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Comment Décrocher Tous Vos Examens
Comment Décrocher Tous Vos Examens
DÉCROCHEZ
TOUS VOS EXAMENS
1
SOMMAIRE
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PREMIERE PARTIE
L’ENTRAINEMENT PHYSIQUE
DE L’ÉTUDIANT
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INTRODUCTION
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le cri du coeur du recalé » : « II n’y a de la veine que pour la
canaille !... »
Mais oui... un camarade peu coté a « passé ». Ce pauvre type
», bien meilleur, n’est-il pas resté sur le pavé ? Celui-ci n’est-il
pas tombé sur la seule composition qu’il eût spécialement
étudiée? Cet autre malin n’avait-il pas de petites notes dont il
a su se servir « en douce »
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C’est par des apports de ce genre que se font la plupart des
transformations dans la nature : croissance, entre autres. Le
banquier érige sa fortune par de menus prélèvements sur les
opérations de ses clients. Celles-ci étant innombrables, il finit
par s’assurer un bénéfice substantiel. Il en est de même pour
tout commerçant qui, en dernière analyse, se trouve pratiquer
le calcul intégral, tout comme M. Jourdain faisait de la prose :
sans le savoir.
( Celui qui emploie cette méthode : travailler chaque jour
normalement, travailler régulièrement, travailler longtemps, a
des chances véritablement exceptionnelles de maîtriser un
examen, et, plus généralement, d’atteindre n’importe quel but.
Dédaigner cette peu reluisante façon de dispenser vos sueurs
pour procéder, aux approches de la redoutable compétition, à
un labeur spectaculaire et cyclopéen, fera de vous, tout au
plus, un candidat « tangent » . Pour vous et vos pareils — qui
sont légion — les épreuves seront UNE LOTERIE.
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importantes : lire le journal fumer une cigarette, aller au
cinéma ne s’y opposent pas, il ne songe nullement à
s’imposer une discipline rigoureuse au moment de faire ses
preuves, verra-t-il son frêle esquif ballotté sur une mer plus ou
moins démontée, sans espoir sérieux d’atteindre au but qui luit
au loin comme un phare.
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CHAPITRE PREMIER
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alimentation particulièrement riche et digestible, dans le but de
se refaire le système nerveux, même s’il ne se sent pas
vraiment fatigué. II faut, en effet, ne pas oublier que la
sensation de fatigue n’est pas un critérium très sûr. Si,
invariablement, l’étudiant trouve pénibles les premières
séances de travail, correspondant à la période d’adaptation,
on remarque, au contraire, qu’il n’éprouve, par un dangereux
paradoxe, aucune sensation de lassitude aux époques de
surmenage intense.
Illusion périlleuse...
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Ce qui précède suffit à justifier largement la longueur des
vacances consenties aux étudiants.
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exceptionnel, mais parce que, s’il arrivait à ces amateurs de
s’y aventurer, c’était, vous l’avez deviné, uniquement pour
troubler le cours. Ces garçons — on le croira sans peine — ne
se torturaient nullement les méninges à étudier...
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CHAPITRE II
L’alimentation de l’étudiant
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avec le temps, d’être grandement améliorées, puis gué (ries,
par une alimentation appropriée. C’est ce qu’a exprimé un
savant Esculape en ces termes
« La meilleure de toutes les drogues, c’est une bonne
alimentation. » Un autre claironnait
Quand l’estomac va, tout va; quand l’estomac ne va pas, rien
ne va. » Enfin, le héros d’Arcole ne proclamait-il pas : « Mes
soldats gagnent les batailles avec leurs jambes, et ils
marchent avec leur estomac »
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Ainsi, la GUERISON de toutes les maladies ne peut se
produire et persister qu’en détectant les fautes de régime et
d’hygiène antérieures, et en modifiant radicalement ce régime
et cette hygiène.
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En hiver, remplacez l’infusion par une soupe aux légumes ou
aux céréales (porridge ou farine
ou pâtes cuites à l’eau sucrée et au beurre presque sans lait).
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2° Un plat de résistance consistant en un aliment azoté
d’origine animale : viande plutôt légère.
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1° Un potage peu abondant (pour éviter la distension de la
paroi stomacale, les dilatations et dyspepsies atoniques avec
fermentations intestinales), peu chargé en légumes, épaissi
avec du vermicelle ou une pomme de terre râpée CRUE.
Jamais de bouillon de viande
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l’autorise à « se mettre » à l’huile de foie de morue, ce
puissant accumulateur d’énergies, qui fait du corps une
véritable bouteille de Leyde. Dose : une cuillerée à soupe au
repas de midi et une au repas du soir. Ceux qui se figurent ne
pas supporter ce merveilleux aliment procéderont de la façon
suivante : ils dilueront l’huile dans leur premier mets et boiront
de l’eau contenant du jus de citron et un peu de bicarbonate
de soude Ainsi sera contrebalancé l’excès de vitamines A qui
pourrait donner lieu à une inflammation des muqueuses
buccale et intestinale, et prédisposer au scorbut. Du reste, il
existe en France de nombreuses autres préparations
parfaitement tolérées et efficaces : consulter le docteur de la
famille à cet égard.
En été on remplacera l’huile de foie de morue par le glycéro-
phosphate de chaux granulé ou en cachets toujours après
avis du « toubib » familial.
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appauvrissement en substances inorganiques se traduit le
plus souvent par des maux de dents ou des sueurs abondante
se produisant de préférence la nuit : il mène droit à la névrose
et à la tuberculose .Enfin, les étudiants laissent échapper une
forte proportion d’azote.
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viandes lourdes ou échauffantes : porc, gibier. Celui qui
prépare un examen étant jeune et généralement doué d’un
bon estomac, pourra se permettre d’user de la viande de
boeuf qui est extrêmement reconstituante. Une faveur
spéciale sera réservée au poisson. Outre sa parfaite
digestibilité quand il est très frais, il possède le précieux
avantage de contenir de fortes proportions de phosphore, cet
aliment vital du système nerveux.
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signaler l’effet astringent des noix : elles tendent à produire de
la constipation. Si l’on redoute cette incommodité, on leur
préférera les amandes, qui jouissent, au contraire, de
propriétés plutôt laxatives.
Soigneusement cuits, les épinards sont excellents. Outre leur
vertu dépurative et légèrement purgative, très favorable en
toute saison, et tout particulièrement au printemps et à
l’automne, ils exercent une action reconstituante par le fer
qu’ils contiennent.
Les pâtes de bonne qualité sont nourrissantes et de digestion
facile. Ces aliments — ainsi que le riz — jouissent de
propriétés astringentes qui en rendent l’usage précieux en été,
à titre de précaution contre les diarrhées.
Le pain bien cuit est recommandable, pris en quantité
modérée : deux à trois cents grammes par jour, et non une
livre et demie à deux livres, suivant l’usage blâmable des
Français avant la « drôle de guerre ». Mais si la cuisson laisse
à désirer ou s’il est absorbé en excès, il présente de graves
inconvénients. Ainsi que l’ont prouvé les travaux du Dr Ferrier,
il provoque dans le tube digestif des fermentations très actives
génératrices d’acides qui dissolvent les minéraux de
l’organisme, dont elles entraînent une ruineuse élimination.
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Les fruits frais notamment les pommes et les fraises
contiennent de l’acide phosphorique. S’ils sont bien mûrs et
non acides, les prendre crus en petite quantité. Sinon, chasser
au préalable l’acidité par la cuisson qui, il est vrai, tue
malheureusement les vitamines.
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la théobromine.
Une expérience formelle a prouvé que l’alcool est tout
particulièrement nuisible à l’entraînement intellectuel (comme
le tabac, du reste, et ceci pour n’importe quel entraînement
sportif)
Si, de peur de passer pour une... femmelette, encore que le
sexe aimable ait beaucoup évolué sous ce rapport — vous ne
voulez pas vous astreindre à boire de l’eau pure, faites usage,
aux repas, de vin d’excellente qualité largement coupé. Il y a,
dans le vin ROUGE notamment, du tartre et du tanin
substances toniques de premier ordre, ainsi que des éthers et
des aldéhydes qui facilitent la digestion le sommeil. On
pourra, si l’on préfère, prendre de la bière copieusement
additionnée d’eau :cette boisson amère stimule l’appétit et
fouette l’organisme.
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la tuberculose dans les sanatoria). Importance que l’on saisira,
si l’on songe que tout résultat intellectuel n’est qu’une forme
d’énergie transformée, et que c’est de la nutrition seule que
dépend la somme d’ENERGIE se trouvant en nous (sous
forme d’énergie calorifique TRANSFORMEE EN ENERGIE
ELECTRIQUE comme on vient de le découvrir); si l’on
réfléchit que les cellules du corps sont en incessant
renouvellement (sauf les cellules nerveuses QUI NE SE
RENOUVELLENT JAMAIS : aussi faut-il en prendre soin
comme de la prunelle de ses yeux...), et qu’il dépend du...
ravitaillement individuel de remplacer toute cellule déficiente
par une plus forte puisque la substance même des cellules ne
peut provenir d’une autre source. Importance enfin qui
apparaîtra d’une éclatante évidence si l’on aperçoit, planant
sereinement bien au-dessus des raisonnements précédents,
l’éternelle et majestueuse loi de la CONSERVATION DE
L’ENERGIE!
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CHAPITRE III
Hygiène de l’étudiant
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bacillose, astreignant sa victime à prendre de grandes
précautions, sera peut-être pour elle un brevet de longue vie...
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expédiant au loin leurs barriques d’excellent vin et buvant une
« piquette » mal faite, acide et nuisible à la santé !Combien
négligent d’aérer leur chambre, de chauffer décemment leur
maison, et contractent une grippe « carabinée » qui les cloue
au lit pour un mois chaque hiver
Dans les villes, n’est-ce pas encore pire ? Entassés dans des
taudis, on fume, on se réfugie au café pour y commander des
boissons alcooliques, si l’on ne va pas chercher des
distractions dans les lieux pires.
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- Commerçant, rencontrez-vous le «bonhomme » avec qui
vous avez à traiter ? Avisez-vous donc de ne pas le suivre au
bar pour discuter devant deux « fines » ou deux « demis »
bien tassés : vous êtes sûr de rater une occasion qui ne se
renouvellera pas.
- Etes-vous facteur rural? Essayez de faire fi du petit verre qui,
au cours de vos tournées, vous est offert dans mainte maison.
Vous offenserez de braves gens et passerez pour un goujat.
Choisissez : vous confectionner un solide ulcère d’estomac,
ou voir, au jour de l’an, vos étrennes vous passer sous le nez.
—Vous n’êtes, il est vrai, ni commerçant ni facteur. VOUS
ETES ETUDIANT. Cela ne change rien. Ah ! vous ne vous
laissez pas en traîner à « vadrouiller » avec les copains? Ah !
vous préférez étudier au lieu de renchérir sur leurs fredaines ?
Ah ! après dîner, vous décidez
de dormir vos neuf heures et de récupérer normalement des
forces dont vous avez besoin,
au lieu d’errer de dancing en boîte de nuit ? Vous n’êtes, aux
yeux de ces messieurs, qu’un ours doublé d’un crétin !
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L’étudiant se doit de ne pas négliger certaines précautions .Le
labeur intellectuel astreint à une existence non exempte de
dangers, à un âge où il faut circuler. En particulier, il tend à
produire une atonie génératrice de graves désordres
stomacaux et intestinaux Aussi faut-il veiller tout
particulièrement à manger lentement, à mâcher
consciencieusement les aliments et à faire durer au moins
trois quarts d’heures chacun des deux principaux repas. Rien
de funeste comme cette déplorable habitude qui s’est
introduite dans les pensionnats de bâcler déjeuner et dîner en
une vingtaine de minutes. L’excuse provenant des exigences
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d’un emploi du temps surchargé est illusoire :on étudie moins
bien moins vite, et on assimile très mal les connaissances,
pendant une digestion laborieuse.
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Les animaux, dont le merveilleux instinct est le plus fin
hygiéniste, se couchent dès qu’ils ont mangé. Attendez au
moins une heure avant de vous livrer un labeur intense de la
pensée.
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Il est salutaire, au cours de la journée, de faire de fréquentes
promenades sans fatigue, en pleine campagne de préférence.
Au cours de l’étude, on se lèvera fréquemment de sa table de
travail pour allonger ses membres engourdis. Quelques
mouvements de gymnastique très correctement exécutés, et
dont chacun sera séparé du suivant par QUATRE
SECONDES pour faciliter la circulation dans les muscles
intéressés: CECI EST TRES IMPORTANT — seront
excellents pour rectifier les positions vicieuses précautions fort
simples, dont la pratique, croyons-nous, évitera bien des
malaises. Il est vrai que les choses limpides, souvent si utiles,
sont trop fréquemment celles qu’on dédaigne de faire. Il ne
sera donc pas superflu, pour se décider à consacrer quelques
minutes par jour à ces exercices, de prendre la peine de
réfléchir, à leur importance et de se convaincre fermement
que ce n’est pas là du temps niaisement gaspillé.
Durant des heures d’un labeur assidu, on demeure écrasé sur
un bouquin. Qui ne comprendrait que la poitrine, l’estomac,
l’intestin, le foie, se trouvent comprimés et se congestionnent?
