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L essentiel du Droit commercial et des

affaires 1st Edition Daniel Bert


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Les 1re
2017 1re édition Les
CARRés 2018

......... L’essentiel du Droit commercial et des affaires (1re éd. 2017-2018) est à jour de récentes évolutions législatives et jurisprudentielles CARRés
Droit
une synthèse rigoureuse, pratique et à jour de l’ensemble des connaissances
que le lecteur doit avoir sur cette matière. 12 Chapitres. Tout y est ! .........
Réviser et faire Daniel Bert

L’essentiel
un point actualisé

commercial et des affaires


Frédéric Planckeel
Sommaire
Les actes de commerce
Auteurs
du
- L a notion d’acte de commerce
- L e régime des actes de commerce
Daniel Bert est Maître de conférences à l’Université Le commerçant et les professionnels
Lille 2 Droit et Santé, Responsable de la licence

Droit
non-commerçants
professionnelle métiers du notariat. - L es obligations du commerçant
Frédéric Planckeel est Maître de conférences à l’Uni- - L es incidences de la situation
versité Lille 2 Droit et Santé, Directeur du Master 2 familiale et personnelle du
Droit des assurances et Avocat au Barreau de Lille. commerçant

L’essentiel du Droit
- L e patrimoine du commerçant

commercial et
- L es auxiliaires du commerçant
- L es professionnels non-
Public commerçants
Le fonds de commerce
-  Étudiants en Licence et Master Droit - L es éléments composant le fonds

des affaires
-  Étudiants en Licence et Master AES de commerce
et Sciences économiques - L es contrats portant sur le fonds
-  Étudiants des Écoles de commerce de commerce
- L e bail commercial
et de gestion
La justice commerciale
-  Étudiants au CRFPA et candidats à l’ENM
- L es tribunaux de commerce
- L ’arbitrage en matière commerciale
2017 2018

F. Planckeel
D. Bert
Prix : 12,50 e
ISBN 978-2-297-05388-4
www.lextenso-editions.fr
international.scholarvox.com:ENCG Marrakech:1442897966:88842093:196.200.176.177:1591
Daniel Bert
Frédéric Planckeel

L’essentiel
du
Droit
commercial et
des affaires
1re édition
2017 2018
international.scholarvox.com:ENCG Marrakech:1442897966:88842093:196.200.176.177:1591
Cette collection de livres présente de manière synthétique,
Les rigoureuse et pratique l’ensemble des connaissances que
CARRés l’étudiant doit posséder sur le sujet traité. Elle couvre :
......... – le Droit et la Science Politique ;
– les Sciences économiques ;
– les Sciences de gestion ;
– les concours de la Fonction publique.

Daniel Bert est Maître de conférences à l’Université Lille 2 Droit et Santé, Responsable de la licence
professionnelle métiers du notariat et membre du CRDP-L’ERADP.
Frédéric Planckeel est Maître de conférences à l’Université Lille 2 Droit et Santé, Directeur du
Master 2 Droit des assurances, membre du CRDP-L’ERADP et Avocat au Barreau de Lille.

Des mêmes auteurs chez le même éditeur


Collection « Amphi LMD »
–C
 ours de droit commercial et des affaires, 3e éd. 2017-2018.

© Gualino éditeur, Lextenso éditions 2017


70, rue du Gouverneur Général Éboué
92131 Issy-les-Moulineaux cedex Suivez-nous sur
ISBN 978 - 2 - 297 - 05388 - 4
ISSN 1288-8206
international.scholarvox.com:ENCG Marrakech:1442897966:88842093:196.200.176.17
PRÉSENTATION

Le droit commercial est une branche du droit privé qui régit à la fois les commerçants et
l’accomplissement d’actes de commerce. Le droit français consacre ainsi une conception
dualiste de la commercialité.
Le présent ouvrage permet de faire le point sur les notions d’actes de commerce, de
commerçant, de fonds de commerce de bail commercial et sur la justice commerciale.
Il s’adresse aux étudiants de L2 et de L3 ainsi qu’à ceux préparant l’examen d’entrée au
CRFPA ou le concours de l’ENM.
L’ouvrage est à jour de la loi nº 2016-1547 du 18 novembre 2016 de modernisation de la
justice du XXIe siècle dite loi J21 et de la loi nº 2016-1691 du 9 décembre 2016 relative à
la transparence, à la lutte contre la corruption et à la modernisation de la vie économique
dite Loi Sapin 2.
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SOMMAIRE

Présentation 3
Introduction – Premières vues sur le droit commercial 13
1 – L’objet du droit commercial 13
2 – Droit commercial et droit civil 14
3 – La spécificité du droit commercial 14
4 – L’approche historique du droit commercial 15

PARTIE 1
Les actes de commerce

Chapitre 1 – La notion d’acte de commerce 19


1 – La classification des actes de commerce 20
■ Les actes de commerce par nature 20
■ Les actes de commerce par la forme 22
a) Les sociétés commerciales par la forme 23
b) La lettre de change 23
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SOMMAIRE ■ Les actes de commerce par accessoire 23
a) Les actes de commerce par accessoire subjectif 23
b) Les actes de commerce par accessoire objectif 24
2 – La recherche d’un critère général de commercialité 24
■ La spéculation 24
■ L’entremise 25
■ Le droit de l’activité capitaliste 25
■ L’entreprise 25
■ L’activité commerciale 26

Chapitre 2 – Le régime des actes de commerce 27


1 – Les actes de commerce à l’égard des deux parties 27
■ La preuve des actes de commerce entre commerçants 27
■ La solidarité des débiteurs tenus commercialement 28
■ L’admission facilitée de l’anatocisme 28
■ Les règles destinées à encourager l’exécution des obligations 29
a) La faculté de remplacement 29
b) La réfaction du contrat 29
c) La mise en demeure 30
■ L’accélération de la prescription commerciale 30
2 – Le régime des actes mixtes 31
■ Le régime dualiste 31
■ Le régime unitaire 32

PARTIE 2
Le commerçant et les professionnels
non-commerçants

Chapitre 3 – Les obligations du commerçant 35


1 – L’inscription au RCS 35
2 – Les obligations comptables et financières 36
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Chapitre 4 – Les incidences de la situation familiale et

SOMMAIRE
personnelle du commerçant 37
1 – Les règles applicables au conjoint travaillant seul dans
l’entreprise 37
2 – Les règles applicables en cas de participation du conjoint à
l’entreprise 38

Chapitre 5 – Le patrimoine du commerçant 41


1 – Les sociétés unipersonnelles 41
2 – L’insaisissabilité des biens immobiliers du commerçant 42
3 – L’entrepreneur individuel à responsabilité limitée (EIRL) 43
■ La constitution de l’EIRL 43
a) Le contenu du patrimoine affecté 43
b) La déclaration d’affectation 44
■ Le fonctionnement de l’EIRL 45
a) L’opposabilité de la déclaration d’affectation aux créanciers
postérieurs 45
b) La perméabilité des patrimoines 45
c) L’EIRL et la prise de sûretés 46
d) Les obligations pesant sur l’EIRL 46
■ La fin de l’EIRL 47

Chapitre 6 – Les auxiliaires du commerçant 49


1 – Les auxiliaires non-commerçants : les mandataires 49
■ L’agent commercial 50
■ Le gérant-mandataire 50
■ Le gérant-succursaliste 51
2 – Les auxiliaires commerçants : les réseaux de distribution 51
■ Les principaux contrats de distribution 51
■ Les principales règles régissant la distribution intégrée 52
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SOMMAIRE Chapitre 7 – Les professionnels non-commerçants 55
1 – Les artisans 55
■ Définition de l’artisan 55
a) La définition administrative de l’artisan 55
b) La définition jurisprudentielle de l’artisan 56
■ Rapprochements avec le commerçant 57
2 – Les membres des professions libérales 57
■ Définition des professions libérales 57
■ Rapprochements avec le commerçant 58
3 – Les agriculteurs 59
■ Définition de l’agriculteur 59
■ Rapprochements avec le commerçant 59

PARTIE 3
Le fonds de commerce

Chapitre 8 – Les éléments composant le fonds


de commerce 63
1 – La clientèle, élément essentiel du fonds de commerce 63
■ Le concept de clientèle 63
■ Les fonctions du concept de clientèle 64
2 – Le nom commercial et l’enseigne 65
3 – Les droits de propriété intellectuelle 66
4 – Les autorisations d’exploitation 66
5 – Le matériel et l’outillage 66
6 – Les marchandises 67
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Chapitre 9 – Les contrats portant sur le fonds

SOMMAIRE
de commerce 69
1 – La cession de fonds de commerce 69
■ Les conditions de validité de la cession de fonds de commerce 69
a) Les conditions de fond 69
b) Les conditions de forme 70
■ Les effets de la cession de fonds de commerce 70
a) Les obligations du vendeur 70
b) Les obligations de l’acheteur 71
■ La protection des intérêts des tiers 72
a) L’information préalable des salariés en cas de transmission
d’entreprise 72
b) La publicité de la cession et le droit d’opposition des créanciers
chirographaires 73
2 – La location-gérance de fonds de commerce 73
■ Les conditions de la location-gérance 74
a) Conditions de fond 74
b) Conditions de forme et de publicité 74
■ Les effets de la location-gérance 74
3 – Le nantissement du fonds de commerce 75
■ Le nantissement conventionnel 75
a) Constitution du nantissement 75
b) Effets du nantissement 76
■ Le nantissement judiciaire 76

Chapitre 10 – Le bail commercial 77


1 – Présentation générale du statut des baux commerciaux 77
2 – Le champ d’application du statut des baux commerciaux 78
■ Les conditions d’application du statut 78
a) Un bail 78
b) Un immeuble ou local à usage commercial 79
c) L’exploitation d’un fonds par un commerçant ou artisan 79
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SOMMAIRE ■ Les exceptions à l’application du statut 80
a) Le bail dérogatoire 80
b) La convention d’occupation précaire 80
3 – La pérennité du bail commercial 81
■ La durée du bail commercial 81
■ La résiliation du bail commercial 81
a) Le droit de résiliation unilatéral 82
b) L’encadrement de la clause résolutoire 82
■ Le droit au renouvellement 82
a) Les conditions du droit au renouvellement 83
b) La mise en œuvre du renouvellement 84
c) Le régime du refus de renouvellement 84
4 – Les droits et obligations du preneur 85
■ Les droits du preneur 85
a) La déspécialisation 85
b) La cession du bail avec le fonds 86
c) Le droit de préempter la vente du local loué 87
■ Les obligations du preneur 87
a) La fixation du loyer 88
b) Les charges, les travaux et les taxes 90

PARTIE 4
La justice commerciale

Chapitre 11 – Les tribunaux de commerce 95


1 – L’attribution légale de compétence 95
■ La compétence matérielle 95
■ La compétence territoriale 96
2 – Les aménagements contractuels 97
■ Les clauses attributives de compétence matérielle 97
■ Les clauses attributives de compétence territoriale 97
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Chapitre 12 – L’arbitrage en matière commerciale

SOMMAIRE
99
1 – Le recours à l’arbitrage 99
■ Exigence d’un écrit 99
■ Arbitrabilité du litige 100
2 – La constitution du tribunal arbitral 101
3 – La compétence du tribunal 102
4 – Le déroulement de l’instance arbitrale 102
5 – La sentence arbitrale 103
6 – Les voies de recours 104
Bibliographie 105
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Premières vues Introduction
sur le droit commercial

Le droit commercial est une branche du droit privé qui régit à la fois les commerçants et l’accom-
plissement d’actes de commerce (1). Les rapports entre droit commercial et droit civil seront
examinés (2), avant de revenir sur le particularisme du droit commercial (3) et sur son histoire (4).

