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PARAMETRES ET INFLUENCES
MAGNETIQUES ET ELECTRIQUES
INTERVENANT DANS LE CALCUL DES
LIGNES ELECTRIQUES
Chapitre : 11
11.1. INTRODUCTION
Les problèmes du réglage de la tension et de la stabilité des réseaux de transport et de
distribution d'énergie sont liés aux caractéristiques des génératrices, des récepteurs et des
liaisons. Dans les cours “Electricité appliquée” et “Génie électrique”, des modèles
d’alternateurs et de transformateurs ont été ou seront établis. Il convient également d’établir
des modèles de lignes.
La capacité a peu d'influence dans le cas de lignes courtes à basse tension, mais elle prend
une grande importance dans le calcul des régimes de fonctionnement des lignes à haute
tension de grande longueur. La conductance latérale due aux pertes d'énergie dans l'isolement
qui entoure ou supporte les conducteurs peut être très appréciable dans certains cas.
Dans ce chapitre 11 sont développées les méthodes de calcul des grandeurs caractéristiques
que sont la résistance ohmique (affectée éventuellement par l'effet pelliculaire), l'inductance,
la capacité, la conductance latérale. Les lignes homogènes sont caractérisées par les valeurs
de ces paramètres par unité de longueur que l'on appelle paramètres linéiques.
Dans ce chapitre, le problème des influences des lignes de transport d'énergie sur les lignes
de télécommunication est également traité.
Dans la deuxième partie du cours qui traite des éléments constitutifs des réseaux de transport
et de distribution d'énergie électrique, les chapitres 21 et 22 sont destinés à exposer de
manière détaillée ce qui a trait à la construction des lignes aériennes et des lignes
souterraines. Ci-après, les caractéristiques constructives essentielles de ces lignes sont
brièvement décrites de manière à ce que le lecteur puisse aborder en connaissance de cause
l'étude des procédés de calcul de leurs paramètres électriques.
Les supports des lignes aériennes sont, suivant les sollicitations à supporter et les hauteurs
à atteindre, des poteaux en bois ou en béton d’une douzaine de m de hauteur ou des pylônes
en treillis d’acier de plus de 75 m.
Les isolateurs, en porcelaine ou en verre, se présentent sous deux formes : isolateurs rigides
(ou à tiges) utilisés jusqu'aux tensions de 15 kV et les isolateurs de suspension composés
généralement de plusieurs éléments accrochés les uns aux autres. Ces derniers sont employés
jusqu’aux tensions les plus élevées (chaînes d'isolateurs).
Les conducteurs sont des câbles constitués de brins toronnés de cuivre ou d'aluminium ou
d'alliages spéciaux d'aluminium à haute résistance mécanique (Figure 11.2-1, reproduite de
[B.10-0]). En Belgique, les “conducteurs clos” (Figure 11.2-2) sont maintenant fort utilisés.
Les couches extérieures sont réalisées en fils profilés en forme de Z. Leur surface extérieure
est quasi cylindrique, striée de rainures hélicoïdales. Ils présentent des avantages de réduction
du diamètre à section utile égale et de réduction du coefficient de traînée.
La Figure 11.2-5 montre une ligne triphasée à isolateurs de suspension sur poteaux en béton.
Sur la Figure 11.2-7, nous voyons un pylône d'alignement supportant 2 lignes triphasées (=
à 2 ternes) à 400 kV surmontées chacune d'un fil de terre.
De tels pylônes sont des constructions métalliques très importantes dont la hauteur lors des
traversées de larges cours d'eau peut dépasser 100 m.
1
La tension par laquelle une ligne triphasée est dénommée est la valeur efficace de la tension nominale
U entre conducteurs de phases.
Les câbles isolés des lignes à basse ou à haute tension, destinés à être enterrés, immergés,
déposés en caniveaux ou parfois suspendus à des poteaux, se composent des éléments
suivants, représentés à la Figure 11.2-8 dans une exécution monopolaire.
Dès que l'intensité du courant à transporter est quelque peu élevée, cette âme est subdivisée
en conducteurs toronnés afin de conserver au câble une flexibilité suffisante.
2
Il ne sera pas question ici des câbles à isolation gazeuse déjà fortement utilisés pour des liaisons
courtes (-250 m) à fortes puissance (2000 MW) dans une technologie dérivée de celle des postes blindés
(isolant = SF6). Certains prévoient l’utilisation de câbles à isolation d’Azote sous forme d’électroducs pour
remplacer les lignes aériennes à 400 kV. La mise au point industrielle n’est toutefois pas prévue avant 2005.
4. Des écrans en matériaux conducteurs (papiers graphités ou métallisés dans les câbles isolés
au papier imprégné, et matière plastique conductrice dans le cas des câbles à isolation
synthétique) sont disposés, d’une part sur le conducteur et d’autre part, sur la partie externe
de l’enveloppe isolante. Ces écrans permettent de lisser le plus possible les irrégularités
géométriques des conducteurs et d’éviter les accroissements locaux de champ électrique.
Les câbles souterrains en usage dans les lignes de transmission d'énergie rentrent dans l'une
ou l'autre des catégories suivantes :
Figure 11.2-13
La Figure 11.2-13 représente une coupe dans un câble aérien autoporté pour 6,6 kV.
1. Généralités
Les formulaires, ainsi que les prescriptions des organismes de normalisation indiquent
généralement les valeurs de la résistivité des conducteurs à 20EC (ρ20) ou à 0EC (ρ0). Pour une
autre température θ comprise entre -100 et +100EC, on calcule la valeur de la résistivité ρθ
par la formule :
ρθ ' ρ20 [1 % α20 (θ&
&20)] (11.2!2)
α20 étant le coefficient de température de la résistivité à 20E C donné également dans les
tables.
Câbles
Cuivre Alumini Almélec Bronze Acier
um ou Alumini Alumini
Aldrey um- um-
acier acier
7 brins 37 brins
Masse volumique du métal fondu à O°C (kg/dm³) 8,80 2,60 - - - - -
Masse volumique du métal écroui pour ligne O°C (kg/dm³) 8,95 2,70 2,70 7,4 à 8,9 7,85 3,55 3,85
Température de fusion (°C) 1 083 658 - - - - -
Chaleur spécifique (J/kg/K) 395 880 920 - 450 - -
Conductivité thermique 106 J/m/K) 1,34 0,67 - - 0,19 à 0,25 - -
Résistivité (Ω mm²/m à 20°C) Métal pur recuit 0,017241 0,0263 - - - * *
Métal écroui pour ligne 0,01786 0,028264 0,0325 0,019 à 0,060 0,10 à 0,25 * *
Coefficient de température de la résistivité à 20°C (1/K) 0,00393 0,00403 0,0036 0,004 - - -
Coefficient de dilatation linéaire (10-6/K) 18 23 23 17,6 11,5 18,2 17,25
Module d’élasticité du fil (10³ N/mm²) 83 66 - 130 - - -
Module d’élasticité du câble (N/mm²) - 53 66 83 à 101 215 77 85
Limite d’élasticité (N/mm²) 250 à 270 110 à 120 - 300 à 400 900 160 170
Tension de rupture, métal recuit (N/mm²) 220 90 - - - - -
Tension de rupture, métal écroui (N/mm²) 410 200 310 à 370 450 à 800 - 290 320
Allongement à la rupture, métal recuit (%) 35 25 - - - - -
Allongement à la rupture, métal écroui (%) 3 2 - 1 à 1,5 - - -
Tableau 11.2-1
Le tableau 11.2-1 fournit des données numériques concernant les conducteurs employés dans
la construction des lignes électriques. L'usage du bronze était réservé aux lignes de
télécommunication et n’est plus utilisé.
D'autre part, certains alliages d'aluminium à haute résistance mécanique ont été développés.
Enfin, à titre expérimental, on a réalisé des câbles isolés où le conducteur est du sodium.
2. Conducteurs câblés
Afin de donner aux conducteurs une souplesse suffisante, les câbles sont constitués
habituellement de brins d'égales sections circulaires disposés en couches spirales dont le sens
est alterné d'une couche à la suivante autour d'un brin central rectiligne. Si nous désignons
par n le nombre de couches, le nombre total de brins N est donné par la formule :
N ' 3n (n%
%1) % 1 (11.2!3)
La résistance ohmique en courant continu de conducteurs câblés est plus élevée que la valeur
que l'on peut calculer en appliquant simplement la formule (11.2!1) car le spiralage des brins
(à l'exception du brin central) conduit à une longueur effective plus grande que la longueur
du câble lui-même.
L'augmentation de résistance due au câblage peut être calculée si l'on connaît pour les
différentes couches le pas de la spirale. Elle est normalement de 2 % pour les câbles à
couches de brins concentriques.
3. Conducteurs en cuivre
Le cuivre a été de première importance parmi les conducteurs par suite de sa conductivité
(inverse de la résistivité) et de sa tension de rupture à la traction élevées.
La conductivité du cuivre est très fortement influencée par la teneur en impuretés. C'est ainsi
que la présence de 0,02 % de phosphore ou de 0,07 % d'arsenic dans le cuivre diminue la
conductivité d'environ 30 %. C'est pourquoi le cuivre employé en électrotechnique et pour
la construction des lignes en particulier est un métal raffiné électrolytiquement.
4. Conducteurs en aluminium
Il est cependant nécessaire de tenir compte d'autres facteurs tels que la tension de rupture par
traction, la résistance aux agents atmosphériques et le diamètre du conducteur qui conditionne
la pression du vent.
En ce qui concerne l'aluminium, le calcul indique qu'en principe ce métal est plus
économique que le cuivre s'il coûte moins de deux fois le prix de celui-ci par unité de masse.
Cette condition prévaut depuis de nombreuses années, de sorte que les nouvelles lignes
utilisent systématiquement l’aluminium comme conducteur.
Figure 11.2-14
préférable à celui du cuivre respectivement pour les lignes de distribution, les câbles isolés,
les lignes de transport à très haute tension et les barres de connexion.
5. Alliages d'aluminium
L'on a développé des alliages d'aluminium réalisant un compromis intéressant entre une
résistivité électrique suffisamment faible et une résistance mécanique acceptable de manière
à pouvoir fabriquer des câbles dépourvus d'âme d'acier.
Ces produits portent différents noms commerciaux tels "Almélec", "Aldrey", etc...
L'emploi de tels câbles permet de construire des lignes qui, à même valeur de flèche, ont une
portée notablement plus grande que celle de conducteurs en cuivre.
6. Câbles aluminium-acier
Ces conducteurs ont une âme constituée par un câble en fils d'acier toronnés destiné à réaliser
une résistance mécanique élevée. Autour de cette âme sont enroulées plusieurs couches
successives de brins d'aluminium. A ce métal est dévolue la fonction d'assurer une résistance
électrique suffisamment faible.
Ce type de câble a un poids d'environ les 3/4 de celui du conducteur en cuivre de même
résistance électrique et sa tension de rupture est d'environ 50 % plus élevée. Il permet d'établir
les lignes avec de plus longues portées à égalité de flèche, sans augmenter la hauteur des
supports. Le nombre de supports peut ainsi être diminué et la construction est donc plus
économique.
7. Copperweld et Alumoweld
Ces vocables sont les désignations commerciales de fils obtenus en tréfilant et étirant un
lingot d'acier autour duquel une enveloppe de cuivre (Copperweld) ou d'aluminium
(Alumoweld) a été coulée.
Les proportions de cuivre et d'acier sont telles pour le Copperweld que ce fil a une
conductivité de 30 à 40 % de celle du fil de cuivre de même diamètre.
Figure 11.2-15
AAu moyen de tels fils on fabrique des câbles couramment utilisés aux Etats-Unis pour la
construction de lignes de distribution à haute tension. En Europe, ce type de conducteur n’est
utilisé que pour les fils de garde devant présenter une haute résistance mécanique et pour les
piquets de terre.
8. Sodium
9. Conducteurs d'acier
L'on a parfois employé des conducteurs d'acier pour réaliser des lignes de faible longueur
mais où certaines portées étaient assez grandes. En courant alternatif, la résistance de ces
lignes est beaucoup plus élevée qu'en courant continu.
