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Réanimation 13 (2004) 167–175

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Mise au point

Récepteurs de type Toll, réponse inflammatoire et sepsis


Toll like receptor, inflammatory response and sepsis
O. Huet a, G. Choukroun a,b, J.-P. Mira a,b,*
a
Service de réanimation médicale, CHU Cochin–Saint-Vincent-de-Paul, assistance publique hôpitaux de Paris, 27, rue du Faubourg-Saint-Jacques,
75679 Paris cedex 14, France
b
Institut Cochin, 22, rue Méchain, 75014 Paris, France
Accepté le 7 février 2004

Résumé

L’immunité innée, décrite dès le XIXe siècle par Elie Metchnikoff, constitue la première ligne de défense de l’organisme. La découverte
récente des récepteurs de type Toll (TLR : Toll Like Receptor), une famille de récepteurs présents aussi bien chez les mammifères que les
insectes ou les plantes, représente une avancée majeure dans la compréhension des mécanismes moléculaires de l’interaction hôte–pathogène.
Les TLRs sont des récepteurs transmembranaires exprimés par les cellules de l’immunité innée, comme les monocytes–macrophages ou les
cellules dendritiques, couplés à une voie de transduction du signal aboutissant à l’activation du facteur de transcription nucléaire NF-jB. Les
TLRs peuvent reconnaître des structures moléculaires hautement conservées associées aux pathogènes et initient ensuite la réponse immune
et la réponse inflammatoire systémique. Ainsi, TLR4 reconnaît le lipopolysaccharide de la paroi des bactéries à Gram-négatif. Bien que leur
rôle dans la physiopathologie du sepsis reste mal compris, les récepteurs de type de Toll constituent de nouvelles cibles thérapeutiques
potentielles dans la prise en charge des états inflammatoires graves qui compliquent parfois les infections microbiennes.
© 2004 Société de réanimation de langue française. Publié par Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Abstact

The innate immune response, which was firstly described by Elie Metchnikoff over a century ago, is the first line of defense against
infectious diseases. The recent discovery of a family of receptors shared by mammals, insects and plants, the Toll-like receptors (TLRs), has
revealed new insights on the molecular events initiated by the host–pathogen interaction. TLRs are transmembrane receptors, mainly
expressed by the immune cells, such as monocytes, macrophages or dendritic cells, which may lead to NF-jB activation. Toll like receptors
recognize highly conserved molecular patterns associated with microbial pathogens to initiate the systemic inflammatory immune response.
For example, TLR4 detects the lipopolysaccharide (LPS) of Gram-negative bacteria wall. Since their role in the pathogenesis of sepsis and
septic shock is not clearly understood, the discovery of the TLRs provides new potential targets to counteract the pro-inflammatory systemic
response that complicates microbial infections.
© 2004 Société de réanimation de langue française. Publié par Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Récepteurs de type Toll ; Immunité innée ; Sepsis

