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Département de Chimie
Parcours Chimie
Semestre 4
Mousson 2018-2019
CHM104
THERMOCHIMIE
Cours
Dr Ibrahim TCHAKALA
Maître de Conférences
RAPPEL DE QUELQUES NOTIONS DE LA THERMODYNAMIQUE
Le mot « thermodynamique » vient du grec " thermos " et " dynamis " qui signifient "
chaleur " et " énergie ".
C’est une branche de la physique qui étudie les transformations de l'énergie et, en particulier,
de la transformation de la chaleur en travail et vice versa.
Cette discipline a connu son essor au XIXe siècle et permettait en effet de comprendre le
comportement des machines thermiques, comme les machines à vapeur, qui étaient au cœur
de la révolution industrielle. Depuis, la thermodynamique est devenue une discipline
essentielle pour l'ingénieur.
Les principes de cette discipline sont :
➢ Le principe zéro de la thermodynamique ou thermométrie est consacrée à la notion
d'équilibre thermique.
➢ Le premier principe de la thermodynamique parle de la conservation de l’énergie.
➢ Le deuxième principe de la thermodynamique (aussi connu sous le nom de « principe
de Carnot ») évoque l’augmentation du désordre (entropie).
➢ Le troisième principe de la thermodynamique, de son côté, fixe la référence du
désordre (la notion du zéro absolu).
Toutefois, le déroulement de tout processus thermodynamique se résume en deux postulats :
- l’énergie de l’univers demeure constante
- l’entropie de l’univers augmente
Ce sont, respectivement le premier et le deuxième principe de la thermodynamique.
La thermochimie est une branche de la chimie physique. Elle étudie les phénomènes
thermiques dans les milieux réactionnels et se trouve, sur le plan disciplinaire, à l'interface
entre la chimie et la thermodynamique (thermodynamique chimique). En effet le plus souvent,
les réactions chimiques sont le siège d'échanges de chaleur ou d'autres formes d'énergie, d’où
la nécessité de la thermodynamique dans les processus chimiques.
La thermochimie porte ainsi essentiellement sur les caractéristiques de l’état initial et de l’état
final du système qui évolue. Cette étude ne tient pas compte du paramètre temps, ni du
chemin suivi au cours de la transformation donnée. La vitesse d’évolution, le mécanisme de la
transformation et les étapes intermédiaires par lesquelles passe le système pour arriver à l’état
final font l’objet d’une autre branche de la chimie, la cinétique chimique.
1
I- SYSTEME
Un système est une portion d’espace qu’on étudie. Il est limité par une enveloppe réelle ou
fictive à travers laquelle s’effectuent les échanges d’énergie et/ou de matière avec le milieu
extérieur.
Paroi (limite) séparant le
Milieu extérieur système du milieu extérieur
UNIVERS Système
Système
Energie et/ou matière
Convention de signe
On attribue un signe algébrique à la quantité d’énergie ou de matière échangée entre le
système et le milieu extérieur afin de préciser le sens de l’échange.
L’énergie ou la matière reçue (gagnée) par le système est comptée positivement.
L’énergie ou la matière fournie (perdue) par le système est comptée négativement.
C’est l’ensemble des valeurs prises par les grandeurs thermodynamiques relatives à l’état
macroscopique appelées « variables d’état » ou encore « paramètres d’état » comme la masse
(m), la pression (P), le volume (V), la concentration C, la densité (d) etc. qui permettent de
définir l’état du système.
2
a-Variables extensives, variables intensives
3-Fonction d’état
C’est une fonction des variables d’état (T, P, V, …) qui a une valeur définie pour chaque état
du système.
La fonction f(P, T, V) par exemple est une fonction d’état si sa valeur correspondant à un état
du système dépend uniquement des variables d’état, mais reste indépendante des
transformations précédemment subies par le système.
1-Système Chimique
3
des conditions données est transformé en un ensemble de substances de composition chimique
différente : Etat initial (n1, n2, ….ni) ↔ (n’1, n’2, ….n’j) Etat final.
ξ=
nt(i) −n0(i) (mol) ==> nt (i) = n0 (i) + i.ξ
i
4
Dans le cas d’une réaction totale, ξmaxi est déterminé par le nombre de moles du réactif en
défaut. La réaction avance jusqu’à épuisement total du nombre de moles du réactif en défaut.
n0 ( i )
L’équation précédente devient alors : 0 = n0 + i.ξmaxi. ====> = −
i
i =
n0(i) −nt(i) (sans dimension) ; i est le plus souvent exprimé en pourcent.
n0(i)
Lorsque la réaction chimique est accompagnée d’une décomposition d’un réactif Ai, le taux
de conversion, prend le nom de degré de dissociation, noté i.
Dans le cas d’une ionisation d’un réactif, le degré de dissociation est appelé degré (ou
coefficient) d’ionisation du réactif.
III- GAZ
2- Gaz
Les gaz constituent une classe de matériaux dont l’étude a jeté les bases de la thermométrie.
Cette étude a conduit à un classement des gaz en deux groupes : les gaz parfaits et les gaz
réels.
5
a)- Gaz parfaits
Le gaz parfait occupe tout le volume qu’on lui offre et est sans interactions intermoléculaires.
Il obéit aux lois suivantes :
Loi d'Avogadro: à la même température et à la même pression, des volumes égaux de gaz
différents contiennent le même nombre de molécules. Le volume d'un gaz donné est
proportionnel à la quantité de matière qu'il contient :
V = k’’n à P et T constants
La différence entre gaz parfaits et gaz réels provient des interactions entre molécules. Il s’agit
des forces attractives et des forces répulsives.
() 2
[P + a. n ].(V-nb) = nRT
V
C’est l’équation d’état des gaz réels ou équation de Van der Waals. Les constantes a et b sont
caractéristiques du gaz réel étudié.
Comment obtenir l’équation des gaz réels à partir de celle des gaz parfaits ?
6
Un premier énoncé est le suivant : L’énergie se conserve : elle ne peut être créée, ni détruite,
elle ne peut que se transformer.
Le caractère non destructif de l’énergie et l’équivalence entre les différentes formes d’énergie
permet de formuler le premier principe de la thermodynamique par rapport à :
L’univers : l’énergie de l’univers est constante
Un système isolé : l’énergie d’un système isolé est constante. Cette affirmation n’exclut pas
une transformation à l’intérieur du système isolé.
Un système non-isolé : L’énergie totale (Q + W) échangée par un système non isolé au
cours de son passage d’un état initial à un état final est indépendante de la manière dont la
transformation est effectuée. A cette énergie (W + Q) est associée la variation d’une fonction
d’état.
A la somme (Q + W) correspond la variation d’une fonction d’état appelée énergie interne U.
C’est une fonction extensive.