1 L’objet du droit commercial


Le droit commercial est une branche du droit privé qui régit à la fois les commerçants et l’accom-
plissement d’actes de commerce. Le droit français consacre ainsi une conception dualiste de la
commercialité.
Selon la conception subjective, le droit commercial est le droit applicable à certains sujets, les
commerçants. Ainsi, certaines règles s’appliquent donc de façon spéciale aux commerçants : les règles
relatives à la capacité pour devenir commerçant, à l’inscription au registre du commerce et des
sociétés, à la tenue de livres de commerce, aux sociétés commerciales, celles relatives au traitement
des difficultés des entreprises, etc.
Selon la conception objective, le droit commercial est le droit applicable à certaines opérations
commerciales, les actes de commerce. Ainsi en est-il, par exemple, des règles relatives à l’achat
pour revendre, à la lettre de change ou aux sociétés commerciales par la forme. Cette seconde
conception fait (essentiellement) fi de la profession exercée par l’auteur de ces actes, pour s’inté-
resser uniquement aux caractéristiques de ceux-ci. L’acte, en lui-même, sera régi par le droit
commercial, peu importe que son auteur soit ou non commerçant.
Le Code de commerce n’a pas su trancher le nœud gordien de la commercialité. Aux termes de
l’article L. 121-1 du Code de commerce, le commerçant (approche subjective) est défini comme
une personne accomplissant habituellement des actes de commerce (approche objective). Le droit
commercial français fait donc œuvre de compromis.
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14 L’ESSENTIEL DU DROIT COMMERCIAL ET DES AFFAIRES

2 Droit commercial et droit civil


Le droit commercial tend à devenir un véritable laboratoire d’expérimentation pour le droit privé.
Nombre d’institutions courantes de la vie civile ont d’abord été éprouvées par le droit commercial,
avant d’investir le droit civil (création de sociétés d’exercice libérales empruntant des formes
commerciales, technique du fonds de commerce étendue au fonds libéral, procédures collectives
ouvertes à l’ensemble des professionnels, clauses d’arbitrage admises dans tous les rapports entre
professionnels, seraient-ils civils...).
Le chèque, le virement, qui n’étaient utilisés autrefois que dans les relations commerciales, sont
aujourd’hui quotidiennement utilisés par les particuliers. La garantie autonome, la clause de
réserve de propriété ont d’abord éclos dans le domaine commercial, avant de pénétrer la vie
civile. La fiducie, quant à elle, a d’abord été ouverte aux personnes morales avant d’être généra-
lisée à tout type de constituant. Le droit civil s’est donc progressivement « commercialisé ».
Parallèlement, on constate que des institutions nées du droit civil ont trouvé, au contact du droit
commercial, un nouveau souffle (subrogation, délégation...), tandis que, dans d’autres cas,
certaines techniques reconnues du droit civil y ont éclos (cession de contrat, groupe de contrats...).
Le Code civil conserve, vis-à-vis de l’activité commerciale, une compétence de principe. Les règles
générales de la théorie des obligations figurent dans le Code civil. L’article 1105 du Code civil
précise que « Les règles particulières à certains contrats sont établies dans les dispositions propres
à chacun d’eux. Les règles générales s’appliquent sous réserve de ces règles particulières ». Ce
texte permet d’écarter les règles générales applicables à l’ensemble des contrats lorsque des
règles relevant des contrats spéciaux ou lorsque d’autres codes sont incompatibles avec les
premières (ex. : Code de commerce). L’article 1105 du Code civil confirme ainsi la relation de
dépendance entre le Code de commerce et le Code civil.

3 La spécificité du droit commercial


Il est classique de présenter le droit civil comme le « droit des faibles », empreint de lenteur et de
formalisme. Le droit commercial, quant à lui, est classiquement présenté comme le « droit des
forts », laissant une plus grande liberté aux agents, exigeant moins de formalisme de leur part,
mais étant également plus dur quant aux conséquences attachées à l’inexécution des
engagements.
Pour résumer, le droit commercial est orienté vers la recherche d’une meilleure efficacité écono-
mique, là où le droit civil reste globalement attaché à la protection de la partie faible.
Les règles du droit commercial sont axées vers la liberté, la rapidité, la sécurité et l’accès au crédit.
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INTRODUCTION – Premières vues sur le droit commercial 15

4 L’approche historique du droit commercial


Les origines du droit commercial remontent au Moyen Âge. Le droit commercial est né dans
certaines villes indépendantes d’Italie, telles que Florence, Gênes, Pise ou Venise, dans lesquelles
le pouvoir politique reposait entre les mains de marchands ou de banquiers, les « consuls » (d’où
le terme de juridiction consulaire). Ces consuls, qui étaient à la fois des conseillers municipaux et
des juges, appliquèrent des usages professionnels inspirés du droit romain et du droit canonique,
tout en étant moins hostiles à l’idée de profit. Les règles de droit commercial relatives aux sociétés,
à la lettre de change, à la faillite et au transport maritime firent leur apparition.
Ce droit commercial fut exporté en Europe, soit par les ports, pour le droit commercial maritime,
soit par les foires, pour le droit commercial terrestre. Il devint alors la coutume marchande
internationale.
En France, le pouvoir royal mit fin au XVIe siècle à ce droit uniforme. Pour assurer la sécurité juri-
dique du commerce, il créa des tribunaux de commerce permanents, composés de juges commer-
çants élus par leurs pairs. La première juridiction consulaire fut celle du Châtelet à Paris, créé par
un édit de 1563 attribué à Michel de l’Hospital. Un siècle plus tard, sous Louis XIV, Colbert entre-
prit de rassembler les textes de droit commercial. Une ordonnance de 1673, dite « Code Savary »
– du nom de l’un de ses rédacteurs – fut consacrée au commerce terrestre, et une autre, de 1681,
au commerce maritime.
Durant la période révolutionnaire, le législateur a affirmé le principe de liberté de commerce et de
l’industrie. Il s’agit de la loi des 2 et 17 mars 1791, dite « décret d’Allarde ». La loi des 14 et
17 juin 1791, quant à elle, supprime les corporations, ainsi que les réglementations profession-
nelles élaborées par celles-ci. Toutefois, alors que les révolutionnaires supprimèrent toutes les
autres juridictions, les tribunaux de commerce furent maintenus.
À partir de 1801, la rédaction d’un Code de commerce est entreprise. Il ne verra le jour qu’en
1807 et entrera en vigueur en 1808. Autrement dit, le Code de commerce est entré en gestation
avant le Code civil, pour être achevé après ce dernier. Il compte, à l’époque, 648 articles divisés en
4 livres consacrés au commerce en général, au commerce maritime, à la faillite et à la juridiction
commerciale. Ce code, de piètre qualité – contrairement à son aîné, le Code civil –, ne marque
pas véritablement de rupture avec les ordonnances de Colbert. Le Code de commerce a fêté son
bicentenaire en 2007. Bien évidemment, les festivités furent alors moins nombreuses et fastueuses
que celles du bicentenaire du Code civil.
Les évolutions postérieures à 1807 sont notamment marquées par l’industrialisation et l’avène-
ment du capitalisme moderne. La loi du 24 juillet 1867 introduit dans notre droit la société
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16 L’ESSENTIEL DU DROIT COMMERCIAL ET DES AFFAIRES

anonyme. L’année 1844 fut marquée par la loi du 5 juillet sur les brevets d’invention, modifiée
plusieurs fois depuis.
Le XXe siècle est marqué par d’importantes lois :
– introduction du fonds de commerce en droit positif (1909) ;
– instauration des lettres de change internationales et des billets à ordre internationaux (1930) ;
– création du statut des baux commerciaux (1953), etc.
Au XXe siècle, le droit commercial se caractérise essentiellement par sa décodification : la quasi-
totalité des réformes du droit commercial furent introduite par des textes non codifiés, de telle
sorte que le Code de commerce ne refléta plus le droit positif commercial.
Le XXIe siècle se caractérise par la recodification du droit commercial, la tendance au « hors code »
et l’inflation législative. En effet, au début des années 2000, le droit commercial a été recodifié à
droit (presque) constant, c’est-à-dire sans (presqu’)aucune modification. Le « nouveau » Code de
commerce est issu, pour sa partie législative, d’une ordonnance du 18 septembre 2000 et, pour
sa partie réglementaire, d’un décret du 25 mars 2007.
Il convient de noter que de nombreuses matières traditionnellement rattachées au droit commer-
cial figurent dans d’autres codes. Ainsi en est-il du droit de la propriété industrielle (codifié au sein
du CPI), mais aussi du droit bancaire et financier (codifié au sein du C. mon. fin.).
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Les actes PARTIE
de commerce 1

Chapitre 1 - La notion d’acte de commerce 19


Chapitre 2 - Le régime des actes de commerce 27

Le régime des actes de commerce (approche objective de la commercialité) diffère de celui des actes
civils (par exemple sur la liberté de la preuve en matière commerciale ; C. com., art. L. 110-3). C’est
la raison pour laquelle il est nécessaire d’identifier les actes de commerce (Chapitre 1), avant d’envi-
sager leur régime (Chapitre 2).
international.scholarvox.com:ENCG Marrakech:1442897966:88842093:196.200.176.17
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La notion d’acte Chapitre
1
de commerce

Il convient de revenir sur la classification des actes de commerce, avant d’examiner la recherche d’un critère
général de la commercialité.

La liste des actes de commerce (en matière terrestre) est dressée par l’article L. 110-1 du Code de
commerce :
« La loi répute actes de commerce :
1º Tout achat de biens meubles pour les revendre, soit en nature, soit après les avoir travaillés et
mis en œuvre ;
2º Tout achat de biens immeubles aux fins de les revendre, à moins que l’acquéreur n’ait agi en
vue d’édifier un ou plusieurs bâtiments et de les vendre en bloc ou par locaux ;
3º Toutes opérations d’intermédiaire pour l’achat, la souscription ou la vente d’immeubles, de
fonds de commerce, d’actions ou parts de sociétés immobilières ;
4º Toute entreprise de location de meubles ;
5º Toute entreprise de manufactures, de commission, de transport par terre ou par eau ;
6º Toute entreprise de fournitures, d’agence, bureaux d’affaires, établissements de ventes à
l’encan, de spectacles publics ;
7º Toute opération de change, banque, courtage, activité d’émission et de gestion de monnaie
électronique et tout service de paiement ;
8º Toutes les opérations de banques publiques ;
9º Toutes obligations entre négociants, marchands et banquiers ;
10º Entre toutes personnes, les lettres de change. »
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20 L’ESSENTIEL DU DROIT COMMERCIAL ET DES AFFAIRES

1 La classification des actes de commerce


La plupart de ces actes ne sont commerciaux que lorsqu’ils sont effectués de manière répétée par
des commerçants : il s’agit des actes de commerce par nature. D’autres sont commerciaux
« entre toutes personnes », qu’ils soient accomplis par des commerçants ou par des non-commer-
çants : ce sont des actes de commerce par la forme.
Les autres actes sont commerciaux, dans la mesure où ils sont accomplis par un commerçant dans
l’exercice de son commerce : il s’agit des actes de commerce par accessoire. Enfin, certains actes
ne sont commerciaux que pour une seule partie : ce sont les actes mixtes (v. infra, p. 29).

■ Les actes de commerce par nature


La plupart des actes de commerce le sont par nature. Ces actes sont commerciaux à raison de leur
objet. Pour la plupart, ces actes ne seront commerciaux que s’ils sont effectués en « entreprise »,
c’est-à-dire de manière répétée par un commerçant (le terme d’entreprise est ici synonyme de profes-
sion). D’autres actes seront régis par le droit commercial, même s’ils sont accomplis de manière isolée
par un non-commerçant ; sont ainsi concernés un certain nombre d’actes figurant dans une liste
prévue à l’article L. 110-1, 1º à 7º du Code de commerce.
Dans un souci pédagogique, nous présenterons la liste des actes de commerce en suivant la
présentation de l’article L. 110-1 du Code de commerce.
« 1º Tout achat de biens meubles pour les revendre, soit en nature, soit après les avoir
travaillés et mis en œuvre » ;
L’achat, réalisé avec l’intention d’une revente postérieure (avec ou sans transformation), a ainsi
vocation à constituer un acte de commerce. En revanche, l’achat qui n’a pas été effectué avec
l’intention de faire une revente postérieure – même si le bien est finalement vendu (c’est le cas
du consommateur qui achète un bien pour ses besoins personnels et qui finit par le céder) – ne
sera pas qualifié d’acte de commerce.
Bien que le texte ne le dise pas explicitement, on admet encore que la revente – elle-même – du
bien ainsi acquis constitue un acte de commerce. Le commerçant qui revend au consommateur
des produits achetés réalise donc, pour chaque revente, un acte de commerce.
« 2º Tout achat de biens immeubles aux fins de les revendre, à moins que l’acquéreur n’ait
agi en vue d’édifier un ou plusieurs bâtiments et de les vendre en bloc ou par locaux » ;
Le principe est que l’achat d’immeubles pour les revendre en l’état est un acte de commerce.
Initialement, seul était commercial l’achat pour revendre des meubles ; les immeubles étaient,
eux, considérés comme ne pouvant faire l’objet du commerce. Cette conception a cependant
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CHAPITRE 1 – La notion d’acte de commerce 21

paru obsolète. Dans l’économie contemporaine, la spéculation immobilière est une réalité. La règle
a donc été écartée par une loi du 13 juillet 1967.
« 3º Toutes opérations d’intermédiaire pour l’achat, la souscription ou la vente d’immeu-
bles, de fonds de commerce, d’actions ou parts de sociétés immobilières » ;
Ce texte retient la commercialité des actes réalisés par les agents immobiliers. Il doit être
rapproché des articles L. 110-1, 5º et 7º du Code de commerce.
« 4º Toute entreprise de location de meubles » ;
La commercialité des locations de meubles découle de ce texte (c’est le cas, par exemple, de la loca-
tion d’automobile). Par un raisonnement a contrario, on en déduit que les locations d’immeubles ne
constituent pas des actes de commerce (exemple d’une entreprise qui loue des appartements ou
des chambres meublées) – ce qui peut paraître contestable. Il en va cependant différemment de
l’hôtellerie qui constitue, d’après la jurisprudence, une activité commerciale : l’hôtelier offre à ses
clients, en sus de la mise à disposition d’une fraction d’immeuble (chambres), des services substan-
tiels (accueil, restauration, chauffage, blanchisserie, ménage...) et une mise à disposition de meubles
(lit, canapé, commode...).
« 5º Toute entreprise de manufactures, de commission, de transport par terre ou par
eau » ;
Ce texte prévoit la commercialité de trois sortes d’activités bien distinctes. Sont visées, en premier
lieu, les manufactures – activité consistant à travailler une chose pour la transformer.
Sont, en second lieu, prises en considération les activités de commission. Le contrat de commission,
qui se distingue du courtage, est la convention par laquelle une personne (le commissionnaire) se
charge d’accomplir en son nom, mais pour le compte du commettant, une ou plusieurs opérations
(hypothèse du commissionnaire de vente qui cède un bien appartenant au commettant, pour
lequel l’opération est réalisée). Cette convention a, par principe, vocation à être commerciale.
En revanche, l’activité de mandataire – le mandat étant le contrat par lequel une personne confère
à une autre le pouvoir d’accomplir, en son nom et pour son compte, un acte juridique – n’a pas
vocation à être commerciale (par exemple, les agents commerciaux qui passent des contrats au
nom et pour le compte de leur mandant ne sont pas commerçants).
Sont enfin concernées par ce texte les activités de transport terrestre ou maritime.
« 6º Toute entreprise de fournitures, d’agence, bureaux d’affaires, établissements de
ventes à l’encan, de spectacles publics » ;
L’activité de fourniture consiste à fournir à un client des biens ou des services (Req., 9 janv. 1810).
En effet, si la fourniture se réduisait à l’achat pour revendre, il y aurait alors une redondance avec
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22 L’ESSENTIEL DU DROIT COMMERCIAL ET DES AFFAIRES

