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SYST 016
ANALYSE EXERGETIQUE
Georges HEYEN
Maître de conférence
Edition 2000
INTRODUCTION
Le cours "Analyse exergétique des systèmes industriels" s'adresse aux étudiants électro
mécaniciens de l'orientation Energétique. Il vise à familiariser les étudiants avec le concept d'exergie,
à proposer une méthode d'élaboration de bilans exergétique et à illustrer l'impact de diverse
technologies sur le rendement exergétique des systèmes de transformation d'énergie.
Même si la plupart des exemples sont tirés des systèmes de transformation d'énergie liés à la
production de chaleur et de travail, le cours s'applique également aux systèmes sujet à des réactions
chimiques (réacteurs, et en particulier combustion) ou à des changements de composition
(distillation).
Les présentes notes de cours sont basées sur une édition précédente qui reprenait les matières
enseignées par M. E. Buchet, Chargé de cours à la Faculté des Sciences Appliquées. Nous tenons à
remercier M. Buchet pour l'aide qu'il nous a fournie lorsque le présent cours nous a été confié en
suppléance, et pour son aimable autorisation à réutiliser une partie de ses textes. Nous avons pu, en
tant qu'étudiant, apprécier les talents pédagogiques et le dévouement de M. Buchet, qui a consacré
une part importante de sa carrière scientifique au développement et à la promotion de l'analyse
exergétique des systèmes thermiques. Nous espérons pouvoir, par ce cours, continuer à éveiller
l'intérêt de nos étudiants pour une matière quelquefois ingrate à maîtriser, mais riche par ses
possibilités de progrès qu'elle met en évidences.
BILANS ET RENDEMENTS
L'art de l'ingénieur vise à améliorer le rendement des procédés qu'il met en oeuvre, c'est à dire
à tirer un maximum de profits d'un minimum de ressources.
L'application de ce postulat implique que l'ingénieur dispose de critère lui permettant de
comparer les qualités respectives de différentes solutions technologiques, ce qui implique l'analyse du
fonctionnement de divers schémas opératoires et la comparaison quantitative de leurs produits et de
leurs consommations.
Les procédés peuvent se comparer sous divers aspects, qui nécessitent l'établissement de
divers types de bilans mettant en balances les ressources et produits, les consommations et les
productions de divers types.
C'est ainsi que l'on peut dresser des bilans de matière, et dire d'une centrale thermo-électrique
qu'elle consomme 495 kg/s d'air et 15 kg/s de gaz naturel, et qu'elle rejette à l'atmosphère 510 kg/s
de fumées contenant 75,9 % de N2, 13,9 % de O2, 3,2 % de CO2 et 7 % de H2O. Comme on
n'observe aucune perte de matière, on peut dire que le rendement de conversion matérielle est de
100 %.
Pour la même centrale, le bilan d'énergie basé sur la première loi de la thermodynamique nous
indiquera que le combustible apporte 812 MW, dont 1,1 % se retrouvent dans les fumées, 41 %
vont réchauffer les eaux du condenseur et 53,9 % sont convertis en électricité et 4 % correspondent
à diverses pertes de transformation. Considérant que le produit utile de la transformation est
l'électricité, on pourra alors affirmer que le rendement énergétique de l'opération est de 53,9 %,
alors que l'application de la première loi de la thermodynamique nous indique que l'énergie totale est
conservée, puisque toute l'énergie mise en oeuvre dans le combustible se retrouve dans les effluents
de la centrale et sous forme d'électricité.
L'économiste s'intéressera à un compte d'exploitation, faisant intervenir les recettes provenant
de la vente de l'électricité produite, et les coûts des matières premières (combustible principalement),
de la main d'oeuvre, des frais d'entretien, des frais généraux associés à la gestion du site de
production, et enfin de l'amortissement du capital investi.
Enfin il peut être opportun de dresser un bilan écologique, qui relève les nuisances associées à
une activité, ainsi que les moyens mis en oeuvre pour les réduire (rejets thermiques, émissions de
CO2, NOx, hydrocarbures imbrûlés, résidus solides (suies, cendres), bruit, ...), ou un bilan social,
qui prend en compte les emplois créés.
La plupart des bilans évoqués ci-dessus permettent d'appréhender la réalité d'une activité
industrielle, ou tout au moins une de ses facettes. Il présentent toutefois l'inconvénient de se limiter à
un état des lieux, à une analyse de la situation. S'il permettent la comparaison relative de plusieurs
sites de production, ils ne permettent pas de classement absolu, de comparaison à une norme de
qualité correspondant à un système idéal.
L'analyse exergétique propose ce référentiel, et permet de comparer des système de
transformation d'énergie entre eux, et par rapport à des systèmes idéalisés, permettant de
transformer l'énergique thermique en travail de manière réversible, et sans production d'entropie. Par
évaluation du rendement exergétique d'un procédé, on peut alors le comparer au meilleur des cycles
bithermes : le cycle de Carnot.
En effet, le calcul du rendement thermique basé sur la première loi de la thermodynamique
(η=W/Q 1 , rendement = travail moteur divisé par la quantité de chaleur fournie par la source
chaude) présente deux inconvénients. Il privilégie arbitrairement le travail moteur, et ignore toute
valorisation éventuelle de la chaleur disponible à la source froide. Il n'exprime pas un écart par
rapport à un idéal (on sait qu'un rendement de 100% est impossible à atteindre, et que le maximum
théorique dépend du rapport des températures des sources chaudes et froides, comme on le
démontrera par après).
Définitions
L’exergie d’un système est une fonction thermodynamique qui exprime la capacité de ce
système à produire du travail en raison de son déséquilibre avec l’ambiance dans laquelle il se
trouve.
On peut définir l’exergie d’une source d’énergie comme la quantité maximale de travail qu’il
serait possible d’en retirer au moyen d’un cycle thermodynamique moteur, l’autre source étant en
équilibre avec l’ambiance (état de référence à définir). On assimile l’ambiance à une source infinie,
monotherme et isobare.
Les énergies cinétique, potentielle, voire électrique, sont de l'exergie pure, car elles sont
entièrement transformables en travail.
Cycles monothermes
On dit qu’un système décrit un cycle monotherme lorsqu’il n’échange de la chaleur qu’avec
des corps extérieurs (sources de chaleur) maintenus tous à une même température constante. On
peut se représenter ces sources de chaleur isothermes comme des milieux constitués d’une très
grande masse dont la température n’est pas influencée significativement par les échanges de chaleur
envisagés (par exemple, l’air atmosphérique ou l’eau de la mer).
Sur le diagramme (T,S), Q1+Wf1 et Q2 +Wf2 sont représentés par les aires comprises entre les
courbes (a,1,b) et (b,2,a), l’axe OS et les verticales abaissées de a et b. La somme de ces aires vaut
a(T,S).
En posant Wf =Wf1+Wf2 on en déduit le travail moteur :
Wm = Q1+ Q2 = Q1- |Q 2| = a(T,S) - Wf (I.4)
Ce travail peut être positif, si on a Q1> |Q 2| ou a(T,S) > Wf
W m a(T,S) - W f Q1 - Q2
η= = =
Q1 Q1 Q1 (I.5)
En l’absence de frottement (Wf =0), Q1 et Q2 seraient représentés par l’aire comprise entre
les lignes de transformation 1 et 2, l’axe OS et les verticales Sa et Sb.
On aurait alors :
a(T,S) Q1 - Q2
η= = a
Q1 T dS 1
a (I.6)
Le cycle de Carnot
Ce cycle est parcouru de manière réversible (absence de frottement et transfert de chaleur
sans gradient de température).
L’étude des cycles thermodynamiques nous démontre que, parmi tous les cycles basés sur
deux sources, il est celui qui présente le rendement de transformation le plus élevé.
Le cycle de Carnot se compose :
• d’une transformation isotherme réversible où le fluide moteur reçoit de la source chaude à
T1 une quantité de chaleur Q1 = T1 (S2-S1);
• d’une transformation adiabatique réversible (détente) où le fluide moteur produit une
quantité de travail W2;
• d’une transformation isotherme réversible où le fluide moteur cède à la source froide à T2
une quantité de chaleur Q2 = T2 (S2-S1);
• d’une transformation adiabatique réversible (compression) où le fluide moteur reçoit une
quantité de travail W1.
W1 (I.7)
ou encore :
Q1
T2 W= (T1-T2)
Q2 T1
(I.8)
S1 S2 Le rendement η, défini comme
Figure 1.1 Cycle de Carnot
le rapport entre le travail net et
l’énergie thermique cédée par la
source chaude, est donc :
η = W = 1-T2
Q1 T1 ( ) (I.9)
T - To
E= Q
T
T - To
= Q To
T To
= To ( )
Q Q
-
To T (I.10)
le facteur (T - T0 )/T représentant le rendement du cycle de Carnot correspondant.
Cette expression découle de la définition de l’exergie, et des propriétés du cycle de Carnot,
qui, rappelons le, est le cycle réversible échangeant de la chaleur avec deux sources isothermes, et
échangeant du travail avec l’environnement le long de deux transformations adiabatiques (et
réversibles, donc isentropiques). Le cycle idéal de Carnot est celui qui permet la transformation
maximale de chaleur en travail, pour des températures fixées des deux sources.
Il s'ensuit que la chaleur disponible à la température ambiante T0 est de l'anergie pure. Il n’est
pas possible de produire du travail avec un cycle monotherme (qui n’échangerait de la chaleur
qu’avec une source isotherme de température T0 ).
L'état de référence correspond la plupart du temps à la source froide, et est fixée par les
conditions de l’ambiance.
L’intégrale en dWf représente la perte due aux irréversibilités et en particulier aux frottements.
Elle s’exprime comme suit :
2
To 2
dW f = T 0 dS i = T 0 ∆S i
T 1
1 (I.26)
où on définit l’accroissement d’entropie correspondant aux irréversibilités :
dW f
dS i =
T (I.27)
Ces relations montrent que les frottements se produisant alors que la température du fluide est
élevée sont moins nuisibles que ceux qui se présentent à basse température.
∫ C (T) dT
T1
H1 -Ho = p
To (I.33)
∫
T1
C p(T) P1
S 1 -S o = dT - R ln
T Po
To (I.34)
où R est la constante d’état des gaz parfaits
R = 8,31432 J/mol/K
Si la chaleur spécifique à pression constante est représentée par un polynôme d’ordre 3,
comme dans la table fournie en annexe :
Cp = A + B T + C T2 + D T3 (I.35)
on peut écrire :
2 2
(
H1 -Ho = A (T 1 -T o)+ B2 T 1 -T o + C ) ( ) ( ) (I.36)
3 3 D 4 4
+
3 T 1 -T o 4 T 1 -T o
-T )+ 2 (T -T )+ 3 (T -T )- R ln
T1 P
S1 -So = A ln + B (T 1 o
C 2 2 D 3 3
1 o 1 o
1
To P o (I.37)
En appliquant l’équation (I.12), on obtient pour expression de l’exergie d’un gaz parfait à T1,
P1:
E1(T1, P1) = H1-Ho -To (S1-So ) (I.38)
expression dans laquelle il suffit de substituer (I.36) et (I.37).
Dans un diagramme (T,S), tous les états d’exergie nulle sont représentés par une droite ayant
pour équation :
H-Ho -To (S-So) = 0 (I.39)
Si on considère un écart de température suffisamment faible pour que la chaleur spécifique
puisse être considérée constante :
T-To = To (S-So) / cp (I.40)
Cette droite est tangente en (To, Po) à l’isobare Po d’équation :
S-So = cp ln(T / To) (I.41)
Tous les états dont l’exergie est positive sont représentés par le demi plan au dessus de cette
droite. En se rappelant que dans le diagramme (T, S), l’enthalpie d’un fluide dans l’état M est
représentée par la surface comprise entre l’isobare PM, l’isentropique SM et l’axe S (hachures
droites sur la figure suivante), et que pour un gaz parfait l’enthalpie est indépendante de la pression, il
est aisé de représenter l’exergie par une surface sur ce même diagramme. La construction se déduit
de l’équation (I.39). L’enthalpie dans l’état de référence Ho(To, Po) est égale pour un gaz parfait à
l’enthalpie à (TM, PM) (hachures horizontales), si bien que H-Ho est représenté par les hachures
entrecroisées. Le terme To(S-So) est représenté par l’aire du rectangle délimité par les
isentropiques SM et S0 , l’isotherme To et l’axe horizontal (hachures obliques). L’exergie est donc
égale représentée par le a somme des aires à hachures obliques et à hachures entrecroisées.
PM
M
TM Pm
P0
T0 m
S
SM S0
On établira aisément les diagrammes correspondants dans les cas où PM< P0 où lorsque où
TM< T0
H1-H o = •N i
i=1
Hi,1- H i,o
(I.42)
Par contre pour l’entropie, il faut introduire une correction due à la dilution des substances
dans le mélange :
m
Ni
S 1-So = • N i S i,1- Si,o - R ln m
i=1
• Nk
k=1
(I.43)
L’exergie du mélange de gaz parfaits se calculera à partir de l’enthalpie et de l’entropie au
moyen de la relation (I.33).
Par exemple, pour évaluer la variation d’exergie de l’eau entre (200°C, 2 bar) et (40°C, 0.5
bar), nous pouvons faire les approximations suivantes :
• vapeur d’eau assimilée à un gaz parfait de Cp = 1.93 kJ/kg
• eau liquide supposée incompressible, Cp = 4.22 kJ/kg
• chaleur latente de vaporisation LLV.= 2258 kJ/kg à 100°C
La variation d’enthalpie sera :
∆HL = 4.22 (100-40) = 253 kJ/kg pour le liquide de 40 à 100°C
∆HLV = 2258 kJ/kg pour la vaporisation
∆HV = 1.93 (200-100) = 193 kJ/kg pour l’eau vapeur de 100 à 200°C
soit un total de 2704 kJ/kg
La variation d’entropie sera :
∆SL = 4.22 ln((100+273)/(40+273)) = 0.740 kJ/kg/K pour le liquide de 40 à 100°C
∆SLV = 2258/(100+273) = 6.054 kJ/kg pour la vaporisation
a = •• a ia j
i = 1 j=1
m
b= •bi
i=1 (I.49)
Les coefficients ai et bi caractérisant les substances pures se calculent à partir de leur
température critique Tci et de leur pression critique Pci et de leur facteur acentrique ωi, et de la
température :
Z-B* V 1 Ža 2Z+B*(2- 8)
S-S° = R ln + R ln - ln
Z V° b 8 ŽT 2Z+B*(2+ 8)
Z=PV
RT
B* = b P
RT (I.51)
Pour évaluer l’enthalpie, il est plus simple de passer par la correction d’énergie libre de
Helmholtz :
Z-B* V a 2Z+B*(2- 8)
A-A° = -RT ln - RT ln + ln
Z V° b 8 2Z+B*(2+ 8) (I.52)
pour en déduire la correction d’enthalpie :
H-H° = (A-A°) + T (S-S°) + RT (Z-1) (I.53)
Il est inutile de préciser que l’usage de logiciels de calcul facilite grandement l’application de
telles méthodes de calcul.
à 15°C
Etat final 0,5 kg eau à 15°C 1,5 kg eau + 35 g sel
à 15°C
En admettant que la solution est idéale et en choisissant l’état de référence à 15°C, les seules
contributions à l’exergie proviennent des effets de dilution sur l’entropie des sous systèmes. On a,
pour les solutions liquides idéales à T=T0 :
n
Ni
S = - R •N i ln n
i=1
•N k
k=1 (II.1)
où Ni représente le nombre de moles de la substance i.
Compte tenu des masses molaire (18 pour H2O et 58,5 pour le sel), on calcule
successivement :
Sous système 1 - initial :
Neau = 55.56 Nsel = 0.598 xeau = 0.989 xsel = 0.011
S1 = - 8.319 (55.56 ln(0.989) + 0.598 ln(0.011) ) = 27.556 J/K
Sous système 2 - initial :
Neau = 55.56 Nsel = 0 xeau = 1 xsel = 0
S2 = - 8.319 (55.56 ln(1) + 0) = 0 J/K
d’où une entropie totale S= 27.556 J/K
Sous système 1 - final :
Neau = 83.33 Nsel = 0.598 xeau = 0.993 xsel = 0.007
S1’ = - 8.319 (83.33ln(0.993) + 0.598 ln(0.007) ) = 29.565 J/K
Sous système 2 - final :
Neau = 27.78 Nsel = 0 xeau = 1 xsel = 0
S1’ = - 8.319 (27.78 ln(1) + 0) = 0 J/K
d’où une entropie totale S’=29.565 J/K
25 °C = 298,15 K et 101325 Pa pour les corps simples, pris à l’état pur, tels que :
Oxygène O2
Hydrogène H2
Carbone (graphite) C
Azote N2
Argon Ar
Hydrogène H2
etc ...
Pour les autres substances, on choisira comme valeur de référence leur enthalpie standard de
formation à partir des éléments à 25 °C = 298,15 K et 101325 Pa, c’est à dire l’enthalpie libérée
par la réaction chimique en faisant réagir les éléments dans les proportions exactes permettant
d’obtenir une mole de la substance désirée. On convient donc que l’enthalpie standard de formation
des éléments est nulle.
Par exemple, pour former une mole de H2O, on fera réagir :
H2 + 0.5 O2 -> H2O + Q
les réactifs étant initialement à dans l’état de référence, Q=241800 J étant la quantité de
chaleur libérée par la réaction et récupérée en ramenant le produit de la réaction dans l’état de
référence. On attribuera à la mole d’eau une enthalpie de référence ou enthalpie standard de
formation Hf° égale à -241800 J/mole.
De la même manière, en étudiant la combustion du graphite :
C + O2 -> CO2 + 393500 kJ
on fixe l’état de référence pour le dioxyde de carbone, dont l’enthalpie standard de formation
sera égale à Hf° = -393500 J/mole.
On utilisera la propriété d’additivité des enthalpies de réaction, découlant du théorème de
Nernst. C’est ainsi qu’en étudiant la réaction :
CH4 + 2 O2 -> CO2 + 2 H2O + 802000 J
on en déduira l’enthalpie de formation du méthane :
Hf° CH4 = Hf° CO2 + 2 Hf° H2O - 2 Hf° O2 + 802000 J
= -393500 + 2 . (-241800) - 2 (0) + 802200
= -74900 kJ/kmole
C’est ainsi que de proche en proche, on sera en mesure de déterminer l’enthalpie standard de
formation de chaque substance chimique, en mesurant l’effet thermique d’une réaction dans laquelle
elle est impliquée avec d’autres substances dont l’enthalpie standard est déjà connue.
On peut, de la même manière, évaluer les autres grandeurs thermodynamiques associées aux
réactions chimiques, telles que l’entropie S ou l’enthalpie libre G.
On trouvera dans les tables en annexe les valeurs d’enthalpie standard de formation Hf°,
d’enthalpie libre standard de formation Gf° et d’enthalpie standard de formation Sf° permettant
l’évaluation des grandeurs thermodynamiques et en particulier de l’exergie des systèmes de
composition variable.
En choisissant comme état de référence pour toutes les substances leur enthalpie et entropie
standard de formation on peut donner une portée plus générales aux relations présentées au chapitre
I. Par exemple, pour évaluer les grandeurs H et S au moyen des tables en annexe, on utilisera :
fo 2 2 3 3 D 4 4
H1 -H = A T 1 -T o + B2 T 1 -T o + C +
3 1 -T o 4 T 1 -T o
T (II.2)
T1 2 2 P1
fo
S1 -S = A ln + B T 1 -T o + C T 1 -T o + D T 3 -T
3
- R ln
To 2 3 1 o
P o (II.3)
où (To, Po) sont les température et pression de référence des grandeurs de formation, soit
298,15 K et 101325 Pa.
Remarquons que nous avons désigné l’enthalpie de référence par Hf° et non par Ho pour
indiquer que l’état de référence n’est plus arbitraire, mais est l’état standard thermochimique.
Par exemple, si nous souhaitons définir l’état de référence pour l’oxygène, le choix de la
molécule O2 à une fraction molaire de 0.20946 dans l’air sec à To=288.15°C, Po=101325 Pa
correspond bien à la définition : l’oxygène sous cette forme est disponible en grande quantité, et il est
impossible d’en tirer spontanément de l’énergie.
Nous allons calculer Ho et So pour O2 dans cet état, ce qui conduit à :
288.15
Ho = H + ∫ c dT = -295 J/mol
fo
p (II.4)
298.15
288.15
cp
So = S + ∫ − R ln( 0.20946) = 11.991 J/mol/K
fo
(II.5)
298.15
T
Tout calcul fait, on trouve pour l’oxygène Eo= Ho - To So = -3750 J/mol O2
Nous pourrons donc calculer l’exergie de l’oxygène par rapport à l’état de référence choisi
par la relation :
e = H - To S +3750 J/mol
Le choix de l’état de référence pour l’oxygène doit se répercuter sur l’évaluation de l’exergie
de chaque substance contenant de l’oxygène, au prorata du nombre d’atomes d’oxygène présent
dans chaque molécule. Nous en tiendrons compte en ajoutant une contribution ∆EO = 1875 J/atgr
oxygène à la fonction H - To S pour tenir compte de la contribution chimique à l’exergie des
substances contenant de l’oxygène.
De même, pour l’azote, on choisira comme état de référence la molécule N2 à une fraction
molaire de 0.78084 dans l’air sec à To=288.15°C, Po=101325 Pa
En suivant le même raisonnement que pour l’oxygène, on calculera pour l’azote Eo = -597
J/mol N2
On calculera donc l’exergie de l’azote par la relation :
e = H - To S + 597 J/ mol N2
Le choix de l’état de référence pour l’azote doit se répercuter sur l’évaluation de l’exergie de
chaque substance. Pour tenir compte de l’état de référence choisi pour l’azote, on ajoutera une
contribution ∆EN = 298.5 J/atgr azote à la fonction H - To S pour tenir compte de la contribution
chimique à l’exergie des substances contenant de l’azote.
L’exergie de l’eau doit être nulle dans cet état. Ceci permet de fixer ∆EH la contribution
chimique à l’exergie par atome gramme d’hydrogène, en posant :
e = Ho - To So + ∆EO + 2 ∆EH = 0
Pour évaluer ∆EC la contribution chimique à l’exergie par atome gramme de carbone, il est
raisonnable de choisir le dioxyde de carbone comme substance de référence. Toutefois plusieurs
états de référence ont été proposés pour définir son niveau d’exergie nulle. Certains auteurs on
proposé de la considérer à une pression partielle de 0.12 bar, ce qui correspond à sa concentration
dans dans fumées “moyennes”. Toutefois la teneur des fumées en CO2 dépend du combustible
choisi et de la technologie de combustion (excès d’air). D’autres auteurs ont proposé de prendre
comme référence sa teneur moyenne dans l’atmosphère, soit 0.033%. Nous suivrons cette
approche, tout en étant conscients qu’il s’agit là d’une valeur arbitraire, car la composition de
l’atmosphère varie dans le temps et l’espace.
On évaluera Ho et So pour le dioxyde de carbone dans l’état de référence au moyen de (II.4)
et (II.5). On trouve ainsi :
Ho = -394177 J/mol
So = 68.045 J/mol/K
Son exergie doit être nulle. Ceci permet de fixer ∆EC la contribution chimique à l’exergie par
atome gramme de carbone, en posant :
e = Ho - To So + 2 ∆EO + ∆EC = 0
On peut procéder de même pour chacun des éléments, en choisissant une substance et une
concentration de référence pour chacun d’eux. C’est ainsi que l’on peut trouver pour l’argon
(0.934% dans l’air sec) une contribution à l’exergie ∆EAr = 11200 J/atgr argon.
Pour le calcium, on peut choisir comme référence le carbonate de calcium CaCO3 (craie),
puisque nous avons déjà déterminé les contributions de C et de O : on trouve ainsi ∆ECa = 717081
J/atgr calcium.
Pour le soufre, on peut choisir comme référence le sulfate de calcium CaSO4 (platre), puisque
nous avons déjà déterminé les contributions de Ca et de O : on trouve ainsi ∆ES = 600446 J/atgr
soufre.
Les autres éléments interviennent rarement dans les bilans d’exergie de systèmes énergétiques,
et ne seront pas considérés ici.
Remarquons que le choix de To et Po intervient dans l’évaluation des contributions
élémentaires ∆E. Elles doivent être réévaluées si on décide d’une référence différent de 15°C,
pression atmosphérique.
Connaissant ces contributions élémentaires à l’exergie chimique, il est aisé de déterminer
l’exergie de toute substance ou mélange constitué à partir de ces éléments. Par exemple, pour le
carbone (graphite) à 25°C, on a H=0, S=0, et donc
Table II.3 :
e = ∆EC = 409782 J/atgr graphite. Contributions élémentaires à
l’exergie chimique
Pour le méthane CH4 à 25°C, pression atmosphérique,
Elément ∆E (J/atgr)
on a : C 410034
e = Hf° - To Sf° + 4 ∆EH + ∆EC = 0 H 118580
O 1875
= -74900 - 288.15 x (-80.597) + 4 x 118459 + N 298.5
409782 S 600446
= 831942 J/mol méthane. Ar 11200
Ca 717081
Pour l’actif, l’exergie intrinsèque du combustible a été évaluée à la ligne 37, celle de l’air en 57. Pour
le passif, on inscrit l’exergie des fumées (report de la ligne 71) et les pertes. Le rendement est le
rapport de l’exergie disponible dans les fumées à l’exergie mise à l’actif. On constate que la
combustion vive, c'est-à-dire la libération brutale sous forme calorifique de l'énergie chimique du
combustible entraîne une perte par irréversibilité égale à 26 % de l'exergie du combustible.
T adiabatique
2500
2000
15
1500 100
200
1000 300
400
500
0
0 1 2 3
Rapport d'air
Perte d’exergie
T préch.(°C) air/air nécessaire
1 1.5 2 2.5 3
15 29.91% 35.79% 40.54% 44.52% 47.92%
100 27.72% 32.64% 36.56% 39.77% 42.47%
200 25.74% 29.89% 33.08% 35.65% 37.77%
300 24.17% 27.72% 30.38% 32.49% 34.20%
400 22.89% 25.96% 28.20% 29.98% 31.44%
Perte exergie %
50.00%
40.00%
15
30.00% 100
200
300
20.00%
400
10.00%
0.00%
0 1 2 3
Rapport d'air
perte exergie
50.00%
45.00%
40.00%
400
35.00%
300
30.00%
200
100 25.00%
20.00%
Préchauffe (°C) 3
2.5
2
15
Les Hst et Sst sont calculés en I63:I65 et K71:K73 respectivement. Les Gst sont en L71:73
et on en déduit immédiatement ∆Gr en L75 et Kp en L76.
On désigne par x le nombre de moles de CO restant dans les fumées (cellule C62). En
fonction de cette valeur, on peut calculer les débits partiels de toutes les substances dans les fumées
en C63:C66. Les fractions molaires (E63:E66) et les pressions partielles (F63:F66) s’en déduisent
aisément. Ces dernières permettent de calculer le membre de droite de la relation d’équilibre, qui à
solution doit être égal au Kp déterminé par ailleurs. Il faut jouer sur la variable x pour vérifier cette
égalité (la fonction de résolution du tableur peut être utilisée). Dans le cas illustré, pour une
température adiabatique de combustion de 2500°C, on trouve x=0.3759.
