = 123000 ; (b)
Expériences de Forestier et al. [22, 21] avec L/D = 0.42, M a = 0.8, ReL = 860000.
(b) La deuxième est caractérisée par une absence d’appareillage de tourbillons et donc
un taux de croissance faible. Cette expansion n’est d’ailleurs possible que grâce
aux effets de viscosité et d’entraı̂nement du fluide.
(c) La troisième est quant à elle fortement influencée par la zone d’impact de la
couche cisaillée avec le bord aval de la cavité, de sorte qu’aucune tendance globale
ne peut être déterminée de façon précise. En effet, cette zone est soumise à de forts
gradients de vitesse verticale dus à l’oscillation de la couche de mélange, et dépend
donc fortement de la géométrie aval de la cavité.
Il est à noter que dans certaines configurations, le taux de croissance est plus impor-
tant que celui prédit par l’étude linéarisée de la stabilité des couches de cisaillement
libres. Ceci est principalement dû au fait qu’une des hypothèses fondamentales de cette
théorie est le caractère parallèle de l’écoulement (suivant l’axe des x). Or cette hypothèse
néglige totalement la recirculation fortement tridimensionnelle qui s’établit au sein de
la cavité, ainsi que les oscillations quelle implique sur la couche cisaillée. Pour remédier
à cela, des modifications de la théorie ont été effectuées avec succès. Pour information,
celles-ci prennent en compte les paramètres suivants :
– L’évolution de l’épaisseur de la couche de mélange via un profil de vitesse
hyperbolique [79][2][62],
– L’effet de la turbulence [79, 3].
Ce phénomène est rencontré lorsqu’une couche de mélange est excitée par une
fréquence assez faible (plus faible que celle de l’instabilité de couche cisaillée la plus
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amplifiée). Cette fréquence peut être directement liée à la génération d’ondes de pression
par la couche de mélange (lors de l’impact avec le coin aval) ou par la cavité elle-même
(mode de profondeur). Elle peut même dans certains cas (plus rares) être liée à la recir-
culation s’établissant dans la cavité. Quoiqu’il en soit, le phénomène de coalescence peut
être décrit de la manière suivante : de petites structures tourbillonnaires sont formées
juste en aval de la zone de décollement de la couche limite amont ; celles-ci ont alors
tendance à interagir entre elles et donc à former des structures plus larges. Cette fusion
est d’autant plus importante du point de vue de la physique qu’il semblerait quelle soit
directement liée au processus de sélection des fréquences d’oscillations les plus instables
de la couche de cisaillement. Toutefois, des zones d’ombres persistent quant à la raison
de l’existence de ce phénomène de coalescence.
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Conclusion
Le bruit généré par un écoulement affleurant une cavité peut être considéré comme hau-
tement multi-facettes dans le sens où celui-ci dépend d’un grand nombre de paramètres,
qu’ils soient géométriques, ou bien propres à l’écoulement. C’est pourquoi il est assez difficile
de faire une arborescence précise de ce phénomène. La seule distinction communément admise
est celle faite entre les cavités dites resonantes et celles non-resonantes.
En ce qui concerne les cavités résonantes, elles sont rencontrées lorsque l’écoulement est
en présence d’un résonateur (la cavité elle-même ou bien un conduit par exemple). Le
plus souvent rencontrées pour des nombres de Mach faibles, elles génèrent une acous-
tique pouvant supplanter les phénomènes de rétroaction aéroacoustique lorsque les
fréquences rencontrées sont proches de celle du résonateur. Ce type de cavité comporte, de
plus, deux sous-catégories qualifiées de passive et d’active. Pour la première famille de ca-
vités, les instabilités de couche de cisaillement procurent l’énergie nécessaire à la rétroaction
aéroacoustique. Pour la seconde, c’est la turbulence (turbulent rumble) qui est à l’origine
de l’excitation de la cavité.
Contrairement à leurs consœurs, les cavités résonantes sont facilement détectables puisque la
fréquence des pics acoustiques est indépendante de la vitesse de l’écoulement (ce
qui n’est, a priori, pas le cas de leur amplitude). Ainsi, une façon simple de les détecter est
d’augmenter la vitesse de l’écoulement amont et de voir si la fréquence des pics reste inchangée.
Finalement, les principaux acteurs de ce type de cavités sont les modes de profondeur ainsi
que les résonances de type Helmoltz. En ce qui concerne les modes longitudinaux, ils sont
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plutôt rencontrés pour des écoulements à vitesse élevée.
Afin de mieux appréhender le solveur de l’équation de Boltzmann (LaBS), une Simulation aux
Grandes Échelles (Large-Eddy Simulation ou LES ) de l’aéroacoustique de ce type de problème
a été mise en place. Elle s’appuie sur la configuration, tirée du projet AEROCAV, suivante :
– Rapport d’aspect L/D = 1,
– Vitesse de l’écoulement amont u∞ = 70 m.s−1 ,
– Pression de l’écoulement amont P∞ = 101325 Pa
– Mach amont M∞ = 0.20
– Reynolds basé sur le diamètre de la cavité ReL = 4, 7.105
Une convergence en maillage 1 , basée sur la comparaison des profils de vitesse moyenne et rms
(Root Mean Square), 55 mm en amont de la cavité, est tout d’abord mise en place. S’en suit
une présentation de la physique de l’écoulement rencontré via des ”coupes” du domaine
de calcul (champs moyens de pression et de vitesse, champs de vitesse RMS). Et pour finir, les
Densités Spectrales de Puissance ou DSP (Power Spectral Density ou PSD) en champ proche
(circonférence et fond de la cavité) et en champ lointain (arc de micros situé à un mètre du
centre de la cavité) sont comparées avec des données tirées de l’expérience. En parallèle de
cela, l’influence du modèle de sous-maille est aussi étudiée. Pour ne pas trop rentrer dans
les détails, les modèles de sous-maille considérés sont au nombre de deux : SISM (pour Shear-
Improved Smagorinsky Model [47]) et ADM (pour Approximate Deconvolution Model [48]).
Le premier modélise la contribution des petites structures (non-résolues) via une viscosité
turbulente, alors que le second le fait grâce à un filtre spatial. En théorie le modèle ADM
permet de mieux conserver la physique de l’écoulement sans ajouter de viscosité supplémentaire
comme le modèle SISM.
Il est à noter qu’un problème rencontré avec l’assignation des variables du ten-
seur de Reynolds nous oblige à ne présenter que les données RMS de la vitesse
suivant x (il en sera de même au Chapitre 3).
1. On rappel au lecteur que la notion de convergence en maillage n’a, à proprement parlé, aucun sens
lorsqu’une loi de paroi est utilisée (ce qui est notre cas). La seule façon d’être convergé, de ce point de vue, est
en rendant la loi de paroi inutile i.e en ayant un maillage assez fin pour capturer l’ensemble des phénomènes à
la paroi (taille de maille de l’ordre de x+i ∼ 1)...
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2.2.1 Mise en place du calcul
Afin de modéliser le plus fidèlement possible la physique de l’écoulement, la mise en place
du calcul faite par Damien Desvigne au cours de sa thèse [16] a dans un premier temps été
prise pour modèle.
De plus, la quantité de points à rajouter afin de propager l’acoustique est négligeable, devant celle nécessaire à
la bonne capture des phénomènes physiques présents dans la cavité, et notamment en paroi.
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(a)
(b)
Figure 2.15 – Visualisations du maillage composite de Desvigne [16] : (a) Coupe suivant
x3 = 0, (b) Coupe suivant x1 = 0. Les maillages cartésiens supérieur et composant le cœur du
cylindre sont respectivement en vert et en rouge, alors que le maillage cylindrique périphérique
est représenté en bleu.
