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Ebook PDF of Manajemen Perpustakaan Elektronik E Library Konsep Dasar Dinamika Dan Sustainable Di Era Digital Drs. Hartono Full Chapter
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Châtiment providentiel : le premier fut éborgné par une bombe
libertaire ; le second finit — on sait comment.
Dans la littérature, et particulièrement chez les symbolistes,
l’individualisme sans frein présentait trop d’affinités avec
l’anarchisme pour que celui-ci n’y conquît pas des adeptes.
On vit par exemple Pierre Quillard, qui était pourtant un doux
poète et un helléniste de valeur, publier un Éloge de Ravachol, où le
bandit était comparé à — saint François d’Assise. Tout simplement…
A cause de ma formation romantique, j’étais trop enclin à me
conduire d’après des sentiments désordonnés, pour ne pas imposer
silence à la raison lorsqu’elle contredisait le goût que j’avais alors
pour les émotions violentes. D’autre part, l’esprit de révolte couvait
toujours en moi et ne demandait qu’à m’incendier de nouveau
l’imagination. Les bonnes habitudes prises au régiment, ce n’était
que — des habitudes. Comme elles ne s’appuyaient pas sur des
principes fermes, judicieux et stables, comme aussi je me
nourrissais de philosophies négatrices, j’étais tout préparé à devenir
un anarchiste, ainsi que beaucoup de mes confrères.
Mon introducteur dans l’Anarchie fut ce Milo, qui, on s’en
souvient peut-être, caricaturait nos professeurs au collège. Très
doué comme dessinateur, mais fort décousu dans son existence,
nonchalant et rêvassier, il était venu à Paris comptant sur son crayon
pour vivre. Il n’avait pas réussi à sortir de l’obscurité. D’où de
l’aigreur contre une société qui, estimait-il, méconnaissait son réel
talent, puis de la rancune, puis de la haine et, en conséquence, son
affiliation à un groupe communiste dont les divagations de
Bakounine constituaient le Credo.
J’avais retrouvé Milo dès ma sortie de l’armée. Longtemps, épris
de la seule littérature, je ne donnai guère d’attention à ses tirades
subversives. Et puis, à défaut de convictions politiques, je gardais un
certain bon sens — inné en moi — le même qui m’avait fait saper le
socle de l’idole Mallarmé. Il m’empêchait d’admettre que, pour
réaliser le bonheur intégral de l’humanité, désormais libre et
consciente d’elle-même, il fallait d’abord tout détruire en
commençant par les inégalités sociales.
Mais, peu à peu, sous l’action des causes que j’énumère ci-
dessus, puis influencé par le prosélytisme opiniâtre de Milo, je me
laissai aller à la dérive. Comme tant d’autres, je m’écriai en toute
occasion : Ni Dieu, ni Maître ! J’entonnai l’hymne anarchiste qui
s’intitule les Briseurs d’Images et dont voici un couplet des plus
caractéristiques :
Il n’était pas dans ma nature de poser des bornes aux idées qui
me séduisaient surtout quand elles surexcitaient en moi l’orgueil de
penser soi-disant au-dessus de mes contemporains. Puis l’âge d’or
futur présenté par l’Anarchie comme un idéal accessible ravissait en
moi le poète. J’y vivais plus que dans le présent parfois morose.
Tous mes livres de cette période portent l’estampille de cette illusion
chatoyante. Même en mes articles, employant l’insinuation et
l’allégorie, pour ne pas effaroucher le public, je donnais toujours
quelque coup de griffe à la Religion, à la famille, à l’autorité sous
toutes ses formes. Pour l’armée, comme je n’aurais pu, sans mentir,
dénoncer ses tares en corroborant mes critiques de griefs
personnels, je me tenais dans les généralités.
Mon hallucination — c’est le mot propre — dura six ans, de 1893
à 1899. Comment elle se dissipa, je le dirai plus loin. Qu’on me
permette auparavant d’esquisser le croquis d’un milieu anarchiste où
je fréquentais assez souvent et ensuite d’émettre quelques
réflexions sur la genèse de l’Anarchie au XIXe siècle.