Connaissant la compostion des fumées à l’équilibre, il est possible d’évaluer leur exergie, en
estimant H, S et E tant à la température de combustion (cellules I63:K67) que dans les conditions de
référence (cellules I78:K82). On en déduit l’exergie disponible dans les fumées en K83.
Il reste à vérifier que la température de préchauffe supposée permet de boucler le bilan
thermique. On calcule à la ligne 88 l’enthalpie “entrée” (air et CO) et “sortie” (fumées) ainsi que leur
écart, qui doit s’annuler à la solution. On peut calculer une valeur corrigée de la température de
préchauffe par l’algorithme de Newton, la correction à la valeur supposée étant égale au défaut
d’enthalpie divisé par la capacité calorifique des réactifs (C p calculés en L50 et L55). Dans
l’exemple présenté ici, la solution est atteinte pour une température de préchauffe de 1109°C.
On dresse aisément le bilan exergétique de la combustion. A l’actif, on porte l’exergie du
combustible ayant réagi, évaluée dans les conditions de référence (cellule F37, multipliée par la
cellule C64, nombre de moles de CO2 obtenues par réaction). On porte également à l’actif l’exergie
résultant de la préchauffe du CO et de l’air. Au passif, on trouve l’exergie disponible dans les
fumées et les pertes.
Dans les conditions de l’exemple, les irréversibilités dues à la combustion représentent 43.4%
de l’exergie mise en oeuvre.
On peut faire varier les conditions opératoires pour évaluer la sensibilité des résultats. Le
tableau suivant montre comment évoluent les variables principales en fonction de la température de
combustion désirée, pour un mélange stoechiométrique de CO et d’air. On remarque que Kp est
une fonction qui décroit rapidement avec la température. entre 2200 et 3000°C, la proportion de
CO non converti passe de 17 à 73%. Le rendement, exprimé comme l’exergie disponible rapportée
à l’exergie mise en oeuvre, s’améliore lorsque la température de combustion s’élève. Comme la
conversion du CO diminue rapidement avec l’élévation de température, il en est de même de la
chaleur libérée par la réaction chimique. C’est pourquoi toute augmentation de la température de
réaction exige un accroissement beaucoup plus important de la température de préchauffe, la
diminution de la chaleur de réaction devant être compensée par un apport supplémentaire de chaleur
sensible.
Kp x = f(T)
100 1
0.9
0.8
0.7
0.6
10 0.5
0.4
0.3
0.2
0.1
1 0
1500 2000 2500 3000 1500 2000 2500 3000
2500 1
2000 0.8
1500 0.6
1000 0.4
500 0.2
0 0
1500 2000 2500 3000 1500 2000 2500 3000
Echange calorifique
Considérons une source chaude à la température T1 et une source froide à la température T2.
Si l'on admet que la source chaude cède une quantité de chaleur Q1 à un cycle de Carnot, ce cycle
fournira :
- le travail : W = Q1 (1 - T2 / T1)
- la chaleur rejetée à la source froide : Q0 = Q1 (T2/T1)
Le travail fourni de cette manière, qui correspond d'ailleurs à l'exergie de la quantité de
chaleur Q1, peut être utilisé pour faire fonctionner en sens inverse le même cycle de Carnot. On
réalise ainsi une pompe à chaleur et il est possible de reprendre la chaleur Q2 à la source froide et de
la restituer à la source chaude, accrue de l'équivalent calorifique du travail W. A la fin, le système est
revenu à l'état initial et aucune modification n'a été apportée au monde extérieur, ce qui est bien
conforme au caractère réversible du processus.
La réversibilité du cycle entraîne, non seulement la réversibilité de la transformation d'une
fraction de la chaleur Q1 en travail, mais encore celle de la transmission d'une autre fraction de Q1 à
la source froide. On a ainsi réalisé entre deux sources à températures différentes, un échange
thermoénergétique réversible.
Dans le cas de l'échange calorifique irréversible, la chaleur cédée par la source chaude est
transférée intégralement à la source froide. Mais ceci n'est pas le cas de l'échange thermoénergétique
réversible, puisque le travail qui est alors produit, l'est aux dépens de la chaleur apportée à haute
température. Pour réaliser un échange calorifique irréversible, il suffit de réunir les deux sources par
un milieu matériel. Si ce milieu est solide, le transfert se fera par conduction. Si ce milieu est constitué
par un fluide, le transfert se fera également par convection. D'une manière générale, nous dirons que
l'échange est réalisé sous la forme d'un échange conducto-convectif.
Echange radiatif
Considérons un cylindre (figure 3.1) dont le fond est constitué par un corps noir à la
température T1, la paroi du cylindre étant parfaitement réflectrice ainsi que celle du piston. Lorsque
le piston se déplace vers la droite avec une vitesse v, on peut écrire en désignant par c la vitesse de
la lumière, que l'énergie effectivement émise est égale à l'énergie rayonnée multipliée par v/c. A la
limite, si la vitesse est nulle, on a un état stationnaire, et la totalité de l'énergie rayonnée est
réabsorbée par le corps noir.
1 σT4
Comme P = u =
3 3c
Le travail de détente peut s'écrire :
2 2
σT 4 σ T T
∫ PdV = ∫ 3c
( −3V1T13 T −4 )dT =
c
V1 T14 (1− 2 ) = u1V1 (1 − 2 )
T1 T1
1 1
On substitue ensuite un corps noir à T2 (en équilibre avec l'énergie rayonnante) au fond du
cylindre réflecteur, puis on ramène le piston à son point de départ. Au cours de cette opération, le
corps noir à T2 absorbe réversiblement la quantité de chaleur :
Q2 = U2 + P2V2 = u2.V2 + 1/3 u2.V2 = 4/3 u2.V2
L'énergie rayonnante contenue dans V2 vaut :
On en déduit alors :
σ σ T T
U2 = (V1T13 ) T2 = (T14 V1 ) 2 = u1V1 2
c c T1 T1
et, finalement :
4 4 T
Q2 = u 2V2 = u1V1 2
3 3 T1
Le travail total vaut :
2
W = P1 V1 + ∫ PdV − P2 V2
1
1 T 1 T 4 T
W= u1V1 + u1V1 (1 − 2 ) − u 1 V1 2 = u 1 V1 (1 − 2 )
3 T1 3 T1 3 T1
La chaleur Q1 rayonnée à T1 est donc transformée d'une part en un travail :
4 T
U1 (1 − 2 )
3 T1
et, d'autre part, en une énergie
4 4 T
U 2 = U1 2
3 3 T1
qui sera absorbée par le corps noir à T2.
L'expression du travail montre que celui-ci est égal à l'exergie de la chaleur rayonnée par la
source chaude tandis que la chaleur absorbée par la source froide est égale à son anergie.
Au cours du processus, aucune énergie n'a été transmise de la source froide à T2 à la source
chaude à T1, car dans l'hypothèse adoptée de la réversibilité, cet échange ne serait possible que
moyennant l'apport d'un travail permettant le parcours en sens inverse du cycle primitif. D'ailleurs, en
raison de la conversion d'une fraction de l'énergie rayonnée à T1, la quantité d’énergie absorbée à T2
est inférieure à la première.
Si deux surfaces “noires” sont mises en regard l'une de l'autre, il s'établit spontanément entre
elles un échange radiatif irréversible. Le volume occupé par l'énergie rayonnante n'effectue aucun
travail, et par suite l'énergie émise par la surface chaude vaut σT14 tandis que la surface froide émet
σT2 . On obtient globalement l'échange : σ(T1 − T2 )
4 4 4
Dans ce cas irréversible, il n'y a aucune production de travail et par suite l'énergie émise par
l'une des sources est intégralement absorbée par l'autre. D'autre part, la chute d'exergie associée à
l'échange de chaleur considéré, constitue ici une perte. D'ailleurs, les absorptions des énergies
respectivement émises par les deux sources, se soldent par un transfert de chaleur dans le sens des
températures décroissantes.
λ λ
q" c = (T1 − T2 ) = (2∆T)
e e
Si l'espace délimité par les deux parois est occupé par un fluide (fig. 3.3B), il s'établit à travers
celui-ci un transfert convectif La densité du flux convectif s'écrit en vertu de la loi de Newton :∆
1 α
q" v =
1 1
(T1 − T2 ) = (2∆T)
+ 2
α α
T1 T1 T1
T1
T2 T2
T2 T2
A B C D
Figure 3.3
Enfin, dans le cas classique d'un échange calorifique de fluide à fluide à travers une paroi (fig.
3.3C), le flux de chaleur s'écrit :
1
q" =
1 e 1
(T1 − T2 ) = k (2∆T)
+ +
α 1 λ α2
Dans les trois cas relatifs à l'échange conducto-convectif, on observe que :
• l'échange est proportionnel à l 'écart (2 ∆T);
• l'échange est indépendant du niveau de température (si λ et α sont constants);
Ce dernier point justifie l'emploi habituel de l'échelle Celsius.
Supposons que les deux plans parallèles soient assimilables à des corps noirs (fig. 3.3D). La
densité du flux calorifique qu'il s'échangent par rayonnement a pour expression :
q"r = σ [ (T + ∆T)4 - (T - ∆T)4]
ou encore en appliquant la formule du binôme :
q"r = σ [ (T + ∆T)2 - (T - ∆T)2] [ (T + ∆T)2 + (T - ∆T)2]
= 4 σ Τ ∆T [ 2T2 + 2 ∆T2]
≈ 4 σ Τ3 (2 ∆T)
Cette dernière approximation est obtenue en supposant que ∆T est petit devant T. Par suite :
• pour un niveau de température donné, q"r est approx. proportionnel à (2 ∆T) et pour (2
∆T) donné, q"r est approx.proportionnel à T3
• lorsque T croît, q"r augmente très rapidement;
• l'intervention de la température absolue est liée à la dépendance vis-à-vis du niveau de
température.
Les deux parois peuvent être assimilées à deux sources de chaleur respectivement à T1 et T2,
entre lesquelles il est possible d'effectuer un cycle de Carnot. Le travail produit par ce cycle peut
être considéré comme l'exergie de la chaleur disponible Q, rapportée à la température T2, ou encore
le travail maximum récupérable en réalisant un cycle réversible entre ces deux sources; cette exergie
relative s'écrit :
T − ∆T 2∆T 2∆T
E' = Q1 − =Q ≈Q
T + ∆T T + ∆T T
par suite :
• pour une valeur donnée de T, E' est approximativement proportionnel à l'écart (2 ∆T);
• pour une valeur donnée de (2 ∆T), E' est approximativement inversement proportionnel à
T;
• lorsque T augmente, E' décroît de plus en plus lentement.
On vérifierait aisément que la perte d'exergie proprement dite est égale à la perte d'exergie
relative multipliée par le rapport de la température absolue de l'ambiance à celle de la source froide
considérée.
On a représenté à la figure 3.4 les variations en fonction de la température de l'échange
conducto-convectif (q"c), de l'échange radiatif (q"r) et de l'exergie relative E' (travail maximum
récupérable entre les deux sources).
En considérant un écart de
température ∆T donné, situé soit dans le
domaine des faibles températures, soit dans ∆T
celui des températures elevées, on tire les ∆T q”r
conclusions suivantes :
• au domaine des températures
modérées (en L) correspond une
faible efficacité du rayonnement E’
et une grande irréversibilité de
l'échange (E' grand);
• au domaine des températures
élevées (en N) correspond une
grande efficacité du rayonnement q”c L N
et une irréversibilité réduite (E'
petit);
• l'efficacité de l'échange conducto-
T(K)
convectif est indépendante du 400 600 800 1000
niveau de température.
L'échange conducto-convectif est un Figure 3.4
phénomène de nature calorifique qui
implique l'existence d'un support matériel. Il en résulte notamment que le profil des températures y
est continu (fig. 3.3 A et B). L'échange radiatif est un phénomène de nature énergétique et le
rayonnement se propage au mieux dans le vide. Le profil de température relatif à l'échange radiatif
est discontinu (fig. 3.3 D).
L'exergie relative E' représente le travail qui pourrait être produit par un cycle de Carnot
fonctionnant entre deux sources aux températures T1 et T2. Cette conception est susceptible de
déboucher sur une application pratique. En effet, lorsque dans un processus industriel, on doit
transférer un important flux calorifique entre deux fluides qui se trouvent à des niveaux de
température relativement éloignés l'un de l'autre, on peut alors envisager de valoriser la perte
d'exergie relative à l'échange en insérant un cycle moteur entre les deux sources que constituent les
deux fluides. Cependant, ainsi qu'il résulte de la figure 3.4, l'énergie mécanique ainsi récupérable est,
toutes autres choses égales, d'autant plus grande que le niveau de température moyen entre les deux
sources, est plus faible. Le domaine d'application le plus classique de cette conception est celui de la
production combinée de chaleur et d'électricité : on dispose d’énergie à haute température dans es
fumées de combustion, et on doit satisfaire des besoins thermique à relativement basse température
(production d’eau chaude ou de vapeur à basse pression, par exemple) On peut envisager d’insérer
un cycle de Rankine intermédiaire, et de produire de la vapeur à haute pression, qui sera détendue
jusqu’à une pression intermédiaire dans une turbine pour produire un travail moteur, alors que la
vapeur de contrepression sera utilisée pour le chauffage.
Isolation thermique
Lors d'un échange calorifique par convection au travers d’une paroi, la densité de flux s'écrit :
q” = k (T1 - T2)
1 1 e 1
avec = + +
k α1 λ α 2
où les coefficients de transmission α 1 et α 2 peuvent être considérés comme fixés a priori.
Dans le cas d'un échangeur de chaleur où l'on cherche à réaliser une grande densité du flux, on
s'efforce de donner au terme e/λ une valeur très faible. Dans le cas de l'isolation thermique où l'on
désire réduire l'échange, on s'attache au contraire à donner une valeur élevée à ce terme. Cette
condition est satisfaite en employant, pour réaliser la paroi (ou en lui associant), un matériau à faible
conductivité utilisé sous forte épaisseur.
En pratique, dans les échangeurs, on s'impose généralement une densité de flux jugée
satisfaisante et l'on s'efforce de réduire l'écart de température nécessaire à l'échange calorifique soit
en augmentant le coefficient k, soit en ayant recours aux ailettes, comme discuté au paragraphe
précédent. En réduisant ainsi l'écart de température, on atténue l'irréversibilité de l'échange, c'est-à-
dire la perte d'exergie.
En ce qui concerne l'isolation thermique, l'écart de température est fixé a priori; par suite, la
réduction de l'échange calorifique sera atteinte en augmentant la résistance thermique de la paroi. Ici
donc, contrairement au cas de l'échangeur, c'est l'échange calorifique qu'on essaie de réduire, mais
en ce faisant, on diminue aussi la perte d'exergie, qui est proportionnelle à la chaleur échangée dans
la mesure où les températures T1 et T2 sont imposées.
Il s'ensuit que les deux cas, à première vue opposés, de l'échangeur et de l'isolation thermique,
présentent cette finalité commune qui est de tendre à réduire la perte d'exergie associée à l'échange.
ECHANGEURS DE CHALEUR
1 1
d'où : d( T1 − T2 ) = S dS
− dQ T2’
G1c1 G2 c 2
Lorsqu'on a G1c1 = G2c2, il vient : Figure 3.5
d (T1-T2) = 0
Par suite, on obtient : T1-T2= constante. Par conséquent, si l'on réduit l'écart de température
entre les deux fluides, cette réduction est uniforme sur toute l'étendue de la surface d'échange. A la
limite, on tend vers l’annulation de l'écart de température et il en résulte la superposition des deux
courbes de refroidissement et d'échauffement des deux fluides. L'échange est alors réversible et la
perte d'exergie afférente s'annule.
Lorsque G1c1 ≠ G2c2, les courbes de refroidissement et d'échauffement divergent (fig. 3.6 A
et B). En tout autre point que celui-ci, l'écart de température entre les deux fluides est différent de
zéro et il en résulte une irréversibilité inévitable de l'échange.
T 100.00 T 100.00
T1
75.00 T2 75.00
T1
50.00 50.00
25.00 25.00
T2
0.00 0.00
0.00 0.50 1.00 0.00 0.50 1.00
S S
G1 c1 > G2 c2 G1 c1 < G2 c2
Figure 3.8
Etudions ensuite le cas d'un échangeur dont le fluide chauffant est encore la même quantité (1
kmol) de gaz qui se refroidit de 400°C à 300°C, mais dont le fluide chauffé est de l'eau saturée à
200°C (température de saturation pour 16 bar) qui sera vaporisée et ensuite surchauffée à t =
300°C. On conserve ainsi la même différence de température entre les conditions extrêmes. Si h et s
sont évalués au moyen des tables thermodynamiques de l'eau liquide et vapeur, l'exergie reçue par la
vapeur surchauffée se calcule comme suit :
Cp (T' 1 −T"1 )
E v = [h − h' −T0 (S − S' )] = 1260 kJ
h − h'
L'exergie de la vapeur ainsi calculée est rapportée à une kilomole du fluide chauffant ainsi qu'il
résulte du dernier facteur, lequel représente le rapport de la chaleur cédée par une kilomole de gaz à
la chaleur reçue par un kilogramme de vapeur.
D'où la perte d'exergie due à l'irréversibilité de l'échange calorifique gaz-vapeur :
∆E* =E1 - Ev = 372 kJ
Conception de l'échangeur
Nous avons vu, en étudiant la transmission calorifique au début de ce chapitre que, pour un
écart de température donné (fig. 3.4) :
• au domaine des faibles températures (zone L) correspond une efficacité médiocre du
rayonnement;
• au domaine des températures élevées (zone N) correspond une grande efficacité du
rayonnement.
En ce qui concerne la convection, la valeur de l'échange calorifique est indépendante de la
température dans la mesure où l'on a supposé constant le coefficient de transmission par convection.
Mais, en fait, si l'on calcule ce coefficient dans quelques cas typiques tels que l'écoulement de l'air
dans un tube ou bien encore l'écoulement d'un gaz de combustion transversalement à un faisceau
tubulaire, on constate que ce coefficient diminue faiblement lorsque la température croît.
D'une manière générale, le coefficient de convection a une valeur beaucoup plus faible dans le
cas d'un gaz que dans celui d'un liquide. C’est pourquoi le coefficient global d’échange est
généralement médiocre en cas d’échange convectif avec un gaz. Pour améliorer l'échange calorifique
entre le gaz et la surface de la paroi, on peut recourir aux moyens suivants :
• augmenter la vitesse des gaz,mais on est rapidement limité dans cette voie par
l'accroissement excessif des pertes de charge;
• pour un écoulement extérieur à un faisceau tubulaire, faire circuler le gaz transversalement
aux tubes, ce qui favorise l'échange calorifique par une intensification de la turbulence;
• munir la surface d'ailettes multiples et convenablement espacées, de manière à accroître la
surface de la paroi en contact avec le gaz, ce qui constitue assurément le moyen le plus
efficace pour améliorer l'échange calorifique.
Considérons les quelques types classiques d'échangeur suivants:
Type I : échangeurs liquide-liquide
La seule convection est à prendre en considération car le rayonnement thermique ne pénètre
pratiquement pas dans les liquides. Pour un écart de température donné entre les deux fluides,
l'échange calorifique ne dépend donc que faiblement du niveau de température moyen (exemple :
réfrigérant d'huilé d'une turbine).
Type II : échangeur liquide-gaz diathermane
Un gaz diathermane, l'air sec par exemple, est perméable au rayonnement thermique; il ne
donne donc lieu à aucun échange radiatif entre ce gaz et la surface d'échange. D'ailleurs, si
l'échangeur est bien calorifugé, cette surface ne donne lieu à aucun échange radiatif avec l'enveloppe
de l'échangeur. Par suite, le seul échange convectif avec le gaz est alors à prendre en considération
de sorte qu'on est ramené au type I.
Les valeurs du coefficient de convection sont cependant beaucoup plus faibles avec les gaz
qu'avec les liquides. il s'ensuit qu'on aura intérêt à munir d'ailettes la surface d'échange en contact
avec le gaz (exemple : aérotherme).
Type IlI : échangeur gaz diathermane-gaz diathermane
Ceci est l'extension du type II de sorte qu'il suffit, ici encore, de prendre en considération la
convection. Par ailleurs, les deux faces de la surface d'échange devraient être munies d'ailettes ou
d’aiguilles. Toutefois, si la pression d'un des deux gaz est élevée, celui-ci présente un meilleur
coefficient de convection ce qui nous ramène au type II (exemple : réfrigérant d'air d'un compresseur
biétagé) .
Type IV : échangeur liquide-gaz non diathermane
Un gaz non diathermane absorbe le rayonnement thermique et il en émet lui-même; cependant
cet effet ne se manifeste pleinement que si la couche du gaz considéré présente une épaisseur
suffisante. L'échange calorifique entre le gaz et la surface d'échange résulte alors à la fois de la
convection et du rayonnement, mais l'importance relative de ces deux composantes dépend du
niveau de température; on est ainsi amené à distinguer les deux cas suivants :
a) Le gaz se trouve dans le domaine des faibles températures :
On ne peut guère compter sur le rayonnement, mais bien sur la convection. Il y aura lieu de
compenser la faible efficacité de l'échange convectif relatif au gaz, en utilisant des ailettes
(exemple : l'économiseur d'un générateur de vapeur) .
b) Le gaz se trouve dans le domaine des températures élevées :
On peut ici compter sur une contribution très importante du rayonnement. Les ailettes
multiples n'étant généralement d'aucune utilité en ce qui concerne l'échange radiatif,
l'amélioration de l'échange qu'on peut en attendre est trop faible pour qu'il soit utile d'y
recourir; il suffira donc d'utiliser des tubes lisses (exemple : faisceau de tubes vaporisateurs)
.
Type V : échangeur gaz non diathermane-gaz non diathermane
C'est l'extension du type IV pour lequel on doit encore considérer les deux cas suivants :
a) Les gaz se trouvent dans le domaine des faibles températures :
On ne peut guère compter sur le rayonnement, c'est pourquoi on s'efforcera de tirer le
meilleur parti de la convection en utilisant des ailettes sur les deux faces de la surface
d'échange, comme pour le type III (exemple : les tubes à aiguilles en fonte dans les
réchauffeurs d'air).
b) Les gaz se trouvent dans le domaine des températures élevées :
La composante radiative étant nettement dominante, le recours aux ailettes multiples n'a
plus guère de raison d'être, encore faut-il que la géométrie de l'échangeur soit telle que
chacun des gaz présente une couche d'épaisseur suffisante (exemple : le réchauffeur à haute
température d'une turbine à gaz en circuit fermé, du moins en ce qui concerne l'échange
avec les gaz de combustion à l'extérieur des tubes).
Lorsque l'échange calorifique s’accompagne du changement d’état d’un et/ou l'autre fluide, le
coefficient de convection est plus élevé que dans le cas d'un échange entre phases homogènes. C’est
notamment le cas de la vaporisation de l'eau ou la condensation de sa vapeur. Ce qui a été dit plus
haut à propos du liquide reste valable a fortiori pour la convection avec changement d'état.
Si l'on cherche à exploiter au mieux les échanges convectifs et radiatifs, c'est pour obtenir une
valeur élevée du coefficient de transmission résultant k. En effet, on peut, de cette manière, réaliser
une densité de flux satisfaisante sans devoir donner une valeur excessive à la différence de
températures entre les deux fluides qui, on le sait, est cause d'irréversibilité. Cependant, la perte
d'exergie correspondant à une différence de températures donnée est d'autant plus grande que le
niveau de température moyen est bas. Ceci explique incidemment pourquoi, dans les cycles
thermodynamiques à vapeur, une faible diminution de l'écart séparant la température de
condensation de la température ambiante conduit à une amélioration sensible du rendement
thermique.
CONCLUSIONS GENERALES
Nous avons étudié l'échange termoénergétique réversible et nous avons vu qu'en ce cas, la
quantité de chaleur Q1 fournie par la source chaude était transformée, d'une part en un travail W, de
l'autre en une quantité de chaleur Q0 cédée à la source froide, laquelle correspond généralement à
l'ambiance. Le premier principe de la thermodynamique établit que la somme de ces deux derniers
termes est équivalente à la chaleur dépensée Q1. Lorsque l'échange calorifique est réalisé d'une
manière irréversible, la quantité de chaleur Q1 est transmise intégralement à la source froide, mais il
n'y a aucun travail produit. Les choses se passent donc comme si après avoir réalisé l'échange
thermoénergétique réversible, le travail produit était dégradé en chaleur cédée à l'ambiance, dans un
frein par exemple, la chaleur ainsi engendrée venant s'ajouter à Q0 pour reconstituer une quantité de
chaleur égale à Q1.
Pour illustrer ce fait, considérons par exemple le laminage d'un gaz depuis un état 1 jusqu'à
une pression finale p. Le principe d'équivalence appliqué au laminage, montre que cette
transformation est isenthalpique, d'où il vient en désignant l'état final par le point 3 (fig. 3.10) : H1 -
H3 = 0
H
Si l'on considère la détente isentropique l-2 issue
du point 1 et délimitée par l'isobare de pression p
passant par le point 3, on peut écrire: 1
3
(H1- H2) - (H3 - H2) = 0
ou H1 - H2 = H3 - H2 p
elle ne peut pas être obtenue pratiquement en raison de l'impossibilité fondamentale d'atteindre à la
parfaite réversibilité d'une quelconque transformation.
Si le processus irréversible est pénalisé par une dégradation de l'énergie qui aurait pu être
transformée en travail, il possède en compensation l'avantage d'une grande facilité de réalisation
(parfois spontanément) ainsi qu'en témoignent les exemples suivants :
• pour réaliser un laminage, il suffit de disposer un simple étranglement (au moyen d'une
vanne par exemple) dans l'écoulement du fluide;
• une fois amorcée, la combustion d'un mélange de combustible gazeux et d'air, se propage
rapidement et indéfiniment, pourvu que les conditions propices à la combustion restent
réalisées;
• le dégagement de chaleur par effet Joule s'effectue par simple passage du courant à travers
un conducteur électrique;
• lorsqu'on réunit deux corps se trouvant à des températures différentes par un milieu
matériel (solide ou fluide), il s'y établit spontanément un transfert de chaleur dans le sens
des températures décroissantes;
• deux parois exposées l'une à l'autre et se trouvant à des températures différentes,
échangent spontanément de la chaleur sous l'effet du rayonnement;
• si deux gaz se trouvant à des températures différentes, sont mis en contact, la diffusion
détermine une uniformisation rapide de la température du mélange.
Le processus irréversible s'effectue d'une manière spontanée et souvent rapide. Ainsi, dans la
combustion par exemple, la propagation du front de flamme se fait avec une vitesse élevée dans le
cas de la déflagration, et qui peut l'être encore bien davantage dans celui de la détonation. D'ailleurs,
l'expression de "combustion vive" souligne à suffisance le caractère quasi instantané du processus.