Pour une transformation finie on écrit : U = UEF – UEI = [Q + W] EF
EI .
7
Qu’est ce que l’Energie ?
D’une façon usuelle, l’énergie est définie comme la « capacité d'un corps ou d'un système à
produire du travail mécanique ou son équivalent ». Scientifiquement l’énergie est « une
grandeur physique qui se conserve lors de toute transformation d'un système fermé ».
Unité d’énergie
Dans le SI, l'énergie est une grandeur exprimée en joule (J)
Certaines activités utilisent d'autres unités, notamment :
Electron-volt (eV = 1,602.10−19 J),
Kilowatt-heure (1 kWh = 3,6 .106 J),
Tonne d'équivalent pétrole (1 tep = 41,868 .109 J),
Calorie (1 cal = 4,18 J).
Travail et Chaleur
L'énergie peut être échangée entre un système fermé et son environnement en faisant du
travail ou par le processus appelé « chauffage ».
Le travail est un transfert ordonné d'énergie entre un système et le milieu extérieur (l’énergie
est transférée comme travail lorsque le système fonctionne) ;
La chaleur est un transfert désordonné d’énergie entre le système et le milieu extérieur
(l’énergie est transférée sous forme de chaleur lorsque le système chauffe).
Cependant, il est à retenir que le « travail » et la « chaleur » sont des modes de transfert
d'énergie, et non des formes d'énergie.
Bien que dans le langage courant, les termes « température » et « chaleur » ne soient parfois
pas distingués, ils sont des entités entièrement différentes: la chaleur est l'énergie en transit
résultant d'une différence de température.
La température, T, est une propriété intensive qui est utilisée pour définir l'état d'un système et
déterminer la direction dans laquelle l'énergie circule sous forme de chaleur.
8
V- APPLICATIONS DU PREMIER PRINCIPE AUX TRANSFORMATIONS
THERMOMECANIQUES
1- Transformation cyclique
2- Transformation adiabatique
La plupart des transformations sont effectuées à pression constante et le plus souvent sous la
pression atmosphérique.
dU = W + QP
dU = - P.dV + QP
U = QP – P.V
UF – UI = QP – P.(VF – VI) ====> QP = (UF + P.VF) – (UI + P.VI)
9
Soit : QP = (U + P.V)
La quantité de chaleur échangée sous pression constante est donc égale à la variation d’une
nouvelle fonction, définie par : H = U + P.V
Cette nouvelle fonction appelée enthalpie, est une fonction d’état puisqu’elle est définie par
des variables qui ne dépendent que de l’état du système. L’enthalpie H est une fonction
extensive.
Pour une transformation élémentaire on écrit :
QP = dH = dU + d(PV) = dU + P.dV ====> car P = cte
Et pour une transformation finie : QP = H = U + P. V= Cp.T
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APPLICATIONS DU PREMIER PRINCIPE DE LA
THERMODYNAMIQUE AUX REACTIONS CHIMIQUES
I – CHALEUR DE REACTION
dH = d(U + PV)
dH = Q + V.dP
QP = H = Σ H .
d r T i m,i
T, P
QV = U = Σ U .
d r T i m,i
T,V
a) On considère la réaction chimique monotherme (TEI = TEF = ext) les réactifs et les produits
étant ramenés implicitement à la même température T (= Text le plus souvent).
b) La chaleur de réaction est indiquée à la suite de l’équation bilan de réaction.
Exemple : H2(g) + ½ O2(g) → H2O(l) rH°298 = - 285,6 KJ.mol-1.
Avec comme convention de signe :
rHT > 0 (ou rUT > 0) : réaction endothermique
rHT < 0 (ou rUT < 0) : réaction exothermique
rHT = 0 (ou rUT = 0) : réaction athermique
c) Les chaleurs de réaction sont exprimées pour une équation bilan précise, telle qu’elle est
écrite.
Si l’on multiplie les coefficients stoechiométriques par 2, on doit multiplier par 2 la valeur
de rH°T.
d) Les chaleurs de réaction sont données pour la réaction directe :
L’enthalpie de la réaction inverse, à la même température, est la même en valeur absolue mais
de signe opposé.
e) La valeur de rHT (ou de rUT) indiquée à la suite de l’équation de réaction exprime une
valeur relative aux états physiques des réactifs et des produits tels qu’ils sont indiqués dans
l’équation bilan.
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II – RELATION ENTRE QP et QV ( rHT et rUT)
Dans le cas où rng = 0 c’est-à-dire pour une réaction sans changement du nombre de moles
gazeuses : rHT = rUT ou QP = QV (J.mol-1)
1- Définition
L’enthalpie de formation d’un composé chimique est par définition la variation d’enthalpie
associée à la réaction de formation d’une mole de ce composé à pression constante, à partir de
ses corps purs simples constitutifs, pris dans leur état physique le plus stable dans les
conditions de réaction.
C’est l’enthalpie de formation d’une mole d’une substance chimique dans un état standard à
partir des corps purs simples pris dans leur état standard de référence.
L’enthalpie de formation d’un composé chimique est une mesure quantitative de son énergie
par rapport à ses éléments constitutifs, dont les enthalpies de formation sont, par convention,
nulles. Les valeurs des enthalpies standard de formation nous permettent donc de comparer la
stabilité d’un composé chimique par rapport à ces éléments constitutifs d’ue part et la stabilité
de différents composés entre eux d’autre part.
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Une valeur fH°T,i > 0 indique que le composé i considéré est moins stable que les corps purs
simples dont il dérive et qu’il se forme avec un apport énergétique de l’extérieur. On
remarque que fH°T,i n’est pas le seul critère de stabilité d’un composé. Il faut tenir compte
de l’entropie de formation.
L’enthalpie molaire standard H°m de tout corps pur simple pris dans son état standard de
référence est, par convention, nulle à 298,15 K.
Cette définition fixe une origine pour toutes les enthalpies standards de formation des corps
composés. Il en résulte à 298,15 K pour un corps composé i quelconque :
fH°i,(298,15) = H°m,i,(298,15) .
La réaction chimique est réalisée avec des quantités connues de réactifs dans un dispositif
thermiquement isolé du milieu extérieur, appelé calorimètre. Le calorimètre adiabatique de
Bertholet est l’un des plus simples des nombreux dispositifs utilisés comme calorimètre. Il est
constitué d’un récipient rempli d’eau dans laquelle plongent un thermomètre, un agitateur et
la bombe calorimétrique de volume fixe.
Ubombe + Ueau = 0 ; avec Ubombe = qV et Ueau = qV,eau = CVT,
Il vient : qV = - CVT
La chaleur fournie par la réaction chimique est égale à la chaleur reçue par le liquide
calorimétrique.
qV
D’où la chaleur de réaction à T et V constants : QV = = rU
A T et P constantes : QP = rH = QV + ng.RT.