Lignes aériennes
AVANTAGES
1. Sont moins coûteuses que les lignes souterraines au point de vue des frais d'installation et
de réparation;
2. permettent une surveillance aisée de leur état et un repérage facile des accidents et défauts;
3. peuvent être réparées très rapidement en cas d'accident ou de défaut (La C.P.T.E. estime
que l’indisponibilité aléatoire moyenne par 100 km est de 2h/an pour une ligne aérienne et
de 35 h/an pour un câble souterrain à 150 kV);
INCONVÉNIENTS
2. leur installation donne lieu à de difficiles discussions avec les propriétaires des terrains
surplombés;
6. la rupture de leurs conducteurs est susceptible de présenter des dangers pour les personnes,
les animaux et les choses;
7. Selon certains, les champs électriques et magnétiques peuvent exercer une influence
néfaste sur la santé.
Câbles souterrains
AVANTAGES
5. seule solution possible pour traverser de larges fleuves ou des bras de mer lorsque la
distance à franchir dépasse 3 km.
INCONVÉNIENTS
1. Sont d'un coût beaucoup plus élevé que celui des lignes aériennes. La différence est
d'autant plus grande que la tension est plus élevée;
4. leurs armures et gaines doivent être protégées contre les effets de corrosion dus aux
courants vagabonds,
6. leur isolement est susceptible d'être détérioré par élévation de température des conducteurs
en cas de surcharge.
La pression des riverains est très grande pour faire installer ailleurs une ligne aérienne
projetée (NIMBY : Not In My BackYard). Le rapport du coût des lignes souterraines à celui
des lignes aériennes, à égalité de tension et de capacité de transport, est variable notamment
selon la valeur de la tension et les conditions locales. Le tableau 11.2-2 indique les ordres de
grandeur de ce rapport. Lors de la conférence de presse du 25 novembre 1992,
ELECTRABEL a annoncé une utilisation plus fréquente des liaisons souterraines puisque
l'emploi des liaisons aériennes sera limité au cas des liaisons 400 kV et, pour les niveaux de
tensions inférieures, au cas où ces liaisons peuvent être établies le long d'infrastructures
existantes ou prévues. Dans ce dernier cas, ELECTRABEL limitera par ailleurs la longueur
totale du réseau aérien, hors 400 kV, par le démontage d'un kilométrage équivalent de lignes
aériennes existantes, ce qui implique donc que certaines liaisons, prévues en aérien, seront
installées en souterrain. Cet engagement n’a pas suffi puisque aucune liaison à 400 kV n’a
été réalisée. Le coût nettement plus élevé des liaisons souterraines à 400 kV n’est pas la seule
raison de l’exclusion de ce niveau de tension de la proposition d’Electrabel. Des problèmes
techniques subsistent comme on le verra au chapitre 12. N’empêche qu’une solution doit être
trouvée rapidement sous peine de voir la sécurité d’alimentation des utilisateurs se réduire
fortement. On se dirige actuellement vers une limitation de la longueur totale du réseau
aérien, y compris le 400 kV. Il n’est pas évident de déterminer l’influence qu’aura la
“dérégulation” du secteur électrique et la nécessité de rendre indépendantes les trois activités :
production, transport et distribution.
- tenir compte des pertes (coût actualisé) multiplie le coût de l’aérien par -1,5
- en considérant les mêmes pertes en souterrain, le rapport est modifié comme indiqué
Tableau 11.2-2
Le flux Φ1 embrassé par le circuit 1 peut être considéré comme étant la somme des flux :
1. Φ11 dû au courant i1 circulant dans le circuit 1 lui-même;
2. Φ12 ... Φ1i ... Φ1n dus aux courants i2 ... ii ... in circulant dans les circuits 2 à n.
Il en résulte que :
n
Φ1 ' Φ11 % j Φ1i (11.3!2)
2
La chute de tension dΦ1/dt (qui en cas de régime sinusoïdal porte le nom de "chute de tension
réactive") est donc composée de deux termes dont l'un, dΦ11/dt traduit l'effet de ce que l'on
nomme l'inductance propre du circuit; l'autre,
n dΦ1i
j (11.3!3)
2 dt
correspond à l'influence des autres circuits qui présentent une inductance mutuelle avec le
circuit 1.
et
d
vi ' Rjj ij % Φ (11.3!6)
dt i
Finalement :
d
vi ' Rjj % L ij
dt ij
(11.3!7)
d
' Rjj % Lij ij
dt
Envisageons un ensemble de n
conducteurs cylindriques de
sections transversales
quelconques (S1, S2, ... Si ... Sn)
dont les génératrices sont
parallèles, immobiles et
parfaitement isolées les unes des
autres. Admettons également que
leur perméabilité relative soit
indépendante de la valeur du
champ magnétique. La Figure
11.3-2 représente ce système de
conducteurs dans un système
Figure 11.3-2 d'axes tel que Ox et Oy
déterminent un plan
perpendiculaire aux conducteurs et que l'axe Oz leur soit parallèle. Admettons encore que la
longueur des conducteurs soit très grande vis-à-vis de leurs dimensions transversales et de
leurs distances respectives et désignons par i1, i2, ... ii ... in les intensités de courant (variables
dans le temps) qui les parcourent.
Un circuit i est constitué d'un conducteur aller i et d'un conducteur de retour situé à distance
infinie.
Si nous considérons dans le conducteur 1 deux sections droites distantes l'une de l'autre de
l'unité de longueur, pour faire circuler le courant di dans le filet de section dS, il faut que par
unité de longueur, dans le circuit 1, l'on dispose d'une f.e.m. v1 (x, y, t) susceptible de couvrir
la chute de tension ohmique et la chute de tension due à la variation du flux coupé par le
circuit constitué par le filet de courant et le conducteur de retour à l’infini.
On a, en désignant par ρ la résistivité du conducteur et par Φ1 (x, y, t) le flux total qui entoure
le filet de courant envisagé :
dΦ1
v1(x,y,t) ' ρ J(x,y,t) % (11.3!11)
dt
Le flux total Φ1 résulte pour une part Φ11 de l'action du courant i1, pour une autre part
n
j Φ1i (11.3!12)
2
La chute de tension dΦ1/dt est donc produite, non seulement par le courant passant dans le
conducteur considéré (effet d'inductance propre), mais encore par les flux dus aux courants
circulant dans tous les autres conducteurs (effet d'inductance mutuelle)
Observons maintenant que, par raison de symétrie les sections droites envisagées dans le
conducteur 1 doivent être des équipotentielles. Il en résulte que v1 (x, y, t) ne dépend que de
t dans la section S1.
Une autre partie de la variation de J est attribuable au fait que les flux dus aux courants des
autres conducteurs n'ont pas une valeur indépendante de x et de y. Il en résulte également une
influence sur la répartition de la densité de courant que l'on nomme effet de proximité.
Dans les circuits à fréquence industrielle (50 et 60 Hz) l'effet pelliculaire pour des
conducteurs en matériaux non magnétiques ne conduit en général qu'à une influence qui est
tout au plus de l'ordre du pour-cent sur la valeur de la réactance. L'effet de proximité est
généralement d'un ordre de grandeur encore plus réduit.
Dans ce qui suit, nous négligerons donc ces effets lors de l'établissement des formules
d'inductances et de réactances de lignes. Il y a toutefois lieu de les prendre en considération
en ce qui concerne les accroissements de résistance et de pertes par effet Joule auxquels ils
conduisent. Il faudra notamment en tenir compte :
Il est perpendiculaire à Ai, dans un plan perpendiculaire au conducteur i. Il tend vers l’infini
au voisinage d’un conducteur infiniment mince.
La valeur instantanée du flux, évaluée par unité de longueur, (dit "flux linéique") produit par
le courant i et dont les lignes de force coupent une surface tendue sur les conducteurs 1 et 2
vaut :
Figure 11.3-4
bi2 bj2
Φ12,ij ' 2 10&7 µr ii ln & ln
bi1 bj1
(11.3!17)
&7
bi2 bj1
' 2 10 µr ii ln (Wb/m)
bi1 bj2
2. Inductance mutuelle entre circuits dont les sections ne sont pas de dimensions négligeables
Si les sections dS sont suffisamment petites, le flux coupé par le circuit dSl dS2 et créé par le
filet Ji dSi est donné par la relation (11.3!15):
bi2
dΦdS1dS2,dSi ' 2 10&7 µr Ji dSi ln
bi1
(11.3!19)
bi2 bi1
' 2 10&7 µr Ji dSi ln & ln
1 1
La valeur moyenne du flux coupé par le circuit dS l dS2 pour toutes les positions possibles des
sections dSl et dS2 est donnée par :
1 bi2 1 bi1
dΦ12,dS ' 2 10&7 µr Ji dSi ln dS2 & ln dS1 (11.3!20)
i
S2 S2 1 S1 S1 1
Posons
D1i 1 bi1
ln ' dSi ln dS1
1 S1 Si Si S1 1
(11.3!22)
D2i 1 bi2
ln ' dSi ln dS2
1 S2 Si Si S2 1
Le rapport à l'unité indique que l'unité de mesure de longueur est la même pour D1i et pour
bi1.
On appelle Dij la distance moyenne géométrique entre les sections Si et Sj (en abrégé DMG).
C'est J.C. MAXWELL [B.90-0] qui introduisit ces notions dans le calcul des inductances.
Grâce à elles, l'expression du flux moyen coupé par un circuit constitué par deux conducteurs
de section quelconque et créé par un courant i circulant dans un conducteur parallèle, est
semblable à celle obtenue pour des conducteurs filiformes :
Di2
Φ12, i ' 2 10&7 µr ii ln (11.3!23)
Di1
L’inductance mutuelle entre deux circuits constitués par un conducteur aller S1 et retour S2
d'une part, un conducteur aller Si et retour Sj d'autre part est donnée par une expression
semblable à (11.3!18).
Di2 Dj1
l12,ij ' 2 10&7 µr ln (H/m) (11.3!24)
Di1 Dj2
Si, dans le cas précédent, nous faisons coïncider les conducteurs de section Sj (parcouru par
le courant - ii) et S2, le flux magnétique linéique produit par le courant circulant dans le circuit
en définissant :
Djj 1 bjj
ln ' dSj dSj ln (11.3!26)
1 Sj
2
Sj Sj 1
bjj est la distance entre tous les éléments dSj en lesquels la surface Sj est décomposée, pris
deux à deux de toutes les façons possibles.
Si l’on se souvient que l’induction à l’intérieur d’un tube conducteur est nulle,
l’interprétation du RMG et de la DMG est immédiate : ce sont respectivement le rayon d’un
tube mince et la distance entre tubes donnant la même valeur d’inductance. Comme on le
verra plus loin, la DMG est très souvent égale à la distance entre les centres des sections de
conducteurs. Pour un conducteur i de section circulaire de rayon ri, certains auteurs
distinguent l’inductance externe (liée aux lignes d’induction extérieures au conducteur) de
l’inductance interne (liée aux lignes d’induction intérieures au conducteur, c’est à dire
comprises entre Dii et ri)
Les formules (11.3!22) et (11.3!25) ont été appliquées par J.C. Maxwell [B.90-0] au calcul
du rayon moyen géométrique ainsi qu'au calcul de la distance moyenne géométrique de
conducteurs tels qu'ils peuvent se rencontrer dans les installations. Pour l'établissement de ces
formules, il est admis que les effets pelliculaires et de proximité n'interviennent pas, donc que
la densité de courant est uniforme dans la section. Ces formules sont reprises au tableau 11.3-
Figure 11.3-6
1
&
4
2 RMG D11 ' r e ' 0,7788 r
4 4
r2 2 2 r1 3 r
& r1 r2 % % ln 2
3 RMG 4 4 4 r1
ln D11 ' ln r2 &
2 2 2
r2 & r1
5 DMG 2
r2 ln r2 & r1 ln r1
2
1
ln D12 ' &
2
r2 & r1
2 2
Cette relation est vraie quelles que soient les épaisseurs des deux tubes
8 RMG &
3
2
D11 ' a e ' 0,22313 a
9 RMG 3
π 25
&
3 12
D11 ' a 2 e ' 0,44705 a
Tableau 11.3-1
d
D12 . d pour > 2
12 DMG a
d
D12 ' 1,00655 d pour ' 1
a
3 π
& %
2 4
13 DMG D12 ' a 2 e ' 0,692 a
2
n a'
'n&
&1 2
14 RMG &a n
!