Keywords: Toll like receptors; Innate immunity; Sepsis

1. Introduction effectués tant dans la prévention (hygiène, vaccination) que


dans le traitement (antibiotiques, antiviraux) de ces patholo-
Les infections graves restent actuellement une des premiè- gies.
res causes de mortalité dans le monde malgré les progrès Lorsque le sepsis (association d’un foyer infectieux et
d’une réaction inflammatoire systémique), s’accompagne
d’une défaillance d’organe il répond à la définition de sepsis
* Auteur correspondant. sévère. Aux États-Unis cette forme clinique grave des états
Adresse e-mail : jean-paul.mira@cch.ap-hop-paris.fr (J.-P. Mira). infectieux affecte 750 000 personnes par an et est responsa-
© 2004 Société de réanimation de langue française. Publié par Elsevier SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.reaurg.2004.02.002
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ble de plus de 220 000 morts par an [1]. Pour faire face à ce Tableau 1
problème majeur de santé publique d’importants moyens de Motifs moléculaires associés aux pathogénes (PAMP) et TLR correspondant
recherche sont mis en œuvre visant à mieux comprendre les PAMP Pathogènes TLR
différentes étapes de l’invasion microbienne et les mécanis- LPS Bacilles à Gram-négatif TLR4
mes physiologiques qui régulent la réaction de l’hôte vis-à- Lipoprotéines Eubactéries TLR2
Peptidoglycane Bacilles à Gram-positif TLR2
vis d’une agression par un agent pathogène [2]. Une
Acide lipotéichoïque Bacilles à Gram-positif TLR2 ± TLR6
meilleure connaissance des mécanismes moléculaires de dé-
Lipoarabinomannane Mycobactéries TLR2
fense pourrait permettre non seulement de développer de Glycolipides Tréponèmes TLR2
nouveaux outils diagnostiques et thérapeutiques mais aussi Zymosan Levures TLR2
d’expliquer les différences de réaction observées entre diffé- Flagelline Bactéries à flagelles TLR5
rents individus exposés à un même agent pathogène (do- ADN (CpG non méthylé) La plupart des agents TLR9
maine de l’immunogénétique). bactériens
La découverte récente des récepteurs de type Toll et
l’identification de leur rôle majeur dans la reconnaissance de
Les PAMPs répondent à différents critères :
l’agent pathogène, le déclenchement de la réponse immune
• ils sont spécifiques des pathogènes et n’ont donc pas
innée et l’initiation de l’immunité adaptative constituent la
d’équivalence chez l’hôte (protection du soi) ;
principale avancée des cinq dernières années dans le do-
• ce sont des structures indispensables à la survie et/ou au
maine de l’immunité anti-infectieuse [3].
caractère invasif des micro-organismes, diminuant ainsi
la possibilité d’une mutation aléatoire rendant le patho-
gène indétectable ;
2. Immunité innée
• ils représentent la signature moléculaire de groupes de
micro-organismes, ainsi le lipopolysaccharide est une
Lors de l’infection par un agent pathogène, l’hôte possède
des caractéristiques des bactéries Gram-négatif, et
deux armes pour se défendre : l’immunité innée et l’immu-
l’ARN double brins signe la présence de particules vira-
nité adaptative.
les (Tableau 1). Un des avantages immédiats de la sélec-
La réponse adaptative est le résultat de la sélection de
tion de ces « marqueurs » par le système immunitaire
clones lymphocytaires qui se sont différenciés après présen-
inné est de limiter le nombre de récepteurs nécessaires à
tation par les cellules dendritiques de déterminants antigéni-
la reconnaissance des envahisseurs. Ces récepteurs sont
ques provenant de la dégradation des agents pathogènes à
l’intérieur des phagolysosomes. Cette réponse adaptative nommés PRRs (Pattern Recognition Receptors) et sont
donne naissance à une défense puissante dirigée contre un les acteurs de l’initiation de la réponse innée.
agent pathogène spécifique et ceci tout au long de la vie. Il existe deux grandes classes de PRRs :
Cette réponse acquise qui repose sur la prolifération de lym- • les PRRs solubles sont des molécules plasmatiques qui
phocytes B et T et la synthèse d’anticorps met trois à cinq se lient aux pathogènes soit pour les opsoniser permet-
jours à se développer et à être active lors de la première tant alors leur phagocytose, soit pour les détruire direc-
rencontre entre l’hôte et le pathogène [4]. Lors des exposi- tement. Les plus étudiés des PRRs solubles sont les
tions suivantes, cette réponse spécifique est plus rapide constituants du complément, les protéines de la famille
(2 jours) et plus puissante. des collectines (Mannose Binding Lectin et les protéines
À l’inverse de la réponse immune adaptative, présente A et D du surfactant), la protéine liant le LPS (ou LBP :
seulement chez les vertébrés, l’immunité innée existe chez LPS Binding Protein) et les peptides antimicrobiens
tous les organismes multicellulaires sous une forme relative- (défensines, cathélicidines,...) [6] ;
ment conservée au cours de l’évolution, n’est pas dirigée • les PRRs membranaires sont présents à la surface des
contre un agent pathogène en particulier et ne conduit pas à cellules de l’immunité innée mais aussi de certaines
une « mémoire » immunologique. La propriété principale de cellules épithéliales. Ils permettent la reconnaissance
la réaction immunitaire innée tient dans sa capacité à fournir des pathogènes, et leur phagocytose (CD14, récepteur
une réponse rapide, quasi-immédiate, agissant directement au mannose et scavanger receptor) sans induire de
sur l’agent pathogène sans mise en jeu de la réaction d’induc- réaction inflammatoire. Il a fallu attendre la fin des
tion ou de maturation lymphocytaire. La reconnaissance de années 1990 pour que soit identifiée une famille de
composants de l’organisme pathogène est la pierre d’achop- récepteurs membranaires capable d’induire, en réponse
pement de cette réponse immune innée. Afin de ne pas être à la détection du micro-organisme, une cascade de si-
délétère elle doit pouvoir reconnaître à coup sûr le pathogène gnalisation intracellulaire aboutissant à la transcription
tout en épargnant le « soi » [5]. Ainsi durant l’évolution de gènes de l’inflammation tels que TNF-a et IL-6. Ces
certains déterminants moléculaires des pathogènes ont été récepteurs sont les récepteurs de type Toll (Toll Like
sélectionnés pour être reconnus de façon certaine. Janeway, Receptors ou TLRs) dont le rôle essentiel dans la défense
immunologiste américain, leur a donné le nom de PAMPs, anti-infectieuse a été décrit initialement chez la droso-
initiales de Pathogen Associated Molecular Patterns. phile [7].
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3. Les récepteurs de type Toll