La chaleur d’une réaction ne dépend que de l’état initial et de l’état final du système
chimique. Elle est indépendante du nombre et de la nature des réactions intermédiaires.
Les différentes méthodes de détermination indirecte des chaleurs de réaction utilisent la loi de
Hess en imaginant un chemin indirect entre les réactifs et les produits.
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Exemple : Soit la réaction : C(graphite) + ½ O2(g) ⎯⎯→ CO(g) rH°298.
rH°298 ne peut être déterminée expérimentalement. Par contre es enthalpies des réactions
suivantes peuvent être déterminées expérimentalement à 298 K :
C(graphite) + O2(g) ⎯⎯→ CO2(g) rH°1 = - 393,1 KJ.mol-1,
CO(g) + ½ O2(g) ⎯⎯→ CO2(g) rH°2 = - 282,6 KJ.mol-1.
rH°298 rH°2
CO(g) + ½ O2(g)
Etat intermédiaire P = 1 bar, T = 298 K
D’une manière générale : rH°T = Σi fH°i,T avec i > 0 pour les produits, i < 0 pour les
réactifs.
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c- Additivité des chaleurs de réaction : Combinaison algébrique d’équations de
réaction et cycle de Hess.
CaO(s) + H2O(l)
AO2 + BO2
1- Lois de Kirchhoff
d’où :
d(rH°) = Σi.C°P,i.dT = rC°P(T)dT.
Nous pouvons facilement retrouver cette relation à l’aide d’un cycle thermochimique
composé de deux chemins différents. Connaissant rH°T1 (rH°298,15), déterminons rH°T2
(avec T2 > T1) :
T1
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Réaction à T2 : rH°T2 ,
T2
T2 A + B ⎯ ⎯ ⎯⎯rH°T2 ⎯⎯⎯→ D + E
H°2
H°1
T1 A + B ⎯ ⎯ ⎯⎯rH°T1 ⎯⎯⎯→ D + E
Dans le cas des réactions réalisées à volume constant, on obtient, par un raisonnement
T2
identique, la loi isochore de Kirchhoff : rU°T2 = rU°T1 +
T1
rCV .(T)dT .
n C
T flamme
T1
i P ..(T)dT = - rH°T1.
,i
Dans le cas d’un processus isochore monotherme nous avons, par un raisonnement et un
n C
Texplosion
calcul identique : T1
i V,i (T)..dT = - rU°T1.
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Dans le cas où les capacités calorifiques C°P,i ou C°V,i ne sont pas fonction de la température
on obtient :
r HT1 rUT1
Tflam = −. +T1 et Texpl = −. +T1
(niCP
,i
(niCV,i
Remarque : entre T1 et Tflam (ou Texpl) un constituant du système peut subir un changement
d’état physique. Il faudrait alors, introduire dans le calcul la chaleur latente correspondante.
a- Molécules diatomiques
On appelle énergie de liaison covalente d’une molécule diatomique, l’énergie libérée lors de
la formation d’une mole de cette molécule à l’éat gazeux, à partir des atomes constitutifs à
l’état gazeux.
A(g) + B(g) ⎯⎯→ A-B(g) rH°T = El(A-B) (KJ.mol-1).
La molécule A-B et les atomes A et B sont considérés à l’état de gaz parfait, sous la pression
de référence P° = 1 bar à la température T.
L’enthalpie de la réaction inverse : A-B(g) ⎯⎯→ A(g) + B(g) -rH°T = D(A-B) est appelée
enthalpie de rupture de liaison ou énergie de dissociation de liaison notée D(A-B). Pour une
liaison donnée D(A-B) = - El(A-B) (KJ.mol-1).
La formation d’une liaison est toujours exothermique. Inversement la rupture d’une laison
nécessite de l’énergie et est donc toujours endothermique : El(A-B) < 0 ; D(A-B) > 0.
Soit par exemple, la formation de la molécule HCl gazeux. Deux chemins de formation de
cette molécule permettent de constituer le cycle thermochimique suivant :
2 H(g) + 2 Cl(g)
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b- Molécules polyatomiques
Dans les molécules polyatomiques contenant un seul type de liaison covalente, l’énergie de
liaison peut être déterminée facilement. Prenons l’exemple d’une liaison C-H dans le méthane
CH4 :
C(graph) + 2 H2(g) ⎯⎯⎯ fH°CH4 ⎯⎯→ CH4(g)
C(g) + 4 H(g)
Soit fH°CH4 = Lsub,C - 2 El(H-H) + 4 El(C-H) et El(C-H) = 1 .[fH°CH4 - Lsub,C + 2 El(H-H)] .
4
Soit la réaction en phase gazeuse suivante : CO(g) + 1 O2(g) ⎯⎯⎯→ CO2(g). Cette
2
réaction peut être décomposée en deux étapes : la première comportant la rupture de toutes les
liaisons dans les réactifs, la seconde correspondant à la formation de toutes les liaisons dans le
produit, à partir des atomes gazeux formés dans la première étape.
C(g) + 2 O(g)
Soit rH°T = 2.El(C=O) - El(C=O) – 1 El(O=O) .
2
D’une manière générale, soit la réaction en phase gazeuse :
Réactifs dans leur état standard Produits dans leur état standard
A + B + ... ⎯⎯⎯ rH°T ⎯⎯→ D + E + ...
rH°1 rH°2
Atomes gazeux
Un solide ionique possède une structure cristalline dans laquelle les ions positifs et négatifs
s’alternent. Ils sont liés par les forces d’attraction coulombiennes. Ces composés possèdent
une forte énergie de cohésion appelée énergie réticulaire. Cette énergie correspond à la
variation d’enthalpie associée à la formation d’une mole du solide cristallin (ionique) à partir
de ses ions pris à l’état gazeux et infiniment loin les uns des autres.
L sub, Na - 1 El(Cl-Cl)
2
Na (g) + Cl (g)
PI (Na) AE(Cl) Er
Na+(g) + Cl-(g)
21
DEUXIEME PRINCIPE DE LA THERMODYNAMIQUE
Le premier principe par son bilan n'exclut pas le transfert de la chaleur du froid vers le chaud
(ce qui est impossible) et il n'explique pas l'irréversibilité de certaines transformations
spontanées ou naturelles.
Il faut donc introduire un deuxième principe dit aussi principe d'évolution, déduit des faits
expérimentaux, qui permettra de prévoir l'évolution des systèmes. Le deuxième principe
introduit une nouvelle fonction d'état dite entropie S.
I-ENTROPIE
En ce qui concerne les réactions chimiques, on constate que la plupart des réactions
spontanées sont des réactions exothermiques.
Mais l’expérience montre que toutes les réactions exothermiques ne sont pas spontanées,
autrement dit toutes les réactions spontanées ne sont pas exothermiques.