2 n&
D11 ' ∆ 0,44705 a . 0,2235 (n%
%1) ∆
'1
a'
1
'n
a' 'n&
b' &1
15 DMG &b n 2
! (r% !
a n&
D12 ' ∆ %a) %r%
(n% %b)
'1
a' '1
b'
1
'n&
a' &1
16 DMG &a n 2
!
n 2 2 n&
D12 ' ∆ %1)
(r% %1) %a )
((r%
'1
a'
Tableau 11.3-1
Remarque : les formules 15 et 16 sont établies en supposant que la DMG entre deux surfaces
carrées identiques est égale à la distance entre leurs centres. C’est exact à 0,65% près pour
des surfaces placées côte à cote et à moins de 0,05% dès que la distance entre centres dépasse
2 fois le côté. Cette approximation est donc totalement justifiée. La Figure 11.3-7 illustre la
relation de la formule 16 pour différentes valeurs de n comprises entre 1 et 50.
Figure 11.3-7
Lorsque l'on a affaire à des conducteurs dont les sections droites ont des formes quelconques
l'on peut avoir recours à un procédé de calcul approximatif basé sur la définition du RMG et
de la DMG.
Le RMG d'une aire plane est la valeur de la distance dont le logarithme népérien est égal à
la valeur moyenne des logarithmes népériens des distances entre chacune des aires
élémentaires composant cette aire prises deux à deux.
La DMG entre deux aires coplanaires est la valeur de la distance dont le logarithme népérien
est égal à la valeur moyenne des logarithmes népériens, des distances entre chacune des aires
élémentaires composant la première aire à chacune des aires élémentaires composant la
seconde.
d’où :
si 2 s is j
n i'n,j'n
D11 ' k Dii k
2
S
Dij S (11.3!31)
i'1 i'1,j'1,j…i
D'une manière analogue, on trouvera pour la DMG entre deux aires coplanaires, chacune
divisée en n petites sections égales pour chaque surface
1
i'n,j'n
k Dij
n2 (11.3!33)
D12 '
i'1,j'1
Figure 11.3-9
Figure 11.3-10
Figure 11.3-11
Figure 11.3-12
Lorsque les surfaces se font face par leur côté le plus étroit (a>b), la DMG tend rapidement
vers la distance d si on écarte les sections (Figure 11.3-10). L’écart est évidemment beaucoup
plus important pour les surfaces se faisant face par le côté le plus large (Figure 11.3-11). Dans
ce cas, il est plus explicite de rapporter la DMG et la distance d à la plus grande des
dimensions de la section, soit b (Figure 11.3-12)
Tableau 13.3-2
L'application de la formule (11.3!32) nous conduit aux valeurs suivantes pour la RMG des
faisceaux de conducteurs dont chacun des câbles constituants a une RMG égale à dll.
Figure 11.3-15
Figure 11.3-17
Figure 11.3-16
1
2
D11 ' d11 d
Figure 11.3-15
1 2
3 3
D11 ' d11 d
Figure 11.3-16
1 1 3
Figure 11.3-17 D11 ' 2 8 4
d11 d 4
Tableau 13.3-3
5. Conducteurs hétérogènes
On a souvent recours, dans la fabrication des câbles, à plusieurs métaux, l'un étant employé
pour sa haute conductivité, l'autre pour sa bonne résistance mécanique.
C'est ainsi qu'il existe des câbles aluminium-acier et des câbles cuivre-bronze. Nous
n'envisagerons toutefois dans ce qui suit immédiatement que le cas où les métaux sont non
magnétiques. Le cas des câbles aluminium-acier sera traité en 6. ci-après.
On calcule le RMG d'un tel câble en assignant une conductivité unitaire aux brins d'un des
métaux, les autres brins ayant une conductivité relative γ. Les densités de courant dans les
deux matériaux sont inversement proportionnelles aux valeurs de la conductivité. Il en résulte
que dans la formule de définition du flux, les termes relatifs aux rayons et aux distances entre
éléments de conductivité 1 sont inchangés; les termes de distance entre éléments de
conductivité relative 1 et γ sont à multiplier par γ; enfin, les termes relatifs aux rayons et aux
distances entre éléments de conductivité γ sont à multiplier par γ2.
Les éléments auxquels il est fait allusion dans le cas de tels câbles, peuvent avec une
approximation suffisante, être considérés comme étant les brins qui les constituent et le RMG
se calcule en appliquant la formule (11.3!31) dans laquelle les valeurs des rayons des brins
de conductivité 1 ne sont pas modifiées, les distances entre centres de brins de conductivités
respectives 1 et γ sont à affecter d'un exposant γ et les rayons des brins de conductivité γ et
les distances entre ces brins sont à affecter d'un exposant γ2.
Figure 11.3-18 1
ou
1
Nous avons vu en 11.2.4 ci-avant la manière dont ces câbles sont construits et leur
justification économique.
Examinons maintenant la manière dont ils se comportent en ce qui concerne leur RMG.
Dans de tels câbles, on peut admettre que la majeure partie du courant circule dans les brins
d'aluminium en raison à la fois de sa plus grande section et de sa plus grande conductivité
(environ 6,5 fois celle de l'acier) et aussi par suite de l'effet pelliculaire. En se basant sur ce
fait, on calcule le RMG du câble comme si les brins d'aluminium étaient seuls en cause et l'on
applique ultérieurement une légère correction par suite de la présence de l'âme de brins
d'acier.
Figure 11.3-19
1 18(17 1 12(11 1 30
&
D11 ' 6 r 18 17
4 r 12 11
6 r 18(12(2
r e 4 (11.3!36)
ou
D11 ' 5,784 r ' 1,192 S
D'autre part, il y a lieu de tenir compte de la portion du flux qui se ferme dans l'âme d'acier.
Celui-ci, variant avec la perméabilité relative µr de l'acier sera influencé par la valeur du
courant. On a procédé à des mesures qui ont montré que l'accroissement de flux interne qui
en résulte est d'environ 1,1 10-9 Wb/m pour 1 A.
3
câble de 556.500 circular mils.
L'augmentation d'inductance pour une ligne aérienne qui en résulte est de l'ordre d'environ
0,3 % et est par conséquent négligeable eu égard à la précision que l'on est en droit d'exiger
de tels calculs.
C'est dans la littérature technique anglaise et américaine que l'on trouve les données les plus
complètes concernant les caractéristiques des conducteurs employés pour les lignes
électriques. Il en est notamment ainsi en ce qui concerne les tables réunies dans "Electrical
Transmission and Distribution Reference Book" édité par Westinghouse Electric and
Manufacturing Cy ([WES01]). L'on y trouve les tables concernant tous les calibres
(américains) des conducteurs suivants :
Ces tables contiennent les données suivantes, par exemple, pour les câbles aluminium-acier :
8. Programmes de calcul
Chaque constructeur de matériel dispose de programmes de calcul pouvant être exécutés sur
PC. Le programme EMTP (Electro-Magnetic Transients Program)[B.40-0] est le plus
4
Le "circular mil" est une unité de surface égale à la surface d'un cercle d'un "mil" (1/1.000 in) de
diamètre : 1 c.m. = 5,065 10-4 mm2
5
AWG = American Wire Gauge.
En fonctionnement normal des lignes triphasées, aucun courant ne circule par le sol. Dans
certaines conditions exceptionnelles (défauts), il peut se produire un contact accidentel entre
un ou plusieurs fils de ligne et la terre; un retour de courant s'effectue alors par le sol.
En premier lieu, il s'agit de déterminer la valeur du courant circulant lors d'un tel défaut, ce
qui nécessite la connaissance de l'impédance effective présentée par le chemin de retour du
courant dans la terre.
Si, d'autre part, nous considérons une ligne de télécommunication établie parallèlement à la
ligne de transport d'énergie, les transpositions de conducteurs ne sont efficaces pour éviter
les forces électromotrices induites que dans le cas d'un fonctionnement normal. En cas de
défaut caractérisé par la mise à terre d'une ou deux phases, il apparaît dans chacune des trois
phases une composante homopolaire du courant dont le chemin de retour est le sol.
L'amplitude de cette force électromotrice peut atteindre une valeur dangereuse pour les
usagers du circuit de télécommunication ou troubler l'exploitation en réduisant plus ou moins
la qualité de la transmission (présence de bruit dans les récepteurs téléphoniques). Il est donc
nécessaire pour parer à ces difficultés de connaître l'inductance mutuelle entre chacun des
conducteurs de la ligne de transmission d'énergie et le circuit de télécommunication.
Dans la théorie développée au §11.3.2., le retour du courant est supposé se faire à l’infini. Ce
n’est pas physiquement réalisable. Il est plus concret de supposer que le retour s’effectue par
le sol.
Dans ces différentes théories, il est admis pour simplifier que la perméabilité relative du sol
est égale à l'unité et que, pour la bande des fréquences entre 0 et 60 000 Hz, on peut négliger
les courants de déplacement par rapport au courant de conduction. On admet en outre :
1) que le sol est une masse semi-infinie de conductivité uniforme limitée par un plan;
2) que le courant dans le sol est en tout point parallèle à la ligne perturbatrice;
3) que l'effet pelliculaire est négligeable dans la section des conducteurs.
Dans ce qui suit, nous exposons les résultats auxquels conduit la théorie de CARSON.
2. Formules de CARSON
Figure 11.3-20
Appelons :
D1i’ distance entre le conducteur 1 et le symétrique i' du conducteur i par rapport au sol en
m;
B1i distance horizontale entre les projections de 1 et i sur le sol;
f fréquence en Hz (ω = 2 π f) ;
r1 résistance linéique du conducteur 1 en Ω/m;
Dl l RMG du conducteur 1 en m;
µ = µr µ0 = 4 π 10-7 µr la perméabilité magnétique des milieux en présence;
ρ la résistivité du sol en Ωm;
m = %&µ&ω&/ &
ρ (1/m)
La résistivité dépend de la constitution géologique du sol ainsi qu'il est indiqué au tableau
suivant.
Résistivités du sol en Ωm
Nature du terrain
eau de mer 0,01 à 1,0
terrains d'alluvions et argiles légères 2 à 10
argiles (sans alluvions) 5 à 20
marnes 10 à 30
calcaire poreux 30 à 100
grès poreux 30 à 300
quartzites, calcaire compact et cristallin 100 à 1 000
ardoises argileuses et schistes ardoisés 300 à 3 000
granit, schistes, gneiss 1 000 à 10 000
Tableau 11.3-4
La moyenne d'un grand nombre de déterminations de ρ effectuées aux Etats-Unis est 100 Ωm.
CARSON a montré que les impédances propre et mutuelle linéiques envisagées dans le cas
du retour par le sol du courant de la ligne sont égales respectivement aux impédances propre
et mutuelle linéiques que l'on pourrait calculer dans le cas d'un sol parfaitement conducteur6
plus un terme 4ω(P+jQ) où P et Q sont des fonctions de variables p et θ définies ci-après. Ces
fonctions sont les mêmes pour l'impédance propre et pour l'impédance mutuelle, mais les
variables p et θ ont des valeurs différentes. Les valeurs des fonctions P et Q sont définies
par :
6
Dans ce cas, l'action des courants qui circulent dans le sol est la même que si tout le courant faisait
retour par le conducteur 1' image géométrique du conducteur 1 par rapport au niveau du sol.
4
1 &k(H1%Hi)
P(p,θ) % j Q(p,θ) ' ([n]&k) e cos kB1i dk
m2 0 (11.3!38)
2 2
avec [n] ' k %jm
k variable d )intégration
a. Valeurs des impédances propres et des impédances mutuelles linéiques dans le cas d’un
sol parfaitement conducteur
On peut montrer que, dans ce cas, le champ magnétique dans l'air, dû au courant circulant
dans le conducteur 1 et faisant retour par le sol (parfaitement conducteur) est le même que
si la terre n'existait pas et si le courant faisait retour par un conducteur 1' symétrique de 1 par
rapport au niveau du sol.