3.1. Récepteur Toll et réponse immune chez la drosophile

La drosophile (ou mouche à vinaigre), comme tous les


insectes, ne possède pas de système immunitaire adaptatif. Il
revient donc au système immunitaire inné de circonvenir et
d’éradiquer toute infection microbienne. Chez la drosophile
une famille de récepteurs, dont le principal membre est le
récepteur Toll, joue un rôle essentiel dans cette réponse
anti-infectieuse. Le récepteur Toll est un récepteur membra-
naire de type I qui possède plusieurs fonctions. Il avait été
initialement décrit dans le développement embryonnaire où
il intervient dans le contrôle de la polarisation dorsoventrale
Fig. 1. TLR : Schéma général.
de la larve. Sa découverte fortuite est à l’origine de son nom
(Toll signifiant « super » « génial » en allemand) et a valu le anti-infectieuse aussi bien chez les plantes et les insectes que
prix Nobel au Dr Nusslein-Volhard. Secondairement, le chez les mammifères. Les TLRs diffèrent essentiellement par
groupe de Jules Hoffman à Strasbourg a découvert l’impor- leur domaine extracellulaire, c’est-à-dire la partie directe-
tance de ce récepteur dans la défense antimycotique chez cet ment impliquée dans la reconnaissance et la fixation du
insecte, et a été clairement à l’origine du regain d’intérêt de PAMP. Ainsi, TLR2 et TLR4, qui sont deux récepteurs ma-
nombreuses équipes de recherche sur l’immunité innée. jeurs dans la défense antibactérienne, ne possèdent que 24 %
Ainsi, le rôle de la voie de signalisation de Toll chez la d’homologie au niveau de leurs domaines extracellulaires.
drosophile adulte a d’abord été étudié dans la réponse aux
infections fongiques. Il a été montré qu’une délétion de Toll 3.3. Ligands des récepteurs de type Toll
ou d’un des éléments de sa voie de signalisation entraînait
Après la découverte du rôle essentiel des TLRs dans la
une surmortalité liée à un défaut de synthèse d’un peptide
défense anti-infectieuse, le clonage rapide des dix membres
antimicrobien appelé drosomycine [7]. La découverte
de cette famille a posé le problème de l’identification des
d’autres récepteurs similaires à Toll et la démonstration de
ligands de chacun de ces récepteurs. De nombreux travaux
leur rôle respectif dans la distinction des différents pathogè-
ont permis au cours des trois dernières années de réaliser des
nes et la synthèse de peptides antimicrobiens spécifiques de
progrès magistraux dans ce domaine en utilisant soit des
l’agresseur, a définitivement confirmé l’importance de cette
modèles cellulaires (transfection du récepteur et analyse de la
famille de récepteurs dans l’immunité innée des insectes [8].
réponse cellulaire à différents agonistes), soit des modèles
La découverte de récepteurs humains homologues au Toll animaux (souris « knock-out »). Ces études ont aussi permis
de la drosophile a permis d’étendre ces conclusions aux de mieux définir les composants des agents microbiens res-
mammifères. De plus, la signalisation intracellulaire de Toll ponsables de leur pathogénicité (Tableau 1).
chez la drosophile est très proche de la voie de signalisation
qui relie le récepteur de l’interleukine-1 (IL-1) au facteur de 3.3.1. TLR4, récepteur au LPS
transcription nucléaire NF-jB chez les mammifères. Cela a Le LPS (lipopolysaccharide) ou endotoxine est une pro-
été à l’origine de grandes avancées dans la compréhension de téine constitutive de la paroi des bacilles Gram-négatif
la réponse immune anti-infectieuse chez l’homme. (BGN) qui est connue pour jouer un rôle prépondérant dans
l’apparition et le développement d’un état de choc lors d’in-
3.2. Récepteurs de type Toll chez les mammifères (Fig. 1) fections à ces bactéries. Le LPS est couramment utilisé dans
les modèles expérimentaux de choc septique (endotoxinique)
Les homologues de Toll chez l’homme sont appelés récep- car son injection reproduit l’ensemble des signes cliniques et
teurs de type Toll (TLRs : Toll Like Receptors). Actuellement conséquences biologiques observés au cours de ce type de
dix récepteurs de type Toll ont été décrits (TLR1-TLR10) [3]. choc : fièvre, hypotension, lésions tissulaires et défaillances
Ces récepteurs sont de type transmembranaire et ont une d’organes. Lorsque le LPS est libéré dans l’organisme, il peut
structure semblable à celle du récepteur Toll de la droso- se fixer sur une protéine synthétisée par le foie : la LBP (LPS
phile : un domaine extracellulaire composé de la répétition de Binding Protein), qui permet sa présentation à un récepteur
motifs riches en leucine (22 pour TLR4), une courte portion membranaire, le CD14. L’importance de ces deux protéines,
transmembranaire et un domaine intracellulaire qui com- LBP et CD14, dans la réponse cellulaire induite par le LPS a
porte une forte homologie avec le récepteur à l’IL-1 par été définitivement mise en évidence à l’aide de souris knock-
l’intermédiaire d’un domaine commun à tous les membres de out pour chacune de ces protéines. Il a ainsi été montré que
cette famille, le domaine TIR (Toll/Interleukine-1 receptor l’injection d’une dose de LPS habituellement létale chez la
domain) (Fig. 2). Ce domaine TIR a été remarquablement souris, est sans effet chez des souris qui n’expriment pas la
conservé au cours de l’évolution [9] et induit une réponse LBP ou le CD14 [10,11].
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LBP LPS
MD2
IL-1RI IL-1RAcp