l’article L. 110-1, 1º du Code de commerce. La fourniture peut avoir pour objet la distribution
d’eau, de gaz, d’électricité (CA Paris, 12 mars 1925) ou encore de chauffage.
La mention des « établissements de ventes à l’encan », expression désuète, doit être comprise
comme visant les salles de ventes aux enchères dont les activités sont, sauf exception,
commerciales.
La référence aux « spectacles publics » permet de caractériser la commercialité des théâtres,
cinémas, lieux de concerts, cirques, etc. La jurisprudence entend cette dernière notion de manière
particulièrement large.
« 7º Toute opération de change, banque et courtage » ;
Les opérations de banque sont définies à l’article L. 311-1 du Code monétaire et financier : « Les
opérations de banque comprennent la réception de fonds remboursables du public, les opérations
de crédit, ainsi que les services bancaires de paiement. ». La notion d’opération de banque
recouvre un contenu varié. Sont visés la réception, le dépôt de fonds, l’ouverture de comptes, la
location d’un coffre-fort ou encore les opérations sur des valeurs mobilières.
Si la pratique habituelle des opérations de banque est accomplie par des établissements de crédit, elles
peuvent être accomplies par un non-commerçant, par exemple un notaire recevant des fonds pour les
employer à des prêts contre des intérêts (Cass. com., 2 févr. 1970, nº 68-13575), et caractériseront
alors l’accomplissement d’un acte de commerce soumis aux rigueurs du droit commercial.
L’article L. 110-1, 7º du Code de commerce n’exige d’ailleurs pas l’accomplissement d’actes répétés,
mais se contente d’une simple opération pour admettre la qualification d’acte de commerce.
Les opérations de bourse ne sont pas visées par l’article L. 110-1 du Code de commerce. La juris-
prudence considère néanmoins que les opérations de bourse constituent des actes de commerce
en fonction de leur importance et de leur multiplicité.
Le courtage consiste à mettre en rapport des contractants potentiels : le courtage en vue de
vendre, le courtage d’assurance, le courtage matrimonial, etc. À noter que le texte ne vise pas
l’« entreprise » de courtage. Un seul acte de courtage suffit donc à la qualification d’acte de
commerce.

■ Les actes de commerce par la forme


Ces actes, à la différence des précédents, sont soumis au droit commercial aussi bien lorsqu’ils
sont accomplis par un commerçant que lorsqu’ils sont accomplis à titre isolé par un non-commer-
çant. On les nomme actes de commerce par la forme, car ils reposent sur une commercialité
formelle. Ils sont peu nombreux. Cette catégorie vise les sociétés commerciales par la forme et la
lettre de change.
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CHAPITRE 1 – La notion d’acte de commerce 23

a) Les sociétés commerciales par la forme


Certaines sociétés sont commerciales en raison de leur seule forme. Cette règle est exprimée à
l’article L. 210-1, al. 2 du Code de commerce : « Sont commerciales à raison de leur forme et quel
que soit leur objet, les sociétés en nom collectif, les sociétés en commandite simple, les sociétés à
responsabilité limitée et les sociétés par actions ».
Cette commercialité formelle des sociétés commerciales conduit à considérer que les actes relatifs
à leur création, à leur fonctionnement ou leur dissolution, doivent être considérés comme des
actes de commerce, même si les personnes qui y participent ne sont pas commerçantes.

b) La lettre de change
Aux termes de l’article L. 110-1, 10º du Code de commerce, « La loi répute actes de commerce (...)
entre toutes personnes, les lettres de change ». La lettre de change est un instrument de paiement
par lequel une personne (le tireur) donne l’ordre à une autre (le tiré) de payer une certaine somme
d’argent à une troisième personne (le bénéficiaire, ou le porteur, auquel la lettre a été transmise).
En pratique, l’utilisation de ce procédé de paiement ne se rencontre que dans les rapports
d’affaires. Le Code de commerce a retenu sa commercialité formelle : quiconque signe une lettre
de change (même un non-commerçant) accomplit un acte de commerce relevant des règles du
droit cambiaire (la signature d’une lettre de change, n’a évidemment pas pour effet de conférer à
son titulaire la qualité de commerçant).

■ Les actes de commerce par accessoire


a) Les actes de commerce par accessoire subjectif
Ces actes sont par nature des actes civils. Mais parce qu’ils sont accessoires à l’exercice d’une acti-
vité commerciale, ils revêtent une coloration commerciale.
Deux conditions sont nécessaires à l’application de la règle :
– il faut, d’abord, que l’acte soit fait par un commerçant, étant précisé que les actes qu’une
personne accomplit en vue de l’exercice d’une activité commerciale future sont eux-mêmes
commerciaux par anticipation ;
– il faut, ensuite, que l’acte ait été réalisé par le commerçant pour les besoins de son commerce.
Ainsi, si un commerçant personne physique achète un bien pour ses besoins personnels (par
exemple un téléviseur pour son domicile), cet achat n’a pas vocation à être qualifié de
commercial.
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24 L’ESSENTIEL DU DROIT COMMERCIAL ET DES AFFAIRES

A contrario, on parle d’acte civil par accessoire, lorsqu’un acte est accompli par une personne
civile, pour les besoins de son activité civile professionnelle (ex. : plombier qui vendrait du matériel
de plomberie à ses clients).

b) Les actes de commerce par accessoire objectif


Cette théorie aboutit à réputer commercial un acte juridique en relation avec un acte de
commerce ou avec une opération commerciale.
Il en va ainsi du billet à ordre, du chèque, du gage et du cautionnement. Le gage doit ainsi sa
nature civile ou commerciale à celle de la dette garantie : constitué par un non-commerçant en
garantie d’une dette commerciale, le gage est commercial. Pour la même raison, le chèque et le
billet à ordre deviennent commerciaux s’ils sont émis en règlement d’une dette commerciale par
un tireur n’ayant pas la qualité de commerçant.
En matière de garanties personnelles, le cautionnement devient commercial lorsque le dirigeant ou
l’associé qui se porte caution a un intérêt patrimonial à l’opération garantie.
Les opérations portant sur le fonds de commerce relèvent également de cette catégorie (vente,
achat, nantissement, mise en location-gérance du fonds de commerce).

2 La recherche d’un critère général de commercialité


Peut-on dépasser le cap de l’énumération pour rechercher un critère général de la commercialité ?
Des auteurs ont tenté, à partir de l’inventaire à la Prévert des activités commerciales dressé par
l’article L. 110-1 du Code de commerce, de dresser un critère de la commercialité. Chacun de ces
critères présente des intérêts, sans pour autant convaincre pleinement.

■ La spéculation
Très tôt, la doctrine a vu dans le critère de la spéculation un critère de la qualification commer-
ciale. Pour Gérard Lyon-Caen et Charles Renault, ce qui caractérise les actes de commerce, « c’est
qu’ils sont des actes de spéculation, c’est-à-dire des actes ayant pour but la réalisation d’un béné-
fice en argent ».
Si le critère de la spéculation pouvait paraître séduisant à une époque où le commerce et l’indus-
trie représentaient l’essentiel de l’activité économique, force est aujourd’hui de constater que de
nombreux professionnels non-commerçants (professions libérales, artisans, exploitants agricoles)
poursuivent la recherchent d’un profit.
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CHAPITRE 1 – La notion d’acte de commerce 25

■ L’entremise
Le critère de la circulation des biens a été promu par Edmond-Eugène Thaller comme critère
général de la commercialité. Selon lui, est commerciale toute opération intermédiaire s’insérant
entre le producteur et le consommateur d’un produit : « Chez le producteur, le produit n’est pas
encore dans le commerce. Chez le consommateur, il n’y est plus. Entre ces deux hommes s’établit
toute une filière d’actes. Ces actes constituent le commerce ».
Le critère proposé par Thaller semble aujourd’hui suranné. Certaines activités sont commerciales,
alors même qu’elles ne s’interposent pas dans la circulation des richesses. De façon encore plus
décisive, le critère de la circulation des biens ne permet pas d’englober le secteur de l’industrie.
L’industriel est bien commerçant. Pour autant, il se situe bien au stade de la création et non de la
circulation des valeurs.

■ Le droit de l’activité capitaliste


Adoptant un point de vue relativement proche, le professeur Lyon-Caen définit le droit commer-
cial comme « Le droit des institutions spécifiques du régime économique dit capitaliste ». L’auteur
définit le capitalisme comme « l’appropriation privée des moyens de production en vue de tirer
profit du travail d’autrui... les salariés n’exploitant pas l’entreprise, mais [étant] exploités par
elle ». La vision de Lyon-Caen est davantage politique qu’économique. Elle s’inspire de la pensée
marxiste. Selon lui, « Le droit civil [est] le droit de la bourgeoisie dans son ensemble, le droit
commercial celui du régime nouveau qu’elle a imposé ».

■ L’entreprise
La notion d’entreprise, promue par Jean Escarra, a également été proposée pour fédérer la liste
des actes de commerce figurant aux articles L. 110-1 et L. 110-2 du Code de commerce. Il convient
de noter que terme d’« entreprise » est employé à plusieurs reprises dans l’article L. 110-1 comme
synonyme de profession. Le terme ne revêt toutefois pas pour les rédacteurs du Code de
commerce l’acception que nous lui connaissons aujourd’hui. Selon Escarra, le critère de l’entre-
prise permettrait de surmonter l’opposition entre conception objective et conception subjective
du droit commercial. Selon lui, l’activité commerciale ne peut se développer qu’au sein d’une
entreprise et l’activité des entreprises est toujours commerciale.
Le critère proposé par Escarra n’emporte pas la conviction. En effet, il convient de remarquer qu’il
existe des entreprises non commerciales (ainsi en est-il du cabinet d’avocat, de l’étude du notaire,
de l’atelier d’artisan...). Inversement, il est des activités commerciales qui s’épanouissent hors le
cadre de toute entreprise.
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26 L’ESSENTIEL DU DROIT COMMERCIAL ET DES AFFAIRES

■ L’activité commerciale
Selon une conception plus récente, la commercialité ne résiderait ni dans la personne du commer-
çant, ni dans l’accomplissement d’actes commerciaux, mais dans une troisième voie, l’exercice
d’une activité commerciale. L’activité résulte de la passation habituelle d’actes de commerce par
des commerçants. Ainsi, pour François-Xavier Vincensini, qui a consacré sa thèse à la commercia-
lité, « Les actes de commerce, les commerçants ne portent en eux aucune charge commerciale.
Leur qualification n’est qu’une expression de la commercialité contenue dans l’activité, laquelle
atteint tous les actes en rapport ainsi que l’ensemble des personnes en contact avec
l’exploitation ».
L’auteur pose comme premier « critère d’évidence » de la commercialité la spéculation, auquel il
associe un « critère complémentaire : la mise en œuvre de moyens non personnels à l’exploitant ».
La thèse de M. Vincensini ne convainc pas pleinement. Les activités commerciales ne sont pas
dépourvues d’un certain degré d’intuitus personae (i.e. d’une prise en considération de la
personne), là où certaines activités civiles spéculent de plus en plus sur la main-d’œuvre et sur les
capitaux.
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Le régime des actes Chapitre
2
de commerce

Nous envisagerons successivement le régime des actes de commerce (1), puis celui des actes mixtes (2).

1 Les actes de commerce à l’égard des deux parties


Le droit commercial se conçoit comme une série de dérogations apportée à la théorie générale
des obligations. Ces règles dérogatoires se justifient par les nécessités du commerce, orientées
vers les besoins de sécurité et de rapidité que l’on attribue à l’exercice du commerce. Ces règles
spéciales concernent principalement la preuve des actes de commerce entre commerçants et la
solidarité des débiteurs tenus commercialement.
D’autres règles étaient traditionnellement rattachées à la sphère commerciale. Ainsi en allait-il de
l’admission facilitée de l’anatocisme, des règles destinées à encourager l’exécution des obligations
et de celles ayant pour objet l’accélération de leur extinction par prescription. On verra cependant
que la spécificité du droit commercial tend à s’estomper par rapport au droit civil.

