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DEUNSTITUTDESHAUTES DEL'AMÉRIQUE
ÉTUDES LATINE
Directeursde la publication
Blanquer,
Jean-Michel directeurde l'IHEAL
MariaEugeniaZavalade Cosio,directricedu CREDAL
Directeurde collection
ALENA-MERCOSUR
AlainMusset
IHEAL DE
ENIEUXETLIMITES
Institutdeshautesétudesde l'Amériquelatine
Université
de la Sorbonnenouvelle,Parislll
NT
AMÉNICNI
rINTÉCRATION
CREDAL
Centrede rechercheet de documentation
surl'Amériquelatine
Unitémixtede recherche-CNRS/
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de la Sorbonnenouvelle,Parislll
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28,rueSaint-Guillaume
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Maquette: AlainMusset
Maquettede couverture: AlainMusset
lllustration
de couverture
:
muroleanti-Aleno(North-Americon
Fresque FreeTrodeAgreement: Nafto)
donsun quortierpouvrede La Concepciôn(Chili).
Cliché: AlainMusset
i l+ i ii. i:"i
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,,
| S S N:0993-5878
ISBN: 2-907163-87-6
TRAVAUX& MÉMOIRES dCI'IHEAL
O Institutdeshautesétudesde l'Amérique
N' 7'I
latineet lesauteurs i'l ;'::1,:: t,.,, li
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2001
L'INTECRATION AM ERICAIN E :
LEPUZZLE
DESETATS,
LAMOSAïQUE
DESTRAITÉS
AwN Mussrr
pationdu Canada,représente la deuxièmezonede libre-échange du mon- croissement deséchanges entrele Brésilet l'Argentine, depuisl'entréeen
de aprèsl'Unioneuropéenne (en termesde commerceinternational). Le vigueurdu Mercosur, a rendulesdeuxéconomies de plusen plusdépen-
vieuxrêvede Bolivard'uneAmériquelatineuniesemblepeuà peu prend- dantesl'une de l'autre.La chutedesexportations versle Rio de la Plata
re forme,mêmesi ce sontlesEtats-Unis qui mènentle bal,commele crai- menacedirectement lesemploisindustriels de SâoPauloou du RioCrande
gnaitdéjàen sontempsle vieuxlibertador, inquietde voirla jeunerépublique do Sul,tout commele spectred'unedévaluation du pesoargentinfragili-
anglo-saxonne et protestante prêteà remplacer l'Espagne danssonrôlede sele realbrésilien et redonnedescouleursau billetvert,seulevaleurrefu-
gardiennedesclésdu continent. ge pourtouteslespopulations latino-américaines,depuisle chefd'entreprise
Est-ce à direque tout va pour le mieuxdansle meilleurdeshémisphè- multimillionnaire jusqu'au cireurde chaussures de Puerto Madero(Argentine)
respossibles ? Le vent violentde la mondialisation, du libéralisme et de ou de CiudadNezahualcoyotl (Mexique).Dansun contexteparticulière-
l'ouverturecommerciale pousseraient ainsilesÉtatsaméricains à abolirleurs
ment défavorable, DomingoCavallo,le ministreargentinde l'économie
frontières, à supprimer lesdroitsde douane,à multiplierlesprogrammes de qui,à l'époquede CarlosMenem,avaitsauvéunepremière foissonpaysen
coopération internationaux et transfrontaliers,à créerde nouvelles solida-
accrochant la monnaienationale au dollaraméricain (sanspourautantfran-
rités,aprèsavoirdurant plusieursdécennies fondé tous leursespoirsde
surle protectionnisme, chir l'étapesymboliquede la dollarisation complète),n'a plus beaucoup
développement le nationalisme et le repliidentitai-
re. Ce retournement de situationn'estpasle fait du hasard.Aprèsune de cartesà iouer.Mêmelescoupesmassives danslesdépenses publiques,
" décennieperdue", celledesannées1980,l'effondrement unevieillerecettepourtantbienéprouvée, ne parviennent plusà restaurer
du Mur de
Berlin,la fin desdictatureset desguerresciviles,le retourde la croissance la confiance descréanciers et desexpertsdu FMl.