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(a)
(b)
Figure 2.16 – Visualisations du maillage uniforme par morceaux mis en place dans LaBS : (a)
Vue d’ensemble, (b) Coupe suivant x2 = 0. Cas Medium correspondant à ∆xmin = 5 × 10−4 m
et ∆xmax = 8 × 10−3 m, soit cinq zones de raffinement.
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2.2.1.3 Conditions aux limites et Initialisation
Des conditions de type velocity inlet et pressure outlet sont imposées en entrée et en sortie
de domaine. La pression imposée en sortie est alors fixée à Pout = P∞ (pression standard
correspondant aux conditions de l’expérience). Quant à la condition d’entrée, un profil de
vitesse tirée d’une approximation polynômiale de la solution de Blasius 3 a été
imposé :
u1 x3 x 4
3
x 5
3
x 6
3
=2 −5 +6 −2 (2.7)
u∞ δ δ δ δ
Ce dernier, tiré de [16], est utilisé pour simuler une couche limite d’épaisseur 4 δ = 10 mm en
entrée de domaine, et permet d’obtenir un profil proche de celui de l’expérience, 55 mm en
amont de la cavité (cf § 2.2.1.5), pour x3 ≤ δ. Une condition de type pressure outlet, fixée à P∞ ,
Figure 2.17 – Profil laminaire de vitesse moyenne u1 , tiré de (2.7) et adimensionné avec
δ = 15 mm et u∞ = 70 m.s−1 . En noir : Solution de Blasius, en bleu : Approximation d’ordre
4, en vert : Approximation d’ordre 6 (extrait de Desvigne [16]).
est aussi appliquée sur la partie haute du domaine, alors que des conditions de périodicité
sont imposée sur les parties gauche et droite 5 . Une condition de paroi solide (noslip wall ),
3. Il a été choisi d’utiliser un profil de vitesse laminaire en entrée, puisqu’au sens de l’auteur, l’imposition
d’un profil turbulent n’a pas d’intérêts si elle n’est pas couplée avec une méthode d’injection de turbulence.
En effet, la principale différence entre des profils turbulent et laminaire est visible au niveau de leur pente à
l’origine. Celle du profil turbulent est plus abrupte, traduisant un frottement pariétal plus important. Or celui-
ci est directement lié à la viscosité à la paroi, elle-même renforcée par la turbulence. Ainsi, sans turbulence
il est absolument impossible que le profil turbulent reste tel quel ! Il va forcément rencontré une phase de
”relaminarisation” avant de reprendre une évolution plus ”naturelle”.
4. Ce profil polynômiale d’ordre 6 nous permet d’approcher la solution de Blasius avec moins d’1% d’er-
reur [16].
5. Le fait d’imposer des conditions de périodicité permet de simulé un domaine semi-infinie. Ceci nous
protège alors d’une éventuelle excitation de modes de boı̂te, par l’aéroacoustique de la cavité, nous permettant
ainsi d’éviter une détérioration voire la perte d’une partie des données du calcul, comme ce fut le cas pour
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Nom SGS νinit Mailles Points/L ∆xmin y + moyen Tphy (ms) Tcpu (h)
Coarse SISM SISM Non 5.106 100 1.10−3 200 0.22 1, 25.103
Coarse ADM ADM Non 5.106 100 1.10−3 200 0.22 1, 25.103
Medium SISM SISM Non 40.106 200 5.10−4 100 0.22 4, 34.104
Medium ADM ADM Non 40.106 200 5.10−4 100 0.22 4, 34.104
LocFine SISM SISM Non 80.106 300 3, 3.10−4 75 0.22 5, 26.104
LocFine ADM ADM Non 80.106 300 3, 3.10−4 75 0.22 5, 26.104
Table 2.1 – Résumé des paramètres physiques et numériques des différents calculs effectués.
basée sur les méthodes bounce back [61][50], est appliquée à la plaque comportant une cavité
cylindrique en son centre. Des conditions de relaxation en pression et en vitesse (PML)
sont appliquées, sur une épaisseur de 2L, à l’ensemble des limites du domaine, excepté au
niveau de la plaque. A l’intérieur de ces volumes, la pression entrante tend vers P∞ et la vi-
tesse vers (u∞ , 0, 0), sauf en entrée où elle tend vers l’approximation polynômiale d’un profil
de Blasius (2.7).
Finalement, le calcul est initialisé avec une pression Pinit = P∞ et, avec une vitesse corres-
pondant à u∞ à l’extérieur de la cavité et nulle à l’intérieur.
Pour ce qui est du transitoire du calcul, il est estimé grâce à un capteur placé à un mètre
au dessus de la cavité. On considère alors que la physique de l’écoulement ”est convergée”
après 30.000 itérations (pour les calculs Coarse qui en compte au total 180.000, pour un temps
physique simulé de 0.3 secondes). En ajoutant à cela une marge de sécurité confortable, nous
obtenons des données parfaitement exploitables sur 0.22 secondes de temps physique
simulé.
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(a) (b)
Figure 2.18 – Comparaison des profils de vitesse moyenne u1 , avec l’expérience, adimensionné
avec δ = 15 mm et u∞ = 70 m.s−1 , avec l’utilisation du modèle de sous-maille : (a) SISM et
(b) ADM, avec comme convention le cas Coarse en vert et le cas Medium en bleu.
Maintenant que la mise en place du calcul a été présentée, la convergence en maillage des
simulations va être abordée.
Comme il a été mentionné en § 2.1.2.2, l’épaisseur de la couche limite amont peut avoir
une influence sur l’acoustique rayonnée par la cavité. Cette influence est alors sensée devenir
négligeable lorsque ReL > 106 [38], avec L le diamètre de la cavité. Cependant, nous nous
trouvons ici dans le cas où le nombre de Reynolds est très proche (ReL ∼ 5.105 ) de cette limite
basse. Ainsi, il a paru important de ne pas négliger l’influence de ce paramètre, et donc
d’étudier la convergence en maillage sur le profil de vitesse moyenne longitudinale u1 . Les
profils de vitesse moyenne u1 sont tracés en Fig. 2.18. Nous constatons que le profil moyen
est proche de l’expérience pour le cas Medium quelque soit le modèle de sous-maille utilisé 8 .
Il semble alors correcte de supposer qu’à partir du maillage Medium (et pour des maillages
plus fins) nous capable de reproduire fidèlement la physique de l’écoulement, tout du moins du
point de vue des grandeurs aérodynamiques moyennes.
8. En regardant de plus près la pente à l’origine des profils, nous constatons que celle du modèle ADM est la
plus faible. Ce qui se traduit logiquement par un frottement pariétal plus important que pour le modèle SISM
(plus dissipatif en paroi).
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2.2.2 Description de la physique de l’écoulement
Nous allons désormais présenté les différentes caractéristiques de l’écoulement, se mettant
en place au dessus et à l’intérieur de la cavité, grâce aux études successives : des champs
moyens (ui , P ) et rms (urms
1 ), et des PSD en champ lointain et à la paroi. Aucune différence
majeure n’a été remarquée en ce qui concerne l’influence des modèles de sous-mailles sur
l’aérodynamique de l’écoulement. Ainsi, la distinction entre les résultats obtenus pour
chaque modèle ne sera pas faite dans ce paragraphe. Finalement, il est à noter que l’ensemble
des snapshots, ici présentées, sont tirées du calcul Medium SISM.
L’écoulement moyen longitudinal, présenté en Fig. 2.19 et 2.20, met en évidence une recircu-
lation importante au sein de la cavité. Celle-ci atteint une vitesse de l’ordre de u1 = −24 m.s−1
au fond la cavité. Cette valeur est proche de ce qui est observé expérimentalement comme
le montre la Fig. 2.28 (a), dont les profils expérimentaux ont été mesuré par LDA aux points
indiqués en Fig. 2.27. De plus, il semblerait que la recirculation de la cavité ait une petite
influence sur le développement de la couche de cisaillement. En effet, une légère déviation de
celle-ci, vers les x3 positifs, se détache. Pour finir, une symétrie de l’écoulement longitudinal,
par rapport au plan x2 = 0, semble être à l’œuvre au sein de la cavité.