■ La preuve des actes de commerce entre commerçants


L’une des règles les plus caractéristiques du droit commercial est le principe de la liberté de la
preuve énoncé à l’article L. 110-3 du Code de commerce : « à l’égard des commerçants, les actes
de commerce peuvent se prouver par tous moyens à moins qu’il n’en soit autrement disposé par
la loi ».
Ainsi peut-on prouver, en la matière, par tous moyens : par écrit – authentique ou sous signatures
privées –, par les factures ou la correspondance, par les livres tenus par les commerçants (C. com.,
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28 L’ESSENTIEL DU DROIT COMMERCIAL ET DES AFFAIRES

art. L. 123-23 ; C. civ., art. 1378, issu de l’ordonnance du 10 février 2016), voire par simple témoi-
gnage ou aveu. Le juge appréciera souverainement ces preuves, qui sont recevables devant lui.

■ La solidarité des débiteurs tenus commercialement


La solidarité est une modalité de l’obligation comportant une pluralité de sujets qui en empêche la
division. Ainsi, lorsque plusieurs débiteurs s’engagent envers un même créancier, la solidarité auto-
risera ce dernier à demander le paiement de la totalité de la dette à l’un quelconque des codébi-
teurs – étant précisé que le paiement fait par l’un d’eux libérera les autres (C. civ., art. 1313, issu
de l’ordonnance du 10 février 2016).
En droit civil, la solidarité ne se présume pas (C. civ., art. 1310). Autrement dit, la solidarité sera
soit imposée par la loi, soit stipulée conventionnellement, la volonté des parties devant alors être
clairement établie.
A contrario, il résulte néanmoins d’un vieil usage du droit commercial que la solidarité se présume
en la matière. Ainsi, sauf à ce que les parties l’écartent conventionnellement ou que la loi en
décide autrement, les débiteurs « tenus commercialement », comme l’énonce la Cour de cassa-
tion, sont obligés de manière solidaire et « les dispositions de l’article [1310] du Code civil [ne]
sont pas applicables en matière commerciale ».

■ L’admission facilitée de l’anatocisme


ongtemps interdit, l’anatocisme a été admis de manière restreinte par le Code civil de 1804
(C. civ., anc. art. 1154). L’article 1343-2 du Code civil, issu de l’ordonnance du 10 février 2016,
reprend cette règle sur la capitalisation des intérêts : « Les intérêts échus, dus au moins pour une
année entière, produisent intérêt si le contrat l’a prévu ou si une décision de justice le précise ».
Cet article – d’ordre public en droit interne – n’interdit pas l’anatocisme, mais l’enserre dans
d’étroites limites :
– cette capitalisation suppose une autorisation conventionnelle ou une demande en justice du
créancier : l’anatocisme ne joue pas de plein droit ;
– elle n’est possible qu’en ce qui concerne des intérêts échus ;
– elle n’est possible que si les intérêts sont dus pour une année au moins, ce qui semble impliquer
qu’ils soient exigibles depuis une année avant d’être capitalisés ;
– la jurisprudence refuse au créancier le bénéfice de l’anatocisme lorsque le retard dans le paie-
ment des intérêts lui est imputable.
Il est habituel de lire dans les ouvrages de droit commercial que la capitalisation des intérêts est
possible en la matière, même pour une période inférieure à une année. Il nous faut
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CHAPITRE 2 – Le régime des actes de commerce 29

immédiatement préciser que cette règle ne s’applique qu’en matière de compte courant, où elle
s’explique par l’effet novatoire propre à cette convention particulière. La Cour de cassation
affirme ainsi que « la dérogation admise à la règle de l’article [1343-2] est limitée aux seuls
comptes courants ». Il est ainsi sans doute inexact d’affirmer, de manière générale, que l’anato-
cisme est admis de manière plus souple en droit commercial, dès lors que cette admission facilitée
n’est attachée qu’à la technique du compte courant.

■ Les règles destinées à encourager l’exécution des obligations


Le droit commercial serait plus rigoureux que le droit civil quant aux conséquences attachées à
l’inexécution des obligations par l’une des parties. Là encore, il semble que la spécificité du droit
commercial ne soit qu’apparente.

a) La faculté de remplacement
Le droit commercial admet largement la faculté de remplacement. Ainsi, celui qui n’obtient pas
livraison d’un bien promis va pouvoir s’adresser à une autre personne que son cocontractant
initial (qui lui devra, outre la différence de prix, des dommages-intérêts) pour obtenir un bien
semblable. La jurisprudence admet une telle faculté de remplacement en matière commerciale
sans la subordonner à une demande en justice préalable.
Il faut cependant relativiser la portée d’une telle admission. L’article 1222 du Code civil, issu de
l’ordonnance du 10 février 2016, offre aussi, en matière civile, une faculté de remplacement au
créancier insatisfait. L’article 1222 du Code civil facilite la faculté de remplacement par le créancier
puisqu’il supprime l’exigence d’une autorisation judiciaire préalable pour faire procéder à l’exécu-
tion de l’obligation, le contrôle du juge n’intervenant qu’a posteriori en cas de refus du débiteur
de payer ou de contestation de celui-ci.

b) La réfaction du contrat
Dans le même esprit, on admet qu’en matière commerciale l’acquéreur peut, en cas de non-
conformité du bien acquis, demander au juge la réfaction du contrat – c’est-à-dire obtenir en
pratique une diminution judiciaire du prix ou, si le prix a déjà été payé, le remboursement d’une
fraction de celui-ci –, ce que le droit commun de la vente n’autoriserait pas.
La différence avec le droit commun n’est cependant pas évidente, dans la mesure où l’article 1344
du Code civil, issu de l’ordonnance du 10 février 2016, prévoit que « Le débiteur est mis en
demeure de payer soit par une sommation ou un acte portant interpellation suffisante, soit, si le
contrat le prévoit, par la seule exigibilité de l’obligation ». C’est dire que la plus grande souplesse
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30 L’ESSENTIEL DU DROIT COMMERCIAL ET DES AFFAIRES

du droit commercial en matière de mise en demeure se révèle, à l’analyse, insignifiante : une lettre
simple suffit également en droit civil.
Sans doute faut-il ici également relativiser l’impact pratique de cette spécificité avancée du droit
commercial. En effet, si l’acheteur peut, en la matière, obtenir une diminution du prix ou s’en
faire rembourser une partie, on signalera qu’il peut, en droit civil, obtenir des dommages-intérêts
pour défaut de conformité ; lesquels viendront s’imputer sur le prix de vente ou accorder à l’ache-
teur un droit à paiement dans l’hypothèse où le prix aurait déjà été payé. On retrouve donc, en
pratique, une forme de diminution (indirecte) du prix.
c) La mise en demeure
On enseigne encore qu’en matière commerciale la mise en demeure est facilitée : elle peut se faire
librement, notamment par lettre simple. La différence avec le droit commun n’est cependant pas
évidente, dans la mesure où l’article 1139 du Code civil, dans sa rédaction issue de la loi du
9 juillet 1991, admet que « le débiteur [puisse être] constitué en demeure [par] une sommation
ou par autre acte équivalent, tel une lettre missive lorsqu’il ressort de ses termes une interpellation
suffisante [...] ».
C’est dire que la plus grande souplesse du droit commercial en matière de mise en demeure se
révèle, à l’analyse, insignifiante : une lettre simple suffit également en droit civil.

■ L’accélération de la prescription commerciale


Autrefois, les règles relatives à la prescription des créances commerciales illustraient la soumission
de la matière à un besoin de rapidité. Alors que le délai du droit commun était de trente ans
(C. civ., anc. art. 2262), l’article L. 110-4 du Code de commerce prévoyait un délai plus court (dix
ans) pour « les obligations nées à l’occasion de leur commerce entre commerçants ou entre
commerçants et non-commerçants ».
Cette particularité du droit commercial a été en grande partie gommée par la loi du 17 juin 2008,
qui a réformé la prescription en matière civile et a abaissé le délai de droit commun à cinq ans
(C. civ., art. 2224) – l’article L. 110-4 du Code de commerce étant, de son côté, aligné sur ce
nouveau délai plus court. Il en résulte un affaiblissement de la spécificité du droit commercial en
matière de prescription, dès lors que le délai de prescription normalement applicable à la matière
est identique à celui applicable en droit commun.
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CHAPITRE 2 – Le régime des actes de commerce 31

2 Le régime des actes mixtes


L’acte mixte est celui qui est commercial pour l’une des parties et civil pour l’autre. Prenons
l’exemple d’une vente au détail réalisée par un commerçant : elle est commerciale pour celui-ci et
civile pour le consommateur. Tous les actes de commerce par nature ou par accessoire peuvent
être mixtes.
En principe, ces actes sont soumis à un régime dualiste : tant les règles commerciales que les
règles civiles auront vocation à s’appliquer de manière distributive. Mais ce régime dualiste peut
présenter des inconvénients. Aussi lui préfère-t-on parfois un régime unitaire : on appliquera aux
deux parties à l’acte mixte une règle unique.

■ Le régime dualiste
Par principe, le régime des actes mixtes est déterminé par une application distributive des règles
commerciales et civiles : chaque partie à l’acte se voit appliquer, de manière symétrique, les règles
de la matière dont il relève :
– le commerçant se voit appliquer les règles du droit commercial ;
– le non-commerçant se voit appliquer les règles du droit civil.
L’article L. 110-3 du Code de commerce prévoit le principe de liberté de la preuve uniquement en
ce qui concerne « les actes de commerce » et « à l’égard des commerçants ». Il en résulte que si
un non-commerçant peut prouver librement un acte de commerce à l’encontre d’un commerçant,
un commerçant ne peut en revanche bénéficier du principe de liberté de la preuve pour prouver
l’existence d’un acte contre un non-commerçant.
De même, la présomption de solidarité ne joue qu’à l’encontre de ceux pour lesquels l’acte revêt
une nature commerciale – qu’ils soient ou non commerçants. Il en résulte que celui pour qui l’acte
revêt une nature commerciale est tenu solidairement, tandis que celui pour qui l’acte ne revêt pas
une telle nature reste tenu de manière divise.
En principe, la juridiction compétente pour trancher un litige en droit judiciaire privé se détermine
en fonction de la qualité du défendeur :
– juridictions commerciales si, pour le défendeur, l’acte est commercial ;
– juridictions civiles si, pour celui-ci, l’acte est civil.
Néanmoins, on admet que le demandeur non-commerçant puisse choisir entre les juridictions
commerciales et les juridictions civiles (on parle d’option de compétence).
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32 L’ESSENTIEL DU DROIT COMMERCIAL ET DES AFFAIRES

■ Le régime unitaire
On admet que les règles relatives à la prescription n’aient pas vocation à se diviser entre les parties
à un acte mixte. D’après l’article L. 110-4 du Code de commerce, la prescription commerciale
s’applique en effet aux « obligations nées à l’occasion de leur commerce entre commerçants ou
entre commerçants et non-commerçants ». Cette application unitaire du droit commercial présente
aujourd’hui peu d’intérêt, dès lors que puisque le délai de prescription est désormais de cinq ans
tant pour les obligations civiles (C. civ., art. 2224) que commerciales (C. com., art. L. 110-4).
Les clauses attributives de compétence territoriale (v. infra, p. 89), valables dans les rapports entre
commerçants (CPC, art. 48), sont nulles en matière d’actes mixtes. Les clauses attributives de
compétence matérielle sont quant à elles inopposables à la partie non-commerçante.
Autrefois cantonnée à la matière commerciale, la clause compromissoire est désormais valable
dans tous les contrats. Elle est toutefois inopposable au non-professionnel (C. civ., art. 2061) :
« La clause compromissoire doit avoir été acceptée par la partie à laquelle on l’oppose, à moins
que celle-ci n’ait succédé aux droits et obligations de la partie qui l’a initialement acceptée.
Lorsque l’une des parties n’a pas contracté dans le cadre de son activité professionnelle, la clause
ne peut lui être opposée ».
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Le commerçant
PARTIE
et les professionnels 2
non-commerçants

Chapitre 3 - Les obligations du commerçant 35


Chapitre 4 - Les incidences de la situation familiale et personnelle du commerçant 37
Chapitre 5 - Le patrimoine du commerçant 41
Chapitre 6 - Les auxiliaires du commerçant 49
Chapitre 7 - Les professionnels non-commerçants 55

De nombreuses règles du droit commercial s’appliquent aux commerçants (approche subjective de


la commercialité). Les actes de commerce par accessoire sont ceux accomplis par des commer-
çants. Ces derniers sont tenus à des obligations particulières (inscription au registre du commerce
et des sociétés, livres de commerce...). Inversement, ils bénéficient d’un régime de faveur (droit au
renouvellement du bail...). Les commerçants bénéficient de juridictions d’exception (les tribunaux
de commerce) et d’institutions administratives spécifiques, etc.
Les commerçants sont définis par l’article L. 121-1 du Code de commerce, comme « ceux qui exer-
cent des actes de commerce et en font leur profession habituelle ». Le commerçant est donc le
professionnel qui accomplit à titre indépendant des actes de commerce, de manière répétée. Il
est indifférent qu’il soit inscrit au registre du commerce et des sociétés ou qu’il soit commerçant
de fait. Le commerçant est une personne physique ou morale. Il est donc indifférent qu’il exerce
son activité en son nom propre ou dans le cadre d’une société.
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34 L’ESSENTIEL DU DROIT COMMERCIAL ET DES AFFAIRES

Ainsi donc, trois conditions doivent être réunies pour être commerçant :
– l’intéressé doit accomplir des actes de commerce,
– en faire sa profession habituelle,
– et exercer sa profession à titre indépendant.
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Les obligations Chapitre
3
du commerçant

Les principales obligations du commerçant concernent l’inscription au RCS (1), ainsi que les obligations
comptables et financières (2).

