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août 2003
CE QU'EST..., N’EST PAS..., LA FRANC-MAÇONNERIE ................................................................... 4
Ce qu'est la Franc-maçonnerie ............................................................................................................ 4
Ce que n'est pas la Franc-maçonnerie ................................................................................................. 4
Une alliance d’hommes libres ....................................................................................................................... 5
Une société prosélyte..................................................................................................................................... 5
Une voie de formation à la vie....................................................................................................................... 5
Une société élitiste......................................................................................................................................... 5
Un enseignement de conduite morale............................................................................................................ 6
Une société philanthropique.......................................................................................................................... 6
Une fraternité ................................................................................................................................................ 6
Une société misogyne .................................................................................................................................... 6
Une approche de la modernité ...................................................................................................................... 7
Une religion ni une secte............................................................................................................................... 7
Une démarche spirituelle .............................................................................................................................. 7
Une société secrète ........................................................................................................................................ 7
Une société structurée ................................................................................................................................... 8
Une société occultiste .................................................................................................................................... 8
Une démarche structurée .............................................................................................................................. 8
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6. Envers un Frère étranger ........................................................................................................................ 21
Article premier, remanié en 1738 :................................................................................................ 22
Article premier, remanié en 1813 :................................................................................................ 23
Le manuscrit Regius ....................................................................................................................... 23
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C E Q U ' E S T..., N ’ E S T PAS ..., L A F R AN C -
M AÇ O N N E R I E
La Franc-maçonnerie est d'abord une alliance Pour dire ce que la Franc-maçonnerie n’est pas, il suffirait
d'hommes libres de toutes confessions et de tous de prendre le contre-pied de ce qu’elle est. Néanmoins,
horizons sociaux. Basée sur la tolérance, elle est sa méconnaissance entraîne des ouï-dire sur lesquels il
riche de cette diversité confessionnelle et sociale est important de se prononcer.
qui s'épanouit dans une direction commune: celle
de suivre chacun le chemin de perfectionnement
La Franc-maçonnerie ne pratique pas le
qui lui est propre. prosélytisme sinon on en connaîtrait beaucoup plus
sur son existence, ses buts, etc..
Pour cela, la Franc-maçonnerie fournit
à chaque personne qui veut travailler sur soi- Elle n’est pas une société élitiste puisque le
même les outils du Symbolisme et de la critère de recrutement principal est la volonté
Tradition. Elle est une école de vie et un sincère de se perfectionner et qu’elle ne demande
enseignement de conduite morale où chacun financièrement que les cotisations que demande
peut s’épanouir par lui-même. toute association. Elle n’est pas non plus une société
philanthropique ou affairiste à l’image de certains
Elle est une fraternité qui permet de
clubs de services.
s’enrichir de chacun et de répondre
concrètement aux problèmes que notre temps Malgré le fait que beaucoup d’obédiences
pose à chacun d’entre nous à travers la n’admettent pas les femmes, cela ne signifie pas
multiplicité des points de vue. La modernité pour autant que la Franc-maçonnerie est réservée
n’appelle plus une pensée monolithique mais à exclusivement aux hommes. Il existe également des
prendre en compte la complexité et la richesse obédiences féminines et mixtes.
de nos relations. La Franc-maçonnerie n’est ni une religion
Elle est une démarche spirituelle, ni une secte mais une démarche spirituelle basée sur
structurée à la fois en tant qu’organisation la liberté de chacun et donc sur la tolérance
humaine et en tant que chemin. L’organisation réciproque. Elle admet des membres de tous les
maçonnique est là pour assurer la liberté et horizons spirituels.
l’indépendance de travail de chacun tout en Elle n’est pas une société secrète puisqu’elle
assurant un soutien collectif. Le chemin est fait est constituée en associations officiellement
d’étapes qui permettent d’évoluer reconnues et que son existence et ses buts sont
progressivement sans qu’aucune relation de publiquement déclarés.
pouvoir ne soit possible. Elle n’est pas davantage une société occultiste,
Par ce mélange, qui peut paraître étonnant, puisque ses travaux ne reposent que sur la mise
de liberté individuelle et de Tradition, la en commun des réflexions de ses membres et le
Franc-maçonnerie a ainsi survécu intacte partage d’un vécu commun des outils qu’ils
du 18e siècle à nos jours en étant, en même utilisent: à savoir les symboles.
temps, toujours la même et jamais
dépassée.
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Ce qu'est Ce que n'est pas
la Franc-maçonnerie la Franc-maçonnerie
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Ce qu'est Ce que n'est pas
la Franc-maçonnerie la Franc-maçonnerie
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Ce qu'est Ce que n'est pas
la Franc-maçonnerie la Franc-maçonnerie
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Ce qu'est Ce que n'est pas
la Franc-maçonnerie la Franc-maçonnerie
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C E Q U E L A F R AN C - M AÇ O N N E R I E P E U T O F F R I R
Sur la base de ce qui précède, il est facile de se faire une idée de ce que la Franc-maçonnerie
peut apporter à l'individu en particulier et à l'humanité en général. En résumé, il s'agit essentiellement
d'une école de vie et d'apprentissage de la liberté prenant en compte toutes les dimensions de l'individu
sur les plans affectif par la fraternité, intellectuel par l'exercice de la tolérance et spirituel par la
Tradition et la référence à un principe supérieur. Elle permet à toute personne qui souhaite marcher sur
le chemin difficile de son perfectionnement (et nous insistons sur le terme de perfectionnement plutôt
que de perfection, car il s'agit d'un chemin et non pas d'un but) de trouver une alliance fraternelle avec
laquelle elle puisse partager ses efforts et ses questionnements. La Franc-maçonnerie fournit donc un
lieu de rencontre où le dialogue constructif est possible par le respect des opinions d'autrui et l'écoute
de l'autre. Ce qui réunit les Francs-maçons est la foi en la perfectibilité de chacun et son rayonnement
possible sur les autres hommes. A travers le travail du Maçon, la Franc-maçonnerie espère pouvoir
faire rayonner à l'extérieur plus de justice, de tolérance, de charité et d'amour par le comportement
actif et responsable de chacun.
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O R G AN I S AT I O N D E L A M AÇ O N N E R I E
La Loge
Le terme de Loge s’applique en Franc-maçonnerie à tout groupe de Francs-maçons qui ont
décidé de se réunir pour "travailler" ensemble. Le nombre minimum requis pour pouvoir fonder une
Loge est traditionnellement de sept Maîtres. (Pour des raisons administratives, la Grande Loge Suisse
Alpina a récemment porté ce nombre à quatorze.)
La Loge et le Temple, dans lequel se réunissent les Francs-maçons, puisent à la source
d’antiques rites de construction. La maison humaine primitive fut depuis la plus haute Antiquité une
construction sacrée et en tant que telle, elle fit, à toutes les étapes de son édification, l’objet de rites
précis. Bâtir une maison (plus tard un temple) fut, durant des millénaires, une œuvre liturgique
ressortissant au rituel de mort et de résurrection. C’est ainsi que, suivant l’antique théocratie,
l’édification d’une habitation humaine ou divine exigeait une initiation. Et la réalisation de l’ouvrage
obéissait à un rituel où chaque acte, chaque instrument et chaque matériau utilisé possédait un
caractère sacré et une valeur symbolique.
Dès l’implantation du christianisme en Europe occidentale, les corporations de bâtisseurs —
en partie générées par des maîtres d’œuvre venus de lointaine Arménie ou issues des antiques
"Collegia" romains — qui avaient jusqu’alors construit des temples païens ou des monuments
profanes, se mirent au service de l’Église. Et c’est de là que naquirent les chefs-d’œuvre de
l’architecture sacrée romane et, plus tard, gothique du Moyen Age.
C’est également durant ce Moyen Age qu’apparaîtra le terme de "Franc-maçon", c’est-à-dire
de maçon libre (libéré des taxes, corvées et redevances diverses), et celui de "Loge". Cette Loge,
constituée la plupart du temps d’une lourde bâche de toile grise tendue au-dessus du chantier, n’était
autre que l’atelier où les ouvriers et les architectes se réunissaient pour élaborer l’ouvrage. C’est là que
se transmettaient les notions initiatiques spéculatives, liées au travail de la construction envisagé
comme tâche rituelle. On sait, par exemple, avec certitude que les ouvriers tailleurs de pierre et
imagiers, qui travaillaient à l’édification de la cathédrale de Strasbourg en 1276, se réunissaient déjà
dans des Loges, sous le nom de Francs-maçons.