Vitesse transversale
Les illustrations présentes en Fig. 2.21 nous confirment que l’écoulement transverse, au sein
de la cavité, est légèrement asymétrique (faibles amplitudes de l’ordre de ±0.5 m · s−1
dans le plan x2 = 0). De plus, les différentes poches de survitesses, situées au centre et sur le
pourtour de la cavité, nous laisse penser que le phénomène de recirculation n’est pas restreint
au plan longitudinal, mais possède aussi une composante transverse non négligeable. Ceci
n’est pas (ou très peu) observé pour les cavités à forme rectangulaire. En effet, une fois
que la couche de cisaillement atteint le bord aval de la cavité, elle se dédouble lors de l’impact
et forme ainsi deux recirculations contra-rotatives en surface. Il semblerait même que ces deux
recirculations se dupliquent une nouvelle fois au sein de la cavité, complexifiant d’autant plus
la physique de l’écoulement (Fig. 2.22).
Finalement, de forts gradients de vitesse transversale sont localisés sur la circonférence et le
fond de la cavité. Ceci nous laisse penser, qu’a priori, il va être particulièrement difficile de
capturer les bonnes fluctuations de pression pariétale, que ce soit sur la circonférence
ou bien sur le fond de la cavité.
Vitesse verticale
L’écoulement moyen vertical, présenté en Fig. 2.23 et 2.24, surligne le fait qu’une violente
recirculation est en place au sein de la cavité. En effet, après son impact avec le coin aval la
couche de cisaillement se scinde en deux : une partie ”plonge” rapidement à l’intérieur de
la cavité avec une vitesse verticale de l’ordre de u3 = −25 m · s−1 , alors que l’autre réussi à
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passer le coin et continue son chemin sur la partie avale de la plaque. En ce qui concerne la cir-
conférence amont de la cavité, on peut observer une ”remontée” de l’écoulement atteignant
la vitesse non-négligeable de u3 = 13 m · s−1 .
Pour finir, des recirculations plus localisées sont observables sur : le fond, en amont et en aval,
et au niveau du coin amont. Celles-ci sont typiques des cavités dı̂tes de lid-driven 9 .
Pression
L’évolution de la pression, moyennée en temps, P est représentée en Fig. 2.25 et 2.26. Une
large zone de dépression se détache très nettement au sein de la cavité. Celle-ci est due à
la recirculation observée précédemment via les composantes du champ de vitesse. Des zones
de surpression sont observées sur les coins et le fond de la cavité, en amont et en aval. Elles
correspondent aux ”virages” pris par l’écoulement au sein de la cavité, et sont le lieu de
recirculations localisées (comme le surligne l’évolution de u3 ), à l’exception du coin aval où à
lieu l’impact de la couche de cisaillement avec la cavité.
9. Elles correspondent grossièrement à l’écoulement à l’intérieur d’une cavité ”fermée” par une condition de
paroi en translation. Une review concernant ce type de problème a été faite par Shankar et Deshpande [71].
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Figure 2.20 – Visualisation d’ensemble de l’évolution de u1 (notée U ), par coupes successives
suivant les plans x3 = 0, x3 = −25, x3 = −50, x3 = −75 et x3 = −98 mm.
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Figure 2.22 – Visualisation d’ensemble de l’évolution de u2 (notée V ), par coupes successives
suivant les plans x3 = 0, x3 = −25, x3 = −50, x3 = −75 et x3 = −98 mm.
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Figure 2.24 – Visualisation d’ensemble de l’évolution de u3 (notée W ), par coupes successives
suivant les plans x3 = 0, x3 = −25, x3 = −50, x3 = −75 et x3 = −98 mm.
Nous rappelons que la convention choisie, dans ce manuscrit, pour l’estimation de la valeur
rms de la composante longitudinale du champ de vitesse est la suivante :
q
rms
u1 = u21 − u1 2 (2.8)
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Figure 2.25 – Visualisation du champ de pression moyen P dans le plan x2 = 0 mm.
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Figure 2.27 – Points expérimentaux où les mesures de vitesse, par la méthode LDA, sont
effectuées (extrait de [16]).
(a) (b)
Figure 2.28 – Évolution suivant l’axe x2 = 0 des profils des vitesses : moyennes (a) u1 , et
rms (d) urms1 . Les résultats du calcul Medium SISM (vert) sont comparées aux mesures LDA
tirées de l’expérience (· · · ), et ce aux points : x1 = −55, x1 = −45, x1 = −35, x1 = 0, x1 = 35,
x1 = 50, x1 = 55 et x1 = 90 mm.
”naturelle” (5 ∼ 10%) 10 .
En dehors du fait qu’un problème de nature numérique ait été détecté au coin amont de la
cavité, entrainant des valeurs quasi-nulles de l’intensité de turbulence longitudinale au voisi-
nage du point x1 ∼ −45 mm, notre simulation semble bien modéliser la formation des
10. A l’heure actuelle, l’origine exacte de la transition n’est pas connue. Cependant, deux suspects ont été
identifié : les wiggles générées par le passage des ondes (acoustiques, de vorticité) au niveau des transitions
de résolution ; et le déraffinement brutal en aval de la cavité qui peut être vu, par l’écoulement, comme un
gradient de pression adverse.
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structures tourbillonnaires au sein de la couche de cisaillement. En effet, le déficit
en taux de perturbations longitudinal est très rapidement rattrapé dès l’abscisse x1 = −0.35
mm (Fig. 2.28 (b)). Ceci permet par la suite d’obtenir un champ de fluctuations longitudinal
proche de celui de l’expérience, que ce soit au dessus ou au sein de la cavité. Cependant, il est
important de noter que les valeurs rms au fond de la cavité ne sont pas très fidèles à ce qui est
observé expérimentalement : les mesures acoustiques sur le fond de la cavité ne seront
pas bonnes.
Finalement, l’intensité turbulente longitudinale I1 est très importante (de l’ordre de
15%) aux endroits où l’écoulement est le plus perturbé : au sein de la couche de cisaille-
ment, et au point d’impact de cette dernière avec le coin aval. De plus, des taux assez élevés
(5 ∼ 10%) sont observés lors de l’initialisation de la recirculation (circonférence avale) et dès
que l’écoulement doit contourner une paroi (fond aval et amont).
Conclusion
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– De forts gradients de vitesses/pression sont observés en proche paroi, nous laissant pensé
que les mesures acoustiques vont être difficilement comparables aux données
expérimentales,
– Les profils rms de la composante longitudinale du champ de vitesse urms 1 , nous confirme
que nos mesures acoustiques seront, sur le fond de la cavité, loin des valeurs es-
comptées.
Figure 2.30 – Dispositif expérimentale mis en place pour les mesures acoustiques en champ
lointain (extrait de [16]).
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Gloerfelt et al. ont montré que les effets d’installation étaient non-négligeables [53] :
1. Le bruit de fond de la soufflerie est très important dans les basses fréquences,
nous aurons donc très certainement de fortes disparités avec l’expérience dans la région
fréquentielle concernée,
2. La directivité acoustique en champ lointain est fortement perturbée, mais reste
quasi-inchangée pour une orientation de l’antenne proche de 90°. C’est pourquoi nous
ne présenterons ici que les résultats correspondant à cet valeur angulaire.