En ce qui concerne l'échange calorifique, l'intensité de celui-ci varie avec les conditions particulières
auxquelles il est soumis, le flux conductif dépend notamment de la conductivité du matériau. Mais, ici
encore, l'impossibilité de réaliser une isolation thermique parfaite témoigne du caractère spontané de
l'échange calorifique irréversible. Enfin, s'il est aisé de réaliser une détente par laminage, il est, en
revanche, d'autant plus difficile de produire du travail par détente d'un gaz (ou d'une vapeur), qu'on
désire atteindre un rendement élevé de la turbine, c’est-à-dire une détente proche de la réversibilité.
Les exemples qui précèdent révèlent les caractères propres à toute transformation irréversible,
à savoir :
• la simplicité de l'appareillage utilisé;
• l'absence d'organisation complexe d'une succession bien définie de transformations;
• la spontanéité du processus;
• l'unicité du sens dans lequel se déroule le processus .
L'étude de la transmission calorifique a révélé la dualité qui existe entre l'échange conducto-
convectif qui est essentiellement matériel, c'est-à-dire lié à la propagation dans un milieu solide ou
fluide, et l'échange radiatif qui est de nature énergétique. Il n'est, dès lors, pas surprenant qu'une
correspondance soit apparue entre l'échange radiatif et l'exergie; en revanche, l'échange conducto-
convectif est indépendant du niveau de température moyen.
La chaleur possède une exergie E = Q (1 - T0/T) qui est liée au niveau de température sous
lequel elle est disponible. Il en résulte qu'à température suffisamment élevée (> 5000 K), la chaleur
est pratiquement de l'exergie pure. A l'opposé, de la chaleur en équilibre de température avec
l'ambiance est totalement dépourvue de valeur énergétique, elle consiste alors en anergie pure. Par
conséquent, lorsqu'on transforme une énergie noble, de l'électricité par exemple, en chaleur,
l'importance de la dégradation qui en résulte sera d'autant plus grande que cette chaleur est produite
sous une température plus basse, et la dégradation ne sera complète que si cette chaleur se retrouve
finalement à la température ambiante.
L'échange calorifique entre deux fluides nécessite une chute de température. L'irréversibilité de
l'échange calorifique qui en résulte est plus ou moins importante suivant la grandeur de cette chute.
Vue sous cet angle, la conception d'un échangeur n'est plus seulement un problème calorifique, mais
elle relève également de l' analyse énergétique.
Les processus thermiques sont généralement alimentés en chaleur par une combustion qui est
le siège d'une importante perte d'exergie primaire. Cette perte initiale est suivie d'autant de pertes
d'exergie secondaires qu'il y a d'échanges calorifiques successifs dans le processus industriel étudié.
par ailleurs, la chaleur utile finira, elle-même, après son utilisation, par être dissipée dans l'ambiance.
A ce stade, la dégradation complète de l'énergie sera consommée ou, si l'on préfère, l'exergie
disponible au départ aura disparu pour être remplacée par de l'anergie.
CONCEPTION DE L'APPAREILLAGE
Rappels
Nous avons vu précédemment, que pour un écart de température donné 2 ∆T (fig. 3.4) :
- au domaine des faibles températures (zone L) correspond une faible efficacité du
rayonnement et une grande irréversibilité de l'échange calorifique;
- au domaine des températures élevées (zone N) correspond une grande efficacité du
rayonnement et une irréversibilité réduite;
- en ce qui concerne la convection, la valeur de l'échange calorifique est indépendante du
niveau de température dans la mesure où l'on peut considérer comme invariable le coefficient
de convection.
Si, au lieu de maintenir constant l'écart
de température T1 - T2 = 2 ∆T, on fait croître Z
T1 tout en maintenant T2 constant, on constate Y
que (fig. 4.1) :
- la densité du flux radiatif croit de plus en X
plus rapidement avec T1;
- la densité du flux convectif est
simplement proportionnelle à (T1 - T2)
∆E
= t; Q q”r
- l'exergie rapportée à la quantité de q”c
∆E T2
chaleur échangée, soit = 1 − ,
Q T1
croit avec T1, mais de moins en moins T
vite au fur et à mesure que cette
température augmente.
Figure 4.1 : efficacité des modes de transfert
Applications au chauffage
Considérons successivement trois modes de chauffage couramment utilisés, soit le radiateur
électrique, le poêle, le "radiateur" à eau chaude.
Le radiateur électrique consomme de l'électricité qui est de l'exergie pure. On sait qu'une
quantité de chaleur dégagée sous haute température comporte un pourcentage très élevé d'exergie
(fig. 4.1, état Z) ; réciproquement, une énergie qui est constituée d'exergie pure est transformable en
chaleur à très haute température. D'autre part, et ceci est également illustré par la figure 4.1, la
chaleur dégagée à très haute température se prête particulièrement bien à l'échange radiatif. Cette
conclusion est vérifiée par les radiateurs infrarouges qui se caractérisent par une grande simplicité de
réalisation et une remarquable compacité : dans une lampe infrarouge, l'émetteur se réduit à un
simple filament.
Dans un poêle, la combustion engendre une perte d'exergie voisine de 35 % (table page
II.13), de sorte qu'après celle-ci, les gaz possèdent une exergie de 65 % de l'exergie du
combustible. Il y correspond une température de ces gaz qui permet encore d'échauffer assez
fortement la paroi du poêle. Dans ces conditions (fig. 4.1, état Y), on se trouve dans le domaine où
l'échange radiatif est encore important mais, sans pour autant rendre négligeable la participation de
l'échange convectif. C'est bien ce qui se vérifie en pratique puisqu'on sait que le poêle traditionnel
utilise, à la fois, le rayonnement et la convection.
Dans une installation de chauffage central, les corps de chauffe sont alimentés par de l'eau
chaude dont la température est tout au plus de 90°C. On peut alors prévoir que l'échange radiatif
sera peu efficace en regard de la convection (fig. 4.1, état X). C'est bien ce que confirme la pratique
puisque la part du rayonnement est toujours inférieure à 20 % de l'émission des corps de chauffe.
Cette conclusion est encore renforcée par le développement des convecteurs dont l'échange
calorifique s'effectue uniquement par convection.
Séchage
Il existe des séchoirs de deux types : à convection et à rayonnement. Les séchoirs à
convection utilisent comme source calorifique, soit de la vapeur à basse pression, soit un fluide
thermique. Dans ces deux cas, la chaleur est fournie à une température voisine de 200°C; il est alors
évident que l'échange radiatif perd beaucoup de son efficacité et qu'il y a lieu, dès lors, de faire appel
à la convection. Ce mode de transmission est d'ailleurs encore favorisé par l'utilisation des tubes à
ailettes et par la circulation forcée de l'air. En revanche, lorsque la source calorifique est à
température plus élevée, le rayonnement retrouve l'avantage. C'est ainsi que certains séchoirs sont
équipés de panneaux radiants chauffés au moyen d'un combustible gazeux; ils sont notamment
utilisés pour le séchage des peintures et leur cuisson.
Même à température modérée, l'effet du rayonnement n'est toutefois pas totalement
négligeable. Par exemple, lors du séchage de plaques de plâtre dans un séchoir tunnel, la chaleur
nécessaire à l'évaporation de l'eau est apportée par un courant d'air chaud. On constate que
l'efficacité de l'opération est meilleure si l'air est relativement humide : on effet, l'air sec a une
émissivité nettement plus faible que la vapeur d'eau. On explique ainsi un paradoxe apparent, qui
veut que l'air humide sèche mieux que l'air sec.
Générateur de vapeur
Rappelons tout d'abord quelques notions fondamentales qui apparaissent comme étant à la
base de la conception des générateurs de vapeur.
n L'écart de température entre le fluide chauffant et le fluide chauffé doit, en principe, être aussi
petit que possible, afin de réduire l'irréversibilité de l'échange calorifique.
n L'efficacité de l'échange radiatif entre un gaz non diathermane et une paroi croit rapidement
lorsque le niveau de température augmente.
n L'efficacité. de l'échange calorifique entre un gaz et une paroi est faible et elle ne dépend guère
du niveau de température.
n Lorsque les coefficients de transmission des deux fluides ont des valeurs très différentes, c'est
en augmentant le plus petit d'entre eux qu'on peut améliorer le coefficient de transmission
résultant de la façon la plus efficace.
n Compte tenu de la grande efficacité de l'échange convectif entre d'une part l'eau, l'eau à
l'ébullition et, dans une moindre mesure, la vapeur, d'autre part la paroi, on peut admettre que la
température de paroi est fort proche de celle du fluide moteur
Dans le foyer d'un générateur de vapeur, la température des gaz est généralement au moins
égale à 1300°C. Les gaz qui possèdent une émissivité élevée du fait de la présence de molécules
triatomiques (CO2 et H2O) et de la grande épaisseur de la masse gazeuse, émettent, dès lors, une
grande énergie rayonnante qui pourrait, opportunément être mise à profit pour assurer l'échange
calorifique avec le fluide moteur. Dans les chaudières de conception ancienne, par exemple les
chaudières "sectionnelles", cette propriété n'était exploitée que modérément, par crainte de voir la
température devenir insuffisante pour assurer une bonne combustion. En revanche, dans les
générateurs de vapeur actuels, l'apport calorifique supplémentaire dû au fort réchauffage de l'air
comburant, d'ailleurs allié au faible excès d'air, autorise une exploitation intensive de l'échange
radiatif, tout en maintenant une température de combustion suffisante. On en arrive ainsi à la
conception de la chaudière à rayonnement où les parois du foyer sont entièrement tapissées d'écrans
vaporisateurs. Comme, par ailleurs, ainsi qu'on l'a vu plus haut, la part de l'échange thermique
afférent à la vaporisation est relativement moins importante dans le cas des pressions élevées,
l'échange radiatif au foyer suffit à assurer la totalité de la vaporisation, en sorte que les faisceaux de
tubes vaporisateurs ont complètement disparu.
A la sortie du foyer, les gaz traversent les surfaces d'échange du surchauffeur et du
resurchauffeur. En cet endroit, ces gaz ont une température voisine de 1000°C pour laquelle
l'efficacité du rayonnement est encore bonne sans toutefois être dominante. il n'est dès lors pas
étonnant que dans les surchauffeurs, il soit fait appel à la fois au rayonnement et à la convection,
combinaison qui favorise d'ailleurs la stabilité de la température de surchauffe lors des variations de
charge du générateur de vapeur.
Dans l'économiseur où les gaz pénètrent ensuite, l'échange radiatif est devenu très faible; on a
alors avantage à exploiter au mieux la convection. C'est bien ce qu'on réalise en pratique puisque
l'économiseur est généralement constitué de tubes à ailettes.
Dans le réchauffeur d'air où le niveau de température est très modeste, l'échange calorifique
est essentiellement basé sur la convection. En outre, les deux fluides chauffant (gaz) et chauffé (air)
sont gazeux, de telle sorte que le problème posé par la faiblesse du coefficient de convection
concerne, à la fois, les deux faces de la surface d'échange. Une première solution à ce problème a
consisté à garnir d'ailettes les deux faces de la paroi; c'est ce qui a été réalisé dans les réchauffeurs
d'air de conception ancienne constitués par des tubes en fonte, munis d' "aiguilles" sur les deux faces,
les aiguilles améliorant encore l'effet d'ailette en faisant obstacle à un épaississement excessif de la
couche limite. Une solution plus récente a été apportée par les réchauffeurs d'air du type
régénérateur où la surface de contact constituée par des tôles ondulées très rapprochées, présente
un très grand développement par unité de volume.
Dans le générateur de vapeur à rayonnement, le vaporisateur qui est essentiellement formé par
les écrans de la chambre de combustion, précède le surchauffeur, disposition qui contrevient à la
règle de circulation méthodique. Cette anomalie est tout d'abord justifiée par une raison d'ordre
technologique, à savoir que les tubes vaporisateurs qui sont portés à une température beaucoup plus
basse que ne le seraient les tubes du surchauffeur placés dans les mêmes conditions. Mais, de plus,
sachant que la température de surchauffe est, a priori, limitée par des contraintes technologiques et
que, par ailleurs, les gaz sont obtenus à une température très élevée, il n'y a plus de raison de
chercher à réduire l'écart de température, tout au moins en ce qui concerne cette partie qui est la
plus chaude du circuit des gaz.
Une disposition analogue se retrouve d'ailleurs dans le surchauffeur lui-même. En effet, la mise
en contact à travers la surface d'échange, des gaz sortant de la chambre de combustion avec la
vapeur achevant sa surchauffe, porterait les tubes à une température excessive. C'est la raison pour
laquelle, ici encore, il est fait exception à la règle de circulation méthodique. On divise, en effet le
surchauffeur à haute température en deux surfaces d'échange distinctes dont celle qui est traversée
par la vapeur qui entre, est située dans la zone où les gaz sont les plus chauds, c'est-à-dire
directement après la chambre de combustion.
Four à réverbère
Lorsque des lingots doivent être portés à très haute température, on utilise à cet effet un four à
réverbère. Dans ce type de four, les gaz de combustion dégagés par le foyer, sont envoyés dans le
laboratoire du four où se trouve la charge à échauffer. Les gaz chauds s'écoulent le long de la voûte
du laboratoire et cette voûte ainsi échauffée, rayonne à son tour la chaleur vers la charge.
La conception du four à réverbère est justifiée par les considérations que nous avons
développées à propos de l'échange radiatif. En effet, l'échange calorifique se situe dans le domaine
des hautes températures, il s'ensuit que l'échange radiatif y sera beaucoup plus efficace que l'échange
convectif. Comme, par ailleurs, le facteur d'émission des gaz est faible, notamment lorsque
l'épaisseur de la couche qu'ils forment est réduite, il est évident que l'échange radiatif sera loin
d'atteindre l'efficacité qu'on pouvait en attendre dans les conditions de température envisagées.
D'autre part, la forme très massive de la charge offre une surface d'échange trop réduite pour que la
convection puisse suffire et ce d'autant plus que le coefficient de convection relatif aux gaz est très
faible. C'est pourquoi on a recours à l'artifice qui consiste à utiliser la voûte du four, au contact des
gaz les plus chauds, comme source rayonnante pour assurer un échange satisfaisant.
une température pouvant aller jusqu'à 70°C. Dans ces conditions et pour une chaudière supposée
parfaite, nous admettrons que les gaz sont rejetés à l'ambiance après un refroidissement complet,
c'est-à-dire à 0°C.
La chaleur utile étant alors égale au pouvoir calorifique, la masse m d'eau échauffée de 0°C à
100°C s'en déduit et l'on peut calculer l'exergie transférée à cette eau, rapportée à l'atome-gramme
de carbone brûlé :
[ ]
E e == m ( h 1 − h 0 ) − T0 ( s1 − s 0 )
=
Q
[
h1 − h 0 1
]
(h − h 0 ) − T0 (s 1 − s 0 ) = 58,5 kJ
Par définition, le rendement exergétigue ρ de la chaudière est égal au quotient de l'exergie
fournie à l'eau, par l'exergie du combustible. Tous calculs faits, on trouve ρ=14,3 %.
D'autre part, la combustion étant complète et en l'absence de perte, notamment à la cheminée,
le rendement thermique vaut nécessairement η = 100 %.
Générateur de vapeur
Dans les mêmes conditions de combustion du carbone, nous considérons que le générateur de
vapeur produit de la vapeur à la pression pa = 100 bar et à la température de 500°C, l'eau
d'alimentation se trouvant à 0°C.
En supposant le générateur de vapeur parfait, les gaz de combustion sont refroidis jusqu'à
0°C; par suite, la chaleur utile est égale au pouvoir calorifique et l'on en déduit la masse m de vapeur
produite. L'exergie de la vapeur rapportée à l'atome-gramme de carbone s'en déduit :
[ ]
E v == m ( h a − h '0 ) − T0 (s a − s '0 ) = 183,5 kJ
Le rendement exergétique est égal au quotient de l'exergie fournie à la vapeur, par l'exergie du
combustible; on trouve ainsi ρ = 44,7 %. D'autre part, le rendement thermique vaut η = 100 %
Four métallurgique
Les conditions de la combustion étant les mêmes que précédemment, le four utilise la chaleur
dégagée pour chauffer de to = 0°C à ta = 1000°C, une charge constituée de lingots d'acier.
Si l'on suppose que le four ne donne lieu à aucune perte de chaleur, la chaleur utile est égale
au pouvoir calorifique et l'on en déduit la masse m de la charge qui est échauffée par chaque atome-
gramme de carbone. On calcule ensuite l'exergie de la charge
T
E a == m c ( Ta − T0 ) − T0 c ln a = 229 ,1 kJ
T0
ou c = 0,477 kJ/kg.K est la chaleur massique de l'acier.
Le rendement exergétique du four est égal au quotient de l'exergie transmise à la charge, par
l'exergie du combustible; il vaut ρ = 55,7 %. D'autre part, le rendement thermique vaut η = 100 %.
Conclusions
Le rendement calorifique permet d'évaluer l'efficacité de l'utilisation de la chaleur, il nous
indique dans quelle mesure la chaleur disponible a effectivement été utilisée.
Le rendement exergétique permet d'évaluer la qualité de la chaleur utilisée. Il nous renseigne
sur la valeur énergétique de cette chaleur, laquelle est liée au niveau thermique de celle-ci.
La production de chaleur à faible température, notamment le chauffage des bâtiments,
apparaît à la lumière du rendement exergétique comme responsable d'un gaspillage énergétique
considérable. Nous reviendrons plus loin sur ce problème et nous étudierons alors le moyen de
valoriser la grande perte d'exergie associée à un tel processus.
La vapeur produite à haute température et à pression élevée, possède une grande exergie.
Cette exergie pourra être convertie en travail, sous réserve des pertes par irréversibilité, au cours
d'une détente adiabatique effectuée dans la turbine, suivie d'une condensation isotherme dans le
condenseur. Le rendement exergétique du moteur thermique correspondant sera d'autant plus
proche du rendement exergétique du générateur de vapeur que l'importance des irréversibilités
propres à la détente (irréversibilité mécanique) et à la condensation (irréversibilité thermique) seront
plus faibles.
Lorsqu'il s'agit de fournir de la chaleur à température très élevée, dans un four métallurgique
par exemple, la valeur énergétique de la chaleur utile est encore accrue et il en résulte un rendement
exergétique particulièrement élevé.
A la chaleur dégagée sous une température élevée est associée une grande valeur de l'exergie
correspondante. Comme l'énergie électrique est de l'exergie pure et directement utilisable, on
conçoit dès lors qu'elle soit particulièrement bien adaptée au chauffage à haute température. Ainsi,
le chauffage électrique qui. comme nous le verrons plus loin constitue une solution hétérodoxe
lorsqu'il s'agit de produire de la chaleur à basse température, se justifie beaucoup mieux quand la
chaleur doit être produite à température élevée. Cette observation explique l'existence de fours
électriques dans l'industrie métallurgique, même dans les régions où l'énergie est principalement
d'origine thermique.
Lorsqu'on passe de la chaudière à eau chaude au générateur de vapeur, puis au four
métallurgique, le niveau thermique sous lequel la chaleur est utilisée, s'accroît ; le rendement
exergétique augmente conjointement. Cette conclusion résulte de ce que l'exergie associée à la
quantité de chaleur disponible à une température absolue T, est égale à cette quantité de chaleur
multipliée par le rendement du cycle de Carnot correspondant. Ainsi, la part d'exergie associée à la
quantité de chaleur croit avec la température sous laquelle celle-ci se trouve, ce qui explique
l'augmentation concomitante du rendement exergétique.
Généralités h” ha
Nous nous proposons d'établir le bilan h’
exergétique d'un générateur de vapeur que nous
réduirons à l'essentiel dans un but de
simplification. Dans la même perspective, nous
Tv
assimilerons encore le combustible solide à du S Ts
carbone pur (graphite)
V
L'échange calorifique avec le fluide moteur
se décompose en trois parties qui correspondent
E
d'ailleurs à trois surfaces d'échange distinctes, à h’ o
savoir : l'économiseur, le vaporisateur, le
Te
surchauffeur.
Selon la conception classique du
générateur de vapeur, le vaporisateur V se
trouve en tête. Vient ensuite le surchauffeur S et
puis, finalement, l'économiseur E (fig. 4.2).
Figure 4.2 : générateur de vapeur
Irréversibilité de la combustion
Pour dissocier l'échange calorifique de la combustion, nous supposons que la combustion
s'effectue adiabatiquement dans un foyer complètement isolé; une telle conception se retrouve
d'ailleurs approximativement dans l'avant-foyer d'une chaudière à cendres fondues. En outre, nous
adopterons un excès d'air de 50 %, cette valeur élevée étant choisie pour éviter toute dissociation
des gaz brûlés.
Dans ces conditions, nous savons que le combustible qui a un pouvoir calorifique de 393500
kJ par atome-kilogramme, possède une exergie de 410030 kJ/atkg (page II.10). Par ailleurs, nous
avons calculé précédemment que la température adiabatique de combustion est de 1560°C (en
supposant que le combustible et l'air de combustion sont disponibles à 15°C, qui est la température
que nous prenons comme référence pour les calculs d'exergie). L'exergie correspondante des gaz
brûlés est alors E2 = 263320 kJ (page II.11). Il en résulte que la perte d'exergie par irréversibilité
de la combustion s'élève a :
E1 - E2 = 410030 - 263320 = 146710 kJ
ce qui représente 35,8 % de l'exergie du combustible E1.
Irréversibilité de la transmission
Ayant adopté une température de 120°C à la cheminée, calculons l'exergie correspondante
des gaz, lesquels comportent par atome-kilogramme de carbone brûlé : 1 kmol de C02 ; 0,5 kmol
de O2 ; 5,64 kmol de N2.
A partir de cette composition, on calcule pour des températures variant de 100 en 100°C, les
accroissements d'enthalpie et d'entropie dont les valeurs sont indiquées au tableau suvant. On utilise
pour ce faire les coefficients disponibles en annexe, qui permettent de construire une feuille de calcul
dans un tableur. On prnd ici comme références des fonctions H et S 0 à 0°C et pression
atmosphérique.
Tableau 4.1 : propriétés thermodynamiques des gaz de combustion et de l'eau
Fumées kg eau/vapeur
T(°C) H (MJ) S (kJ/K) Ex (MJ) F.Carnot état t(°C) H(kJ/kg) S(kJ/K/kg) Ex
15 3,21 11,453 0,00 0,000 L 0,00 0,00 0,000 0,00
100 21,74 67,768 2,30 0,228 50,00 207,27 0,697 16,98
rejet 120 26,18 79,348 3,40 0,267 100,00 415,43 1,296 61,54
200 44,20 121,056 9,40 0,391 150,00 626,64 1,827 127,71
300 67,32 165,363 19,76 0,497 200,00 843,57 2,311 212,34
400 91,05 203,512 32,49 0,572 250,00 1071,50 2,769 315,24
500 115,34 237,149 47,09 0,627 300,00 1324,17 3,229 442,07
600 140,15 267,318 63,21 0,670 326,85 1485,32 3,504 528,21
700 165,43 294,726 80,59 0,704 Lsat 336,70 1556,31 3,621 567,15
800 191,14 319,874 99,06 0,731 Vsat 336,70 2623,00 5,370 1156,09
900 217,25 343,131 118,46 0,754 346,85 2714,19 5,519 1206,75
1000 243,71 364,777 138,69 0,774 360,00 2800,90 5,657 1255,63
1100 270,50 385,030 159,64 0,790 380,00 2903,09 5,816 1314,39
1200 297,58 404,065 181,23 0,804 400,00 2987,15 5,943 1363,81
1300 324,92 422,023 203,40 0,817 420,00 3060,99 6,051 1408,11
1400 352,50 439,019 226,09 0,828 440,00 3128,34 6,147 1449,29
1500 380,30 455,152 249,23 0,837 460,00 3191,29 6,234 1488,46
Tadiab 1560 397,07 464,453 263,32 0,843 480,00 3251,07 6,314 1526,27
1600 408,28 470,505 272,79 0,846 500,00 3308,52 6,390 1563,17
520,00 3364,20 6,461 1599,41
540,00 3418,54 6,529 1635,27
D'où, en interpolant entre les enthalpies des gaz calculées pour 700°C et 800°C, on obtient la
température des gaz à la sortie du surchauffeur, soit ts = 815°C. Du même tableau 4.1, on tire pour
cette température, la valeur de la différence d'entropie, soit :
Ss - So = 323,47 kJ/K
D'où finalement, l'exergie des gaz à la sortie du surchauffeur :
E4 = Hs - Ho - To (Ss - So) = 195028 - 288,15 X 323,47 = 101905 kJ
L'éxergie reçue au surchauffeur par la vapeur vaut :
n.es = n [(ha - h") - To (sa - s")]
= 108,5 x [(3418,5 - 2623) - 288,15 x (6,529 - 5,370)] = 50103 kJ
La perte par irréversibilité de la transmission au surchauffeur est égale à la différence entre
l'exergie perdue par les gaz à la traversée de cet échangeur et l'exergie reçue lors de la surchauffe :
∆Es = (E3 - E4) - n.es = (168235 - 101905) - 50103 = 16228 kJ
soit 4,0 % de E1
En résumé, le générateur de vapeur présente à haute température une perte d'exergie qui se
décompose en deux termes : le premier qui résulte de l'irréversibilité de la combustion, s'élève à
146713 kJ ou 35,8 % de E1; le second qui est dû à l'irréversibilité de la transmission calorifique,
s'élève à Σ∆E = 93128 kJ ou 22,7 % de E1; ce qui correspond à un total de 58,5 % pour la perte
d'exergie à haute température
A basse température, la chaudière présente une perte d'exergie due au rejet des gaz se
trouvant à la température de la cheminée, cette perte étant de 3401 kJ ou 0,8 % de E1.
Le restant de l'exergie apportée par le combustible représente l'exergie de la vapeur, soit
Σ.n.e = 166791 kJ ou 40,7 % de E1. Cette exergie peut théoriquement être convertie en travail
mécanique, pour autant que la détente de la vapeur s'effectue d'une manière isentropique, et jusqu'à
la température ambiante.