Dès la Renaissance, des membres qui ne sont pas du métier : bourgeois, nobles et savants,
seront progressivement introduits dans ces Loges, principalement en Angleterre et en Écosse. Tant et
si bien que vers la fin du 17e siècle en Angleterre, les non-professionnels étaient devenus très
nombreux en Loge et l’on distinguait alors les gens du métier par le qualificatif de Maçons "anciens"
et les non-professionnels par celui de Maçons "acceptés". Le but principal des Loges opératives — la
réunion des gens du métier — était devenu sans objet. L’ère des cathédrales était révolue… et la
Maçonnerie "opérative" céda la place à la Maçonnerie "spéculative" telle qu’elle se pratique
aujourd’hui.
Le Temple
Partant du principe que l’homme est perfectible, le Franc-maçon s’est donné pour but
d’apporter sa pierre à l’édification du Temple symbolique de l’humanité, c’est-à-dire, en d’autres
termes, de participer activement et par l’exemple de sa conduite à l’élévation morale et spirituelle de
l’être humain. Dans l’idéal, la Franc-maçonnerie aspire à l’achèvement de ce Temple. Mais chaque
Maçon sait que cette ultime étape ne pourra s’achever tant qu’il n’aura su édifier lui-même son propre
temple intérieur. Pour réaliser ce temple intérieur, qui passe par le fameux précepte de Socrate, inscrit
au fronton du temple de Delphes, gnôti séauton (connais-toi toi-même), le Franc-maçon doit
apprendre à tailler sa propre pierre et à la polir jusqu’à ce qu’elle soit parfaite. Ce travail sur soi-même
ne peut aboutir qu’en franchissant les trois étapes initiatiques ou grades que sont l’Apprenti, le
Compagnon et le Maître ; ce dernier grade s’exprimant à travers le passage initiatique de la mort à la
résurrection, qui apporte la maîtrise totale de soi — de l’esprit sur la matière. Seulement alors, le
Maçon devenu Maître est censé pouvoir apporter une contribution juste et parfaite à l’édification du
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Temple de l’humanité, par l’influx rayonnant dont il fait bénéficier ses frères de Loge et son entourage
profane.
Le maître Maçon est donc supposé, dans l’idéal, avoir acquis les caractéristiques spirituelles
de l’homme accompli, parfait et rayonnant, résultant de la quête alchimique. Mais en réalité, chaque
Maçon sait que son accession à la maîtrise n’est que le commencement d’un long apprentissage à une
existence nouvelle, caractérisée par une constante recherche du perfectionnement de l’être. Le Temple
qu’il s’agit de bâtir ici est donc l’homme lui-même et, par lui, la société. Tous les gestes, tous les
instruments et tous les matériaux utilisés pour la construction de la demeure sacrée deviennent dès lors
des moyens de hausser l’esprit humain à la Lumière. Et pour cette raison, la Franc-maçonnerie
spéculative utilise dans ses rituels les mêmes symboles que l’ancienne Maçonnerie opérative. C’est
aussi pour cette même raison que les Francs-maçons nomment Temple le lieu où ils se réunissent. Ce
Temple est symboliquement orienté vers la lumière naissante, l’Orient, là où se tient d’ailleurs le
Vénérable, Maître élu par ses pairs pour présider la Loge. On pénètre donc dans le Temple par
l’Occident, en passant entre les deux colonnes représentatives des mêmes colonnes qui se trouvaient à
l’entrée du temple de Salomon, bâti par l’architecte Hiram, ancêtre mythique des Francs-maçons.
Le Temple maçonnique, né des anciennes Loges de toile des ouvriers tailleurs de pierre sur les
chantiers des cathédrales, s’est amplifié pour devenir, semblable à l’athanor des sages, ce creuset où la
première matière (Materia Prima) se métamorphose en or pur, permettant à l’adepte initié de pénétrer
les arcanes de la vie et de la mort. Lieu sacré par excellence, fatalement réservé aux seuls initiés, il
prend, quel que soit l’espace plus ou moins grand qu’il occupe, les dimensions de l’univers auquel il
s’identifie, et son plafond celles de la voûte céleste. Mais n’est-ce pas aussi ce qu’ont voulu signifier
les architectes et compagnons qui réalisaient, à travers l’édification d’une cathédrale, leur propre
élévation spirituelle ?
L’Obédience
Le terme d’obédience date de 1155 et qualifiait les maisons religieuses dépendant d’une
maison-mère ; il signifiait aussi l’obéissance à laquelle était soumis un religieux. Au sens maçonnique,
Obédience doit être pris dans le sens de "regroupement de plusieurs Loges à l’échelon national d’un
pays donné" et est synonyme de Grande Loge ou de Grand Orient.
A l’exception de quelques Loges totalement indépendantes, toutes les autres travaillent sous
les auspices d’une Obédience (Grande Loge ou Grand Orient). La Grande Loge procure à ses Loges
affiliées leurs patentes de constitution et assume certaines charges administratives, telles que les
relations avec les autres Obédiences et avec le public, les mesures à prendre pour assurer le respect des
règlements généraux ou encore la gestion du patrimoine (en Suisse, sous l’égide de la Grande Loge
Suisse Alpina, les Loges affiliées assurent elles-mêmes la gestion de leur propre patrimoine).
L’Obédience n’est pas apte à assumer à elle seule l’autorité morale et spirituelle de l’Ordre
maçonnique auprès des Loges. Elle s’appuie pour cela sur les Rites qui, indépendants des Obédiences,
posent les règles des rituels particuliers à chaque degré et à chaque type de cérémonie maçonnique.
L’Ordre maçonnique désigne la Maçonnerie tout entière, dans son caractère universel le plus large. Il
est donc d’essence universelle et absolue, alors que l’Obédience est particulariste et influencée par les
conditions sociales, religieuses, économiques et politiques du pays dans lequel elle se développe.
La Grande Loge Suisse Alpina (GLSA) est, quant à elle, souveraine pour réaliser dans les trois
premiers degrés — apprenti, compagnon, maître — le but que les Maçons se sont fixé et qui consiste à
faire prospérer la Franc-maçonnerie dans l’esprit des Anciens Devoirs (Constitution) de 1723. Outre
les tâches administratives précitées, elle approuve les rituels de ses Loges. Elle se compose d’un
Comité directeur comprenant cinq membres : un Grand Maître, un Grand Maître adjoint, un Grand
Secrétaire, un Grand trésorier et un Grand Orateur. Ce Comité directeur est assisté d’un Collège des
Grands Officiers (nommés par les Loges des régions qu’ils représentent) qui approuve les propositions
du Comité directeur et celles des Loges destinées à l’Assemblée annuelle ou Convent, représentée par
les délégués, Vénérables et Maîtres-députés des Loges affiliées à la GLSA.
Chaque Obédience est limitée à un seul pays mais on compte dans la plupart des cas plusieurs
Obédiences par pays. Cette pluralité des Obédiences par nation est due à la diversité même de la
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Maçonnerie qui regroupe des Loges masculines traditionalistes, dites régulières, des Loges masculines
modernistes, dites irrégulières, c’est-à-dire qui ne respectent pas complètement la tradition régulière,
des Loges uniquement féminines et des Loges mixtes. Il existe en Suisse, par exemple, quelques Loges
totalement indépendantes telles que la Loge "Sub Rosa" à Genève, et six Grandes Loges ou
Obédiences représentatives de cette diversité: la Grande Loge Suisse Alpina, masculine, traditionaliste
et régulière, qui regroupe de loin le plus grand nombre de Loges et de membres ; le Grand Orient de
Suisse, qui regroupe les Loges masculines modernistes, dites irrégulières ; la Grande Loge Féminine
de Suisse, qui regroupe la plupart des Loges féminines suisses; la Fédération suisse du Droit Humain,
qui regroupe une partie des Loges mixtes ; la Grande Loge mixte de Suisse, qui regroupe l’autre partie
des Loges mixtes; enfin, La Grande Loge Suisse du Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm, qui
regroupe des Loges féminines et des Loges masculines pratiquant uniquement ce Rite.
Tenue et Rituel
Tenue et rituel sont indissociables. Le travail en Loge consiste en effet pour l’essentiel en
cérémonies appelées Tenues et obéissant chacune à un rituel précis correspondant au sens dévolu à la
Tenue. Par exemple, une Tenue d’initiation de profane met en œuvre le rituel d’initiation au premier
grade (Apprenti) ; une Tenue d’élévation au troisième grade (Maître) est réservée aux seuls Maîtres, à
l’exclusion des Apprentis et Compagnons, et obéit à un rituel propre à ce grade. Il existe aussi, entre
autres, des rituels spécifiques d’installation de Vénérable (président de la Loge), de fête de Saint-Jean
ou fête de la Lumière (solstices d’été et d’hiver), ou encore des rituels de Loges de table ou Agapes
(banquets précédant ou suivant une Tenue particulière). Certaines différences peuvent apparaître dans
un même rituel d’une Loge à l’autre, suivant le Rite pratiqué par l’autre Loge. Le Rite définit, en effet,
les règles des rituels qui en dépendent et, comme il existe différents Rites en Maçonnerie, des
différences apparaissent naturellement aussi dans les rituels.