(au moinsdansun premiertemps),ont favoriséla miseen placede nom- Pourtenterd'enfiniraveclescrisesà répétitionqui ont systématiquement
breuxaccordsrégionauxdestinés à aplanirlesobstaclesqui, au suddu Rio hypothéqué touteslespériodes de croissance et de développement connues
Crande,entravaient lesrelationscommerciales entrelesdifférentsEtatsissus par lesnationslatino-américaines depuisleur indépendance, raressont les
de la colonisation espagnoleet portugaise.Mieux encore,les États-Unis hommespolitiquesqui préconisent un retourau protectionnismg au contrÔ-
poussentleursvoisinsà créerunevastezonede libre-échange qui s'étendrait le deschanges et à lafermeture desfrontières. Au Mexique,le PRD(Partide
de l'Alaska à laTerrede feu,et dont l'Alenane seraitque le prototypeou la la révolutiondémocratique) ne remetpas en causelesfondementsde
premièreétape.Lorsdu troisièmeSommetdesAmériques, qui s'esttenuà l'Alena,mêmesi sesprincipaux dirigeantsdénoncentle caractère trop libé-
Québecdu 20 au 22 avril2001,tous leschefsd'Etatet de gouvernement ral et trop peu socialdu traitésignéen 1992 parCarlosSalinas de Gortari
américains sesontentendus pourconfirmerla miseen placed'un accorddit et BillClinton.Au Brésil,LuisInacio" Lula" da Silva,le vieuxleadersyndi-
" hémisphérique ", c'est-à-dire
à l'échelledu continentpourl'horizon2005. caliste, aujourd'hui président d'honneurdu Partidestravailleurs (PT)a beau
L'enthousiasme généraldoit cependantêtre relativisé. Eneffet de nom- caracoler en têtedanslessondages d'opinionpourla prochaineélectionpré-
breuxopposants à cettevolontéd'intégrationéconomiqueà marcheforcée, sidentielle, il n'envisage pasde saborderle Mercosur, mêmes'il se montre
qui négligelesaspectsculturelset sociauxde l'opération,acceptentmal ouvertement hostileau projetnord-américain de Zonede libre-échange
l'idéede reconnaître lesÉtats-Unis commele leader" naturel" du Nouveau (ZLEA).
desAmériques
Monde- pour ne pasdiredu mondeentier.Au suddu RioBravo,la " des- n'estplusde savoirs'ils
Enfait, la question pourlesÉtaslatino-américains
tinéemanifeste" des USAn'estpastoujoursune évidence.En outre,les
doiventou non ouvrirleursfrontières, mais plutôt de préciser dansquelles
autresblocsdéjàformés,commele Mercosur,craignentde se dissoudre
conditions, et à quelprix,ilsvont le faire.Danscetteperspective, la notion
danslesvapeursdu dollaret desfondsde pension,dont le poidssurl'éco-
nomiedesmarchés émergents n'a d'égalque l'extrêmevolatilité(Mussef de " bloc " prendalorstout son sens,car chacunpeut avoirle choix de
"t999). négocierséparément son entréedansle systèmeproposépar la Maison-
Or, la nouvellecrisefinancière traversée par l'Argentine en juillet2001 Blanche, ou bien de suivredesschémas de convergence élaboréssur la
n'a rien fait pour rassurerlesinvestisseurs. Lesmécanismes internesdu basedestraitésd'intégration existants (Dabène, 2000). Cependant, si le
Mercosurn'ont pasempêchéla boursede BuenosAiresde sombrer,malgré choixde la stratégiepar blocl'emporte,il reste à savoir quelle échelle doit
lesappelsà la raisondu président brésilien,
Fernando Henrique Cardoso, qui êtreprivilégiée par lescandidats à l'intégration" hémisphérique ", puisque
a publiquement confirméle soutienmoralde sonpaysà sonmalheureux voi- tous les Etatsparticipentpeu ou prou à des programmes régionauxqui
sin.Cettesollicitude (touteplatonique) secomprendd'autantplusquel'ac- s'emboîtent lesunsdanslesautrescommede véritables poupéesgigognes.