L’évolution des spectres acoustiques, en fonction du maillage, est présentée en Fig. 2.31 et 2.32
pour les cas SISM et ADM respectivement 11 . Les données mesurées expérimentalement sont
également tracées. Si nous nous concentrons tout d’abord sur ces dernières, nous constatons
que le bruit rayonné par la cavité est fortement tonal. En effet, un pic ressort du spectre (+
30 dB) à une fréquence proche de f = 655Hz. De ces figures , nous pouvons tirés les conclusions
suivantes :
– Le pic principal est assez bien retrouvé : environ 700 Hz pour le modèle SISM 12 et
660 Hz pour l’ADM.
– Le modèle SISM a plutôt tendance a surestimé l’amplitude du pic (entre 5 et 8 dB),
alors que le modèle ADM la sous-estime beaucoup (entre 10 et 15 dB).
– Le modèle ADM surestime le bruit large-bande dans les hautes fréquences. Ceci
est très certainement dû à un problème de transition de résolution. En effet, lorsqu’une
structure tourbillonnaire passe d’une maille fine à une plus maille grossière, celle-ci est
déformée voire détruite : du bruit est créé. Or le modèle ADM est moins dissipatif que
le modèle SISM, d’où la présence accrue de petites structures traversant les transitions
de résolution à l’aval de la cavité, et donc la surestimation du bruit généré par la cavité
dans les hautes fréquences.
– Des pics supplémentaires apparaissent sur l’ensemble des spectres des calculs SISM.
En dehors du premier harmonique 13 à f ' 1400Hz, les autres fréquences ne pas dues
à une résonance naturelle ou forcée de la cavité : elles sont très certainement dues aux
transitions de résolution (wiggles).
– D’énormes différences (20 ∼ 30 dB) sont observées dans les basses fréquences. Ceci n’est
pas à la durée du signal enregistré 14 . En effet, Gloerfelt et al. ont montré que les effets
d’installation de la soufflerie étaient non-négligeables [53] : la jet de la soufflerie
induit un bruit de fond que nous ne sommes pas capables de reproduire sans l’inclure
dans la simulation.
11. Pour information, les spectres sont obtenus avec la méthode de Welch qui permet de diminuer la
variance du signal, au prix d’un perte de résolution fréquentielle. Celle-ci consiste en la découpe d’un
signal temporel en un certain nombre de blocs (trois ici), que l’on superpose avec un certain taux de recouvre-
ment(75% ici). Le fait d’augmenter le nombre d’échantillons permet alors d’améliorer l’estimation de la variance
de notre signal. Par contre les signaux ”découpés” sont naturellement plus courts, ce qui a pour conséquence
une dégradation de l’estimation de l’espérance du signal. Nous obtenons donc, ici, une résolution fréquentielle
de ∆f ' 8 Hz.
12. Cette différence avec l’expérience peut s’expliquer par le fait que le modèle est trop dissipatif. Ainsi
la taille des structures tourbillonnaires, au sein de la couche de cisaillement, est trop importante. Les vortex
sont alors plus exposé à l’écoulement extérieur à la cavité, et sont donc convectés plus rapidement vers le coin
aval de la cavité. Une autre explication serait un effet de confinement entraı̂nant une légère accélération de
l’écoulement et donc une surestimation du pic principal (cette théorie est en cours d’étude).
13. Ceci a une nouvelle fois été observé par Desvignes [16] lorsqu’une couche limite laminaire est présente ne
amont de la cavité.
14. Avec 0.22 s de temps physique simulé, nous avons une fréquence basse de coupure de l’ordre de 45 Hz.
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En dehors du bruit parasite rencontré (large-bande pour le modèle ADM et pics parasites
pour le SISM), il semblerait que le maillage le plus fin soit capable de bien reproduire la
physique du problème, du point de vue de l’acoustique en champ lointain tout du moins.
Intéressons-nous désormais aux mesures en pression en paroi.
(a) (b)
(c) (d)
Figure 2.31 – Spectres acoustiques en champ lointain, microphone : (a) M1, (b) M2, (c) M3,
(d) M4. Les différents calculs SISM sont comparés, avec comme convention : cas Coarse en
vert, cas Medium en bleu, cas LocFine en rouge.
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(a) (b)
(c) (d)
Figure 2.32 – Spectres acoustiques en champ lointain, microphone : (a) M1, (b) M2, (c) M3,
(d) M4. Les différents calculs ADM sont comparés, avec comme convention : cas Coarse en
vert, cas Medium en bleu, cas LocFine en rouge.
Table 2.2 – Premières fréquences de résonance naturelle d’une cavité cylindrique bafflée.
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x3 = −10, x3 = −25, x3 = −50 et x3 = −75 mm ; il est couplé à 13 autres capteurs placés au
fond de la cavité, en croix (angles 0°, ±90° et 0°) et aux rayons R = 0, R = 12.5, R = 25 et
R = 37.5 mm. Les figures 2.33, 2.34 et 2.35, 2.36 présentent respectivement les PSD extraites
des sondes pariétales du fond de la cavité, pour les cas SISM puis ADM. De ces figures, nous
pouvons tirées les conclusions suivantes :
– Quelque soit l’angle et le rayon considéré, la fréquence principale de l’acoustique
rayonnée en champ lointain domine les spectres de pression pariétale, que ce soit
pour les calculs SISM ou ADM. Celle-ci peut être assimilé à un couplage entre le pre-
mier mode de profondeur (0,0,1) et le mode II de la couche de cisaillement 15 .
D’autres pics émergent aux fréquences f ' 2100 (mode azimutal (1,0,1)), f ' 3400
(second mode azimutal (2,0,1)) et f ' 4300 Hz (mode radial (0,1,1)). Ils sont ob-
servés pour les plages angulaires et les rayons suivants : {0o , 180o } × [12.5 mm, 37.5 mm],
[−180o , 180o ] × {12.5 mm, 37.5 mm} et [−180o , 180o ] × {0 mm, 25 mm}.
– Il semblerait que la stratégie de maillage du cas LocFine ne soit pas adaptée au modèle
de sous-maille SISM : l’alternance entre les zones raffinées (en paroi) et celle déraffinée
(coeur du cylindre) entraı̂ne une disparition progressive des petites structures au sein de
la recirculation, d’où une sous-estimation du bruit large bande qui croı̂t (de 10
à 35 dB) avec la fréquence. Un nouveau calcul avec un maillage uniforme au sein
de la cavité est en cours, et permettra de valider ou non cette hypothèse. Ainsi en ne
nous fiant qu’au calcul Medium, nous constatons que la physique du problème est assez
difficile a retrouver. Même si les pics principaux sont retrouvés, un déficit de l’ordre
de 10 dB est observable sur l’ensemble du spectre. Ceci est très certainement dû à un
maillage trop grossier au sein de la cavité 16 .
– Contrairement à son homologue, le modèle ADM semble très bien gérer les tran-
sitions de résolution au sein de la cavité. De plus, il retrouve bien les fréquences
correspondant aux différents phénomènes rencontrés. Cependant, il a un peu plus de mal
à retrouver l’amplitude du pic principal (20 dB d’écart contre 10 dB pour le modèle
SISM).
D’après l’étude faite en § 2.2.2, il semblerait que la physique de l’écoulement soit plutôt
”violente” : au coin aval (0°) de la cavité où à lieu l’impact de la couche de cisaillement, à mi-
hauteur (x3 = −25 et x3 = −50 mm) où la recirculation est la plus complexe. Nous pouvons
donc nous attendre à ce que les prévisions de la simulation soient de plus en plus mauvaises
au fur et à mesure que les capteurs examinés se rapprochent des zones pré-citées. De
plus, comme pour le fond de la cavité, les capteurs placés à −90 ne seront pas présentés
par symétrie du problème. Ainsi les résultats obtenus sont tracés en Fig. 2.37, 2.38, 2.39
et 2.40, 2.41, 2.42, respectivement pour les cas SISM et les cas ADM. De celles-ci nous pouvons
15. D’après [16], la fréquence du mode II de la couche de cisaillement peut être estimé grâce à la formule
suivante : 2
II ca 1 4 − 3D/H
fcouche cisaillée = 5M a +
4H 9M a 6
16. L’acoustique rayonnée en champ lointain est plutôt bien récupérée : la couche de cisaillement semble alors
être assez finement maillée. Le problème viendrait donc bel et bien du raffinement en paroi. Ceci avait déjà été
noté lors de la comparaison des profils rms en paroi en § 2.2.2.2.