La Tenue, à travers son rituel, est la condition nécessaire qui permet au Franc-maçon de vivre,
ou de revivre, son initiation et d’en comprendre la portée, de poursuivre son élévation au sein du
groupe maçonnique, en s’appuyant sur l’enseignement des symboles attachés aux différents rituels.
D’après le "Guide du Franc-maçon", publié par le Groupe de Recherche Alpina (GRA), le
vécu de l’initiation engage le Franc-maçon dans une voie active qui fait de lui un spectateur et un
acteur, attitude dont il prendra mieux conscience dès qu’il participera à l’initiation d’un profane. Son
passage puis son élévation aux degrés supérieurs approfondiront sa perception du rôle actif dont la
nécessité est inhérente à la voie initiatique. Celle-ci est en effet une succession d’impulsions, d’éveils,
incitant l’initié à se découvrir lui-même dans sa totalité: Deviens ce que tu es!
La pratique rituelle consiste à participer à une Tenue avec la volonté de concentrer son
attention sur les paroles qui y sont prononcées ainsi que sur les actes rituels qui y sont accomplis, en
s’efforçant d’en comprendre les diverses significations. Celles-ci n’apparaîtront que progressivement,
au cours des Tenues successives, chacune d’entre elles pouvant être l’occasion d’une nouvelle
découverte.
Cette pratique rituelle tend à améliorer le comportement moral et social du Franc-maçon, en le
rendant plus attentif aux besoins de sa vie intérieure et aux égards dus à autrui. Elle l’aide à mieux
comprendre chaque être en sa vérité et à renforcer sa confiance en lui-même pour mieux apprendre à
faire confiance aux autres. En même temps, elle contribue à une meilleure appréciation des limites et
des contraintes de toute vie communautaire. Du point de vue intellectuel, elle rend possible la mise en
perspective des divers aspects de la réalité, dont elle aide à découvrir les contradictions aussi bien que
les cohérences. Elle affine le discernement et le sens critique du Franc-maçon, tout en le restituant
dans la plénitude de sa condition et de sa dignité humaine. D’un point de vue spirituel, elle lui donne
le sens de l’universel et du sacré en élevant son intuition à un plan supérieur.
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Le Secret maçonnique
Les cérémonies rituelles ou Tenues, de même que les délibérations qui se déroulent au sein de
la Loge, ne sont pas ouvertes aux profanes mais réservées aux Maçons initiés - raison pour laquelle
l’opinion publique a souvent cru à un secret à caractère occulte, voire satanique, jalousement gardé par
les Francs-maçons. Mais la réalité du Secret maçonnique est d’une tout autre nature et s’exprime selon
trois catégories : le secret du rituel ou de délibération, le secret d’appartenance et le secret de
l’initiation.
Les deux premiers relèvent plutôt de la discrétion que du secret. En effet, à son entrée en
Maçonnerie, il est demandé au nouvel adepte de promettre solennellement de ne jamais révéler ce qui
aura été dit en Loge ni de dévoiler l’appartenance à l’Ordre d’un autre Frère. Pourquoi ? La raison en
est simple. Ce qui est dit en Loge ne regarde que les Maçons, au même titre que ce qui est décidé au
sein d’un conseil de famille ne regarde que votre famille. C’est une pure question d’éthique et de
respect de la sphère privée. Il en va de même pour l’appartenance d’un Frère à l’Ordre maçonnique. Il
n’appartient qu’à lui et à lui seul de juger si cette appartenance peut être dévoilée ou non. Il s’agit, là
aussi, du respect de la sphère privée. En revanche, chaque Maçon est libre de révéler sa propre
appartenance à l’Ordre. Mais ce faisant, il prend le risque que la Franc-maçonnerie et l’ensemble des
Francs-maçons soient jugés à travers ses actes, ses dires, son comportement, sa personne en un mot, et
que l’image qui en résultera soit déformée. La prudence et la discrétion s’imposent donc…
Quant au troisième secret, le vrai, celui de l’initiation, personne d’autre que le Maçon lui-
même ne peut le percer. On pourrait définir ce secret comme l’ouverture que l’initiation a générée
dans le cœur et l’esprit du nouvel initié. Cette ouverture, aussi faible soit-elle, lui a laissé entrevoir un
rayon de lumière révélateur d’une autre forme de pensée. Ce rayon de lumière, il l’avait déjà en lui,
comme tout être humain, mais ne le connaissait pas. L’initiation le lui a révélé. Mais cette initiation –
comme son nom l’indique – n’est que le commencement d’un long processus de développement censé
procurer à l’initié toute sa puissance d’expression, manifestation de l’homme parvenu à sa plénitude
intérieure. C’est là le véritable secret du Franc-maçon, où intervient la taille de la pierre brute à l’aide
des outils de l’ancien tailleur de pierre, pour réaliser la pierre cubique parfaite, symbole de l’homme
complet, achevé. Ce secret, qui donc peut le transmettre, sinon la seule initiation, puisqu’il est
l’expression d’un vécu personnel, unique et indicible ?
Et c’est aussi à travers ce même vécu que chaque Maçon se sent lié à son autre Frère initié.
Cela, aucun profane ne peut vraiment le comprendre ni le ressentir sans passer lui-même par
l’initiation, comme l’écrivait déjà en 1737 à Paris, le Franc-Maçon RICAULT :
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LES ORIGINES
Dans la plupart des écrits, surtout les anciens, qui parlent de l’origine de la Franc-maçonnerie,
la frontière entre le mythe et la réalité historique est fragile et souvent rompue. On peut toutefois
distinguer trois courants dont le premier, le courant mythique ressortit plus à l’affabulation et à la
tentation toujours très présente autant chez les individus que chez les entités ethniques de se doter
d’une origine ancienne ou fabuleuse. Les deuxième et troisième courants se rattachent plus à l’histoire
qu’à la légende et, même si parfois les preuves viennent à manquer, on peut néanmoins affirmer que
les anciennes associations corporatives ou confréries de métier, principalement du bâtiment, ont eu
leur mot à dire. On peut en dire autant des influences mystiques et philosophiques découlant des
relations entre l’Orient et l’Occident au moyen âge, qui donnèrent naissance aux sciences hermétiques
de l’alchimie et de la kabbale, entre autres, et de la nouvelle découverte des penseurs grecs et latins
traduits dans les monastères, qui annoncent la Renaissance avec cette remise en question de la relation
de l’homme avec le divin, que l’on nommera la pensée humaniste, elle-même annonciatrice du courant
Rose-Croix.
L’origine mythique
Certains auteurs n’hésitent pas à faire remonter la première Loge maçonnique à Adam,
d’autres à Salomon, aux Esséniens, à Jésus… et à notre époque, l’hypothèse d’une origine extra-
terrestre a même été posée! C’est dire la nébuleuse dans laquelle se fondent les origines de l’Ordre
maçonnique. Mais il faut toutefois relativiser. Les données historiques existent. S’il est difficile
d’accepter les élucubrations de certains auteurs actuels, il est en revanche compréhensible que pour les
auteurs anciens, il n’entrait pas à leur époque dans les habitudes de penser d’établir une frontière entre
le mythe ou la légende et la réalité historique. On en prendra pour preuve, par exemple, les familles
nobles du moyen âge (Mérovingiens, Lusignan etc.) qui n’hésitaient pas à se doter d’une origine
fabuleuse (monstre marin, fée Mélusine etc.), origine qui passait d’ailleurs pour parfaitement crédible
au commun des mortels. Le religieux, la superstition, le légendaire et la vie de tous les jours étaient
alors étroitement mêlés. Il n’y a donc rien d’étonnant que l’un des plus anciens manuscrits
maçonniques connus, le Régius, daté de 1390, fasse remonter la fondation de la Franc-maçonnerie au
célèbre mathématicien grec Euclide qui vivait à Alexandrie, en Égypte, au 3e siècle av. J.-C.. Il n’est
guère étonnant non plus qu’au début du 18e ce mélange entre le mythe et la réalité historique
apparaisse encore dans les premières Constitutions de la Franc-maçonnerie moderne. Celles-ci,
publiées en 1723, font part d’une transmission initiatique ininterrompue d’Adam à Caïn, puis des
Chaldéens à l’Égypte (on retrouve Euclide), de Salomon à Nabuchodonosor, de Thalès de Milet à
Pythagore, etc., jusqu’au 17e siècle.