1 L’inscription au RCS
La liste des personnes soumises à l’obligation d’immatriculation est énoncée à l’article L. 123-1,
Iº du Code de commerce.
L’immatriculation des personnes physiques au RCS entraîne une « présomption simple de commer-
cialité la qualité de commerçant » (C. com., art. L. 123-7). Cette présomption peut être combattue
par la preuve contraire. La personne immatriculée peut vouloir rapporter la preuve que, malgré
son immatriculation, elle n’est pas commerçante. Cette preuve n’est recevable que si elle
démontre que les tiers concernés ne savaient pas qu’elle était commerçante. Les tiers, quant à
eux, peuvent librement prouver qu’une personne immatriculée au RCS n’est pas commerçante.
L’immatriculation au RCS conditionne de nombreux droits et obligations, notamment le droit au
renouvellement du bail commercial (C. com., art. L. 145-8 ; v. infra, p. 82).
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36 L’ESSENTIEL DU DROIT COMMERCIAL ET DES AFFAIRES

2 Les obligations comptables et financières


Le commerçant doit tenir une comptabilité régulière. Il doit ainsi établir :
– certains documents comptables :
• le livre-journal, qui retrace les opérations de l’entreprise de manière chronologique,
• le grand livre, qui reprend les opérations mentionnées sur le livre-journal en les ventilant entre
différents comptes,
• le livre d’inventaire, qui mentionne les éléments du patrimoine de l’entreprise ;
– des comptes annuels : des documents de synthèse établis à la clôture de l’exercice comptable,
avec :
• le bilan, qui représente la situation patrimoniale de l’entreprise,
• le compte de résultat, qui fait apparaître les produits et charges liées à l’activité,
• l’annexe, qui complète les deux premiers documents.
Ces documents peuvent être éventuellement produits en justice pour servir de preuve (C. com.,
art. L. 123-23). Certaines personnes peuvent être dispensées de ces contraintes comptables
(régimes simplifiés, ex. auto ou micro-entrepreneur).
L’article L. 123-24 du Code de commerce oblige les commerçants à détenir un compte bancaire ou
postal : « Tout commerçant est tenu de se faire ouvrir un compte dans un établissement de crédit
ou dans un bureau de chèques postaux ». Cette obligation est logique dès lors que, dans certains
cas, le paiement par chèque, virement ou carte bancaire est imposé aux commerçants au-delà
d’un certain montant (C. mon. et fin., art. L. 112-6 : 1 500 euros pour le paiement des traitements
et salaires). Un compte destiné à recevoir ou opérer ce paiement est alors nécessaire.
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Les incidences de la
Chapitre
situation familiale et 4
personnelle du commerçant

Lorsque le commerçant est une personne physique, sa situation familiale et personnelle n’est pas totalement
étrangère à son activité commerciale, qu’il s’agisse de sa vie de couple, de sa capacité juridique ou de sa
nationalité.

Le mariage du chef d’entreprise ne regarde pas seulement sa vie privée. Que son conjoint travaille
ou non avec lui, le mariage suscite des effets patrimoniaux qui peuvent concerner tant les biens
que les dettes du chef d’entreprise. À ces règles de base s’ajoutent d’autres dispositions, qui
s’appliquent spécialement aux conjoints travaillant dans la même entreprise.

1 Les règles applicables au conjoint travaillant seul dans


l’entreprise
Il est de principe que chaque époux peut librement exercer une activité commerciale et en perce-
voir les revenus, sans avoir de compte à rendre à son conjoint (C. civ., art. 223). En outre, les
dettes ou sûretés qui ont été consenties par les deux époux dans le cadre de l’activité profession-
nelle de l’un des deux peuvent, sur décision du juge du divorce, être laissées à la charge exclusive
de ce dernier (C. civ., art. 1387-1).
Le mariage exerce une influence plus conséquente lorsque le régime matrimonial est la commu-
nauté réduite aux acquêts. En effet, tout bien acquis à titre onéreux par un époux au cours du
mariage entre dans la communauté et appartient donc aux deux époux. Sont ainsi des biens
communs, non seulement les revenus issus de l’exploitation, mais encore le fonds de commerce
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38 L’ESSENTIEL DU DROIT COMMERCIAL ET DES AFFAIRES

lui-même, dès lors qu’il a été créé ou acquis en cours de mariage. Il s’ensuit que les actes de
disposition portant sur le fonds, comme la cession, l’apport en société et le nantissement, doivent
à peine de nullité être passés avec l’accord du conjoint non exploitant (C. civ., art. 1424).
En revanche, afin de maintenir l’application du principe d’autonomie professionnelle, le conjoint
commerçant a seul le pouvoir d’accomplir des actes d’administration et de disposition sur les
biens communs nécessaires à son activité autres que le fonds (C. civ., art. 1421, al. 2).
À ce titre, il peut notamment céder un élément isolé du fonds (marchandises, matériel, droit au
bail, brevet, marque, licence...) ou le donner en location-gérance.
Le régime de la communauté entraîne également des conséquences pour le recouvrement des
dettes du commerçant. Comme toutes les dettes des époux, elles peuvent être recouvrées, non
seulement sur les biens propres du commerçant, mais encore sur les biens communs même non
professionnels (C. civ., art. 1413).
Il n’est fait exception à ce principe que pour les emprunts et cautionnements ; ces actes graves
n’engagent que les biens propres et les revenus du conjoint qui les souscrit, à moins que son
époux consente à l’engagement de toute la communauté (C. civ., art. 1415). Ce risque important
d’appauvrissement du couple motive en pratique le choix du régime de séparation de biens.

2 Les règles applicables en cas de participation du conjoint


à l’entreprise
Qu’il soit uni au commerçant par un mariage ou par un pacs, le conjoint qui travaille dans son
entreprise doit, depuis une loi du 2 août 2005, opter pour l’un des quatre statuts suivants :
– associé : les époux sont associés au sein d’une même société exerçant l’activité commerciale ;
– salarié : les conjoints sont liés par un contrat de travail, ce qui implique une participation régu-
lière à l’activité en contrepartie d’un salaire ;
– collaborateur : le conjoint travaille régulièrement dans l’entreprise, sans percevoir de rémunéra-
tion, et sans être associé à son époux. Ce statut est en principe exclu si le conjoint exerce par
ailleurs une activité indépendante, ou une activité salariée supérieure à la moitié du temps de
travail légal (C. com., art. R. 121-2). Le conjoint collaborateur est traité comme un mandataire
et a le pouvoir d’accomplir au nom du commerçant les actes de gestion et d’administration de
l’entreprise (C. com., art. L. 121-7). Il bénéficie également d’une protection sociale spécifique ;
– coexploitant : le conjoint peut également être coexploitant, s’il exerce l’activité avec son époux
sur un pied d’égalité, en effectuant des actes de commerce pour son propre compte. Il prend
alors à son tour la qualité de commerçant. La preuve de la coexploitation doit être rapportée :
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CHAPITRE 4 – Les incidences de la situation familiale et personnelle du commerçant 39

la loi présume que le conjoint travaillant avec l’entrepreneur n’est pas lui-même commerçant
(C. com., art. L. 121-3).
Il demeure fréquent qu’un conjoint travaille bénévolement dans l’entreprise, sans être coexploi-
tant et sans s’être déclaré en tant que collaborateur. Il est alors démuni de toute protection
sociale. Aucune sanction n’est prévue par le Code de commerce, mais il semble que cette situa-
tion puisse être pénalement sanctionnée sous l’incrimination de travail dissimulé.
Quelle qu’en soit la forme, la participation du conjoint à l’entreprise du commerçant, combinée au
choix du régime communautaire, accroît ses pouvoirs sur les biens professionnels relevant de la
communauté. D’une part, il peut comme le commerçant accomplir seul des actes d’administration
et de disposition sur les biens communs (C. civ., art. 1421, al. 1). D’autre part, l’accord des deux
époux est nécessaire pour certains actes mettant en cause la pérennité de l’entreprise : la mise en
location-gérance du fonds ; l’aliénation ou la constitution de droits réels sur un élément du fonds
nécessaire à l’exploitation de l’entreprise, par exemple la cession du droit au bail du local.
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Le patrimoine Chapitre
5
du commerçant

Le principe de l’unicité du patrimoine peut être considéré comme un frein à la liberté d’entreprendre, dans la
mesure où l’entrepreneur répond de ses dettes professionnelles sur l’ensemble de son patrimoine. Afin de
favoriser l’esprit d’entreprise, le législateur a mis en place des techniques de dissociation du patrimoine
permettant à l’entrepreneur individuel de limiter sa responsabilité entrepreneuriale.

Nous étudierons successivement les sociétés unipersonnelles, le régime des sociétés uniperson-
nelles et l’EIRL.

1 Les sociétés unipersonnelles


La création d’une société, fût-elle unipersonnelle, donne ainsi naissance à une personne différente
de celle du commerçant. La responsabilité de l’associé unique est alors limitée au montant de ses
apports (Entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée – EURL et Société par actions simplifiée
unipersonnelle – SASU sont des formes de sociétés à risque limité).
En pratique, la limitation de responsabilité offerte par ces formes sociales peut être contournée. Il
est possible à un établissement de crédit d’exiger des garanties sur le patrimoine privé de l’associé
unique ou du dirigeant (ex. : un cautionnement) dans l’hypothèse où l’actif social est jugé insuffi-
sant pour permettre aux créanciers sociaux de recouvrer leurs créances.
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42 L’ESSENTIEL DU DROIT COMMERCIAL ET DES AFFAIRES

2 L’insaisissabilité des biens immobiliers du commerçant


À l’origine, « la déclaration notariée d’insaisissabilité », créée par la loi pour l’initiative écono-
mique du 1er août 2003, supposait une déclaration devant notaire. Son champ d’application était
limité à la résidence principale de l’entrepreneur individuel. La loi de modernisation de l’économie
du 4 août 2008 a procédé à un élargissement du dispositif, en l’étendant à l’ensemble des biens
fonciers bâtis ou non bâtis, non affectés à l’activité professionnelle du chef d’entreprise. La loi
pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques, dite « loi Macron », du 6 août
2015, consacre l’insaisissabilité de droit de la résidence principale sans se substituer à la déclara-
tion notariée d’insaisissabilité qui est désormais limitée aux immeubles autres que la résidence
principale.
Le texte vise comme bénéficiaire de l’insaisissabilité « une personne physique immatriculée à un
registre de publicité légale à caractère professionnel ou exerçant une activité professionnelle agri-
cole ou indépendante » (C. com., art. L. 526-1). Il s’agit donc du commerçant immatriculé au RCS,
de l’artisan inscrit au répertoire des métiers, de l’agriculteur immatriculé auprès de la chambre
d’agriculture, ainsi que de toutes les autres professions civiles indépendantes (agents commer-
ciaux, membres des professions libérales).
Le dispositif de l’insaisissabilité ne concerne que les immeubles non affectés à l’activité profession-
nelle du chef d’entreprise (ce qui exclut les immeubles détenus par une Société civile immobilière –
SCI).
Il faut donc désormais distinguer entre l’immeuble servant de résidence principale, insaisissable par
défaut, et les autres biens fonciers (non professionnels), bâtis ou non, dont l’insaisissabilité ne
pourrait résulter que d’une déclaration devant notaire, ce qui correspond au dispositif antérieur.
Le nouvel article L. 526-1 du Code de commerce proclame l’insaisissabilité de droit de la résidence
principale de l’entrepreneur individuel. Cette insaisissabilité de droit, contrairement au régime de
la déclaration notariée d’insaisissabilité qui est maintenu, n’est soumise à aucune déclaration de
volonté de l’entrepreneur individuel, ni à aucun formalisme préalable. L’article L. 526-1 prévoit
ainsi que « Lorsque la résidence principale est utilisée en partie pour un usage professionnel, la
partie non utilisée pour un usage professionnel est de droit insaisissable, sans qu’un état descriptif
de division soit nécessaire ». Cette souplesse participe d’évidence à la simplicité de l’insaisissabilité
de droit de la résidence principale.
La déclaration notariée d’insaisissabilité vise désormais les biens fonciers bâtis et non bâtis autre
que la résidence principale, non affectés à un usage professionnel, ce qui vise la(les) résidence(s)
secondaire(s) dont l’entrepreneur est propriétaire, ainsi que les immeubles de rapport qu’il louerait
à des tiers. Ne pourront être déclarés insaisissables les biens fonciers bâtis et non bâtis affectés à
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CHAPITRE 5 – Le patrimoine du commerçant 43

un usage professionnel (local commercial, bureau). Il en est de même des biens mobiliers non
affectés à un usage professionnel.