-K 3
A l nrN Mussrr Lt pu zzt eor s Ér nr s,LAM osAï euE
oesr nnr r És
LE SP g UP E ECT
S CO CNE S de librecommerce), fondéevingt ansplustôt pourpromouvoirleséchan-
D EL'INT E CRA T IRE
O NCI O NA L E gesau seindespayslatino-américains et assurer le développement écono-
miquedu sous-continent. Sesdouzemembres (dont tous les signataires du
En effet, sur le continentaméricain,les traités,les accordset les pro- Mercosur)ont approuvéavecenthousiasme le traitéfondateur de Montevideo
grammesd'intégration régionale sontlégion.llssontcependantà géomé- (décembre 1980),quienvisageait déiàla créationd'un marchécommunen
trievariableet ilsn'ont pastousla mêmeportéeéconomiqueet/ou politique appliquantde manièreprogressive (maissansfixer de calendrierprécis),
pour lesEtatssignataires. Malgrélesdéclarations d'intention,lesprocla- desmécanismes trèsclassiques : préférence douanièreaccordéeaux paysde
mationstonitruantes et lesvibrantsappelsà la solidaritécontinentale, lesdiÊ la région,accordsde coopération économique et culturelle,aideaux pays
férentsprojetsn'impliquentpasentrelespartenaires le mêmedegréd'in- lesmoinsdéveloppés (Bolivie,
Equateur, Paraguay)r. Encesens,l'Aladifonc-
tégration,de réglementation et de responsabilité iuridiqueou institutionnelle. tionneplutôtcommeun accord-cadre qui laisselescoudées franchesà ses
Touslesprofilssontalorsenvisagés : simplezonede libre-échange consis- membrespour développertout type de coopérationéconomiqueà l'é-
tant à abolirlesrestrictions quantitatives et lesobstacles tarifairesappliqués chellede la régionou du continent.
aux mouvements de marchandises entrelespaysmembres'; uniondoua- Loin de limiterson ambitionau continentaméricain, le Mexiquea
nièrequiimpliqueun tarifextérieur commun(commele Zollverein institué demandéet obtenusonadmission au seinde I'APEC, en 1993.Crééeen
entrelesEtatsallemands à l'initiativede la Prusse au XIX'siècle); unionéco- 1989,l'Organisation de coopération économique Asie-Pacifique intègre21
nomiquede type Commonwealth britannique2; marchécommuncor- paysen 2001,dont l'Australie, le Canada, la Chine,lesEtats-Unis, le lapon,
respondant à une uniondouanière doubléed'une harmonisation despoli- Singapour et, depuis1994,le Chili.Ellea pour vocationde favoriser la
tiquespubliques(fiscale, agricole, sociale...,comme dansle cadredu traité coopérationéconomiqueentre lespaysde la zone Pacifiqueet de pro-
de Rome); unionmonétaire symbolisée par l'adoptiond'une monnaiede mouvoirlesvertuscardinales du libre-échange et du libéralisme écono-
comptecommune,commel'Europour lespaysmembresde l'Unioneuro- mique.Malgrésonpotentielénorme(en 2000,les21 paysmembrestota-
péenne;sanscompterlesmultiplesconventions de coopération régiona- lisaientune populationde deuxmilliardsd'habitants et concentraient plus
le, signéesau coup par coup afin de montrerla bonnevolontédesgou- de 60 o/ode la richesse mondiale),son rôlese bornesurtoutà encourager
vernements à soutenirlesprojetstransfrontaliers de développement. la croissance de flux commerciaux qui n'ont pasbesoinde règlements ni de
directives pour trouverleur chemindansun espaceen plein développe-
Ie Mexique
et lesinstitutions
d'intégration
régionale menÇmaisoù lesdisparités socio-économiques sontconsidérables. En1994,
lorsde la réunionde Bogor,en Indonésie, I'APEC s'étaitdonnépourobjec-
C'estainsiquele Mexiqueappartient en mêmetempsà plusieurs accords tif la libéralisation totaledeséchanges entrelespayslesplusindustrialisés
d'intégration régionalequi couvrentdesespaces variéset qui correspondent de l'organisation d'ici2010,eÇ d'ici2020,pour lesautres.LeMexique,qui
à desobjectifstrèsdifférents.A l'échelledu bassincaraïbe,il forme avecle accueillera le prochainsommetde I'APEC,les26 et 27 octobre2002, aura
Venezuela et la Colombiele " CroupedesTrois", dont lesactivités selimi- pour tâchede proposerle programmede ce processus d'intégrationet
tent à promouvoirleséchanges de marchandises entrelesÉtatsmembres, d'organiser lesdifférents forumset rencontres qui servirontde cadreà sadis-
unepolitiqueénergétique
à favoriser communeet à garantir(de manièresans cussiono.