Quelques exemples :………….
Le signe de la variation d’enthalpie rH ou d’énergie interne rU ne constitue pas à lui seul
un critère de spontanéïté d’une transformation chimique ou physique.
a – Notion d’entropie
Il existe un deuxième facteur qui détermine le caractère spontané ou non d’une évolution :
l’état de désordre du système, avant et après la transformation. Considérons par exemple la
sublimation spontanée du dioxyde de carbone à la température ambiante :
CO2 (s) ⎯⎯⎯→ CO2 (g) sublH°298 >> 0 , spontanée.
Malgré le facteur énergétique défavorable (transformation endothermique), la sublimation de
CO2(s) est spontanée. En effet, cette transformation est accompagnée d’une augmentation de
désordre du système. L’état final est plus désordonné que l’état initial.
Le facteur de désordre prédomine donc vis-à-vis du facteur énergétique.
La quantité du désordre d’un système telle qu’on vient de la définir peut être quantifiée par
une grandeur thermodynamique appelée entropie et notée S.
23
Soit 1 le nombre d'états microscopiques correspondants à un état macroscopique 1 et 2, le
nombre d'états microscopiques correspondants à un état macroscopique 2 . Si 2 >1, l’état 2
est plus désordonné que l’état 1, son entropie est plus grande.
( )
S = S2 – S1 = kB. ln 2 Évolution spontanée 1 ⎯⎯→ 2.
1
Le deuxième principe de la thermodynamique affirme que tout système est caractérisé par une
fonction d’état extensive appelée entropie et notée S. Cette fonction est définie de la façon
suivante :
Au cours d’une transformation spontanée, l’entropie de l’univers (système + milieu extérieur)
ne peut que croître. Sa variation est nulle pour une transformation réversible et positive pour
une transformation irréversible.
S = dSsyst + Sm.e ≥ 0
dSsyst est la variation d’entropie du système.
Sm.e est la variation d’entropie accompagnant les échanges thermiques avec le milieu
Qm.ext Qsyst
extérieur Sm.e = =− où Qsyst est la quantité élémentaire de chaleur échangée
Tm.ext Tm.ext
par le système.
===> Pour une transformation finie : S = Ssyst + Sm.e ≥ 0
EF EF
avec Ssyst = EI
dS syst et Sm.e = EI
Sm.e .
Ici Qrev est la quantité de chaleur échangée au cours du processus réversible à la température
Text.
24
Remarque : S étant une fonction d’état, la variation d’entropie du système Ssyst est toujours
la même pour les mêmes états initial et final d’un système au cours d’une transformation quel
que soit la façon d’effectuer cette transformation.
a– Transformation réversible
b – Transformation irréversible
c– Création d’entropie
Bien que le second principe soit directement lié à la variation d’entropie de l’univers, on peut
définir et déterminer les variations d’entropie du système étudié.
– Variation d’entropie d’un système isolé
Dans ce cas il n’y a pas d’échange thermique avec le milieu extérieur. La variation d’entropie
due aux échanges avec l’extérieur est nulle (Sext = 0) :
Sunivers = Ssyst + Sext ≥ 0
==> Sunivers = Ssyst ≥ 0
C’est le cas d’une réaction chimique se produisant dans un réacteur clos de volume invariable
et isolé thermiquement de l’extérieur :
Ssyst = 0 si la réaction est réversible
Ssyst > 0 si la réaction est irréversible (spontanée)
Lce ou ceH est exprimée en KJ/mol pour une ce donnée, celle-ci dépend de la pression. ceS
peut être positive ou négative suivant le changement effectué.
fus H
vapS = vap H > 0 ;
L fus
fusS = = >0 ; subS = sub H > 0.
T fus T fus Tvap Tsub
A la température de zéro absolue(T = 0 K), l’entropie de tout corps pur sous forme d’un
cristal parfait est nulle.
A T = 0 K correspond un seul arrangement des particules constituant le corps pur, soit un seul
état microscopique : = 1 et S = n.R.Ln = 0.
Walther Nernst a démontré théoriquement en 1906 que pour une réaction entre solides
cristallisés purs, l’entropie de réaction approche 0 J.K-1.mol-1 lorsque la température approche
0 K. D’autre part de nombreuses études effectuées sur les réactions d’oxydoréduction ont
permis de conclure que lorsque T tend vers 0 K, l’entropie de réaction tend bien vers 0 J.K -
1
.mol-1.
27
b– Entropie molaire absolue
Qrev T
= CP,m(T) dT .
T
A pression constante : Sm = Sm,T – Sm,0 = Sm,T =
0 T 0 T
Soit par exemple le calcul de l’entropie d’un corps pur gazeux à l’état gazeux. On prendra en
compte les transformations suivantes :
Qsolide Qliquide Qgaz
0K ———―——→ Tfus —————―——→ Tébu ——―——→ T
échauffement du solide fusH échauffement du liquide vapH échauffement du gaz.
Le calcul d’entropie molaire absolue à une température donnée se fait donc à partir de
l’entropie molaire standard à 298,15 K du corps considéré :
T fusion dT fus H Tvap dT vap H T dT
S°m,T=S°m,298+ C P ,m,sol (T ) + + C P ,m,liq (T ) + + C P ,m, g (T ) .
298,15 T T fus T fus T Tvap Tvap T
a- Entropie de réaction
Pour évaluer rS°T à une température quelconque, nous écrirons la loi de Hess en utilisant un
cycle thermochimique qui tient compte des changements d’état physique éventuels.
Dans le cas où la réaction a lieu sans changement d’état :
28
d (r S) = i dSm,i = i 1 QP,i = i 1 CP,m,i.dT = i CP,m,i ,
dT P
dT dT T dT T T
298 T 298 T
Lorsqu’un constituant i passe d’un état physique 1 à un état physique 2, il faut en tenir
compte :
rS°T=rS°298+ . j(j≠i)C°P,m,j (T )dT + . iC°P,m,i,1 (T )dT + i Li + . iC°P,m,i,2 (T )dT
T Tce T
29
d’où Suniv = dSsyst - dUsyst ≥ 0
T
dUsyst – T. dSsyst ≤ 0 ; d(U-TS) syst ≤ 0 .
On définit alors par (U-TS) une nouvelle fonction appelée énergie libre ou fonction de
Helmholtz et notée F.
L’énergie libre F est une fonction d’état car elle est définie à partir de deux fonctions d’état et
une variable d’état. Elle fournit un critère d’évolution spontanée (à T et V constants),
indépendant du milieu extérieur : dF ≤ 0 ou F ≤ 0 , pour une transformation finie.
30
ou dHsyst – T. dSsyst ≤ 0 ;
d(H-TS) syst ≤ 0 .