La circulation se ralentit dans ces organes, et les fonctions
perdent de leur activité. La désassimilation est gênée, les
déchets sont expulsés avec moins d’énergie, les boyaux
perdent de leur élasticité. Si, par suite, se produit une
constipation tenace, - ce qui est trop fréquent — l’organisme
s’intoxique peu à peu. On marche vers la dyspepsie, la
gastrite, l’entérite, les affections hépatiques; les poumons eux-
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mêmes risquent d’être atteints, surtout si l’on n’a pas soin
d’aérer amplement son studio.
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aux divers désagréments qu’elle vous ménage non pour la
maudire, mais pour essayer, en pythonisses — disons, pour
être à la page, en apprentis-sorciers
— de pénétrer ce que présagent ces augures : bobos destinés
à vous protéger contre des maux plus grands qui pointent à
l’horizon.
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anomalie de l’oeil :myopie par exemple, ou différence de
puissance entre les deux organes visuels. Se rend-on compte
de la fatigue accumulée par un intellectuel, pour des yeux
anormaux, et, par suite, pour un nerf très important de la tête,
du fait de lectures presque ininterrompues du matin au soir?
Nous avons eu le plaisir de voir disparaître des migraines
anciennes de DIX ANS, chez une demi-douzaine de
personnes qui, à la suite d’une simple remarque de notre part,
s’étaient rendues chez l’oculiste.
Profitons de l’occasion pour noter que des yeux MEME TRES
NORMAUX se fatiguent considérablement chez l’étudiant.
Cette fatigue locale contribue POUR UNE GRANDE PART à
la fatigue générale causée par l’étude. CE POINT CAPITAL
ETAIT PASSE JUSQU’ICI A PEU PRES INAPERÇU. Aussi
n’hésitons-nous pas à recommander au candidat à UN
EXAMEN de faire entrer définitivement les soins de l’oeil dans
sa toilette QUOTIDIENNE. Matin et soir, et après chaque
séance d’étude de plusieurs heures, massez-vous quelques
minutes le tour des paupières, et prenez un bain local (eau
tiède dans une oeillère) pendant une cinquantaine de
secondes pour chaque oeil.
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Orientez votre lit dans la direction nord-sud (tête au nord,
pieds au midi). Sans qu’on ait pu encore déterminer très
exactement le rôle du magnétisme terrestre sur l’organisme,
on admet que se placer suivant les grands courants du globe
(dans le SENS indiqué ci-dessus, et NON dans le sens
INVERSE) favorise le repos. On l’a d’ailleurs constaté
expérimentalement.
• Pour une raison analogue, celui qui travaille debout ou assis
a intérêt, pour l’économie de ses forces, à se fixer le dos au
nord, face au sud. Lit-il ? Il s’arrangera, en outre, de façon que
la lumière lui arrive obliquement du côté gauche.
•Le soir, mangez légèrement restez, comme on dit sur votre
appétit. Vous aurez pris un peu de charbon de Belloc pour
désinfecter le tube digestif, puis un verre d’eau pure qui
rincera vos viscères — nettoyage en petit des écuries
d’Augias — tout en décongestionnant le foie et les reins.
• Faites quelques exercices de gymnastique, notamment des
mouvements de jambes. Vous pouvez, par exemple, pratiquer
la flexion et l’extension des membres inférieurs neuf fois
consécutives, ces mouvements étant exécutés lentement et
avec la plus grande perfection. Vous faciliterez ainsi la
circulation, ferez avorter tout signe congestif et expédierez le
sang vers la périphérie.
• Frictionnez-vous énergiquement la tête, la face et le cou
avec une serviette un peu rude non
mouillée, surtout si vous avez beaucoup peiné
intellectuellement, pour dégager la partie supérieure du corps.
Ce résultat sera renforcé si fous faites ensuite NEUF fois,
dans les deux sens et très lentement, chacun des trois
mouvements suivants
1° Faire basculer la tête de droite à gauche et de gauche à
droite autour d’un axe horizontal dirigé d’avant en arrière
(prendre, en quelque sorte, des airs penchés perfectionnés).
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2° Faire tourner la tête de gauche à droite et de droite à
gauche autour de l’axe vertical du corps (comme si l’on
cherchait à... dévisser sa tête).
3° Faire mouvoir le chef de haut en bas et de bas en haut,
autour d’un axe horizontal parallèle à la ligne des épaules
(salutations à l’orientale, ou, si l’on veut, signes énergiques
d’approbation).
• Effectuez ensuite des soins de bouche (gargarismes,
lavages de dents) et prenez dans le nez une pommade
légèrement antiseptique (vaseline goménolée, par exemple).
Une fois au lit, faites plusieurs mouvements consécutif
d’expiration FORCEE, en visant à chasser absolument toute
trace d’air des recoins les plus exigus des alvéoles
pulmonaires (figurez- vous, par exemple, que vous cherchez à
tirer d’un cornet à pistons une série de sons suraigus, ou que
vous voulez emplir, en soufflant, un ballon d’une capacité
illimitée) ; puis exécutez quelques inspirations INTENSIVES.
Mieux vaut séparer les premiers mouvements des seconds :
vous réussirez ainsi les uns et les autres avec une plus
grande perfection et une fatigue sensiblement moindre.
Cette technique offre le précieux avantage de renforcer
instantanément — et pour toute la durée de la nuit — le
rythme de la respiration, qui tend à plonger dans le sommeil
en ce qu’il constitue un véritable bercement. De plus, elle
accroît la capacité respiratoire et la masse d’air pure utilisée
pendant la nuit, ce qui est encore favorable au sommeil.
On peut se faire ensuite une vingtaine de suggestions en
répétant : « JE SUIS SUR que je vais m’endormir. »(Voir la
deuxième partie, chapitre premier).
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Ces procédés peuvent ne pas donner tout leur effet les
premières fois. A chaque nouvelle application, leur réussite
s’affirmera avec plus d’autorité.
Dans les cas rebelles, on peut, durant une dizaine de minutes,
se masser les épaules (ce qui n’est pas aisé), la poitrine et la
région abdominale, puis placer une main à plat sur l’estomac
ou sur le foie — comme le faisait probablement Napoléon —
et l’y laisser. Elle se comporte comme une source de douce
chaleur et accélère la digestion, ce qui porte au sommeil.
En même temps, vous compterez jusqu’à MILLE de la façon
suivante : UN (et vous fermez les yeux) ; DEUX (vous les
ouvrez) ; TROIS (vous les fermez); QUATRE (vous les
ouvrez), et ainsi de suite, alternativement. La fatigue des
paupières et le rythme de l’opération joueront le rôle d’un
puissant agent hypnotique, du reste absolument inoffensif.
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l’inconvénient du ronflement qui se produit souvent dans cette
position. Cette posture est la seule qui ne comprime aucun
organe. Dormir du côté gauche ? Mauvais:
on gène le coeur. Tenter de reposer franchement du côté droit
n’est guère meilleur : on s’appuie sur le foie. On s’étendra sur
les deux épaules, très légèrement à droite.
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• S’il faut absolument se reposer, il est, par contre,
indispensable à l’étudiant de pallier les inconvénients d’une
existence trop sédentaire par un exercice suffisant.
Il sera utile de faire le matin, au saut du lit, un quart d’heure de
gymnastique, et, si l’on peut, un ou deux mouvements après
chaque heure de travail. De temps à autre, levez-vous de
votre table, redressez bien la tête et faites quelques pas dans
votre studio. Cette activité intermittente rétablit fort à propos
une circulation qui tend à s’engourdir, dégage les organes
comprimés et permet d’éviter les hémorroïdes.
Une bonne promenade à pied — appelez-la séance de «
footing » si vous tenez absolument à rester dans la ligne d’un
certain snobisme sera très salutaire. Sauf contre-indication
médicale, un peu de cyclisme, à allure modérée et en faisant
les montées à pied, sera un excellent délassement. Ne
négligez jamais d’aérer votre salle de travail pendant cinq
minutes toutes les heures.
La méthode de gymnastique naturelle, enseignée par le
commandant Hébert (qui a souvent
remplacé, et plus encore complété la gymnastique suédoise
moins variée et plus fastidieuse), susceptible de s’adapter à
toutes les constitutions et ne poussant pas à la perfide
PERFORMANCE, à la compétition génératrice de surmenage,
mérite d’être connue et employée par les intellectuels
soucieux de maintenir et de renforcer leur santé.
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Autant un exercice pondéré est utile, autant un sport violent
nuit à l’entraînement de l’intellectuel. Tout effort physique
exige une dépense supplémentaire d’énergie. Celle-ci,
nécessairement distraite de celle consacrée à la tâche
principale, aura à être amplement récupérée par une
amélioration du sommeil et des fonctions de nutrition.
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intellectuel. Non seulement l’usage démesuré de ce jeu
contrarie sérieusement les études, mais il conduit à la
bacillose les sujets non spécialement taillés pour les exploits
athlétiques.
Etant élève de l’Ecole Normale, j’eus la fâcheuse inspiration,
durant ma préparation au Brevet Supérieur, d’entrer dans une
équipe de football. J’y fus d’abord un « avant » médiocre. Il est
vrai que par la suite, — et sans me vanter,
— je fis merveille dans le rôle de demi ‘. Je m’arrangeais
toujours pour faire venir à moi le ballon avec mes pieds. Mais l
n’est pas la question. Le fait est que, chaque jour, après
déjeuner, de midi et quart à une heure, — on se hâtait
sottement d’expédier le déjeuner en un quart d’heure pour
pouvoir jouer un peu plus longtemps avant la classe — nous
nous lancions à corps perdu dans une partie extrêmement
disputée où des mêlées endiablées le disputaient à
d’acrobatiques dribblings. Pendant tout le reste de la journée,
je me sentais déprimé, courbaturé, moulu, les jambes lourdes,
et fort mal disposé pour l’étude.
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Il est un point CAPITAL que l’étudiant doit viser avant tout :
acquérir une excellente RES PIRATION Il multipliera ainsi ses
chances de santé. Il accroîtra ses forces par le supplément
d’oxygène qui brûlera mieux ses toxines. Par cette combustion
même, il augmentera sa chaleur animale, DONC SON
ENERGIE. Il galvanisera toutes ses facultés. C’est ce que
savent fort bien les fakirs hindous, — que nous vîmes à
l’oeuvre lors de notre séjour de cinq années dans le Proche-
Orient — et tous ceux qui se sont spécialisés dans la
concentration de
la pensée tels les moines du mont Athos, en Grèce.
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L’hyper-respiration, particulièrement précieuse chez les
sédentaires et les constipés donc chez l’immense majorité des
étudiants, consiste en une notable AMPLIFICATION des
mouvements respiratoires. On sentira tout de suite l’effet
d’une telle exagération, si l’on songe que la capacité moyenne
des poumons d’un adulte est d’environ trois litres, alors qu’une
inspiration normale n’amène qu’un demi-litre d’air dans la
cage thoracique !
Maintes fois recommandés par des hygiénistes, les exercices
respiratoires ont été souvent tentés, mais cela n’a jamais
pris... Pourquoi ?
Eh... mon Dieu! c’est bien simple. Quoi de plus ridicule que de
respirer artificiellement ? L’allure n’y est pas : de quoi a-t-on
l’air ? On se fait l’effet d’un pendu qui va trépasser, d’un
soufflet de forge troué, d’un asthmatique qui suffoque, d’une
carpe qui vient de sortir de son élément. Et l’on a l’impression
de perdre son temps. De surcroît, ces mouvements sont
indiqués comme tout à fait accessoires, se greffant à la diable
sur des exercices de bras. On se résigne donc à les esquisser
comme des actes de gymnastique. A ce titre, on ne tarde pas
à les trouver puérils, et d’un fastidieux ! Enfin, quoi de plus
éreintant que de faire suivre immédiatement une inspiration
très poussée d’une expiration désespérément longue
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inspirations très amples. A la fin de la journée, on se trouvera
avoir effectué, presque sans s’en être aperçu, une soixantaine
de mouvements respiratoires extrêmement efficaces.
Ressentez- vous, au bout de quelques jours, un peu de
fatigue dans les poumons ? Cessez pendant une semaine,
quitte à recommencer ensuite prudemment, et, au début, avec
moins d’intensité.
Vous ne tarderez pas à vous sentir plus alerte, plus léger, plus
jeune, plus vigoureux. Vous aurez envie de chanter, et serez
stupéfait d’en tendre sortir de votre gorge des sons puissants,
prolongés, que vous ne vous seriez jamais cru capable
d’émettre avec cette intensité et cette virtuosité. Vous allez
vous sentir des ailes, éprouver LA JOIE DE VIVRE. Votre
appétit augmentera. Sans manger davantage, votre poids va
s’accroître, faisant mentir le proverbe : « On ne vit pas de l’air
du temps... »
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42
action tonique, en particulier, sur le COEUR. Aussi ne
saurions-nous trop vous recommander, dès la sortie de l’hiver
et dès que la température de la chambre à coucher ou du
cabinet de toilette (à chauffer, s’il le faut, avec un poêle à
pétrole, qui donne à peu près instantanément la température
voulue), approche de 15°, de faire vos ablutions et votre
gymnastique dans le plus simple appareil. Habitez-vous la
campagne .Travaillez ou promenez-vous en manches de
chemise, de façon à profiter le plus possible des bienfaits du
soleil. Encore ne soufflons-nous mot des plages où ces cures
de lumière et de soleil sont si pratiques.
