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MVA006 Applications de l’Analyse à la Géométrie– Cours n◦ 7 Jacques Vélu (CNAM)

Chapitre 4 — Intégrales multiples

1 Rappels sur les intégrales simples


1. Soit f une fonction d’une variable réelle, définie et continue sur un intervalle fermé [a, b].

a b
Pour construire des sommes de Riemann :
• on choisit une subdivision de [a, b] :
x0 x1 x2 x3 x4 x5

a b
le nombre δ = sup |xi − xi−1 | s’appelle le pas de la subdivision.
16i6n
• dans chaque intervalle [xi−1 , xi ], on choisit un nombre x∗i quelconque.

x0 x1 x2 x3 x4 x5

a x1* x2* x3* x4* x5* b


2. La somme de Riemann associée à ces choix est :
σ = f (x∗1 )(x1 − x0 ) + f (x∗2 )(x2 − x1 ) + · · · + f (x∗n )(xn − xn−1 )

Théorème : Parce que f est continue, il existe un nombre =, tel que σ → = quand δ → 0.
Z b
Le nombre = = f (t) dt, est l’intégrale de f sur le segment [a, b].
a
3. Calculer une somme de Riemann revient à calculer l’intégrale d’une fonction en escalier :

A B A B

a b a b

Plus cette fonction en escalier s’approche de f , plus son intégrale s’approche de celle de f .

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4. Interprétation géométrique

y y=f(x) B
A
• Lorsque f (x) > 0 quel que soit x,

S
l’intégrale de a à b de f est égale à
S, l’aire de la portion de plan limitée
par la courbe et l’axe des abscisses. x
a b

• Lorsque f (x) est de signe quel-


+
conque, l’intégrale de a à b de f est +

égale à l’aire algébrique de la portion a b


de plan limitée par la courbe et l’axe
des abscisses.

2 Intégrale double - Définition


1. On va définir l’intégrale d’une fonction F, de 2 variables, au moyen de sommes de Riemann .

Dans le cas d’une fonction positive, cette intégrale sera le


volume situé entre la surface représentative de F, et le plan
(x, y).

Dans le cas d’une fonction de signe quelconque, ce sera un


volume algébrique obtenu en comptant avec un + le volume
situé au-dessus du plan (x, y) et un − le volume situé en
dessous.

2. Questions
Q1 : Qu’est-ce qui remplace l’intervalle [a, b] sur lequel était définie la fonction d’une variable ?
La fonction F est définie sur un domaine D qui peut avoir une forme très variée :

Nos domaines seront limités par une courbe continue, ayant une tangente en tout point, sauf peut-
être pour un nombre fini d’entre eux. En plus, ils seront bornés (contenus tout entier dans un
rectangle).

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Q2 : Comment construire les sommes de Riemann ?

• on découpe le domaine D en petits sous-domaines jointifs


qui ne se recouvrent pas,

• on choisit un point M dans chacun des petits sous-


domaines d,
X
• on calcule la somme σ= f (M) Aire(d)
d

Q3 : Pourquoi Aire(d) ?
Parce qu’on veut trouver un volume et F(M) compte pour une hauteur, on doit donc multiplier
F(M) par une aire.

3. Le diamètre d’un petit sous-domaine est la plus grande distance qui sépare deux de ses points.
Le pas de la subdivision est le plus grand diamètre des sous-domaines.

Théorème : Si la fonction F est continue, les sommes de Riemann ont une limite = quand leur pas
tend vers 0.
"
On la note F(M) dω et on l’appelle l’intégrale de F sur D.
D

3 Intégrale double - Propriétés


1. Parce que les intégrales doubles sont des limites, elles ont des propriétés qui se déduisent de
celles des sommes de Riemann.