douteutopique),la despaysde la région.ll appartientaussià I'AEC
stabilité Malgrésonimplicationdansplusieurs organismes d'intégration écono-
(ÆsociationdesEtatsde la Caraibe),crééeen 1994 pour approfondirlesrela- mique,de tailleet de portéevariables, Cesten signantl'Accordde libre-échan-
tionset accroître leséchanges entrelesriverains
de la " Méditerranée amé- ge nord-américain (Alena),entréen vigueurle 1"'ianvier1994,que le
ricaine" et qui regroupait25 paysen l'an 2000,dont lesmembresdu Mexiquea fait un pasdécisifsurle cheminde l'ouverture et du libéralisme,
" CroupedesTrois". aprèsplusieurs décennies de rhétoriquerévolutionnaire et de replisursoi.
A un autreniveau,celuide l'Amériquelatine,il fait partiedu " Croupe La miseen placede l'accorda sansaucundoute constituéle plusgrand
de Rio", crééen 1986pourservird'outilde consultation et de concertation succès diplomatique de l'ancienprésidentCarlosSalinas de Gortari(1988-
politiqueentrelesnationslatino-américaines, mêmesi sesmembress'inté- 1994),auquellesEtats-Unis pensaient confierla directionde l'Organisation
ressent de plusen plusà desproblèmes purementéconomiques. ll partici- mondialedu commerce,en récompense de sesbonset loyauxservices.
pe aussiaux activitésde l'Aladi(Associationlatino-américaine d'intégra- CependanÇ la profondecrisefinancière qui, en décembre'1994,a accom-
tion),crééeen 1980sur lesbasesde l'Alalc(Association latino-américaine pagnéla prisede pouvoirdu présidentélu, ErnestoZedillo,a conduitla . .
40 44
Le puzzleots Érers,Ll t'aosnieuroesrnRttÉs
de leursvoisinsmexicains et nord-américains. De manièrehautement sym- méricaine signéà Guatemala en a fait l'organetechniquechargéde mett-
bolique,le traitéa étésignédansle châteaude Chapultepec, qui surplom- re en routele Système d'intégration centraméricaine (SICA),qui doit favo-
be lavillede Mexico,en présence de troisinvitésd'honneur:lesprésidents riserla croissance des relationscommerciales entreles paysmembres.Le
du Nicaragua, ArnoldoAlemân,et du CostaRica,MiguelAngelRodriguez, MCCAsembledoncvouloirrenaîtrede cescendres,mêmesi son rôlerisque
ainsique,MireyaMoscoso, présidentedu Panamâ. Lebut de l'opération était de l'Amériquecentraledansle grandpro-
de seréduireà faciliterl'intégration
d'ouvrirlesfrontières à plusde 1 500 marchandises originairesde la région jet de Zone de libre-échange desAmériques(tableaun" 2). Danscette
en abaissant progressivement lesdroitsde douane(sur dix ans pour les optique,lespayscentraméricains ont décidéde mettreen placeun traitéde
produitsindustriels, et surdouzeanspour lesproduitsagricoles). librecommerceavecle Panamâ (21 mars2000),payslongtempsexclude
A biendeségards,le " Trianglenord " n'estqu'unenouvellemanifestation toute initiativerégionaleà causede la présencedes Etats-Unis qui faus-
de l'ancienMarchécommuncentraméricain (MCCA)quia connusonheu- saientlesrèglesdu jeu en conservant leurmainmisesur la zone du canal.
re de gloiredanslesannées1960,avantde succomber souslescoupsconju- Cependant, dansle mêmetemps,le CostaRicaet le Nicaragua ont conclu,
guésdes dissensions internes,des guerrescivileset des conflitsarmés chacunde leurcôté,un accordbilatéralde librecommerceavecle Mexique
(DemyÇ1998).EneffeÇdepuisla disparition desProvinces uniesd,Amérique (leCostaRicafaisantde mêmeavecle Canadapourmieuxcernersonprin-
centrale, en 1838,lesélitesde la régionjouentrégulièrement aveclespro- cipalobjectif: le marchédesÉtats-Unis;.