3 L’entrepreneur individuel à responsabilité limitée (EIRL)


L’EIRL a été introduit dans le Code de commerce à l’occasion de la loi du 15 juin 2010 (C. com.,
art. L. 526-6 et s.). Ce dispositif permet à un entrepreneur individuel (qu’il soit commerçant ou
non-commerçant) de mettre à l’abri ses actifs personnels en limitant les poursuites de ses créan-
ciers à certains actifs. Schématiquement, l’entrepreneur individuel à responsabilité limitée se
trouve à la tête de deux patrimoines : son patrimoine principal (ou personnel) et, adjoint au
premier, un (ou plusieurs) patrimoine(s) professionnel(s) affecté(s) à l’exercice d’une (ou de
plusieurs) activité(s) professionnelle(s).
En optant pour le statut d’EIRL, l’entrepreneur individuel obtient une protection équivalente à celle
que permet la création d’une société à risque limité, à la différence – essentielle – que le statut de
l’EIRL ne débouche pas sur la création d’une personne morale. C’est ce que précise l’article L. 526-6
du Code de commerce : « Tout entrepreneur individuel peut affecter à son activité professionnelle
un patrimoine séparé de son patrimoine personnel, sans création d’une personne morale ».
On remarquera qu’il est aujourd’hui possible à l’entrepreneur pluriactif de constituer plusieurs
patrimoines affectés.
Nous étudierons successivement la constitution de l’EIRL, son fonctionnement et la fin de l’EIRL.

■ La constitution de l’EIRL
a) Le contenu du patrimoine affecté
L’article L. 526-6 du Code de commerce évoque le contenu du patrimoine affecté. Il « est composé
de l’ensemble des biens, droits, obligations ou sûretés dont l’entrepreneur individuel est titulaire,
nécessaires à l’exercice de son activité professionnelle. Il peut comprendre également les biens,
droits, obligations ou sûretés dont l’entrepreneur individuel est titulaire, utilisés pour l’exercice de
son activité professionnelle et qu’il décide d’y affecter. Un même bien, droit, obligation ou sûreté
ne peut entrer dans la composition que d’un seul patrimoine affecté ». Autrement dit, on peut
distinguer trois sortes d’actifs :
– les biens nécessaires à l’activité professionnelle : en premier lieu, il y a les biens qui sont
nécessaires à l’exercice de l’activité professionnelle (ex. : la caisse enregistreuse du magasin).
Ces biens doivent obligatoirement figurer dans le patrimoine affecté ;
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44 L’ESSENTIEL DU DROIT COMMERCIAL ET DES AFFAIRES

– les biens « utilisés » : en second lieu, il y a les biens qui sont seulement « utilisés » dans le cadre
de cette activité, sans être nécessaires à son exercice ; l’intéressé peut choisir de les faire figurer
dans le patrimoine affecté ou de les laisser dans son patrimoine personnel (ex. : la voiture du
chef d’entreprise) ;
– les biens ni nécessaires ni utiles : en troisième lieu, les actifs qui ne sont pas même utilisés
dans le cadre de l’activité professionnelle resteront nécessairement dans son patrimoine
personnel (ex. : la télévision au domicile de l’intéressé).
En pratique, la distinction entre les actifs qui doivent figurer dans l’un ou l’autre patrimoine et
ceux qui peuvent figurer dans l’un ou l’autre n’est pas aisée à appliquer.
En cas de manquement à la règle de l’article L. 526-6 du Code de commerce, l’article L. 526-12,
alinéa 9 du Code de commerce prévoit que « l’entrepreneur individuel à responsabilité limitée est
responsable sur la totalité de ses biens et droits [notamment] en cas de manquement grave aux
règles prévues au deuxième alinéa de l’article L. 526-6 ». Ces règles n’interdisent évidemment pas
à l’entrepreneur de se « distribuer des bénéfices », en transférant de son patrimoine professionnel
à son patrimoine personnel des actifs monétaires (C. com., art. L. 526-18).
Il faut également tenir compte d’une loi du 27 juillet 2010 qui est venue modifier l’article L. 526-6
du Code de commerce, afin d’assurer une protection des agriculteurs : l’alinéa 3 de cet article
énonce ainsi que « par dérogation à l’alinéa précédent, l’entrepreneur individuel exerçant une acti-
vité agricole au sens de l’article L. 311-1 du Code rural et de la pêche maritime peut ne pas
affecter les terres utilisées pour l’exercice de son exploitation dans son patrimoine professionnel.
Cette faculté s’applique à la totalité des terres dont l’exploitant est propriétaire ».

b) La déclaration d’affectation
L’option pour le statut d’EIRL passe par une déclaration d’affectation réalisée auprès des registres
professionnels dont l’intéressé relève (C. com., art. L. 526-7) et au registre spécial des EIRL. Lors-
qu’elle concerne un bien immobilier, elle devra être constatée par acte notarié et être publiée
auprès du service de la publicité foncière (C. com., art. L. 526-9). Cette déclaration doit contenir
un certain nombre d’éléments, dont un état descriptif des actifs transférés dans le patrimoine
affecté « en nature, qualité, quantité et valeur » (C. com., art. L. 526-8).
En cas de surévaluation, l’article L. 526-10 du Code de commerce précise que « tout élément d’actif
du patrimoine affecté, autre que des liquidités, d’une valeur déclarée supérieure à un montant fixé
par décret [30 000 € : v. C. com., art. D. 526-5] fait l’objet d’une évaluation au vu d’un rapport
annexé à la déclaration et établi sous sa responsabilité par un commissaire aux comptes, un
expert-comptable, une association de gestion et de comptabilité ou un notaire désigné par l’entre-
preneur individuel. L’évaluation par un notaire ne peut concerner qu’un bien immobilier ».
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SECOND CHAPTER
THE BAFFLING INDIAN MYSTERY IS DISCUSSED
BY FOUR MEN WHO SHOULD HAVE BEEN FIRST
TO SOLVE IT

The Powers are held together with links not welded by hands. The
strain upon the weaker links sets to quivering the entire cable of
civilization. Certain sections of the system grind constantly against
each other, and inevitably there comes a period when snapping is
imminent. At such a time the two material forces draw apart for
defense. Frequently peace is preserved by silent affronts of power;
frequently by an easing of tension on either hand, a more
comfortable adjustment of boundaries, and thick applications of the
lubricant, diplomacy. The time is critical, however, and in either
background the engines of war are assembled against the crisis.
Something had happened in India. It was retching for outlet at
Calcutta, seething through Indian provinces. London and St.
Petersburg were jerking with its startling galvanism. The
correspondents afield in Bhurpal began to sense this mysterious
friction, but could get no word nor line on the truth. Rumors were
thick as confetti in Mardi Gras. Rumors ran through all shades of
dreaming and shapes of reason. One story was that China had
wiped out the foreign concessions from Hong Kong to Vladivostok
and had challenged the world to war; another that Russian armies
were swarming over the Himalayas, and that all India stood ready to
back the Russian Bear against the British Lion; that England would
call upon Japan and the United States, and Russia demand the
alliance of the French and Germans; in short, that there would be a
merry manifestation of hell around the world.
Routledge tarried but one day with the civilian outfit. He had been
gone but forty-eight hours, with Bulwer-Shinn’s cavalry, when the
rousing mystery which he had intimated to Jerry Cardinegh in their
brief night walk, began to be felt by the army and its followers. That
which was known in the secret councils of Calcutta and London
never reached the field, but the results did. The campaign came to
an abrupt close. The hand behind history beckoned; and arteries of
horse, guns, and infantry, running like lines of red ink over the map
of Bhurpal, were bottled up into garrisons to wait. The petty
insurrection in the hills, which had called the soldiers and scribes to
action after a bleak stretch of peace, was as remotely forgotten as
the vagaries of a fever past.
One after another the correspondents were recalled—uneasy,
irritable, their work half-done and wholly lustreless. All their cables of
the last days (messages that hinted some grave international lesion;
the strained, dwarfed results of minds that searched the stars and
the soil for truth) were either stopped in the sending or answered by
a crisp word that nothing more of the sort was wanted. This was
heart-breaking.
Feeney, Finacune, Trollope, and Talliaferro had fore-gathered on the
veranda of the Bengal Hotel in Calcutta. They were awaiting ship for
Madras, Bombay, and Home. It was ten days after the big social
night in Bhurpal, and early in January, 1902. Trollope had
promulgated a theory. It was a full-rigged, painstakingly-ballasted
theory, involving hours of heavy work in a smutty, sweltering coach
on the way down from Madirabad, and Trollope was a heavy man
who drew heat—“the Blue Boar,” a few intimates dared to call him.
The theory contained a discriminating opinion, weighed to a dram,
on the cause of the sudden scatter of troops from field to garrison,
and undertook to interpret the pregnant undertone of disorder which
whispered across the empire. A cablegram from his paper, the
Examiner, had just been delivered, and was spread out upon the
table before the others. Trollope was breathing hard.
“Can’t use theory matter,” the dispatch read. “Campaign closed
issue.”
Trollope looked up presently and found awaiting his eyes three wide,
indulgent smiles. Trollope was so seldom disconcerted that he now
furnished an enjoyable moment for the others.
“Cheer up, fat boy,” observed Finacune. “Your old man always was a
ruffian. The Word handed me the same thing when I undertook to
explain to the boarding-schools of London what this reverse was all
about, only the Word did it in a refined, delicate way. You know I
dreamed it all out that Russia had come to pay court to Mother India,
and that there was a hitch about Tommy Atkins acting the best man
——”
“It was the only decent thing I sent in from the campaign,” Trollope
growled.
“They know more about it at Home than we do,” said Feeney, the
saturnine, a confirmed wanderer, next to Cardinegh in years of
service. He had searched the world for forty years to watch the
crises of human events.
Finacune inquired with a trace of animation, “We’ve all four been
recalled, haven’t we?”
The others disdained to answer, but Finacune went on airily. “We are
experts—picked men—the choice of Europe to cover the turmoils of
India and elsewhere. None stand beside us. Is this the truth or not?”
It was acclaimed that this was plucked from the original garland of
truth.
“Now,” the Word man asserted, “we find our cables, our expert and
expensive cables, not cut, not filed for reference, not even trusted to
the janitor’s basket, but, so far as we know, burned unborn!... We
have received no explanation. We are not even told that we have
done well or ill.”
“I was told to shut up and come home,” drawled Trollope.
“The same pellet in different coatings is being absorbed in the
systems of three of us present,” Finacune added. “Listen. I’ve got a
theory. England is menaced by her logical enemy from the North.
Some brilliant coup has been executed by the Russian spies, or else
there has been treachery. I make no pretension of knowing just what
has happened. Any way, it is big enough to make our native rebellion
look like a flicker in a holocaust. The trouble is so big that it must be
kept from the world, from the English people, from all but the Engine-
room of England! We are muzzled, and our papers are muzzled. In a
word, the crisis is so big that the Press has rallied around the Throne
—to keep the matter dark!”
There was considerable comment after this. The atmosphere was
charged with earnestness. The belief grew that the clear-headed
little humorist, Finacune, had pricked the pith of the question. The
situation furnished certain gorgeous playthings for discussion. The
idea that the Czar’s secret service, either through the purchase of a
traitor or some miraculous thievery, had secured information
explosive enough to blow out the British underpinnings from India,
amounted to a huge and awful conception in the English mind. Even
the pale, listless Talliaferro, the stately Commonwealth’s “Excalibur,”
stirred restlessly.
There was sharp scattering of gravel along the driveway, and the
four turned to see Jerry Cardinegh riding out on a gray gelding of
splendid style and power. He sped by at a fast rack, bending forward
in the saddle, his white, haggard face in vivid profile against the vine-
hung wall to his right. His gloved left hand held the bridle-rein with
the rigidity of an artificial member. His shoulders did not seem to fill
the coat he wore; his body looked little and shrunken on the huge
beast; his lips moved.... In the mind of each one of the four, queerly
enough, was lastingly imprinted this flying glimpse of the well-loved
dean as he swung out of the drive on to the Jasper Road.
“Speaking of wanting to know a thing,” observed Trollope, “I should
like to know what is pulling down the old man.”
“We’ve all got to break,” said Feeney gloomily. “Jerry’s breaking the
approved way like a good machine whose parts are of equal tensile
strength.”
“I wonder if it is possible,” came from Finacune slowly, “for the dean
to have a line on the mystery, and that it is so desperate—you know
there are some situations so desperate—that if one looks them
straight in the face he is never the same afterward.”
“Any international disturbance that could throw old Jerry Cardinegh
off his feet, or off his feed, would have to concern Ireland,” observed
Feeney.
Trollope took up the subject. “It was after that night that Routledge
dropped in upon us in Bhurpal—that Jerry began really to tear down.
They had a talk together after we turned in.”
“Who should know the real thing—if not that demon Routledge, who
rides alone?” Feeney questioned.
“Gentlemen,” said Trollope, clapping his hands for a servant, “we sail
to-night for Home. By the grace of the weird god of wars, we’ll be in
London, at the Army and Navy Reception, within a month. Possibly
then we shall be trusted with the secret which our papers dare not
trust to the cable—the secret that is gnawing at the vitals of who
shall say how many Powers? In the meantime, let us all drink to the
man who wrote of England’s wars—save the deathless Feeney here
—when we were just learning to read fairy-tales—drink to the man
who just rode by!”
“May I add a line, Trollope?” Finacune asked, as the pegs were
brought.
The “Blue Boar” nodded.
“When it comes time,” said Finacune, “for the man who just rode by
to finish his last battle—which we all lose—may he pass out from the
arms of the most beautiful woman in London—his daughter!”
They drank standing.
Old Feeney broke the silence which followed. They saw in an instant
that he had something big to impart—and that there was joy in the
telling.
“The Pan-Anglo Agency of stripped news which I have the honor to
represent, sent me a little story this morning,” he declared, with the
thin, cold smile which they all knew.
“Feeney, you dead planet, do you mean to say that you have got a
ray of light left?” Finacune asked. The two were very hearty friends.
“The Press has rallied about the Throne, as you say, my emotional
young friend,” Feeney went on blandly, “but the Throne in the interim
has turned one of the smoothest tricks known to diplomacy—all in
the dark, mind you—one of the deepest diplomatic inspirations ever
sprung in the law and gospel of empire-building. Let us say that
some one, by a bit of treachery, has thrown Afghanistan’s fighting
power to the Russians, lifting it out of the English control. Also let us
grant that Russia, confident of this bulk, is waving the fire-brand
along the whole northern border of British India—plunging those
sullen native states into rebellion—and telling them why! All lower
India, people of the plains, will respond to the disorder. It has been a
case of waiting for a full century—waiting for the exact moment for
insurrection. India is the prize waiting people. They build for eternity.
In a word, my sweet children of a battle or two, England faces a
great war—with all India energized by Russia—a ten-to-one shot!”
Feeney sat back and smiled at the vine which had been the
background for Jerry Cardinegh’s passing. The others squirmed
impatiently.
“What does England do in a case like this?” old Feeney requested at
length.... “O glorious England—O my England of wisdom and
inspiration! Does England say, ‘Let us fight Russia if we must’?... No,
my fellow-sufferers; England looks at the map of the world. The
heads of her various top-departments in London draw together. I
mean her Home, Colonial, and Foreign offices. One of those mute
inglorious Gladstones finds an old petition that has been laughed at
and thrust aside for months. It is from Japan. It is read and re-read
aloud. The unsung Gladstone of the outfit makes a sizzling
suggestion. Japan has asked for an Anglo-Japanese alliance. With a
turn of a pen it is done. What does this mean, my brothers?”
The thoughtful Talliaferro deigned to speak: “Japan committed
harakiri—that is, many of the young, impulsive flowers of the army
and navy did—seven years ago, when Russia led the Triple Alliance
and looted the trophies, including Port Arthur, from Japan’s victory
over China. With England’s moral support in an alliance, Japan will
start a war with Russia to get her trophies back. I’ve got an idea that
Japan thinks she can whip Russia.”
Talliaferro talked so seldom that he was well listened to.
The ancient Feeney clapped his hands. “If you had the nerve to
follow troops in action, that you have in world-politics, Talliaferro,
you’d have us all whipped,” he said. “You’ve got it exactly. The
insulation has long been worn off between Russia and Japan,
specifically between Korea and Manchuria. Japan, looted of her
spoils from the Chinese war, is one vast serpent’s tooth for Russia.
With England’s moral support—I say moral support—Japan will
tackle Russia and sing anthems for the chance.”
“You don’t mean that such an alliance is signed?” Finacune asked
excitedly, and Trollope was leaning forward.
“Exactly,” said Feeney quietly. “The Pan-Anglo wired me the story to-
day, and the Pioneer here will print it to-morrow morning. Japan will
now make demands of Russia that will force a war. That will pull
Russia up from England’s India borders. Some diplomacy, that
alliance, my boys! England has jockeyed Russia out of her
aggression; rendered helpless the idea of rebellion in India because
Russian support is needed there; England has put half of Asia
between her boundaries and the possibility of war! The absolute
splendor of the whole matter is that England calls her unheard-of
alliance with Japan—a movement for the preservation of Chinese
and Korean integrity! I ask you in all truth and soberness—as Saint
Paul said—isn’t this humor for the high and lonely gods?”
THIRD CHAPTER
ROUTLEDGE RELATES HOW A MASTER CAME
DOWN FROM THE GOODLY MOUNTAINS TO
FIND HIS CHELA IN THE BURNING PLAINS