En posant : G = H – TS, on obtient une nouvelle fonction définissant une condition
d’évolution spontanée liée seulement aux caractéristiques du système étudié : dG ≤ 0
Cette nouvelle fonction est appelée enthalpie libre ou fonction de Gibbs et notée G.
L’enthalpie libre est, par construction, une fonction d’état. On peut donc écrire, pour une
transformation finie, effectuée à température constante : G = H – T. S
L’enthalpie libre ainsi définie varie négativement au cours d’une transformation spontanée.
31
Ce qui signifie que F et G représentent le travail non mécanique W’ (travail électrique dans
le cas d’une pile par exemple), c’est-à-dire une quantité d’énergie utilisable. Il s’agit du
travail maximal ou de l’énergie maximale utilisable, produit par un système à volume
constant ou à pression constante.
Le critère d’évolution spontanée étant F ≤ W’ ou G ≤ W’, le travail maximal utilisable ne
peut être obtenu que pour une transformation réversible. Il est toujours inférieur à la valeur de
F ou de G pour les transformations irréversibles, c’est-à-dire spontanées.
Le travail à fournir à un système est maximal dans le cas d’une transformation irréversible.
32
Lorsque l’état initial est un état standard, on a : PI = P° = 1 bar et on écrit GT,I = G°T ;
et GT = GT,P – G°T = nRT.lnP soit : GT,P = G°T + nRT.lnP
GT,P est l’enthalpie libre de n moles de gaz parfait à la température T sous la pression P,
G°T est l’enthalpie libre de n moles de gaz parfait dans les conditions standard à la
température T.
D’après la relation :
dG = V.dP– S.dT
G
A pression constante : dG = – S.dT et = -S
T P
a-Sens d’évolution d’une réaction chimique : effets des facteurs énergétique et entropique
G = H – T.S
Il vient par différenciation à température constante :
dG = dH – T.dS ou rG.d = rH.d - T. rS.d
et rG = rH - T. rS pour une transformation finie.
Le signe de rG dépend donc des valeurs absolues et des signes des termes rH et rS, ainsi
que de la température T.
Quatre combinaisons possibles des signes de rH et rS sont résumées dans le tableau
suivant :
Tableau : Signe de rG en fonction de T, rH et rS
Signe Caractère de la transformation Caractéristique thermique de
la réaction
rH rS rG
- + - Transformation spontanée Exothermique
+ - + Transformation non spontanée Endothermique
- - -/+ Transformation spontanée à basse Exothermique,
température rG <0 si ׀rH׀ < ׀TrS׀
+ + -/+ Transformation spontanée à haute Endothermique,
température rG <0 si ׀rH׀ > ׀TrS׀
33
b-Détermination de rG° à partir des grandeurs standard de réaction rH°T et rS°T
T1 A + B ⎯⎯⎯ rG°T1 = rH°T1 – T1rS°T1 ⎯⎯⎯⎯→ C + D
T2
On a : rH°T2 = rH°298,15 +
298,15
iCP ,i dT
T2
rS°T2 = rS°298,15 +
298,15
iCPO,i dT
T
et rG°T2 = rH°T2 – T2rS°T2
Lorsque l’intervalle de température considéré n’est pas important, les variations de rH° et de
rS° peuvent être négligées. Dans ce cas on écrit :
rGTo1 r H
rGT01 =r H−T1.r S ==> = −r S
T1 T1
rGTo2 r H
rGT02 =r H−T2.r S ==> = −r S
T2 T2
rGT02 rGT01
T2
−
T1
(
= r H 1 − 1
T2 T1
)
Cette dernière équation permet de déterminer l’enthalpie libre de réaction à une température
T2 différente de T1.
Lorsque les grandeurs rH° et rS° ne peuvent plus être considérées indépendantes de la
température, la démarche à suivre est différente :
a-Energie interne U
( ) ( )
dU = U dS + U dV
S V V S
T P
= − (1ère relation de Maxwell)
V S S V
b-Enthalpie H
S V
- = (quatrième relation de Maxwell)
P T T P
35
6-POTENTIEL CHIMIQUE
a.1-Définition
Dans un système ouvert, des échanges de matière peuvent s’effectuer avec l’extérieur. La
définition d’un tel système nécessite donc l’utilisation d’une nouvelle variable d’état liée à la
composition chimique.
Considérons un système homogène, monophasé, constitué de n1 moles d’une substance A1, n2
moles de A2, …ni moles de Ai. L’enthalpie libre G d’un tel système étant une fonction
extensive, elle dépend de la composition chimique du système considéré :
G = f(P, T, n1, n2,… ni)
dG étant une différentielle totale exacte :
( )
dG = G
T P, ni
( )dT + G dP+ G
P T,ni i ni
( ) dn . P,T, n j ii
i
vient :
( )
i = G
ni P,T, n j ii
.
Le potentiel chimique de l’espèce Ai est donc son enthalpie libre molaire partielle.
Par un raisonnement analogue, on obtient des expressions semblables pour les différentielles
des autres fonctions d’état :
Le potentiel chimique i étant une grandeur molaire partielle, c’est une grandeur intensive.
36
a.2-Retour sur la condition d’évolution spontanée
La fonction G étant une fonction extensive, on a, dans le cas d’un système chimique
comprenant un seul constituant :
Gi = ni.i et i = Gi = Gm,i .
ni
On constate donc que le potentiel chimique est l’enthalpie libre molaire Gm.
Pour un système constitué de plusieurs constituants, G est donné par l’expression suivante :
( )
G = i.ni. G
ni P,T, n j ii
= i.ni.i
b.2-Relation de Gibbs-Duhem
La variation d’enthalpie libre totale d’un système peut être obtenue par différentiation de
l’équation précédente :
dG = i.i.dni + i.ni.di.
En comparant avec l’équation dG = - S.dT + V.dP + ii dni
on a : - S.dT + V.dP = i.ni.di
soit :
S.dT - V.dP + i.ni.di = 0
C’est la relation de Gibbs-Duhem. Elle relie la variation des potentiels chimiques aux
variations correspondantes de T et P.
37
De nombreuses transformations ou réactions chimiques ont lieu à T et P constantes. Dans ces
conditions on a : i.ni.di = 0
et dG = i.i.dni = 1.dn1 + 2.dn2 + 3.dn3 + …
(GP )
T, n
=V = nRT
P
Dans un mélange de gaz parfaits, cette relation peut être appliquée à chaque constituant,
puisque l’on peut supposer que chaque gaz se comporte comme s’il était seul :
i(P,T) = °i(T) + RTlnPi avec Pi, pression partielle du constituant Ai.
L’enthalpie libre du mélange sera alors: G(P, T) = i.ni.i = i.ni.°i(T) + RT.i.ni.lnPi
Les systèmes chimiques peuvent être constitués de plusieurs phases, chaque phase étant
formée d’un corps pur ou d’un mélange homogène (ou solution) de solides, liquides ou gaz.