jets de fédération,de confédérationou d'union douanière,sansjamais
renoncerà l'idéedes " petitespatries" qui justifientleurexistenceécono- oottttÉtssrATtsrtQUEs
TngLauNo2 : Lt MnncHÉcoMMUNctxrneuÉntcatN, DEBAsE
miqueet politique.En 1923,la signatured'un traitéde paix et d'amitié (1991-1999)
entrelesdifférentspaysouvraitcependantla voieà l'émergence d'une insti-
tution soutenuepar Washingtonet la Commission économiquepour t99r 1995 t999
l'Amériquelatine(Cepal): l'Organisation desEtatsde l'Amérique centrale Population (en millions) 26J 29,3 321
(Odeca),fondéeen 1951à SanSalvador. PIB (en milliards de dollars) 261 4rA s3*
Dix ansplustard,à l'initiativedespaysmembresde l'Odeca(CostaRica,
Commerce extérieurt I1,05 1946 2922
ElSalvador, Cuatemala, Honduras, et Nicaragua), naissaitle Marchécom-
mun centraméricain qui, durantlesdix premières annéesde sonexistence, 1) l mpor t at ions+ expor t at ionsde biens( m illiar dsde dollar sUS) . Sour ce:
allaitdynamiserl'économierégionaleet favoriserl'émergence de véritables http://www.sieca.org.gt
marchésnationaux.Une monnaiede comptecommune/le pesocentra-
méricain,a été crééeà cetteoccasionafin de faciliterlestransactions finan-
cièreset d'accélérerleséchangescommerciaux.Cependant,cette initiati- L'intégrationrégionale centraméricaine est doncelleaussià géométrie
ve hautementsymbolique masquaitmal lesvéritables enjeuxpolitiques de variable.Le Marchécommuncentraméricain strictosensucomprendles
l'opération, puisquele pesocentraméricain, commele balboapanaméen, cinq paysfondateurs de l'Odecaet couvre422 720 km2.Ensont exclusle
n'était(et n'esttoujours)qu'un avatardu dollarnord-américain, la paritéfixe Belize, ancienne colonieanglaise, et le Panamâ,longtempsconsidéré com-
étant d'un pesocentraméricain pour un US dollar.Au milieudesannées me un simple" protectorat" des Etats-Unis, mêmesi de nouveauxliens
1970,lacrisedu système obligeale Secrétariat à l'intégration économique ont ététissés aveccesdeuxnationsà la faveurdeschangements politiques
centraméricaine (Sieca) à proposerde nouvelles formulesqui ne connurent qui, depuisle début desannéesI990, ont transformé l'ensemble de la
aucunsuccès: la montéeen puissance des guérillas(principalement au zone.À une autreéchelle,lesÉtatscentraméricains participent,commele
Salvador, au Nicaragua et au Cuatemala) et la répression sanglante organisée Mexique,le Venezuela et la Colombie,aux activitésde l'Association des
parl'arméeet lesgroupesparamilitaires ont fait passer au secondplantous Étasde la Caraibe(AEC).Au nouveaude la sous-région, le " Trianglenord ",
lesprojetsd'intégration économique (photographie n' 1, p, 6). fait officede modèleet de précurseur pourlesEtatsvoisinset pour lesinsti-
Lafin desguerrescivilesqui, au coursdesannées1970-1980,ont dévas- tutionsrégionales d'intégration. C'estd'ailleursavecla bénédiction des
té et appauvrilesnationsde l'isthme,a permisde relancer lesmécanismes responsables du Sieca,présentsà la tabledesnégociations,que le Honduras,
de la coopération régionale. Crééen 1960à Managuapourveillerà la bon- le Cuatemalaet le Salvador ont signéavecle Mexiquele traité de libre-
ne marchedu MCCA,le Siecaa été reconfirmédanssesprérogatives en échangequi a ouvertla voieau PlanPuebla-Panamâ, proposépar le prési-
Deuxensembles hétérogènes
: la Communauté
cala'fbe improbable la créationd'un espace économique cohérentcapabled'insuf-
e t l a C o mmu n a uté
andine flerunevéritabledynamiquerégionale, alors que chaquepaysestplacéen
situationde concurrence sur le marché mondial par rapportà sesvoisins'
Or, cetteproposition mexicaine s'adresse aussiau Bélizeet au Panamâ, À cet égard,le dernier grand bloc économique du continent,la