Cependant, le sol étant parfaitement conducteur aucun champ variable ne peut y exister et,
en courant alternatif, il n'y a lieu de considérer que le champ dans l'air auquel ne correspond
que la moitié de la valeur de l'inductance l11'. La valeur ainsi obtenue est celle de l'inductance
propre linéique du conducteur 1 :
D11)
l11 ' 2 µr 10&7 ln (H/m) (11.3!40)
D11
Ici également, comme il n'y a que la moitié du flux magnétique à considérer, l'inductance
mutuelle linéique sera :
D1i )
l1s,is ' 2 µr 10&7 ln (H/m) (11.3!43)
D1i
L'impédance propre peut être définie comme l'impédance mutuelle de la ligne 1 avec
elle-même. On a :
θ ' 0
f (11.3!45)
p ' 2,81 10&3 D11)
ρ
et
D11)
z11,0 ' r1 % j 2 ω µr 10&7 ln % 4 ω (P%jQ) (Ω/m) (11.3!46)
D11
On a :
B1i
θ ' arctan
H1%Hi (11.3!47)
p ' m D1i )
Comme les milieux auxquels on a affaire ont une perméabilité voisine de celle du vide, on
peut poser :
µr ' 1 et µ ' µ0 ' 4 π 10&7 (H/m) (11.3!48)
On en déduit :
f
p ' 2,81 10&3 D1i ) (11.3!49)
ρ
c. Valeurs de P et Q
Pour la plupart des lignes de transmission d'énergie à 50 Hz, les distances à considérer pour
11' ou 1i’ sont inférieures à 100 m ce qui conduit, en admettant une résistivité moyenne de
100 Ωm à P . 0,2.
Nous n'envisageons donc que les formules indiquées pour p < 0,25 et qui sont :
π 1 1 2 2
P ' & p cosθ % p cos2θ ln % θ sin2θ
8 3 2 16 γp
(11.3!51)
1 1 2 1
Q ' % ln % cosθ
4 2 γp 3 2
Pour simplifier les calculs, on peut en première approximation, négliger les termes contenant
p2 et même p, car ils sont ordinairement très petits. L'erreur ainsi commise est inférieure à
1 %.
Si nous introduisons ces valeurs dans les expressions (11.23-03) et (11.2;3-04), il vient :
D1i )
z1i,0 ' j 2 ω ln
D1i
π 1 1 2
% 4 ω % j % ln 10&7 (Ω/m)
8 4 2 γp
D1i )
z11,0 ' r1 % j 2 ω ln
D1i
π 1 1 2
% 4 ω % j % ln 10&7 (Ω/m)
8 4 2 γp
En introduisant dans ces expressions les valeurs respectives obtenues pour p il vient :
ωπ 2 e
z1i,0 ' % j 2 ω ln 10&7 (Ω/m)
2 m γ D1i
ωπ 2 e
z1i,0 ' r1 % % j 2 ω ln 10&7 (Ω/m)
2 m γ D11
3. Formules simplifiées
La boucle en question présente, par conséquent, une réactance qui est la moitié de celle
qu’indique la formule 11.21.14 et est donc :
De
ωl11) ' 2 ω 10&7 ln
Ds
Pour une fréquence de 50 Hz et une résistivité ρ de 100 Ωm, on obtient pour De la valeur de
931 m.
Ces formules approximatives montrent que, pour les résistivités couramment rencontrées en
pratique, l'impédance propre et l'impédance mutuelle sont indépendantes de la hauteur
au-dessus du sol.
Il est intéressant de noter que la composante ohmique de l'impédance propre a une valeur qui
est indépendante de la résistivité du sol. Ce paradoxe peut être expliqué par le fait que lorsque
la résistivité est élevée le courant se répand sur une plus large surface.
La résistivité du sol n'est pas uniforme et peut être affectée considérablement par la présence
de gisements métalliques ou de charbon, conduites enterrées, cours d'eau, etc...
En outre, dans les contrées montagneuses, la formation géologique consiste en une base de
granit recouverte d'une couche, relativement mince, de terre.
Ce fait est pris en considération par une théorie plus avancée dans laquelle on considère le
sol comme formé de deux couches homogènes de résistivités différentes (B. 11.24-07).
Les formules 11.23.13 .14 et .15 sont basées sur l’hypothèse que p est petit, ce qui est vrai à
50 Hz. Si l’on doit envisager des fréquences élevées, par exemple pour l’étude des
surtensions transitoires, il faut considérer les formules complètes. On peut dire que la
résistance augmente avec la fréquence alors que l’inductance diminue.
4. Courbes permettant le calcul de l'inductance mutuelle linéique entre deux lignes avec
retour du courant par le sol
On peut écrire :
z1i,0 ' j ω M
La densité de courant dans le sol est plus élevée directement sous le conducteur inducteur.
La Figure 11.3-21 indique la loi de décroissance de la densité de courant à la surface du sol
en fonction de l'éloignement par rapport au conducteur.
Il en résulte, ainsi qu'il a été indiqué par que le courant dans le sol suit toutes les irrégularités
de la ligne plutôt que de prendre un chemin rectiligne à travers champs (Figure 11.3-22).
Dans ce qui précède, il n'a pas été tenu compte de la résistance propre des prises de terre
laquelle doit faire l'objet de mesures et doit être prise en considération.
1. Impédances d’une ligne triphasée dans le cas le plus général (retour du courant par le sol)
ou
∆VT ' zij,0 IT (11.3!60)
Les valeurs d'impédance zij,0 dont il y a lieu de tenir compte sont celles qui ont été
déterminées en (11.3!57) ci-dessus et qui tiennent compte du retour du courant par le sol. En
toute rigueur il faudrait également en tenir compte même si la somme des courants dans la
ligne triphasée est nulle car les trois conducteurs de phase ne coïncidant pas en position
géométrique par rapport à la terre chacun d'eux induit dans le sol des courants locaux.
Cependant, les hauteurs de conducteurs étant généralement grandes par rapport à leurs
écartements respectifs, cet effet est minime et sera négligé le cas échéant.
à condition de poser
zodi ' F &1 zij,0 F (11.3!63)
Les facteurs de la matrice [zodi] sont définis par le développement suivant qui tient compte du
fait que, bien entendu, zAB,0 = zBA,0, zBC,0 = zCB,0 et zCA,0 = zAC,0.
zoo
1 1 1 2 2 2
zod
1 α2 α &α &1 &α2 z
AA,0
zoi 2 2
1 α α &α &1 &α z
BB,0
zdo 2
1 α α &α &1 &α 2
zCC,0
zdd ' 1 1 1 1 &1 &1 &1 (11.3!65)
3 zAB,0
zdi 1 α2 α 2α 2 2α2
zBC,0
zio 1 α2 α &α &1 &α2
zCA,0
zid 1 α α2 2α2 2 2α
On remarquera qu'il résulte de cette expression que zdd = zii, que zio = zod et que zoi = zdo.
On a donc, dans le cas général (relation (11.3!62) écrite d'une manière plus explicite) :
La signification physique d'une impédance telle que par exemple zdo est la suivante. C'est la
valeur de la chute de tension directe due à un courant homopolaire de 1 A.
Lorsque les courants sont équilibrés, on a Io = Ii = 0 et les chutes de tension sont données
par :
∆Vo ' zod Id
∆Vd ' zdd Id (11.3!67)
∆Vi ' zid Id
Quoique les courants soient équilibrés, les chutes de tension ne le sont pas, par suite de la
dissymétrie constructive de la ligne. Pour que les chutes de tension soient équilibrées, il
faudrait que ∆Vo = ∆Vi = 0, ce qui implique que z od= z id= 0. On voit aisément, en ayant
recours au développement par le système (11.3!65) que cette condition est satisfaite lorsque
zAA,0 ' zBB,0 ' zCC,0
(11.3!68)
et zAB,0 ' zBC,0 ' zCA,0
ce qui impose que les trois conducteurs soient identiques (RMG = Ds) et placés aux sommets
d’un triangle équilatéral de côté Dm.
Dans ce cas
∆Vd ' zdd Id (V/m) (11.3!69)
et
zdd ' zAA,0 & zAB,0 (11.3!70)
ωπ D ωπ D
zdd ' r1 % % j 2 ω ln e 10&7 & % j 2 ω ln e 10&7 (Ω/m)
2 Ds 2 Dm
(11.3!71)
ou
Dm
zdd ' r1 % j 2 ω ln 10&7 (Ω/m) (11.3!72)
Ds
Le tableau 11.3-5 ci-après donne d'après la formule (11.3!73) la valeur des réactances
inductives linéiques (en 10-3Ω/m) à 50 Hz en fonction du rapport Dm/Ds.
Tableau 11.3-5
Pour les lignes de tension supérieure à 70 kV, la réactance linéique est voisine de 0,4 Ω/km
La valeur
3
Ds Dm2 (11.3!75)
Pour les lignes fortement dissymétriques, par exemple en nappe horizontale ou verticale, la
matrice [zodi] n'est pas diagonale. Ceci signifie par exemple que la circulation d 'un système
de 3 courants triphasés équilibrés d'ordre direct créera non seulement des chutes de tension
d'ordre direct mais également d'ordre inverse et homopolaire. Le triangle des tensions ne reste
plus équilatéral.
Dans le cas de lignes très longues et particulièrement importantes, l'on peut juger souhaitable,
tout en ayant une disposition dissymétrique des conducteurs, d'arriver à égaliser les valeurs
des inductances cycliques de chaque phase. On a alors recours à la transposition des
conducteurs .
Figure 11.3-24
Dans le cas d'une ligne triphasée simple, les transpositions sont effectuées au 1/3 et aux 2/3
de la longueur de la ligne comme l’indique la Figure 11.3-24. A ces endroits, les positions
des conducteurs sont permutées. Chaque phase est donc réalisée par le conducteur occupant
successivement les positions 1, 2 et 3. On obtient ainsi une même valeur pour les inductances
cycliques des trois phases puisque chaque conducteur de phase a occupé successivement les
trois positions.
Les relations (11.3!65) montrent que dans ce cas, tous les termes non diagonaux de la
matrice sont annulés, alors que les termes diagonaux gardent la même valeur.
Ainsi
1 1
zdd ' zAA % zBB % zCC & zAB % zBC % zCA
3 3
ωπ De
' r1 % 10&7 % j 2 ω 10&7 ln
2 3
DAA DBB DCC
ωπ De (11.3!76)
& 10&7 & j 2 ω 10&7 ln
2 3
D DBC DCA
AB
3
DAB DBC DCA
' r1 % j 2 ω 10&7 ln
3
DAA DBB DCC
3
Dm ' DAB DBC DCA
3 (11.3!77)
Ds ' DAA DBB DCC
L'impédance homopolaire est donnée par la relation ((11.3!74)) avec les mêmes valeurs de
Dm et Ds. Il y a lieu de noter qu'il y a très peu d'exemples de transposition en Belgique. Par
contre elles sont très pratiquées aux Pays-Bas et en Allemagne.
I1 est fréquent que l'on suspende à une même file de pylônes les conducteurs de deux lignes
triphasées, on constitue ainsi ce que l'on appelle une ligne à deux ternes. Les conducteurs de
ces lignes sont normalement connectés en parallèle deux à deux à chaque extrémité (Figure
11.3-25). Par ce procédé
l'impédance des lignes est
diminuée, ce qui est favorable,
ainsi que nous le verrons
ultérieurement aux points de vue
de la stabilité, du réglage de la
tension et de l'amélioration du
facteur de puissance des
alternateurs. D'autre part, grâce à
l'installation de systèmes de
protection sélective adéquats, en
cas d'avarie survenant à l'une des
lignes, l'autre pourra continuer à
Figure 11.3-25 assurer la fourniture d'énergie.
Figure 11.3-26
Figure 11.3-27
Nous avons vu que dans les formules d'inductance cyclique les DMG interviennent au
numérateur sous le signe ln et les RMG au dénominateur.
Pour diminuer l'inductance et par conséquent la réactance, il est favorable d'augmenter les
RMG, ce que l'on obtient en choisissant le plus grand écartement possible pour les
conducteurs d'une même phase.
Dans le cas de deux lignes triphasées en parallèle, si nous désignons par 1, 2, 3, 1', 2', 3', les
positions que peuvent occuper les conducteurs, il conviendra de placer les conducteurs de
phases correspondantes aux sommets opposés de l'hexagone. Nous calculerons ci-après
l'inductance cyclique dans le cas où les transpositions sont opérées selon le plan c). La Figure
11.3-27 représente un pylône où une telle transposition est réalisée.
Les deux circuits sont constitués respectivement des conducteurs A', B', C' et A", B", C",
représentés en Figure 11.3-26-a) dans les positions occupées au premier tiers de parcours (I).