D'où en interpolant entre les enthalpies des gaz calculées respectivement pour 1200°C et
1300°C (tableau 4.1), on obtient la température des gaz à la sortie du surchauffeur, soit t's =
1248°C. En utilisant le même tableau, on tire pour cette température la différence d'entropie, soit :
Ss - So = 412,86 kJ/K
D'où finalement l'exergie des gaz à la sortie du surchauffeur :
E3 = (Hs-Ho) -To (Ss-So) = 310756 - 288,15 x 412,86 = 191875 kJ
L'exergie reçue par la vapeur au surchauffeur étant de 50103 kJ, on obtient la perte par
irréversibilité de la transmission au surchauffeur en soustrayant cette valeur de l'exergie que les gaz y
ont cédée :
∆Es = (E2 - E3) - n . es = (263320 - 191875) - 50103 = 21342 kJ s
soit 5,2 % de E1
La quantité de chaleur échangée au vaporisateur étant de 115728 kJ, l'enthalpie des gaz
sortant du vaporisateur est égale à l'enthalpie relative à la sortie du surchauffeur diminuée de cette
quantité, d'où :
Hv = 310756 - 115728 = 195028 kJ (= Hv - Ho)
D'où, en interpolant entre les enthalpies des gaz calculées pour 800 et 900°C, on obtient la
température des gaz à la sortie du vaporisateur, soit t'v = 815°C. En utilisant le même tableau, on
tire pour cette température la valeur de la différence d'entropie, soit :
Sv - So = 323,47 kJ/K
D'où, finalement l'exergie des gaz à la sortie du vaporisateur :
E4 = Hv - Ho - To ( Sv - So) = 195028 - 288,15 x 323,47 = 101905 kJ
L'exergie reçue par la vapeur au vaporisateur étant de 61049 kJ, on obtient la perte d'exergie
par irréversibilité de la transmission correspondante en soustrayant cette valeur de l'exergie que les
gaz y ont cédée :
∆Ev = (E3 - E4) - n.ev = (191875 - 101905) - 61049 = 28921 kJ
soit 7,1% de E1
Les conditions de l'échange calorifique n'ayant pas été modifiées en ce qui concerne
l'économiseur, on trouve comme au paragraphe précédent la perte d'exergie correspondante :
∆Ee =42865 kJ soit 10,5 % de E1
La figure 4.4 compare les profils de températures des gaz de combustion et de l'eau se
vaporisant dans les deux cas envisagés. En abscisse, on a reporté l'enthalpie des fluides, ramenée à
un at.kg de combustible, alors que les températures des fluides sont reportées en ordonnée. La
courbe relative aux gaz de combustion est proche d'une droite, car la chaleur spécifique des fumées
varie peu avec la température. L'échauffement de l'eau dans le cas de la circulation méthodique est
représenté par la courbe marquée de carrés. Le cas classique est illustré par la courbe marquée de
carrés sur pointe. Pour cette courbe, le palier de vaporisation est reporté à l'extrême droite.
L'écart de température est important, ce qui explique les irréversibilités et la perte d'exergie
lors des transferts.
1600 T °C
1400
1200
Gaz de combustion
1000
800 Surchauffeur
400
200
Economiseur MJ
0
0 50 100 150 200 250 300 350 400 450
Un autre diagramme (figure 4.5) permet de visualiser les pertes d'exergie dues au transfert de
chaleur. Il est obtenu en portant en abscisse l'enthalpie des fluides, et en ordonnée le facteur de
T
Carnot η = 1 - 0 . Lors du transfert d'une quantité de chaleur infinitésimale δQ, l'exergie du fluide
T
varie de η.δQ, en application de la relation I.10. On en déduit que l'aire comprise entre la courbe
représentant l'évolution d'un fluide transférant de la chaleur et l'axe des abscisses est proportionnelle
à la variation de l'exergie de ce fluide. Si l'on reporte sur un même diagramme les courbes relatives à
deux fluides échangeant de la chaleur, l'aire comprise entre les deux courbes sera donc
proportionnelle à la perte d'exergie due aux irréversibilités du transfert.
L'examen de ce diagramme montre bien que le rendement exergétique global est identique
pour les deux modes de circulation : les pertes à haute température sont moindres dans le cas de la
circulation méthodique, mais ce fait est contrebalancé par des pertes plus importantes à température
moyenne : on ne fait que déplacer la zone triangulaire délimitée par le palier de vaporisation et la
courbe relative à la surchauffe de la vapeur, sans changer l'aire totale.
Facteur de Carnot
0,9
0,8
Gaz de combustion
Surchauffeur
0,7 classique méthodique
0,6
0,5
0,4
0,3
0,2
Economiseur
0,1
MJ
0
0 50 100 150 200 250 300 350 400 450
Conclusions
Le rendement thermique du générateur de vapeur est égal au rapport de la chaleur utile (Q s +
Qv + Qe), à la chaleur fournie par le combustible (Pc); pour l'exemple étudié, ce rendement est de
93,4 %. Comme la seule perte qui ait été prise en considération est la perte à la cheminée, la valeur
relative de cette perte s'en déduit, elle s'élève à 6,6 %
Le tableau 4.2 présente les bilans d'exergie du générateur de vapeur dans le cas classique et
dans celui de la circulation méthodique. Ce tableau montre que la perte d'exergie relative à l'échange
calorifique entre les gaz et le fluide chauffé, est globalement identique dans les deux cas; en
revanche, la répartition des pertes d'exergie partielles est différente.
La répartition des pertes d'exergie partielles entre les différentes surfaces d'échange est
analysée au tableau 4.3. On y trouve pour chacune de celles-ci, d'une part la chaleur échangée
exprimée en pourcentage de l'ensemble (A), d'autre part la perte d'exergie correspondante
également exprimée en pour cents (B): On trouve ensuite le rapport de ces deux grandeurs (B/A) .
Les colonnes A, C et C/A ont une signification analogue, mais elles concernent le cas de la
circulation méthodique.
Circulation Circulation
classique méthodique
ACTIF Exergie du combustible 100% 100%
PASSIF Irréversibilité de la combustion 35,8% 35,8%
Irréversibilité de la transmission au vaporiseur 8,3% 7,1%
Irréversibilité de la transmission au surchauffeur 4,0% 5,2%
Irréversibilité de la transmission au économiseur 10,5% 10,5%
Total irréversibilité de transmission 22,7% 22,7%
Exergie de la vapeur produite 40,7% 40,7%
Perte à la cheminée 0,8% 0,8%
Le coefficient B/A (ou C/A) représente, pour la surface d'échange considérée, le rapport du
pourcentage de perte exergétique, au pourcentage de chaleur échangée pour l'ensemble de la
chaudière L'examen de la colonne (B/A) montre que ce coefficient varie très sensiblement lorsqu'on
passe d'une surface d'échange à l'autre, les écarts allant de +19% à -24%. En revanche, il est
remarquable de constater, à l'examen de la colonne (C/A), que dans le cas de la circulation
méthodique, ce coefficient est, à très peu près, uniformément égal à l'unité. On constate ainsi que
dans le cas de la circulation méthodique, l'irréversibilité est uniformément répartie; elle peut, dès lors
être réduite. en tout point du circuit des gaz, au minimum compatible avec les exigences du
processus d'échange calorifique. Enfin, cette constatation corrobore une conclusion tirée
précédemment, à savoir la supériorité de la circulation méthodique.
que l'on peut, sans inconvénient, transgresser la règle de circulation méthodique, du moins dans le
domaine des hautes températures. Par ailleurs, dans ce domaine qui intéresse principalement le
foyer, la haute température est favorable à l'échange radiatif, comme discuté au chapitre précédent.
Cette grande efficacité de l'échange calorifique peut être mise à profit pour renforcer le coefficient de
transmission relatif à la paroi externe de la surface d'échange. On sait qu'un tel renforcement ne
permettra d'améliorer le coefficient de transmission calorifique résultant que dans la mesure où le
coefficient de transmission interne est lui-même élevé. C'est pourquoi on aura intérêt à substituer, en
tête du circuit des gaz, le vaporisateur au surchauffeur; en effet, le coefficient de convection relatif à
la vaporisation est beaucoup plus élevé que celui afférent à la surchauffe de la vapeur. Il résulte, en
outre, de ces considérations, que dans le premier cas, la température du métal sera beaucoup plus
faible que dans le second, et ceci est éminemment favorable à la bonne tenue des tubes
vaporisateurs exposés au rayonnement intense du foyer.
Nous avons, par ailleurs, montré tout le parti qu'on pouvait tirer du préchauffage de l'air
comburant pour améliorer l'échange radiatif. C'est ainsi que dans la chaudière à rayonnement, on
substitue aux faisceaux vaporisateurs dont la conception est favorable à l'échange convectif, des
écrans disposés à la surface des parois du foyer et qui sont essentiellement destinés à absorber le
rayonnement.
Dans le bilan exergétique du générateur de vapeur, on a fait la distinction entre la perte
d'exergie due à la combustion et celle due à la transmission. Ceci suppose que la combustion
s'effectue d'une manière adiabatique et qu'ensuite les gaz qui en résultent, sont amenés à participer à
l'échange calorifique. Une telle conception est, comme déjà signalé, assez bien réalisée dans le
générateur de vapeur à cendres fondues dans lequel la combustion a lieu sous très haute température
dans un avant-foyer. En revanche, dans le générateur de vapeur classique, la combustion s'effectue
dans une vaste chambre de combustion dont les parois sont revêtues d'écrans vaporisateurs de sorte
qu'on y exploite directement le rayonnement de la flamme. Dans ces conditions, le bilan d'exergie
que nous avons établi n'a plus qu'une valeur conventionnelle. Si l'on veut respecter la réalité, il y a
lieu de calculer l'exergie des gaz de combustion à la température effectivement obtenue à la sortie de
la chambre de combustion. La différence entre l'exergie du combustible et cette exergie des gaz
représente alors la somme des deux termes suivants : un terme commun associant les pertes par
irréversibilité de la combustion et par irréversibilité de l'échange calorifique avec les écrans
vaporisateurs, un second terme représentant l'exergie transférée à l'eau en ébullition dans le
vaporisateur. On peut encore analyser ce processus de la manière suivante : du fait de l'échange
radiatif dans le foyer, la température de combustion devient inférieure à la température adiabatique
correspondante, il s'ensuit une augmentation de la perte par irréversibilité; mais cette perte inclut
alors une certaine part de la perte d'exergie due à l'irréversibilité de la transmission, celle qui
précisément concerne l'échange calorifique avec les écrans vaporisateurs.
L'étude qui précède est basée sur une conception du générateur de vapeur simplifiée à
l'extrême. Une telle idéalisation de l'installation se justifie par le souci de clarté d'une analyse qui,
dans le cas réel, deviendrait singulièrement complexe. Il est cependant judicieux de compléter cette
première approche par l'établissement du bilan exergétique détaillé et complet d'un générateur de
vapeur industriel, c'est pourquoi nous avons présenté in fine (annexe 1) un tel bilan exergétique.
Dans les chaudières de récupération (fig. 4.3), les gaz sont généralement amenés sous une
température peu élevée, ce qui confère à ces gaz une exergie initiale relativement faible. Par
conséquent, Si l'on veut éviter de devoir accepter une réduction de l'exergie de la vapeur, il faut
s'efforcer de rendre l'échange calorifique entre gaz et vapeur aussi proche que possible de la
réversibilité. En pareil cas, il sera, dès lors, souhaitable de recourir à la circulation méthodique.
D'ailleurs, en raison de la température peu élevée sous laquelle les gaz sont disponibles, il est évident
que l'échange radiatif est ici fortement réduit, c'est pourquoi les chaudières de récupération utilisent
largement les tubes à ailettes qui permettent d'exploiter au mieux l'échange convectif avec les gaz.
Dans le domaine de l'énergétique, les chaudières de récupération connaissent deux champs
d'application remarquables qui sont d'une part les centrales à cycle combiné gaz-vapeur, d'autre part
les centrales nucléaires à fluide caloporteur gazeux. Nous appliquerons d'ailleurs, dans des prochains
chapitres, notre analyse énergétique à de tels cycles thermodynamiques.
Introduction
Les combustibles sont utilisés pour produire de la chaleur, de l'énergie mécanique (ou
électrique), ou bien encore les deux combinées. Nous nous proposons de comparer les différents
processus correspondants, tant sous l'aspect calorifique (première loi de la thermodynamique)
qu'énergétique (deuxième loi de la thermodynamique). Cette comparaison est basée principalement
sur l'établissement, d'une part du rendement calorifique (rapport de la chaleur et/ou du travail utiles
au pouvoir calorifique du combustible), d'autre part du rendement exergétique (rapport de l'exergie
utile à l'exergie du combustible).
Pour la clarté et la simplicité de l'exposé, nous supposerons à nouveau que le combustible est
du carbone pur (graphite) et que l'ambiance se trouve à la température de 15°C. Cette température
sera donc également choisie comme référence pour les évaluations d'exergie. Nous admettrons
encore que dans tous les cas (chauffage et/ou production d'énergie électromécanique) l'excès d'air
est de 50 % et que la température des gaz rejetés à la cheminée est de 200°C. Nous supposerons
en outre que tant pour la chaudière à eau chaude que pour le générateur de vapeur, les pertes autres
que la perte à la cheminée, peuvent être négligées.
Les caractéristiques de ce type de combustion ont été examinées au chapitre II.
CHAUFFAGE CLASSIQUE
Dans la chaudière, la chaleur dégagée par la combustion est transmise à de l'eau qui s'échauffe
sous la pression de 5 bar depuis la température ambiante de 15°C (état 0) jusqu'à 100°C (état
E).
La combustion envisagée s'effectue selon la réaction chimique :
C + 1,5 O2 + 5,64 N2 → CO2 + 0,5 O2 + 5,64 N2 + P
où P représente le pouvoir calorifique du carbone auquel correspond la chaleur effectivement
dégagée.
Nous avons étudié précédemment une telle combustion (pages II.10 et suivantes); nous
reprendrons donc dans cette étude les données ainsi que les résultats suivants :
- pouvoir calorifique du carbone : P = 393800 kJ/atkg
- exergie de ce combustible : E1 = 411030 kJ/atkg
- température adiabatique de combustion : 1560°C
- enthalpie des gaz de combustion à 1560°C : H2 = 397066 kJ
- exergie des gaz de combustion à 1560°C : E2 = 263320 kJ
- perte d'exergie par irréversibilité de la combustion :
E1 - E2 = 146710 kJ (35,9 % de E1)
Pour une température de 200°C à la cheminée, les gaz sont rejetés à l'atmosphère avec
l'enthalpie H' = 44200 kJ et l'entropie ∆S'= 121,06 kJ/K, donc avec l'exergie E' = 9404 kJ (2,3 %
de E1). Dans ces conditions, la chaleur utile, donc effectivement transmise à l'eau, est égale à :
Q = H2 - H' = 352866 kJ
Les propriétés de l'eau sont, pour l'état de référence de 15°C (état 0) :
ho = 62,8 kJ/kg et so = 0,224 kJ/kg.K
et pour l'état final 100°C (état E) :
he = 419 kJ/kg et se = 1,307 kJ/kg.K
L'exergie de l'eau à 100°C est alors :
ee = (419-62,8) - 288,15 (1,307-0,224) = 44,1 kJ/kg
Le débit d'eau réchauffée est obtenu par bilan thermique :
Q
m= = 990,6 kg
he − h o
L'exergie de l'eau échauffée à 100°C est alors :
Ee= m ee= 43685 kJ, soit 10,6% de E1
D'où la perte par irréversibilité de l'échange calorifique :
E2 - E' - Ee = 210231 kJ (51,1 % de E1)
On en déduit les valeurs des rendements thermique et exergétique :
Q Ee
ηth = = 89,6% ηex = = 10,6%
P E1
L'irréversibilité de la combustion engendre une perte d'exergie qui est encore de 146713 kJ
(35,8 % de E1). Le débit de vapeur s'obtient par bilan thermique.
Q
m= = 104,7 kg
h a − h' o
L'exergie de la vapeur à 540°C est alors :
Ee= m ee= 162628 kJ, soit 39,6% de E1
D'où la perte par irréversibilité de l'échange calorifique :
E2 - E' - Ea = 91288 kJ (22,2 % de E1)
La turbine étant supposée parfaite et le travail de compression de l'eau négligeable, le travail
utile est égal à l'exergie de la vapeur Ee. On en déduit les valeurs des rendements thermique et
exergétique :
Ea Ea
ηth = = 41,3% ηex = = 39 ,6%
P E1
PRODUCTION COMBINEE
et surchauffée comme dans le cas précédent. La vapeur produite est détendue pour fournir du
travail, mais la détente est limitée à une pression telle que la vapeur puisse, en se condensant, céder
sa chaleur à l'eau qui doit être réchauffée. Nous supposerons que cet échange est réversible; dans
ces conditions, la détente se poursuit jusqu'à l'état B (100°C, 1,013 bar, voir figure 5.1).
La perte d'exergie due à la combustion est comme précédemment de 147710 kJ (35,9% de
E1).
La perte d'exergie par irréversibilité de la transmission gaz-vapeur est encore de 91288 kJ
(22,2 %). La perte d'exergie à la cheminée reste elle-même égale à 9404 kJ (2,3 % de E1).
Le débit de vapeur sera, comme précédemment, obtenu par bilan thermique :
Q
mv = = 104,7 kg
h a − h' o
La vapeur vive se détend adiabatiquement de l'état A jusqu'à l'état B, en fournissant un travail
égal à la variation d'exergie entre ces deux états EA- EB. Par la suite, la vapeur se condense suivant
l'isotherme BC, en cédant une quantité de chaleur égale à:
TB (sB-sC) = TC (sA-sC)
Elle continue à se refroidir suivant C C" en réchauffant l'eau. Le travail moteur se déduit de la
première loi de la thermodynamique :
W = EA- EB = mv ( hA- hc - TC (sA-sC))
qui correspond au travail réversible que peut fournir la vapeur de l'état A en utilisant la source
froide à TC.
Pour la température de condensation Tc = 100°C (h' c = 419,1 kJ/kg et s'c = 1,307 kJ/K.kg),
le travail vaut :
W = 104,7 (3432,7- 419,1 - 373,15 (6,529-1,307) )
= 111518 kJ, soit 27,1% de E1.
La chaleur fournie à l'eau s 'exprime comme suit :
Q'e = (P-H')-W =241348 kJ
L'exergie de la vapeur détendue vaut :
EB = EA - W = 162628 - 111518 = 51110 kJ
On obtient par bilan thermique le débit d'eau qu'il est possible de réchauffer par condensation
de la vapeur :
Q' e 241348
me = = = 677,6 kg
h e − h' o 3432,7 − 62 ,8
L'exergie de l'eau vaut :
E'e = me ee = 29903 kJ (7,3 % de E1)
D'où la perte d'exergie de la transmission vapeur-eau :
EB - E'e = 21206 kJ (5,2 % de E1)
Le tableau 5.1 résume pour les deux cas monoétagé et biétagé, le bilan exergétique de la
production combinée.
triétagé pour réchauffer l'eau de chauffage; en revanche, ce projet n'était plus rentable si l'on devait
se limiter à un échange calorifique monoétagé. Malheureusement, l'état d'avancement des travaux
était tel que la seule possibilité restante était de prélever la totalité de la vapeur destinée au chauffage,
entre les corps HP et BP de la turbine, ce qui excluait par conséquent le recours à un échange
calorifique multiétagé.
CHAUFFAGE ELECTRIQUE
Le chauffage par résistance convertit l'électricité en chaleur. En se plaçant dans les conditions
idéales, l'énergie électrique produite par le cycle thermodynamique de la centrale examinée au début
de ce chapitre est W = 162628 kJ. Cette énergie électrique est de l'exergie pure; elle sera
transformée intégralement en chaleur qui sera utilisée pour chauffer de l'eau de 0 à 100°C. Le débit
d'eau est :
W 162628
me = = = 456,6 kg
h e − h' o 3432,7 − 62 ,8
L'exergie de l'eau vaut :
E"e = me ee = 20150 kJ
Par suite, on évalue les rendements thermique et exergétique :
W E"e
ηth = = 39,6% ηex = = 4,9%
P E1
ces rendements étant rapportés au combustible brûlé en centrale.
Les rendements tant thermique qu'exergétique sont très inférieurs à ceux du chauffage
classique. Le chauffage électrique constitue donc un procédé peu efficace, du moins en ce qui
concerne le chauffage à basse température qui est le seul à être considérée ici.
CHAUFFAGE THERMODYNAMIQUE
Q’o
L'étude du cycle de Carnot a conduit à : Qo
S
Q o To
=
Q 1 T1
T1 − T0
D'où : η =
T1
Considérons ensuite le cycle de Carnot inversé KDMN. Supposons que ce cycle prélève à
l'ambiance la chaleur Q'0 et qu'il reçoive le travail W, il fournira alors la chaleur utile Q à la
température imposée T.
Le coefficient de performance s 'écrit
Q
ε=
W
Par le premier principe, on a le bilan :
W = Q - Q'0
Les propriétés du cycle de Carnot sont telles que :
Q T Q T
= d'où =
Q o T0 Q - Q' o T − To
T
et par suite : ε =
T − T0
On réalise ainsi la pompe à chaleur qui produit la chaleur Q à la température absolue T, en
associant W et Q'0; c'est le principe du chauffage thermodynamique.
La chaleur Q1 fournie par la source chaude est utilisée pour effectuer un cycle de Carnot. Le
travail produit vaut :
T1 − T0
W = Q1
T1
To
et la chaleur rejetée à l'ambiance: Q0 = Q1 .
T1
Le travail W est utilisé à son tour pour actionner un cycle de Carnot inversé qui fournira à la
température T la chaleur:
T
Q=W.ε=W.
T − T0
ou encore, en combinant les relations précédentes :
T T1 − T0
Q = Q1 .
T1 T − T0
Si l'on a par hypothèse : T1 > T > T0
T T1 − T0
on démontre que : . >1
T1 T − T0
ce qui conduit à : Q > Q1
Par ailleurs, on a :
Q'0 = T0 (SM - SD) et Q0 = T0 (SC - SD)
On en déduit :
Q' 0 T1 − T0
=
Q0 T − T0
et enfin :
Q T T1 − T0 T Q' 0
= =
Q1 T1 T − T0 T1 Q 0
q 12 = ∫1Tds
2
M
1
Par définition de la moyenne d'une fonction,
nous pouvons écrire :
l n S
∫ T ds
2
T12 = 1
S 2 − S1 Figure 5.5 :
Définition de la température moyenne intégrée
q 12
et donc T12 =
S 2 − S1
Nous appellerons température moyenne intégrée (en abrégé t.m.i.) relative à une
transformation réversible, le rapport de la quantité de chaleur échangée au cours de cette
transformation à la variation d'entropie correspondante.
La t.m.i. est représentée sur le diagramme entropique (f ig.5.5) par la hauteur du rectangle
lLNn ayant même aire que la surface l12n située sous la polytropique.
En vertu du théorème de la moyenne, la t.m.i. envisagée correspond à un certain point M de la
courbe 1-2, compris entre les points 1 et 2 qui délimitent cette transformation.
Nous verrons par la suite que pour la transformation polytropique 1-2 caractérisée par une
valeur constante de la chaleur massique c, on peut écrire pour une masse unitaire :
q 12 = c (T2 − T1 )
c dT T2
S2 − S1 = ∫
2
et = c ln
1 T T1
On obtient l'expression de la t.m.i. relative à la transformation polytropique 1-2 en substituant
ces deux relations dans la définition de la polytropique, ce qui donne :
T2 − T1
T12 =
T2
ln
T1
En particulier, dans le cas des gaz parfaits dont les chaleurs massiques sont réputées
constantes, la t.m.i. relative à une isochore ou à une isobare, est donnée cette dernière expression,
d'ailleurs indépendante de la valeur particulière de cv ou de cp .
W = q1 - q0
d'où il vient :
W q0 sa − s' 0
η= = 1− = 1 − T0
q1 q1 h a − h' 0
B
En appliquant le principe de Carnot à
Tb
l'échange réversible OA, on obtient l'expression q0
S
de la température moyenne intégrée :
h a − h' 0
Tm =
sa − s' 0 Figure 5.6 : cycle de Rankine-Hirn
En substituant cette valeur dans la relation précédente, on obtient :
T0
η = 1−
Tm
Le cycle de Rankine-Hirn est donc équivalent à un cycle de Carnot effectué entre deux
sources respectivement aux températures T et T0 (une exploitation systématique de la notion de
t.m.i sera développée au chapitre 8).
Comme par ailleurs le cycle théorique de la pompe à chaleur est un cycle de Carnot inversé,
il s'ensuit que la présente analyse du chauffage thermodynamique est générale, et notamment
applicable lorsque la machine motrice utilise un cycle à vapeur.
Pour le cycle de Rankine-Hirn que nous avons choisi comme exemple dans ce chapitre, les
caractéristiques sont :
T0=15°C P0=140 bar h'0 = 62,8 kJ/kg s'0 = 0,224 kJ/kg/K
Ta=540°C Pa=140 bar ha = 3432,7 kJ/kg sa = 6,529 kJ/kg/K
d'où on calcule
h a − h' 0
Tm = = 534,5 K = 261 °C
sa − s' 0
d'où on déduit le rendement du cycle de Carnot équivalent (avec T0=288,15 K) :
T0
ηC = 1 − = 46,1%
Tm
et, compte tenu de la perte à la cheminée au générateur de vapeur :
H 2 - H'
η = ηC = 40,9%
H2
Comme nous avons pour objectif de chauffer de l'eau de 15°C à 100°C, la chaleur utile doit
être produite par la pompe à chaleur à la température constante de 100°C, on a alors :
373
ε= = 4,39
373 - 288
D'où la chaleur utile : Q' =ε.W = ε.η.Q1 = 1,795 Q
Le débit d'eau réchauffée est :
Q' 1,795 352866
me = = = 1778 kg
h e − h' o 3432,7 − 62,8
L'exergie de l'eau vaut :
E"e = me ee = 78478 kJ
On calcule finalement les rendements thermique et exergétique rapportés au combustible brûlé
en centrale :
ηth = Q' : P = 160,8% ηex = E"e : E1 = 19,1 %
On notera que le "Vocabulaire de Thermodynamique" publié par la SFT, admet qu'on puisse
encore parler de rendement quand la valeur de celui-ci est supérieure à l'unité.
étagé, de réduire l'irréversibilité thermique non seulement de l'échange avec la source chaude, mais
également de l'échange avec la source froide.
CONCLUSIONS GENERALES
On tire du tableau 5.2 les conclusions suivantes :
n Le chauffage électrique est le moins efficace tant thermiquement qu'énergétiquement.
n Le chauffage classique est thermiquement efficace, beaucoup moins énergétiquement.
n Le cycle de centrale donne le maximum de travail, mais il engendre une grande perte
calorifique.
n La production combinée et le chauffage classique sont thermiquement équivalents; la
production combinée est cependant énergétiquement plus favorable puisqu'une fraction de
l'énergie a été convertie en travail.
n Si l'échauffement de l'eau s'effectue réversiblement, la production combinée et le chauffage
thermodynamique ont des rendements exergétiques (ηxex ) égaux à celui du cycle purement
moteur. Le chauffage thermodynamique ne produit aucun travail, en compensation il présente
un rendement thermique très élevé et, en tout cas, supérieur à l'unité.
n La production combinée et le chauffage thermodynamique apparaissent, d'après ce qui
précède, comme les procédés de chauffage les plus rationnels .
L'exergie cédée par les gaz dans la chaudière ou dans le générateur de vapeur (exergie
disponible) est égale à l'exergie du combustible diminuée de la perte par irréversibilité de la
combustion et de la perte d'exergie à la cheminée; elle représente donc dans tous les cas 64% de
l'exergie du combustible. Proposons-nous d'analyser, en nous référant au tableau 5.3, comment se
répartit cette exergie disponible, ceci pour chacun des trois cas d'utilisation directe de l'exergie du
combustible.
n Dans le cas du chauffage, l'exergie disponible se retrouve, pour une faible part, dans l'exergie
utile communiquée à l'eau (10,6%) En revanche, la part de loin la plus importante de l'exergie
disponible, est perdue par irréversibilité de la transmission calorifique gaz-eau (51,1 %) , ceci
en raison de la très grande différence de température qui existe entre le gaz et l'eau.
n Dans le cas de la centrale, l'exergie utile (39,6 %) est beaucoup plus grande que
précédemment, car la vapeur est produite sous une pression et une température très élevées.