TAB2
cytoplasme PP

TAK-1
TAB1
PP

MyD88
MyD88
TOLLIP

IRAK-1

-1
TRA

IRAK
F6
IRAK-4
P
IRAK-1
TR A

P
F6

P
P

TAB2
TAB1
TAK-1
TRAF6
PP

3
Uev1A
Udc1
IKK§ IKKa

IKK-g

MKK3,4,5
P P
P IkB
P65 P60
P
JNK P
P38

P65 P50

Noyau
Fig. 2. Voies de signalisation de IL1R/TLR conduisant à l’activation de NF-jB.
(1) La fixation du ligand sur IL1R entraîne le recrutement de MyD88 via une interaction TIR-TIR. Myd88 permet le rapprochement d’IRAK-4 au complexe
récepteur. De façon concomitante la formation du complexe Tollip/IRAK-1 permet à celui-ci de se fixer à MyD88 via son Death Domain (DD). Grâce à
l’interaction IRAK-1/IRAK-4, IRAK-4 peut phosphoryler IRAK-1, entraînant son activation. TRAF-6 va interagir de façon transitoire avec le complexe par
l’intermédiaire de la forme activée d’IRAK-1.
(2) Le complexe phospho-IRAK-1/TRAF-6 se détache du complexe récepteur pour ensuite interagir avec le complexe membranaire constitué par TAK1, TAB1
et TAB2, entraînant leur phosphorylation et leur translocation dans le cytosol. IRAK-1 reste au niveau membranaire où elle va être dégradée.
(3) Dans le cytosol le complexe multimérique composé par TRAF-6/TAK1/TAB1/TAB2 va interagir avec les ligases ubiquitine Ubc13 et Uev 1A. Ceci permet
l’ubiquitination deTRAF-6 indispensable à l’activation de TAK-1.
(4) Une fois activée TAK-1 phosphoryle le complexe IKK et certaines MAP kinase kinases (MKK) spécifiques. IKK dégrade l’inhibiteur I-jB de NF-jB en le
phosphorylant. NF-jB ainsi libéré, migre dans le noyau où il va interagir avec des promoteurs spécifiques. Les MKKs activées vont à leur tour activer des
MAP-kinases de la famille JNK/P38 conduisant à l’activation d’autres facteurs transcriptionnels tel que c-jun et c-fos.

Néanmoins, malgré l’importance prouvée de ces deux histidine) dans le domaine TIR de TLR4 responsable de la
protéines dans la reconnaissance et la présentation du LPS, synthèse d’un récepteur inactif ; les souris C57BL10/ScCR
aucune d’entre elles n’a d’action directe sur la signalisation présentent une mutation non-sens qui bloque totalement
intracellulaire induite par le LPS. Ainsi, le récepteur CD14, l’expression de TLR4 [14]. Ainsi l’absence ou l’inactivation
qui est une protéine ancrée sur le versant externe de la de TLR4 supprime totalement la sensibilité au LPS. Néan-
membrane cytoplasmique par une queue lipidique lui confé- moins, si la présence de TLR4 est nécessaire pour induire un
rant une grande mobilité (GPI-anchored protein), ne possède signal cellulaire, elle n’est pas suffisante. La transfection du
pas de domaine cytosolique susceptible d’induire une signa- gène tlr4, dans des cellules qui ne l’expriment pas naturelle-
lisation [12]. Durant ces 20 dernières années de nombreux ment, ne restaure pas la réponse au LPS. Une deuxième
groupes ont recherché le « co-récepteur » du CD14 capable protéine appelée MD2 est nécessaire. Ainsi lorsque le gène
d’activer les cellules. L’étude génétique de deux lignées de MD2 est co-transfecté avec celui de TLR4, les cellules
murines naturellement résistantes au choc endotoxinique (les deviennent totalement réactives à l’endotoxine [15]. TLR4,
souris C3H/HeJ et C57BL10/ScCR) a permis d’expliquer par MD2 et CD14 forment le complexe de reconnaissance du
quel mécanisme se fait la transduction du signal lorsque LPS (LPS-recognition complex) [16].
CD14 se trouve en présence de LPS [13]. Chez ces souris, le Des souris knock-out (KO) TLR4 (TLR4–/–) ont été créées
gène défectueux a été localisé au niveau du chromosome 4 et confirmant définitivement que la présence de TLR4 est né-
identifié comme étant TLR4 (Fig. 3). Les mutations respon- cessaire dans la voie de signalisation du LPS [17]. Ces
sables de la résistance au LPS ont été caractérisées : les souris preuves directes du rôle majeur de TLR4 dans l’activation
C3H/HeJ contiennent une mutation ponctuelle (proline → cellulaire par le LPS ont été retrouvées chez l’homme chez
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Fig. 3. Récepteurs de l’endotoxine : étapes aboutissant à la signalisation intracellulaire.


La formation du complexe LPS-LBP (LPS binding protein) permet la fixation à CD14 au niveau de la membrane cellulaire. Ce complexe va s’associer avec
MD2-TLR4 pour activer les voies de signalisation de ce récepteur.