Les conducteurs A' et A" connectés en parallèle à chaque extrémité de la ligne constituent
la phase A, B' et B" la phase B, C' et C" la phase C.
où DAB, DBC, DCA représentent respectivement les DMG entre phases AB, BC et CA pour la
portée I. On a :
4
DAB ' d e g h
4
DBC ' d e g h
4 (11.3!79)
DCA ' a c i2
6 12
DeqI ' d e g h i a c
et l'on constaterait aisément que les espacements équivalents symétriques relatifs aux portées
II et III sont identiques à DeqI dont l'expression est donc valable pour toute la longueur de la
ligne.
D'autre part, désignons par r le RMG de chacun des conducteurs individuels, le RMG en
portée I de la phase A (conducteurs en 1 et 1') est, d'après (11.3!32) :
DAAI ' r f (11.3!80)
DAAII ' r b
(11.3!81)
DAAIII ' r f
Le RMG équivalent pour la phase A et la ligne complète vaut la moyenne géométrique de ces
trois valeurs, c’est à dire :
2 3 6
DAA ' r f b (11.3!82)
Pour les autres phases l'on obtient des expressions identiques. L'inductance cyclique linéique
dans le cas de courants équilibrés a donc pour expression :
DeqI
l ' 2 10&7 ln
DAA
6 12
&7 deghi ac
' 2 10 ln (11.3!83)
2 3 6
r f b
6 6 6 12 12
&7 ghi d e a c
' 2 10 ln
2 f f b b
r
Si l'on éloignait l'un de l'autre les deux circuits tout en maintenant leur parallélisme, les
rapports d/f , e/f , a/b et c/b se rapprochent de l'unité. S'ils sont très distants l'on obtiendrait
pour l :
6
&7 ghi
l ' 2 10 ln (H/m) (11.3!84)
2
r
dont la valeur pour l'exemple considéré est supérieure à celle donnée par la relation
(11.3!83).
Lorsque les lignes à deux ternes sont construites sans que l'on opère de transpositions, les
impédances que présentent les conducteurs de mêmes phases ne sont pas égales et les
courants ne se partagent par conséquent pas de manière égale.
Il y aurait lieu, dans un tel cas, de considérer les relations donnant les flux magnétiques
linéiques à écrire :ΦA, ΦB, ΦC, ΦA’ , ΦB’ , ΦC’ qui entourent chaque conducteur en fonction des
courants :IA, IB, IC, IA’, IB’, IC’.
r IA % j ω ΦA ' r IA ) % j ω ΦA )
r IB % j ω ΦB ' r IB ) % j ω ΦB ) (11.3!85)
r IC % j ω ΦC ' r IC ) % j ω ΦC )
On verra plus loin (en 7) comment traiter le cas de lignes à deux ternes dans le cas de
courants déséquilibrés et avec retour du courant par le sol.
4. Câbles souterrains
a. Câbles tripolaires
Dm = DMG entre les conducteurs ; pour des conducteurs de section circulaire (ou présentant
une symétrie axiale) on a :
Dm = d distance entre axes.
Ds = RMG d'un conducteur (voir tableau 11.3-1).
Remarquons toutefois que l'on a admis, pour établir cette formule, que la densité de courant
était constante dans la section des conducteurs. Eventuellement, pour des sections
importantes il y aurait lieu de tenir compte de l'effet pelliculaire et même de l'effet de
proximité. Pour ce faire l'on a recours à des mesures dont les résultats sont traduits sous
forme de tables ou de diagrammes.
b. Câbles monopolaires
Les symboles de grandeurs et les conditions sont celles exposées en 11.3-9 (Figure 11.3-39).
permettent d'écrire :
∆VT ' zij,0 F IF
(11.3!91)
' zTF IF
en posant :
zAo zAd zAi
Les différents termes de cette matrice permettent de calculer l'effet sur la chute de tension
d'une phase de la circulation d'un système de courants triphasés d'ordre homopolaire, direct
et inverse
a. Impédance homopolaire
Imposons à une ligne triphasée un système de trois courants égaux en grandeur et en phase.
Il en résulte que Id = Ii = 0 et que IA = IB =IC = Io.
3ωπ De
zAo ' rA % 10&7 % j 6 ω 10&7 ln
2 3
DAA DAB DAC
3ωπ De
zBo ' rB % 10&7 % j 6 ω 10&7 ln (11.3!94)
2 3
D DBB DBC
AB
3ωπ De
zCo ' rC % 10&7 % j 6 ω 10&7 ln
2 3
DAC DBC DCC
DAB DAC 3 D
zAd ' rA % j 2 ω ln % j ln AB 10&7 (Ω/m)
DAA 2 DAC (11.3!96)
DAB DBC 3 D
zBd ' rB % j 2 ω ln % j ln AB 10&7 (Ω/m)
DBB 2 DBC
(11.3!97)
DAC DBC 3 DAC
zCd ' rC % j 2 ω ln % j ln 10&7
DCC 2 DBC
Le fait que les inductances cycliques sont complexes indique que la chute de tension réactive
n'est pas déphasée exactement de π/2 par rapport au courant dans la phase considérée. Il en
résulte alors que tout se passe comme si la résistance ohmique était diminuée ou augmentée,
selon que le terme en j est respectivement positif ou négatif. Ces modifications apparentes
de résistance ne conduisent toutefois globalement à aucune perte ou aucun gain de puissance,
ce que l'on pourra facilement vérifier.
On s'aperçoit aisément que dans le cas d'une ligne où les conducteurs ont les mêmes sections
de RMG = Ds et sont disposés symétriquement les uns par rapport aux autres à une distance
Dm (pratiquement on se rapproche assez souvent de ce cas), les termes en j sont nuls et que
l'on retrouve alors les résultats obtenus précédemment (11.3-5 2).
c. Impédance inverse
Si les courants imposés sont d'ordre de succession inverse, on verrait facilement que l'on
arrive à l'expression suivante de l'impédance inverse linéique :
DAB DAC 3 D
zAi ' rA % j 2 ω ln % j ln AC 10&7 (Ω/m)
DAA 2 DAB (11.3!98)
L'on substitue cette valeur à IG dans les trois premières équations. Ensuite, ainsi que l'on a
procédé plus haut, on détermine les valeurs des impédances (zoo)G ... (zii)G .
On obtient ainsi des valeurs qui diffèrent de celles des relations (11.3!65) par suite de la
présence du fil de terre. On constatera que toutes les impédances où interviennent les signes
d et/ou i sont peu affectées par la présence du fil de terre ceci par suite du fait d'une sorte de
compensation des influences magnétiques des composantes directes et inverses de courant
sur le flux qui entoure le fil de terre. Par contre l'impédance (zoo)G est diminuée d'une manière
appréciable par suite de la présence du conducteur G.
La méthode utilisée ci-dessus peut évidemment être appliquée au cas où la ligne est munie
de plusieurs fils de terre.
Lorsque l'impédance homopolaire d'une ligne aérienne n'a pas fait l'objet de calculs ou de
mesures en réseau, on peut utiliser les valeurs approximatives suivantes indiquées par
A. HOCHRAINER ([B.60-0]) :
Une ligne triphasée dont les conducteurs sont numérotés A, B, C présente un parallélisme
avec une autre ligne dont les conducteurs sont A’, B’, C’. Déterminons les f.e.m. linéiques
induites dans les conducteurs A’, B’ et C’ par la circulation des courants IA, IB, IC dans les
conducteurs A, B, C.
la f.e.m. dans la ligne A’, B’, C’ en fonction des composantes symétriques du courant dans
la ligne A.
∆Vo ) zo )o zo )d zo )i Io
∆Vd ) ' zd )o zd )d zd )i Id (V/m) (11.3!103)
∆Vi ) zi )o zi )d zi )i Ii
Les impédances mutuelles zo’o ... zi’i sont définies par des relations similaires à (11.3!65). Ici
il y a lieu de tenir compte du fait que zA’B … zB’A
Si les deux lignes sont transposées régulièrement selon le plan de transposition c de la Figure
11.3-26, on constatera que les f.e.m. dues aux composantes directes et inverses des courants
sont annulées. Il n'est toutefois pas possible d'annuler par la transposition les f.e.m. dues à la
composante homopolaire du courant dans la ligne A, B, C. C'est ce que l'on nomme l'effet
d’inductance mutuelle homopolaire entre les deux lignes triphasées parallèles.
8. Cas général
Dans le cas d’une ligne à deux ternes à conducteurs en faisceau n-uple, comportant m fils de
garde, il est simple d’établir l’expression de chacun des (2 * 3 * n + m)2 de la matrice
d’impédance pour chaque conducteur élémentaire. Cette matrice est ensuite réduite à une
matrice [ 3 * 3 ] en tenant compte de l’égalité des tensions pour les conducteurs d’une même
phase et de la mise à la terre des fils de garde.
Une ligne triphasée aérienne constituée par trois conducteurs A, B, C parcourus par des
courants sinusoïdaux de pulsation ω induit dans un conducteur parallèle i, par exemple un
oléoduc en tube métallique, une f.e.m. linéique dont la valeur est donnée par la relation
∆Vi ' ziA,0 IA % ziB,0 IB % ziC,0 IC (V/m) (11.3!105)
Si les conducteurs de la ligne triphasée sont régulièrement transposés sur le parcours où a lieu
le parallélisme (ce qui amène une égalité de ziA,0, ziB,0, ziC,0, on voit que la f.e.m. induite ∆Vi
n'est nulle que pour autant que IA + IB + IC = 0. Cette condition est réalisée avec une très
bonne approximation en fonctionnement normal de la ligne. Elle ne l'est plus lorsqu'il existe
un défaut dans le réseau donnant lieu à une composante homopolaire Io du courant dans
chacun des fils de ligne ce qui détermine la circulation d'un courant -3 Io dans le sol.
S'il s'agit d'une ligne téléphonique aérienne à deux conducteurs i, j parallèles à la ligne
triphasée on calculera par ∆Vi - ∆Vj. la f.e.m. développée par le flux magnétique dû à la ligne
A, B, C dans la boucle formée par les conducteurs ij. Dans ce cas le calcul fournit pour ∆Vi
et ∆Vj des valeurs assez voisines, mais l'on doit tenir compte du fait qu'une f.e.m. de l'ordre
de 1 V suffit pour brouiller une communication téléphonique. D'autre part, il y a également
lieu de se préoccuper du fait que les courants circulant dans la ligne triphasée peuvent ne pas
être rigoureusement sinusoïdaux. Dans un tel cas il y aurait lieu de procéder, par un calcul
semblable à celui qui est indiqué ci-dessus, à l'évaluation de l'ordre de grandeur de la f.e.m.
perturbatrice induite par les différents harmoniques de ces courants.
A noter, en ce qui concerne ces harmoniques que, quoique leur amplitude soit relativement
faible, leur effet d'induction est relativement plus élevé (proportionnel à ω) et, qu'en outre,
ce sont les fréquences comprises entre 800 et 1 200 Hz qui sont de loin les plus utiles pour
la compréhension de la parole.
Signalons enfin que des transpositions des conducteurs de lignes téléphoniques régulièrement
opérées le long des parcours présentant un parallélisme avec des lignes de transport d'énergie
conduisent à une réduction appréciable des influences gênantes. La Figure 11.3-30 et la
Figure 11.3-31 illustrent le cas d’une ligne de puissance et de lignes téléphoniques placées
sur la même file de pylônes (ce qui est interdit en Belgique).
A égalité entre la valeur du courant alternatif et celle du courant continu circulant dans le
même conducteur, la perte de puissance par effet JOULE sera donc plus élevée dans le cas
du courant alternatif. Tout se passe comme si la résistance subissait un accroissement.
L'effet pelliculaire est caractérisé par le rapport R/R0 de la résistance effective en courant
alternatif à la résistance en courant continu. Ce rapport est sensiblement égal à l'unité pour
des conducteurs non magnétiques, de faible section et à fréquence industrielle. Il augmente
considérablement avec la perméabilité, la valeur de la section et la fréquence.
Figure 11.3-32
Par raison de symétrie, les lignes de force magnétiques sont des circonférences concentriques
Appelons Jx la valeur instantanée de la densité de courant dans un filet de courant situé à une
distance x de l'axe.
Ecrivons que pour tout filet de courant la chute de tension est la même entre les deux surfaces
équipotentielles, on a donc :
MΦx
e ' ρ Jx % ' ρ Jr ' constante (V/m) (11.3!106)
Mt
Dans ce qui suit nous ne considérerons dans MΦx/Mt que la valeur du flux extérieur au tube de
rayon x, mais intérieur au conducteur. Le flux extérieur au conducteur est, en effet, le même
pour tous les filets de courant et sa valeur disparaît de l'équation ci-dessus.