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43
Nous ne citerons que pour mémoire la « grande faucheuse » :
la tuberculose (puisqu’il faut l’appeler par son nom) qui fait
tant de ravages dans l ‘université. N’insistons pas: la société
commence à s’organiser pour dépister la terrible maladie, et
se colleter avec elle. Les étudiants ont leurs sanatoria. Notons
seulement que beaucoup d’entre eux prennent le mal en
négligeant de s’aérer, ou en respirant les poussières de leur
machine à écrire, poussières aussi meurtrières, quoique
invisibles, que les avions porteurs de bombe H. Ici, les
explosifs atomiques sont les bacilles de Koch !
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Plus que quiconque peut-être, l’étudiant est sujet à des
indispositions sérieuses dues au froid
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dont certaines peuvent devenir chroniques. Il devra donc
s’entraîner à faire front au général Hiver, en aérant bien sa
chambre et en dormant la fenêtre ouverte ou entr’ouverte, —
sans être au passage d’un courant d’air — tant que la
température le permet. Chaque matin, il prendra son tub ou
son ablution à la serviette mouillée à l’eau FROIDE, et se
frictionnera avec un gant de crin un peu rude, ou une brosse
londonienne à manche .De temps à autre, il saupoudrera de
saltrate Rodell le linge humide avec lequel il se frotte:
l’oxygène ainsi dégagé débouchera ses pores dix fois mieux
que le savon.
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45
mal connu, qui a souvent produit des accidents par fois
MORTELS, mais au DOLCIN. Ce produit, qui a déjà fait ses
preuves et n’irrite aucun organe, est très efficace dans des
cas invétérés et même désespérés, ce qui ne veut pas dire
dans TOUS les cas. En tout état de cause, le DOLCIN est
toujours inoffensif. Boire encore, pendant la cure, six grands
verres d’eau chaque jour.
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écorchures ou à des infections, formées d’une double lanière
en caoutchouc, elles se signalent par leur pelote, qui se gonfle
avec une petite pompe comme un pneu de bicyclette.
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Pour les prévenir, on usera de l’huile de foie de morue, en
corrigeant son trop considérable apport de vitamines A par du
jus de citron ou d’orange, auquel on ajoutera un peu de
bicarbonate de soude. Plus efficace peut-être est, soit le
STEROGYL 15 français, soit l’OSTOCALCIUM britannique, en
comprimés, qui vaut encore mieux. On se lavera fréquemment
pieds et mains è l’eau saltratée, et l’on aura soin de les
essuyer bien complètement : problème ardu en hiver, à ne pas
sous-estimer. Matin et soir, on massera vigoureusement les
ARTICULATIONS des membres supérieurs et inférieurs. On
veillera à ce que les bas soient très secs et BIEN AERES.
Pour faciliter la réalisation de cette double condition, on
changera de chaussettes chaque fois qu’on sort, et en
rentrant. On se frottera les mains avec de l’huile d’olive, — ou,
à défaut, avec de la vaseline pure — et on ne sortira jamais
sans gants.
*
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48
*
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49
DEUXIEME PARTIE
L’ENTRAINEMENT MENTAL
50
CHAPITRE PREMIER
Développement de la volonté
51
était venu échouer dans notre classe d’Elémentaires. Il avait
plusieurs fois affronté en vain les épreuves de la deuxième
partie du Baccalauréat. Nous eûmes une peine inouïe à
obtenir de lui des réponses autres que des monosyllabes.
Tout de même, à force de le cuisiner, nous finîmes par voir
clair, et fûmes surpris de la somme de connaissances qu’il
possédait réellement: elles étaient en lui, mais n’en sortaient
jamais.
Lui posait-on une question? Il avait immédiatement
l’impression qu’il savait. L’ensemble de la réponse se
présentait à son esprit, et il se bornait, en une sténographie
orale, à la résumer en un quart de phrase, comme à regret.
Les devoirs étaient compris; mais la rédaction en était très
abrégée, et la tenue matérielle absolument négligée.
« D’après votre culture, lui fîmes-nous observer, vous devez
réussir. Vous ne manquez que de confiance en vous. Devant
l’examinateur, pensez avec netteté à l’explication à fournir,
puis donnez-la résolument, complètement, d’une voix forte,
assurée, en articulant bien les syllabes, en exprimant
clairement votre pensée, en parlant le plus que vous pourrez,
en prenant physiquement le plus de peine possible. Dans vos
copies, exprimez vos idées A FOND, faites des
démonstrations parachevées. Que votre écriture soit lisible,
bien formée; exécutez soigneusement, à la règle et au
compas, des figures géométriques de grandes dimensions,
avec des lettres absolument calligraphiées, et bien en vue. Si
vous suivez scrupuleusement ces directives, nous vous
garantissons le succès. » Nous fûmes assez heureux pour lui
inspirer confiance. II observa docilement nos conseils, et, à la
fin du troisième trimestre, se vit conférer le grade de bachelier.
*
**
52
Etes-vous décidé à entreprendre le développement de votre
personnalité, en vue de REUSSIR A TOUS VOS EXAMENS ?
Alors astreignez-vous à accomplir avec un soin méticuleux les
actes même les plus ordinaires de l’existence.
53
1a volonté augmente, et, chose curieuse, il en est de même
de l’intelligence On pige plus vite, les idées éclosent en plus
grand nombre, l’imagination s’enrichit et la mémoire s’accroît à
un degré insoupçonné.
Un essai d’une huitaine de jours suffit à donner des résultats
parfaitement tangibles.
**
54
Or, cette subconscience est très impressionnable. Si nous
voulons fortement une chose, elle agit énergiquement sur
1’organisme pour l’adapter à l’accomplissement de notre
volonté Croyons-nous que nous sommes, ou allons être
malade? Elle enlève aux cellules leur faculté de résistance.
Ceci explique le redoutable danger des épidémies que de cas,
consécutifs à la peur d’être atteint, ne se déclareraient pas si
le sujet était persuadé qu’il est invulnérable ! Pourquoi les
médecins soignant des maladies contagieuses résistent-ils si
bien? Est-ce seulement à cause des soins dont ils
s’entourent? Ce n’est pas sûr : les précautions les plus
minutieuses sont trop souvent impuissantes à empêcher
l’invasion, déclarée ou larvée, de notre corps par l’ennemi
subtil, microbe ou virus filtrant. Ne serait-ce pas aussi, peut-
être, parce qu’ils sont convaincus qu’ils ne contracteront, pas
le mal ?
Quelles conséquences allez-vous tirer de là, candidats? Que,
pour REUSSIR, il faut d’abord
CROIRE que vous réussirez.
*
**
55
Un sujet suggestionné boit, avec toutes les marques d’une
exquise délectation, un verre à liqueur d’huile de ricin qu’il
prend pour du madère.
On vient de vous placer un vésicatoire sur le bras , suggère-t-
on à un autre. Immédiatement, l’endroit désigné rougit
violemment. Le subconscient a été impressionné et a
commandé à l’organisme de se comporter comme si le révulsif
avait été réellement appliqué.
Il serait tout à fait erroné de croire qu’une suggestion ne
puisse être efficace que pendant le
sommeil hypnotique, dans l’état d’ « hypnose », comme on dit
en langage médical. Chaque fois que nous cherchons à
persuader quelqu’un, nous visons à lui imposer des
suggestions, d’une manière plus ou moins consciente. C’est
par suggestion que le maître agit sur ses élèves, l’orateur ou
le prédicateur sur les foules.
Celui qui, après réflexion, s’est fixé un but, et, chaque jour, se
dit avec force : « Je VEUX réussir et je réussirai », se fait des
autosuggestions. II développe en lui une force croissante, une
résistance de plus en plus marquée aux obstacles
susceptibles de se dresser sous ses pas.
Toutefois, il existe au point de vue des résultats, une
différence considérable entre une autosuggestion « grosso
modo » telle que la précédente et une autosuggestion
effectuée suivant une technique consommée. Celle-ci,
s’imprimant dans le cerveau d’une façon presque ineffaçable,
56
va vous permettre d’accroître en un temps éclair toutes vos
facultés et de corriger de graves défauts.
Aussi n’hésitons-nous pas à recommander l’autosuggestion
sous cette forme, que nous appellerons la forme A. S’abstenir
de l’emploi de cette méthode (du reste absolument
inoffensive), ainsi que les formes B et C, que nous verrons un
peu plus loin) serait, croyons-nous, se priver sciemment d’un
précieux moyen de perfectionnement et d’un merveilleux
auxiliaire DANS LA PREPARATION D’UN CONCOURS.
57
entraînement qu’on peut réussir à se libérer de toute idée
préalable.
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58
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59
menus Marengo à remporter. Faites d’une pierre deux coups
en dirigeant votre choix de manière que ces victoires soient
directement utiles. Avez-vous horreur des douches, qui
cependant raffermissent votre santé en facilitant votre travail
intellectuel ? Obligez-vous à en prendre de temps à autre.
L’étude de l’anglais vous.., rase? Consacrez-y un quart
d’heure de plus chaque jour!
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60
Une excellente manière, pour l’élève, d’utiliser avec fruit les
réflexions qui précèdent, consiste à faire spontanément, sur
ses ouvrages, des exercices, en s’imposant de traiter d’abord
les plus faciles, au lieu de les laisser dédaigneusement de
côté.
*
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61
Le premier a souvent des trous dans sa mécanique à
souvenirs. Au contraire, le subconscient est doué d’une
mémoire PRODIGIEUSE, qui enregistre automatiquement,
sans que nous nous en rendions compte, les moindres actes
de notre vie. Que de fois ne vous est-il arrivé, le soir, de
chercher en vain un nom dans votre tête, puis de le trouver
spontanément — croyez- vous... — le lendemain, au saut du
lit! Votre subconscient a TRAVAILLE pendant que vous
DORMIEZ.
D’autre part, le subconscient présente cette curieuse
particularité d’être extrêmement crédule, d’accepter comme
parole d’évangile tout ce qu’on lui dit. Or, cet étrange gobeur a
la haute main sur le fonctionnement de notre corps, par
l’intermédiaire du système nerveux. Et, comme nous l’avons
déjà insinué plus haut, il se produit ce fait incroyable : si le
subconscient se figure que tel organe fonctionne bien, il
fonctionne bien; s’il s’imagine que nous ressentons une
impression déterminée, cette impression est ressentie.
62
veiller sur une personne chère, même ayant nous-même 40
degrés de fièvre... Eh bien! notre imagination surclasse notre
volonté. Dans tous les cas où ces deux puissances se
trouvent en conflit, C’EST L’IMAGINATION QUI L’EMPORTE !
Placez dans une vaste cour une planche de trente mètres de
long sur vingt centimètres de large. Etes-vous capable de
réussir à parcourir ces trois cents décimètres sur cette
planche ?
— Cette question ! allez-vous laisser tomber en haussant les
épaules. — Bon. Placez maintenant la planche sur les toits de
deux maisons se faisant face, de chaque côté d’une rue, donc
à vingt- cinq mètres au-dessus du sol. Nous vous défions
d’avancer seulement d’UN METRE. Et si, par malheur, vous
vous hasardiez à le faire, vous seriez INFAILLIBLEMENT
PRECIPITE DANS L’ESPACE, MALGRE TOUTE VOTRE
VOLONTE !
Pourquoi cela ? Les positions relatives de l’ais et de vous-
même ont-elles changé. En aucune façon. Dans les deux cas,
elles sont rigoureusement identiques. Sur les gouttières, la
largeur de votre route en bois n’a pas diminué d’un micron, et
votre pied ne s’est nullement élargi. Mais, dans ce dernier cas,
l’IMAGINATION est intervenue. Vous voyez flamboyer devant
vos yeux un effroyable danger. Au moindre faux pas, pensez-
vous, je me brise le crâne sur le pavé !
Dans votre esprit se forme, avec une instantanéité et une
intensité inouïes, l’IMAGE de votre pauvre carcasse perdant
l’équilibre et s’abîmant dans le vide...
C’est le phénomène du VERTIGE. L’IMAGE de votre chute
S’IMPOSE A VOUS. Et, automatiquement, cette image
DEVIENT ACTE.
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63
Coué recommande de se faire matin et soir des suggestions à
haute voix, au nombre d’une vingtaine en s’écoutant parler,
mais sans effort de volition. On essaiera de croire que la
suggestion va être efficace. Ce tout petit effort qui consiste en
un acte de foi améliore la suggestion, mais n’est pas
indispensable.
A quelqu’un qui n’a pas de but nettement circonscrit, tout en
souhaitant se perfectionner en tout, Coué demande de répéter
la phrase suivante, demeurée fameuse : « De jour en jour, à
tous, points de vue, je vais de mieux en mieux. » Le candidat
à un examen y ajoutera : « DE
JOUR EN JOUR, LA PREPARATIONDE DE MON EXAMEN
S’AMELIORE. »
64
cette.., gourde autre fois bien moins « forte » que moi,
nommée à un poste d’élite.., gagnant un argent fou...
Je suis jaloux... je me sens furieux... Je bondis sur ma chaise,
et, les sourcils froncés, la tête dans les mains, enfonce le nez
dans mon bouquin. Me voilà, potassant d’arrache-pied, et les
résultats sont excellents...