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tirées les conclusions suivantes :
– De façon générale, une ”frange” large bande intense caractérise le secteur angulaire
[−60°,60°], celle-ci est due à l’impact de la couche de cisaillement, composée de vor-
tex de tailles multiples, sur le coin aval (0°) de la cavité. Pour des positions angu-
laires supérieures, l’impact n’a, a priori, plus d’influence sur les spectres et les pics en
fréquence semblent dus à l’acoustique pure [16].
– Les pics correspondant aux fréquences f = 660 (700 pour le SISM), f = 2100, f = 3400
et f = 4200 Hz sont bien capturés par les deux modèles de sous-maille.
– L’amplitude du pic principal est sous-estimée par les deux modèles : entre 5 et 10 dB
pour le SISM, et entre 15 et 20 dB pour l’ADM.
(a) (b)
(c) (d)
Figure 2.33 – Évolution des spectres de pression pariétale des cas SISM, au fond de la cavité,
à l’angle 0° et : (a) R = 0, (b) R = 12.5, (c) R = 25 et (d) R = 37.5 mm. Les différents calculs
SISM sont comparés avec les données expérimentales (+), et la convention : cas Coarse en
vert, cas Medium en bleu, cas LocFine en rouge.
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(a) (d)
(b) (e)
(c) (f)
Figure 2.34 – Évolution des spectres de pression pariétale des cas SISM, au fond de la cavité,
aux angles 90°(a)(b)(c) et 180 °(a)(b)(c) avec : (a)(d) R = 12.5, (b)(e) R = 25 et (c)(f) R =
37.5 mm. Les différents calculs SISM sont comparés avec les données expérimentales (+), et la
convention : cas Coarse en vert, cas Medium en bleu, cas LocFine en rouge.
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– L’amplitude des trois modes acoustiques est légèrement surestimée par les deux modèles.
Ceci s’explique par le fait que la turbulence n’est pas assez bien modélisée : le maillage
est trop grossier et donc il ne permet pas de bien capturer la formation des structures
les plus fines.
– De part sa nature dissipative, le modèle SISM fait émergé les trois premiers harmoniques
de la fréquences principale (f = 1400 ,2100 et 3500 Hz).
– Comme nous nous y attendions aux vues de la physique de l’écoulement, le bruit large
bande n’est correctement estimé que lorsque nous nous éloignons de l’impact de
la couche de cisaillement, et que nous sommes proches de l’altitude correspondant à
l’entrée de la cavité.
(a) (b)
(c) (d)
Figure 2.35 – Évolution des spectres de pression pariétale des cas ADM, au fond de la cavité,
à l’angle 0° et : (a) R = 0, (b) R = 12.5, (c) R = 25 et (d) R = 37.5 mm. Les différents calculs
ADM sont comparés avec les données expérimentales (+), et la convention : cas Coarse en
vert, cas Medium en bleu, cas LocFine en rouge.
Page 73 / 122
(a) (d)
(b) (e)
(c) (f)
Figure 2.36 – Évolution des spectres de pression pariétale des cas ADM, au fond de la cavité,
aux angles 90°(a)(b)(c) et 180 °(a)(b)(c) avec : (a)(d) R = 12.5, (b)(e) R = 25 et (c)(f) R =
37.5 mm. Les différents calculs ADM sont comparés avec les données expérimentales (+), et la
convention : cas Coarse en vert, cas Medium en bleu, cas LocFine en rouge.
Page 74 / 122
(a) (b)
(c) (d)
Figure 2.37 – Évolution des spectres de pression pariétale des cas SISM, sur la circonférence
de la cavité, à l’angle 0° et aux profondeurs : (a) x3 = −10, (a) x3 = −25, (a) x3 = −50 et
(a) x3 = −75 mm. Les différents calculs SISM sont comparés avec les données expérimentales
(+), et la convention : cas Coarse en vert, cas Medium en bleu, cas LocFine en rouge.
Page 75 / 122
(a) (b)
(c) (d)
Figure 2.38 – Évolution des spectres de pression pariétale des cas SISM, sur la circonférence
de la cavité, à l’angle 90° et aux profondeurs : (a) x3 = −10, (b) x3 = −25, (c) x3 = −50 et
(d) x3 = −75 mm. Les différents calculs SISM sont comparés avec les données expérimentales
(+), et la convention : cas Coarse en vert, cas Medium en bleu, cas LocFine en rouge.
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(a) (b)
(c) (d)
Figure 2.39 – Évolution des spectres de pression pariétale des cas SISM, sur la circonférence
de la cavité, à l’angle 180° et aux profondeurs : (a) x3 = −10, (b) x3 = −25, (c) x3 = −50 et
(d) x3 = −75 mm. Les différents calculs SISM sont comparés avec les données expérimentales
(+), et la convention : cas Coarse en vert, cas Medium en bleu, cas LocFine en rouge.
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(a) (b)
(c) (d)
Figure 2.40 – Évolution des spectres de pression pariétale des cas ADM, sur la circonférence
de la cavité, à l’angle 0° et aux profondeurs : (a) x3 = −10, (b) x3 = −25, (c) x3 = −50 et
(d) x3 = −75 mm. Les différents calculs ADM sont comparés avec les données expérimentales
(+), et la convention : cas Coarse en vert, cas Medium en bleu, cas LocFine en rouge.
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(a) (b)
(c) (d)
Figure 2.41 – Évolution des spectres de pression pariétale des cas ADM, sur la circonférence
de la cavité, à l’angle 90° et aux profondeurs : (a) x3 = −10, (b) x3 = −25, (c) x3 = −50 et
(d) x3 = −75 mm. Les différents calculs ADM sont comparés avec les données expérimentales
(+), et la convention : cas Coarse en vert, cas Medium en bleu, cas LocFine en rouge.
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(a) (b)
(c) (d)
Figure 2.42 – Évolution des spectres de pression pariétale des cas ADM, sur la circonférence
de la cavité, à l’angle 180° et aux profondeurs : (a) x3 = −10, (b) x3 = −25, (c) x3 = −50 et
(d) x3 = −75 mm. Les différents calculs ADM sont comparés avec les données expérimentales
(+), et la convention : cas Coarse en vert, cas Medium en bleu, cas LocFine en rouge.
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Conclusion
Dans ce chapitre, la génération de bruit par un écoulement affleurant une cavité cylindrique
a été étudiée.
La phénoménologie du problème, ainsi que les paramètres clés de la physique de l’écoulement,
ont tout d’abord été présentés. Il s’avère que l’acoustique rayonnée par ce genre d’écoulement
a de multiples origines, dépendant majoritairement de : l’écoulement amont (épaisseur de la
couche limite, nombre de Mach, nombre de Reynolds, couche limite laminaire ou turbulente,
etc), ainsi que des caractéristiques géométriques de la cavité (rapports L/D et L/W , forme de
la cavité, etc).