Soit ix(A) la valeur instantanée du courant total dans le cylindre de rayon x. Soit Hx la valeur
instantanée du champ magnétique à la distance x de l'axe (A/m). On établit aisément les
relations :
MΦx
(1) ' & µH x (Wb/m)
Mx
Mi x
(2) ' 2πJx (A/m) (11.3!107)
Mx
ix
(3) Hx ' (A/m)
2πx
Eliminons Φx, Hx et ix entre les équations (11.3!106) et (11.3!107). La relation (3) nous
conduit à :
Mi x MH x
' 2π Hx % x (11.3!108)
Mx Mx
MJ x M2φx
ρ % ' 0 (11.3!110)
Mx MtMx
et
M2Hx 2
ρ M Jx
' (11.3!113)
MtMx µ Mx 2
d'où, en remplaçant MHx/Mt et M2Hx/M2t par les valeurs tirées de (11.3!112) et de (11.3!113),
on obtient :
M2Jx 1 MJ x µ MJ x
% & ' 0 (11.3!115)
Mx 2 x Mx ρ Mt
Cette équation aux dérivées partielles ne peut être intégrée que dans certains cas particuliers.
Parmi ceux-ci figure notamment le cas du courant alternatif sinusoïdal, à l'état de régime.
Si le courant total circulant dans le conducteur est sinusoïdal, on peut admettre que dans
chaque filet il en est ainsi également. Désignons par Jc la valeur efficace de la densité de
courant au centre du conducteur. On peut écrire en employant les notations symboliques :
Jx ' Jc (α%jβ) (11.3!116)
dont la solution est donnée par une fonction de BESSEL de première espèce et d'ordre zéro,
définie par :7
p'4 2p
J0(nx) ' j (&1)p
nx 1
(11.3!119)
p'0 2 p! 2
et l'on a :
Jx ' Jc J0(nx) (11.3!120)
Si l'on écrit n sous la forme n = j3/2 m avec m = (µω/ρ)1/2, le développement de J0(x) nous
conduit à :
m 2x 2 4 4 6 6
Jx ' Jc 1 % j & m x & j m x ... (11.3!121)
22 24(2!)2 26(3!)2
La chute de tension ∆V entre deux sections droites distantes de l'unité de longueur est égale
à ρJr, c'est-à-dire :
∆V ' ρ Jc J0(nr) (V/m) (11.3!122)
D'autre part, la valeur du courant total circulant dans le conducteur est donnée par :
r r
m m
I ' 2πx Jx dx ' 2π Jc x J0(nx)dx (11.3!123)
0 0
7
Il importe de ne pas confondre les densités de courant Jx, Jc avec les fonctions de Bessel J0, J1.
L'impédance, par unité de longueur mais dont le terme de réactance est uniquement relatif au
flux intérieur au conducteur (seul affecté par l'effet pelliculaire) a donc pour valeur8 :
∆V J (nr)
Z ' ' nρ 0 (Ω/m) (11.3!126)
I 2πr J1(nr)
8
Exceptionnellement, des lettres majuscules sont utilisées dans ce § pour désigner des résistances,
réactances, inductances et impédances linéiques.
) )
R
' mr ber(mr) bei (mr) & ber (mr) bei(mr) (11.3!130)
R0 2 ber )(mr) 2 % bei )(mr) 2
Les expressions ber et bei désignent respectivement les parties réelles et les parties
imaginaires de la fonction de BESSEL de première espèce et d'ordre zéro. Les accents
désignent la dérivation première par rapport à mr.
On trouverait de même :
) )
L
' 4 ber(mr) ber (mr) % bei(mr) bei (mr) (11.3!131)
R0 mr ber )(mr) 2 % bei )(mr) 2
Les formules (11.3!130) et (11.3!131) sont dues à LORD KELVIN en 1888 ([B.70-0]).
L'ingénieur se servira utilement des tables calculées d'après ces formules et qui ont été
publiées par ROSA et GROVER ([B.150-0]). Le tableau 11.3-6 ci-après a été extraite de cette
publication. Les rapports R/Ro et L/Lo y sont indiqués en fonction de mr.9
Afin d'exprimer les grandeurs en unités d'un maniement aisé il convient de mettre la valeur
de mr sous la forme
µr f
mr ' 0,0281 r (11.3!132)
ρ
9
Rappelons que le terme de réactance est uniquement relatif au flux intérieur au conducteur (seul
affecté par l'effet pelliculaire)
Tableau 11.3-6 : Rapport R/R0 et L/L0 pour des conducteurs cylindriques pleins de section
circulaire
A la fréquence industrielle normale de 50 Hz, les rapports R/Ro calculés pour des
conducteurs en cuivre recuit de section circulaire à 20EC sont les suivants :
Pour r = 1 1,5 2 3 4 cm
on a R/Ro = 1,026 1,121 1,324 1,865 2,396
On voit donc qu'il y a déjà lieu de tenir compte de l'effet pelliculaire à 50 Hz dès que le rayon
d'un conducteur de cuivre plein dépasse 1 cm.
A égalité de section, le rapport R/R0 sera plus proche de l'unité dans le cas de conducteurs
creux que dans celui de conducteurs pleins.
Des conducteurs tubulaires sont fréquemment employés pour réaliser les barres de postes. On
les a utilisés également dès avant 1940 aux Etats-Unis pour la réalisation de lignes aériennes
à tension élevée (287 kV). Leur avantage réside dans un rapport R/R0 voisin de l'unité, une
réactance plus faible que celle de conducteurs pleins et un champ électrique plus faible à leur
surface (c'est ce dernier effet qui était la raison prédominante de l'emploi de conducteurs
tubulaires pour les lignes aériennes - diminution de l'effet de couronne (voir ci-après en 11.5).
Leur inconvénient est évidemment leur prix.
3. Conducteurs câblés
Figure 11.3-34
Des mesures ont prouvé que si l'on constitue un conducteur en réunissant parallèlement
ensemble, sans les enrouler en spirale, des brins de section circulaire pleine, le rapport
caractéristique de l'effet pelliculaire R/R0 est pratiquement le même que pour des conducteurs
de section circulaire pleine de même section totale (et non pas de même diamètre extérieur).
La même constatation peut être faite sur les câbles dont les différentes couches de brins sont
disposées en spirales alternées ceci du moins en ce qui concerne les fréquences industrielles.
Toutefois, à partir de 1 200 Hz, le rapport R/R0 augmente pour ces câbles plus rapidement que
pour des conducteurs de section circulaire pleine.
ρ
e ' 503,3 (mm) (11.3!134)
µr f
A la fréquence de 50 Hz et pour des conducteurs en cuivre recuit à 20EC, cette formule nous
conduit à l'épaisseur équivalente de 9,36 mm. Pour des conducteurs en aluminium, dans les
mêmes conditions, on a 12,24 mm.
La formule (11.3!134) est valable avec une approximation suffisante pour n'importe quelle
forme de conducteur du moment que le rayon de courbure de la section droite est partout
grand vis-à-vis de la profondeur de pénétration. L'utilité de cette formule est particulièrement
marquée dans le cas de conducteurs de formes compliquées tels que des profilés de cuivre ou
d'aluminium (connexions d'alternateurs, barres de centrales ou de postes).
Une mauvaise utilisation de la section des conducteurs résulte de l'effet pelliculaire et conduit
à une aggravation des pertes par effet JOULE ainsi que de la chute de tension. I1 est donc
important de réduire autant que possible l'effet pelliculaire et ceci en particulier dans les
barres des postes de transformation importants ainsi que dans les barres de connexion entre
alternateurs et transformateurs.
Les moyens utilisés résultent des considérations émises précédemment et sont énumérés
ci-après :
Lorsque le matériau conducteur est magnétique (fer ou acier), la perméabilité est elle-même
fonction du champ magnétique lequel est variable à l'intérieur du conducteur. Afin de faciliter
un calcul qui serait très difficile on peut admettre en première approximation que la
perméabilité est constante dans la masse du conducteur.
Une valeur moyenne de perméabilité relative, pour des densités de courant normales, est pour
des fils de fer ou d'acier non recuits d'environ 500; pour l'acier recuit : 800. La valeur de
résistivité correspondante est ρ = 1, 22 10-7 Ω m. On est ainsi conduit, pour le fer et l'acier
non recuits à une profondeur équivalente d’environ 1,1 mm et pour l'acier recuit à 0,87 mm.
7. Câbles aluminium-acier
En courant continu, la présence de l'âme en fils d'acier ne diminue la résistance ohmique que
de 1 à 2 % par suite de la résistivité élevée de l'acier. En courant alternatif, l'effet pelliculaire
n'est pas affecté d'une manière appréciable par le noyau magnétique, car ce n'est qu'une très
faible fraction du courant qui y circule. Par contre, la résistance effective d'un câble
aluminium acier est augmentée par suite des pertes par hystérésis et courants de FOUCAULT
dans l'âme d'acier dues à la pulsation du flux magnétique. Cette augmentation est
particulièrement importante et peut atteindre 40 à 50 % pour les câbles d'assez forte section
qui n'ont qu'une seule couche de fils d’aluminium donnant lieu à un effet de solénoïde et, par
conséquent, une composante longitudinale du flux magnétique (Figure 11.3-36, type a). Cet
effet est considérablement réduit lorsque les fils d'aluminium sont disposés en deux couches
spiralées en sens inverse l'une de l'autre (Figure 11.3-36, type b et Figure 11.3-35). Dans ces
cas, les flux magnétiques longitudinaux produits par les deux couches s'annulent très
sensiblement et les mesures donnent à peu près la même valeur pour la résistance en courant
alternatif à 50 Hz ou en courant continu.
Le principe de l'effet de proximité a été exposé en 11.3. Lorsque des conducteurs parallèles
sont situés à une assez grande distance les uns des autres (cas pour des lignes aériennes), le
courant d'un conducteur n'a pas d'influence sensible sur la répartition du courant dans un autre
conducteur et l'on n'a alors à considérer que l'effet pelliculaire.
Lorsque les distances entre conducteurs sont du même ordre de grandeur que leurs
dimensions transversales l'on est en présence d'une combinaison d'effet pelliculaire et d'effet
de proximité. Il en résulte que la distribution du courant dans le cas de conducteurs circulaires
n'est plus symétrique par rapport à l'axe de ces conducteurs. Le calcul en est assez complexe.
On peut utiliser pour caractériser ce phénomène le rapport R”/R' de la résistance effective en
courant alternatif R” effet pelliculaire et de proximité agissant, à la résistance effective R' les
conducteurs étant espacés suffisamment pour rendre l'effet de proximité négligeable.
Cette étude ne sera pas abordée ici. Mentionnons simplement que, outre les variables qui
interviennent dans le calcul de l'effet pelliculaire, l'espacement entre les conducteurs est
également à considérer. Dans chacun des conducteurs qui sont parallèles et voisins l'un de
l'autre et où circulent des courants de directions opposées, la densité de courant est plus
grande le long des génératrices des conducteurs qui sont les plus rapprochées les unes des
autres que sur celles qui sont les plus éloignées un accroissement apparent de résistance en
résulte. L'effet est d'autant plus marqué que la fréquence et la perméabilité sont plus élevées,
que la distance entre conducteurs est plus faible et que la section offerte par un conducteur
au flux de l'autre est plus importante. A 50 Hz l'accroissement de résistance pour des
conducteurs de lignes aériennes est inférieur à 1 %. Il peut être négligé, étant inférieur à
l'erreur commise dans la détermination de la résistance.
Il y a lieu de se préoccuper de l'effet de proximité dans le cas de circuits réalisés par des
conducteurs de section très importante destinés à être parcourus par des courants de forte
intensité. Dans ce cas, ce sont les barres plates, de section rectangulaire, posées avec leurs
grands côtés parallèles qui réduisent le mieux l'effet de proximité.
La résistance en courant alternatif d'un conducteur de câble souterrain est plus élevée que la
résistance en courant continu par suite des effets pelliculaire et de proximité.
La résistance en courant continu peut être considérée comme égale à la résistance d'un
conducteur circulaire de même section et dont la longueur est égale à la longueur du câble
augmentée de 2 % pour tenir compte du spiralage des brins qui constituent chaque
conducteur. Dans les câbles tripolaires, les conducteurs, revêtus de leur isolement, étant
tordus ensemble il y a lieu d’en tenir compte par une majoration de longueur supplémentaire
de 2 %.