Ici, la volonté s’est avérée impuissante. L’imagination est
intervenue efficacement, certes, mais pas seule. Elle a été
accompagnée d’ETATS AFFECTIFS, D’EMOTIONS
SOUDAINES ET VIOLENTES.
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65
S’agit-il, pour moi, de préparer un concours? Je vois
nettement, par la pensée, la situation magnifique qui suivra le
succès : émoluments supérieurs, possibilité d’améliorer le
bien-être de ma famille, de pouvoir disposer d’un logement
mieux aéré, plus spacieux et plus élégant, d’aller de temps en
temps applaudir quelque vedette, agrément de me sentir
beaucoup plus considéré.
A l’instar de Perrette avant l’accident, j’imagine la joie de mon
père, de tous mes parents et amis, la pointe de jalousie, dont
la perspective n’est pas sans saveur, de mon entourage, et,
en particulier des bons copains, des charmants collègues,
sans compter la satisfaction d’avoir triomphé d’une grosse
difficulté. J’évoque le souvenir de camarades qui ont remporté
des succès analogues, pour me convaincre que le but n’a rien
d’inaccessible, et que je suis capable de l’atteindre.
De peur de faiblir, je vais même jusqu’à annoncer à de
nombreuses relations que je pioche CET EXAMEN, de façon
à engager en quelque sorte mon honneur. Me voilà
maintenant obligé de réussir, pour m’éviter la profonde
humiliation, la HONTE d’avouer un échec. Me voilà, à plus
forte raison, forcé de ne pas lâcher prise avant de m’être au
moins présenté, sous peine de passer partout pour un
« dégonflé » ...
…Et tout cela m’aide puissamment.
*
**
66
élément AFFECTIF. La force de la suggestion sera due à
l’imagination jointe à une manifestation de SENSIBILITE.
Ainsi, au lieu de marmotter : JE VEUX réussir à apprendre
l’anglais » (forme A), ou JE SUIS SUR de réussir à apprendre
l’anglais (forme B), je m’écrierai (du moins in petto...), avec
fougue, avec élan, avec enthousiasme, en évoquant devant
mes yeux l’image de Shakespeare, de Milton ou de Kipling
s’identifiant avec moi : « Je suis sûr de réussir à apprendre
l’anglais, CAR C’EST UNE ETUDE PASSIONNANTE! ! »
(forme C).
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CHAPITRE II
L’ordre et la méthode
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68
Il n’est pas malaisé de démontrer que, sans un réglage
minutieux, rien n’irait plus dans la nature. Sans une mise au
point parfaite dans les évolutions célestes, planètes, étoiles,
galaxies ne finiraient-elles pas par se jeter les unes sur les
autres ? Ce serait le chaos. Quand le chahut règne dans une
classe, le professeur est « coulé » , et l’on sait ce que cela
veut dire.
Supposons un instant qu’il n’y ait pas une organisation stricte,
une discipline sévère dans une équipe de football. Admettons
que le joueur, — même bon ayant son plan propre, — ou pas
de plan du tout, mais en revanche de la fatuité à revendre
s’avise d’agir sur le mode individuel au lieu de jouer un jeu
d’équipe la partie est perdue d’avance pour le team.
Le commerçant qui négligerait de surveiller quotidiennement
ses comptes ferait des affaires désastreuses. Il en arriverait
vite à ne plus connaître à tout instant du mois, de la semaine,
de la journée, le montant des sommes dont il peut disposer,
s’engagerait à l’aveuglette, et cour rait à la ruine.
Nous savons tous qu’un champion doit s’entraîner. Sa
propagande fait assez de bruit pour cela. Il traîne avec lui tout
un état-major manager, soigneur, masseur, orthopédiste,
médecin, etc. Cela implique une vie minutée avec un art
consommé.
Dans sa maison, la femme brouillonne se lèvera avant le jour
(à supposer qu’elle ne soit pas paresseuse), se couchera à
minuit, et clamera à tous les échos qu’elle n’arrive pas à venir
è bout de sa tâche quotidienne. Vingt fois entre le lever et le
coucher du soleil, elle perdra cinq minutes à la recherche de
tel ou tel objet aiguille, beurre...
Il en est tout autrement de celle qui a une place pour chaque
chose et met chaque chose à sa place. Les yeux clos, elle n’a
qu’à avancer la main, et la voilà servie...
69
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70
tous les rapports de l’Elève et de l’Administration, journal
étalant chaque fait dans un ordre chronologique parfait, notant
les indications relatives aux tâches données, avec références
à tels ou tels documents. Il contient encore des appréciations
sur le niveau de l’étudiant, ses aptitudes, ses points forts ou
faibles, ses projets d’avenir, etc. Bref, un véritable fichier
confidentiel de Deuxième Bureau...
*
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71
s’énerver pour le dénicher, ni de le croire égaré. Il le trouvera
d’emblée.
Prendre l’habitude d’avoir de l’ordre dans le moindre de ses
actes est une discipline qui influera sensiblement, à la longue,
sur la vigueur des facultés, et en particulier — ce qui nous
intéresse ici au premier chef — sur les aptitudes
intellectuelles. Avant tout, on aura de l’ordre sur soi, même si
l’on n’est pas naturellement coquet : vêtements boutonnés,
cheveux bien peignés, chaussures et couvre-chef — si,
comme Maurice Chevalier, on en a un — d’une propreté
impeccable, cravate tombant tout à fait d’aplomb, ce qui n’est
pas toujours aisé les, dames sont heureuses de pouvoir
éluder ce problème ! Garder tout le jour dans une position
irréprochable son noeud, sa régate ou sa La Vallière est déjà
un signe révélateur de l’homme ordonné...
Apercevez-vous une tache à votre veste? Vite, la brosse, avec
trois gouttes de benzine... Faites- vous un accroc à votre
pantalon? Sachez le réparer, et, tambour battant, allez-y de
votre petit ourlet. Détectez-vous un bouton branlant?
Recousez-le, sans attendre qu’il se détache inopinément,
peut-être en société, ce qui, suivant la place qu’il occupe, peut
être catastrophique. Et surtout, en hiver, quand vous êtes
enrhumé, n’oubliez pas votre mouchoir!
*
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72
récupérer, tout se passera comme s’il avait pris la poudre
d’escampette. Vous serez incapable de le retrouver, victime
d’une curieuse mais implacable loi de la mémoire sur laquelle
nous nous appesantirons davantage au prochain chapitre
souvenir d’un fait est proportionnelle à son ancienneté: on
oublie d’autant PLUS VITE un événement qu’il est PLUS
RECENT.
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74
dans la manipulation éclairée des chiffres et des lettres, est
René Descartes, l’auteur du Discours de la Méthode, que
nous vous demandons instamment de lire, de relire et de
méditer constamment, comme un livre de chevet.
*
**
75
des lettres calligraphiées, en mettant bien en relief les
POINTS, et surtout les points de CONTACT d’une droite
tangente à une courbe, ou de deux courbes. Veillez à ce
chaque dessin ne comporte pas trop de lignes.
Faites très attention à ce qu’on demande de prouver. Vous
avez le droit de démontrer une propriété plus générale que
celle faisant l’objet du problème; vous n’avez pas celui de
vous en tenir à établir une proposition plus particulière.
76
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77
CHAPITRE III
Le développement de l’attention
et de la mémoire
*
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78
Nous connaissons deux formes d’attention : l’attention
SPONTANEE et l’attention VOLON
TAIRE. Celle-ci est pénible, parfois douloureuse, exigeant une
grande consommation d’énergie.
Aussi est-il en général préférable de viser à exciter, à
développer l’attention spontanée.
De même que la mémoire, l’attention spontanée peut être
fixée principalement de deux façons : par I’INTENSITE de
l’image, et par la REPETITION des images. Je retiendrai le
parfum d’une fleur, si ce parfum est violent, après l’avoir
respiré une seule fois; dans le cas contraire, j’y réussirai en le
humant à plusieurs reprises.
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79
Nous pouvons donc affirmer que la répétition est, en définitive,
nettement plus efficace que l’intensité de l’impression, et offre
l’avantage inexprimable d’exiger un effort beaucoup plus
faible. Cependant, il est utile de s’exercer à accroître l’intensité
d’impression.
Cette intensité sera portée à son maximum s’il s’y mêle des
états affectifs, tant il est vrai que l’homme ici-bas, est
manœuvré comme un robot , ainsi que nous l’avons fait
ressortir lors de l’étude de l’autosuggestion sous la forme C,
par des mobiles relevant de la sensibilité : plaisir, ambition,
peur... Il faut donc s’ingénier à faire surgir ou à amplifier des
états affectifs pour augmenter la force de l’impression. Il
convient également de voir CONCRET dans le grand détail, le
plus possible.
*
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80
entendu; le MOTEUR se gravera dans l’esprit les syllabes qu’il
a prononcées; le TACTILE n’oubliera pas les caractères
extérieurs des objets qu’il a touchés. Nous avons raison
d’utiliser surtout le sens qui prédomine en nous. Ce n’est, du
reste, pas sans intention que nous disons « surtout » , et non
exclusivement . A vrai dire, le moteur, par exemple, qui se
flatte de retenir une page, ne fera pas mal, tout en la lisant à
haute voix, de s’écouter, afin, de profiter aussi, quoique plus
accessoirement, du sens auditif.
81
3° Un peu plus tard, chercher à pénétrer d’un seul coup le plus
de détails possible d’un ensemble. Entrer dans une cuisine,
plonger un regard à l’intérieur, sortir, et établir le décompte de
tout ce qui a été omis. Faire ainsi plusieurs expériences
consécutives.
Procéder de même dans la rue. Fixer son attention sur la
vitrine des magasins en commençant par les objets les plus
simples et, parmi ceux-ci, choisir ceux qui nous intéressent
naturellement. Le soir, se remémorer tout ce qu’on a vu dans
la journée. Les premiers jours, on ne se souvient à peu près
de rien. Un entraînement de quelques semaines suscite des
progrès considérables.
Inutile d’appuyer sur l’intérêt de ces exercices notamment
pour les personnes qui se destinent, soit à la carrière de
détective, soit à toute autre profession exigeant des enquêtes
(inspecteurs etc.).
*
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82
bien plus de services si vous avez acquis une grande
puissance d’attention auditive, tant pour le vocabulaire que
pour la prononciation, toujours si difficile à saisir.
Nous ne saurions trop appuyer sur ce point: chaque fois qu’on
façonne la faculté auditive, on est sûr de cu1tiver efficacement
l’attention.
Qui ne connaît l’ouïe surprenante des Indiens, dont l’oreille,
collée au sol, détecte des bruits extrêmement légers et
lointains ? Celle des aveugles, susceptibles, d’après le son de
leur voix, de reconnaître, comme par radar, qu’ils passent
devant un objet, et de discerner si cet objet est immobile ou
non ? Pour perfectionner le sens de l’ouïe, vous allez vous
exercer à capter les sons les plus minimes. La nuit, vous
analyserez les bruits se produisant dans les appartements
contigus au vôtre. Dans la rue, vous vous évertuerez à
pénétrer le sens des propos échangés par les passants.
83
Ingéniez-vous à déceler les différences de timbre dans les
voix, à analyser les mouvements de tel individu. Le rythme
d’un pas, mieux que le bruit, suffit parfois à caractériser une
personne. Exercez-vous, le soir, à vous rappeler tout ce qu’on
vous a dit dans la journée.
Vous arriverez vite, par une pratique régulière et progressive
des exercices décrits ci-dessus, à accroître votre faculté
d’ATTENTION d’une façon insoupçonnée.
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84
Nous avons connu un vieux soldat du Second Empire qui avait
fait la campagne d’Italie. Il nous contait avec force détails la
bataille de Solferino. Il revoyait tout : la date, 24 juin 1859; la
marche ascendante et interminable sous un soleil de plomb; la
soif dévorante des soldats, les encouragements des officiers ;
les puits enfin aperçus vers lesquels on se ruait; la déception
en constatant que l’ennemi les avait empoisonnés en y jetant
ses cadavres; l’arrivée de l’Empereur Napoléon III, avec sa
barbiche fichée dans une face pâle et souffreteuse; le
canonnier démolissant, à son deuxième coup, le clocher de
Solferino où perchait la batterie autrichienne la plus
meurtrière; l’assaut irrésistible suivant immédiatement cet
exploit; la VICTOIRE! le monarque arrachant la croix de la
Légion d’Honneur de sa poitrine pour l’épingler sur la tunique
de l’artilleur...
Oui, le vieux grognard se souvenait de tout cela; mais il
oubliait qu’il nous l’avait déjà conté la veille !
*
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85
ANS, nous entrions quatre fois par jour dans la loge pour y
prendre notre courrier.
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86
Voici un dernier exemple, frappant et vécu, du secours
apporté par l’ « intérêt» la mémoire. Un jour, en plein cours de
Psychologie, notre Directeur d’Ecole Normale s’interrompt
brusquement. Ahurissement sur tous les bancs... Après avoir
fait lentement quelques pas, dans un silence impressionnant,
il s’arrête. « Ecoutez bien ceci », chuchote-t-il lentement. Et il
lit
87
La première copie émane d’un élève qui a la mémoire des
nombres et des localités. Naturellement... Emile Ston, le fort
en dates.., le premier en histoire et en géographie ! A la fin, il
comprend en dépit du bon sens, embrouille tout : les
questions de tenue le laissent froid. Il est, en effet,
passablement espiègle, et donne du fil è retordre au
surveillant.