S’en est suivi l’étude de la configuration (L/D = 1 et u∞ = 70 m · s−1 ), tirée du projet AE-
ROCAV. Celle-ci a été réalisée via des Simulations aux Grandes Échelles de l’aéroacoustique
du problème, basées sur les méthodes Boltzmann sur Réseau. Une stratégie de maillage, per-
mettant d’effectuer les premières mesures directes de l’acoustique rayonnée par ce type
de cavité, a été mise en place. Des comparaisons sur les champs aérodynamiques, ainsi que
sur les spectres de pression, en champ lointain et en paroi, ont ensuite été menées. Elles nous
ont permis de constater que la physique de l’écoulement été bien retrouvée par notre maillage,
même si des progrès restent à faire pour récupérer les bonnes fluctuations aérodynamiques
et acoustiques en paroi de la cavité. En parallèle de cela, l’étude de l’influence du modèle
de sous-maille a été présentée. Celle-ci a permis de confirmer que le modèle SISM, basé
sur l’ajout d’un terme de viscosité turbulente via un senseur, avait tendance a trop dissi-
per les petites structures. Au contraire le modèle ADM, s’appuyant sur une extraction de
l’énergie des ”grosses” structures via des filtres explicites en espace, semblent plus à même
de reproduire correctement la physique de l’écoulement 17 . Cependant, des problèmes
récurrents rencontrés avec ces deux modèles nous laissent penser qu’un traitement contre
la génération de bruit parasite doit absolument être mis en place, afin d’améliorer
les simulations numériques mises en place avec laBS.
L’étude concernant la génération de bruit par des trains d’atterrissage simplifiées, de type
LAGOON, va désormais être abordée. Celle-ci va nous permettre d’appliquer les best pratices,
développées au cours de l’étude précédente, sur des configurations industrielles.
17. Sa force est, malheureusement en LBM, son principal défaut. En effet, cela n’a pas été exposé ici, mais le
fait que ce modèle de sous-maille ne dissipe pas assez nous expose à des divergences de calcul assez récurrentes
(propres aux méthodes LBM qui sont par définition très peu dissipatives).
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Chapitre 3
Le projet LAGOON (Landing Gear NOise database for CAA validatiON) est financé par Air-
bus et regroupe des équipes de recherche de l’ONERA, la DLR et l’Université de Southampton.
Il consiste en l’étude expérimentale de l’aéroacoustique de trois configurations, de complexité
croissante, de train d’atterrissage avant à l’échelle 1 : 2, 5. Ces trois géométries constituent
un premier pas vers la modélisation des phénomènes aéroacoustiques rencontrés avec un train
d’atterrissage d’A320. Ainsi, il est attendu de la validation de méthodes CFD/CAA (pour
Computational Fluid Dynamics et Computational AeroAcoustics) sur ces configurations sim-
plifiées, la mise en place d’un ensemble de best practices qui pourrait permettre, dans un futur
proche, d’étudier des configurations réelles de trains d’atterrissage.
Le travail entrepris dans ce chapitre est dans la continuité de la thèse de Jean-Christophe Giret,
qui a pour sujet les configurations de trains d’atterrissage simplifiés LAGOON [25]. De plus, les
mises en données des différents calculs se font en étroite collaboration avec Alois Sengissen, qui
est, entre autre, l’ingénieur de recherche en charge du projet LaBS au département acoustique
d’Airbus.
Cette partie est organisée comme suit. Les trois configurations LAGOON, ainsi que les
dispositifs expérimentaux mis en place dans les souffleries F2 et CEPRA19, sont tout d’abord
présentées. Les résultats obtenus avec le logiciel LaBS sont ensuite comparées aux données
extraites aussi bien de l’expérience que des calculs de Jean-Christophe Giret. Et des conclusions
en ce qui concernent l’ensemble des calculs effectués sont finalement proposées.
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Figure 3.1 – Configurations de trains d’atterrissage simplifiés. De gauche à droite : LAGOON
1, 2 et 3 (extrait de Manoha et al. [49]).
(a) (b)
système de direction vers les roues (trains de nez), soit à empêcher la transmission d’un quel-
conque couple depuis les roues (trains principaux).
Les configurations 2 et 3 étant confidentielles, seuls les résultats tirés de l’expérience
et des simulations numériques de la configuration 1 seront présentées. Les dimensions ca-
ractéristiques de la maquette sont abordées en Fig. 3.2.
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3.1.2 Campagnes d’essais
(a) (b)
Figure 3.3 – Souffleries : (a) anechoı̈c CEPRA19 et (b) aérodynamique F2 utilisées pour les
campagnes d’essais (extrait de Manoha et al. [49]).
Deux campagnes de mesures ont été menées par l’ONERA. Elles se sont tenues aux souffle-
ries :
1. F2 : Les mesures expérimentales effectuées, au cours des mois de mai-juin-juillet de
l’année 2008, au sein de cette soufflerie à veine fermée, avait pour but la récupération
de données aérodynamiques stationnaires (PIV/LDV 2D, LDV 3D, pression en paroi) et
instationnaires (LDV, fil chaud et pression en paroi).
2. CEPRA19 : Complétées fin 2008, les données amassées au cours de cette campagne, qui
s’est tenue au sein de la soufflerie anechoı̈c, étaient principalement d’origine acoustique
(micros placés en champ proche et en champ lointain).
En amont de cela, le DLR a vérifié grâce à une simulation RANS que : les effets d’installations
étaient comparables pour les deux souffleries, et que ceux-ci n’influençaient que très faiblement
les résultats aérodynamiques moyens 1 .
Finalement, il est intéressant de noter que les campagnes d’essais ont eu lieu à des saisons
différentes, entraı̂nant ainsi une modifications des conditions standards de fonctionnement des
deux souffleries. Celles-ci sont résumées en Tab. 3.1 :
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F2 CEPRA19
Pression Statique 99447.7 Pa 96772.3 Pa
Température statique 293.56 K 288.39 K
Masse volumique 1.18 kg · m−3
Nombre de Mach 0.23
Table 3.1 – Conditions de fonctionnement des souffleries F2 et CEPRA19 lors des campagnes
d’essais LAGOON.
pour les comparaisons avec les simulations numériques sont ici présentées.
La méthode PIV (Particle Image Velocimetry) est utilisée pour mesurer expérimentalement,
et de façon non-intrusive, l’évolution dans un plan des deux composantes du champ vectorielle
de vitesse correspondantes. Leur principe repose sur la diffusion de la lumière par des
particules injectées dans l’écoulement. En prenant deux images successives de l’écoulement
ensemencé, il est alors possible de déterminer la distance parcourue par les particules. Une
simple application de la formule ”distance = vitesse × temps” permet de déterminer les
composantes du champ de vitesse (moyen et RMS).
Dans le cadre de ces campagnes d’essais, cinq plans (x3 = −104, x3 = 0, x3 = 104, x3 = 194,
x3 = 238 et x3 = 335 mm) du sillage de la maquette ont été étudiés (Fig. fig :ExpPIV). Seuls
les résultats obtenus, par Alois Sengissen et Jean-Christophe Giret, sur les deux premiers plans
seront présentés.
Figure 3.4 – Visualisations des cinq plans PIV (d’après Manoha et al. [49]).
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Mesures de vitesse par LDV
Les méthodes de mesure par LDV (pour Laser Doppler Velocimetry) et par fil chaud ont
été utilisées afin de récupérer les données des champs de vitesse moyens et RMS. La
première se base sur l’effet Doppler 2 : l’écoulement est ensemencé avec des particules fluides
et éclairé avec une lumière dont la fréquence est connue, l’estimation du décalage en fréquence
observé, grâce aux particules fines, permet alors d’estimer le décalage en fréquence et donc de
reconstituer le champ vectoriel de vitesse.
La plupart des mesures de vitesse moyenne et rms, obtenus grâce à cette méthode, sont faites
en aval du train (sillage) et permettent alors, de tracer l’évolution des champs de vitesse suivant
les axes (LDV 2D) : x1 , x2 et ceux définis par un angle fixe avec l’axe de la roue gauche (Fig. 3.5
(a)). De plus, l’évolution de ces grandeurs a été évaluée sur différents plan, dans le sillage du
train. Ils correspondent à ceux utilisés pour les mesures PIV, et ils permettent notamment
d’obtenir des résultats plus précis sur les champs rms (Fig. 3.5 (b)).