Routledge parted from Bulwer-Shinn’s cavalry at Madirabad and


reached Calcutta two days before the others, except Bingley, who
was but a couple of hours behind him—just enough for the latter to
miss the boat Routledge had taken to Bombay. The “Horse-killer”
took himself mighty seriously in this just-miss matter, and was stirred
core-deep. He wanted to have the first word in London as well as the
last word in India. He had studied the matter of the mystery with his
peculiar zeal, cabling his point of view in full. So rapidly had he
moved down, however, that he missed a cable from the Thames,
hushing further theories. It was with rage that he determined to
railroad across India and regain the lost time, possibly catch a ship
ahead of Routledge at Bombay. This was the man he feared at home
and afield, in work and play.
Bingley must not be misunderstood. He was a very important war-
man, a mental and physical athlete, afraid of few things—least of all,
work. Such men are interesting, sometimes dangerous. Bingley was
honest in material things; on occasion, hatefully so. He was the least
loved of the English war-correspondents, and one of the most
famous. He envied the genial love which the name of Routledge so
generally inspired; envied the triumphs of the “mystic,” as Finacune
had called him; copied the Routledge-method of riding frequently
alone, but found it hopeless to do so and preserve the regard of his
contemporaries. The careless manner with which Routledge
achieved high results was altogether beyond Bingley, as well as the
capacity of seeming to forget the big things he had done. It was
necessary for Bingley to be visibly triumphant over his coups;
indeed, penetratingly so. This failure of manner, and a certain genius
for finding his level on the unpopular side of a question, challenged
the dislike of his kind.
Routledge settled himself for the long voyage with much to think
about and Carlyle’s “French Revolution”—already read on many
seas. Ordinarily, a mystery such as he had left in India would have
furnished material for deep contemplation, but he chose to put it
away from him and to live in full the delights of a returning exile.
Bombay was agog with the Anglo-Japanese Alliance, but Routledge
did not give the subject more than one of his days out of the last
Indian port. He missed nothing of the significance of this great move
by England, which had so entranced Feeney, but when he undertook
to delve for the first cause his faculties became lame and tired, and
he had learned too well the therapeutics of sea-travel to continue an
aimless grind. An accomplished traveller, he put aside all wastes of
hurry and anxiety and allowed his days and nights to roll together
without the slightest wear. Consequently, big volumes of tissue were
renovated and rebound. With Routledge, it was not “To-morrow we
will be at Port Said,” but a possible reflection to-day that “we are
somewhere in the Red Sea.” Frequently, he read entire nights away;
or dozed from midnight until dawn, wrapped in a rug on deck. His
brain fell into a dreamy state of unproductiveness, until he could
scarcely recall that it had ever been a rather imperious ruler of
crises; a producer of piled words which developed, in war’s own
pigments, the countless garish and ghastly films which his eye had
caught. The month at sea smoothed the hard lines of service from
his face, as it softened the calluses of his bridle-hand.
It was not until the dusk, when his boat steamed into the shipping
before Marseilles, that the old click-click of his mental tension was
resumed and the thought-lights burned strong again. He found then
that much which had been vague and unreckonable at Calcutta was
cleared and finished, as often so pleasantly happens after a season
of pralaya, as the Hindus express the period of rest, whether it be
sleep or death. Standing well forward on deck, with the brilliance of
the city pricking the dark of the offing, it was borne to Routledge that
his life at this period had reached a parting of the ways. The
divergences stretched out before him clearly, as if his mind had
arranged them subconsciously, while his material faculties had
drowsed in the lull of far journeying. Thoughts began to rain upon
him.
“Routledge, how are you and the world to hook up from now on?...
You’ve played so far, just played, scattered your years all over the
earth, with but little profit to yourself or to the world. If you should die
to-night you would possibly have earned five lines in a thirty-volume
encyclopædia: ‘Cosmo Routledge, American born, an English war-
correspondent and traveller, rode with Tom, stood fire with Dick, and
ran with Henry; undertook to study at first hand various native India
affairs, and died of a fever at the edge of’—God knows what yellow
desert or turbid river.”
He smiled and lit his pipe, musing on. “The point is, I’ll be dead long
before the fever—if I keep up this world-tramp—dead to myself and
to men—one of the great unbranded, crossing and recrossing his
trail around and around the world.... Shall I sit down in London or
New York, and double on my whole trail so far on paper—books,
editorials, special articles, long dinners beginning at eight, an hour of
billiards, a desk in some newspaper office—fat, fatuous, and fixed at
fifty?... Which is better, a gaunt, hungry, storm-bitten wanderer, with
his face forever at the fire-lit window-panes of civilization, or a
creased and cravatted master of little ceremonies within? A citizen of
ordered days and nights, or an exile with the windy planet forever
roaring in his skull?”
They were warping his ship into dock, and the voices of France were
thick in the night.
“Routledge, you’re evading the issue,” he muttered after a moment.
“It isn’t that you must choose between one city and the wide world;
nor between the desk or the saddle, a tent of skins or a compartment
of brick. You can ride a camel in London or pack a folding-bed over
the peaks to Llassa; you can be a tramp at home or an editor afield.
It isn’t the world or not, Routledge, but—a woman or not!”
The flapping awning took up the matter at length. Routledge relit his
pipe dexterously, sensing the very core of the harbor-breeze with his
nostrils, and shutting it off.... He would cross France to-night; and
dine in Paris to-morrow, breathe the ruffian winds of the Channel to-
morrow night, and breakfast again in London.... His brain had put off
the lethargy of Asia, indeed—quickened already to the tense stroke
of Europe. He was vehemently animate. The rapid French talk on the
pier below stirred him with the great import of massed life—as it
might have stirred a boy from the fields entering the city of his
visions. A few hours and then London!... “She has never forgotten
you, Routledge.”...
Once he had seen the mother of Noreen—the woman who, for a little
while, was the embodied heaven to Jerry Cardinegh; heaven in spirit
to the old man now. A face of living pearl; the gilding and bronzing of
autumnal wood-lands in her hair; great still eyes of mystery and
mercy.... In a way not to be analyzed, the sight of her made
Routledge love more Jerry Cardinegh’s Ireland. Tyrone was
hallowed a little in conception—because it had been her home.
In Paris, at the Seville, the next afternoon, a servant informed
Routledge that a lady was waiting for him in the Orange Room.
There was a lifting in his breast, a thrilling temperamental response.
Some fragrant essence of home-coming which he had not thought to
find in Paris swept over his senses.... She was sitting in the
mellowed glows and shadows of the Seville’s famous parlor. The
faintest scent of myrrh and sandal; Zuni potteries like globes of
desert sunlight; golden tapestries from the house of Gobelin; fleeces
of gold from Persian looms; the sheen of an orange full moon
through rifted clouds of satin; spars of gilded daylight through the
billowing laces at the casement; the stillness of Palestine; sunlight of
centuries woven into every textile fabric—and the woman, Noreen,
rising to meet him, a vivid classic of light and warmth.
“Routledge-san!”
“To-morrow, I expected to see you—in London,” he faltered.
“I have been living in Paris. I return to Cheer Street to-night—to
make ready for father to-morrow afternoon.”
He was burning with excitement at the sight of her, and the red was
deep in her cheeks. It was as if there had been wonderful psychic
communions between them; and, meeting in the flesh at last, they
were abashed, startled by the phenomenon.
“Mr. Bingley told me that you were to be in Paris to-day. He left for
London last night. I was impatient to see you. Possibly I did not wait
long enough for you to rest after your journey.”
Routledge did not answer. He was smiling in a strange, shy way, as
few men smile after thirty. Moreover, he was holding fast to the hand
so eagerly offered.
“Do forgive my staring at you,” he said at last. “I’ve been away a very
long time. In India——”
“You may stare, Routledge-san. Men coming home from the wars
may do as they will,” she laughed.
“Finding you here in Paris is immense, Miss Noreen. I was planning
to keep the way open from Bookstalls to Cheer Street—to ride out
with you possibly, watch you paint things, and have talks——”
“You’ll stay in London for a time, Routledge-san?”
“Yes, until you and Jerry appeal to the Review to start a war to be rid
of me.”
She did not need to tell him that she was glad. “Come, let’s go
outside. It’s like an enchanted castle in here—like living over one of
your past lives in all this yellow stillness.”
She could not have explained what made her say this. Routledge
liked the idea, and put it away to be tried in the crucible of solitude.
“Where did you leave father?” she asked when they were in the
street.
“Away up in Bhurpal—two or three days before we were all called
in.”
He dreaded the next question, but, understanding that it would
trouble him, Noreen pushed into the heart of the subject without
asking.
“Of course, he wouldn’t tell me, but I’m afraid he isn’t well. I seem to
know when ill befalls any one dear to me.”
“It was a dull, hard-riding campaign, but he weathered it.”
“I feel him white and time-worn somehow, Routledge-san. It is his
last time afield. He will need me always now—but we won’t talk of it.”
She led the way through the crowded streets—a cold, bright
February afternoon, with the air cleanly crisp and much Parisian
show and play about them. “I’ll take you to my studio, if you wish.... It
is quiet and homey there. Most of my things are packed, but we can
have tea.”
“I was planning to leave for London to-night,” he ventured.
“Of course—we’ll take the same boat. And to-morrow—to-morrow
there will be things for a man to do in Cheer Street—getting ready for
father.”
Both laughed. It seemed almost too joyous to Routledge.
“I can’t endure London—that is, I can’t live there when father is
away,” she said presently. “It seems less lonely in Paris. London—
certain days in London—seem to reek with pent tragedy. There is so
much gray sorrow there; so much unuttered pain—so many lives that
seem to mean nothing to the gods who give life. I suppose it is so
everywhere, but London conceals it less.”
“Less than India?”
“Oh, but India has her philosophy. There is no philosophy in the
curriculum of the East End.... I wish I could think about India as you
do—calmly and without hate for the British ascendency there. At
least, without showing my hatred. But it seems so scandalous and
grotesque to me for a commercial people to dominate a spiritual
people. What audacity for the English to suggest to the Hindus the
way to conduct life and worship God! I am Jerry Cardinegh’s girl—
when it comes to India and Ireland. It must be that which makes me
hate London.”
“England is young; India old,” said Routledge. “Many times the old
can learn from the young—how to live.”
“But not how to die—and yet India has had much practice in learning
how to die at the hands of the British.... We mustn’t talk about it to-
day! The word famine rouses me into a savage. India famine; Irish
famine; the perennial famine of the London East End!... Coming
home from the wars, you must not be forced to talk about bitter
things. I want to sit down and listen to you about your India—not the
Cardinegh India. We always see the black visage behind India, as
behind Ireland. You see the enchantment of Indian inner life—and
we the squalor of the doorways. Yes, I still read the Review.... Ah,
Routledge-san, your interview with the English ‘missionary-and-
clubman’ in Lucknow was a delicious conception; yet back of it all
there is something of horror in its humor to me. Most of all because
the ‘missionary-and-clubman,’ as I saw him, under your hand, would
have perceived none of the humor! He would no doubt have called it
a very excellent paper—yet every line contained an insinuation of his
calamitous ignorance and his infant-soul! I must repeat—what
audacity for the cumbering flesh of a matter-mad people,
undertaking to teach visionary India—how to look for God!”
Routledge invariably became restless when the values of his own
work were discussed before him.
“By the way, Miss Noreen,” he said, “I left Bingley behind me in
Calcutta——”
“He said so, but crossed India by rail and caught a ship before you at
Bombay. Father and the others will be in London to-morrow. They
left ship at Naples to be in time for the Army and Navy Reception to-
morrow night.”
Routledge was a trifle bewildered as he followed Noreen up the
stairway into the studio, and sat down by the window. The place was
stripped of many things identified with her individuality, and yet it was
all distinctly a part of her. Trunks and boxes were ready for the
carrier, her portmanteau alone opened. Out of this she drew the tea-
things, and the man watched with emotion. After the alien silence of
the Orange Room and the turmoil of the Parisian streets, the studio
was dear with nameless attractions. All the negatives of his mind,
once crowded with pictures of Paris and civilization, had been
sponged clean by India. The moments now were rushed with new
impressions.... The stamp of fineness was in her dress, and to him a
far-flinging import in all her words. The quick turn of her head and
hand, all her movements, expressed that nice elastic finish which
marks an individual from the herd. It was even as they had told him
in India. Noreen Cardinegh had put on royalty in becoming a woman.
The man did not cease to be a trifle bewildered. He was charged
again with the same inspiring temperament which compelled him to
tell her the intimate story of Rawder, and to tell it with all his valor
and tenderness. Impedimenta which the months had brought to his
brain and heart were whipped away now before those same
wondrous, listening eyes. Memories of her had always been the
fairest architecture of his thoughts, but they were as castles in
cloudland, lineaments half-lost, compared to this moment, with the
living glory of Noreen Cardinegh sweeping into full possession of his
life. All that had been before was dulled and undesirable; even
himself, the man, Routledge, with whom he had lived so much
alone.... In this splendid moment of expansion, it came to him—the
world’s bright answer to his long quest for the reason of being.