L'effet de proximité ne conduit à une variation appréciable de la résistance effective que pour
de très grandes sections.
2. Courants induits dans écran métallique (gaine, enveloppe de plomb) - Pertes d'énergie
Le flux magnétique alternatif dû à la circulation du courant dans les conducteurs produit dans
l'écran des câbles des forces électromotrices alternatives longitudinales. Si plusieurs câbles
se trouvent côte à côte et que leurs écrans sont électriquement en contact, ces f.e.m. donnent
lieu à des courants dans les écrans ce qui crée des pertes supplémentaires. I1 est commode
de tenir compte de ces pertes, en les attribuant d'une manière conventionnelle à une
augmentation fictive de la résistance des conducteurs.
Les pertes dans l'écran sont faibles et peuvent généralement être négligées dans le cas de
câbles tripolaires. Le champ magnétique dans l'écran de ces câbles est presque complètement
annulé par le fait que les trois conducteurs (où la somme des courants est nulle en
fonctionnement normal) sont très voisins l'un de l'autre. Des courants de FOUCAULT induits
localement et provoquant des pertes peuvent néanmoins se produire pour des câbles
tripolaires de très forte section parcourus normalement par des courants intenses.
Signalons, pour mémoire, qu'un problème semblable se présente en ce qui concerne les barres
blindées de jonction entre alternateur et transformateur.
Soient :
r1 le rayon extérieur de l'écran en m,
Figure 11.3-39 r2 le rayon intérieur de l'écran en m,
Le courant triphasé I équilibré circulant dans les trois conducteurs induit donc dans chaque
écran une force électromotrice I Xm par m.
Il en résulte, par écran, une perte supplémentaire due à l'effet JOULE de ce courant :
Re I 2 Xm2
∆P ' Re Ie2 ' (W/m) (11.3!138)
Xe2 % Re2
Cette perte de puissance s'ajoute dans chaque phase à la perte par effet JOULE qui réside dans
le conducteur :
P ' Rc I 2 (W/m) (11.3!139)
On peut donc dire que tout se passe comme si la résistance Rc du conducteur subissait une
augmentation de :
Re Xm2
∆R e ' (Ω/m) (11.3!140)
Xe2 % Re2
Les réactances Xm et Xe se calculent de la manière suivante : dans le système formé par les
trois conducteurs A, B, C et l'écran e1 du conducteur 1, l'expression du flux qui entoure l'écran
est :
1
Φe ' 2 10&7 IA ln % IB ln 1 % IC ln 1 (Wb/m) (11.3!141)
DAe DBe DCe
DBe DCe
Φe ' 2 10&7 IA ln (Wb/m) (11.3!142)
DAe
De plus DAe peut être pris en première approximation comme égal à (r1 + r2)/2.
On a donc :
2 D
Φe ' 2 10&7 IA ln (Wb/m) (11.3!143)
r1 % r2
ρ est la résistivité du matériau conducteur de l’écran. Pour le plomb 50EC, elle vaut : 0,252
10 -6 Ωm. Pour l’aluminium, elle vaut : 0,032 10 -6 Ωm.
Il suffit d'introduire les valeurs fournies par les relations (11.3!144) et (11.3!146) dans la
formule (11.3!140) pour obtenir l'accroissement apparent de résistance du conducteur.
Les pertes dans les écrans peuvent être diminuées en isolant les écrans les unes des autres de
telle manière que les courants d'écran ne puissent s'établir.
Il peut en résulter des tensions induites assez considérables entre écrans, ce qui peut produire
un danger d'électrocution ou donner lieu à une certaine électrolyse des écrans par suite de
l'humidité inévitable dans les caniveaux où sont déposés les câbles.
Figure 11.3-40
On peut aussi, afin de limiter la valeur des tensions induites, créer un isolement entre les
écrans consécutives à chaque boîte de jonction10. Voir Figure 11.3-40.
Figure 11.3-41
D'autres dispositions sont employées pour éviter la circulation de courants d'écrans sans que
des tensions induites se manifestent. Ceci peut être réalisé en employant des boîtes de
jonction où les écrans consécutives se trouvent isolées et en raccordant les écrans entre elles
deux à deux en effectuant des transpositions à chaque groupe de boîtes de jonction (Figure
11.3-41).
Par ce procédé, les pertes dans les écrans se réduisent à quelques pour cent des pertes avec
écrans en contact.
Le fer feuillard est à proscrire pour la fabrication des armures de câbles monopolaires. On
emploie des armures en fil d'acier de faible perméabilité, à haute teneur en carbone, des fils
de bronze, des fils de fer isolés entre eux par du papier ou du jute, ceci afin d'introduire des
intervalles dans le circuit magnétique.
Les pertes dans de telles armures sont difficiles à calculer et doivent faire l'objet de
déterminations expérimentales.
10
Les câbles sont fabriqués par tronçons de quelques centaines de mètres qui, lors du montage, sont
reliés entre eux au moyen de boîtes de jonction.
ou :
[v] ' [A] [q] (11.4!2)
Les coefficients tels que aij ne dépendent que des dimensions géométriques des conducteurs,
de leurs positions relatives et de la permittivité du milieu isolant. Ces coefficients a sont
toujours positifs; ceux qui portent les mêmes indices en ordre différent sont égaux : aij = aji.
Le potentiel vi d'un conducteur i n'est autre chose que le travail nécessaire pour amener d'un
endroit où le potentiel est nul (de la référence, par exemple de l'infini) une charge unitaire
jusque sur le conducteur i. Dans l'expression de vi le terme aij qj représente le travail
nécessaire pour vaincre le long de cette trajectoire la force due à la charge qj portée par le
conducteur j, les autres conducteurs étant présents, mais chacun ayant une charge totale nulle.
Nous exposons ci-après comment il convient de calculer les coefficients a dans différents cas
de réalisations de lignes électriques.
Il sied maintenant d'observer que dans la pratique courante les potentiels sont imposés aux
conducteurs par les sources et l'on cherche alors à déterminer les charges ou, plus exactement,
les potentiels étant variables dans le temps, il convient de calculer les dérivées des charges
par rapport au temps (dq/dt) car elles correspondent à des courants de déplacement (ou
courants de capacité) échangés entre les conducteurs et qu'il importe de connaître.
Pour cette raison il est nécessaire de disposer de relations exprimant les charges q1, q2, ..., qn
en fonction des potentiels v1, v2, ..., vn et qui s'écrivent :
q1 b11 þ b1j þ b1n v1
! ! . ! . ! !
qi ' bi1 þ bij þ bin vj (Relations du type II) (11.4!3)
! ! . ! . ! !
qn bn1 þ bnj þ bnn vn
ou :
[q] ' [B] [v] (11.4!4)
et
n
cii ' j bij (11.4!9)
j'1
Ces deux conducteurs sont plongés dans un milieu parfaitement isolant, homogène, doux et
isotrope de permittivité g = g0 gr avec
1
g0 ' 10&9 ' 8,85434 10&12 (F/m) (11.4!10)
36π
Le potentiel est le travail à accomplir pour amener une charge +1 C d'une distance R (où se
trouve le potentiel 0 du point de référence) jusqu'en P en tenant compte des forces dues à la
charge du conducteur A:
1 R
' ln q (J) (11.4!12)
2πg d1
Le travail total exprime la valeur du potentiel en P et si l'on choisit l'origine des potentiels
à l'infini il vient :
1 d
VP ' ln 2 q (V) (11.4!14)
2πg d1
On a les relations :
a k 2%1
OM '
2 k 2&1
(11.4!15)
ak
et r '
k 2&1
Le centre M du cercle représentant une surface équipotentielle est d'autant plus près du point
B que le rayon r est petit ou que k est grand. On remarque que k = ON/(a/2). Il en résulte donc
que ON est une mesure de k. Pour k = 1, le point M est à l'infini et la surface équipotentielle
est le plan dont la trace dans le plan de la figure est la médiatrice Oy. Pour les valeurs de k
inférieures à 1 le centre des lignes équipotentielles est à gauche de A. Il est à droite de B pour
k > 1. Le tracé des lignes équipotentielles est donné par la Figure 11.4-4. Il est symétrique par
rapport à Oy.
a
& x
1 2
Vx ' q ln (V) (11.4!17)
2πg a
% x
2
La d.d.p. entre les deux cylindres est égale au double de la d.d.p. entre le point O et la surface
d’un des cylindres. Elle vaut :
a
% d & r
1 2 2
U ' q ln (V) (11.4!19)
πg a
& d % r
2 2
Le champ électrique est maximum à la surface des cylindres, son expression s'obtient en
faisant x = (a/2) - r dans les relations et en éliminant q
2r
1% 2
U d d 2r
Emax ' ln 1 % 1& (V/m) (11.4!21)
2r 2r 2r d
1&
d
Si l'on fait varier r en maintenant d constant, le champ maximum Emax égal à l'infini pour r = 0
Pour des distances relativement grandes entre les deux conducteurs, ce qui est le cas des lignes
aériennes, on peut négliger (2r/d)2 devant 1. On est ainsi conduit à la formule approximative
πg
c • (F/m)
d
ln
r
10&9gr (11.4!22)
•
d
36 ln
r
D'autre part, une expression approchée du champ maximum est obtenue en négligeant
également (2r/d) devant l'unité dans la formule (11.4!21) ce qui conduit à :
U
Emax ' (V/m)
d (11.4!23)
2r ln
r
La capacité linéique entre un cylindre de rayon r (m) et un plan conducteur distant de h (m)
est donc
2πg
c • (F/m)
2h
ln
r
10&9gr (11.4!24)
•
2h
18 ln
r
Elle décroît donc comme l'inverse de la distance r à partir de la valeur maximale atteinte à la
surface du conducteur intérieur :
U
E ' (V/m)
r2 (11.4!28)
r1 ln
r1
Si, pour une valeur déterminée du rayon intérieur de l'écran r2, on fait varier le rayon du
conducteur r1 entre les valeurs 0 et r2, on voit que le champ maximum, qui pour ces valeurs
extrêmes est infini, passe pour la valeur intermédiaire
r2
r1 ' ' 0,37 r2 (11.4!29)
e
Emax
min
' U (V/m) (11.4!30)
r1
Figure 11.4-6
La rigidité diélectrique de couches de papier imprégné est telle qu'elles résistent à un champ
électrique, dirigé perpendiculairement à ces couches, pouvant atteindre 40 à 50 kV/mm
(valeur maximale).
Dans le sens parallèle aux couches de papier, le champ amenant la disruption a une valeur
beaucoup plus faible.
L'explication en est la suivante : malgré tous les soins pris lors de l'imprégnation du papier,
il existe entre les couches de papier de petites bulles d'air ou de gaz fortement aplaties.
Ces bulles ou espaces vides d'imprégnation ont une permittivité relative voisine de l'unité
alors que le papier imprégné qui les entoure a une permittivité relative d'environ 3,5. La
contrainte diélectrique subie par l'air ou les gaz remplissant ces bulles est plus forte que celle
du papier. Cette contrainte est, d'autre part, beaucoup plus élevée si le champ est dirigé
parallèlement aux couches de papier puisque c'est dans cette direction que l'espace occupé par
les bulles est relativement le plus important. Or, alors que le papier imprégné résiste à un
champ de 40 kV mm, une disruption de l'air se produit pour un champ qui ne dépasse pas 3
kV/mm (valeur maximale).
Sous l'effet de la tension, il y a donc un risque sérieux de voir se produire, dans les espaces
vides, des décharges locales.
Après fabrication, de multiples causes interviennent pour favoriser la création d'espaces vides.
Ce sont les déformations pendant la pose du câble en tranchées ou caniveaux, les
déformations dues aux mouvements de terrains, et surtout, les variations de l'équilibre
thermique. Tout câble, en effet, s'échauffe en service normal, la masse d'imprégnation, ayant
un très grand coefficient de dilatation et une faible compressibilité, tend à augmenter le
diamètre de la gaine métallique. Celle-ci n'étant pas élastique ne reprend pas ses dimensions
primitives lors d'un refroidissement ultérieur se produisant après coupure du courant. Nous
verrons plus loin comment on a triomphé de ces difficultés par la construction de câbles à
huile fluide ou de câbles sous pression.