preuveque lesfrontières géopolitiques peuventprendrede nouvelles dimen- Comrnunauté andine,semble bénéficier de conditions plusfavorables, com-
sionset adopterdesconfigurations différentes selonlescontraintes et les me le montredanscet ouvrage l'analyse d'Aida Lerman Alperstein. Créée en
nécessités du moment.Sile casdu Panamâ s'explique en grandepartiepar 1969 par l'accord de Carthagène, sous le nom de Pacte andin, l'association
lesdécoupages territoriauxopéréspar lesEspagnols au coursde l'époque a étérelancée en 1996pour mieuxsuivrel'exempled'un Mercosur en plei-
coloniale6, le Bélizeestl'héritage d'unefrontièreimpériale établiede maniè- ne expansion et dynamiser leséchanges entrelescinq paysmembres:
re informelle entrel'Espagne et l'Angleterre. Defait parla géographie, l'an- Bolivie,Colombie,Équateur, Pérouet Venezuela. L'obiectifde la Communauté
cienHondurasbritannique appartientindiscutablement au mondecentra- andineest de favoriserun " développement équitable " dans unerégionmar-
méricain.Pourtant,par son histoire,il se rattacheau monde caraïbe quéeparde fortesdisparités socio-économiques (laBolivieestl'un despays
anglo-saxon, puisquelespremiers colonsanglaisse sont installés dèsle lespluspauvres d'Amérique latine),et pardessituations politiques trèsdéli-
débutdu XVll"sièclesurleversantAtlantiquede la Capitainerie du Cuatemala, cates(plus particulièrement en Colombie). A l'origine,la Communauté avait
pourexploiterlesboisprécieux de laforêthumidedont le caractère malsain pourbut déclaréde participer à la mise en ceuvre d'un vaste marché com-
avaitrebutélesconquistadors. Devenuindépendant en 1981,le Bélizeest mun latino-américain, dont l'existence estdésormais concurrencée parle pro-
restémembredu BritishCommonwealth et la Crande-Bretagne continueà jet nord-américain de Zonede libre-échange des Amériques.
veillersur la sécurité de sonanciennecolonie'. Defait,mêmesi touslespaysandinsont incontestablement bénéficiédes
Sesliensavecla Couronneanglaise, sesrelations commerciales avecla mesures prises pour accroître leséchanges intrarégionaux et favoriserl'ou-
Crande-Bretagne, l'usagede l'anglaiscomme langueofficielleet lespré- verturedeséconomies nationales sur le monde (tableau no 3), lesgrandes
tentionspermanentes du Cuatemalasurson territoire,ont pousséle Bélize déclarations de principequi ont accompagnéla créationde la commu-
danslesbrasd'un autrebloc régionalqui, au contrairede l'Odecaet du nautén'ont pas permisde créerun espacehomogèneni de résorberle
Marchécommun centraméricain, ne demandaitqu'à l'accueillir: la lourd passifde sociétéstrèsinégalitaires. En outre,commeon l'a vu, les
Communautécaraïbe(CaribeanCommunity- Caricom).Crééeen 1973 deuxpoidslourdsde la CAN(laColombieet le Venezuela) profitentde leur
surlesbasesde l'ancienne Association caraïbede libre-échange (Caribean situationgéopolitique, au contactentredifférents espaces économiques,
FreeTradeAssociation - Carifta),la Caricoma pour but l'établissement d'un pour participeractivementà d'autresorganismes d'intégration,régionale
véritablemarchécommun,le développement de la coopération régionale ou de coopérationinternationale : d'un côté l'Association des Etatsde la
dansplusieurs secteurs clés(éducation,culture,communication...), et la Caraibe, de l'autre,le " Croupedestrois", en compagniedu Mexique.
coordinationde la politiqueextérieuredes différentsEtatsmembres(au
nombrede quinzeen l'an2000,dont le Cuyana,qui faisaitpartiedu grou- eNotl"tt,
No3 : Le CovvuNreurÉ
TABLEAU or eest(1970-2000)
srATlsrlQUEs
pe fondateur,avecla Barbade, la Jamaique et Trinidadet Tobago).