qui la présence d’une mutation dans la partie extracellulaire avaient initialement suggéré que TLR2 puisse aussi consti-
de TLR4 est responsable d’une insensibilité au LPS inhalé tuer un récepteur pour le LPS qui s’est révélé secondairement
[18]. contaminé par des lipoprotéines [21,22]. Cependant, si l’hy-
TLR4, en collaboration avec CD14, pourrait aussi être pothèse de TLR2 comme récepteur de l’endotoxine des BGN
impliqué dans la défense immune innée contre certains virus est définitivement rejetée, il semble que ce récepteur recon-
comme le virus respiratoire syncytial (VRS) [19]. L’infec- naisse comme ligand le LPS d’autres micro-organismes
tion par le VRS est en effet responsable d’infections pulmo- comme le spirochète Leptospira interrogans (responsable de
naires plus prolongées et plus sévères chez les souris défi- la leptospirose) dont le lipide A (portion lipidique du LPS) a
cientes en TLR4 (C3H/HeJ ou TLR4–/–) que chez les souris une structure moléculaire légèrement différente de celle du
non mutées. Enfin, d’autres ligands de TLR4 ont été rappor- LPS des BGN [23].
tés comme les Heat Shock Proteins. Cependant, la contami- Étant donné la relative spécificité des PRRs vis-à-vis des
nation de ces protéines recombinantes par du LPS pourrait PAMPs, on peut s’étonner de la capacité de TLR2 à recon-
remettre en cause cela. naître un si large panel de PAMPs et donc de pathogènes. Les
travaux réalisés par les équipes d’Aderem [24] et d’Akira
3.3.2. TLR2, le récepteur polyvalent [25] ont fourni des éléments de réponse à cette question en
En utilisant une approche similaire à celle employée pour démontrant que TLR2 possède la capacité de réaliser des
démontrer que TLR4 était le récepteur au LPS, il a été homodimères et/ou des hétérodimères notamment avec
rapporté que TLR2 reconnaît différents PAMPs et détecte TLR1 et TLR6. La théorie qui prévaut actuellement est que
ainsi plusieurs classes d’agents infectieux. TLR2 apparaît ces différentes combinaisons associatives permettent à TLR2
comme le récepteur du peptidoglycane, de l’acide téichoïque non seulement d’élargir son répertoire de reconnaissance des
et des lipoprotéines présents à la surface de bacilles à Gram- PAMPs mais aussi de mieux préciser le pathogène détecté.
positif. Il est aussi le récepteur des lipo-arabinomannanes des Ainsi la reconnaissance de MALP-2 (macrophage activating
mycobactéries, des glycopeptides des tréponèmes, et du zy- lipopeptide 2), qui est un lipopeptide de la paroi du myco-
mosan composant la paroi des levures [20]. Certains travaux plasme, nécessite une collaboration entre TLR2 et TLR6
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alors que la reconnaissance d’autres types de lipopeptides ne potentiels de TLR7. Ces molécules possèdent une activité
nécessitent pas la présence de TLR6 [25]. antivirale et antitumorale qui est médiée par la synthèse de
cytokines dont l’IL-12 et l’interféron-a (IFN-a) après recon-
3.3.3. TLR5, le récepteur des flagelles bactériens naissance par TLR7 [33]. Ces données suggèrent que TLR7
La flagelline est le constituant principal du flagelle bacté- participe à la détection de l’infection virale bien que son
rien qui permet à certains micro-organismes de se mouvoir ligand naturel reste inconnu [34]. Ainsi à ce jour seuls deux
en milieu aqueux, augmentant ainsi leur pouvoir invasif. récepteurs de la famille TLR sont orphelins : TLR8 et
L’injection de cette protéine purifiée déclenche une réaction TLR10. La réalisation de souris KO pour ces deux récepteurs
immuno-inflammatoire sévère caractérisée par l’activation devrait rapidement apporter des réponses à cette question.
de NF-jB et la stimulation de la NO-synthase inductible.
3.4. Expression des récepteurs de type Toll
Récemment, le récepteur TLR5 a été identifié comme le
récepteur de la flagelline, initiateur des manifestations délé- Les TLRs sont exprimés à la surface des cellules qui
tères consécutives à la présence des flagelles des bactéries à interviennent en première ligne dans la défense anti-
Gram-positif ou Gram-négatif [26]. infectieuse (macrophages, polynucléaires), sur les lympho-
cytes B et T et sur les cellules ayant un contact avec le milieu
3.3.4. TLR9 et l’ADN bactérien extérieur (cellules épithéliales pulmonaires, cellules digesti-
La stimulation des macrophages humains par de l’ADN ves, cellules de l’épiderme). Les cellules dendritiques qui
bactérien entraîne la libération de cytokines pro- sont responsables de l’initiation de l’immunité acquise
inflammatoires telles que le TNF-a et l’IL-1. De même contiennent un très large répertoire de TLRs. Ceci est proba-
l’ADN bactérien active fortement les lymphocytes et provo- blement en relation avec leur rôle de cellules sentinelles de
que une sécrétion d’IL-12 par les cellules dendritiques. Cette l’immunité. De façon plus surprenante, des cellules non
production est supérieure à celle obtenue en stimulant les spécialisées dans les phénomènes de détection des pathogè-
cellules par du LPS. Tous ces effets peuvent également être nes expriment des TLRs sur leur surface : cellules endothé-
obtenus en stimulant les cellules par de l’ADN de virus, de liales, cardiomyocytes, adipocytes [35]. Le rôle de ces TLRs
levures ou de nématodes. Ainsi, l’ADN des micro- n’est pas encore bien déterminé.