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88
Pour toutes formules, énoncés de théorèmes à retenir,
définitions, lois, on aura de petits carnets, que l’on reverra en
un clin d’oeil chaque matin.
Certaines firmes spécialisées : celle d’Aubanel, à Avignon, la
Technique de la Mémoire à Neuilly-sur-Seine, l’Institut
Pelman, etc., préconisent des moyens variés pour développer
la mémoire et fixer les connaissances.
D’une façon générale, si, voulant retrouver un mot qui vous
échappe, vous ne réussissez pas tout de suite à le rattraper,
ne tentez plus le moindre effort pour essayer. N’insistez pas :
ce serait en vain. Vous ne feriez que déranger le mécanisme
de votre inconscient, qui est votre meilleur détecteur. N’y
pensez plus; au moment le plus inattendu, le vocable vous
reviendra.
*
**
*
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89
Le terme est-il concret ? Représentez-vous l’image
correspondante. Par exemple, pour un parallélépipède
oblique, en même temps que vous photographiez, en quelque
sorte, le mot écrit sur votre rétine, notez qu’il a SEPT syllabes.
Puis représentez-vous une boite en carton légèrement
écrasée par une compression. Après, si vous faites revivre
devant vous la silhouette de cette boite, l’appellation suivra
instantanément, grâce à ce qu’on nomme en psychologie « l’
association par contiguïté ».
Le vocable, au contraire, est—il abstrait ? Accolez-lui quelque
chose de frappant, de baroque au besoin. Ainsi, voulez-vous
retenir le mot barbare : sophisme ? En même temps que vous
épelez attentivement ce terme, évoquez un sophisme bref et
suggestif, tel que :
TOUT CE QUI BRILLE N’EST PAS OR; OR L’OR BRILLE;
DONC L’OR N’EST PAS OR.
*
**
90
*
**
*
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91
Mettez-vous alors à la place, non du héros, de l’héroïne ou du
traître de mélodrame, mais de l’auteur lui-même, en vous
demandant si, auteur de cette oeuvre, vous en auriez conduit
le développement comme lui; si vous n’auriez pas préféré
donner un dénouement moins mélancolique, moins pessimiste
(comme, par exemple, dans Jack d’Alphonse Daudet), ou, au
contraire, moins triomphant. Ceci, pour effacer toute
apparence de « fabrication littéraire », avec les « ficelles »
usées laissant transparaître la carcasse du feu d’artifice,
conclusion arrangée pour la joie de la lectrice : inclination de
deux jouvenceaux contrariée par un indésirable qui, comme
par hasard, en fait, par l’intervention de la Providence spéciale
que l’on devine — fait place nette vers la fin, etc.
Et tout cela aide à retenir l’essentiel.
*
**
*
**
92
Le carré de l’hypoténuse
Est égal, si je ne m’abuse,
A la somme des deux carrés
Construits sur les autres côtés.
Voile-toi la face, ô Pégase... Il n’en est pas moins vrai que le
sujet le moins doué dans la science d’Euclide ne pourra plus
ignorer cette propriété. A plus forte raison si, s’inspirant
d’Euterpe, il y joint un talent de baryton pour entonner le
quatrain ci-dessus sur l’air de :
« Il était un petit navire... »
*
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93
On obtient de la sorte les TRENTE premières décimales de ce
nombre qui, comme on sait, est
irrationnel, ce qui signifie qu’il a un nombre INFINI de
décimales.
*
**
*
**
94
Dans l’ancienne logique, les règles du SYLLOGISME étaient
formulées dans HUIT vers d’une élégante clarté. Quatre vers
formés de mots artificiels résumaient les DIX-NEUF modes
concluants du syllogisme.
La versification française a fourni aussi des moyens
mnémotechniques. La rime et le rythme aident à retenir les
connaissances enfermées dans des vers parfois acceptables,
— du moins en égard à la notoriété de leur auteur, — mais
trop souvent peut-être pires par eux-mêmes que le sonnet
d’Oronte dans le Misanthrope de Molière...
C’est ainsi que l’auteur de l’Art poétique énonce la règle DES
TROIS UNITES pour le théâtre
Q u’en un lieu, qu’en un jour, un seul fait accompli
Tienne jusqu’à la fin le théâtre rempli.
95
Nous nous permettrons d’ailleurs de douter que l’auteur des
deux vers suivants, concernant l’anatomie humaine :
*
**
96
CHAPITRE IV
Il se peut que vous n’ayez pas d’idées. Allez- vous, alors, vous
contenter de traiter une multitude de problèmes, puis d’en
apprendre par coeur les solutions, de façon à accroître vos
chances de « tomber » sur un genre déjà étudié ? Comptez-
97
vous ramener toute dissertation à une question de cours, et
bâtir un devoir qui sera une leçon plus ou moins déguisée ?
Allez-vous la larder de citations de divers maîtres, sans qu’on
y trouve la trace d’une production personnelle ? Evidemment
non.
Si vous n’avez pas de vues originales, allez- vous renoncer à
en acquérir ? Pas le moins du monde.
*
**
98
cette idée soit le résultat d’une association par contiguïté ou
par ressemblance. Elle se trouve souvent être excellente.
Vous jureriez qu’il y a là un fait providentiel, l’intervention
d’une influence extraordinaire, d’un être invisible, — ange
gardien si l’on veut — intervenu dans le but de vous épauler,
de vous INSPIRER.
Ne laissez jamais se perdre une telle idée, si elle a tant soit
peu de valeur. Ne se rapporterait-elle pas directement au but
que vous poursuivez,— EN L’ESPECE, VOTRE EXAMEN! —
accordez-y toute votre attention. Rendez-la nette,
CONCRETE dans votre esprit. Transcrivez SEANCE
TENANTE sur un carnet de poche spécialement réservé à cet
effet, même la nuit !
**
C’est tout à fait par hasard qu’un jour, - il avait alors dix-neuf
ans, celui qui devait devenir le plus illustre disciple de
Copernic laissa errer ses regards, dans la cathédrale de Pise
(la ville de la Tour penchée), sur une grosse suspension en
99
mouvement sous une voûte. Immédiatement une idée
éblouissante se fait jour en lui : qui sait si les oscillations de ce
système ne seraient pas ISOCHRONES, c’est-à-dire ne
s’effectueraient pas en des temps EGAUX, qu’elles soient très
amples ou très petites ?
*
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100
**
*
**
101
dans la tenue académique que l’on devine, son « Eurêka »
aux lèvres...
Quelques jours plus tard, notre praticien présentait à l’Institut
un tout petit appareil, appelé à bouleverser le diagnostic de
toutes les maladies du coeur et des voies respiratoires. Cet
appareil était le STETHOSCOPE, et cet original était le grand
LAENNEC !
*
**
*
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102
proliférer. Et, ce qui vaut encore mieux, les nouvelles
s’avèrent de plus en plus piquantes, de plus en plus originales
et pleines d’intérêt. Si, en particulier, vous visez un but bien
arrêté, et n’en visez-vous pas un de taille: VOTRE EXAMEN?
— elles se presseront en foule dans votre esprit à n’importe
quel instant, fréquemment au milieu de la nuit, à l’état de veille
ou en plein rêve, parfois au réveil.
En prenant la précaution sus-indiquée, vous assisterez, à
votre vive satisfaction, à des progrès sérieux de votre
intelligence, sous les formes suivantes : MEMOIRE,
IMAGINATION, ORIGI NALITE, ESPRIT D’INITIATIVE, et,
par-dessus tout. FACULTE DE DECOUVERTE.
*
**
En attendant que tout cela soit tiré au clair,— ce qui n’est sans
doute pas pour demain, il semble hors de doute qu’il y ait là un
travail invisible de l’INCONSCIENT, ce sphinx qui siège en
nous, et dont nous avons déjà souligné l’importance au
chapitre premier de cette deuxième partie. N’est-il pas, cet
Inconscient, une autre personnalité dans notre ombre, et, en
103
quel que manière, une seconde édition de nous-même, à
moins qu’il ne soit lui-même la véritable édition princeps ?
N’est-ce point, comme nous allons le voir ci-dessous, TOUT
UN MONDE, infiniment plus vaste que celui qui nous entoure
? Monde — si l’on sait le réveiller, car normalement il est
assoupi — susceptible d’exercer sur nous une action
autrement puissante que celle émanant des vivants de notre
boule verte ?
Oui, si nous savons nous y prendre, nous serons surtout
conduits par les morts...
104
appartiennent à la génération précédente; chacun d’eux en
deux; ceux-ci vivaient au temps de la pénultième, ayant
chacun, eux-mêmes, un père et une mère faisant partie de
l’antépénultième génération. Or, lancerez-vous en vous
rengorgeant, nous ne sommes pas tombé de la dernière pluie,
Nous avons fait nos études, PUISQUE NOUS PREPARONS
UN EXAMEN, et n’ignorons rien des secrets des progressions
géométriques et des logarithmes. Trouver le nombre total N
de nos ancêtres? vous écrierez - vous avec emphase. Rien de
plus simple : il est égal à 2 élevé à la puissance 20.000. Le
logarithme de Briggs de 2 étant 0,30103, celui de N sera égal
à 0,30103 x 20.000, c’est-à-dire à environ 6.020,6. La partie
entière de ce nombre étant 6020, le nombre N aura 6020 + 1
chiffres, c’est-à-dire environ SIX MILLE CHIFFRES.
105
de là, le volume des générations n’augmente plus, tant joue à
plein ce régulateur la loi implacable de la sélection naturelle,
populations entières décimées par le virus filtrant, le microbe,
le froid, la faim, la guerre.
106
terre du passé? Le Déluge fut évidemment la manifestation
d’un accident terriblement destructeur. Il en est de même
pendant les dernières époques GLACIERES. N’a-t-on pas, par
ailleurs, trouvé récemment des fossiles d’animaux pétrifiés
dans des positions anormales, ayant encore dans la bouche
de l’herbe qu’ils étaient en train de brouter ? N’ont-ils pas été
foudroyés par une catastrophe instantanée, peut- être le choc
d’un astre contre notre planète ?
*
**
107
pensée, d’une importance considérable au point de vue des
résultats. Ce processus est plus lent que le labeur intensif
conscient, mais par là même plus fructueux. L’idée, lentement
distillée, se digère sans effort et peu à peu, on aboutit une
assimilation parfaite.
Le résultat d’une réflexion consciente, trop souvent intense et
fiévreuse, — surtout au cours de la préparation D’UN
EXAMEN — fait songer à ces fruits précoces, hâtivement
mûris en serre, sans le moindre arôme. (Ne dit-on pas que
faire du « bachotage », c’est « chauffer le candidat ? » Par
contre, une idée se faisant jour à I’improviste après un long
travail inconscient, est comparable à une mignonne fraise des
bois, arrivée tard à maturité, mais d’une saveur et d’un parfum
délicieux.
Le procédé recommandé ici relativement à la culture de ces
idées venues « d’en haut » , qui vous inspirent, constitue un
moyen éducatif de premier ordre, d’autant plus intéressant
qu’il n’exige AUCUN EFFORT. On n’à qu’à prendre la peine
de ramasser une pensée providentielle, comme on cueillerait
une pervenche... Il y a là un effet d’imprévu, de capricieux
hasard, quelque chose de capiteux qui grise, émerveille et
rend cette pratique passionnante.
Toutefois, ayons soin de ne conserver que les concepts
vraiment utiles. Expulsons impitoyablement les autres. Ceux-ci
seraient un fléau pour l’éducation, de même que les branches
divagantes d’un arbre constituent un défi à l’esthétique du
verger, comme les mauvaises herbes d’un champ ont pour
effet d’empoisonner la moisson.
*
**
108
un malade, sans avoir pu accoler un nom à l’affection qui
cloue son client au lit ? Qu’il se rassure : il sera bientôt, et de
plus en plus, assailli d’idées fécondes qui lui permettront de
maîtriser son diagnostic, au point de le rendre à peu près
INFAILLIBLE.
*
**
109
record, avec élégance, netteté et précision, ce qui lui
permettra d’avoir produit un travail solide, cohérent, équilibré,
au moment de remettre sa copie.
110
111
CHAPITRE V
Le bon sens
112
indulgence envers ces ignares et aimables esprits terre à
terre, ces automates, ces robots, incapables de s’élever jus
qu’à comprendre son labeur, et se garde bien de suivre leurs
avis.
Qui, au fond, est l’automate ? Qui est le robot? Lui-même...
Machine à penser, il s’avère incapable de la plus
indispensable des mises au point. Est-il vraiment, en dépit de
sa haute culture, un être supérieur ?
*
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113
déterminé de mouvements de gymnastique durant une
vingtaine de minutes?
*
**
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114
veule et stupide, avait une méthode stratégique très simple .et
d’autant plus ingénieuse : il construisait son plan d’attaque
après s’être mis, par la pensée, à la place de l’ennemi, ce qui
lui permit, tant que son système ne fut pas éventé, de le
dérouter
à coup sûr. Bismarck, l’un des plus redoutables diplomates de
son temps, attrapait les négociateurs les plus retors en disant
purement et simplement la vérité. Jouant cartes sur table, il
démontait les plus subtiles machinations de ses adversaires,
qui se seraient bien gardés de croire un mot de ce qu’il
avançait...