Si la Communautécaraiberegroupeessentiellement des paysde lan- Fopulation PIB Commerce Exportations
gueanglaise, elles'ouvreprogressivement auxautresîlesdesAntilles. Ainsi, (en millions) (milliards
de dollars) extérieurr intracommunautaires
en 1997,Hartia demandé et obtenusonadmissions. Quant à LaCuadeloupe
(milliards de dollars)
et à la Martinique,départements français,ellesentretiennent de bonnes
relationsaveclesîlesvoisines, maisleuradhésionpleineet entière,pério- t970 55 28,6 9,5 0, 1
diquementenvisagée, posedesproblèmes politiques, économiques et cul- 2000 113 )6 A 1 97,0 5l
turelspresqueinsurmontables. Bienentendu,touslespaysmembresde la
Caricomont adhéréà l'Association desÉtatsde la caraibe(AEC)qui accueille
aussilesÉtatscentraméricains et lespousseà accroîtreleurséchanges et 1) lm por t at ions+ expor t at ionsde biens( m illiar dsde dollar sUS) . Sour ce:
leursrelationscommerciales aveclesAntilles.Cependant,l'hétérogénéité des http://www.comunidadandina.org/
. territoires,
/ /
,lb
ce vaste
dessituations
ensemble mal
politiques
articuléautour
et desniveauxde développement
de la Méditerranée américaine,
dans
rend
4+
A LIIN Mussrr Lt puzzlr ors Érets,ln vosnleur ors rRRtrÉs
C'estce qu'AnneSophieClaeys,Aida LermanAlpersteinet Stephan latino-américains estde nouveauà l'ordredu jour,suiteà la dernièrecrise
Sberroveulentillustrerdansla troisièmepartiede cet ouvrage.Lapremiè- financière traversée il resteà savoirquelsensil faut donner
par l'Argentine,
re montrecommentl'Amériquelatine,qui a toujoursété une préoccupation aux" droitsde l'homme" surun continentoù l'indicede développement
marginaledanslespolitiquesde développement et de coopération de humaincalculépar le Programme desNations-Unies pour le développe-
l'Unioneuropéenne, profitede la créationde grandsespaces économiques ment (PNUD)l2 variede 0,935pour le Canadaà 0,643pourla Bolivieet à
pour apparaître commeun partenaire possiblepour lesnationsdu vieux 0,440pour Halti.,
continent,Danscecontexte, AidaLermanAlperstein souligneque le Mercosur Or,si touslesEtatsaméricains veulentaccélérer l'élargissement et l'ap-
monnaied'unecertainemanièresonentréedansle projetnord-américain profondissement desprogrammes d'intégration régionale,la questionsocia-
de Zone de libre-échange desAmériques, en jouantsur lesbonnesrela- le risquede se poseravecd'autantplusd'acuitéque,dansle vasteespace
tionsqu'il a su développer avecla zonecaraïbe,lespaysde la Communauté situéau suddu RioGrande,mêmele rétablissement de la démocratien'a
andineet l'Unioneuropéenne. Ledilemmeestdonc,pour lespaysmemb- passuffià apaiserlestensions, ni à atténuerlesprofondes disparités socio-
resdu Mercosur, de choisirentrel'approfondissement de l'intégrationrégio- économiques qui sontsolidement enracinées depuisl'époquecoloniale
nale(pourallerversune structuresemblable à l'Unioneuropéenne et à sa (MartiI Puig,2000).Ence sens,il ne suffitpluspour leschefsd'Etatamé-
" zoneeuro "), ou d'accepterlesconditionsde la ZLEAproposéepar ricains,lesexpertsde la Banqueinteraméricaine de développement ou les
Washington, limitéeà la miseen placed'unezonede libre-échange iden- responsables des programmesinternationaux de coopérationde sauter
tiqueau modèlede l'Alena.Lepoidsdesflux commerciaux entrelesdiffé- commedescabrissur leurchaiseen criant" L'intégration ! L'intégration I
rentsblocsjouealorsun rôleessentiel : alorsque le Mexique,la Communauté lJintégration ! "'3.Encorefaut-ilquecetteintégration n'apparaisse pas,aux
caraïbeet lespayscentraméricains ont aveclesEtats-Unis desrelationspri- yeuxdespopulations directementconcernées, que commeun cadeauoffert
vilégiéesqui lesmaintiennent en situationde dépendance, le Mercosur a réus- auxentreprises transnationalesou commele dernieravatard'une doctrine
l'originede sesclientset sesfournisseurs,
si à diversifier ce qui lui permetde Monroetoujoursrecommencée.
mieuxnégociersaplacedansle systèmeéconomiqueaméricain.
