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La crise du “subprime” américain

Repères techniques sur la crise du "subprime"


Les Échos, 10/08/07

Voici l'explication des termes techniques fréquemment utilisés pour parler de la crise des crédits immobiliers à risque dits
"subprime", à l'origine de la débâcle sur les marchés financiers mondiaux.

Crédits immobiliers "subprime"

Le terme désigne des prêts immobiliers dits "à risque" car consentis à des ménages à la solvabilité fragile et à des taux
d'intérêt très élevés.

Depuis plusieurs mois, les taux d'emprunt ont augmenté et cela s'est accompagné d'un baisse des prix de l'immobilier,
notamment en raison d'une contraction de la demande, diminuant d'autant "l'effet richesse" des ménages.

Cette conjonction d'événements a rendu nombre de ménages incapables de rembourser leurs emprunts, mettant en danger les
établissements de crédit.

Crédits immobiliers hypothécaires, dits "mortgage"

C'est le type de crédit immobilier utilisé dans les pays anglo-saxons. Il se distingue de l'emprunt tel qu'on le pratique en
France car il suppose que le bien acheté à crédit est hypothéqué.

Propriété du créancier, il constitue alors une garantie qui permet au ménage de souscrire d'autres crédits, à la consommation
généralement, ce qui permet de stimuler l'économie.

En France, un système de prêt hypothécaire, dit "hypothèque rechargeable", a été introduit cette année mais de façon discrète.

Avec le système du "mortgage", le pouvoir d'achat des ménages est très largement dépendant de la valeur de leur bien
immobilier. En cas de ralentissement et plus encore de retournement du secteur, comme c'est le cas aux Etats-Unis depuis
plusieurs mois, l'"effet richesse" se contracte et peut se propager au reste de l'économie via un ralentissement de la
consommation.

Fonds d'investissement

Ces sociétés ont pour objet d'investir sur différents marchés, avec divers degrés de risques financiers. Parmi eux, les "hedge
funds" (fonds spéculatifs) sont spécialisés dans les investissements risqués, et certains ont choisi d'investir dans le juteux
marché des "subprime".

Les établissements qui ont consenti des prêts "subprimes" ont en effet transformé les crédits en "titres financiers" (titrisation),
de façon à pouvoir les vendre sur les marchés.

En raison du retournement du marché immobilier américain, les titres dérivés des subprimes ne trouvent plus preneurs. Ceux
qui acheté ces titres, les "hedge funds" notamment, font donc aussi les frais de la crise. La faillite ou le gel de plusieurs
d'entre eux a affolé les marchés.

Liquidité

C'est le concept central de la finance. La liquidité d'un actif mesure son caractère aisément négociable, à l'achat ou à la vente,
sans frais trop importants et en toutes circonstances.

Valeur liquidative

C'est l'estimation de la valeur d'un fonds, obtenu en divisant son actif net par le nombre de part qui le compose. Cette valeur
est établie quotidiennement, voire dans certains cas sur base hebdomadaire. Jeudi, BNP Paribas a annoncé la suspension du
calcul de la valeur liquidative de trois de ces fonds en raison de la crise du subprime.

Crise de liquidité

Une crise de liquidité survient si des agents économiques, ayant besoin de ressources liquides, doivent vendre prématurément
des actifs peu liquides dont le prix chute alors. On peut envisager :

- des ménages ayant un excès d'endettement ou des banques ayant saisi des garanties hypothécaires devant vendre des actifs
immobiliers ;

- des fonds d'investissement, des investisseurs institutionnels, faisant face à des retraits des épargnants parce que leurs
performances sont très mauvaises ;

- des entreprises surendettées, devant vendre des actifs, des participations.

Les actifs sont soit structurellement illiquides (immobilier, CLOs, fonds de hedge funds, CDOs, private equity, grosses
participations dans des entreprises), soit peuvent le devenir en cas de crise s'il n'y a plus de vendeurs.

Intervention des banques centrales

La Réserve fédérale américaine (Fed) ou la Banque centrale européenne (BCE) agissent essentiellement via leur taux d'intérêt
directeur, qu'elles peuvent abaisser pour stimuler l'économie ou au contraire relever pour juguler l'inflation. Les taux d'intérêt
consentis aux banques puis aux particuliers suivent le mouvement.