organismes pourrait être directement responsable du déve- Lorsque l’immunité innée n’est pas stimulée, l’expression
loppement d’un état de choc « septique » [27,28]. À l’inverse, des TLRs à la surface des cellules est assez faible, de l’ordre
l’injection d’ADN purifié provenant d’un mammifère, même de quelques milliers pour les monocytes et de quelques
à très forte dose, est sans effet chez l’homme. Cette diffé- centaines pour les cellules dendritiques immatures. Cette
rence est due à la présence spécifique de motifs CpG méthy- expression se trouve modifiée selon l’état de stimulation de la
lés dans l’ADN des mammifères. Cette caractéristique molé- cellule [36]. Ainsi l’IL-4 qui est une cytokine anti-
culaire est absente du matériel génétique des bactéries du fait inflammatoire diminue l’expression de TLR4. De même,
de l’absence d’enzyme de méthylation [29]. Ainsi, l’ADN lorsque des cellules sont soumises de façon répétée à des
bactérien, comme le flagelle précédemment, correspond par- doses non létales de LPS il y a une baisse de l’expression de
faitement à la définition d’un PAMP : différent du soi, indis- TLR4 et de MD2 pouvant expliquer certains phénomènes de
pensable à la survie ou à l’invasivité du pathogène, inducteur tolérance observés.
d’une réaction inflammatoire.
3.5. Signalisation cellulaire résultant de la stimulation
Le PRR de l’ADN bactérien a été identifié en 2000 comme
des récepteurs de type Toll
étant TLR9. Alors que les souris TLR2–/– et TLR4–/– réagis-
sent normalement à l’injection d’ADN CpG en synthétisant Après avoir identifié les récepteurs TLRs et la plupart de
des cytokines pro-inflammatoires, les souris TLR9–/– sont leurs ligands, les chercheurs se sont intéressés aux voies de
insensibles à cette injection [29]. TLR9 a une autre particu- signalisation déclenchées par la rencontre de ces deux parte-
larité au sein de la famille des TLRs. Il semble être majori- naires, en particulier celles responsables de la synthèse des
tairement localisé au niveau du cytosol des cellules. La re- médiateurs de l’inflammation. Il a été ainsi montré que les
connaissance de l’ADN bactérien nécessite donc TLRs activaient de nombreux facteurs transcriptionnels (NF-
préalablement une étape d’endocytose [30,31]. kB, AP-1, CREB, STAT) et les principales kinases de stress.
La voie conduisant à l’activation de NF-kB a été particuliè-
3.3.5. Les autres TLRs rement étudiée et il est surprenant de constater que malgré le
La réplication virale au sein de cellules infectées induit nombre important de récepteurs et de leurs activateurs, cette
fréquemment la synthèse d’ARN double-brin capable de voie est non seulement commune à tous les récepteurs, mais
stimuler les cellules immunitaires. Les souris TLR3–/– mises a été extrêmement conservée durant l’évolution.
en présence d’ARN double-brin ont une réponse inflamma-
toire altérée [32]. TLR3 apparaît donc comme un PRR pro- 3.5.1. Voie de signalisation commune à tous les TLRs
bable pour l’ARN viral double-brin. impliquant IRAK-1
Plusieurs types de composants chimiques de la famille des La voie de signalisation aboutissant à la translocation
imidazoquinolines semblent correspondre à des activateurs nucléaire de NF-jB implique la kinase IRAK-1
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(Interleukin-1 Receptor Associated Kinase-1). Elle avait été knock-out IRAK-M, IRAK-M–/–, présentent une suractiva-
décrite initialement pour le récepteur à l’IL-1 et est commune tion spontanée ou provoquée des TLRs et l’IL-1R. De même,
à tous les récepteurs de la famille Toll. Après avoir été les macrophages IRAK-M–/– ont une production significati-
stimulé, le récepteur TLR recrute, au niveau du domaine TIR vement plus importante en réponse à la stimulation par dif-
(Toll Interleukin Receptor domain) de sa partie cytosolique, férents PAMPs [44]. Le mécanisme par lequel IRAK-M
la protéine adaptatrice MyD88. Cette protéine possède éga- inhibe la voie de signalisation TLR/IL1R est encore incom-
lement un domaine TIR dans sa partie carboxy-terminale qui plètement élucidé. Il est clair que les macrophages contien-
s’hétérodimérise avec celui du récepteur. MyD88 est une nent peu ou pas de cette protéine au repos. Cependant, après
protéine essentielle pour la signalisation de tous les TLRs stimulation par du LPS, IRAK-M est rapidement synthétisé
comme le souligne le fait que les souris qui ne possèdent pas en grande quantité et semble augmenter l’affinité de MyD88,
cette protéine (MyD88–/–) ne répondent à aucun micro- IRAK-4 et IRAK-1 les unes pour les autres, inhibant ainsi la
organisme, ni à l’ADN bactérien, ni à l’ARN viral. La liaison phosphorylation d’IRAK-1 et donc son activation.
TLR/MyD88 permet alors le recrutement de la sérine–thréo- Très récemment, Wald et al. ont décrit SIGIRR (Single
nine kinase IRAK-1 et sa phosphorylation et son activation ImmunoGlobulin IL1R-Related protein) qui se présente
par l’intermédiaire d’une autre kinase de la famille IRAK, comme un pan-inhibiteur de la super-famille de récepteurs
IRAK-4 qui forme un complexe avec MyD88 [37]. IRAK-1 TLR/IL1R [45]. Cette protéine transmembranaire semble
devenue active se lie alors avec TRAF6 (TNF Receptor n’exister que dans les cellules épithéliales et pourraient ex-