A la Bourse, l’idée de vendre une valeur qui a monté de 10 à
15 pour cent viendra à un capitaliste expérimenté. Au
contraire, un novice va suivre le mirage de son imagination.
Aussi, pour des raisons multiples et fort belles qu’il croit avoir
d’attendre le « boom », voit-il s’évanouir en fumée son
bénéfice, trop heureux encore s’il n’essuie pas une perte.
*
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115
dans les doigts, ne pas songer à une profession manuelle, à
un métier pratique?
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116
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117
Il est presque toujours maladroit et dangereux - de vouloir trop
s’élever au-dessus de la condition tracée pour nous par la
destinée, l’éducation et l’ambiance. Trop souvent, on se trouve
transplanté dans un monde fermé, fier, où l’on toisera de bien
haut le « parvenu » que vous êtes. C’est ce que nous fit
remarquer notre sergent de la « der des der » (guerre de
1914-18) un jour où, nous le croisâmes. Ses qualités et son
courage exceptionnels l’avaient hissé, grade après grade, à la
dignité de Commandant. Et comme nous le félicitions
chaudement : « Je regrette, soupira t-il, le bon vieux temps de
la « sardine » . Ici je ne me sens pas dans mon milieu.
D’ailleurs, une ambition effrénée parvient rarement à se
satisfaire d’une façon complète, définitive. C’est une plaie, un
ulcère qui ronge, détruit toute quiétude, en semant dans la
conscience un désir éternellement inassouvi, en jetant devant
les yeux exorbités, mirage splendide et décevant, la
perspective d’un but grandiose qui recule sans cesse au fur et
à mesure qu’on l’approche : tout comme le ciel que croit
atteindre l’enfant en gravissant la montagne, et qui, du
sommet, se révèle plus haut, plus lointain, plus inaccessible
que jamais.
118
*
**
119
Il est évident, d’ailleurs, qu’en ajoutant des tâches lucratives à
notre travail principal, nous
devons soigneusement éviter de surcharger notre emploi du
temps au point d’amener un surmenage qui serait désastreux.
Il ‘y a donc lieu, pour concilier tout cela, de ralentir
prudemment le moteur; en un mot, de s’allier au TEMPS.
Comme on le voit, tout se tient dans la vie...
*
**
120
l’Inspecteur. — Et pourquoi? — Parce que le produit de deux
facteurs ne change pas si l’on intervertit l’ordre des facteurs.
C’était une ânerie, montrant que le Newton en herbe, paralysé
par une présence anormale, n’avait pas « réalisé », l’élément
NOUVEAU, à trouver, qu’apportait le dispositif du chef. Devant
la question posée, il s’était trouvé, en quelque sorte, hypnotisé
par l’égalité qui, au tableau, flamboyait devant lui :
4 x 8 = 8 x 4.
Il avait alors tout juste associé dans son esprit cette relation
avec la leçon précédemment apprise à ce sujet : association
PAR CONTIGUITÉ, parfaitement normale, qui n’a certes rien
de « transcendant » ... Forme initiale d’association, que les
animaux utilisent avec autant de virtuosité que nous. Le
« pauvre type », désemparé, s’y était accroché comme le
noyé à une bouée de sauvetage. La réponse à faire eût exigé
une observation sans malice, mais PERSONNELLE,
assaisonnée d’un peu de bon sens. Il eût fallu que l’enfant fît
une petite découverte : qu’il remarquât que, dans l’intervalle
de temps ayant séparé les deux manières de compter, aucun
lycéen n’était entré ni sorti.
*
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121
*
**
*
**
122
exemples. (Songer au rayon lumineux qui, parti d’un point A,
doit atteindre un point B après réflexion sur un plan: son trajet
est tel, qu’il accomplit le chemin minimum : IL PREND PAR LE
PLUS COURT).
*
**
123
être déclaré admissible. Prenons un exemple. A l’Agrégation
de Mathématiques, le total des points à l’écrit est de 80. La
moitié du maximum est donc 40. Cependant, au Concours
normal de 1919, on fixa l’admis à 36 points, et celui qui,
finalement, fut reçu définitivement LE PREMIER eut 4 sur 20 à
la composition de Mathématiques Elémentaires (qui n’a d’
« élémentaire » que le nom : en réalité, c’est la plus difficile et
la plus redoutée). Il est vrai que le N° 2 avait décroché à cette
même épreuve un 18 sur 20. Au Concours de 1922, on prit
des admissibles à 33 points.
Bref, le mieux est de penser si le sujet est dur, il le sera pour
tout le monde; avec du sang-froid, de la méthode et de la
maturité, on doit pouvoir trouver quelque chose. Du reste,
pendant votre longue préparation, le BON SENS vous a porté
à piocher vigoureusement vos points faibles; il vous a invité,
d’autre part, à vous perfectionner dans votre partie forte, de
façon vous assurer un appui solide. C’EST LÀ LE MEILLEUR,
LE VRAI PISTON Vous gagnerez des points sur votre
spécialité, et cela compensera les défaillances que vous aurez
pu accuser par ailleurs.
*
**
124
doit être aisé à établir ! » Eh bien... depuis plus de trois
siècles, la démonstration reste encore à trouver. Ceci entre
nous — à la confusion furieuse des géomètres : avec leurs
méthodes modernes si nombreuses, si fécondes, si savantes,
se voir damer le pion par un arithméticien aux « astuces »
datant du père Noé !
*
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125
tout à fait au fond le tiers des questions de cours figurant au
programme, en préférant celles que vous saisissiez le moins,
ou, si vraiment vous ne « pigez » pas, celles que vous savez
le mieux. Vous pouvez encore, si cela vous amuse, les tirer au
sort, ce qui donne à l’épreuve è venir une petite saveur
émotive de Loterie Nationale...
**
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126
enfin parce qu’ils méprisent, au fond, ce qui, à leurs yeux, est
plutôt une besogne mécanique, une tâche subalterne.
*
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127
Soit le problème de physico-mécanique suivant:
*
**
128
résistance d’un fil de cuivre. Quant à notre gracieuse
calculatrice, elle obtenait, pour le grossissement g d’une
lunette astronomique g = 800 millions.
Brave disciple ! Le condamné à mort de l’Oncle Sam eût payé
une fortune pour acquérir votre fil enchanté et l’attacher
subrepticement à la chaise fatale. Il n’aurait pu être
électrocuté, car il aurait dit au courant « Tu ne passeras pas! »
*
**
1:2 = 1
3 6
et que 1+1=2+1=3=1
3 6 6 6 6 2
129
vous aurez seulement à diviser 100 par 2, et vous aurez
instantanément le résultat EXACT, 50, sans la moindre
décimale, et sans erreur.
*
**
*
**
130
Terminons ce chapitre par quelques anecdotes d’oral,
prouvant que, dans chaque cas, le candidat n’avait pas assez
de BON SENS.
Au Certificat d’Etudes.
Au Brevet Elémentaire.
131
CHAPITRE VI
Le «trac» et la timidité
*
**
132
indulgents néanmoins qu’il ne les entrevoit à travers le prisme
de son imagination affolée.
*
**
133
localité, qui se formaliseront de ce manque d’égards. A-t-il une
faveur à demander ? Si, par un sursaut d’énergie, il se décide
à aller trouver son supérieur pour solliciter son appui, un froid
mortel le saisit en face de son majestueux interlocuteur. Il
présente sa requête d’une voix si mal assurée qu’elle est,
d’avance, rejetée sans appel.
*
**
*
**
134
Il faut avouer qu’il y a un peu de quoi.
La peur de mal jouer et la perspective, dans ces cas, des
réactions féroces du « cochon de payant », qui, après tout, est
sévère parce qu’il veut en avoir pour son argent, suffisent à
affoler l’imagination, et à gêner sérieusement le jeu de
l’exécutant. Celui-ci fera son apparition d’un pas mal assuré,
trébuchera. En un mot, il ratera son entrée. Quoi d’étonnant à
ce que, dès lors, il se mette à balbutier, à bégayer, et à être
frappé d’amnésie ?
Aussi entendra-t-il mal le souffleur...
A-t-on oublié la « coquille » lancée à pleins poumons par «
Hernani » lors de la première représentation de ce drame ? Le
héros, troublé par le tumulte (qu’on se souvienne de la «
Bataille d’Hernani » !), se trouvant à court pour la réplique, se
pencha vers le souffleur qui murmurait:
« Vieillard stupide, il l’aime. » Et voilà notre brigand d’un soir
hurlant, de son ton le plus tragique : « VIEIL AS DE PIQUE, IL
L’AIME I!!
Dans un autre drame, un acteur timide incarnait le personnage
du grand Charlemagne, Empereur d’Occident, face à ses
troupes qu’il venait haranguer. Le trac lui avait fait perdre le fil.
Et l’homme du trou de chuchoter : « Je suis content à voir tant
de vaillance. Salut, ô mes preux ! » Et le monarque
occasionnel d’ânonner piteusement: « JE SUIS GONTRAN,
AVORTON DE MAYENCE! SALUT AUX LEPREUX !! »
*
**
135
promenant de long en large sur l’estrade avec force gestes
éloquents longuement étudiés, sans lire une seule note.
Mais une fois derrière notre table et devant notre verre d’eau,
quand l’Econome nous eut présenté à l’auditoire, terminant en
ces termes lapidaires « LA PAROLE EST AU CONFE
RENCIER », il fallut déchanter. Un certain bruissement, fait de
froissements de programmes, de chuchotements, de
glissements de pieds, ces regards étincelants soudain
braqués sur notre personne comme les gueules de trois mille
bouches à feu, tout cela ne fut pas long à nous faire rentrer
dans notre coquille...
Après deux ou trois phrases dites d’une voix de rogomme, et
quelques pas sur la scène avec des jambes flageolantes,
nous fûmes contraint de venir échouer sur notre chaise, et
bien heureux de consulter quelques notes que, par précaution,
nous avions tout de même songé à garder. Au bout de dix
minutes, il est vrai, le trac avait diminué. Notre voix s’était
éclaircie, raffermie. Bientôt nous n’eûmes plus peur du tout de
la foule en miniature qui nous faisait face. Toutefois, il ne fut
plus question de reprendre les allées et venues avec des
effets de torse. Nous restâmes bien sagement assis devant
nos feuilles noircies...
*
**
136
verrez par avance bafouiller, et devenir un objet de risée pour
l’assistance entière. Donc il faut absolument VOUS
AFFRANCHIR DE CE COMPLEXE D’INFÉRIORITE. Nous
allons vous y aider.
*
**
*
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137
groupes de glandes dans les meilleures conditions possibles,
et, par suite, vont vous permettre de lutter très efficacement
contre la TIMIDITE.
*
**
*
**
138
partie), mais, avec Emile Coué : « Je SUIS SUR de vaincre
ma timidité » (forme imaginative, ou forme B), ou, avec plus
d’efficacité encore : « Ce sera LE BONHEUR POUR MOI de
m’affranchir de ma timidité »
(forme AFFECTIVE de l’autosuggestion, ou forme C, encore
PLUS PUISSANTE que celle de Coué).
*
**
139
déprimantes qui tendent à hanter l’esprit. Puis vous engagerez
la conversation avec la plus grande simplicité.
140
TROISIEME PARTIE
141
CHAPITRE PREMIER
*
**
142
songe-creux, mais des vérités — sans jeu de mots — de
tout... temps. « Le génie n’est qu’une longue patience » ,
répétait Napoléon. « Le Temps et moi », telle était la devise
de l’habile Mazarin, dont la fermeté doublée de finesse, en
s’inspirant de cette sage maxime, sut finalement s’imposer,
dans une contrée qui n’était pas la sienne et dont la
prévention avait fait de lui, au début, le symbole de
l’impopularité. Enfin, les Britanniques ne disent-ils pas : Wait
and see » (attendez, pour voir...)?
*
**
143
Ayez toujours soin de mettre le TEMPS AVEC VOUS et vous
REUSSIREZ. Le négligez-vous? Le dédaignez-vous ? Le
méprisez-vous ? IL TRAVAILLERA CONTRE VOUS !
*
**
*
**
144
lauréats, mais qu’il a abandonné son projet depuis belle
lurette.
145
terme,consiste à prévoir des difficultés possibles, et à répartir
ses forces en conséquence.
*
**
146
Ceci posé, il procédera de la manière ci-après, qui est d’une
simplicité enfantine (la simplicité est presque toujours ce qu’il
y a de mieux) :
Il .se dira : le dernier mois, je veux apprendre seulement LA
MOITIE de ce que j’étudierai chacun des autres mois.
Considérons telle matière de mon programme. Voyons
l’ouvrage correspondant, et notons son nombre de pages, 360
par exemple. Depuis la rentrée, 1er octobre, jusqu’à la fin, il y
a sept mois PLEINS, plus mai, qui compte pour un DEMI-
mois. Soit donc x pages pour chacun des sept premiers mois,
et x / 2 pour le mois de mai. J’écris l’équation suivante:
*
**
147
S’agit-il, pour un maître frais émoulu de l’Ecole Normale, de
viser au Professorat? Il aura à voir très nettement si, après sa
classe quotidienne, il va lui rester assez de temps et de forces
pour accomplir un labeur véritablement fructueux, et s’il aura
vraiment le courage de poursuivre son travail jusqu’au bout.
*
**
148
pour l’examen de l’année suivante. Cet entraînement sera une
force latente qui lui évitera des difficultés matérielles, des
pertes de temps, des tâtonnements, à une époque ultérieure
où le succès pourra être escompté avec des chances
sérieuses.