Les banques centrales peuvent aussi retirer ou injecter de l'argent sur les marchés pour rééquilibrer la quantité d'argent frais
disponible et tenter d'éviter des krachs financiers.

La BCE vient d'injecter successivement les sommes record de près de 95 milliards d'euros jeudi puis à nouveau 61 milliards
ce vendredi. La Fed s'est contentée de mettre sur le marché monétaire 24 milliards de dollars jeudi et 19 milliards ce
vendredi. Mais elle vient de déclarer qu'elle fournirait les liquidités nécessaires aux marchés pour faciliter leur
fonctionnement.

Comment est-on arrivé à la crise ?


Certaines banques américaines accordent des prêts immobiliers dits ”à risque“ car octroyés à
des ménages peu solvables. Les taux d’intérêt sont plus élevés que la norme car les
établissements financiers ne sont pas sûrs d’être remboursés. Le bien immobilier de
l’emprunteur sert de garantie.
Pour que ce système fonctionne bien, il faut réunir deux conditions : des taux d'intérêt stables
et une appréciation régulière de l'immobilier. Or, entre 2004 et 2006, la Fed a
progressivement relevé ses taux directeur de 1% à 5,25%. De plus, les prix de l’immobilier
ont augmenté de plus de 10% par an depuis cinq ans aux États-Unis. Cela a conduit à une
spéculation immobilière, qui se fait sur les anticipations d'évolution des prix du marché
immobilier. Une “bulle immobilière” s’est ainsi créée : les prix étaient élevés car les
investisseurs pensaient que le prix de vente serait encore plus élevé le lendemain. Les
établissements ayant consenti des prêts à risque ont transformé les crédits en titre financiers
pour pouvoir les vendre sur les marchés, c’est ce qu’on appelle la titrisation.
Quand la bulle a éclaté en juillet 2007, il y a eu une chute brusque et soudaine des prix, donc
les titres dérivés des subprimes ne trouvaient plus d’acheteurs.
Quelles en sont les conséquences ?
Les premiers touchés par cette crise sont donc les établissements financiers américains qui
ont accordé ces prêts. Toutes sortes d’établissements financiers et de fonds d’investissement
autour du monde ont ensuite été atteintes car il y a eu une crise de confiance dans la sphère
financière : les banques ne se prêtent plus entre elles, n’étant plus certaines d’être
remboursées.
Un mouvement de panique s’est créé, engendrant une crise de liquidité car les épargnants de
ces banques ou fonds d’investissement, ont décidé de retirer leur argent. C’est par exemple le
cas de la Northern Bank britannique : le titre Northern Rock a perdu jusqu'à 40% en Bourse ;
les clients de cette banque ont retiré près de 3 milliards d'euros durant le week-end du 15 et
16 septembre, après avoir appris qu'elle avait eu recours à un prêt d’urgence de la Banque
d’Angleterre.
Les banques centrales comme la Fed doivent restaurer la confiance, premièrement en
injectant des liquidités (le 10 août la Fed a injecté 35 milliards de dollars sur les marchés ; 2
milliards le 13 août ; 6 milliards le 17 août; 3,5 milliards de dollars le 20 août et 17,25
milliards le 23 août) puis en baissant leur taux d’intérêt directeur pour que la crise n’enraye
pas l’activité économique. Le mardi 18 septembre 2007, la Fed a dans cette logique abaissé
d’un demi point son taux de base, qui est désormais à 4,75%, son plus bas niveau depuis mai
2006. C’est un signe fort de volonté de la relance économique. Par conséquent, les indices
boursiers américains, le Dow Jones (les 30 premières capitalisations, a atteint son plus haut
niveau historique), le Standard and Poor’s 500 (l’élargissement du Dow Jones à 500
entreprises), et le Nasdaq Composite (indice des valeurs technologiques) ont remonté
sensiblement. Cependant cette baisse de la rémunération a entraîné la devise américaine à la
baisse, puisqu’il est moins intéressant pour des investisseurs étrangers de placer des capitaux
aux Etats-Unis vu qu’ils rapportent moins.
Bien que le spectre de la crise semble s’être éloigné, les répercussions de cet évènement
restent difficilement évaluables.

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