La perte par irréversibilité de la transmission gaz-vapeur est, dès lors, considérablement
réduite (22,2 % au lieu de 51,1 %)
n Dans le cas de la production combinée, on retrouve la même perte par irréversibilité de la
transmission primaire (gaz-vapeur) de 22,2 % que dans le cas de la centrale, mais l'exergie de
la vapeur est réduite par suite du relèvement de la température de condensation. Toutefois,
l'exergie ainsi soustraite à la vapeur, se retrouve d'une part sous la forme de l'exergie de l'eau
chaude (7,3%), d'autre part sous la forme d'une perte d'exergie par irréversibilité de la
transmission secondaire (vapeur-eau) (5,2% pour le cas monoétagé).
L'étude qui précède, présente un caractère essentiellement théorique et elle repose sur de
multiples hypothèses simplificatrices. Ses conclusions ne peuvent par conséquent être étendues aux
cas réels qu'avec prudence. Néanmoins, elle nous paraît constituer un cadre de réflexion utile qui doit
notamment permettre d'apprécier la qualité du point de vue énergétique de chacun des processus qui
ont été considérés.
D'un point de vue plus général, le problème de l'utilisation rationnelle des combustibles se
présente sous les trois aspects suivants :
n Si l'on cherche à tirer le meilleur parti des réserves de combustibles que la nature a mis à la
disposition de l'humanité, il faut tout d'abord s'efforcer de réduire les pertes de chaleur dans
les divers processus d'utilisation (aspect calorifique); c'est la démarche qui est généralement à
la base des efforts déployés actuellement en vue de promouvoir les économies d'énergie Mais,
il faut en outre utiliser al chaleur disponible en valorisant au maximum leur capacité de
produire de l'énergie noble, notamment de l'énergie électromécanique et/ou de participer à une
cascade d'échanges calorifiques aussi complète que possible dont l'évaporateur à multiples
effets donne un excellent exemple (aspect énergétique). Ce second aspect qui est moins
évident que le premier, correspond précisément à l'objectif que nous poursuivons dans notre
analyse.
n Si l'on se place au point de vue de l'utilisateur, l'important est que celui-ci obtienne au meilleur
prix la chaleur ainsi que l'énergie électrique ou mécanique (transports) qu'il consomme.
Comme nous l'avons vu précédemment, plus le processus thermique ou thermodynamique est
proche de la réversibilité, plus il est difficile à réaliser et donc coûteux à installer. C'est
pourquoi le coût minimal de la chaleur ou de l'énergie ne concorde généralement pas avec la
solution technique qui tire le meilleur parti de l'énergie disponible dans le combustible utilisé. La
solution optimale résulte alors de la prise en considération d'un ensemble de facteurs
économiques liés à la consommation du combustible, au coût de l'installation, enfin aux frais de
fonctionnement et d'entretien de celle-ci. Cet optimum est d'ailleurs susceptible de varier selon
les fluctuations locales et temporelles des facteurs économiques, notamment le prix du
combustible, celui de la main d'oeuvre, ou bien encore le loyer de l'argent nécessaire aux
investissements.
T
Le cycle de Hirn A
Hypothèses simplificatrices
Afin d'assurer la rigueur du calcul, la commodité de l'exposé et la clarté des conclusions, nous
adopterons dans un premier temps les hypothèses simplificatrices suivantes :
1) Le combustible brûlé dans le foyer est du carbone pur.
2) Le générateur de vapeur ne donne lieu à aucune perte de chaleur
3) L'écart de température relatif à la condensation est négligeable.
4) L'ambiance se trouve à la température de 15°C.
Irréversibilite de la combustion
Comme pour l'analyse effectuée dans le chapitre précédent, la combustion s'effectue selon la
réaction chimique :
C + 1,5 O2 + 5,64 N2 = CO2 + 0,5 O2 + 5,64 N2 + P
où P représente le pouvoir calorifique du carbone auquel correspond la chaleur effectivement
dégagée. Les calculs suivant seront basés sur la combustion de 1 atkg de carbone, soit 12 kg.
600
Cycle à resurchauffe T°C
On calcule aisément les grandeurs thermodynamiques relatives à l'air, tant dans l'état de
référence qu'à 187°C :
T °C H S H-H° S-S° E (kJ)
15 -2070 23,461 0 0,000 0
187 34201 122,015 36270 98,550 7872
La perte d'exergie par transmission et rejet à la cheminée sera donc égale à la différence entre
l'exergie des fumées à 187°C et celle de l'air préchauffé à cette même température, soit :
Ec = 8272 - 7872 = 400 kJ/atkg de C
L'enthalpie transférée étant de 36270 kJ, on calcule aisément l'enthalpie des fumées rejetées,
et leur température :
Hc = -357924 - 36270 = -394194 kJ/atkg de C
ce qui correspond à T=23°C.
Irréversibilité de la combustion
La chaleur dégagée dans le foyer est égale à la chaleur produite par la combustion augmentée
de la chaleur cédée par les gaz au réchauffeur d'air. La chaleur dégagée dans le foyer se retrouve
finalement sous la forme d'enthalpie des gaz de combustion. La température adiabatique de
combustion qui en résulte est alors déduite des enthalpies données au tableau 6.3, elle est de
1689°C. La procédure de calcul a été détaillée au chapitre II (page II.11). L'exergie
correspondante des gaz de combustion se déduit du même tableau, elle vaut :
E2 = 294030 kJ/atkg de C
La perte par irréversibilité de la combustion est égale à la somme de l'exergie du combustible et de
l'exergie de l'air comburant, diminuée de l'exergie des gaz de combustion E2 :
(E1 + Ea) - E2 = (410030 + 7872) - 294030 = 123872 kJ/atkg de C.
Soutirage continu 600
T°C
Considérons un kilogramme de
vapeur se trouvant à l'état J (saturé) A
500
caractérisé par la pression Pk ou la
température Tk, qui va subir une détente
isentropique jusqu'à la pression du 400
pour réchauffer l'eau de K2 à K1 est fournie par la condensation de la vapeur prélevée au deuxième
soutirage (en J1) , et ainsi de suite.
L'étude du cycle comportant une infinité de soutirages successifs, c'est-à-dire un soutirage
continu, montre que le rendement d'un tel cycle est égal à celui d'un cycle de Carnot fonctionnant
entre les températures Tk et To (comme nous le verrons au chapitre 8) , soit :
ηc = 1 - To / Tk
Par conséquent, le cycle OKJBO dans lequel le réchauffage OK est assuré par un soutirage
continu, est équivalent au cycle de Carnot PKJBP, auquel la source chaude fournit en KJ la chaleur
nécessaire à la vaporisation.
La production spécifique de vapeur est :
n = Q : (ha - h' k) = 393852 : (3432,7 - 794,8) = 149,3 kg/atkg de C
On a pour l'état initial A :
ha = 3432,7 kJ/kg ; sa = 6,529 kJ/K:kg ; Ea = n. ea = 231867 kJ/atkg de C
En considérant la détente isentropique AJ, on obtient facilement, en considérant que le point J
correspond à l'état de vapeur saturée au terme d'une détente isentropique (soit 187,1°C, 11,77 bar)
:
sj = 6,529 kJ/K.kg ; hj = 2783,7 kJ/kg ; Ej = n.ej = 134966 kJ/atkg de C
Le travail effectué lors de la détente AJ vaut :
W' = Ea - Ej = 231867 - 134966 = 96900 kJ/atkg de C
Le cycle comporte un soutirage unique de vapeur saturée obtenue au terme d'une détente
isentropique (soit 187,1°C, 11,77 bar). Les caractéristiques du cycle étant inchangées, on peut
reprendre certains résultats obtenus précédemment (fig. 6.3) :
- production spécifique de vapeur: n = 149,3 kg/atkg de C
ha = 3432,7 kJ/kg ; sa = 6,529 kJ/K:kg ; Ea = n. ea = 231867 kJ/atkg de C
hj = 2783,7 kJ/kg ; sj = 6,529 kJ/K.kg ; Ej = n.ej = 134966 kJ/atkg de C
hk = 794,8 kJ/kg ; sk= 2,208 kJ/K.kg ; Ek = n.ek = 23917 kJ/atkg de C
hb = 2115,5 kJ/kg; sb = 7,348 kJ/K.kg; Eb = n.eb = 0,0 kJ/atkg de C
ho = 63,0 kJ/kg; so = 0,224 kJ/K.kg; Eo = n.eo = 0,0 kJ/atkg de C
Si l'on désigne par α la fraction du débit de vapeur qui poursuit sa détente jusqu'à la pression
du condenseur, on écrit le bilan calorifique du soutirage, en égalant l’enthalpie cédée par la
condensation de la fraction soutirée 1-α avec l’enthalpie nécessaire pour réchauffer les condensats
de l’état 0 jusqu’à l’état K :
(1−α) (hj - h’o) = h’k - h’o
d’où on calcule :
hj − h' k 2783, 7 − 794, 8
α = = = 0, 731
hj − h' o 2783, 7 − 63,0
Comme dans le cas précédent, la perte par irréversibilité de la combustion s'élève à 123872
kJ/atkg de C.
La perte par irréversibilité de l'échange calorifique gaz-vapeur est égale à l'exergie des gaz E2
diminuée des trois termes suivants :
- le travail produit (W*)
- la perte par irréversibilité au soutirage (W - W*)
- l'exergie des gaz à l'entrée du réchauffeur d'air (Ef)
On constate aisément que la perte par irréversibilité calorifique gaz-vapeur est identique à
celle qui a été calculée dans le cas du soutirage continu; elle vaut donc 77811 kJ/atkg de C.
La récapitulation des bilans exergétiques est présentée au tableau 6.5. Le cas du cycle à
resurchauffe et soutirage unique n'a pas été développé dans ce texte, on en trouvera néanmoins les
résultats dans la colonne E du tableau précité. Pour ce cas E, on a conservé les conditions de la
resurchauffe du cas B mais la pression de soutirage est ici de 6 bar.
Tableau 6.5 : Comparaison des bilans exergétiques
Valeurs en % du total de l’actif Cycle de Cycle avec Soutirage Soutirage Resurchauffe +
Hirn resurchauffe continu unique soutirage
L'analyse des bilans exergétiques présentés au tableau 6.5 conduit à tirer les conclusions
suivantes :
1) Compte tenu des hypothèses simplificatrices adaptées, le bilan thermique du cycle de Hirn
fait apparaître une perte calorifique unique représentée par la chaleur rejetée à l'ambiance par
l'intermédiaire du condenseur, soit :
Qo = 1 - ηth = 1 - 46,1 = 53,9 %
En revanche, du point de vue exergétique, il n'y a aucune perte au condenseur, mais bien au
cours de la combustion et de l'échange calorifique gaz-vapeur. Ces deux processus sont en effet le
siège d'irréversibilités importantes .
2) La resurchauffe réduit l'irréversibilité de l'échange gaz-vapeur; en effet, la température
moyenne intégrée de la vapeur est augmentée, comme nous le discuterons au chapitre 8.
3) Le soutirage réduit l'irréversibilité de la combustion parce que la température adiabatique
de combustion est augmentée sous l'effet du réchauffage de l'air. Quant à l'irréversibilité de la
transmission calorifique, elle est influencée par deux effets contraires : d’une part, le relèvement de la
température de combustion tend à accroître l'irréversibilité de le transmission, mais d’autre part, la
suppression de l'échange calorifique à basse température qui résulte de l'intervention du soutirage,
entraîne une augmentation de la température moyenne intégrée de la vapeur, ce qui conduit à une
réduction compensatoire des irréversibilités. L'effet global de ces influences en sens contraires, se
traduit par une diminution appréciable de l'irréversibilité de la combustion, associée à une légère
diminution de la perte par irréversibilité de la transmission.
4) Le soutirage unique introduit une irréversibilité due au mélange de fluides à températures
différentes.
5) Cette dernière forme d'irréversibilité disparaît dans le cas du soutirage continu; en pratique,
on se rapproche de ce cas idéal par l'utilisation de soutirages multiples étagés.
6) Le soutirage diminue la partie de l'échange calorifique gaz-vapeur à basse température. Par
ailleurs, la resurchauffe renforce l’échange à température élevée. Ces deux procédés apparaissent,
dès lors, comme deux moyens complémentaires de réduire l'irréversibilité de l'échange avec la
source chaude. Il s'ensuit que leurs effets présentent un caractère cumulatif, ce qui explique l'intérêt
de leur combinaison.
7) Le cas du cycle à resurchauffe et
à soutirage unique appelle une remarque T
importante. En effet, le point J (fig. 6.5) se A L
trouve dans le domaine de la vapeur
surchauffée, ce qui entraîne une double
140 bar
conséquence. La première conséquence est
l'existence d'une désurchauffe de la vapeur
soutirée avant sa condensation, ce qui 30 bar
augmente la perte par irréversibilité de I K
l'échange calorifique au soutirage. La K
seconde conséquence est que le travail du
cycle de Carnot correspondant au
soutirage continu pris comme référence,
O 0.017 bar, 15°C
doit être calculé en se basant non plus sur B
la température de saturation de la vapeur S
soutirée, mais bien sur la température
moyenne intégrée relative au Figure 6.5 : soutirage et resurchauffe
refroidissement JK (désurchauffe et
condensation) .
Cycle simple
La réalisation du cycle impose un certain nombre de contraintes et de limitations qui sont à
l'origine de pertes d'exergie nouvelles.
Le cycle simple illustré à la figure 6.6 dérive directement du cycle de Hirn étudié au début de
ce chapitre. Par rapport au cas idéal, nous sommes amenés à prendre en considération les
modifications suivantes :
1) Le refroidissement des gaz est limité à 120°C, ce qui représente la température des gaz à
la cheminée du générateur de vapeur.
2) La température de condensation est supérieure à la température de l'ambiance. La pression
de condensation est en effet fixée à 0,04 bar, ce qui correspond à une température de saturation de
29,0°C.
Irréversibilité de la combustion
L'exergie du combustible est comme dans les cas précédents E1 = 410030 kJ/atkg de C. La
température adiabatique de combustion est de 1560°C (combustion obtenue ‡ partir des rÈactifs ‡
158C), l'exergie correspondante des gaz est E2 = 263320 kJ. D'où encore la perte d'exergie par
irréversibilité de la combustion :
E1 - E2 = 146710 kJ/atkg de C.
La chaleur utile des gaz est égale leur variation d'enthalpie entre la température adiabatique de
combustion et la température de rejet à la cheminée :
Q = H1560 - H120 = 397066-26179 = 370887 kJ/atkg de C.
La chaleur fournie à l'eau pour ramener le condensat, liquide saturé à 29,0°C (h' c = 121,5
kJ/kg et s'c = 0,423 kJ/K.kg), à l'état A de vapeur surchauffée (140 bar et 540°C) est égale à :
q = ha - h' c = 3432,7 - 121,5 = 3311,2 kJ/kg
D'où la production spécifique de vapeur :
n = Q : q = 112 kg/atkg de C
L'exergie de la vapeur s 'écrit :
Ev = n [(ha - h' amb) - To (sa-s'amb)]
= 112 [(3432,7 - 63) - 288,15 (6,529 - 0,224)] = 173947 kJ/atkg de C
L'exergie E2 des gaz de combustion à 1558°C, se décompose en trois termes, à savoir :
l'exergie de la vapeur vive, l'exergie des gaz à la température de rejet à la cheminée et la perte
d'exergie due à l'irréversibilité de l'échange calorifique gaz-vapeur, laquelle s'obtient par différence :
(E2 - Ef) - Ev = (263320 - 3401) - 173947 = 85972 kJ
Préchauffage de l'air
On a calculé précédemment que l'enthalpie des gaz était H120 = 26179 kJ à la température
de 120°C. On obtient d'ailleurs par interpolation dans le tableau 6.3, une enthalpie H250 = 55620 kJ
à 250°C. La différence entre ces deux enthalpies, soit 29501 kJ représente la chaleur cédée à l'air
comburant lors du préchauffage à partir de la température ambiance (15°C).
A partir des propriétés thermodynamique des gaz de l'air (disponibles en annexe), on calcule
aisément l'enthalpie des 7,14 kmol d'air comburant à toute température. En particulier, pour 15°C,
on trouve :
H = -2070 kJ
En se référant au tableau 6.3, on obtient l'exergie des gaz de combustion à 250°C et à 120°C,
on en déduit l'exergie cédée par les gaz au réchauffeur d'air :
∆Egaz = 14239 - 3401 = 10838 kJ/atkg de C
En fin de compte, on obtient la perte d'exergie par irréversibilité de l'échange calorifique au
réchauffeur d'air, en soustrayant l'exergie de l'air préchauffé de l'exergie que les gaz y ont cédée, soit
:
∆Egaz - Eair = 10838 - 5494 = 5344 kJ/atkg de C
Irréversibilité de la combustion
Etude de la détente
600
Le cycle étudié est représenté T°C
sur le diagramme entropique à la A L
figure 6.7. Nous adopterons, pour 500
Etat point T P X H S Ex
°C (bar) (-) (kJ/kg) kJ/K/kg) (kJ/kg)
Ambiance (référence) O 15,0 0,017 0,000 62,96 0,224 0,0
Vapeur ex chaudière A 540,0 140 1,000 3432,68 6,529 1552,8
Isentropique 1 I 298,2 30 1,000 2987,93 6,529 1108,1
Détente réelle 1 I' 324,9 30 1,000 3054,64 6,644 1141,9
Resurchauffe L 540,0 30 1,000 3546,65 7,348 1431,0
Isentropique 2 J 293,4 6,0 1,000 3047,44 7,348 931,8
Détente réelle 2 J' 329,3 6,0 1,000 3122,32 7,476 969,8
Vap sat 6 bar V 158,9 6,0 1,000 2756,73 6,760 810,4
Liq sat 6 bar K 158,9 6,0 0,000 670,75 1,932 115,7
Isentropique 3 B 29,0 0,040 0,876 2252,31 7,476 99,8
Détente réelle 3 B' 29,0 0,040 0,930 2382,81 7,908 105,8
Vap sat condenseur 29,0 0,040 1,000 2553,51 8,473 113,7
Liq sat condenseur C 29,0 0,040 0,000 121,39 0,422 1,3
Déterminons ensuite la fraction a du débit de vapeur qui continue la détente après le soutirage;
par le bilan calorifique de ce soutirage, on obtient :
hJ' − h K 3122 − 670,7
a= = = 0,817
h J' − h C 3122 − 121,4
Irréversibilité de la transmission
Tableau 6.7 : Bilan exergétique du cycle non idéal avec soutirage et resurchauffe
ACTIF : exergie du combustible 410030 kJ 98,7%%
exergie du comburant 5494 kJ 1,3%
PASSIF : irréversibilité de la combustion 127259 kJ 30,6%
irréversibilité de la transmission 77298 kJ 18,6%
travail utile 160290 kJ 38,6%
irréversibilité de la détente 19542 kJ 4,7%
irréversibilité au soutirage 7043 kJ 1,7%
perte d'exergie au condenseur 9852 kJ 2,4%
exergie fournie au comburant 5494 kJ 1,3%
irréversibilité au réchauffeur d'air 5344 kJ 1,3%
perte d'exergie à la cheminée 3401 kJ 0,8%
Rendement exergétique W / E1 39,1%
Rendement thermique W/P 40,7%
Conclusions
L'étude du cycle théorique a fait apparaître deux irréversibilités fondamentales dont l'une
affecte la combustion et dont l'autre affecte l'échange calorifique à la chaudière. Lorsqu'on passe à
l'analyse du cycle réel, on doit prendre en considération de nouvelles irréversibilités qui concernent
notamment la détente, le soutirage éventuel, le condenseur et enfin le rejet des fumées dans
l'atmosphère.
La détente de la vapeur dans la turbine est accompagnée de pertes d'exergie qui résultent du
frottement de ce fluide contre les organes de la machine et de la turbulence qui règne au sein de
l'écoulement. C'est la raison pour laquelle le travail produit par la turbine est inférieur à la chute
d'exergie de la vapeur se détendant entre l'admission et l'échappement. Cet écart représente du reste
la perte d'exergie associée à la transformation.
La perte d'exergie au condenseur provient de la chute de température existant entre la
température de condensation et la température du réfrigérant, égale à l'ambiante. On constate que
cette perte d'exergie est faible et quasiment négligeable.
A moins de disposer d'un générateur de vapeur d'une surface d'échange infinie, ce qui est
évidemment exclu en pratique, on ne peut espérer épuiser toute la chaleur disponible dans les gaz de
combustion. D'ailleurs, le danger de corrosion par les produits d'oxydation du soufre en présence
d'eau condensée, fait renoncer à la recherche de températures très basses à la cheminée. Ceci
justifie le choix d'une température de 120°C en cet endroit. En cas de chauffe au gaz naturel, il est
possible d'abaisser la température de rejet à 90-95°C sans risque de corrosion. Pour l'exemple
étudié, la perte d'enthalpie à la cheminée s'élève à 5,4 % de la variation d'enthalpie entre la
température adiabatique de combustion et la température ambiante. Cependant le faible niveau de
température en cause explique que la perte exergétique correspondante n'est que de 0,8 % (table
6.7).
Pour atteindre une température relativement basse à la cheminée, il est nécessaire de disposer
d'une source suffisamment froide pour valoriser la chaleur à bas potentiel. Ceci n'est généralement
possible qu'en ayant recours à un réchauffeur d'air, particulièrement si l'eau est préchauffée par des
soutirages et ne peut donc échanger avec les fumées à basse température. Pour limiter
l'encombrement de cet échangeur du type gaz-gaz, on est obligé d'adopter un écart relativement
grand entre les températures moyennes des deux fluides. Il en résulte une perte par irréversibilité de
1,3 %.
L'impossibilité de réaliser pratiquement un soutirage continu oblige à recourir au soutirage
classique. Il en résulte une perte d'exergie due à l'irréversibilité de l'échange calorifique entre la
vapeur soutirée qui se condense à température constante et le condensat qui est progressivement
réchauffé. Cette irréversibilité thermique avait déjà été analysée dans l'étude du cycle théorique et
nous en avions déjà conclu que cette irréversibilité pouvait être réduite par l'augmentation du nombre
des soutirages.
La resurchauffe est au même titre que les soutirages, un procédé d'amélioration du rendement
thermique de l'installation; il passe ainsi de 35,5 % à 40,7 % entre les deux exemples d'application
précédents. Cependant, la resurchauffe permet en outre de profiter de l'avantage d'une pression de
vapeur vive élevée, tout en limitant les inconvénients résultant d'une humidité excessive en fin de
détente de la vapeur. Ceci permet de conserver un bon rendement de la turbine en fin de détente, et
donc limite les irréversibilités associées à la transformation en travail.
Dans l'analyse qui précède, nous avons supposé que la combustion s'effectuait d'une manière
adiabatique et que les gaz étaient ensuite soumis à l'échange calorifique avec le fluide moteur. Cette
démarche essentiellement théorique, présente les avantages suivants :
1) La température du foyer est définie sans ambiguïté.
2) La conception du générateur de vapeur n'influence en rien le bilan exergétique.
3) Les irréversibilités de la combustion et de la transmission sont traitées séparément.
4) Les influences des resurchauffe et soutirage sur les irréversibilités précitées peuvent être
clairement analysées.
Cependant, la réalité est, selon les cas, plus ou moins éloignée de cette situation théorique,
particulièrement dans les chaudières à rayonnement où la chaleur rayonnée par la flamme est
absorbée par les écrans vaporisateurs du foyer. Il s'ensuit une redistribution de la perte d'exergie
entre la combustion et la transmission calorifique, mais il reste que l'ensemble de ces deux
composantes, c'est-à-dire en définitive la perte d'exergie à haute température, reste inchangée.
L'analyse détaillée de cette perte d'exergie globale doit alors être traitée, cas par cas, en suivant
notamment les évolutions de la température des gaz et de celle du fluide moteur, telles qu'elles
résultent de la conception particulière du générateur de vapeur.
En résumé, dans ce qui précède, nous nous sommes limités, pour des raisons de clarté et de
concision, à analyser un cycle fortement simplifié, le nombre de soutirage étant notamment réduit à
l'unité. Au cours des travaux pratiques, on aura l'occasion d'analyser des exemples de procédés
réels, où ces approximations ne seront pas réalisées.
CYCLES BINAIRES
Généralités
Sur le diagramme représenté à la figure 6.8, on a porté en abscisse la quantité de chaleur
échangée, et en ordonnée la température. L'oblique SO y représente le refroidissement des gaz de
combustion au cours de l'échange calorifique tandis que la ligne OWVA représente l'échauffement
de l'eau, sa vaporisation ainsi que la surchauffe de la vapeur. L'irréversibilité de cet échange étant
une fonction croissante de la différence d'ordonnées entre les deux courbes, il apparaît que le palier
de vaporisation joue un rôle néfaste en ce qui concerne cette irréversibilité. Ce point avait du reste
déjà été mis en évidence dans un précédent chapitre . On peut chercher à réduire la perte d'exergie
correspondante en ayant recours à un cycle binaire qui, dans la version la plus ancienne, associe au
cycle à vapeur d'eau, un cycle à vapeur de mercure : la chaleur libérée par la condensation du
mercure produit la vaporisation de l'eau. L'échauffement du mercure et sa vaporisation étant
représentés par le tracé WXY sur le diagramme de la figure 6.9, la combinaison de ce tracé avec
celui qui correspond à l'échauffement de l'eau (OW) et à la surchauffe de la vapeur d'eau (VA),
annonce une réduction de l'irréversibilité relative à la transmission calorifique entre le gaz et les deux
fluides moteurs; c'est ce que nous nous proposons de vérifier quantitativement.
S
T 600
T°C
A
500
X Y
400
300
Z
W
V
X Y 200
A
Z
100
W V
O
B
0
O 0 2 4 6 8 10
Q S(J/kg/K)
Figure 6.8 : illustration d'un cycle binaire Figure 6.9 : cycle eau-mercure
Calcul du travail
Le cycle de Hirn effectué par la vapeur d'eau est représenté par le tracé OWVABO (fig. 6.9);
le cycle de Rankine à vapeur de mercure qui lui est associé, correspond au tracé WXYZW.
Comme précédemment, nous supposons pour l'eau que la condensation s'effectue à la
température de 15°C et que la vapeur vive est surchauffée à 540°C. En revanche, le procédé n'étant
pleinement efficace que dans le cas d'un palier de vaporisation étendu, nous limiterons la pression de
vaporisation de l'eau à 40 bar. Dans ces conditions, la température de saturation sera de 250°C, ce
qui fixe, dans l'hypothèse d'un échange calorifique réversible, la température de condensation de la
vapeur de mercure à cette même valeur, il en résulte alors une pression de condensation de 0,98 bar
pour ce fluide.
La pression de vaporisation du mercure est fixée par la condition selon laquelle le point X qui
caractérise l'état de liquide saturé (mercure) se trouve sur la courbe de refroidissement des gaz, car
la courbe d'échauffement ne peut évidemment recouper cette courbe. Comme on le vérifiera, la
pression de 7,85 bar satisfait à cette condition.