Associated Factor 6) et le complexe IRAK-1/TRAF6 se pliquer ainsi pourquoi ces cellules qui expriment les TLRs et
détache alors de MyD88 pour interagir au niveau de la sont très exposées aux agents microbiens, ne sont pas perpé-
membrane avec un complexe moléculaire préexistant com- tuellement activées. SIGIRR agit en séquestrant IRAK-1 et
posée de la kinase TAK-1 (TGF-b-activated-kinase) et de TRAF-6 au niveau du TIR domaine du récepteur bloquant
deux protéines de liaisons TAB1 et TAB2 [38,39]. Par un ainsi la signalisation en aval.
mécanisme encore non élucidé IRAK-1 va permettre la trans- Les mécanismes d’inhibition de l’activation de la voie de
location de TRAF6, TAB1 et TAB2 dans le cytosol où elles signalisation de TLR/IL1R apparaissent donc complexes et
vont s’associer avec d’autres protéines pour former un com- d’autres molécules inhibitrices semblent exister (MyD88s et
plexe multiprotéique nécessaire à l’activation de l’activité SOCS-1 notamment). De nombreuses études sont encore
nécessaires pour mieux les connaître et décrire leur rôle
kinase de TAK1 [38]. Une fois activée, TAK1 va alors phos-
respectif.
phoryler IKKa/b qui phosphoryle à son tour Ij-b provoquant
sa dégradation et la libération de NF-jB qui peut ainsi migrer 3.6. Polymorphismes des récepteurs de type Toll
dans le noyau et exercer son activité transcriptionnelle.
Les études sur les TLRs ont, par ailleurs, permis de décou- La gravité d’une infection ne dépend pas seulement du
vrir l’existence de protéines qui orientent spécifiquement la pathogène mais aussi de l’hôte. Ces facteurs inter-individuels
signalisation vers la synthèse d’interféron (TRIF, TIRAP). peuvent être acquis, liés à une pathologie chronique (diabète,
Ainsi l’interaction d’IRAK avec la protéine adaptatrice cirrhose), une immunodépression (cancer, chimiothérapie)
Mal/TIRAP permet non seulement la translocation de NF-jB mais aussi à des facteurs génétiques et en particulier la
mais aussi l’activation d’un facteur de régulation de l’inter- variabilité génétique de l’hôte. Cette variabilité peut avoir un
féron IRF-3 [40,41]. rôle bénéfique ou délétère dans la survenue ou l’évolution
d’une pathologie infectieuse en modifiant les capacités de
3.5.2. Régulation négative des récepteurs de type TLRs l’hôte à se défendre, créant une réelle inégalité face à l’infec-
Le rôle « charnière » et prépondérant d’IRAK-1 dans la tion.
signalisation intracellulaire des récepteurs TLRs/IL1R expli- Les polymorphismes des récepteurs de type Toll notam-
que probablement l’existence de systèmes de rétrocontrôle ment de TLR2 et TLR4 ont été associés à une augmentation
destinés à éviter une activation incontrôlée et délétère. de la sensibilité aux infections.
Ainsi, Tollip est une protéine retrouvée dans le complexe Il existe un polymorphisme de TLR4, qui est le récepteur
IRAK-1/MyD88. Son rôle est pour l’instant controversé du LPS, responsable d’un phénotype de non-réponse au LPS.
mais, sa surexpression entraîne une diminution de l’activa- Il semble être spécifiquement associé à des états de choc
tion de NF-jB induite par l’IL1, probablement par inhibition septique à bacilles Gram-négatif. De même, ce polymor-
de la phosphorylation de IRAK-1 [42,43]. Si le rôle physio- phisme semble favoriser les infections à bactéries Gram-
logique de Tollip est d’empêcher la phosphorylation et l’acti- négatif en post opératoire [18,46]. De plus des mutants rares
vation spontanées d’IRAK-1 en s’associant à son domaine de TLR4 ont été trouvés de façon préférentielle chez des
catalytique, il est possible qu’une synthèse accrue de Tollip enfants atteints de méningococcémie [47].
bloque l’activité kinase d’IRAK-1. L’emploi de souris De même, deux variants de TLR2, qui changent sa partie
knock-out devrait permettre d’élucider le rôle précis de Tol- cytosolique, bloquent la réponse aux bactéries Gram-positif
lip. et aux mycobactéries. Ils ont été associés à la survenue de
IRAK-M, un autre membre de la famille IRAK, a un rôle chocs septiques à staphylocoques et au développement de
inhibiteur dans la voie de signalisation TLR/IL1R. Les souris formes sévères de lèpre [48].
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Récemment, le groupe de Jean-Laurent Casanova a mon- peut avoir une activation excessive des TLRs lors d’une
tré que des mutations des protéines de signalisation de TLR, infection bactérienne, leur rôle est crucial dans la réponse
favorisaient la survenue d’infections sévères récidivantes immunitaire initiale.
chez l’enfant (mutant de IRAK-1). Ainsi, il est probable que Enfin, la découverte des TLRs et de leurs voies de signa-
tout polymorphisme qui modifie la structure ou la quantité lisation devrait permettre de mieux comprendre la suscepti-
d’une protéine de signalisation des TLRs puisse provoquer bilité aux infections de certains sujets et offrir de nouvelles
de graves conséquences cliniques [49]. cibles de recherche de polymorphismes génétiques [18,48].
Il est ainsi fort probable que les avancées récemment réali-
sées et les études génétiques et pharmacologiques qui vont en
4. Conclusion et perspectives découler permettront de proposer de nouveaux agents théra-
peutiques destinés à combattre les infections et de mieux