Il est intéressant, comme le souligne Daniel BERESNIAK, de constater que cette énumération
des origines mythiques couvre l’ensemble de l’humanité connue des auteurs de la Constitution de
1723. Comme si, à travers ces mythes fondateurs, les auteurs avaient voulu exprimer l’universalisme
d’une Franc-maçonnerie qui est de toutes les époques et concerne tous les hommes.
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l’Ordre des Templiers, figuraient les "francs-maçons" ou maçons libres (free masons, en anglais) qui
se réunissaient dans des "loges" (Cathédrale de Strasbourg, 1276), sortes d’ateliers couverts construits
à même le chantier.
En Angleterre, berceau de la Franc-maçonnerie moderne, le terme de free mason ne nous est
connu que depuis la fin du 14e siècle. Mais c’est dans les Loges anglaises et écossaises que seront
introduits progressivement des membres qui ne sont pas du métier : bourgeois, nobles, savants. Si bien
que vers la fin du 17e siècle, les non-professionnels étaient devenus plus nombreux dans certaines
Loges et l’on distinguait alors les gens du métier par le qualificatif de Maçons "anciens" et les non-
professionnels par celui de Maçons "acceptés". Ces Maçons "acceptés" apportèrent en Loge ces idées
nouvelles qui florissaient déjà depuis la Renaissance et qui marqueront la naissance de la Franc-
maçonnerie moderne, que l’on nomme Maçonnerie "spéculative" pour la distinguer de l’ancienne, dite
"opérative".
Le courant Rose-Croix
Mais avec cette Renaissance qui marque l’ère des "grandes découvertes", se manifeste l’éveil
des sciences et, avec elles, une nouvelle approche, plus rationnelle, de la connaissance du monde.
Cette naissance de la pensée scientifique moderne, entre la fin du 16e siècle et le tout début du 18e,
sera représentée par le mouvement Rose-Croix. Ce mouvement, généré par les maîtres à penser que
furent, entre autres, Michaël Maier (1568-1622), Robert Fludd (1574-1637), Jacob Boehme (1575-
1624), Jean-Valentin Andreae (1586-1654), part en quête d’une sagesse perdue qui permettrait, une
fois retrouvée, une nouvelle compréhension du divin, de l’univers et de la nature humaine. Ces
penseurs s’appuient pour cela sur l’étude et le développement des sciences, dont les mathématiques et
plus particulièrement la géométrie, mère de l’architecture, sont considérées comme la première des
sciences.
De nombreuses sociétés de Rose-Croix se constituèrent ainsi un peu partout en Europe et
notamment à Londres, où l’alchimie était alors à son apogée et où les adeptes de la Rose-Croix
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jouèrent un rôle essentiel dans la fondation de cette académie des sciences qu’est la Royal Society.
Nombre de Rose-Croix étaient également Francs-maçons, comme Christopher Wren, surintendant des
bâtiments royaux, Robert Moray, chimiste et mathématicien, premier président de la Royal Society, et
l’historien Elias Ashmole qui avait créé une société ayant pour but l’édification symbolique du temple
de Salomon, c’est-à-dire, suivant l’idéal rose-croix, le temple unificateur des sciences.
La fameuse Royal Society dont firent partie aussi le Rose-Croix Isaac Newton et le physicien
et cofondateur de la Grande Loge de Londres, Théophile Désaguliers, serait donc bien l’un des
creusets de la synthèse Rose-Croix et Francs-maçons. Les Rose-Croix étaient d’ailleurs considérés dès
l’origine par les fondateurs de Maçonnerie moderne comme des "Frères appartenant à la même
Fraternité ou Ordre". Et c’est de ce renouvellement des idées brassées notamment dans les Loges que
naquit la Franc-maçonnerie moderne, dite "spéculative", au début du 18e siècle.
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H I S TO I R E D E L A F R AN C - M AÇ O N N E R I E M O D E R N E
Tout en demeurant indissociable de ses origines plus lointaines, l’histoire de la Franc-
maçonnerie telle que nous la connaissons aujourd’hui commence à l’aube du 18e siècle, plus
précisément le 24 juin 1717, à Londres. Ce jour-là, jour de la Saint Jean-Baptiste, patron des Francs-
maçons, quatre Loges de Londres décident de s’unir sous la direction d’un Grand Maître et se
constituent en Grande Loge, sous le titre de "Grande Loge de Londres". La jeune Grande Loge
acquiert rapidement de la considération, au point que six ans plus tard, en 1723, date de la ratification
de ses premières Constitutions, elle ne compte pas moins de 45 Loges sous sa juridiction. Dès 1730,
on en trouve 106 à Londres et plus de 40 en province. Vers la fin du siècle, en 1787, on dénombrait
529 Loges, sans compter, bien sûr, les Loges d’Irlande et d’Écosse où la Franc-maçonnerie était déjà
présente bien avant 1717.
A partir de 1751, se produisit un schisme qui allait diviser les Francs-maçons anglais en
"Anciens" et en "Modernes". Les Anciens, qui n’avaient pas voulu adhérer à la Constitution de 1723,
se référaient pour la plupart aux "landmarks" (règles, obligations) de la Loge d’York, laquelle
prétendait remonter au 10e siècle. Ils créèrent donc une deuxième Grande Loge, celle des Anciens,
composée en majorité d’Irlandais, pour s’opposer aux Maçons Modernes regroupés autour de la
Grande Loge de Londres qui avait pris en 1738 le titre de Grande Loge d’Angleterre.
Une autre opposition se manifesta encore avec la constitution en France de degrés
maçonniques, dits grades chevaleresques ou hauts grades. Cette opposition aboutit en Angleterre à la
création, entre autres, de l’Ordre de Royal Arch. La naissance de ces "hauts grades" et leur diversité
introduisit bientôt de nouveaux rites, dont l’application ne pouvait que contribuer à renforcer encore
les divisions au sein de cette Franc-maçonnerie naissante.
La scission entre Anciens et Modernes dura jusqu’en 1813, date à laquelle l’acte de fusion des
deux Grandes Loges devint officiel et la nouvelle Grande Loge se donna le titre de Grande Loge Unie
des Anciens Francs-maçons d’Angleterre (aujourd’hui, Grande Loge Unie d’Angleterre). Il fut alors
décidé qu’il n’y aurait que trois grades dans "l’ancienne et pure maçonnerie" (apprenti, compagnon,
maître). L’Ordre de Royal Arch fut reconnu et les tenues de Chapitres pour les grades chevaleresques
autorisées, mais sans qu’elles influent d’une quelconque façon sur les tenues des Loges, dites bleues,
des trois premiers grades de la Franc-maçonnerie traditionnelle.
Enfin, une année plus tard, en 1814, les trois Grandes Loges d’Angleterre, d’Irlande et
d’Ecosse signèrent un acte d’alliance pour la pratique des trois premiers grades.
L’expansion
Dès sa naissance, la franc-maçonnerie spéculative avait trouvé dans l’ensemble de l’Europe et
en Suisse, pays qui nous concerne plus particulièrement, un terrain d’expansion tout aussi favorable
qu’en Angleterre. Et, une vingtaine d’années plus tard, elle se répandit comme une traînée de poudre
partout dans le monde où les puissances européennes d’alors avaient des implantations militaires ou
commerciales.
Après avoir subi ses maladies de jeunesse, la Franc-maçonnerie moderne a réussi à se
structurer un peu partout dans le monde sous forme d’obédiences nationales diverses, indépendantes
les unes des autres et regroupant chacune plusieurs Loges, elles aussi indépendantes les unes des
autres. Cette diversité et cet aspect mosaïque des Loges sont caractéristiques de l’esprit maçonnique
qui refuse toute ingérence dogmatique et lutte depuis toujours en faveur de la liberté de pensée.
Répartie dans une soixantaine de pays (d’une manière générale, les dictatures, qu’elles soient
de droite ou de gauche, condamnent la Franc-maçonnerie dont les idéaux de liberté, d’égalité et de
fraternité, par trop démocratiques, sont jugés subversifs), la Franc-maçonnerie compte actuellement,
toutes obédiences confondues, plus de six millions de membres.
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La Constitution de 1723
De même que toute association a ses règles et ses statuts, la Franc-maçonnerie s’est dotée
depuis ses origines les plus lointaines des règlements appelés "Charges", "Devoirs" ou "Landmarks"
(ces derniers n’étant transmissibles que par tradition orale) pour préserver ses adeptes de toute
déviation par rapport à l’antique filiation traditionnelle dont elle procède.