Figure 3.5 – Visualisations des différents axes (a) et plans (b) de mesure LDV (extrait de
Manoha et al. [49]).
2. Cet effet caractérise le décalage en fréquence d’une onde en mouvement. Celui-ci est dû à une variation
au cours du temps de la distance séparant l’”émetteur” et le ”récepteur”.
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Des microphones sont également placés sur la roue gauche. Leurs positions sont représentées
en Fig. 3.6 et Fig. 3.7.
Figure 3.6 – Positions des mesures de pression pariétale sur les roues gauche et droite (d’après
Manoha et al. [49]).
Champ lointain Les mesures en champ lointain ont été faites à l’aide de deux antennes,
en forme d’arc de cercle de rayon 6m, centrées sur la maquette qui est située au centre de la
soufflerie F2. Ces deux arcs sont composés de 12 micros. Ils sont, de plus, séparés par un angle
de 56° et permettent respectivement des mesures de l’acoustique rayonnée en survol (flyover )
et de côté (sideline). Les deux antennes sont présentées en Fig. 3.8. Cependant, il est à noter
que des simulations numériques, destinées à l’obtention de résultats en champ lointain, sont
toujours en cours. Ces données ne seront donc pas évoquées dans la suite du manuscrit.
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Figure 3.7 – Positions des mesures de pression pariétale sur la jambe et l’essieu (extrait de
Manoha et al. [49]).
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Figure 3.8 – Dispositif expérimentale, de la soufflerie F2, destiné aux mesures du rayonnement
acoustique en champ lointain (d’après Manoha et al. [49]).
comparaisons avec des calculs LES ”classiques” 3 . Sont pris comme points de comparaison :
les simulations menées par Jean-Christophe Giret, au cours de sa thèse, à l’aide du solver
AVBP 4 ; ainsi que les données expérimentales fournies par les campagnes d’essais du projet
LAGOON. Ces comparaisons sont finalement effectuées pour le point de fonctionnement décrit
en Tab. 3.2.
Conditions aérodynamiques
Pression Statique 99447 Pa
Température statique 293 K
Masse volumique 1.18 kg · m−3
Nombre de Mach 0.23
Pour rappel, les configurations 2 et 3 ayant été classées confidentielles par Airbus,
les résultats obtenus sur ces géométries ne seront pas abordés ici.
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(a)
(b)
(c)
Figure 3.9 – Maillages employés avec : à gauche AVBP, et à droite LaBS (Medium ADM).
Les différentes coupes sont effectuées suivant : (a) x2 = 0 et (b) x3 = 0, avec en (c) une vue
rapprochée de (b) (extrait de [68]).
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Figure 3.10 – Domaine de calcul utilisé pour les simulations AVBP [25].
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Figure 3.11 – Isosurfaces de critère Q (Q = 1000s−1 ), et champ de dilatation (div (ρu)) en
échelle de gris (d’après Giret [25].
termes composant la loi de paroi seront appliquées au cas Medium SISM. L’ensemble des
configurations étudiées sont regroupées en Tab. 3.3 et Tab. 3.4.
Nom SGS νinit Mailles Points/L ∆xmin Tphy (ms) Tcpu (h)
Coarse ADM ADM Non 20.106 480 6, 25.10−4 252 1, 30.104
Medium ADM ADM Non 40.106 600 5.10−4 252 2, 20.104
Coarse SISM SISM Non 20.106 480 6, 25.10−4 252 8, 80.103
Medium SISM SISM Non 40.106 600 5.10−4 252 2, 53.104
Fine SISM SISM Oui 80.106 750 4.10−4 252 1, 37.105
Fine AVBP WALE Non 40.106 1200 2, 5.10−4 240 1, 30.105
Table 3.3 – Résumé des paramètres physiques et numériques des différents calculs effectués
nécessaire à l’étude de l’influence du modèle de sous-maille. Seules les quatre dernières confi-
gurations ont été effectuées au cours de ce stage.
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en Fig. 3.11. De cette figure nous pouvons extraire les informations suivantes :
– Un sillage fortement turbulent est induit par la présence du train dans l’écoulement.
Celui-ci est d’autant plus complexe que l’ensemble des parties, de tailles diverses et
variées, composant le train contribuent à sa formation,
– Le champ de dilatation met en lumière la rayonnement acoustique du train, qui, en champ
lointain, peut être assimilé à un monopôle acoutisque (source ponctuelle),
– Le maillage mis en place par Jean-Christophe Giret permet de dissiper le sillage turbu-
lent, en aval du train, sans que du bruit parasite soit généré lors de la destruction des
structures tourbillonnaires. De plus aucune réflexion d’onde n’est observable sur les bord
du domaine.
Il est à noter que des post-traitements de ce type sont actuellement en cours sur l’ensemble
des calculs pré-cités en Tab. 3.3 et Tab. 3.4.
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(a)
(b)
Figure 3.12 – Évolution du coefficient de pression CP à la paroi : (a) Positions des prises de
pression pariétale et (b) Comparaison avec l’expérience des résultats obtenus. Les résultats des
calculs Coarse ADM et Medium ADM/SISM sont comparées au données expérimentales (•)
avec pour convention : Coarse en bleu et Medium ADM/SISM en rouge/vert.
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(a) (b)
(c) (d)
Figure 3.13 – Comparaison des champs de vitesse longitudinale moyenne, suivant le plan x3 =
noté
0 mm avec (x1 , x2 ) = (x, y) ∈ [−15 cm, −52.5 cm] × [−15 cm, 15 cm]. (a)Coarse, (b)Medium,
(c) PIV et (d) AVBP Fine (extrait de [68]).
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(a) (b)
(c) (d)
Figure 3.14 – Comparaison des champs de vitesse longitudinale moyenne, suivant le plan
noté
x3 = −104 mm avec (x1 , x2 ) = (x, y) ∈ [−15 cm, −52.5 cm] × [−15 cm, 15 cm]. (a)Coarse,
(b)Medium, (c) PIV et (d) AVBP Fine (extrait de [68]).
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(a) (b)
(c) (d)
Figure 3.15 – Comparaison des profils de vitesse longitudinale moyenne (extrait de [68]).
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3.3.4 Champ rms de vitesse axiale
(a) (b)
(c) (d)
Figure 3.16 – Comparaison des champs rms de vitesse longitudinale, suivant le plan x3 =
noté
0 mm avec (x1 , x2 ) = (x, y) ∈ [−15 cm, −52.5 cm] × [−15 cm, 15 cm]. (a)Coarse, (b)Medium,
(c) PIV et (d) AVBP Fine (extrait de [68]).
Les comparaisons faites précédemment s’étendent ici aux valeurs rms des champs de vi-
tesse, et sont présentées en Fig. 3.16 et Fig. 3.17. Nous pouvons constater que les données
expérimentales sont particulièrement bruitées, et quasi-inutilisables en l’état. Cependant, cer-
taines conclusions peuvent tout de même être tirées :
– La largeur du sillage est surestimée par l’ensemble des simulations numériques,
– L’écoulement est particulièrement perturbé sur l’extérieur et entre les deux roues (Fig. 3.16),
et juste derrière les roues (Fig. ??). Nous pouvons donc nous attendre à ce qu’il soit dif-
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(a) (b)
(c) (d)
Figure 3.17 – Comparaison des champs rms de vitesse longitudinale, suivant le plan
noté
x3 = −104 mm avec (x1 , x2 ) = (x, y) ∈ [−15 cm, −52.5 cm] × [−15 cm, 15 cm]. (a)Coarse,
(b)Medium, (c) PIV et (d) AVBP Fine (extrait de [68]).
(c) (d)
Figure 3.18 – Comparaison des profils de vitesse longitudinale moyenne (extrait de [68]).