*
**
149
que le candidat à deux compétitions est mieux placé pour être
admis — ou tout au moins admissible — à l’un d’eux, que s’il
se bornait. à en affronter un seul. Par ailleurs, il n’est
nullement impossible de tomber sur un sujet que l’on possède
d’une façon particulièrement satisfaisante, et bien souvent une
seule épreuve excellente suffit à entraîner le succès.
*
**
150
Plusieurs de nos disciples de la classe de Mathématiques
Supérieures se présentent à la fois à l’Ecole Centrale, à
1’Ecole Navale et à 1’Ecole de l’Air. Nous avons souvenir de
l’un de nos anciens élèves, M. Claverie, qui concourut, le
même été, à 1’EcoIe Centrale, à l’Ecole des Mines, à 1’Ecole
Polytechnique et à l’Ecole Normale Supérieure. Il fut reçu
partout dans des rangs fort honorables, sauf à la rue d’Ulm, et
opta pour 1’X, où il arrivait dans les six premiers.
*
**
151
dissolvant de l’eau saturée de sels est pratiquement nul, il
devient à peu près impossible, à cette époque-là, de faire
pénétrer quoi que ce soit d’original dans un cerveau où tant
choses ont déjà été accumulées. Aussi consacrera t-on toutes
ses forces à des besognes plus matérielles d’organisation,
afin d’utiliser de la façon la plus efficace le savoir que l’on s’est
déjà infusé.
152
CHAPITRE II
*
**
153
Soudain jaillit l’étincelle d’une idée. Ah !enfin sur la bonne
voie... Fausse joie, hélas ! Un bref
examen a suffi à faire éclater ce concept prometteur comme
une bulle de savon. C’est cet instant que guette le
découragement, prêt à fondre sur vous. TENEZ BON : la
trouvaille n’est pas loin...
Il est utile, en effet, de connaître les signes précurseurs de la
DECOUVERTE : épreuve troublante... angoissante...
bouleversante par laquelle — depuis Hippocrate jusqu’à
Einstein, en passant par Pasteur et Graham Bell — sont
passés tous les fureteurs, tous les savants. Vous SENTEZ
quand vous êtes sur le point de capter un résultat.
*
**
154
la rédigera séance tenante. Dès le début, il faudra
s’accoutumer à produire une rédaction aussi nette, aussi
détaillée et aussi rapide que le jour J. Cet entraînement
évitera, au moment décisif, une perte de temps irréparable.
Est-on en présence d’un calcul ? Il conviendra de s’astreindre
à effectuer toutes les opérations sur la feuille de brouillon,
posément, avec beaucoup d’attention, à bien former les
chiffres, à rédiger clairement, dans le grand détail, toutes les
transformations effectuées. Non seulement on se garantit ainsi
contre les risques d’erreurs, mais on sera certain de pouvoir
se relire sans effort. A-t-on laissé des fautes ? Les recherches
destinées à les dépister se trouveront amplement facilitées.
C’est ici qu’apparaît, dans tout son éclat, le triomphe de
l’ORDRE et de la METHODE. Laissez donc les fantaisistes,
trop souvent inaptes à toute tâche sérieuse, les émasculés de
l’intelligence, se gargariser de formules sentant le paradoxe
d’une lieue, et dont ils ne saisissent même pas toujours le
sens réel : « Souvent un beau désordre est un effet de l’art »,
ou « L’ordre est la qualité de ceux qui n’en ont pas... »
*
**
155
fiévreuse d’un examen, quels que soient le sang froid et
l’esprit de méthode du candidat, serait-il un Newton, un Pascal
ou un Poincaré.
*
**
156
dont il est question. Vous prononcerez les phrases à haute
voix, en vous écoutant parler, en articulant avec énergie, de
manière à vous obliger à faire des efforts, à des mouvements
bien accusés des lèvres et de la gorge. Vous écrirez les mots
difficiles à retenir, et, si la lecture se révèle ardue, vous vous
astreindrez à écrire un résumé sur une feuille.
On peut faire avec intérêt l’expérience suivante, soulignant de
façon saisissante l’importance du souvenir graphique. Un jour
de fatigue, où l’étude me paraît impossible, je prends mon
stylo et me mets à copier flegmatiquement la leçon en
essayant, mais sans le moindre effort, d’en comprendre à peu
près le sens. Je ne tarderai pas à me rendre compte que je
réussis à m’assimiler l’essentiel.
*
**
157
Etant donné le fait le plus simple, le phénomène en apparence
le plus insignifiant, vous vous appliquerez systématiquement à
en rechercher les causes, qui se trouvent être des LOIS très
précises. Ces lois se logeront ainsi très élégamment dans
votre esprit, et sans peine. Pourquoi les couleurs chatoyantes
de l’arc-en-ciel se jouent- elles à travers l’infime épaisseur de
la gracieuse bulle de savon ? L’explication en est dans la
théorie déjà savante des interférences. Pourquoi les
hypochlorites jouissent-ils d’énergiques propriétés
désinfectantes ? Parce que ces composés instables vont
abandonner des masses d’un oxygène qui, se trouvant à
I’ETAT NAISSANT, brûlera les corps suspects avec une
énergie décuplée; parce que le chlore libéré va capter
irrésistiblement l’hydrogène de ces substances putrides, qui
seront ainsi décomposées, faisant place à des corps
complètement inoffensifs.
**
*
**
158
figurer les formules du chapitre que l’on vient d’apprendre. De
même, l’étude de toute leçon de sciences sera sanctionnée
par l’établissement d’un plan détaillé sur un bloc-notes distinct.
Bien entendu, les différentes branches du programme :
physique, chimie, botanique, géologie, physiologie, anatomie,
etc., seront nettement séparées.
Chaque jour, on consacrera quelques minutes à parcourir en
un temps-éclair, sans le moindre effort de mémoire, ces
formules, ces énoncés de théorèmes, ces plans. Dans la
dernière phase de la préparation on intensifiera cette lecture,
et l’on arrivera sans peine, le jour de la redoutable échéance,
à posséder complètement le contenu de ces cahiers
lilliputiens.
*
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sera là un travail fécond, qui accroîtra votre érudition dans des
proportions insoupçonnées.
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Enfin, — et cela est encore plus grave — la comparaison
entre le développement modèle et ce que vous vous sentez
capable de produire PAR VOUS-MEME va infailliblement vous
plonger dans le découragement par la perfection de la
solution-type. Vous vous jugerez à jamais inapte à en faire
autant. Vous déchirerez peut-être vos cahiers et les piétinerez,
comme le débutant en violon, après l’audition d’un virtuose,
brise son archet de rage. Vous aurez perdu, avec
l’enthousiasme, tout ressort, toute imagination créatrice, toute
faculté de découverte PAR VOS PROPRES MOYENS.
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161
apporté PAR VOIE ETRANGERE ne nous fait faire à peu près
AUCUN PROGRÈS; et, trop souvent, il paralyse nos moyens
de recherche; tout résultat que nous trouvons NOUS- MÊME
lentement et avec effort, nous fait réaliser UN TRES GRAND
PROGRES
Donc, plantez là le problème récalcitrant, et attaquez celui qui
vient sur votre bouquin immédiatement après. Et ainsi de
suite, en continuant à jalonner tout ce qui a succombé à vos
coups de croix, qui signaleront vos triomphes comme autant
d’étendards. Arrivé à la fin du volume, vous compterez vos
victimes, et reprendrez l’offensive vis-à-vis des questions
rebelles. Vous constaterez alors, avec une joyeuse surprise,
de nouvelles — et dès lors combien appréciées —victoires sur
ces problèmes naguère insolubles !
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En Géométrie, vous avez des calculs d’application de
théorèmes classiques; puis, il est vrai, à trouver la réponse à
des énigmes à bon droit redoutées : recherche de LIEUX
GEOMETRIQUES, et d’ENVELOPPES. Il y a encore des
questions qui vous semblent enfantines, et dignes tout au plus
de l’attention d’élèves de Sixième, mais qui, en fait, se
révèlent plus ardues que les précédentes : les
CONSTRUCTIONS.
Pour dompter ces monstres que sont les LIEUX, prenez bien
garde, Messieurs les débutants, qu’un LIEU n’est pas un lieu,
de même que, dans la savoureuse comédie : un Client sérieux
, de Courteline, le PARQUET n’est pas le parquet; de même
qu’en anglais, le mot « presently » ne signifie pas « à
présent »…
Non ! En géométrie, un lieu n’est pas un endroit, un point.
Dans le plan, un LIEU est une ligne, droite ou courbe.
Pour le trouver, vous vous direz d’abord que tout serait bien
plus commode si ce qui se produit pour la démonstration d’un
théorème ; vous aperceviez au loin, tel un phare, le BUT à
atteindre; si vous saviez quelle est la NATURE du lieu : droite,
par exemple. Ayant trouvé cela, vous vous sentiriez encore
plus avancé si vous saviez quelle est CETTE DROITE.
Pour le premier objet, vous allez chercher le nombre de points
du lieu qui sont sur une droite D. Ce nombre est-il égal à
DEUX? Le lieu est du second degré : donc une CONIQUE.
Celle-ci a-t-elle deux points distincts à l’infini ? Hyperbole. En
a-t-elle un seul ? Parabole. N’en a-t-elle pas? Ce sera une
conique FERMEE: ellipse, ou, comme cas particulier, cercle.
La droite D ne contient-elle qu’un point du lieu? Ce lieu est du
premier degré : c’est une droite.
163
voyez tout de suite que la droite AB ne porte qu’un point de ce
lieu : le milieu de AB. Donc le lieu est du PREMIER degré. Par
suite, c’est UNE DROITE. Comme par symétrie, il n’y a
aucune raison pour que cette droite soit plus rapprochée de A
que de B, ou vice versa, vous pourriez presque parier que le
lieu va être la médiatrice de AH. Il ne vous reste plus qu’à
essayer de le démontrer rigoureusement.
Autre point important: quand vous avez trouvé la LIGNE sur
laquelle est le point mobile dont vous voulez obtenir le lieu, il
faut voir si TOUTE la ligne convient; sinon, limiter le lieu,
comme on dit. Autrement, vous n’auriez traité que a moitié de
la question.
Enfin, grosse gaffe à éviter soigneusement ne jamais donner
comme LIEU une ligne qui ne serait PAS FIXE.
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164
centre O, et de rayon h. Cette sphère est bien FIXE, car son
centre O est FIXE, et son rayon h demeure CONSTANT.
Au contraire, le LIEU du point M situé à égale distance de trois
points non en ligne droite est une LIGNE, car il y a ici DEUX
conditions. Cette ligne est une DROITE : la perpendiculaire
menée au plan que forment ces trois points par le centre du
cercle circonscrit au triangle qu’ils déterminent (qui est,
comme on sait, le point de concours des médiatrices de ce
triangle).
Pour faire la chasse au lieu d’un point M, la méthode générale
consiste à joindre ce point M aux points FIXES de la figure, et
à étudier la configuration ainsi obtenue.
Quant à la question des ENVELOPPES, encore plus...
effrayante que celle des LIEUX, nous avons démontré qu’on
peut la ramener à la recherche d’un lieu .
Les CONSTRUCTIONS sont plus ardues que les questions de
LIEUX. En effet, pour CONS TRUIRE un point, il faut d’abord
déterminer DEUX LIEUX sur lesquels il se trouve. Ensuite, on
doit discuter le nombre de points de rencontre de ces deux
lieux, et c’est fréquemment
FORT DELICAT .
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annexées au volume, vous voyez soudainement se dresser
devant vous, avec un relief aussi impressionnant qu’inattendu,
de multiples figures géométriques cubes, dièdres, pyramides,
cristaux polyédriques, etc.
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vite obtenues ». Souligner les mots importants, et lire l’énoncé
avec attention jusqu’au bout. Nous répétons avec intention :
JUSQU’AU BOUT!
En effet, il arrive souvent que la méthodes pour telle ou telle
partie du problème ou même pour le problème tout entier, soit
indiquée d’un mot, ou en une ligne, tout à la fin, sous forme de
N.B. C’est justement ce qui se présenta à l’épreuve de
Mathématiques Spéciales de l’Agrégation en 1921 (Concours
normal, car il existait une Compétition séparée, avec sujets
différents, pour les candidats ayant pris part à la guerre de
1914-18). La première page de l’énoncé était pleine. La
presque totalité des candidats, paralysés dès le début par
l’extraordinaire difficulté du « démarrage » , eurent d’emblée
d’autres chiens à fouetter que de s’amuser à tourner la feuille.
Ils se seraient crus « cinglés » en songeant à s’occuper de la
fin avant d’avoir déblayé le reste, au préalable... Ensuite de
quoi, ils remirent une feuille blanche.
Or, au verso se trouvait, en un bénin N.B., la suggestion d’un
certain choix pour l’inconnue. Avec ce départ, la solution était
de difficulté moyenne; autrement, elle s’avérait absolument
inabordable !
Se dire que tout problème, en général, procède d’une idée
directrice. S’efforcer de la saisir, en essayant de se mettre à la
place de celui qui l’a composé, et de voir ce qu’il avait dans
les méninges, un peu comme la journaliste Madame
Geneviève Tabouis qui, au dire d’Hitler lui- même, savait
mieux que celui-ci ce qui se passait dans le cerveau du
Führer...