Les règlements et constitutions des Loges sont d’ordre administratif et règlent la conduite
morale du Franc-maçon en Loge, conduite qui rejaillit bien sûr sur sa vie profane. En revanche, le
Livre de la Loi sacrée (généralement la Bible) qui figure avec l’équerre et le compas sur l’autel du
Vénérable, est d’ordre initiatique et symbolise la lumière vers laquelle tend la quête spirituelle du
Franc-maçon.
Les premiers règlements ou constitutions auxquels se réfère aujourd’hui la Franc-maçonnerie
moderne sont les Constitutions dites d’Anderson, rédigées en 1721 par le théologien James Anderson
et le physicien Théophile Désaguliers, tous deux cofondateurs de la Grande Loge de Londres en 1717.
Elles furent ratifiées le 17 janvier 1723 par le duc de Wharton, alors Grand Maître de la Grande Loge
de Londres.
S’il paraît évident qu’à la lecture certains passages de ces Constitutions peuvent aujourd’hui
prêter à sourire par leur côté vieillot, reflet d’une époque ou régnaient encore en Europe des relents
d’absolutisme et d’Inquisition, il faut reconnaître que leur teneur reste très "progressiste" pour
l’époque et traduit assez bien les idées fondamentales de la Franc-maçonnerie. Il faut en les lisant
s’attacher à l’esprit et non à la lettre. C’est d’ailleurs pour cette raison que ces Constitutions font
aujourd’hui encore référence dans les Loges du monde entier, bien que chaque obédience réactualise
régulièrement ses propres règlements et constitutions.
A titre de comparaison et pour illustrer ce qui précède, nous faisons suivre le texte original des
Constitutions de 1723 par celui des Principes maçonniques généraux de la Constitution de la Grande
Loge Suisse Alpina, édition de 1999.
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Concernant Dieu et la Religion
Un Maç on est obligé de par sa tenure d’obéir à la loi morale et s’il comprend bien l’Art, il ne
sera jamais un athée stupide ni un libertin irréligieux. Mais quoique dans les temps anciens les Maç ons
fussent tenus dans chaque pays d’être de la religion, quelle qu’elle fût, de ce pays ou de cette nation,
néanmoins il est maintenant considéré plus expédient de seulement les astreindre à cette religion sur
laquelle tous les hommes sont d’accord, laissant à chacun ses propres opinions ; c’est-à-dire d’être
hommes de bien et loyaux ou hommes d’honneur et de probité, quelles que soient les dénominations ou
confessions qui aident à les distinguer ; par suite de quoi, la Maç onnerie devient le centre d’union et le
moyen de nouer une véritable amitié sincère entre des personnes qui n’auraient pu que rester
perpétuellement étrangères. (Traduction de Maurice Paillard)
Des Loges
Une Loge est un lieu où les Maç ons s’assemblent pour travailler : d’où le nom de Loge qui est
donné à l’assemblée ou à la société de Maç ons régulièrement organisée, et l’obligation pour chaque
Frère d’appartenir à l’une d’elles et de se soumettre à ses règlements particuliers ainsi qu’aux
règlement généraux. La Loge est soit particulière, soit générale ou Grande Loge.
Dans les temps anciens, aucun Maî tre ou Compagnon ne pouvait s’en absenter, spécialement
lorsqu’il y avait été convoqué, sans encourir une sévère censure, à moins que le Maî tre ou les
Surveillants n’aient constaté qu’il en avait été empêché par une impérieuse nécessité.
Les personnes admises comme membres d’une Loge doivent être des hommes bons et loyaux,
nés libres, ayant l’â ge de la maturité d’esprit et de la prudence, ni serfs, ni femmes, ni hommes
immoraux ou scandaleux, mais de bonne réputation.
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Nul Frère ne peut être Surveillant avant d’avoir passé le degré de Compagnon ; ni Maî tre
avant d’avoir occupé les fonctions de Surveillant ; ni Grand Surveillant avant d’avoir été Maî tre d’une
Loge, ni Grand Maî tre s’il n’a pas été Compagnon avant son élection. Celui-ci doit être, en outre, de
noble naissance ou gentilhomme de bonnes manières ou quelque savant éminent ou quelque architecte
distingué ou quelque autre homme de l’Art d’une honnête ascendance et jouissant d’une grande estime
personnelle dans l’opinion des Loges. Et afin de pouvoir s’acquitter le plus utilement, le plus aisément
et le plus honorablement de son office, le Grand Maî tre détient le pouvoir de choisir son propre Député
Grand Maî tre qui doit être alors ou avoir été précédemment le Maî tre d’une Loge particulière et qui a le
privilège d’agir comme le ferait le Grand Maî tre lui-même, son Commettant, sauf quand le dit
Commettant est présent ou qu’il manifeste son autorité par une lettre.
Ces administrateurs et gouverneurs, supérieurs et subalternes de la Loge ancienne, doivent être
obéis dans leurs fonctions respectives par tous les Frères, conformément aux Anciennes Obligations et
Règlements, en toute humilité, révérence, amour et diligence.
De la conduite, savoir :
1. Dans la Loge quand elle est constituée
Vous ne devez pas tenir de réunions privées, ni de conversations à part sans autorisation du
Maî tre, ni parler de choses inopportunes ou inconvenantes ; ni interrompre le Maî tre, ou les
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Surveillants ni aucun Frère parlant au Maî tre : ne vous conduisez pas non plus de manière ridicule ou
bouffonne quand la Loge traite de choses sérieuses et solennelles ; et sous aucun prétexte n’usez d’un
langage malséant ; mais manifestez à votre Maî tre, à vos Surveillants et à vos Compagnons la
déférence qui leur est due et entourez-les de respect.
Si quelque plainte est déposée, le Frère reconnu s’inclinera devant le jugement et la décision de
la Loge, qui est le seul juge compétent pour tous ces différents (sous réserve d’appel devant la Grande
Loge), et c’est à elle qu’il doit être déféré, à moins que le travail d’un seigneur ne risque d’en souffrir,
dans lequel cas, il serait possible de recourir à une procédure particulière ; mais les affaires
maç onniques ne doivent jamais être portées en justice, à moins d’absolue nécessité dûment constatée en
Loge.
3. Quand les Frères se rencontrent sans présence étrangère, mais hors d’une Loge constituée
Vous devez vous saluer réciproquement de manière courtoise, comme on vous l’enseignera, vous
appelant mutuellement Frère, échangeant librement les instructions que vous jugerez utiles, sans être
vus ni entendus, sans prendre de pas l’un sur l’autre, ni manquer aux marques de respect qui seraient
dues à un Frère, s’il n’était pas Maç on : car quoique les Maç ons en tant que Frères soient tous sur un
pied d’égalité, la Maç onnerie ne prive pas un homme des honneurs auxquels il avait droit auparavant ;
bien au contraire, elle ajoute à ces honneurs, spécialement lorsqu’il a bien mérité de la Fraternité qui se
plaî t à honorer ceux qui le méritent et à proscrire les mauvaises manières.
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Mais si vous le reconnaissez comme un Frère authentique et sincère, vous devez lui prodiguer
le respect qu’il mérite ; et s’il est dans le besoin, vous devez le secourir si vous le pouvez, ou lui
indiquer comment il peut être secouru : vous devez l’employer pendant quelques jours ou le
recommander pour qu’on l’emploie.
Vous n’êtes pas obligé de faire plus que vos moyens ne vous le permettent mais seulement
dans des circonstances identiques, de donner la préférence à un Frère pauvre, qui est un homme bon et
honnête, avant toute autre personne dans le besoin.
Enfin, toutes ces Obligations doivent être observées par vous, de même que celles qui vous
seront communiquées d’autre manière ; cultivez l’amour fraternel, fondement et clé de voûte, ciment
et gloire de cette ancienne Fraternité, repoussez toute dispute et querelle, toute calomnie et médisance,
ne permettez pas qu’un Frère honnête soit calomnié, mais défendez sa réputation, et fournissez-lui tous
les services que vous pourrez, pour autant que cela soit compatible avec votre honneur et votre sûreté,
et pas au-delà. Et si l’un d’eux vous fait tort, vous devez recourir à votre propre Loge ou à la sienne,
ensuite vous pouvez en appeler à la Grande loge en assemblée trimestrielle, et ensuite à la grande loge
annuelle, selon l’ancienne et louable coutume de nos ancêtres dans chaque nation ; n’ayez jamais
recours à un procès en justice avec des profanes ou vous inciter à mettre un terme rapide à toutes
procédures, ceci afin que vous puissiez vous occuper des affaires de la Maçonnerie avec plus d’alacrité
et de succès ; mais en ce qui concerne les Frères ou Compagnons en procès, le Maître et les Frères
doivent offrir bénévolement leur médiation, à laquelle les Frères en opposition doivent se soumettre
avec gratitude ; et si cet arbitrage s’avère impraticable, ils doivent alors poursuive leur procès ou
procédure légale, sans aigreur ni rancune (contrairement à l’ordinaire) en ne disant et en ne faisant rien
qui puisse altérer l’amour fraternel, et les bonnes relations doivent être renouées et poursuivies ; afin
que tous puissent constater l’influence bienfaisante de la Maçonnerie, ainsi que tous les vrais Maçons
l’ont fait depuis le commencement du monde et le feront jusqu’à la fin des temps.