“Routledge-san, I have wine and tea and biscuit, and you may
smoke if you like.” She drew up a little table and chair for herself. “It
will be an hour before the carrier comes for my trunks, and I want
you to tell me if you have seen again—our bravest man. It’s long
over a year since you left him in Hong Kong.”
“Miss Noreen——”
“I’d rather be Noreen to you.”
“Noreen, what is the force of Rawder’s bigness to you?” Routledge
asked, after watching her several seconds.
“He serves blindly, constantly, among the dregs, and has mercy for
all men but himself!” she said intensely. “The living spirit of the Christ
seems to be in him, and nothing of sex or earthly desire. I have
pictured him, since you told me the story, as one pure of soul as any
of the prophets or martyrs. I care not for the range of his brain when
he has a human heart like that!... I wish I could say all he suggests to
me, but I mean—I think he is close to God!”
“Thank you,” said Routledge. “It is one of the finest things I know, to
have you speak of him as ‘our bravest man’—to share him with
me.... Yes, I have seen him again, and there is another story to tell,
and I will tell it, as he told me:
“It began with his leaving Hong Kong. He was never so weary nor so
faint-hearted as on one certain day. It was about the time I was with
you for an evening in Cheer Street. He declares when that night
came he went out on the water-front to his work with a ‘wicked
rebellion’ in his heart. A night of rain and storm. He had rescued a
fallen sailor from the Chinese, and was leading him to his own
lodging when he was struck from behind and trampled. ‘I’m afraid
they meant to kill me,’ he divulged, and added in apology that the
lives of the Chinese are so dark and desperate on the water-front.
His old Minday wound was reopened, and he awoke to feel that
death was very close. You see, the police had found his body in the
rain. He was drifting off into unconsciousness when a vision
appeared.
“He had never touched India at that time in this life, but it was a bit of
India that appeared in his vision, and it was all very true to him....
Nightfall and a little village street; an ancient Hindu holy man sitting
in a doorway, head bowed, his lips moving with the Ineffable Name.
Very clearly Rawder saw this and the rest, so that he would know the
place when he saw it again—the sand, the silence, the river
sweeping like a rusty sickle about the town, and his old master sitting
in the doorway.
“This was the picture that came to him as he lay in a station of the
Hong Kong Sihk-police, and close to death.... The Hindu holy man,
so old that he seemed to be a companion of Death, looked up
sorrowfully and said: ‘My son, I have come down from the goodly
mountains for you. Just this way, you shall find me waiting. Make
haste to come for me, my chela, for I am full of years, and already
am I weary of these plains and so many men. There is work for us to
do before we go back together to our goodly mountains.’
“The Sannyasi spoke in Tibetan, which Rawder had never heard
before, but every word he understood as I have told you. ‘And how
swiftly did I heal after that!’ he exclaimed to me, smiling. His pain left
him and his wound closed magically. They told him he would die if he
left his bed, but he finished his healing on the road to his river and
his village. All was made easy for him, as our bravest man declares.
There was a ship in the harbor, which needed a man to peel
vegetables, and Rawder fitted in, remaining aboard port after port,
until something prompted him to go ashore at Narsapur, which lies
among the mouths of the great Godavari. One of these he followed
up to the main stem, and journeyed, on foot for months and months,
studying the natives and their language, doing what appeared to him
among the dead and the living in the midst of famine and plague,
and ‘knowing no hunger nor thirst nor pain.’ These are his words,
Noreen.”
“He is like one of those mystics,” the woman said, “like Suso or St.
Francis of Assisi—who would not reckon with physical pain.”
“Yes.... I did not remain long in America after leaving you in Cheer
Street. In fact, I was back in India months before this last trouble
arose in Bhurpal—with Rawder in India. It was at Sironcha, where
the Godavari joins the Penganga, that I found him, and he told me all
these things. Then for awhile I journeyed with him, and it was very
good for me. Always he was helping—down at the very roots of the
disorder of things. I thought of you very much. You were the only one
I had told of Rawder. That’s why I was so glad to hear you say ‘our
bravest man.’”
“And his master?”
“Yes.... It was far north of Sironcha, on the Penganga, and he had
been hurrying, hurrying, for days. I was to leave him at Ahiri for the
service in two days more. At nightfall, we came to the little village,
with the Penganga sweeping about it like a rusty sickle. ‘It is the
place—I know the place,’ he kept repeating.... Even I was not
surprised, Noreen, to see the aged Sannyasi sitting in the doorway,
his lips moving with the Ineffable Name.... And so our bravest man
found the master he had earned; the old master who had come
down from his lodge in the goodly mountains to take back the purest
man-soul I have ever known.”
“Then you—then you will never see him again?” the woman cried.
“That is what is strange to me, Noreen. He said I should see him
again in India this year. He said I would know the time and the place.
They are journeying northward toward the hills on foot and very
slowly. One might travel around the world, and, returning, find them
only three or four latitudes northward from the place of parting. And
so I left him very happy, learning Tibetan and Chinese, and the
ancient wisdom, happily helping in the midst of the world’s direst
poverty.”
“And you have no thought to return to India so far, Routledge-san?”
“No.”
The tea was perfect. The carrier came and took the trunks and
boxes. They sat together in the stripped studio while the twilight
hushed the distances. The street below lost its look of idling, and the
figures moved quickly.... There were no lights. The man thrilled in the
black hallway as the woman whispered an adieu to her little Paris
place; then shut the door, and, feeling for his hand, led him to the
stairs.
FOURTH CHAPTER
ROUTLEDGE CONTEMPLATES THE PAST, IN THE
MIDST OF A SHADOW FORECAST BY LARGE
EVENTS

They dined at the Seville, took a night-train for Calais, and talked on
the steamer’s deck in the Channel. It was a night of stars and cold
gusts of wind. The lights of France died out behind. A ship appeared
ahead like a faint, low-swinging star, loomed mightily, her great form
pricked in light, and passed swiftly by, so near that they heard her
crushing the seas, and the throb of her iron heart.... Noreen was
saying:
“It’s so good not to have to travel alone. I have been so much alone.
I seem to tell you things quite amazingly.... I must be intensely
strange in some way, possibly psychic, because I dream so many
things which remain vividly afterward.”
The picture she meant to put into words came clearly with Routledge
listening.
“Once, when I was so little that I couldn’t talk plainly—so little that
you might have balanced me in your hand—a woman came to the
tiny room where I lay. It was in the midst of the night. Father was in
Asia somewhere. I was awake, I think, because I heard the woman
fumbling at the door. She was a big, hysterical thing and suddenly
screamed that my mother was dead—then rushed away, leaving me
alone in the dark!... It was at a lonely English country-house in
winter. I remember the snow and the winds and the gray, tossing sky
and the nights. I had to stay there alone until father came home. For
more than a month I was in that great house, with naked, sighing
trees all around—trees close to the walls of the house. They cut the
wind into ribbons and made a constant moaning. And, oh, the nights
were eternal! I was in a broad, cold room in the great, creaking
house—and always I could hear hard-breathing from somewhere.
Alone, I wore out all my fears there—until at last I had no fears, only
dreams of the night that lived with me all through the day. I have
never gone near that country-place since father came. How terrible
he looked! It left me strange and different—so that I was never like a
little child afterward.... Routledge-san, why do I tell you all these
things? Not in years have I talked so much in one day.”
“Nor have I listened so raptly, Noreen.”
“I wouldn’t have tried to tell you so much—except that you are to be
back in India within a year.... It has come to me, Routledge-san, that
you are to go very quickly!”
There was a creak of a wicker-chair in the shadows of the engine-
room air-shafts behind them. Noreen grasped his arm impulsively. It
was not that she had said anything which the world might not hear,
but her concentration had been intense, and the little story she had
told had been so intimately personal to her that no woman, and only
this man, had ever called it forth. There was quick cruelty in the
thought of it being overheard by a stranger. In any case, the spell
was broken. Routledge was irritated. The recall from the world of the
woman, and the feeling of oneness with her which the strange little
confidence had inspired, was pure unpleasantness.
“I’ll go to my state-room now,” she whispered. “There is only a little
while to rest.... Good-night, Routledge-san. I’ll be abroad early.”
He knew that she would not have thought of her cabin yet, even
though the hour was late, had it not been for the intrusion of the
creaking chair. Routledge took her hand and spoke a brisk good-
night. Returning to the deck-chair between the air-shafts, he sat
down and arose again carefully. The sound was the same. He tested
the chair thoroughly and found that in no possible way could the
wind have caused the creak.... They had stood long within eight or
nine feet of the chair. A gentleman would have given some notice
that he was within hearing, or, better still, would have gone his way—
unless asleep. This last was unlikely, because the deck was
searched by a keen winter wind. In the smoking-room was an

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