On recherche les propriétés du mercure pour les points limites du cycle, tant pour le mercure
que pour l'eau :
1 kg Hg T °C P(bar) X(-) H(kJ) S(kJ/K) Ex(kJ)
ref 0 15 1 0,000 2,07 0,0074 0,00
liq 7,85 bar X 496 7,85 0,000 69,46 0,1440 28,02
vap 7,85 bar Y 496 7,85 1,000 360,90 0,5230 210,26
liq 0,98 bar W 250 0,98 0,000 34,54 0,0892 8,90
ce qui fixe l'abscisse du point X dont l'ordonnée est donnée par la température de saturation
du mercure pour la pression de 7,85 bar, soit 496°C
L'ordonnée du point S étant égale à 1560°C (température adiabatique de combustion) et son
abscisse égale à q, on vérifie aisément que le point X se situe pratiquement sur la courbe OS,
représentant le refroidissement des gaz de combustion, tandis que le point W lui est inférieur. La
condition de non recoupement de la courbe de refroidissement des gaz par les courbes
d'échauffement des fluides moteurs est donc vérifiée avec une approximation satisfaisante.
Le travail du cycle de Rankine effectué par le mercure est égal à l'enthalpie reçue de la source
chaude (W-Y) diminuée de l'enthalpie cédée à la source froide (Z-W) :
WHg = m.l [(h"y - h' w) - Tw (s"y - s'w)]Hg
= 93,17 x 7,556 [(360,9 - 34,54) - 523,2 (0,5230 - 0,0892)] = 70119 kJ
Le travail du cycle de Hirn effectué par l'eau vaut
WH20= m [(ha - h' o) - To (sa - s'o)]H20
= 93,17 [(3537 - 63) - 288,15 (7,2057 - 0,2244)] = 136279 kJ
Le travail de détente total vaut :
W=WHg+WH20 = 70119+136279 = 206398 kJ/atkg de C
Comme dans les cas précédents, l'exergie des gaz de combustion est de 263320 kJ pour la
température adiabatique de combustion de 1560°C. La perte d'exergie par irréversibilité de la
combustion est encore égale à 146710 kJ/atkg de C.
La perte d'exergie par irréversibilité de l'échange calorifique entre d'une part les gaz, d'autre
part l'eau et le mercure, s'obtiendra en soustrayant le travail de détente total, de l'exergie des gaz,
soit :
E2 - W = 263320 - 206398 = 56922 kJ/atkg de C
Ceci permet de dresser le bilan exergétique du tableau 6.8
Conclusions
Nous avons étudié au début de ce chapitre (tableau 6.1) le cycle de Hirn à vapeur d'eau
utilisant les mêmes conditions de combustion et de condensation que le cycle binaire étudié ci-
dessus. Nous constatons ainsi que lorsqu'on passe du cycle de Hirn au cycle binaire, les rendements
tant thermique qu'exergétique augmentent de façon remarquable, à savoir de 46,1 % à 52,4 % pour
le premier et de 44,3 à 50,3 % pour le second.
Une telle amélioration résulte essentiellement de la diminution (de 20 à 13,9 %) de la perte par
irréversibilité de la transmission. En effet, dans le cas du cycle binaire, la présence d'un palier de
vaporisation à haute température entraîne un relèvement important de la température moyenne
intégrée relative à l'ensemble des deux fluides moteurs. Le cycle binaire apparaît ainsi, au même titre
que les soutirages et les resurchauffes, comme constituant un procédé permettant de réduire
l'irréversibilité de la transmission.
On notera que le travail produit par la vapeur d'eau dans le cycle binaire est sensiblement
réduit parce qu'on a adopté pour le cycle à vapeur d'eau correspondant une pression de
vaporisation peu élevée. Cependant, cette diminution est très largement compensée par l'important
travail produit par la vapeur de mercure.
Si le cycle binaire mercure-eau a été abandonné après quelques rares applications aux Etats-
Unis, c'est en raison des progrès remarquables qui ont permis aux cycles à vapeur d'eau classiques
d'atteindre des rendements nets qui sont actuellement de l'ordre de 40 % (sur PCI) et qui, pour les
pressions de vapeur vive actuellement utilisées, conduisent à des paliers de vaporisation trop peu
étendus pour s'adapter efficacement à la combinaison des deux cycle
Le meilleur cycle serait celui pour lequel l'échange calorifique avec la source chaude se ferait à
une température constante et très élevée. En fin de compte, on en reviendrait ainsi au cycle de
Carnot.
En conséquence, il faudrait disposer d'un fluide moteur possédant un large palier de
vaporisation pour une température maximale du cycle. Un tel fluide existe sous l'espèce du soufre
dont la température de saturation est, par exemple de 750°C pour la pression de 24 bar.
Cependant, comme ce fluide est inutilisable aux faibles températures, le cycle à vapeur de soufre
constituerait alors un cycle à haute température auquel serait associé un cycle à basse température
fonctionnant à la vapeur d'eau. Bien que le cycle soufre-eau n'ait encore jamais été réalisé, il a fait
l'objet de recherches et selon ses promoteurs, il pourrait atteindre un rendement de 55 % .
Lorsque dans des conditions climatiques particulières, on dispose d'eau de refroidissement
très froide, il est avantageux pour le rendement de prolonger la détente de la vapeur aussi loin que
possible. Toutefois, eu égard aux très grands volumes massiques de la vapeur détendue, on se
heurte à la limitation de la section d'échappement de la turbine. Cette difficulté pourrait être éludée
par l'utilisation d'un "cycle de queue" effectué par un fluide bien adapté aux températures voisines de
la température ambiante, tel que notamment l'ammoniac. Dans ces conditions, la chaleur nécessaire à
l'échauffement et principalement à la vaporisation de l'ammoniac, est fournie par la condensation de
la vapeur d'eau dans le "cycle de tête" associé, la température de cette condensation ayant par
ailleurs été relevée à une valeur judicieusement choisie. Toutefois, la réduction de la perte d'exergie
au condenseur, rendue possible par l'adjonction du cycle à vapeur d'ammoniac, se fait au prix d'un
échange calorifique intermédiaire qui constitue lui-même une source d'irréversibilité thermique.
Cependant, la perte d'exergie correspondant à cet échange est peu importante en raison des
conditions très favorables à l'échange calorifique, à savoir deux fluides à température constante et
Généralités
Pour étudier le cycle avec double pression de vapeur vive, nous considérons une application
classique de ce procédé, à savoir celle qui concerne les centrales nucléaires dont le réacteur est
refroidi par un fluide caloporteur gazeux (telle que la filière Magnox, qui fut développée en Grande-
Bretagne) .
Nous avons étudié dans la première partie de ce chapitre le cycle réel d'une centrale
thermique à vapeur, toutefois fortement simplifié de manière à assurer la clarté ainsi que la concision
de l'exposé. C'est dans la même perspective que nous développerons ci-après, l'étude du cycle réel
mais simplifié de la centrale d'Oldbury appartenant à la filière précitée.
T
Etude du cycle simple
Le réacteur nucléaire est refroidi par du
dioxyde de carbone sous pression. Sachant 412 D
que la température de l'uranium métallique
utilisé ne peut dépasser 660°C (point de T
On calcule aisément les grandeurs thermodynamiques relatives au CO2 au moyen des données
de l'annexe 1. Les points caractéristiques du
cycle sont représentés dans le tableau ci- T °C 15 245 412 311,3
contre. H 9143 18653 26502 21687
S 156,47 180,52 193,62 186,03
La chaleur fournie par le réacteur à H-H° 9511,0 17359 12544
chaque kilomole de CO2 est : S-S° 24,055 37,158 29,561
Q = H412 - H245 Ex 2579 6652 4026
Q 7848
n = = = 2,94 kg / kmol CO2
h"a − h'c 2794 − 121,5
Le bilan calorifique de l'échange relatif à la vaporisation permet de calculer l'enthalpie du CO2
au point T :
Ht = Hd - n (h"a - h' m) = 17359 - 2,94 (2794 - 1154) = 12544 kJ
On en déduit, par interpolation dans la table des enthalpies du CO2 ou par résolution
numérique de l'équation HCO2(tT)= 12544, la température tT = 311,3°C, valeur qui dépasse de
47,3°C la température de saturation de la vapeur vive et qui est donc acceptable.
Pour le cycle à vapeur considéré (fig. 6.11) et pour un rendement isentropique de détente égal
à 85 %, on calcule facilement l'état de la vapeur à la sortie de la turbine, soit :
hb' = 1947 kJ/kg et sb' = 6,467 kJ/K.kg
Le travail produit par la turbine s'écrit :
W = n (h"a - hb') = 2,94 x (2794 - 1947) = 2486 kJ
L'exergie de la vapeur vive vaut :
Ev = n [(h"a - h' o ) - To (s"a - s'o) ]
= 2,94 [(2794 - 63) - 288,2 ( 5,973 - 0,2244)] = 3155 kJ
La perte d'exergie au condenseur est égale à l'exergie de la vapeur détendue, soit :
Econd = n [(hb' - h' o) - To (sb' - s'o)]
= 2,94 [(1947 - 63) - 288,2 (6,467 - 0,2244)] = 251,7 kJ
La perte d'exergie par irréversibilité de la détente est égale à la différence entre les exergies
initiale et finale de la détente, diminuée du travail de la turbine :
(Ev - Econd) - W = (3155 - 251,7) - 2486 = 418,3 kJ
La perte d'exergie par irréversibilité de l'échange gaz-vapeur, est égale à l'exergie reçue par le
gaz caloporteur diminuée des trois termes suivants : le travail de la turbine, l'irréversibilitê de la
détente, la perte d'exergie au condenseur, c'est-à-dire :
4073 - (2485 + 418,3 + 251,7) = 917,5 kJ
En collectant ces résultats, on dresse le bilan exergétique du tableau 6.9
T
D T°C
412 400
S
T M’ E
300
M’
245 M
100
C 0.04 bar
F F’ B B’
O
Q 0
0 2 4 6 8 S(J/kg/K)
Figure 6.11 : profil de T, cycle à 2 pressions Figure 6.12 : diagramme T-S, cycle à 2 pressions
Imposons-nous encore entre les points T et M (fig. 6.11) une différence de températures
d'une cinquantaine de degrés et déterminons la fraction y du débit total qui parcourra le cycle HP, en
adoptant entre les points S et M' un écart de température du même ordre de grandeur. On obtient
ainsi la production spécifique de vapeur (fig. 6.12) :
Q
(h"e − h'c ) y + (h"a − h'c ) (1- y)
n =
ce qui confirme la valeur y initialement choisie. On vérifiera sans peine qu'une itération par
substitution simple convergerait très rapidement vers la valeur correcte, si une autre valeur initiale
avait été choisie.
Le bilan calorifique de l'échange correspondant au refroidissement du gaz entre les points S et
T s'écrit :
Hs - Ht = n . [(l-y) . (h"-h')BP + y . (h'HP-h' BP)]
d'où Ht = 14890 - 2,9856 [(1-0,6278)X(2794-1154)+0,6278 (1407-1154)] = 12594 kJ
D'où par interpolation de la fonction enthalpie du dioxyde de carbone, on trouve tt =
312,4°C, ce qui correspond à un écart de température par rapport à la vaporisation de l'eau à 50
bar de :
Conclusions
La comparaison du cycle simple et du cycle à double pression de vapeur vive, montre que le
rendement thermique (ou exergétique) passe de 31,7 % dans le premier cas, à 33,0 % dans le
second. Cette amélioration résulte essentiellement d'une réduction de l'irréversibilité de la
transmission gaz-vapeur qui passe, dans les mêmes conditions, de 11,7% à 10,2 %. En effet, le
recours à la vaporisation biétagée conduit à une augmentation de la température moyenne intégrée
relative à la vapeur, ce qui va évidemment dans le sens d'une réduction de l'irréversibilité thermique
correspondante. Par ailleurs, on retrouve ici une application typique du procédé de réduction de
l'irréversibilité de l'échange avec vaporisation sous pressions multiples qui avait été étudié au chapitre
3.
Le cycle à double (ou multiple) pression de vapeur vive constitue un procédé d'amélioration
du rendement du cycle, au même titre que les resurchauffes et les soutirages. Mais, le recours à ce
procédé ne se justifie que lorsque la ligne de refroidissement du gaz chaud est à la fois limitée en
température initiale et assez inclinée. Nous rencontrerons d'ailleurs au chapitre suivant une autre
application typique de ce procédé à propos des cycles combinés gaz-vapeur.
Dans l'étude qui précède, on a supposé, pour simplifier, que la vapeur vive était saturée. Cette
étude pourrait être étendue au cas de la surchauffe, ce qui réduirait quelque peu l'irréversibilité de
l'échange thermique gaz-vapeur, mais sans modifier sensiblement la comparaison des deux cas.
Signalons que les centrales de la filière PWR, aujourd'hui largement répandue, présentent
certaines particularités intéressantes qui pourraient conduire à une analyse analogue ‡ celle du cycle
biÈtagÈ CO2-vapeur.
Si l'on considère spécialement le cas de la filière PWR qui est actuellement la plus
développée, le réacteur constitue une source de chaleur à température constante, la température de
la matière fissile pouvant être estimée grosso modo à 350°C.
En revanche, les gaz dégagés dans le foyer d'une chaudière classique constituent une source
de chaleur à température variable; ces gaz cèdent en effet leur chaleur en se refroidissant a 1300°C
à 15°C dans le cas idéal, ce qui correspond à une la température moyenne intégrée de 757 K (ou
484°C) .
Pour comparer ces deux sources de chaleur quant à leur valeur énergétique, on peut imaginer
d'utiliser la chaleur produite par chacune d'elles dans un cycle de Carnot, la source froide étant à la
température t0 = 15°C (pour plus de détails sur ce point, voir le chapitre 8): On obtient ainsi les
rendements :
T0 288
- pour le réacteur nucléaire (t=350°C) : η = 1 − = 1− = 54%
T 623
T0 288
- pour la chaudière classique (tm=484°C) : η = 1 − = 1− = 62%
T 757
On constate ainsi que le rapport des températures entre les deux sources chaudes envisagées
prend la valeur 623/757 = 0,82. Cette valeur ramène à ses véritables proportions la comparaison
des deux sources car ceci est bien différent de ce qui est suggéré par la simple considération des
températures en degrés Celsius du foyer (1300°C) et du combustible nucléaire (350°C). De plus,
les rendements des deux cycles de Carnot correspondants s'élèvent respectivement à 54 % et 62 %,
ce qui atténue encore la disparité des deux sources chaudes.
Ainsi se justifie l'écart relativement faible qui existe entre les rendements thermiques nets des
deux types de centrale, soit 33% pour la centrale nucléaire et 38 % (sur PCS) pour la centrale
thermique.
CYCLES REVERSIBLES
Irréversibilité de la combustion
Nous adoptons le méthane pur comme combustible de la turbine à gaz. Ce choix se justifie par
le fait que de nombreuses turbines à gaz utilisées pour le production d'électricité ou en production
combinée utilisent le gaz naturel comme combustible, gaz naturel dont le CH4 est le constituant
principal.
L'équation chimique de la combustion théorique du méthane dans l'air (assimilié à un mélange
0,21 O2 + 0,79 N2) s'écrit :
CH4 + 2 O2 + 7,524 N2 = CO2 + 2 H2O + 7,524 N2
La chaleur dégagée par cette réaction est de 803000 kJ/kmol CH4 à 15°C; c'est le pouvoir
calorifique (inférieur) du combustible considéré. Nous avons par ailleurs déterminé (chapitre 2)
l'exergie de ce combustible, laquelle est égale à 832670 kJ/kmol CH4.
La température maximale du cycle de la turbine à gaz est limitée pour des raisons d'ordre
technologique. Cette limitation de température implique la dilution des gaz de combustion par un
important excès d'air. C'est ainsi que pour la température maximale T que nous choisirons égale à
900°C, on calcule aisément que l'excès d'air s'élève à 252 % (soit 3,52 fois l'air
stoechiométriquement nécessaire).
Une telle dilution des gaz de combustion par l'air nous autorise à admettre, par simplification,
que le fluide qui évolue dans la turbine à gaz est assimilable à de l'air, la combustion étant alors
fictivement remplacée par un apport de chaleur équivalent. Nous en arrivons ainsi à introduire la
théorie cyclique selon laquelle le cycle de la turbine à gaz est parcouru par un gaz qui ne subit aucune
modification chimique et où non seulement la
combustion mais encore le rejet de chaleur à T
l'ambiance, sont remplacés par des échanges C
calorifiques avec deux sources, respectivement
à haute et à basse températures.
Nous compléterons encore ce modèle P2
par l'hypothèse du obéissant à l'équation d'état
des gaz parfaits, et dont la chaleur spécifique
varie avec la température .
Le cycle de la turbine à gaz (fig. 7.1) D
P0
comporte une compression AB, que nous
B
supposerons isentropique. En adoptant un P1
rapport de pression :
n = P2/P0= 6 D’
A
(valeur modeste mais qui sera conservée dans le S
cas du cycle à récupération), nous calculons la
température Tb en écrivant que les entropies Figure 7.1 : cycle de base de la turbine à gaz
Hc - Ho = 27979 kJ/kmol
Cycle idéal
Pour produire le travail maximum, la détente isentropique du fluide moteur doit être poursuivie
jusqu'à atteindre la température To de l'ambiance, en D' (fig. 7.1). Le cycle sera alors bouclé par une
compression isotherme D'A. On réalise ainsi le cycle idéal ABCD'A.
Pour la détente isentropique CD', on peut écrire :
Tc Td '
C pdT p2 C pdT p1
∫ T
− R ln
p0
+ S0 = ∫ T
− R ln
p0
+ S0
T0 T0
Pour une pression initiale po= 1,01325 bar, un rapport p2/p0=6 et en fixant Td'= 15°C et
Tc=900°C, la seule inconnue dans cette équation est p1. On en déduit p1 = 3221 Pa (0,03221 bar)
Par l'équation d'état, on obtient le volume au point D' :
R. T0 8314 .288,15
Vd ' = = = 743,7 m / kmol
3
p1 3221
On en tire le travail consommé lors de la compression isotherme D'A :
Wisoth = p1.Vd' ln (p0/p1) = 3221 x 743,7 x ln (101325/3221)
= 8261 kJ/kmol air
On obtient finalement le travail utile qui est égal au travail de détente diminué des travaux
relatifs aux compressions isentropique et isotherme :
Wu = (Hc - Ho )- Wcomp - Wisoth = 27979 - 5595 - 8261 = 14123 kJ/kmol air
On peut dresser la tableau suivant :
ACTIF : exergie du combustible 23211 kJ 80,6%
travail de compression isentropique 5595 kJ 19,4%
PASSIF : irréversibilité de la combustion 9092 kJ 31,6%
travail de détente (27979 kJ)
- travail de compression isotherme (-8261 kJ) 19718 kJ 68,4%
Rendement exergétique W utile/E1 60,8%
Rendement énergétique W utile/PCI 63,1%
Cycle théorique
Le cycle idéal ne se prête pas à la réalisation pratique. C'est pourquoi la turbine à gaz est en
réalité conçue selon le cycle théorique dans lequel la détente est limitée à la pression po de
l'ambiance, le fluide moteur étant en principe ramené à son état initial par un refroidissement isobare
DA. Le cycle théorique est alors représenté en ABCDA sur le diagramme entropique (fig. 7.1).
La température Td en fin de détente se calcule en exprimant la constance de l'entropie au
cours de cette transformation :
Tc Td
C p dT C pdT
∫ ∫
p p0
− R ln 2 + S 0 = − R ln + S0
T p0 T p0
T0 T0
d'où :
Td Tc
C pdT C pdT p2
∫ T
= ∫ T
− R ln
p0
T0 T0
Cycle à récupération
Dans le cycle théorique, la totalité de la chaleur fournie, soit Hc - Hb , provenait de la
combustion. Il est cependant possible de réduire cette dépense de chaleur en récupérant la chaleur
sensible disponible en fin de détente; on peut ainsi T
porter l'air comprimé de la température tb à la C
L'exergie qui est fournie globalement, est égale à la somme des exergies fournies par la
compression, par la récupération, et enfin par le combustible, soit :
E'1 = 5595 + 4328 + 14605 = 24528 kJ/kmol
En soustrayant de E' 1 l'exergie du gaz en début de détente calculée précédemment (état C),
on obtient la perte par irréversibilité de la combustion :
E'1 - E2 = 24528 - 19714 = 4815 kJ/kmol
D'ailleurs, en soustrayant de l'exergie au point C le travail de détente calculé précédemment et
l'exergie transférée lors de la récupération, on trouve la perte d'exergie à l'ambiance :
19714 - 14084 - 4328 = 1301 kJ/kmol
Enfin le travail utile reste identique à celui calculé précédemment, soit
Wu = 8489 kJ/kmol
Ceci permet de dresser le bilan du cycle à récupération :
Généralités
Nous avons vu qu'en pratique, on devait renoncer à prolonger la détente du gaz jusqu'à la
température ambiante. En revenant alors au cycle ABCDA (fig. 7.3), on perd un travail équivalent à
l'aire DD'A, ce qui se traduit par la perte d'exergie à l'ambiance. Cependant cette perte peut être
valorisée par l'association d'un cycle à vapeur d'eau au cycle à gaz.
Dans le cycle combiné gaz-vapeur, la chaleur rejetée lors du refroidissement des gaz DA est
utilisée pour échauffer, vaporiser l'eau et finalement surchauffer sa vapeur, selon la transformation
isobare LMNR. La vapeur, dont la température maximale est inférieure à td est détendue
isentropiquement selon RD' jusqu'à la pression de condensation qui correspond à une température
de saturation en principe égale à la température ambiante to (=ta). La vapeur détendue est ensuite
condensée isothermiquement suivant D'L. Enfin le condensat est recomprimé jusqu'à la pression de
la chaudière selon la transformation LL'.
Mais comme le travail de compression de l'eau est très faible, nous le négligerons comme
précédemment, ce qui revient à confondre les points L et L'.
M N
D
Q
R
B
M N
L D’ A L m n
A
h
S
Figure 7.3 : cycle combiné Figure 7.4 : diagramme T-H
La combinaison des deux cycles sur le diagramme entropique montre qu'en dépit de quelques
différences notables, on retrouve globalement l'allure du cycle à gaz idéal. La détente est toutefois
scindée en deux parties, détente CD pour le gaz, détente RD' pour la vapeur. D'autre part, la
compression isotherme du cycle idéal à gaz est ici remplacée par la condensation isotherme de la
vapeur, associée à la compression du condensat
La température du gaz ayant été fixée à tq = 100°C en fin de son refroidissement, il en résulte
une perte d'exergie à l'ambiance; cette perte est égale à l'exergie de l'air à cette température :
CYCLES REELS
Çycle simple
Les cycles réels se distinguent des cycles réversibles, principalement par la prise en
considération de l'irréversibilité qui affecte l'évolution
C
du fluide dans les turbomachines, ainsi que de T
l'irréversibilité qui affecte les échanges de chaleur en
raison de l'écart de température nécessaire à la
réalisation du transfert thermique.
P2
Le cycle simple de la turbine à gaz se compose
des quatre transformations suivantes (fig. 7.5) :
- la compression adiabatique réelle AB' D’
- l'échauffement isobare B'C D
- la détente adiabatique réelle CD'
B’
- le refroidissement isobare D'A B
Le cycle considéré est caractérisé par : P0
taux de compression n = p2 / p0 = 6
La perte d'exergie à l'ambiance est égale à l'exergie de l'air en fin de détente, soit Ed' = 6959
kJ/kmol.
Le bilan exergétique s'établit comme suit :
Cycle à récupération
Le cycle à récupération est représenté à la
figure 7.6. Les caractéristiques du cycle sont
les mêmes qu'au paragraphe précédent,
cependant le cycle comporte ici une
récupération dont l'efficacité de l'échangeur
est r = 0,80 (la quantité de chaleur transférée P2 P0
est de 80% du maximum transférable avec
un échangeur de taille infinie, qui porte le
fluide de plus faible capacité thermique à la
P D’
température d'entrée du fluide de plus forte
D
capacité thermique. Q
B’
Dans notre exemple, comme nous B
supposons que les fluides sont des gaz
parfaits de même capacité calorifique, on en
A
déduit l'enthalpie de l'air en fin de S
refroidissement au récupérateur :
Figure 7.6
Hq = Hd' - r (Hd' - Hb')
= 15717 - 0,80 x (15717-6293) = 8178 kJ/kmol.
On en déduit successivement :
- la température : tq = 298,2°C
- l'entropie de l'air à l'état Q : Sq = 23,680 kJ/K.kmol
- l'exergie de l'air : Eq = ( 8178 – -290) - 288,15 x (23,680 - 3,286) = 2591 kJ/kmol
Du bilan calorifique du récupérateur, on tire l'enthalpie de l'air comprimé à la sortie de celui-ci :
Hp = Hb' + (Hd' - Hq) = 6293 + (15717 - 8178) = 13832 kJ/kmol
On en déduit successivement :
- la température : tp = 478,8°C
- l'entropie de l'air à l'état P : Sp = 17,370 kJ/K . kmol
- l'exergie de l'air : Ep = (12832 – -290) - 288,15 x (17,370-3,286) = 10064 kJ/kmol
La perte d'exergie par irréversibilité de la compression vaut :
Wcomp - (Eb' - Eo) = 6583 - (6006 - 0) = 577 kJ/kmol
L'exergie fournie à l'air comprimé par la récupération vaut :
Ep - Eb' = 10064 - 6006 = 4058 kJ/kmol
Le nombre de kmol d'air effectuant le cycle, rapporté à 1 kmol de CH4 consommé, est égal au
pouvoir calorifique divisé par la quantité de chaleur reçue lors de la combustion par chaque kmol
d'air, soit :
m' = Pc : (Hc - Hp) = 803000 / (27689-13832) = 57,95 kmol/kmol CH4
D'où l'exergie du combustible rapporté à 1 kmol d'air :
E'1 = Ecomb / m' = 832670 / 57,95 = 14369 kJ/kmol
Le travail de la turbine de détente est :
Wdét = Hc- Hd' = 27689 - 15717 = 11972 kJ/kmol
L'irréversibilité de la détente vaut :
(Ec - Ed') - Wdét = (19714-6959) - 11972 = 783 kJ/kmol
La perte d'exergie au récupérateur vaut :
(Ed' - Eq)l - (Ep - Eb ')
= (6959-2591) - (10064-6006) =310 kJ/kmol
La perte d'exergie à l'ambiance est égale à l'exergie de l'air à l'état Q, soit 2591 kJ/kmol.