Cette Constitution fut par la suite remaniée deux fois. La première se fit lors de la réédition de
1738, quand la Grande Loge de Londres, devenue Grande Loge d’Angleterre, se trouvait en bute à
l’opposition des "Anciens" Maçons. Cette opposition ne s’organisera vraiment qu’en 1751, le 17
juillet, lorsque des Francs-maçons irlandais, refusés par la Grande Loge d’Angleterre, créèrent la
Grande Loge des Anciens. Devant ces oppositions montantes, Anderson s’attacha à mieux préciser son
texte, surtout en ce qui concerne l’article premier.
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L’allusion à Noé est en effet très ancienne et on la rencontre déjà dans le manuscrit Regius
daté de 1390, au passage relatif à la construction de la Tour de Babel. Noé et les Noachites ont
également survécu, bien que sous influence prussienne, dans la légende du 21e degré, Noachite ou
Chevalier Prussien, du Rite Ecossais Ancien et Accepté (REAA).
Le troisième remaniement des Constitutions d’Anderson intervint en 1813, à la fin de la
querelle des Anciens Maçons et des Modernes, qui se concrétisa par la fusion des deux Grandes Loges
antagonistes sous l’appellation de Grande Loge Unie d’Angleterre. L’article premier de cette nouvelle
Constitution fait une large concession aux Anciens en prenant une tournure nettement déiste, ce qui
n’a pas été du goût de tous les Maçons à l’époque et qui reste d’ailleurs toujours sujet à controverses.
C’est pourquoi, quand on parle de Constitution en Maçonnerie, on pense généralement 1723.
Le manuscrit Regius
Les anciennes confréries de bâtisseurs du moyen âge, qui réunissaient les "francs-mestiers" du
bâtiment, étaient constituées d’hommes libres, c’est-à-dire bénéficiant de franchises fiscales et
exemptions de corvées accordées par le pouvoir royal, d’où le terme de francs-maçons qui signifie en
réalité "maçons libres". Ce terme de maçon libre ou "freemason" est attesté en Angleterre dès 1376.
On le retrouve également dans les manuscrits médiévaux appelés "Old Charges" ou "Anciens
Devoirs", tels que le Regius et le Cooke.
Le Regius se présente sous la forme d’un long poème, rédigé en vieil anglais, probablement
vers 1390, et mentionné pour la première fois en 1670, dans un inventaire de la bibliothèque John
Theyer qui fut vendue à Robert Scott en 1678. Par la suite, le manuscrit devint la propriété de la
Bibliothèque royale, d’où son nom de Regius, jusqu’en 1757, quand le roi George II d’Angleterre en
fit don au British Museum.
Le manuscrit Cooke se présente comme une version parallèle du Regius écrite en prose. Il
serait daté du début du 15e siècle, approximativement entre 1410 et 1425. Les textes de ces manuscrits
traitent de l’art de la géométrie, science à la fois divine et terrestre, dont l’application par métier se
nomme "franc-maçonnerie". Ils donnent également des règles de conduite et des devoirs à respecter
par les gens de métier, les "francs-maçons", envers la confrérie, la société humaine, la religion et
l’Etat.
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La première partie du Regius traite de l’art de la géométrie et de l’origine de son métier, la
Franc-maçonnerie, dont il attribue la fondation au mathématicien grec Euclide qui vivait à Alexandrie,
en Egypte, au 3e siècle avant notre ère. En voici un extrait relatant justement cette fondation par
Euclide:
Bygan furst the craft of masonry : L’a fondé de cette façon le clerc
Euclide,
The clerk Euclyde on thys wyse hyt Cet art de géométrie au pays
fonde, d’Egypte.
Il l’enseigna dans chaque
Thys craft of gemetry yn Egypte contrée de l’Egypte
londe. Et dans nombre de pays, loin des
pyramides;
Yn Egypte he tawzhte hyt ful wyde,
Des années durant, d’après ce que
Yn dyvers londe on every syde ; j’ai compris,
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L E S L É G E N D E S M AÇ O N N I Q U E S
La Tour de Babel
Le manuscrit Regius (1390) relate ainsi l’édification et la destruction de la Tour de Babel :
Ecoutez ce que j’ai lu,
Que beaucoup d’années après, à grand effroi
Le déluge de Noé eut déferlé,
La Tour de Babel fut commencée,
Le plus gros ouvrage de chaux et de pierre,
Que jamais homme ait pu voir ;
Si long et si large on l’entreprit,
Que sa hauteur faisait sept miles d’ombre,
Le roi Nabuchodonosor le fit construire
Aussi puissant pour la défense des hommes,
Que si un tel déluge survînt,
Il ne pourrait submerger l’ouvrage ;
Parce qu’ils avaient un orgueil si fier, avec grande vantardise
Tout ce travail fut ainsi perdu ;
Un ange les frappa en diversifiant leurs langues,
Si bien qu’ils ne se comprenaient plus jamais l’un l’autre.
(Traduction de Mme E.M. de CARLO)
Ce passage du Regius fait allusion à une lointaine tradition mythique qui ferait remonter la
Maçonnerie à Noé, dont les descendants, oublieux de la promesse faite par Dieu au patriarche,
pècheront par orgueil. Cette ancienne légende, qui semble avoir précédé celle de la mort d’Hiram dans
l’ancienne tradition maçonnique, aurait été reprise vers le milieu du 18e siècle dans le grade de
Noachite, 21e degré du Rite Ecossais Ancien et Accepté, dont voici la légende :
"Les descendants de Noé, malgré l’arc-en-ciel qui était le signe de réconciliation que Dieu avait
donné aux hommes et par lequel il les assurait qu’il ne se vengerait plus d’eux, résolurent de construire
une tour assez élevée pour se mettre à l’abri de la vengeance divine. Dix ans après qu’ils eurent jeté les
bases de cet édifice, Dieu aperç ut l’orgueil des hommes et descendit sur terre pour confondre leur projet
en jetant la confusion dans les langues des ouvriers. C’est pour cette raison qu’on appelle cette Tour,
Babel, qui signifie confusion mais dont le sens originel est Porte du Ciel et, en akkadien, Porte des
dieux. Quelque temps plus tard, le roi Nemrod y fonda une ville qui fut appelée Babylone, c’est-à-dire
enceinte de la confusion."
(Récit tiré du "Mutus Liber Latomorum", Le Livre Muet des
Francs-maçons, édité en 1993 par J.C. BAILLY, Paris.)
Le mot sacré de ce grade est assez significatif, puisqu’il se compose des trois initiales S.C.J.
qui correspondent aux noms des trois fils de Noé, Sem, Cham et Japhet, considérés comme les
ancêtres mythiques des races humaines actuelles.
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soldats ayant refusé d’encenser l’autel d’Esculape, sont également condamnés à la peine capitale. Les
neufs condamnés seront exécutés le même jour et inhumés dans la même sépulture. En 310, le pape
Melchiade donne aux quatre soldats le titre de Quatuor Coronati. Ils seront plus tard confondus avec
les tailleurs de pierre, leurs compagnons de supplice, et deviendront les protecteurs du métier de la
construction." (Récit repris de "La Franc-maçonnerie", Paul Naudon, éditions PUF, coll. Que sais-je,
Paris 1984.)
Quant au Regius (1390), voici ce qu’il en dit :
… ces quatre saints martyrs,
Qui dans ce métier furent tenus en grand honneur,
Ils étaient aussi bons maçons qu’on puisse trouver sur terre,
Sculpteurs et imagiers, ils étaient aussi,
Car ils étaient des ouvriers d’élite,
L’empereur les tenait en grande estime ;
Il désira qu’ils fissent une statue
Qu’on vénérerait en son honneur ;
En son temps, il possédait de tels monuments,
Pour détourner le peuple de la loi du Christ.
Mais eux demeuraient fermes dans la loi du Christ,
Et dans leur métier sans compromis ;
Ils aimaient bien Dieu et tout son enseignement,
Et s’étaient voués à son service pour toujours.