La découverte du rôle des récepteurs de type Toll a cons- cibler les traitements des patients en fonction de leur profil
titué une avancée majeure dans le domaine de l’immunité génétique [51].
innée. Leur action très précoce dans la reconnaissance du
pathogène et dans le déclenchement de la réponse inflamma-
toire suggère un rôle possible dans la physiopathologie du Références
choc septique qui est caractérisée par le développement d’un
syndrome inflammatoire systémique intense et incontrôlé [1] Angus DC, et al. Epidemiology of severe sepsis in the United States:
responsable d’une souffrance cellulaire diffuse. Il apparaît analysis of incidence, outcome, and associated costs of care. Crit Care
logiquement comme séduisant d’élaborer des modèles de Med 2001;29(7):1303–10.
[2] Levin BR, Antia R. Why we don’t get sick: the within-host population
recherche visant à réduire l’inflammation générée par l’acti-
dynamics of bacterial infections. Science 2001;292(5519):1112–5.
vation des TLRs. [3] Aderem A, Ulevitch RJ. Toll-like receptors in the induction of the
Le développement d’antagonistes des protéines interve- innate immune response. Nature 2000;406(6797):782–7.
nant dans la voie de signalisation des récepteurs de type Toll [4] Pulendran B, Palucka K, Banchereau J. Sensing pathogens and tuning
pourrait jouer un rôle important pour éviter l’apparition immune responses. Science 2001;293(5528):253–6.
d’une réponse inflammatoire exagérée compliquant parfois [5] Medzhitov R, Janeway Jr CA. Innate immunity: the virtues of a
les infections bactériennes. Trois stratégies peuvent être mi- nonclonal system of recognition. Cell 1997;91(3):295–8.
[6] Parkin J, Cohen B. An overview of the immune system. Lancet
ses en jeu pour réduire la voie de signalisation des TLR afin 2001;357(9270):1777–89.
de limiter les conséquences de leur activation. [7] Lemaitre B, et al. The dorsoventral regulatory gene cassette
La première serait le développement d’analogues solubles spatzle/Toll/cactus controls the potent antifungal response in Droso-
des TLRs qui se complexeraient sur leurs PAMPs respectifs phila adults. Cell 1996;86(6):973–83.
empêchant ainsi leur fixation sur les TLRs cellulaires. [8] Imler JL, Hoffmann JA. Signaling mechanisms in the antimicrobial
La deuxième stratégie consisterait à développer des anti- host defense of Drosophila. Curr Opin Microbiol 2000;3(1):16–22.
[9] O’Neill LA, Dinarello CA. The IL-1 receptor/toll-like receptor
corps spécifiques qui se fixeraient sur la partie extracellulaire
superfamily: crucial receptors for inflammation and host defense.
des TLR évitant ainsi l’action directe des PAMPs. Un exem- Immunol Today 2000;21(5):206–9.
ple de cette stratégie serait la mise au point d’un analogue du [10] Haziot A, et al. CD14-deficient mice are exquisitely insensitive to the
LPS qui se fixerait sur TLR4 mais qui ne l’activerait pas. effects of LPS. Prog Clin Biol Res 1995;392:349–51.
La dernière de ces stratégies serait la mise au point de [11] Moore KJ, et al. Divergent response to LPS and bacteria in CD14-
molécules intervenant au niveau de la partie intracellulaire deficient murine macrophages. J Immunol 2000;165(8):4272–80.
[12] Aderem A. Role of Toll-like receptors in inflammatory response in
des TLRs empêchant ainsi le déclenchement de la voie de
macrophages. Crit Care Med 2001;29(7 Suppl):S16–8.
signalisation intracellulaire. [13] Beutler B. Endotoxin, toll-like receptor 4, and the afferent limb of
Ces perspectives thérapeutiques ne sont pour l’instant que innate immunity. Curr Opin Microbiol 2000;3(1):23–8.
des hypothèses mais une action sur les TLRs semble très [14] Poltorak A, et al. Defective LPS signaling in C3H/HeJ and
séduisante puisqu’elle permettrait d’agir très en amont de C57BL/10ScCr mice: mutations in Tlr4 gene. Science 1998;282
l’initiation de la réponse inflammatoire. (5396):2085–8.
Il faut cependant rester extrêmement prudent puisqu’un [15] Shimazu R, et al. MD-2, a molecule that confers lipopolysaccharide
responsiveness on Toll-like receptor 4. J Exp Med 1999;189(11):
grand nombre des résultats obtenus concernant les TLRs 1777–82.
l’ont été sur des modèles de choc endotoxinique. Ces modè- [16] Medzhitov R, Janeway Jr C. Innate immunity. N Engl J Med 2000;
les restent malheureusement relativement éloignés de la réa- 343(5):338–44.
lité clinique. O’Brien et al. ont très bien démontré que si les [17] Hoshino K, et al. Cutting edge: Toll-like receptor 4 (TLR4)-deficient
souris C3H/HeJ, porteuses d’un TLR4 inefficace, sont insen- mice are hyporesponsive to lipopolysaccharide: evidence for TLR4 as
sibles à une injection létale de LPS, il suffit de seulement the Lps gene product. J Immunol 1999;162(7):3749–52.
[18] Arbour NC, et al. TLR4 mutations are associated with endotoxin
deux bactéries de Salmonella typhimurium pour que celles-ci
hyporesponsiveness in humans. Nat Genet 2000;25(2):187–91.
meurent alors que chez des souris LPS-sensibles il faut en [19] Kurt-Jones EA, et al. Pattern recognition receptors TLR4 and CD14
moyenne un inocula de 10 000 bactéries pour que les souris mediate response to respiratory syncytial virus. Nat Immunol 2000;
meurent [50]. Ceci rappelle que malgré l’effet délétère que 1(5):398–401.
O. Huet et al. / Réanimation 13 (2004) 167–175 175

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