La perte d'exergie par irréversibilité de la combustion est égale à la somme des exergies
apportées à l'air par la combustion. la compression et la récupération, diminuée de l'exergie en début
de détente (ou encore la différence entre l'exergie apportée par le combustible, et la variation
d'exergie de l'air entre les états P et C) :
E'1 + (Eb' - Eo) + (Ep - Eb') - Ec = 4719 kJ/kmol
On peut donc dresser le bilan exergétique suivant :
ACTIF : exergie du combustible 14369 kJ/kmol 57,5%
travail du compresseur 6583 kJ/kmol 26,3%
exergie fournie par la récupération 4058 kJ/kmol 16,2%
PASSIF : irréversibilité de la compression 577 kJ/kmol 2,3%
irréversibilité de la combustion 4719 kJ/kmol 18,9%
travail de détente 11972 kJ/kmol 47,9%
irréversibilité de la détente 783 kJ/kmol 3,1%
exergie fournie par la récupération 4058 kJ/kmol 16,2%
irréversibilité de la récupération 310 kJ/kmol 1,2%
perte d'exergie à l'ambiance 2591 kJ/kmol 10,4%
Cycle combiné
La turbine à gaz fonctionne suivant le cycle simple réel étudié précédemment; on s'y
rapportera pour obtenir les reprendra les données correspondantes :
- chaleur apportée par le combustible : Q1 = Hc - Hb' = 21866 kJ/kmol
- exergie du combustible : E1 = 21345 -
- travail du compresseur : Wcomp = 6582 kJ/kmol
- irréversibilité de la compression : 576 kJ/kmol
- irréversibilité de la combustion : 8479 kJ/kmol
- exergie de l'air en début de détente (tc= 900°C) : Ec =19714 kJ/kmol
- travail de la turbine de détente : Wdét = 11972 kJ/kmol
- irréversibilité de la détente : 783 kJ/kmol
- exergie de l'air en fin de détente
(td' = 537,7°C ; Hd' = 15717 kJ/kmol; Ed' = 6959 kJ/kmol)
Pour le cycle à vapeur associé, nous
adoptons (fig.7.7) : T C
- vapeur vive : 50 bar et 500°C (<td')
- condensation : 0,04 bar.
Par ailleurs, nous adoptons une température
à la cheminée de 200°C.
On calcule aisément les fonctions
thermodynamiques relatives aux différents
D’
points des cycles (air et eau/vapeur), soit au
moyen de tables, soit au moyen des valeurs R
D
numériques disponibles en annexe, ou encore
B’
en se servant d'un logiciel adéquat. Ces S
B
valeurs sont disponibles dans les tables 7.4 Q M N
et 7.5.
Vérifions tout d'abord que la pression A
de la vapeur choisie (50 bar) est compatible O E E’ S
avec les exigences de l'échange calorifique : Figure 7.7
- production de vapeur par kmol d'air :
Hd' − H q 15717 − 5182
p= = =
H r − H o' 3434 − 121,4
3,18 kg vapeur/kmol air
- enthalpie de l'air au début du palier de vaporisation (point S) :
Hs =Hd' - p (hr - h'm) = 15717 - 3,18 x (3434 - 1154) = 8467 kJ/kmol
- d'où par interpolation : ts = 307,6°C
La perte d 'exergie à l'ambiance (cheminée) est égale à l'exergie de l'air à 200°C, soit :
Eq = Hq - Ho - To (Sq - So) = 1252 kJ/kmol
La perte par irréversibilité de la transmission gaz-vapeur est égale à la différence entre l'exergie
perdue par l'air (D'-Q) et l'exergie reçue par la vapeur (R-O) soit :
6959-1252 - 3,18 x (1425,4-1,3) = 1178 kJ/kmol air
Etudions ensuite la détente de la vapeur :
-pour la détente isentropique RE, on calcule le titre final :
sr − s' 6,9762 − 0,4214
xe = = = 0,8141
s"-s' 8,475 − 0,4214
- d'où : he = h' + xe (h" - h') = 121,4 + 0,8140 x (2433) = 2102 kJ/kg
- et, compte tenu du rendement adiabatique :
he' = hr - (hr - he) . ηad = 3434 - (3434 - 102) x 0,85 = 2301 kJ/kg
h e' − h' 2302 − 121
- d'où : xe' = = = 0,8963
h"-h' 2554 − 121
- et partant : se' = s' + xe' (s" - s') = 0,4225 + 0,8963 x (8,475 - 0,4225) = 7,637kJ/kg
On déduit finalement de ce qui précède :
- le travail produit par la turbine à vapeur :
Wvap = p (hr - he') = 3,18 x (3434 - 2301) = 3602 kJ/kmol
Conclusions
Les bilans exergétiques des cycles réversibles sont résumés au tableau 7.6.
Le cycle idéal ne comporte qu'une seule perte d'exergie, laquelle résulte exclusivement de la
combustion. Le cycle théorique sur lequel se fonde le cycle réel de la turbine à gaz, comporte en
outre une perte d'exergie à basse température, laquelle correspond à l'échange calorifique avec
l'ambiance du gaz détendu ; il en résulte une diminution considérable du rendement (thermique ou
exergétique) du cycle.
Les bilans d'exergie des cycles réels sont également présentés au tableau 7.6, ils se distinguent
essentiellement des cycles réversibles par l'apparition de pertes d'exergie nouvelles. Ces pertes
proviennent d'une part des irréversibilités mécaniques (compresseur et turbine(s) ) , d'autre part, des
pertes d'exergie engendrées par l'écart de température nécessaire à l'échange calorifique (récupé-
rateur ou chaudière de récupération et condenseur).
Dans la turbine à gaz où le travail consommé par le compresseur est loin d'être négligeable, les
pertes internes qui affectent à la fois le compresseur et la turbine, ne sont manifestement pas
proportionnelles au travail utile, contrairement au cas du cycle à vapeur Mais, on peut montrer que
pour une température maximale donnée, les pertes internes sont à peu près inversement
proportionnelles au facteur de puissance défini par :
l'ordre de 52%. Des cycles à trois pressions sont en construction, avec des rendements annoncés
approchant les 55 %.
Au terme de cette analyse, il apparaît que, grâce à l'application du cycle combiné, il est devenu
possible de réduire d'une manière satisfaisante les irréversibilités affectant les échanges thermiques.
Mais il reste qu'environ un tiers de l'exergie du combustible est perdue par l'irréversibilité de la
combustion. Cette irréversibilité pourrait cependant être réduite, du moins en principe, en alimentant
le cycle combiné au moyen d'un générateur magnétohydrodynamique, lequel assurerait une
production directe d'électricité par détente des gaz de combustion produits à très haute température.
Cependant, en dépit des efforts qui ont été faits pour maîtriser cette technologie nouvelle, il semble
bien que les difficultés engendrées par les très hautes températures en cause, ne puissent être
résolues, du moins actuellement.
Enfin, des études prometteuses sont actuellement en cours, en vue de substituer, notamment
dans les cycles combinés, le charbon aux combustibles plus coûteux, principalement le gaz naturel et
le fuel léger, qui sont généralement utilisés pour l'alimentation des turbines à gaz. Parmi les voies
explorées, il convient surtout de citer l'alimentation par gazogène et la combustion sous pression en lit
fluidisé.
Chaudière de récupération
La chaudière de récupération qui assure la liaison entre le cycle à gaz et le cycle à vapeur, est
le siège d'une irréversibilité de l'échange calorifique ; celle-ci est a priori assez importante en raison
de l'existence d'un palier de vaporisation d'autant plus étendu que la pression de vapeur est limitée
par le niveau de température modeste. Mais, comme on l'a vu à la fin du chapitre 6, cette
irréversibilité peut être atténuée par le recours à un cycle à deux pressions de vapeur vive.
La chaudiêre de récupération consiste en une succession d'échangeurs dans lesquels le fluide
chauffant est constitué par les gaz d'échappement de la turbine à gaz tandis que le fluide chauffé est
de l'eau, sa vapeur, ou bien un mélange saturé des deux. On se trouve dès lors dans la situation où
l'on a affaire à un médiocre coefficient de convection du côté des gaz, cependant que ce coefficient
est nettement plus élevé du côté de l'eau ou de sa vapeur à haute pression. Or on sait que pour
améliorer l'échange calorifique, il faut s'efforcer d'améliorer celui des deux échanges convectifs qui
est le plus défavorable.
Une telle amélioration peut être obtenue indirectement en garnissant d'ailettes la surface
extérieure des tubes, laquelle est directement en contact avec les gaz.
Enfin la conception même de la chaudière de récupération doit favoriser la réduction de
l'irréversibilité thermique, cette exigence étant au mieux satisfaite par la circulation méthodique des
deux fluides, comme discuté au chapitre 4.
GENERALITES
Transformation polytropique
La polytropique désigne une transformation thermodynamique effectuée par un gaz parfait,
laquelle est caractérisée par une valeur constante du rapport ψ de la variation d'énergie interne à la
quantité de chaleur échangée q. On a ainsi :
∆u = ψ . q et w = (1 - ψ) . q (1)
où w représente le travail effectué.
Sous forme différentielle, les relations (1) s'écrivent :
du = ψ . δq et δw = (1 - ψ ) . δq (2)
et, par suite :
du 1
δq = = c dT = c dT (3)
dψ ψ v
Le rapport cv/ψ que nous désignons par c, représente la chaleur massique (apparente) du
processus polytropique.
En introduisant dans le principe d'équivalence l'expression du travail il vient:
δq = du + p . dv = cv . dT + p . dv (4)
or par (3) :
δq = c . dT
d'où (c - cv) . dT = p . dv (5)
De même, le premier principe peut encore s'écrire :
δq = cp . dT - v . dp
et par (3) : δq = c . dT
d 'où (c - cp) . dT = -v . dp (6)
En divisant membre à membre les relations (6) et (5) , il vient
c - cp v dp
= - = k (7)
c - cv p dv
c - cp
en posant : k =
c - cv
dv dp
La relation (7) peut encore s 'écrire : k + =0
v p
Conformément à la définition qui en a été donnée au chapitre 5, nous appelons t.m.i. relative à
la transformation réversible 12, le rapport de la quantité de chaleur q12 échangée au cours de celle-
ci, à la variation d'entropie correspondante, soit :
q 12
T12 = (9)
S 2 − S1
Comme on l'a vu au chapitre 5, la t.m.i. est représentée sur le diagramme entropique par la
hauteur du rectangle lLNn ayant même aire que la surface l12n située sous la courbe 12
représentative de la transformation considérée (fig. 5.5).
Pour une transformation polytropique 12 caractérisée par la constance de sa chaleur massique
c, on peut écrire :
q12 = c . (T2 - T1) (10)
2 c dT T2
et s2 − s1 = ∫ = c.ln (11)
1 T T1
On obtient alors l'expression de la t.m.i. relative à la transformation polytropique 12 en
remplaçant dans la relation (9), la quantité de chaleur q12 et la variation d'entropie (s2 - s1) par
leurs expressions respectives (10) et (11) , soit :
T2 − T1
T12 = (12)
T2
ln
T1
En particulier, la t.m.i. relative à une isochore ou à une isobare, est donnée par l'expression
(12), d'ailleurs indépendante de la valeur particulière de cv ou de cp
Considérons un fluide qui subit successivement deux transformations réversibles 12 et 23, par
exemple une isochore suivie d'une isobare. Par définition de la t.m.i., on a :
q 12
- pour la transformation 12 : T12 = (13)
S 2 − S1
q 23
- pour la transformation 23 : T23 = (14)
S3 − S 2
De même, on a pour la transformation totale 13 :
q13 q12 + q 23
T13 = =
S3 − S1 (S2 − S1) + (S3 − S2 )
(15)
T12 (S 2 − S1 ) + T23(S 3 − S2 )
T13 =
(S 2 − S1 ) + (S 3 − S 2 )
(16)
Il s'ensuit que la t.m.i. résultante T13 est une moyenne pondérée des t.m.i. relatives aux
transformations partielles.
Cycle de Carnot
Considérons une source chaude et une source froide se trouvant toutes deux à température
constante. Supposons qu'un gaz effectue un cycle de transformations réversibles en échangeant de la
chaleur avec ces deux sources. Un tel cycle se composera nécessairement des quatre
transformations suivantes :
- La source chaude fournit de la chaleur au gaz d'une manière réversible, ce qui ne peut se
faire que par une détente isotherme de celui-ci, puisque la source est à température
constante T1.
- Le gaz est ensuite amené à la température de la source froide au moyen d'une détente
adiabatique et réversible; il est en effet exclu d'envisager un échange calorifique avec l'une
ou l'autre des deux sources puisqu'un tel échange se ferait avec un écart de température
non nul, ce qui est incompatible avec la réversibilité qui a été postulée.
- Ayant préalablement atteint la température de la source froide, le gaz cède à celle-ci de la
chaleur selon une transformation qui ne peut être qu'une compression isotherme à To.
- Enfin le gaz est ramené à la température de la source chaude par une transformation
réversible qui exclut tout échange calorifique et qui sera, dès lors, une compression
adiabatique.
La conception de ce cycle de transformations nous conduit inéluctablement au cycle de
Carnot qui apparaît ainsi comme, sinon le seul, du moins le processus le plus simple permettant
d'effectuer la conversion de la chaleur en travail dans les conditions envisagées, à savoir en ayant
recours aux deux seules sources à température constante, en supposant les transformations
réversibles et en utilisant un gaz comme fluide moteur.
Tel qu'il vient d'être décrit, le cycle de Carnot n'a aucune portée pratique directe puisqu'il ne
constitue le cycle théorique d'aucune des machines motrices thermiques actuellement utilisées. il
présente néanmoins un grand intérêt; en effet, il fournit un moyen d'investigation efficace pour étudier
la conversion de la chaleur en travail. A ce propos, il convient de rappeler le théorème de Carnot qui
s'énonce comme suit : Tous les cycles réversibles fonctionnant à l'aide de deux mêmes sources de
chaleur, ont même rendement. On sait d'ailleurs que le rendement du cycle de Carnot s'écrit :
T0
η = 1−
T1
T4 T3
−1 −1
T −T T1 T2
T41 = 4 T 1 = T1 T et T23 = T2 T (21)
ln 4 ln 4 ln 3
T1 T1 T2
En combinant l'expression de la polytropique et l'équation d'état, on a :
pv T4 p 4 v4
T= =
R d'où T1 p1v1
p 4 v1k
k
p v = constante d'où =
p1 v4k
p 2 v 3k p 4 v1k
= =
p 3 v 2k et p1 v4k
k
p2 p4 v3 v1
d'où = (24)
p3 p1 v2 v4
et pour les adiabatiques :
γ γ
p4 v3 p 2 v1
= =
p3 vγ et p1 v γ
4 2
γ
p2 p4 v3 v1
d'où = (24)
p1 p3 v4 v2
En égalant les seconds membres de (24) et (25), il vient :
k γ
v3 v1 v v1
= 3
v2 v4 v2 v4
En passant au logarithme, on montre que si k ≠ γ, ce qui est évident, cette égalité ne peut être
vérifiée que pour :
v3 v1
=1
v2 v4
v1 v 2
ce qui conduit bien à prouver que : =
v 4 v3
Par suite, les seconds membres des relations (22) sont égaux, et on en déduit que :
T4 T3
= (26)
T1 T2
et partant, le rapport des t.m.i. dont les expressions sont données en (21), peut s'écrire :
T41 T1
= (27)
T23 T2
Dès lors, l'expression (20) du rendement prend la forme :
T1
η = 1− (28)
T2
Nous pouvons ainsi tirer les conclusions suivantes :
1) Tous les cycles réversibles échangeant de la chaleur selon deux polytropiques données de
même espèce (même c et partant même k) ont le même rendement; ainsi par exemple, les
cycles 12341 et 123'4'1 (figure 8.1) sont équivalents.
2) Ce rendement est égal à celui d'un cycle de Carnot effectué entre deux sources
respectivement à T2 et T1, ces deux températures étant déterminées par les intersections
des deux polytropiques données avec une isentropique arbitrairement choisie.
3) Dans le cas particulier où les deux polytropiques sont des isothermes (k = 1) , on retrouve
évidemment le cycle de Carnot évoluant entre les températures T2 et T1, c'est-à-dire le
cycle 123"4"1 (figure 8.1).
4) Nous avons ainsi étendu le théorème de Carnot au cas des cycles réversibles effectués
entre deux sources à température variable, dans la mesure où les échanges calorifiques
correspondants sont régis par une même loi polytropique.
et
T4
S4 − S1 = C" ln
T1
(30)
Comme les variations d'entropie sont égales, il vient en égalant les seconds membres de (30) :
T
ln 3
T2 C" 1
T4 = C' = n (31)
ln
T1
C'
en posant n=
C"
D'autre part, (31) peut encore s 'écrire :
T3 T4
n ln = ln
T2 T1
n
T4 T3
d'où = = θn (32)
T1 T2
T3
en posant θ=
T2
1 θ n − 1 T1
η = 1− (35)
n θ − 1 T2
Les températures T1 et T2 qui déterminent les deux polytropiques étant fixées a priori,
proposons nous d'étudier la variation du rendement en fonction de θ.
Pour ce faire, calculons la dérivée :
d θ n − 1 ( θ − 1) n θ
=
n-1
(
- θn − 1 )
=
N
(36)
dθ θ − 1 ( θ − 1) 2 D
Le dénominateur D étant essentiellement positif, la dérivée aura même signe que son
numérateur N; il s'agit de discuter le signe de la fonction :
( )
N( θ) = ( θ − 1) n θ n-1 - θ n − 1 = ( n − 1) θ n − n θ n-1 + 1
d θ n − 1
La fonction N(θ) et par suite la dérivée , ont le signe de (n - 1) qui est ici positif.
dθ θ − 1
il s'ensuit que le second terme du rendement est une fonction croissante de θ et qu'en fin de compte,
le rendement est une fonction décroissante de cette variable. Par suite, le rendement décroît
lorsqu'on augmente la chaleur apportée à haute température au cycle.
d θ n − 1
La fonction N(θ) et par suite la dérivée , ont le signe de (n - 1) qui est ici négatif
dθ θ − 1
Il s'ensuit que le second terme du rendement est une fonction décroissante de cette variable. Par
conséquent, le rendement croît lorsqu'on la chaleur apportée à haute température au cycle.
Nous pouvons ainsi tirer les conclusions suivantes :
1) Les cycles réversibles effectués entre deux polytropiques données mais d'espèces
différentes (C' ≠ C") ont des rendements qui dépendent du rapport des températures
délimitant l'échauffement, donc aussi de l'importance de cet apport de chaleur.
2) Lorsque la chaleur spécifique C' (relative à l'échauffement) est supérieure à la chaleur
spécifique C" (relative au refroidissement ) le rendement est une fonction décroissante de
θ.
3) Lorsque la chaleur massique C' est inférieure à C", le rendement est une fonction croissante
de θ.
4) Toutes autres choses égales, notamment θ et n, le rendement est une fonction croissante du
rapport T2/T1.
2 4
4
O 1 1
v S
Figure 8.3 : diagramme PV Figure 8.4 : diagramme TS
Cycle de Beau de Rochas Cycle de Beau de Rochas
Le cycle de Beau de Rochas est caractérisé par deux paramètres : le rapport volumétrique de
compression ε = v1/v2 et le rapport de pression λ = p3/p2. Ce cycle réversible échange de la
chaleur avec deux sources à température variable selon deux isochores, c'est-à-dire deux
polytropiques de même espèce. Il est donc justiciable de l'extension du théorème de Carnot
développée au début de ce chapitre, dont nous tirons l'expression générale de son rendement :
T1
η = 1− (37)
T2
En combinant l'équation d'état et celle de l'adiabatique, il vient :
γ −1
T2 v1
= = ε γ −1 (38)
T1 v 2
D'où finalement l'expression classique du rendement :
1
η = 1 − γ −1 (39)
ε
On déduit les conclusions suivantes de l'extension du théorème de Carnot et de l'expression
(39) du rendement qui en découle :
1) Le cycle étudié est équivalent à un cycle de Carnot effectué entre les températures T2 et
T1.
2) Le rendement du cycle étudié est une fonction croissante du rapport volumétrique de
compression ε.
3) Le rendement est indépendant du rapport de température T3/T2 (ou du rapport de
pression p3/p2 = λ); il est dès lors indépendant de la charge de moteur.
4) Dans la mesure où l'on se fixe une valeur maximale de T3, le rendement tend, pour des
valeurs croissantes de ε, vers une limite qui correspond au rendement du cycle de Carnot
entre les températures T3 et T1.
Par ailleurs, le rapport T3/T2 (et partant λ) dépend de la quantité de chaleur fournie au gaz
par cycle. Si son accroissement augmente la puissance spécifique du moteur, sa valeur ne peut
toutefois dépasser une certaine limite qui est fixée par la quantité de combustible pouvant être brûlé
complètement dans l'air qui a subi la compression. Enfin, il existe une limite pratique au rapport ε;
cette limite est imposée par l'apparition du phénomène de détonation.
Cycle de Diesel
Le cycle de Diesel, cycle de référence du moteur portant le même nom, se compose des
transformations réversibles suivantes (fig.8.5 et 8.6) :
- compression adiabatique 12
- échauffement isobare 23
- détente adiabatique 34
- refroidissement isochore 41
Le cycle de Diesel est caractérisé par deux paramètres : le rapport volumétrique de
compression ε = v2/v1 et le rapport de volume ρ = v3/v2. Ce cycle échange de la chaleur avec
deux sources à température variable selon l'isobare 23 et l'isochore 41 respectivement, c'est-à-dire
selon deux polytropiques d'espèces différentes. L'expression du rendement est dès lors donnée par
la formule (35).
Il vient ainsi, en substituant γ à n puisque C' = Cp et C" = Cv et en considérant qu'en vertu de
l'équation d'état appliquée à la transformation isobare 23, le rapport de température θ= T3/T2 est
égal au rapport de volume ρ :
1 ργ − 1 T1
η = 1− (40)
γ ρ − 1 T2
p 2 3 T
p=const
2 4
v=const
4
O 1 1
v S
T2 = T1 ε γ −1 (41)
On obtient finalement l'expression du rendement :
1 ργ − 1 1
η = 1− (42)
γ ρ − 1 ε γ −1
Les propriétés suivantes du cycle de Diesel se déduisent du paragraphe relatif au cycle
effectué entre deux polytropiques d'espèces différentes, ainsi que de l'expression (42) qui en
découle:
1) Le rendement est fonction du rapport de température T2/T1 et partant du rapport
volumétrique de compression ε; l'expression (42) indique qu'il croît avec ce paramètre.
2) La chaleur massique Cp relative à l'échange calorifique à haute température selon 23, étant
supérieure à la chaleur massique Cv relative à l'échange à basse température selon 41, le
rendement est une fonction décroissante du rapport de température θ=T3/T2; par
conséquent, il est aussi une fonction décroissante du rapport de volume ρ. Ainsi, le
rendement du moteur décroît lorsque sa charge augmente.
3) Lorsque le rapport ρ diminue en tendant vers l'unité, on peut montrer que la valeur du
rendement tend vers celle d'un cycle de Carnot effectué entre T2 et T1.
La diminution du rapport ρ est, comme nous l'avons vu, bénéfique au rendement; elle présente
cependant l'inconvénient de réduire la quantité de chaleur reçue par cycle, ce qui entraîne une
diminution concomitante de la puissance spécifique du moteur. D'ailleurs, le rapport ρ ne peut
dépasser une certaine valeur imposée par la quantité de combustible qui peut être brûlé
complètement dans l'air disponible.
Le cycle de Sabathé qui comporte un échauffement isochore suivi d'un échauffement isobare,
pourrait faire l'objet d'une étude basée sur la méthode développée précédemment. L'apport de
chaleur à haute température étant alors constitué de deux polytropiques successives mais d'espèces
différentes, on serait notamment amené à considérer ici la moyenne pondérée des t.m.i. relatives à
l'isochore et à l'isobare correspondantes, comme indiqué dans la sectin précédente consacrée à la
t.m.i..
T
TURBINE A GAZ
C
C’
Cycle de Joule
B’ P2
En adoptant encore la théorie cyclique , le
cycle de Joule constitue le cycle théorique de la
D
turbine à gaz. Ce cycle se compose des B
transformations réversibles suivantes (fig. 8.7) :
- compression adiabatique AB P1
- échauffement isobare BC
A D’
- détente adiabatique CD
- refroidissement isobare DA
Le cycle de Joule échange de la chaleur avec S
deux sources à température variable, selon deux
Figure 8.7 : cycle de Joule
isobares, c'est-à-dire deux polytropiques de même
espèce. L'extension du théorème de Carnot est donc
applicable et nous en déduisons que le rendement du cycle de Joule s'écrit :
TA
η = 1− (43)
TB
En appliquant pour un gaz parfait l'équation d'état et l'expression de l'adiabatique, nous
obtenons pour la compression AB :
γ −1
TB
=β γ (44)
TA
P
où le rapport de pression β = B représente un paramètre du cycle.
PA
D'où l'expression du rendement du cycle de Joule :
1− γ
η =1−β γ (45)
Il résulte de l'extension du théorème de Carnot et plus spécialement de l'expression (45) qui
s'en déduit, les conclusions suivantes :
1) Le cycle de Joule ABCDA est équivalent à un cycle de Carnot effectué entre les
températures Tb et Ta.
2) Son rendement augmente avec le rapport Tb/Ta; il est dès lors comme le montre la relation
(44) , une fonction croissante du rapport de pression β.
3) Le rendement du cycle de Joule est indépendant de la température Tc, donc aussi de la
quantité de chaleur apportée à haute température.
On constate que le rendement croît, mais de moins en moins vite, au fur et à mesure que β
augmente; ainsi le rendement du cycle AB'C'D'A est supérieur à celui du cycle ABCDA. D'ailleurs,
il tend asymptotiquement vers une limite égale au rendement du cycle de Carnot effectué entre les
températures extrêmes Tc et Ta
Cycle à régénération C’ C
températures extrêmes Tc et Ta. D'autre part, la récupération n'est possible que dans la mesure où
Td n'est pas inférieure à Tb, ce qui fixe une limite supérieure au rapport de pression du cycle à
régénération.
D'une manière plus générale, la présente
T
étude peut être étendue au cycle dit "hexagonal"
(figure 8.10), lequel comporte notamment une 3 4
compression isotherme puis adiabatique, ainsi
qu'une détente isotherme puis adiabatique.
En pareil cas, il y aurait lieu de considérer P2
la t.m.i. de l'échange à haute température
(échauffement isobare et détente isotherme),
2
ainsi que la t.m.i. de l'échange à basse
5
température (refroidissement isobare et
compression isotherme), ces t.m.i. pouvant
s'exprimer par des moyennes pondérées (voir
P1
section sur la t.m.i. en début de ce chapitre).
1
L'échauffement isobare pourraît d'ailleurs 6
être partiellement effectué par récupération, ce
S
qui aurait pour effet de réduire le rapport inverse
des deux t.m.i., donc d'améliorer le rendement. Figure 8.10 : cycle mixte
Cycle de Rankine
Le cycle de Rankine constitue le cycle T
théorique des centrales nucléaires à vapeur. En
effet, les réacteurs nucléaires actuels réalisent
des sources de chaleur à température peu
élevée, ce qui explique le recours à un cycle à
vapeur sans surchauffe.
M N
Le cycle de Rankine se compose des
transformations réversibles suivantes (fig. 8.11) :
O
- échauffement de l'eau et vaporisation B
B
isobares OMN
- détente adiabatique NB
- condensation isobare (et isotherme) BO
S
- compression adiabatique de l'eau OO'
Figure 8.11 : cycle de Rankine
Comme le travail de compression OO' du
liquide est généralement négligeable vis-à-vis du travail produit par la détente, nous confondrons les
points O et O'.