En ce temps-là, ils furent des hommes de vérité,
Et vécurent droitement dans la loi de Dieu ;
Ils n’entendaient point fabriquer des idoles,
Quelque bénéfice qu’ils puissent en retirer,
Ni prendre cette idole pour leur Dieu,
Ils refusèrent de le faire, malgré sa colère ;
Car ils ne voulaient pas renier leur vraie foi,
Et croire à sa fausse loi,
L’empereur les fit arrêter sans délai,
Et les mit dans un profond cachot ;
Plus cruellement il les y punissait,
Plus ils se réjouissaient dans la grâce de Dieu,
Alors, quand il vit qu’il ne pouvait plus rien,
Il les laissa alors aller à la mort ;
Celui qui voudra, trouvera dans le livre
De la légende des saints,
Les noms des quatre couronnés.
Leur fête est bien connue,
Le huitième jour après la Toussaint.
(Traduction de Mme E.M. de Carlo.)
Remarque
On trouvera sur le site http://WEB.CLUB-INTERNET.FR/CHDIOUX une version complète du Regius,
en ancien anglais avec, en parallèle, une traduction française très proche de l’original anglais, due à
Mme E.M. de CARLO.
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La légende de la mort d’Hiram
Cette légende étant directement liée au rite de passage à la maîtrise ou 3e degré de la Franc-
maçonnerie, nous nous bornerons, et cela bien qu’elle ait été maintes fois publiée dans son intégralité,
à n’en présenter que quelques données essentielles, pour éviter une banalisation de ce rite de passage
pouvant nuire à sa force évocatrice.
"Maî tre Hiram, architecte du Temple de Salomon, avait des milliers d’ouvriers sous ses
ordres. Pour éviter toute confusion et pouvoir les distinguer entre eux selon leurs capacités et leur
mérite, il les divisa en trois classes ou degrés : apprentis, compagnons et maî tres. Il donna à chacun
d’eux les mots, signes et attouchements correspondant à leur degré, de manière que l’on puisse les
reconnaî tre et qu’ils puissent eux-mêmes se reconnaî tre entre eux et faire valoir leur droit au salaire dû
à leur rang. Trois Compagnons, désireux de connaî tre les signes et mots secrets des Maî tres pour
accéder à un salaire supérieur, résolurent de l’obtenir d’Hiram par la menace, et au besoin par la force.
Hiram refusa et mourut sous les coups successifs des trois renégats. Il fut retrouvé gisant sous un
tertre sur lequel avait germé un acacia."
L’acacia, qui reste toujours vert, est perçu comme le symbole de l’immortalité qui, dans le cas
de la légende d’Hiram, peut s’interpréter de différentes manières, suivant les convictions religieuses
ou philosophiques de chacun.
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Q U E L Q U E S P E R S O N N AL I T É S M AR Q U AN T E S D E L A
F R AN C - M AÇ O N N E R I E E N S U I S S E ...
Il est évidemment difficile d'établir une liste exhaustive des Francs-maçons suisses les plus
connus sans trahir la discrétion convenue de l'appartenance à l'Ordre. Mais cette discrétion ne
s'appliquant qu'aux vivants, on retiendra quelques noms de personnalités qui ont marqué, à leur
époque, la vie politique et culturelle de notre pays.
Chédel André
Né en 1915 et initié à la Franc-maçonnerie en 1954, ce Loclois, humaniste et philosophe
reconnu bien au-delà de nos frontières, recevra le titre de Docteur honoris causa de
l'Université de Neuchâtel quelques années avant sa mort, survenue en 1984.
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S I T U AT I O N E T AC T I V I T É S
Situation actuelle
La Grande Loge Suisse Alpina (GLSA) comprend un total de 79 Loges réparties sur
l'ensemble du territoire suisse, avec une plus forte concentration sur les villes de Bâle, Genève,
Lausanne et Zurich.
Le nombre des membres approche le chiffre de 4000. Les décès, départs, démissions ou
exclusions étant compensés par les nouvelles initiations. D'une manière générale, on constate depuis
ces dernières années un regain d'intérêt de la part de jeunes profanes de moins de trente ans.
Finance d'entrée et cotisations. La finance d'entrée (payable une seule fois et au moment de
l'admission) varie suivant les Loges. Mais en règle générale elle n'excède pas 1'000 francs. La
cotisation annuelle se monte à environ 500 francs, auxquels il faut ajouter 80 francs destinés à couvrir
les frais d'administration et charges de la GLSA. La plupart des Loges étant propriétaires de leur
immeuble, les montants des cotisations varient d'une Loge à l'autre en fonction des charges financières
qu'elles doivent assumer.
• le Fonds central d'entraide, destiné aux membres, à leurs veuves ou à leurs enfants en difficulté;
• le Fonds maçonnique d'assistance mutuelle, destiné aux membres âgés de plus de 60 ans ou à leurs
veuves de plus de 55 ans;
• le Fonds d'instruction et d'éducation, destiné aux enfants des membres ou aux membres eux-mêmes;
En outre, chaque Loge pratique de son côté, de façon locale et ponctuelle, la charité en faveur
de déshérités ou d'associations caritatives non maçonniques.
L'ensemble des dons, toutes actions confondues, représente un total annuel d'environ 500'000
francs suisses.
Par ailleurs, nombre de Francs-maçons des Loges de la GLSA s'engagent individuellement en
faveur d'associations humanitaires ou caritatives, à l'échelle régionale ou nationale, voire même à
l'étranger.
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R I T E S E T H AU T S G R AD E S
Les Rites ou Systèmes maçonniques posent les règles des Rituels particuliers à chaque degré
et à chaque type de cérémonie maçonnique. Les premiers Rites pratiqués par la Franc-maçonnerie
moderne de 1723 sont issus d'une synthèse d'anciens catéchismes maçonniques et de cérémonies
antérieurs à 1717, avec des emprunts probables à la Maçonnerie opérative écossaise - synthèse à
laquelle la Grande Loge Unie d'Angleterre a apporté plusieurs innovations, notamment le troisième
degré associé au mythe d'Hiram.
Par la suite, les Loges du Continent, qui pratiquaient le Rite de la Grande Loge Unie
d'Angleterre apporteront leurs propres modifications, ce qui explique les nombreux Rites et Systèmes
maçonniques pratiqués aujourd'hui dans le monde. Certains se limitent volontairement aux trois
premiers degrés exclusivement, comme le Rite Schroeder, par exemple; d'autres, au contraire, y
ajoutent une série de degrés complémentaires appelés Hauts Grades dans certains cas.
Les Rites peuvent varier suivant les Loges ou les Obédiences: certaines Obédiences
regroupant des Loges d'un même Rite, d'autres regroupant des Loges de Rites différents. Le cas de la
Grande Loge Suisse Alpina (GLSA) est, à cet égard, assez particulier. La Grande Loge Suisse Alpina
est en effet une fédération de Loges qui, au moment de leur union en 1844, dépendaient d'Obédiences
étrangères ou s'en réclamaient, ce qui explique la diversité de Rites et Systèmes pratiqués. Cette
diversité est encore accentuée par le fait que les Loges demeurent souveraines en matière de Rituels
pour les trois premiers degrés d'Apprenti, Compagnon et Maître, sous réserve de l'approbation des
autorités de la GLSA. De leur côté, les autorités des Rites administrant les degrés complémentaires et
les Hauts Grades sont indépendantes des autorités de la GLSA et souveraines pour la pratique de ces
degrés. Mais elles doivent recruter leurs membres uniquement dans les Loges de la Grande Loge
Suisse Alpina, où elles n'ont, par ailleurs, aucun droit ni privilège à faire valoir.
Les Systèmes ou Rites maçonniques pratiqués au sein de la Grande Loge Suisse Alpina sont
actuellement au nombre de cinq: le Rite de Schroeder, proche du Rite anglais ancien et qui se limite
aux trois premiers degrés; le Rite Emulation qui revendique une filiation aux plus anciens rituels de la
Franc-maçonnerie opérative anglaise; le Rite Français qui détient les formes les plus proches de la
Maçonnerie moderne de 1717 pratiquée en France sous l'influence de Maçons anglais; le Rite Ecossais
Ancien et Accepté, basé sur les Grandes Constitutions de 1786 attribuées à Frédéric II de Prusse, qui
comprend 33 degrés; le Rite Ecossais Rectifié qui comprend 6 degrés, il est issu en 1778 du Système
de la Stricte Observance qui avait été fondé en 1756 en Allemagne par le baron de Hund.