L’expression du potentiel chimique des équations précédentes n’est applicable qu’à un
système homogène gazeux. Une expression généralisée est la suivante :
i(P,T) = *i(P, T) + RTlnai
i(P,T) : potentiel chimique du constituant Ai
*i(P, T) : : potentiel chimique de référence du constituant Ai
38
Yi
Le terme ai représente l’activité du constituant Ai : ai = i.
Yref
Dans les cas des systèmes réels, les interactions entre particules deviennent importantes et
i prend des valeurs généralement comprises entre 0 et 1 :
0 < i < 1.
Comme l’état de référence choisi pour le gaz, est l’état standard, le potentiel chimique de
référence est égal au potentiel chimique standard :
*i(P°, T) = °i(T).
D’où : i(P,T) = °i(T ) + RTlnPi
==> Gaz réel ( < 1) : i(P,T) = °i(T ) + RTln(iPi)
Le terme i.Pi est appelé fugacité du gaz et traduit l’écart à un comportement de gaz parfait.
ai = 1 et i(P,T) = °i(T)
Dans un système chimique donné, chaque solide constitue une phase indépendante. La
fraction molaire est par conséquent égale à 1 :
Yi = xi = Yréf = 1 et ai = 1.
En négligeant les variations du potentiel chimique avec la pression, il vient :
i(P,T) ≈ °i(T)
40
==> Cas des solutions aqueuses :
- solutions diluées (ou idéales, = 1), la variable d’état de composition Yi est la
nombre.de.mole.de. Ai
concentration molale mi : Yi = mi = .
1.kg.de.solvant
En pratique on préfère utiliser la concentration molaire Ci :
nombre.de.mole.de. Ai
Yi = Ci = [Ai] .
1.litre.de.solution
- solutions concentrées (ou réelles, ≠ 1), les interactions entre particules ne sont plus
et :
i(P,T) = °i(T) + RTln(i.Ci ).
On constate que l’on peut toujours écrire le potentiel chimique sous la forme :
dG = dn = d = (
i
i i
i
i i C + D − A − B ).d
(aC ) (aD )
on a: rG = G = .µ°C + µ°D – (.µ°A +.µ°B) + RT. ln
T, P (aA ) (aB )
41
i
rG = G = rGT0 + RT. ln(ai )
T, P i
Le terme i 0
i = rGT0 est par définition l’enthalpie libre standard de réaction.
i
La relation rG = G = rGT0 + RT. ln(ai ) est absolument fondamentale. C’est elle
T, P i
qui permet de comprendre l’évolution d’une réaction chimique depuis l’état initial jusqu’à
l’équilibre.
42
EQUILIBRES CHIMIQUES
Lorsqu’on met en présence, dans un système isolé, des composés chimiques (réactifs), deux
observations sont possibles : ou bien le système reste à l’état initial ou bien il évolue vers un
nouvel état final.
Dans le premier cas, les constituants chimiques ne réagissent pas les uns avec les autres. La
composition chimique du système reste invariable, ainsi que les paramètres macroscopiques
initiaux (T, P,…) : exemple du mélange d’azote et d’oxygène dans les conditions normales.
Dans le second cas, le système évolue vers un état final dont la composition chimique est
différente de celle initial. Si après évolution (à la fin de la réaction chimique) le système
arrive à un état où coexistent les produits formés et une fraction de tous les réactifs initiaux,
on dit que la réaction est incomplète. Dans le cas où le système évolue jusqu’à la disparition
totale d’un ou plusieurs réactifs initiaux, on dit que la réaction est totale ou complète.
La réaction peut s’effectuer aussi bien dans le sens direct que dans le sens inverse : on dit
qu’elle est renversable. Ce caractère renversable est symbolisé par une double flèche, par
exemple : A + B C + D.
On constate que dans les deux cas (réaction complète ou incomplète), le système arrive, après
réaction, à un état stable au cours du temps. Un système dont les propriétés macroscopiques
(T, P, ni…) ne varient plus au cours du temps est un système en équilibre
thermodynamique.
Considérons un système physico-chimique susceptible d’être le siège, à la température T1 et
sous pression P maintenues constantes, d’une réaction chimique schématisée par une
1 – Equilibre chimique
44
A partir de ce moment, bien que, les deux réactions continuent d’avoir lieu, la composition du
système n’évolue plus au cours du temps : les quantités des quatre espèces respectivement
consommées et produites par unité de temps sont égales et ce, quelque soit le temps.
Si la réaction démarre avec un mélange équimolaire d’alcool et d’acide, l’état d’équilibre
thermodynamique atteint est le même que celui obtenu à partir d’un mélange équimolaire
d’ester et d’eau :
CH3COOH+C2H5OH CH3COOC2H5 + H2O
Quantités (mol)
EI 1 1 0 0
EF 0,67 0,67 0,33 0,33
L’étude précédente nous permet de dégager les principaux caractères d’un équilibre chimique
ayant atteint l’équilibre thermodynamique :
a- Etant donné un jeu de variables d’état (T, P, ni, …), l’état d’équilibre
thermodynamique du système chimique est unique.
b- Un équilibre thermodynamique est un équilibre dynamique : deux réactions
inverses ont lieu avec des vitesses égales non nulles.
c- Un équilibre thermodynamique est un équilibre stable : si l’on modifie l’une des
variables d’état du système à l’équilibre, le système évolue vers un nouvel état
thermodynamique proche du précédent. Si l’on rétablit les conditions initiales, le système
retourne à la situation d’équilibre thermodynamique initiale.
d- Un système chimique à l’équilibre thermodynamique a une composition fixe dans
le temps. Celle-ci ne varie pas aussi longtemps qu’on ne modifie pas les paramètres d’état du
système par une perturbation externe (T, P, extraction ou ajout d’un constituant).
45
3– Equilibre chimique homogène, hétérogène, équilibre physique
a-Notion de phase
Une phase est une partie du système où les grandeurs intensives sont des fonctions continues
de l’espace.
b-Equilibre homogène
C’est un équilibre pour lequel toutes les espèces chimiques réagissantes sont présentent dans
une seule phase. Exemples :
- équilibre homogène en phase gazeuse :
2 NO2(g) N2O4 (g)
- équilibre homogène en phase liquide :
c-Equilibre hétérogène
C’est un équilibre pour lequel les espèces chimiques participant à la réaction d’équilibre sont
réparties dans plusieurs phases. Exemple de la dissociation thermique du carbamate
d’ammonium et la dissociation ionique du sulfate de baryum :
- équilibre hétérogène :
d-Equilibre physique
On peut considérer le changement d’état d’un corps pur, à une température T et sous une
pression P, comme un équilibre physique :
H2O(liquide) H2O(vapeur)
On parle d’équilibre physique par opposition aux équilibres chimiques précédents qui mettent
en jeu des transformations chimiques des espèces réagissantes.