Linéarité :
"   " ! " !
α1 F1 (M) + · · · + αn Fn (M) dω = α1 F1 (M) dω + · · · + αn Fn (M) dω
D D D

Positivité : " "


F(M) > G(M) ∀M ⇒ F(M) dω > G(M) dω
D D
Réunion des domaines :
Si D1 et D2 sont disjoints, ou si D1 et D2 sont obtenus en coupant un domaine D en deux parties
au moyen d’une courbe :
" " "
F(M) dω = F(M) dω + F(M) dω
D1 ∪ D2 D1 D2

Calcul des aires :


"
dω = Aire(D)
D

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4 Calcul des intégrales doubles


1. La valeur de l’intégrale double s’obtient en calculant la limite de :
X
σ= f (M) Aire(d)
d
Q4 : Comment connaı̂t-on Aire(d) ?

Dans la pratique on choisit des subdivisions faciles à contrôler, si possible bien adaptées à la forme
du domaine :
Par exemple :

∆y d
d

∆x
Aire(d) = ∆x ∆y

ou bien :

θ
ρ

θ θ
 
Aire = π ρ2 = ρ2
2π 2

∆θ ∆θ 2
Aire(d) = (ρ + ∆ρ)2 − ρ
2 2
Aire(d) ≈ ρ ∆ρ ∆θ

Et si le domaine a une forme irrégulière ?

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2. Calculer une somme de Riemann revient à calculer l’intégrale d’une fonction en escalier, et plus
cette fonction en escalier s’approche de F, plus son intégrale s’approche de celle de F.

5 Formule de Fubini

1. On suppose que le do-


maine D est limité sur les Soit M = (x, y) in point de D :
côtés par 2 segments verticaux,
qui peuvent être réduits à un • x varie de xmin à xmax ,
point, et en haut et en bas,
par 2 courbes représentatives de • pour x fixé, y varie de ymin (x)
fonctions (qui ne se croisent à ymax (x)
pas) :

2. Quand D n’est pas de cette forme, on le coupe en plusieurs morceaux de la bonne forme, on
calcule les intégrales sur chaque morceau, puis on fait la somme des intégrales :

3. En choisissant des nombres x0 , x1 , . . . , xm ,


y1 , y2 , . . . , yn on construit un quadrillage au moyen
de droites verticales et horizontales, puis on choisit
des nombres x∗1 , x∗2 , . . . , x∗m , y∗1 , y∗2 , . . . , y∗n dans les inter-
valles, ce qui donne des points Mi,j = (x∗i , y∗j ) .

La somme de Riemann associée est :

X
σ= F(x∗i , y∗j )(xi − xi−1 )(y j − y j−1 )
i, j

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4. On va transformer σ.
   
X  X 
σ =  F(x∗1 , y∗j )(y j − y j−1 ) (x1 − x0 ) +  F(x∗2 , y∗j )(y j − y j−1 ) (x2 − x1 ) + . . . . . . . . . . . .
   
   
j j
 
X 
+  F(x∗m , y∗j )(y j − y j−1 ) (xm − xm−1 )
 
 
j

Chaque expression entre parenthèse est une somme de Riemann pour une fonction de y. Quand on
garde fixés les xi et qu’on fait tendre vers 0 l’écart entre les y j , chacune de ces sommes de Riemann
tend vers une intégrale :
X Z ymax (x)
F(x∗i , y∗j )(y j − y j−1 ) → F(x∗i , y) dy
j ymin (x)

X Z ymax (x) !
σ → F(x∗i , y) dy (xi − xi−1 )
i ymin (x)

À droite c’est encore une somme de Riemann :


X Z ymax (x) ! X
F(x∗i , y) dy (xi − xi−1 ) = G(x∗i )(xi − xi−1 )
i ymin (x) i
| {z }
G(x∗i )

Quand on fait tendre vers 0 l’écart entre les xi , cette somme de Riemann tend vers l’intégrale :
Z xmax Z ymax (x) !
== F(x, y) dy dx
xmin ymin (x)

C’est la formule de Fubini.