Le Rite de Schroeder
Frédéric-Louis Schroeder (1744-1816), directeur du Théâtre Municipal de Hambourg et Grand
Maître de la Grande Loge de Hambourg, passa près de vingt ans à la mise en forme définitive du Rite
qui porte son nom. Allergique à l'aspect chevaleresque qui caractérise la symbolique de la plupart des
Hauts Grades, il réforma les cérémonies de son Obédience dans le sens d'une plus grande simplicité,
en remettant en vigueur l'usage du Rite anglais ancien et en ne prenant en considération que les trois
premiers grades. Le Système de Schroeder était le plus démocratique de tous les Rites pratiqués en
Allemagne avant la deuxième Guerre mondiale, ce qui fit son succès. Actuellement, il est pratiqué par
la Grande Loge des Anciens Maçons Libres et Acceptés d'Allemagne, par la Grande Loge d'Autriche
et par quelques Loges de la Grande Loge Suisse Alpina, ces dernières y ayant toutefois apporté
quelques modifications mineures.
Le Rite Emulation
Créé en 1813 par Peter Gilkes, le Rite Emulation revendique une filiation aux plus anciens
rituels de la Franc-maçonnerie opérative. Il tient son nom de la Loge "Emulation of Improvement"
(perfectionnement) qui s'est réunie pour la première fois en octobre 1823 au Freemason's Hall à
Londres. C'est le Rite le plus pratiqué au sein de la Grande Loge Unie d'Angleterre. Introduit en
France en 1925, il fut adopté par plusieurs Loges de la Grande Loge Nationale Française et en Suisse
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par quelques Loges de la Grande Loge Suisse Alpina. Une des particularités de ce Rite, qui ne pratique
que les trois premiers grades, est l'oralité: les cérémonies doivent être pratiquées par cœur; pratique qui
provient de l'époque où, autant dans le Compagnonnage qu'en Franc-maçonnerie opérative, les Rituels
étaient appris par cœur car, dans l'esprit de sauvegarde du secret du métier, rien ne devait être écrit.
Des degrés additionnels (qui ne sont pas considérés comme des Hauts Grades mais comme de
simples compléments au 2e et au 3e grade) viennent compléter les 3 degrés symboliques du Rite
Emulation tout en étant administrés séparément du Rite. Ce sont les degrés de Royal Arch et de Mark
Master.
Le degré de Royal Arch est considéré comme un complément au grade de Maître (et non
comme un 4e grade) censé contenir la quintessence de la philosophie maçonnique. Il possède son
propre Rituel et est administré par un Chapitre autonome.
Le degré de Mark Master ou Mark Mason, dit de la Maçonnerie de la Marque, est, quant à lui,
une continuation de l'ancien grade opératif de Compagnon (à l'origine, le grade de Compagnon était le
dernier degré initiatique, l'appellation de Maître étant réservée uniquement au Maître ou Vénérable qui
présidait la Loge). Son enseignement met l'accent sur la fameuse "pierre angulaire" rejetée par les
bâtisseurs, dont il est fait mention dans la Bible (Psaume 118:22, Matthieu 21:42, Marc 12:10, Luc
20:17) et, qui est devenue la pierre d'angle maîtresse de l'œuvre. Sur cette pierre en forme de coin, qui
n'est autre que la clé de voûte de l'édifice, le Mark Master inscrit sa "marque", signe géométrique que
l'on retrouve sur les édifices monumentaux et religieux.
Le Rite Français
Le Rite Français détient les formes les plus proches de la première Franc-maçonnerie
pratiquée en France vers 1725 sous l'influence de Maçons anglais. C'est la traduction en français des
rituels de la Maçonnerie andersonienne de 1717, qui donnera naissance au Rite Français, appelé aussi
plus tard, au 19e siècle, Rite Français Moderne.
Ce Rite se caractérise par le fait qu'il n'a pas subi d'influence étrangère; il s'est simplement
développé et enrichi au cours du temps par son dynamisme propre. Il est le meilleur représentant
actuel de la pratique générale des Loges françaises du 18e siècle et comprend 7 degrés: Apprenti,
Compagnon, Maître, Elu, Ecossais, Chevalier d'Orient et Chevalier Prince Rose-Croix. Il est pratiqué
aujourd'hui en France, en Belgique et en Amérique du Sud, ainsi que, mais seulement pour les trois
premiers degrés, dans certaines Loges de la Grande Loge Suisse Alpina.
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Loges bleues ou symboliques, du 1er au 3e degré, Maître;
Loges de Perfection, du 4e au 14e degré, Grand Elu de la Voûte Sacrée;
Chapitres, du 15e au 18e degré, Chevalier Rose-Croix;
Aréopages, du 19e au 30e degré, Chevalier Kadosh;
Tribunaux, 31e degré, Grand Inspecteur;
Consistoires, 32e degré, Maître du Royal Secret;
Suprême Conseil, 33e degré, Grand Inspecteur Général.
Les trois derniers degrés sont des grades administratifs, le trentième ou Chevalier Kadosh
constituant la synthèse finale des grades initiatiques du Rite. Le Suprême Conseil du Rite est pour les
grades 4 à 33 l'équivalent de l'Obédience pour les Loges bleues.
Le Convent international de Lausanne qui réunissait en 1875 les Suprêmes Conseils de
l'époque, dont ceux de France et d'Angleterre, a posé et adopté les Principes de base qui définissent
l'esprit du REAA. On y trouve notamment cette citation: "Pour relever l'homme à ses propres yeux,
pour le rendre digne de sa mission sur la terre, la Maçonnerie pose le principe que le Créateur suprême
a donné à l'homme comme bien le plus précieux, la Liberté; la liberté, patrimoine de l'humanité tout
entière, rayon d'en haut qu'aucun pouvoir n'a le droit d'éteindre ni d'amortir et qui est la source des
sentiments d'honneur et de dignité." Ce Rite est pratiqué un peu partout dans le monde et par bon
nombre de Loges de la Grande Loge Suisse Alpina pour les trois premiers degrés et sous les auspices
du Suprême Conseil de Suisse pour les degrés suivants.
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B I B L I O G R AP H I E / L I T T É R AT U R E
Un aperçu de quelques ouvrages, parmi tant d'autres, généraux ou spécialisés, traitant de la
Franc-maçonnerie.
• GRA - Le Guide du Franc-maçon, Groupe de Recherche Alpina, Lausanne 1998. (Manuel réservé aux
Francs-maçons, disponible à la Chancellerie de la Grande Loge Suisse Alpina, 1, rue du Petit-Beaulieu,
1004 Lausanne, Suisse, glsa@planet.ch)
• Ligou Daniel (sous la direction de …) - Dictionnaire de la Franc-maçonnerie, PUF, 1987.
• Sacchi Jean-Pierre - L'Affaire Hiram, Nagel, Genève 1998. (Manuel réservé exclusivement aux Maîtres
Francs-maçons, disponible chez l'auteur par l'intermédiaire de la Chancellerie de la GLSA:
glsa@planet.ch)
• Verdun Jean - La réalité maçonnique, Flammarion, 1982.
M uséographie maçonnique
• Chaste Michel - L'objet maçonnique, Garamont-Archimbaud, 1988.
M usique et Franc-maçonnerie
• Cotte Roger - La musique maçonnique et ses musiciens, Borrego, 1991.
• Terrasson René - Le testament philosophique de Mozart, la clémence de Titus, la flûte enchantée, le
Requiem, selon les arcanes de la Franc-maçonnerie du siècle des Lumières, Dervy, 1996.
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Périodiques maçonniques
• Alpina - revue mensuelle (paraît dix fois par année) publiée par la Grande Loge Suisse Alpina;
renseignements à la Chancellerie de la GLSA, 1, rue du Petit-Beaulieu, 1004 Lausanne, glsa@planet.ch
• Les Cahiers du Pélican - revue suisse indépendante de symbolisme et d'études maçonniques, deux
parutions par année; renseignements: monbagraphic@span.ch
• Travaux de la Loge nationale de recherches Villard de Honnecourt, Cahiers Villard de Honnecourt -
revue semestrielle publiée par la Grande Loge Nationale Française, 12, rue Christine de Pisan, 75017
Paris.
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G L O S S AI R E D E S T E R M E S M AÇ O N N I Q U E S
Notre but n'est pas de présenter ici une liste exhaustive des termes employés en Franc-
maçonnerie, mais de donner une brève explication de ceux qui reviennent le plus souvent, tant dans les
ouvrages spécialisés que dans les publications plus générales destinées au grand public.
Acacia - cet arbre, attaché à la légende d'Hiram, ancêtre mythique des Francs-maçons,
symbolise par son imputrescibilité la continuité de la Vie.
Affiliation - admission, comme membre actif, par une Loge d'un membre issu d'une autre
Loge.
Art Royal - désignait autrefois l'art de bâtir (l'architecture); est utilisé aujourd'hui comme
autre terme pour désigner la Franc-maçonnerie.
Bandeau - sert à bander les yeux du récipiendaire durant la première phase de son initiation.
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