Le rendement du cycle OMNBO peut s'écrire :
q bo
η = 1− T (46)
q on
Bien que la notion de polytropique ne
puisse s'appliquer à un fluide qui subit un
changement d'état, on peut toutefois appliquer
le concept de la t.m.i. aux échanges
calorifiques réversibles intervenant dans le K J
K1
cycle à vapeur. On a en effet : J1
K2
- pour l'échange à haute température : O
q =
on Ton . (sn - so) J2 (47)
- pour l'échange à basse température: qbo = Tbo . (sb - so) (48)
P B
En remplaçant dans (46) qon et qbo par
leurs expressions (47) et (48) , il vient, sachant
que sb = sn : S
Figure 8.12 : cycle à régénération
Tbo
η = 1− (49)
Ton
h n - ho
où l'on a : Tbo = To et Ton = (50)
sn - so
La relation (49) montre que le cycle de Rankine possède le même rendement qu'un cycle de
Carnot effectué entre les t.m.i. relatives aux sources à haute et à basse températures.
Pour l'échange à haute température qui comporte deux transformations successives, la t.m.i.
correspondante est égale à la moyenne pondérée des t.m.i. relatives à chacune d'elles, d'où :
Tom( sm - so ) + Tmn ( s n - sm )
Ton = (51)
s n - so
L'augmentation de la pression de vapeur vive pn (ou de sa température de saturation Tn)
entraîne deux effets distincts
- en ce qui concerne l'échauffement OM de l'eau, la t.m.i. Tom augmente ainsi que le "poids"
de cette t.m.i. dans la moyenne pondérée (51) qui détermine la t.m.i. globale Ton ;
- en ce qui concerne le palier de vaporisation, la température de saturation augmente tandis
que diminue le "poids" de cette température dans l'expression (51) de Ton.
En fin de compte, l'augmentation de la pression supérieure du cycle est toujours favorable
dans le domaine de l'échauffement de l'eau, mais elle peut être défavorable dans celui du palier de
vaporisation. L'action conjuguée de ces deux effets contradictoires, explique l'existence d'une
pression optimale de vapeur vive qui confère au cycle de Rankine son rendement maximal.
Les variations de la température de condensation étant très limitées, on peut négliger leur
influence sur la t.m.i. à haute température car elles n'affectent, faiblement d'ailleurs, que le domaine
de l'échauffement de l'eau. Par contre, une modification de la température de condensation agit
directement sur la valeur du rendement du cycle de Carnot équivalent. Il en résulte qu'une diminution
de la température (ou de la pression) de condensation, entraîne une augmentation appréciable du
rendement du cycle de Rankine.
Cycle à régénération
De la vapeur saturée se trouvant à l'état J (fig. 8.12) est détendue isentropiquement jusqu'à la
pression de condensation. Au cours de cette détente, on effectue des soutirages successifs en
nombre infini (soutirage continu). Le premier soutirage à lieu sous une pression inférieure à pk mais
ne différant de celle-ci que d'une quantité infiniment petite. La quantité de chaleur élémentaire
nécessaire pour échauffer de l'eau de K1 à K, doit être fournie par la condensation de la vapeur
prélevée au premier soutirage (en J). De même, la quantité de chaleur élémentaire nécessaire pour
échauffer de l'eau K2 à K1 doit être fournie par la condensation de la vapeur prélevée au deuxième
soutirage (en J1) , et ainsi de suite.
Dans le cycle envisagé, l'échauffement de l'eau est intégralement assuré par un échange
calorifique interne au cycle et réversible de surcroît, c'est-à-dire par régénération de la chaleur
fournie par la vapeur prélevée en cours de détente. il s'ensuit que ce cycle ne comporte que des
transformations réversibles et que les deux seuls échanges avec l'extérieur mettent à contribution
deux sources (chaude et froide) à température constante. Ce cycle est donc équivalent à un cycle de
Carnot fonctionnant entre les deux températures correspondantes, ceci en vertu du théorème de
Carnot.
Comme la seule chaleur reçue de la source chaude correspond au palier de vaporisation KJ,
on peut substituer au cycle à régénération OKJBO, le cycle de Carnot équivalent PKJBP. Il s'ensuit
que le rendement du cycle à régénération ne dépend que des seules températures de vaporisation et
de condensation (ou des pressions de saturation correspondantes) . Comme pour le cycle de Carnot
équivalent, le rendement du cycle à régénération sera toujours amélioré si la température de
vaporisation est augmentée et/ou si la température de condensation est diminuée.
Cycle de Hirn
Le cycle de Hirn se distingue du cycle de Rankine proprement dit par l'adjonction d'une
surchauffe NA de la vapeur (fig. 8.12); il est à la base des cycles réalisés dans les centrales
thermiques pour lesquelles la température élevée que possèdent les gaz de combustion, permet le
recours à une surchauffe importante.
Par définition de la t.m.i., on peut écrire :
q oa = Toa ( sa - so ) avec
ha - ho
Toa = (52)
sa - so
et l'on a :
q bo = To (s b - so ) (53) T
A
Cycle à resurchauffe
La comparaison des cycles de Hirn et de Rankine a montré l'intérêt qu'il y a, pour les cycles à
vapeur, de poursuivre l'échauffement isobare du fluide moteur jusqu'à une température aussi élevée
que possible. L'avantage ainsi obtenu de la surchauffe peut être augmenté en réalisant la détente
réversible de la vapeur d'abord selon l'isotherme AL, ensuite selon l'adiabatique LB (fig. 8.13); on
effectue ainsi le cvcle à resurchauffe isotherme OMNALBO.
La t.m.i. relative à l'échange à haute température peut s'écrire :
Toa (sa - so ) + Tal ( sl - sa ) T
Tol =
sl - so
A L
(56)
Comme la t.m.i. Tal se confond avec la
température maximale atteinte par la vapeur, il M
s'ensuit que Tal (=Ta) est supérieure à la t.m.i. N
Toa .
Par suite, la t.m.i. Tol relative à l'échange
O
a haute température sera accrue par
B
l'adjonction de la détente isotherme initiale, et
ceci d'autant plus que le "poids" de la t.m.i. Tal
sera élevé dans la moyenne pondérée (56).
S
On vérifie aisément que le rendement du Figure 8.13 : cycle avec resurchauffe
cycle étudié a pour expression :
To
η = 1− (57)
Tol
h -h
avec Tol = l o
sl - so
Il résulte de l'expression (57) et de la discussion relative à la t.m.i. Tol ci-dessus, que le
rendement est amélioré par la resurchauffe isotherme.
Toutefois, si l'allongement de l'isotherme AL entraîne une augmentation de la t.m.i. Tol, on ne
peut pas en conclure que le rendement du cycle en sera pour autant toujours amélioré. En effet, dès
que, par suite de cet allongement, le point B situé à l'intersection de l'adiabatique LB avec l'isobare
relative au condenseur, pénètre en zone de surchauffe, la température To qui intervient en (57) doit
être remplacée par la t.m.i. Tbo dont la valeur est d'autant plus supérieure à To que l'adiabatique LB
a été déplacée davantage dans le sens des entropies croissantes. C'est pourquoi, lorsqu'on augmente
l'importance de la resurchauffe isotherme, le rendement du cycle croit d'abord, passe ensuite par un
maximum, puis finit par diminuer. Le maximum est atteint pour une valeur optimale de la pression
intermédiaire qui caractérise le point L.
Il n'est pas possible de réaliser pratiquement la détente isotherme de la vapeur, mais on peut
approcher cette transformation idéale en effectuant après une détente adiabatique partielle AI, une
resurchauffe isobare IL. La t.m.i. relative à l'échange à haute température peut alors s 'écrire :
CONCLUSIONS
Les cycles théoriques à gaz sont composés d'une succession de transformations
polytropiques. Si l'on excepte le cas de l'adiabatique, la polytropique donne lieu à un échange
calorifique dont le niveau de température peut être caractérisé par la t.m.i. qui représente la
température constante d'une source énergétiquement équivalente. Quant à l'adiabatique, elle joue un
rôle particulier; en effet, elle seule permet de faire passer réversiblement le fluide d'un état d'équilibre
avec la source chaude, à un état d'équilibre avec la source froide. En principe, tout cycle comporte
deux transformations adiabatiques, encore que l'une d'elles puisse éventuellement disparaître (cycle
de Lenoir). On peut même concevoir des cycles dépourvus d'adiabatique, mais il faut alors faire
intervenir des échanges calorifiques internes (cycle de Stirling).
Le théorème de Carnot a été étendu aux cycles réversibles effectués entre deux polytropiques
de même espèce. Mais, lorsque les deux polytropiques ne sont pas de même espèce, le rendement
n'est plus indépendant de la quantité de chaleur apportée au cycle.
Le rendement d'un cycle est égal au complément à l'unité du rapport des quantités de chaleur
échangées respectivement à basse et à haute température. Pour tous les cycles théoriques, le rapport
de ces quantités de chaleur peut être remplacé par le rapport des t.m.i. correspondantes;
l'expression analytique du rendement s'en déduit aisément.
L'influence des paramètres du cycle sur son rendement s'étudie habituellement à partir de
l'expression analytique de celui-ci. Cependant, cette influence se révèle d'une manière plus directe et
plus intuitive en se basant sur l'extension du théorème de Carnot et sur ses prolongements. D'ailleurs,
le calcul du rendement à partir des t.m.i. ajoute à celui-ci un complément d'information intéressant;
en effet, les t.m.i. relatives aux échanges calorifiques à haute et à basse températures, permettent
d'apprécier l'importance des irréversibilités thermiques affectant chacun d'eux.
Dans le cas d'une vapeur à laquelle la notion de polytropique n'est pas applicable, la t.m.i. ne
se traduit plus par une fonction analytique simple. Cette t.m.i. est cependant déterminée par le
rapport de la variation d'enthalpie à la variation d'entropie correspondante pour la transformation
généralement isobare envisagée. Le rapport des quantités de chaleur échangées par un cycle à
vapeur avec les deux sources chaude et froide, pouvant encore être remplacé par le rapport des
t.m.i. correspondantes, le rendement s'en déduit directement.
La transformation isobare de l'eau en vapeur surchauffée implique trois transformations
successives. La comparaison des t.m.i. relatives à ces transformations partielles et de leurs
importances relatives, permet d'étudier lorsqu'on modifie les paramètres du cycle, l'influence de
chacune d'elles sur la t.m.i. relative à l'ensemble de l'échange à haute température, et partant sur le
rendement. Les cycles à vapeur sont améliorés par certains procédés (soutirage, resurchauffe et
même cycles binaires ou combinés) dont l'influence favorable s'explique aisément lorsqu'on raisonne
sur les t.m.i. relatives aux échanges calorifiques. En outre, l'optimisation de certains paramètres (p.
ex. la pression de resurchauffe) peut être justifiée par la même démarche.
D'une manière générale, tous les cycles théoriques des machines motrices thermiques peuvent
être ramenés à des cycles de Carnot équivalents. Dès lors, si le rôle fondamental du cycle de Carnot
est notoirement reconnu en thermodynamique théorique, son importance s'affirme également par ce
qui précède en thermodynamique appliquée.
La transposition des conclusions relatives à l'étude d'un théorique, à celles relatives au cycle
réel correspondant, nécessite la prise en considération des irréversibilités mécaniques et thermiques
internes au cycle. On a ainsi vu comment dans certains cas (cf. § 6.3), ces conclusions pouvaient
être considérablement modifiées sous l'effet de ces irréversibilités.
Le principe d'équivalence et le principe de Carnot constituent les fondements de la présente
étude. En effet, le premier principe conduit à l'expression du rendement en fonction des quantités de
chaleur échangées avec les sources chaude et froide, tandis que le second principe sur lequel repose
la définition de la t.m.i., permet ensuite d'exprimer ce rendement en fonction des t.m.i. relatives aux
deux échanges. La t.m.i. constitue donc, au même titre que l'exergie, une conséquence directe des
premier et second principes de la thermodynamique.
CYCLES THEORIQUES
Machine frigorifique
Le cycle de référence de la machine frigorifique est le cycle de Carnot inversé, effectué par
une vapeur. Son coefficient de performance (COP) se calcule au moyen de la formule classique (fig.
9.1) :
Q qr Tqr 253,15
ε= = = = 7,233
Q sp − Q qr Tsp − Tqr 288,15 − 253,15
où : Tsp est la température de la source chaude
(ambiance =15°C) T
Dans le cas où une surchauffe initiale C' C" de 10°C affecte la vapeur aspirée par le
compresseur, l'échange avec la source froide n'est plus isotherme; il s'effectue alors suivant B C' C"
(fig. 9.4). Il est alors nécessaire de calculer les t.m.i. relatives aux deux échanges à haute et à basse
températures du cycle.
T
Il vient ainsi :
D’
h d" - ha 380,92 − 228,54
A D Td" a = = = 304,46 K
sd" - sa 1,5964 − 1,0979
T
C”
10°C
B C’
D’
A D
S A’ 10°C
Figure 9.4
S
Tbc"
ε= = 3,983
Td "a − Tbc" Figure 9.3
Tb' c" B’ C’
ε= = 3,989
Td"a ' − Tb'c"
S
Figure 9.5
Enfin, dans le cas d'une compression biétagée
avec refroidissement intermédiaire réversible par prélèvement continu de fluide frigorigène en cours
de détente (fig. 9.6), on obtient en l'absence de sous-refroidissement et de surchauffe initiale :
h v - h a 366,98 − 228,54
Tva = = = 303,20 K
s v - sa 1,5545 − 1,0979
Tbc' = 243,15 K
Tbc '
ε= = 4,049
Tva − Tbc'
On peut montrer, par un calcul classique du cycle, que dans le cas, plus conforme à la réalité,
où le refroidissement intermédiaire se fait irréversiblement, le COP prend les valeurs suivantes :
- pour un refroidissement intermédiaire monoétagé MN : ε = 4,036
- pour un refroidissement intermédiaire biétagé (MS et SN) : ε = 4,043
Le tableau 9.2 indique, pour les différents cycles étudiés ci-dessus, les valeurs des COP ainsi
que celles des températures (température constante ou t.m.i.) relatives aux échanges thermiques avec
les sources chaudes (Tch) et froide (Tfr), utilisées dans le calcul.
Conclusions
1° Tous les cycles théoriques, c'est-à-dire non affectés par des irréversibilités internes au cycle,
sont assimilables à des cycles de Carnot inversés équivalents.
2° La comparaison des t.m.i., pour chacun des deux échanges thermiques externes, explique
l'influence des modifications apportées au C.O.P. par les différentes variantes du cycle. On
constate en effet les correspondances suivantes :
- le régime sec implique une augmentation de la t.m.i. relative à l'échange à haute
température, il en résulte une diminution du C.O.P.;
- le sous-refroidissement détermine une diminution de la t.m.i., relative à l'échange
thermique à haute température. Il en résulte une amélioration du C.O.P.;
- d'ailleurs la surchauffe initiale de la vapeur aspirée entraîne une augmentation de la t.m.i.
relative à l'échange à basse température. Par suite du relèvement correspondant de la
température finale de compression, elle entraîne aussi une augmentation de la t.m.i. de
l'échange à haute température. il s'ensuit une certaine compensation de ces deux effets
opposés, mais globalement, le C.O.P. est diminué.
3° La compression biétagée associée à un refroidissement intermédiaire (réversible !) et interne au
cycle, détermine une amélioration du C.O.P. Ceci résulte de l'abaissement de la température
finale de compression, d'où finalement une diminution de la t.m.i. relative à l'échange thermique
à haute température. Une multiplication des étages de compression conduirait donc, par suite
de l'abaissement consécutif de la température finale de compression, à une amélioration plus
importante du C.O.P. Ainsi, à la limite, pour un nombre d'étages de compression croissant
indéfiniment, le C.O.P. tendrait vers celui du régime humide correspondant.
4° Dans le cas d'un refroidissement intermédiaire irréversible, c'est-à-dire avec un écart de
température non infiniment petit, l'amélioration du C.O.P. apportée par la compression étagée,
est réduite. Cependant, quand le nombre des étages augmente, on se rapproche
progressivement du cas théorique de l'échange réversible. Les résultats des deux dernières
lignes du tableau 12 qui prennent cette irréversibilité en considération, en témoignent.
Pompe à chaleur
Le cycle de référence de la pompe à chaleur est encore le cycle de Carnot inversé, mais ici la
température de la source froide est identique à celle de l'ambiance. En ce qui concerne la pompe à
chaleur, les résultats du calcul des t.m.i. et des COP sont indiqués, pour les différentes variantes, au
tableau 9.1. Ils ont été obtenus pour des températures des sources chaude et froide respectivement
égales à 50°C et 15°C.
D'une manière générale, les conclusions élaborées pour la machine frigorifique peuvent
s'étendre à la pompe à chaleur. En particulier, les cycles théoriques peuvent ici encore être assimilés
à des cycles de Carnot inversés qui leur sont équivalents. Cependant, on peut y ajouter les
conclusions complémentaires qui suivent :
1° Entre deux niveaux de température donnés, le COP d'une pompe à chaleur est d'une unité
supérieur à celui de la machine frigorifique correspondante. On a en effet :
Q ch Q fr + W Q ch
ε PC = = = + 1 = ε MF + 1
W W W
2° Pour un même niveau moyen de température (T), le COP diminue lorsque l'écart (2∆T) entre
les températures extrêmes (éventuellement les t.m.i.) s'accroît. On a en effet :
Tch T + ∆T T 1
ε PC = = = +
Tch − Tfr 2 ∆T 2∆ T 2
BILANS EXERGETIQUES
Machine frigorifique
Le cycle idéal PQRS (fig. 9.1) n'est affecté par aucune irréversibilité. Dans ces conditions,
l'exergie enlevée à la source froide, augmentée du travail globalement dépensé, se retrouve
intégralement dans l'exergie cédée à la source chaude. Cependant, la source chaude étant ici
l'ambiance, il s'ensuit que l'exergie de la chaleur qui lui est cédée, ne peut avoir qu'une valeur nulle.
Dès lors, le bilan exergétique se réduit à un seul terme non nul pour le passif, à savoir l'exergie
prélevée à la source froide. En ce cas, le rendement exergétique, c'est-à-dire le rapport de l' exergie
enlevée à la source froide au travail dépensée, est égal à l'unité.
Le cycle théorique ABCD (fig. 9.1) prend en considération les écarts de température
nécessaires aux échanges thermiques avec les deux sources (tsp = 15°C; tgr = -20°C); il en résulte
deux irréversibilités thermiques externes au cycle. Le bilan exergétique s'établit alors comme suit, les
valeurs des enthalpies, entropies et exergies étant données au tableau 14 :
- travail dépensé :
W = (hd - hc) - (ha - hb) = 26,72 kJ
- exergie enlevée à - 20°C :
E = (hb - hc) hc = 14,97 kJ (56% de W)
avec hc = 1 - Tsp/Tqr
- perte d'exergie à l'évaporateur :
(eb - ec) - E = 5,06 kJ (19,0%)
- perte d'exergie au condenseur :
(ed - ea) - E' = 6,69 kJ (25,0%)
avec E' = 0 à la température ambiante.
- rendement exergétique :
ρ = E / w = 56,0%
- coefficient de performance :
ε = (hc - hb) / W = 4,05
La substitution dans le cycle d'une détente par laminage à l'isentropique (fig. 9.7), introduit une
irréversibilité mécanique à laquelle correspond l'absence de travail récupéré au cours de cette
transformation.
Pour le cycle avec un sous-refroidissement, une détente par laminage, une surchauffe initiale et
en régime sec, on a le bilan exergétique (fig. 9.10) :
- travail dépensé :
W = hd" - hc" = 37,00 kJ T
F
- perte ex. laminage :
D”
ea' - el' = 5,35 kJ (14,5%)
- exergie enlevée à -20°C : A D
Conclusions
Alors que la notion de température moyenne intégrée ne s'applique qu'aux cycles
théoriques, c'est-à-dire qui ne comportent aucune irréversibilité interne, l'analyse exergétique
s'applique indifféremment à tous les cycles, qu'ils soient théoriques ou réels.
Contrairement au bilan thermique qui ne tient compte que du seul principe d'équivalence, le
bilan exergétique prend également en considération le principe de Carnot. Il conduit ainsi, comme
c'était déjà le cas des machines thermiques motrices, à mettre en évidence les différentes
irréversibilités qui affectent l'installation, et aussi à en faire l'évaluation.
Le tableau 9.4 permet de comparer les performances des différents cycles que nous avons
analysés. De son examen, on peut tirer les conclusions suivantes :
1° Le cycle idéal ne comporte aucune irréversibilité, ni interne ni externe, d'où ρ=100%.
2° Le cycle théorique prend en considération les irréversibilités externes relatives aux
échanges avec les sources chaude et froide, d'où une importante diminution de ρ.
3° Les modifications dues au régime sec, au sous-refroidissement, à la surchauffe initiale,
n'affectent que faiblement ρ.
4° Les irréversibilités mécaniques internes au cycle, qui sont dues au laminage et au
turbocompresseur, engendrent d'importantes et nouvelles pertes d'exergie, lesquelles
réduisent encore sensiblement ρ.
En ce qui concerne les irréversibilités thermiques, la perte d'exergie peut être calculée en
utilisant la notion de t.m.i. En effet, d'une manière générale, la perte d'exergie relative à un échange
thermique peut s'exprimer comme suit :
T T 1 1
Q 1 − 0 − Q 1 − 0 = Q − T0
T T2 T2 T1
où T2, Tl et To sont respectivement les températures, ou les t.m.i. du fluide chauffé, du fluide
chauffant et de l'ambiance. Ainsi, on a par exemple pour la troisième variante (fig. 9.2), où T2 = To
= 288,15 K et Tl = Td'a = 303,56 K
1 1
(h d' − h a ) − T0 = 7,35 kJ
T2 T1
Rend. exergétique ρ MF 100,0 56,0 55,6 43,0 46,8 43,1 46,7 37,4
Coef. de performance ε MF 7,23 4,05 4,02 3,11 3,38 3,12 3,38 2,70
Pompe à chaleur
Les données générales concernant la pompe à chaleur sont analogues à celles indiquées au
paragraphe précédent, relatif aux machines frigorifiques, mais avec la différence essentielle que les
températures des sources chaude et froide sont ici respectivement égales à 50°C et 15°C. En
particulier, les figures où sont représentées les différentes variantes du cycle frigorifique, restent
valables pour les variantes correspondantes de la pompe à chaleur. Le tableau 9.4 présente les
différents bilans exergétiques de celle-ci; il appelle les observations suivantes :
1° D'une manière générale, les conclusions élaborées pour la machine frigorifique restent valables
pour la pompe à chaleur.
2° Par définition, on peut écrire les expressions suivantes du coefficient de performance et du
rendement exergétique :
exergie cédée à la source chaude Q Tamb
ρ= = 1 −
exergie dépensée E T
chaleur cédée à la source chaude Q
ε= = avec W=E
travail dépensé W
d'où :
ρ T
= 1 − amb
ε T
On en conclut que le rapport du rendement exergétique au coefficient de performance est égal
au rendement d'un cycle de Carnot effectué entre la température de la source chaude et celle
de l'ambiance. Cette conclusion, qui peut d'ailleurs s 'étendre à la machine frigorifique, se
confirme aisément en calculant la valeur du rapport ρ/ε pour les différents cas du tableau 9.4.
3° Le rendement exergétique (et aussi le coefficient de performance) est plus élevé pour la
pompe à chaleur que pour la machine frigorifique. Ceci résulte d'une part, de ce que dans le
premier cas, le travail dépensé participe à la production de chaleur utile, d'autre part, de ce
que l'élévation du niveau moyen de température, réduit, pour chacun des deux échanges
thermiques considérés, l'irréversibilité thermique lorsque la température augmente.
Cp moyen
CpAv = (h(T)-h0)/(T-T°)
0 15 100 200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800
273.15 288.15 373.15 473.15 673.15 873.15 1073.15 1273.15 1473.15 1673.15 1873.15 2073.15
N2 28.796 28.843 29.104 29.403 29.980 30.528 31.045 31.533 31.991 32.420 32.819 33.188
O2 29.397 29.471 29.878 30.334 31.175 31.927 32.598 33.195 33.725 34.195 34.613 34.985
Ar 20.781 20.780 20.781 20.781 20.781 20.781 20.781 20.781 20.781 20.781 20.781 20.781
H2 28.729 28.739 28.800 28.882 29.079 29.313 29.580 29.874 30.191 30.525 30.871 31.223
H2O 32.737 32.830 33.354 33.967 35.181 36.375 37.542 38.677 39.775 40.830 41.837 42.791
CO 28.724 28.777 29.073 29.413 30.062 30.671 31.239 31.766 32.253 32.699 33.104 33.470
CO2 37.435 37.707 39.194 40.824 43.723 46.176 48.227 49.923 51.307 52.425 53.322 54.043
CH4 34.825 35.246 37.637 40.448 46.002 51.351 56.359 60.891 64.811 67.982 70.270 71.539
C2H6 50.822 51.876 57.673 64.123 75.873 86.177 95.140 102.865 109.457 115.022 119.663 123.485
C3H8 71.072 72.747 81.874 91.847 109.497 124.408 136.965 147.555 156.563 164.376 171.378 177.956
C4H10 95.010 97.014 108.045 120.321 142.580 161.754 177.808 190.709 200.423 206.916 210.155 210.104
C4H10 94.103 96.249 107.959 120.790 143.548 162.725 178.669 191.727 202.246 210.574 217.058 222.046
C8H18 182.014 186.159 208.690 233.196 276.234 312.190 342.126 367.105 388.190 406.443 422.927 438.704
C10H22 226.034 231.177 259.120 289.483 342.716 387.091 423.963 454.692 480.632 503.143 523.581 543.303
C12H26 270.235 276.377 309.734 345.964 409.435 462.280 506.130 542.615 573.367 600.016 624.193 647.528
H3N 35.234 35.464 36.786 38.368 41.549 44.637 47.489 49.962 51.914 53.203 53.688 53.225
N2O 38.128 38.459 40.223 42.062 45.084 47.413 49.270 50.873 52.442 54.197 56.358 59.143
NO 29.780 29.807 29.978 30.210 30.757 31.369 31.996 32.589 33.098 33.471 33.658 33.610
NO2 36.352 36.626 38.119 39.750 42.603 44.914 46.688 47.927 48.636 48.817 48.475 47.612
CH4O 42.855 43.445 46.789 50.694 58.243 65.161 71.104 75.730 78.698 79.665 78.288 74.226
C2H6O 63.353 64.601 71.438 78.972 92.401 103.656 112.753 119.710 124.543 127.268 127.902 126.460
H2S 34.061 34.155 34.723 35.464 37.111 38.861 40.574 42.108 43.322 44.074 44.225 43.633
O2S 39.245 39.559 41.231 42.981 45.849 48.011 49.624 50.849 51.844 52.769 53.784 55.048
O3 38.717 39.080 41.009 43.006 46.213 48.542 50.197 51.380 52.297 53.149 54.142 55.478
C 8.549 8.549 8.549 8.549 8.549 8.549 8.549 8.549 8.549 8.549 8.549 8.549
S 23.491 23.491 23.491 23.491 23.491 23.491 23.491 23.491 23.491 23.491 23.491 23.491