167
nature, c’est-à-dire dans l’immense majorité des cas —
s’appliquer à résoudre d’abord la première question, puis voir
le lien qu’elle peut avoir avec la seconde, et ainsi de suite.
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Dès le début, vous dresserez, une fois pour toutes, le tableau
complet des unités dans chacun des systèmes, vous
astreignant à le revoir tous les jours. Ainsi finirez-vous par le
savoir, sans embrouiller toutes choses. Vous ne confondrez
jamais unité de TRAVAIL et unité de PUISSANCE, ni unité de
VITESSE et unité d’ACCELERATION.
Faites très fréquemment des exercices de correspondance
d’unités, afin d’arriver à jongler avec ce genre de
transformations, évitant ainsi des erreurs qui conduiraient à
des résultats non seulement erronés, mais, le plus souvent,
absolument invraisemblables, comme on l’a vu au chapitre V
de la deuxième partie.
En Optique, ayez une liste de toutes les formules, dont
plusieurs, au désespoir et au grand dam du candidat, se
ressemblent plus que des jumeaux. D’autre part, familiarisez-
vous avec les nombres ALGEBRIQUES dans leurs
applications. C’est presque toujours à ces questions perfides
de SIGNES que l’examinateur « attend » le candidat...
Et que de fois, en Electricité, les données d’un problème se
présentent traîtreusement en unités qui ne se correspondent
pas ! Ainsi, une longueur sera exprimée en mètres, une
largeur en décimètres, une aire en centimètres carrés, et une
épaisseur en MICRONS.
A ce sujet, tout sera facilité si l’on observe que l’unité
précédée du préfixe « micro » est une unité secondaire qui
vaut le millionième de l’unité principale, Ou, ce qui est plus
concis, qui est le produit de l’unité par 10 . De même, le
préfixe méga multiplie l’unité par un million, c’est-à-dire par 10.
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169
paramètre h. D’après la nature de la question, il arrive que
l’une des deux racines ne convienne pas. Ainsi, une racine
NEGATIVE peut être tout à fait impropre, ou, au contraire,
avoir une signification spéciale et acceptable pour un
problème très peu différent. Il faut se rendre compte de tout
cela, et le noter, à titre de remarque.
Une différence entre la Physique et les Mathématiques est
qu’en Physique, on peut parfois supprimer un terme très petit
sans changer sensiblement le résultat. L’éviction de ce terme,
dans bien des cas, simplifiera considérablement la question.
Enfin, il faut savoir trouver un résultat avec une approximation
supérieure à une limite donnée, de façon que l’erreur commise
dans les calculs ne dépasse pas l’ordre de grandeur des
erreurs expérimentales. Et, souvent même, dans les
manipulations, on va vous demander de cal culer une erreur
qui soit la résultante des erreurs expérimentales commises
dans chaque phase d l’expérience.
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170
découverte du feu, ont fait entrer l’humanité dans une ère
révolutionnaire : l’ERE ATOMIQUE !
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171
jusqu’ici nous étaient tous inconnus, sauf un... ou nous
n’avions pas su discerner telle nuance, ou le vocable a
plusieurs significations; et, dans le travail qui nous occupe,
c’est trop souvent la moins usitée qui est la bonne !
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sentiers battus, de la banalité.Il arrêtera l’attention, puis
deviendra captivant.
173
Terminez par une conclusion résumant le contenu solide du
devoir : des résultats tangibles établissant que votre
discussion a été fructueuse.
N’attendez pas le jour de l’examen pour prendre de bonnes
habitudes : marges régulières, lignes non sinueuses. Pour
accroître vos chances d’être vraiment lisible, exercez-vous à
écrire d’une écriture plutôt droite que penchée, et sautez une
ligne entre deux paragraphes consécutifs.
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orthographe identique ou analogue a des sens complètement
différents.
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généralement faire au candidat des fautes de français qu’il ne
commettait pas auparavant. C’est ainsi qu’il se mettra à écrire
« liTérature » au lieu de « liTTérature », ou tel adjectif sans s
devant un substantif pluriel, ce qui, bien entendu, sera
désastreux dans une dissertation, ou même dans une
traduction de version, qui, ne l’oubliez jamais, EST PLUS UN
EXERCICE DE FRANÇAIS QUE DE LANGUES.
Noter, d’autre part, que trop de termes, dans les deux
langues, ont plus ou moins — et parfois absolument la même
orthographe avec des sens tout à fait différents. On les
appelle « les faux amis ». Ainsi, le mot anglais « actually » ne
signifie pas « actuellement »; « presently » ne veut pas dire «
à présent », et « to attend » n ’a rien à voir avec « attendre ».
Bien étudier la formation du pluriel des mots exceptionnels et
les verbes irréguliers. En faire une liste, et en revoir une
vingtaine chaque matin.
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176
ces passages délicats, qui excellent toujours à jouer à cache-
cache. Quand nous les aurions saisis, nous apporterions tout
notre soin à leur étude. Après, nous relirions notre traduction
SIX fois, et chaque nouvelle fois avec plus de circonspection.
Nous ferions enfin une septième lecture, dans le but de voir si
notre français est DU FRANÇAIS, si nous n’avons pas laissé
de fautes d’orthographe, de ponctuation ou de syntaxe. Dans
les réponses aux questions et dans les développements
demandés, nous aurions la prudence de n’écrire que des
phrases courtes, plus faciles à maîtriser.
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177
Il ne faut pas négliger son vocabulaire. Que de mots
totalement différents en latin et en français ! La maman et
l’enfant ne se reconnaissent plus. Bien qu’autorisé, en
général, le dictionnaire ne suffit pas toujours. Avez-vous vous
été enfant de choeur? Ne vous prenez pas pour un Tacite
parce que vous savez sur le bout du doigt vos répons et
même l’ordinaire tout entier de la messe en latin... Ne pas
s’imaginer non plus qu’avec des mots en us ou en um on
puisse reconstituer spontanément le parler de Cicéron, à
l’instar de cette étudiante parisienne qui forgeait de soi-disant
vocables britanniques en les coiffant d’un tion final : punition,
par exemple...
Si le latin de Molière, prêté à Mascarille dans l‘Etourdi
« Vivat Mascarillus fourbum Imperator! »
178
CHAPITRE III
Face à l’examen
179
en leur « servant » des questions d’écrit exactement dans les
conditions de l’examen : excellente pratique, qui accroît
probablement de 30 % le nombre des admissibles.
180
qui, en groupes compacts et bruyants, se croient obligés de
fêter, avec la complicité de la dive bouteille, un événement
destiné à faire plus de victimes que de triomphateurs. Ne pas
se laisser entraîner à de gigantesques monômes de jeunes se
figurant peut-être que des manifestations à forme primitive
vont intimider les membres du Jury et les acculer, tout
tremblants, à l’indulgence!
4 . A l’examen écrit.
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181
Une chance de plus que naguère. On se bornait alors à dicter
le sujet, d’où, trop maints quiproquo faisant des victimes, voire
des hécatombes
C’est ainsi que l’un de nos amis, passant l’examen du Brevet
Supérieur, écrivit sous la dictée:
« Volume du ponton », au lieu de « Volume du tronc de cône
», vrai énoncé de la question de cours en mathématiques.
Dans cet examen, du reste, il n’y avait pas de choix entre trois
questions...
De même, dans une salle de la Sorbonne où des candidats à
la première partie du Baccalauréat classique allaient faire leur
version latine, le professeur de service se mit à dicter « dè cou
- ï - ouss » au lieu de « De cujus ». Il prononçait le u avec le
son ou et le son j avec le son i.
Minute de stupeur... Mais pas plus. Aussitôt que l’auditoire eut
réalisé de quoi il retournait, une clameur jaillie de cent
poitrines ébranla les vitres. Bien prit à l’Administration de
changer le dicteur séance tenante. Les jeunes gens,
déchaînés, eussent peut-être mis le feu à l’amphi théâtre, en
tout cas sûrement refusé de composer...
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182
plus défavorablement influencée qu’il aura mis plus de temps
à vous lire et à vous comprendre.
Jusque dans les compositions de sciences, respectez la
langue française, le style. Faites des phrases COMPLETES.
Pas de fautes d’orthographe, surtout dans les mots techniques
ou les noms propres.
Que voulez-vous que pense un membre du Jury d’un candidat
qui, ayant à donner son opinion sur la poésie de Victor Hugo
intitulée : « La Conscience », déverse des flots d’éloquence
sur les terreurs de « Caïen » ? qui, dans n’importe quel devoir
de littérature, écrit le mot « littérature » avec un seul t à la
deuxième syllabe; vous sert un « Bodelère » au lieu de
Baudelaire, un « Standale » au lieu de Stendhal ? dans une
dissertation philosophique, met « psicologie » pour
psychologie, « Caen » pour Kant, « Chopin o Herr » pour
Schopenhauer; dans une copie de chimie, parle d’acide «
cloridric » ; en physique, disserte sur une chute « hommique
», sur un pont de « Vastonne » (au lieu de Wheastone) ; en
mathématiques, s’étend sur 1’ « hippothénuse » (au lieu
d’hypoténuse), sur le « parralélipide » (au lieu de
parallélipipède), sur le théorème de « Ponslais » (au lieu de
Poncelet) et sur celui de « Staivare» (au lieu de Stewart) ?
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183
temps est trop limité pour que vous puissiez vous offrir le luxe
d’en changer, de « tourner autour du pot » . D’ailleurs, c’est
une règle à adopter inflexiblement : une fois prise là décision,
allez de l’avant, même si vous n’êtes pas très sûr d’avoir
raison...
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184
Ayant rédigé tout ce qui était à votre portée, occupez-vous
séparément de chacune des parties réfractaires,
conformément à la célèbre méthode de Descartes. Vous
aurez le plus de chances possible de fournir ainsi votre
maximum.
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185
Réservez-vous de 15 à 20 minutes pour vous relire très
lentement, et TRES SOIGNEUSE MENT. Vous découvrirez
souvent des coquilles qu eût été catastrophique de laisser.
Mais il est une chose contre laquelle NOUS VOUS METTONS
EXPRESSEMENT EN GARDE.En relisant, il peut vous arriver
d’avoir une idée nouvelle. Si vous l’ajoutez étourdiment,
précipitamment, ce sera infailliblement une bêtise. Vous vous
en apercevrez avec terreur, une fois sorti. Mais il sera trop
tard : vous aurez donné votre feuille ... Une seule tache ainsi
ajoutée inconsidérément vous coule le meilleur travail ET FAIT
ECHOUER. Donc, avant de soulever votre stylo pour fixer,
noir sur blanc, votre ultime concept, réfléchissez et méfiez-
vous. Redoutez de faire mentir le proverbe : « La fin couronne
l’oeuvre! »
*
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186
Ne pas s’émotionner par l’incertitude, et sur tout chasser de
ses méninges la ronde infernale des idées touchant l’examen:
a-t-on bien rédigé ? n’a-t-on pas fait de gaffes? quelles
chances a-t-on d’être admissible ? etc. Ce qui est fait est fait.
Vous n’y pouvez plus rien, et tout souci ne peut que nuire à
vos projets en altérant votre santé et en troublant votre
sommeil. Ne vous mêlez pas aux conversations des
camarades, eux-mêmes surexcités, et s’énervant encore plus
par des... initiatives puériles et dangereuses. Soignez plus que
jamais votre alimentation et votre hygiène; promenez-vous un
peu, et préparez votre oral modérément, mais avec une
régularité parfaite.
6. — A l’oral.
187
ces « fils à papa » qui ont de l’or plein les poches et qui ont
suivi leurs classes « à la papa », voire en fumistes...
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êtes muet ? Vous ne m’avez même pas écouté. Pendant que
je parlais, VOUS NE ME SUIVIEZ PAS. Avouez-le donc Vous
PENSEZ à autre chose! »
Le candidat : « JE PENSE, DONC JE SUIS. »
*
**
189
l’oeuvre certaines de ces demoiselles. Affectant une grande
timidité, exagérant la politesse, elles se précipitaient pour
ramasser le crayon du « prof » tombé de la table, rougissaient,
pâlissaient sur commande, prenaient le masque du bègue
quand la réponse ne venait pas, allant jusqu’à simuler un
évanouissement spectaculaire devant le tableau. Cette
stratégie est très faible; elle ne « paie » pas. A bon entendeur,
salut.
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«Ca –y- in» (au lieu de Caïn) se fut enfui de devant les
tempêtes.
Mais :
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7. — En cas d’échec.
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« Ah ! ils n’ont pas voulu de moi? Eh bien... ils ne s’offriront
pas le plaisir de m’ avoir , une seconde fois. C’est fini : je ne
me représenterai jamais plus ! »
Il ne le sera pas, si, au contraire, vous sombrez dans un
morne découragement, vous enfon çan dans la boîte
crânienne cette idée que l’examen vous est aussi inaccessible
qu’à son asymptote
la. Branche d’hyperbole qu’il représente, comme le répétaient
en gouaillant les élèves de tel lycée parisien, LA GRANDE
ILLUSION ! Et si, par représailles, vous flétrissez la salle de
délibération du Jury du nom de « plancher des vaches », cela
ne vous aura pas avancé à grand’chose...
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VINGT? Vous avez encore le droit de vous représenter à
l’automne.
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Fin
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