5. Cas particulier : Quand le domaine D est un rectangle dont les côtés sont parallèles aux axes,
les bornes de la première intégrale à calculer sont constantes.

b'

b Z b0
Z  
==

F(x, y) dy dx


a a0
a'

a b

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Si, en plus, la fonction F est de la forme F(x, y) = u(x) v(y), avec u et v des fonctions d’une seule
Z b Z b0  Z b Z b0 
variable, on a : = = u(x) v(y) dy dx =
   
 u(x) v(y) dy dx
 
a a0 a a0

b b0
Z  Z 
= = 
   
u(x) dx  v(y) dy
a a0

6 Exemples
1. Calcul du volume limité par les plans du repère et le triangle ABC avec A = (1, 0, 0), B = (0, 1, 0),
C = (0, 0, 1).

F(x, y) = ax + by + c

F(O) = 1 ⇒ F(x, y) = ax + by + 1

F(A) = 0 ⇒ F(x, y) = −x + by + 1

F(B) = 0 ⇒ F(x, y) = −x − y + 1

F(x, y) = 1 − x − y

" Z 1 Z 1−x !
V= (1 − x − y) dω = (1 − x − y) dy dx
D 0 0

1−x Z 1
y2 i1−x (1 − x)2 (1 − x)2 h (1 − x)3 i1 1
Z h
(1 − x − y) dy = (1 − x)y − = ⇒ V= dx = − =
0 2 0 2 0 2 6 0 6

2. Quand la forme du domaine s’y prête, on peut appliquer la formule de Fubini en échangeant
les rôles de x et y.

On obtient alors :

" Z xmax Z ymax (x) ! Z ymax Z xmax (y) !


== F(M) dω = F(x, y) dy dxa = F(x, y) dx dy
D xmin ymin (x) ymin xmin (y)

et il peut arriver qu’un calcul soit plus facile que l’autre . . .

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3. Volume d’une demi-sphère de rayon 1.


q
x2 +y2 +z2 = 1 ⇒ F(x, y) = 1 − x2 − y2

" q
V= 1 − x2 − y2 dω
D

√ √
ymax(x) = + 1 − x2 +1 Z + 1−x2
Z  q 

V= 1 − x2 − y2 dy dx

√  √
ymin(x) = − 1 − x2 − 1−x2
−1

√ √ s
+ 1−x2 √ + 1−x2
y2
Z q Z
Calcul de G(x) = √ 1 − x2 − y2 dy = 1 − x2 √ 1− dy
− 1−x2 − 1−x2 1 − x2
y √
On fait le changement de variable √ → u dy → 1 − x2 du
1 − x2
Z +1 √ Z √
1
 q 
G(x) = (1 − x ) 2 2
1 − u du . Avec la primitive 1 − u2 du = y 1 − y2 + arcsin(y)
−1 2

+1
(1 − x2 ) π
 q
G(x) = y 1 − y2 + arcsin(y) = (1 − x2 )
2 −1 2
+1 #+1
π π x3 π 2
Z "
−2 2π
   
V= (1 − x ) dx =
2
x− = − =
−1 2 2 3 −1 2 3 3 3

4
Le volume d’une sphère de rayon R est π R3 .
3
4. Les calculs précédents étaient compliqué parce qu’on n’a pas choisi un découpage de D bien
adapté. Dans le cas où le domaine D est un cercle de rayon R, on le découpe au moyen de rayons
et de cercles concentriques et on repère le point M au moyen de ses coordonnées polaires ρ et θ.

σ= i,j F(ρi , θ j ) ρ∆ρ ∆θ


∗ ∗
P
Les sommes de Riemann deviennent alors
On adapte le raisonnement de la formule de Fubini, ce qui permet de faire un passage à la limite
sur l’une des variables, puis sur l’autre. Selon l’ordre dans lequel on fait ces passages à la limite,
on obtient :
" Z 2π Z R ! Z R Z 2π !
== F(M) dω = F(ρ, θ) dρ dθ = F(ρ, θ) dθ dρ
D 0 0 0 0

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