Quantà StephanSberro,il s'intéresse aux négociations qui ont permis Notes
au Mexiquede signeravecl'Unioneuropéenne un traitéde libre-échange 1 Ceux-ciconserventtoute liberté pour réglementerleur commerceavec des paystiers
grâceauquel,tout en restantdansle cadreformel de l'Alena,il espère e t p o u r é l a b o r e r l e u r p r o p r e p o l i ti q u e é co n o m i q u e e t so ci a l e ,co m m e d a n s
accroîtresesrelationscommerciales avecles principales puissances de l'Associationeuropéennede libre-échange(AELE)crééeen 1959 par la Crande-
B re ta g n ee t l e s Éta tse u r o p é e n sq u i r e fu sa i e n td e s'e n g a g e rp l u s a va n t d a n s l e
l'AncienMonde.L'intérêt de cetaccordestqu'il ne selimitepasà desconsi- processus d'union économiqueamorcépar la CEE.
dérationspurementéconomiques. Eneffet saisis d'un brusquebesoinde ver-
2 " M o d e d e co o p é r a ti o né co n o m i q u ei n te r n a ti o n a al u x te r m e sd u q u e l d e u x o u
tu, lesdirigeants européens ont imposéuneclause" démocratique " à leurs plusieursÉtatsconviennentde laisserlibrementcirculerentre eux les personnes,les
partenaires mexicains. ll ne fait pasde doutequ'aumomentde signer,l'in- capitauxet les marchandises de leursressortissants, de coordonnerleurs politiques
surrection du Chiapas, l'habileté politiquedu sous-commandant Marcos, les é co n o m i q u e s,fi n a n ci è r e se t so ci a l e s,e t d e m e n e r , d 'u n co m m u n a cco r d , l e s
maladresses du PRllo et lesdérapages incontrôlés desgroupesparamilitai- négociationséconomiquesavecles Étatsnon-membres" (Encyclopedia universolis).
resont pesélourddansla balance. Quoiqu'ilen soit,la priseen comptede 3 Le dernierÉtat à avoir demandéet obtenu son adhésionà l'Aladiest Cuba (aoÛt
critèrespolitiques ou sociauxsembledésormais 1999),ce qui a été perçu comme un affront par les États-Unis.
s'imposerdanslesdiscus-
sionsconcernant tout accordd'intégration économique ou de coopération 4 Le Mexiqueaujourd'hui,n'i4, luillet2001,p. 5.
commerciale. Lesommetdu C8 de Cênes(juillet2001)a démontréque les 5 Sansl'aidefinancièreapportéepar lesÉtats-Unis en 1995,le Mexiquen'auraitiamais
pu faireface à la violentecrisemonétairequi, aprèsla brusquedévaluationdu peso
opposants à la " mondialisation néolibérale " pouvaientdésormais sefaire (décembre1994), a failli emporter une grande partie des marchésémergents(" Effet
entendre,parfoisde manièreviolente.ll s'agitdoncde donnerdesgagesà tequila "). Voir à ce sujet, dans cet ouvrage,le travail de RafaelCuillen " Mexique :
une " sociétécivile" qui tend aussià se mondialiser. Régimede changeet intégrationmonétairedans l'Alena".
En ce sens,l'article58 du traitésignépar le Mexiqueet l'Unioneuro- 6 L'audiencedu Panamâappartenaitau vice-royaumedu Pérou,avantd'être rattachée,
péennepeut servirde modèleà tous lesaccordsde libre-échange à venir, dont la capitaleétait SantaFe de Bogota. ll a
en1739, à celui de Nouvelle-Crenade,
puisqu'ilsignaleque toute violationdes principesdémocratiques ou au fallu l'interventionarmée des États-Unis,en 1903, pour faire de cette province
respectdesdroitsde l'hommeseraconsidérée commeunecausede suspen- colombienneun Étatindépendant.
siondu contratrr.Alorsque la fragilitééconomiqueet politiquedespays 7 Malgré un accord signé en 1991 avec le Cuatemalapour reconnaîtrel'existenceet
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Bibliographie
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