Les comparaisons sur les profils rms de vitesse longitudinale (Fig. 3.18) nous confirment que
la physique de l’écoulement est assez bien retrouvée, même avec le maillage grossier.
Ainsi, les simulations faites avec LaBS semblent reproduire bien plus fidèlement la physique
de la couche limite que celles obtenues avec AVBP. Il peut y avoir trois raisons à cela : (1)
Utilisation de la LBM, (2) Maillage cartésien uniforme ou bien (3) Loi de paroi performante.
L’influence des deux premières propositions ne pouvant malheureusement pas être étudiée,
nous allons essayer de quantifier l’impact de la loi de paroi sur les résultats obtenus.
(c) (d)
(e) (f)
(c) (d)
(d) (e)
(c) (d)
(e) (f)
(c) (d)
(e) (f)
(b) (e)
(c) (f)
Figure 3.24 – Influence de la loi de paroi sur le cas Medium SISM. Comparaison des spectres
de pression pariétales sur les kulites qui posent problème sur le calcul AVBP : (a) Vue de profil,
(b) K6, (c) K7, (d) Vue de dessus, (e) K14, (f) K15. En rouge, le calcul avec la loi de paroi
complète ; en bleu, celui avec l’effet de courbure désactivé ; en magenta, avec seulement une loi
log comme loi de paroi.
Afin de tester notre hypothèse selon laquelle un maillage plus fin est nécessaire pour obtenir
la bonne physique sur la jambe du train, nous allons étudier de plus près les résultats obtenus
avec le calcul Fine SISM.
Afin d’expliquer les mauvais résultats acoustiques obtenus sur la jambe et la partie extérieure
de la roue droite, l’hypothèse d’un maillage trop grossier a été émise. Nous voir ici si celle-ci est
vérifiée. A cause de problèmes d’instabilité, les résultats correspondant au cas Fine ADM ne
peuvent être présentés. De plus, il est à noter qu’une rampe de viscosité de facteur multiplicatif
100 et de pente 10.000 itérations 9 a due être utilisée pour faire converger le cas Fine SISM.Pour
finir, seules les PSD dont les résultats étaient assez mal reproduits sont ici présentés.
Les résultats correspondant au maillage le plus fin sont représentés en Fig. 3.25 et Fig. 3.26.
Nous constatons que la physique de la kulite 24 (Fig. 3.25 (b)) a ”été récupérée” et que le pic
parasite observé en Fig. 3.25 (d) a disparut. Seuls des déficits en bruit large-bande sont ob-
servés sur les kulites de la jambe. Ainsi, un raffinement supplémentaire devrait être capable de
capter les contributions des plus petites structures tourbillonnaires. Pour ce qui est des kulites
de la partie extérieure de la roue droite, il semblerait que les méthodes numériques présentées
ne soient pas capables de correctement simuler l’écoulement. A ce jour, ceci reste un mystère.
D’après les résultats obtenus précédemment, il semblerait que les pics en fréquences soient
liés aux cavités des roues. De plus, en modifiant la vitesse de l’écoulement en entrée de do-
maine, il est possible de remarquer que les fréquences correspondant aux pics observés restent
9. Nous partons à l’itération 0 d’une viscosité moléculaire ν = 1, 49.10−3 m · s−2 (soit 100 fois supérieur à la
normale) qui va décroitre aux cours des itérations, pour finalement atteindre après 10.000 itérations sa valeur
traditionnelle de 1, 49.10−5 m · s−2 .
(b) (c)
(d) (e)
Figure 3.25 – Convergence en maillage. Comparaison des spectres de pression pariétales sur
les kulites qui posent problème sur les calculs Medium : (a) Vue de l’essieu et de la jambe, (b)
K24, (c) K25, (d) K26, (e) K27.
(b)
(c)
Figure 3.26 – Convergence en maillage. Comparaison des spectres de pression pariétales sur
les kulites qui posent problème sur le calcul AVBP : (a) Vue de l’essieu et de la jambe, (b) K11
et (c) K10.
Conclusion
Dans ce chapitre, les capacités des méthodes LB au travers du logiciel LaBS, à modéliser
l’aéroacoustique de trains d’atterrissage simplifiés, ont été démontrées. Le solver employé est
parfaitement capable de retrouver la physique de l’écoulement. De plus, les comparaisons avec
les résultats obtenus par Jean-Christophe Giret ont permis de confronter les méthodes LB aux
simulations LES ”classiques”. Ainsi, il a été fortement sous-entendu que l’emploi d’une loi de
paroi, par LaBS, n’avait pas de réelles influences sur les résultats obtenus, même si ceci reste
à confirmer. Quoiqu’il en soit, les Méthodes Boltzmann sur Réseau semblent sortir vainqueur
de ce match, de part leur rapidité et leur précision. Cependant, de nombreux problèmes de
convergence ont une nouvelle fois étaient mis en évidence. Ceci doit absolument être amélioré
afin de pouvoir prendre en compte des géométries plus complexes.
Le but de ce stage était la prédiction, via des simulations aux grandes échelles basées sur
la résolution numérique de l’équation de Boltzmann sur Réseau, du rayonnement acoustique
généré par : (1) un écoulement affleurant une cavité cylindrique et (2) des trains d’atterrissage
simplifiés.
Un premier chapitre a permis de comprendre les fondements physiques sur lesquels reposent les
méthodes Boltzmann sur Réseau. Bien que limitées, pour l’instant, aux écoulements isothermes
faiblement compressibles, elles sont capables de simuler les ondes acoustiques générées par les
écoulements turbulents.
Une analyse sur la génération du bruit par un écoulement affleurant une cavité, dont la configu-
ration d’étude est extraite du projet AEROCAV, a ensuite été présentée. Après une recherche
bibliographique qui a mis en évidence : les paramètres clés du rayonnement acoustique de ce
type de problème ainsi que la complexité de la physique rencontrée, une Simulation numérique
aux Grandes Échelles a été proposée. Celle-ci a été mise en place avec le code de résolution
numérique, de l’équation de Boltzmann sur Réseau, LaBS. Des résultats assez proches des
données expérimentales ont été retrouvées pour les champs aérodynamiques moyens et rms,
ainsi que pour le rayonnement acoustique en champ lointain. Cependant, des valeurs bien
moins convaincantes ont été obtenues au niveau des points de mesures de pression pariétale.
Toutefois, la physique de l’écoulement semble être correctement simulée puisque : l’acoustique
en champ lointain est bien retrouvée, et les pics correspondant aux fréquences d’intérêts ont
été mesurés en paroi. Ceci nous laisse penser qu’un raffinement supplémentaire, au sein de la
cavité, devrait nous permettre de compenser le déficit observé en bruit large-bande. L’étude
sur l’influence du modèle de sous-maille a finalement permis de mettre en évidence le caractère
dissipatif du modèle SISM par rapport au modèle ADM. Toutefois, il semblerait que ce dernier
reste assez difficile à utiliser en raison de son incapacité à stabiliser les simulations.
Les Méthodes Boltzmann sur Réseau souffrent, dans leur implémentation actuelle, d’une
limitation en nombre de Mach et d’une restriction aux écoulements isothermes. Cependant,
nous avons vu en § 1 que cela est dû au choix faits, notamment lors de la discrétisation de
l’espace des vitesses, et non pas dû à l’équation à proprement parlé. Ces méthodes jouissent d’un
certains nombres d’avantages, n’ayant pas pu être mis en valeurs dans ce manuscrit, tels que :
la génération quasi-automatique d’un maillage s’adaptant aux géométries les plus complexes
grâce à une méthode de type frontières immergées, un algorithme multi-pas en temps et en
espace permettant de diminuer grandement de temps CPU, etc. C’est pourquoi, selon l’auteur,
ces méthodes finiront très certainement par gagner en notoriété dans les années à venir.
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