46
II - FORCE MOTRICE DE LA REACTION CHIMIQUE - CONDITION
D’EQUILIBRE THERMODYNAMIQUE
L’enthalpie libre de la réaction est une grandeur instantanée ou locale qui représente la
différence d’enthalpie libre entre les réactifs et les produits au point d’avancement ξ. Elle peut
s’écrire comme une combinaison linéaire de potentiels chimiques :
La réaction sera donc spontanée dans le sens (1) si la somme des potentiels chimiques des
produits est inférieure à celle des réactifs, c’est-à-dire si l’énergie des produits, mesurée par
leur enthalpie libre, est inférieure à celle des réactifs.
L’enthalpie libre de réaction rGT apparaît alors comme une force motrice de la réaction.
Tant qu’elle est négative, la réaction évolue dans le sens direct.
A l’état initial rGT = 0 - (µA + µB) < 0. L’existence d’une force motrice fait démarrer la
réaction dans le sens (1). L’avancement de la réaction augmentant, l’enthalpie libre des
réactifs (A+B) diminue. Parallèlement, l’enthalpie libre des produits (C+D), nulle au départ,
augmente. Par conséquent, la valeur absolue de la force motrice diminue.
Lorsque rGT = 0 ===> ( )
j
j j produits =( i i )réactifs
i
L’enthalpie libre des réactifs et celle des produits sont identiques, ce qui revient à dire que
la force motrice de la réaction est nulle. Le système a atteint l’état d’énergie libre minimale.
Il est à l’équilibre thermodynamique, sa composition chimique ne varie plus au cours du
temps.
47
III – CONSTANTE D’EQUILIBRE THERMODYNAMIQUE KT
(a )
i
i est le produit mixte des activités ou quotient des activités noté Q
i
rGT0 =
i
i ii0 (T) enthalpie libre standard de la réaction.
Cette dernière relation générale donne la valeur de rGT dans des conditions quelconques, en
d’autres termes, à tout instant t ou pour toute valeur de l’avancement de la réaction.
Tant que la valeur de rG(T,P) est différente de zéro, réactifs et produits ne sont pas au même
niveau d’énergie. La force motrice ainsi créée tend à égaliser l’enthalpie libre des réactifs et
des produits, c’est-à-dire à minimiser l’enthalpie libre globale du système.
L’équilibre thermodynamique est atteint lorsque rGT = 0 :
rG(T,P) = rGT0 + RT.lnQéq = 0 ===> rGT0 = -RT.lnQéq.
−GT0
Qéq = exp
RT
Cette valeur particulière de Q correspond à l’état d’équilibre du système et est appelée
constante d’équilibre thermodynamique et notée KT.
−GT0 aC ,éq .a D,éq
Qéq = KT = exp = (ai )éqi
=
RT a A,éq .a B ,éq i
Cette relation constitue la loi des équilibres ou loi de Guldberg et Waage. Elle ne s’applique
qu’à un système fermé en équilibre.
A chaque système chimique en équilibre est associé une valeur unique de la constante
d’équilibre KT et ce, quelque soit l’état initial du système. Cette constante thermodynamique
48
ne varie qu’avec la température. Lorsque les activités des constituants satisfont la valeur de
KT, le système est en équilibre thermodynamique et vice-versa.
KT étant exprimée uniquement en fonction des activités, grandeurs sans dimensions, c’est
donc également une grandeur sans dimension.
On définit, lorsque les systèmes chimiques étudiés sont des solutions gazeuses, des mélanges
solide-gaz, ou des solutions liquides, des constantes d’équilibre dimensionnées nommées
constante d’équilibre relative aux pressions partielles KP,T et constante d’équilibre relative aux
concentrations KC,T.
On considérera l’équilibre chimique :
1
A + B C + D
-1
avec = ( + ) − ( + )
KP,T est la constante d’équilibre relative aux pressions partielles. Elle est indépendante de la
pression totale P et ne varie qu’avec la température. C’est une grandeur dimensionnée. K P,T
s’exprime dans l’unité de la pression utilisée pour exprimer les pressions partielles, élevée à la
puissance . La valeur numérique de KP,T est identique à celle de KT lorsque les pressions
sont exprimées en bar.
- si P est exprimée en bar, P° = 1 bar et KP,T s’exprime en (bar);
- si P est exprimée en atm, P° = 1,01325 atm et KP,T s’exprime en (atm).
Si = 0, KP,T a pour valeur un nombre sans dimension.
49
b– constante d’équilibre relative aux concentrations
Dans le cas d’une réaction ayant lieu dans une solution idéale :
CC CD
.
C éq C éq C
i
1 K
KT = (ai )éqi = = i = Ci, éq
i
= C ,T
(C ) (C )
i C A CB i C éq i
.
C éq C éq
KC,T est la constante d’équilibre relative aux concentrations. Elle est indépendante de
la pression totale et ne varie qu’avec la température. C’est une grandeur dimensionnée qui
s’exprime en (mol.l-1); C° étant égale à 1 mol.l-1 par définition.
Pour un système gazeux et uniquement pour un système gazeux, on peut relier K P,T et KC,T.
En supposant que les gaz sont parfaits, les pressions partielles peuvent être reliées aux
concentrations par :
C .C
Pi = ni .RT =Ci.RT et KP,T = C,éq D,éq .(RT ) = KC,T..(RT )
V CA,éq.CB,éq
KP,T = K C,T..(RT )
Soit l’équilibre:
1
A + B C + D
-1
Pour déterminer le sens d’évolution de cette réaction équilibrée, il suffit de comparer les
valeurs respectives de Q et de KT. A tout instant :
rG(T,P) = rG°T + RT.lnQ
Soit l’équilibre:
1
A + B C + D
-1
La température d’inversion Tin de cette réaction, est par définition, la température pour
laquelle la réaction est à l’équilibre thermodynamique dans les conditions standard.
Pour un même phénomène physico-chimique, la valeur de rGT, comme celle de toute autre
grandeur de réaction, dépend de l’équation-bilan choisie pour représenter le phénomène.
L’expression rG°T = -RT.lnKT montre qu’il en est de même pour la constante d’équilibre
thermodynamique : l’équation-bilan associée à une valeur de KT doit toujours être explicitée.
Exemple : A 773 K, rG°773 (1) relative à l’équation-bilan schématisant la réaction de
synthèse de l’ammoniac :
1
N2(g) + 3 H2(g) 3(g) (1)
-1
− rG773
0
(1)
est rG°773 (1) = 70,93 KJ.mol-1, soit K773 (1)= exp =1,6.10-5.
RT
Si l’équation-bilan choisie était :
1
1/2 N2(g) + 3/2H2(g) 3(g) (2)
-1
51
b-Calcul de KT relative à une équation-bilan obtenue par une combinaison linéaire
d’équations-bilan
1
CO2(g) + H2(g) CO(g) + 2O(g) (3)
-1
53
Ainsi le nombre B de relations existant entre les paramètres intensifs à l’équilibre
vaut :
B = + ( − ) + r = (N + 1) - (N – r)
On a finalement :
V = A – B = 2 + N - (N + 1) + (N – r) = 2 - + (N – r) = 2 - + C
v=C–+2
On considère l’équilibre :
1
A + B C + D rH°T
-1
D’après la loi de modération, une élevation de température provoque une évolution spontanée
du système dans le sens de la consommation de cet apport d’énergie sous forme de chaleur,
c’est-à-dire dans le sens de la réaction endothermique, rH°T > 0.
Réciproquement une diminution de température provoque le déplacement de l’équilibre dans
le sens d’un dégagement d’énergie sous forme de chaleur, c’est-à-dire dans le sens de la
réaction exothermique, rH°T < 0.
Dans le cas d’un équilibre athermique (rH°T = 0), la température n’est pas un facteur
d’équilibre : une variation de température laisse l’équilibre thermodynamiquement inchangé.
55
En considérant la relation de Gibbs-Helmholtz on a : (ln KT ) = r HT0
T RT 2
qui est la loi isobare de Van’t Hoff .
De même la loi isochore de Van’t Hoff s’écrit : (ln KT ) = rUT0
T RT 2
Lorsque la réaction est endothermique dans le sens direct, (rH°T ou rU°T > 0), KT est une
fonction croissante de T : la réaction est déplacée dans le sens (1) quand la température
augmente, dans le sens (-1) quand la température diminue.
Au contraire lorsque la réaction est exothermique dans le sens direct, (rH°T ou rU°T < 0),
KT est une fonction décroissante de T : la réaction est déplacée dans le sens (-1) quand la
température augmente, dans le sens (1) quand la température diminue.
On retrouve là les prédications de la loi de modération : une augmentation de la température
favorise le déplacement de l’équilibre dans le sens endothermique, tandis qu’une diminution
de la température provoque un déplacement dans le sens exothermique.
d . ln K T =
KT 1
R T2
T1
Si les capacités calorifiques molaires des réactants varient peu avec la température,
l’importance de la somme i.C°pi indique l’intervalle de température où la valeur de rH°T
peut être considérée constante. Si T1 et T2 sont deux températures comprises dans cet
intervalle, il est possible d’écrire :
56
4– Déplacement de l’équilibre par variation de la pression
1
KT = (a ) = Pi,éqi .
i
P
i ,éq
i i
avec Pi,éq = xi,éq.P
Donc : KT = ( )
xC,éq xD ,éq P
.
xA,éq xB,éq P
===> Si = 0 : la variation du nombre de moles gazeuses est nulle dans les 2 sens : la
pression n’est pas un facteur d’équilibre. Elle est sans effet sur l’équilibre.
===> Si 0 : l’équilibre s’accompagne d’une augmentation du nombre de moles gazeuses
dans un sens et d’une diminution dans l’autre : la pression est pas un facteur d’équilibre.
Premier cas > 0 :
KT = .( )
xC,éq xD ,éq P
xA,éq xB,éq P
KT = .( )
xC,éq xD ,éq P
xA,éq xB,éq P
57
5– Déplacement d’équilibre par modification de la composition chimique
nC ,éq n D ,éq 1 P
(n )
** Lorsque = 0 : KT =
i
i,éq = cte.
i
Cette relation montre que l’équilibre est déplacé de façon à maintenir constant le rapport des
nombres de moles, puisque N éq− = 1.
(n )
** Lorsque > 0 : Par ajout de A ou B, les termes et Néq− décroissent
i
i,éq
i
(n )
croît tandis que Néq− décroît. La
i
Par contre si on introduit dans le système C ou D, i,éq
i
(n )
matière gazeuse. Si > 0, N éq− diminue et donc augmente : l’équilibre est déplacé
i
i,éq
i
n n
Avec Ci,éq = ni,éq il vient : KT = C,éq D,éq .V − = Kn(T,V).V − =cte
V nA,éq nB,éq
Si l’on modifie la quantité de l’un des constituants actifs du système, l’équilibre sera déplacé
de façon à maintenir le terme Kn(T,V) constant, c’est-à-dire dans le sens de la disparition
(formation) du constituant ajouté (extrait).
L’introduction d’un composé inerte sera sans effet sur l’équilibre puisque les concentrations
des constituants actifs ne sont pas modifiées.
59
Bibliographie
1 – THERMODYNAMIQUE CHIMIQUE
Mehmet Ali OTURAN, Marc ROBERT Presses Universitaires de Grenoble, 1997
2 - THERMOCHIMIE Chistian PICARD, Edition De Boeck - Université
3 -THERMODYNAMIQUE ET EQUILIBRE CHIMIQUES
Cours et exercices résolus DEUG SCIENCES
Alain GRUGER DUNOD Paris 1997
4 - CHIMIE GENERALE, 6e édition entièrement refondue
René DIDIER et Pierre GRECIAS Technique Documentation - Lavoisier - Avril 1997
5 - THERMODYNAMIQUE : Cours et 136 exercices corrigés
Jean-Pierre FAROUX Jacques RENAULT, Collection j’intègre, Prépas Scientifique
DUNOD - Paris – 1997
6 - THERMODYNAMIQUE
Problèmes résolus. Programme 1996 - 2ème année MP, MP*, PT
Hubert LUMBROSO, EDISCIENCE International - 1997
7 - EXERCICES ET PROBLEMES DE CHIMIE GENERALE SUP
Abrégé de cours/Formulaire-Tests auto-contrôle -Exercices et problèmes de concours corrigés
René DIDIER Pierre GRECIAS, Technique Documentation - Lavoisier 1995
8 - THERMODYNAMIQUE CHIMIQUE
Jean TUECH, Michèle DUBUSC et Mireille MOSSOYAN
Masson - Armand Colin , Armand Colin Editeur, Paris, Avril 1995
9 - THERMODYNAMIQUE ET EQUILIBRES CHIMIQUES
André BURNEAU, Inter Editions , Paris, 1991
10 - LA THERMODYNAMIQUE MOT A MOT
André MARCHAND, Adolphe PACAULT.
Avec la collaboration de Jacques MESNIL, De Boeck – Université
11 - THERMODYNAMIQUE : Cours, Exercices et Problèmes résolus
L. COUTURE, Ch. CHAHINE, R. ZITOUN. Dunod Université – 1989
12- ELEMENTS OF PHYSICAL CHEMISTRY
Peter Atkins and Julio de Paula, W. H. Freeman and Company New York, Fifth Edition-2009
60