A la tension nominale, le champ électrique (kV/mm à 50 Hz) est limité aux valeurs suivantes
:
2. Câbles monopolaires
Ce minimum est toutefois assez plat, ainsi que le montre la Figure 11.4-6. Il en résulte que le
rapport r1/r2 peut s'écarter quelque peu de la valeur de l/e sans que le champ maximum E1
augmente sensiblement.
3. Câbles tripolaires
Figure 11.4-7 : Champ électrostatique d’un Figure 11.4-8 : (a) à ceinture isolante
câble tripolaire à ceinture isolante : v1=v2=- (b) à armature métallique
v3/2 (c) “tri-plomb”
A l'instant auquel la Figure 11.4-7 se réfère, les conducteurs 1 et 2 sont à un même potentiel
égal et de sens inverse à la moitié du potentiel du conducteur 3 par rapport à l'écran
métallique.
On constate que de nombreuses lignes de force comportent une composante tangentielle aux
11
Les conducteurs des câbles étant constitués de brins toronnés l'on peut craindre qu'il peut en résulter
localement une augmentation sensible du champ électrique par rapport à la valeur de ce champ dans le cas d'un
cylindre parfait. On pallie souvent cet inconvénient en entourant le conducteur d'un ruban semi-conducteur en
polyéthylène réticulé chargé de carbone.
couches de papier.
D'autre part, dans un tel câble, il existe quatre régions qui n'ont pu être remplies de couches
de papier bien serrées et dans lesquelles on a dû faire un bourrage de cordelettes de papier
imprégné. Ces régions ne présentent pas une texture aussi serrée que les couches de papier et
sont particulièrement propres à la présence de petits espaces vides d’isolant.
Elles offrent une rigidité diélectrique moindre que celle des zones où le champ est
perpendiculaire aux couches de papier.
De tout ceci résulte une mauvaise utilisation de l'isolement qui limite la tension de service
(entre phases) de tels câbles à environ 30 kV.
Un progrès très important a été marqué par la construction de câbles à armatures métallisées
"HOCHSTATTER" ou câbles "H". Dans ce type de câbles les 3 conducteurs sont disposés
comme dans le type normal et sont isolés chacun au moyen de couches de papier, la dernière
couche de papier entourant chaque conducteur étant recouverte d'une mince couche métallisée
constituée par une bande de papier perforée dont la surface est rendue conductrice par un
dépôt métallique. Dans de tels câbles (voir Figure 11.4-8 b), il n'existe pas de ceinture isolante
extérieure. Les trois surfaces métallisées sont en contact ensemble et avec l'écran métallique
et forment par conséquent une armature au potentiel zéro. Les champs individuels de chaque
conducteur ne se composent plus avec les champs des conducteurs voisins et les lignes de
force sont radiales comme dans le cas des câbles monopolaires. Les zones remplies de
bourrage ne sont soumises à aucun champ électrique. Or les espaces vides se forment de
préférence dans le bourrage, directement sous l'écran métallique. En outre les surfaces
métallisées concourent activement à l'évacuation de la chaleur développée dans les
conducteurs.
Par ce seul fait, les câbles "H" peuvent subir des augmentations de 8 à 12 % au-dessus de la
valeur nominale du courant d'un câble ordinaire de même section, ce qui est un avantage
sérieux. La perte additionnelle par courants de FOUCAULT dans les couches métallisées
atteint seulement 2 à 4 % des pertes dans le cuivre. Les gradients admissibles sont de 4 à 5
kV/mm tandis que dans les câbles ordinaires on ne dépasse pas 3 kV/mm.
présentent pas un degré de sécurité suffisant. Les câbles à huile fluide ont été conçus pour
vaincre cette difficulté.
On conçoit que l'installation de tels câbles soit d'un coût très élevé. Les accessoires tels que
boîtes de jonction, boîtes d'extrémité, sont d'une construction très délicate.
Un autre moyen, qui permet d'atteindre des tensions de service élevées, est le procédé employé
dans les câbles sous pression. Ces câbles sont posés dans des tubes en acier soudés bout à bout
pour pouvoir supporter des pressions
jusqu'à 15 atmosphères. Cette pression
appliquée, par conséquent, extérieurement
au câble a pour but de lui faire reprendre
lors de son refroidissement l'état qu'il avait
avant son échauffement, ce qui supprime
la création d'espaces vides.
pouvant être supporté indéfiniment par l'isolant s'élève à 40 kV/mm, ce qui montre que le
diélectrique est extrêmement bien utilisé. En ce qui concerne ce gradient, on adopte
généralement un coefficient de sécurité de 3,5 ce qui porte le gradient admissible en service
à 11,5 kV/mm.
On a représenté dans un tableau schématique les gammes de tensions dans lesquelles les
câbles qui viennent d'être décrits sont employés (Figure 11.4-12 [B.160-0]). On voit que pour
les tensions supérieures à 6 kV, les câbles sont du type à champ monophasé, bien que souvent
ils soient construits sous forme triphasée jusqu’à 20kV. Les câbles monophasés sont utilisés
exclusivement au-delà de 64 kV.
Figure 11.4-12
Câbles monopolaires
La capacité linéique d'un câble monopolaire est donnée par la formule des condensateurs
cylindriques coaxiaux qui ainsi que nous l'avons vu en (11.4!26) est
gr
c ' (nF/m)
r2 (11.4!31)
18 ln
r1
Pour le papier imprégné, la permittivité relative gr varie entre les valeurs 3,0 et 4,2. Elle est
influencée par la température et augmente rapidement entre 35 et 70EC.
Le caoutchouc qui est employé pour l'isolement des conducteurs à basse tension a une
permittivité comprise entre 4,0 et 9,0.
Câbles tripolaires
Il existe des formules donnant la capacité linéique des câbles tripolaires à conducteurs
circulaires et à ceinture isolante. Mais ces câbles sont de plus en plus rares et remplacés par
des câbles métallisés pour lesquels la capacité cyclique des conducteurs se calcule par la
formule des câbles monopolaires (11.4!31).
Etant donné l'incertitude qui existe toujours sur la valeur exacte à attribuer à gr il est
recommandable de procéder expérimentalement à la détermination de la capacité.
Pratiquement, ces mesures s'effectuent en haute tension, au pont de SCHERING, lequel
fournit en outre la mesure des pertes diélectriques.
1. Généralités
Le long des lignes électriques aériennes, il se produit entre les conducteurs et entre ceux-ci
et le sol, des pertes de puissance active dues à deux causes principales qui sont :
Si nous appelons Pp la valeur en W de la puissance totale perdue, par conducteur, pour une
longueur de 1 m d'une ligne fonctionnant sous une tension étoilée de V volts;
Pp ' Pi % Pc (11.5!1)
Posons :
Pp ' V 2 g (11.5!2)
Dans cette expression, g représente la conductance latérale ou perditance linéique (par m).
On a :
Pp
g ' (S/m) (11.5!3)
V2
Des mesures effectuées sur des lignes réelles, en service, sont seules susceptibles de fournir
des informations sur la valeur de ces pertes. Celles-ci, pour un type déterminé d'isolateur,
dépendent fortement des conditions météorologiques, de la situation géographique de la ligne,
ainsi que des possibilités éventuelles de pollution de leur surface.
A titre d'indication à ce sujet le tableau 11.5-1 ci-après rassemble les résultats de mesures
effectuées il y a déjà fort longtemps par WEICKER ([B.190-0]) sur une ligne à 6,5 kV équipée
au moyen d'isolateurs à tiges.
Tableau 11.5-1
Des essais montrent qu'une chaîne d'isolateurs pour ligne à 220 kV (entre phases) présente par
beau temps une résistance d'isolement d'environ 2,4 109 Ω. Etant donné qu'une telle ligne est
normalement équipée d'environ 3 pylônes par km la résistance d'isolement par km est donc
d'environ 0,8 109 Ω. Autrement dit, la conductivité g d'une phase par isolement imparfait des
chaînes d'isolateurs est de 1,25 nS/km. Il y est associé, sous 220 kV une puissance active de
pertes par phase et par km égale à
2
220
Pis ' 1,25 10&9 • 20 (W/km) (11.5!4)
3
Ces pertes sont donc d'un ordre de grandeur très faible par rapport aux autres pertes qui
affectent les transports d'énergie électrique sous haute tension : pertes par effet JOULE et
même par rapport aux pertes par effet de couronne.
Le voisinage de la mer, amenant des dépôts salins sur les isolateurs, ainsi que la proximité
d'industries produisant des poussières ou des suies, ceci combiné avec des conditions
météorologiques défavorables (pluie, neige mouillée, etc...) sont susceptibles d'augmenter
fortement les pertes aux isolateurs. Même alors, leur ordre de grandeur reste assez faible, ces
pertes ne constituent pas une grande préoccupation pour les exploitants de réseaux. Par contre,
les dépôts en question sont éventuellement susceptibles de favoriser l'amorçage d'arcs de
contournement aux isolateurs.
3. Effet de couronne
Lorsqu'une tension alternative est appliquée entre deux conducteurs parallèles, dont
l'écartement est grand par rapport au diamètre, l'air qui entoure ces conducteurs n'est le siège
d'aucun phénomène apparent tant que la tension est suffisamment basse. Si la tension est
progressivement élevée, elle peut atteindre une valeur à laquelle l'air, dans le voisinage
immédiat des conducteurs, émet une faible lueur violette. Au même instant, on peut entendre
un sifflement et l'odeur caractéristique de l'ozone peut être perçue.
Si l'on continue à augmenter la tension ces phénomènes sont de plus en plus marqués, la
région lumineuse s'accroissant en dimensions et en brillance. Si les conducteurs sont rugueux
ou sales, les zones les plus brillantes voisinent les rugosités et les souillures.
L'expression "effet de couronne" ou "effet corona" est employée pour désigner le phénomène
lumineux que nous venons de décrire et, par extension, les autres manifestations qui
l'accompagnent.
L'effet de couronne est accompagné d'une perte d'énergie et un wattmètre raccordé à un circuit
où se manifeste cet effet indique qu'une certaine puissance y est absorbée.
La cause de l'effet de couronne réside dans une rupture diélectrique partielle de l'air sous
l'influence d'une valeur élevée du champ électrique existant au voisinage de conducteurs sous
haute tension. Sous l'influence d'un champ électrique, des électrons et des ions libres présents
dans l'air sont soumis à des forces proportionnelles au produit du champ par leur charge. La
vitesse que ces forces peuvent faire atteindre à ces particules chargées, dépend de la valeur
Si au moment du choc de ces particules avec une molécule neutre, la vitesse est suffisante, il
pourra arriver que, un ou plusieurs électrons soient délogés de l'édifice moléculaire. I1 se
forme ainsi un nouvel ion et un ou plusieurs nouveaux électrons libres. Le processus peut
continuer par réaction en chaîne tant que la valeur du gradient de potentiel est suffisante
L'ionisation de l'air par les charges d'espaces ainsi produites amène une modification de la
disposition des surfaces équipotentielles.
Dans le cas de conducteurs dont le diamètre est petit devant l'écartement la modification est
telle que, pour toute une gamme de valeurs de la tension, on peut trouver entre les conducteurs
des champs inférieurs à la valeur critique, sauf dans le voisinage immédiat des conducteurs.
C'est là que la rigidité diélectrique de l'air est détruite sans qu'un arc véritable se développe.
Figure 11.5-1
Considérons une ligne à deux conducteurs (Figure 11.5-1) de rayon r (mm), distants de
d (mm) et soumis à une d.d.p. U (kV); à la surface des conducteurs, aux points A et B, l'air
subit la contrainte électrique maximale. Le champ y est donné par la formule :
U
EA ' (kV/mm)
d (11.5!5)
2r ln
r
Si l'onde de tension est sinusoïdale, il est plus commode d'exprimer la valeur de ce champ
critique en valeur efficace, elle est de :
E0 ' 2,11 kV/mm valeur efficace (11.5!7)
Le champ critique, pour une température θEC et une pression barométrique b mm Hg, est
proportionnel à une puissance 2/3 de la densité relative δ de l'air par rapport à 25EC,
760 mm Hg. On a donc :
On peut, sans trop d'erreur, prendre pour valeur du champ critique Ec déterminant l'apparition
de l'effet de couronne :
Ec ' m o m w E0 (11.5!9)
D'après les travaux de F.W. PEEK Jr, la perte de puissance par effet de couronne est
proportionnelle au carré de l'excès de la tension V du conducteur sur la tension critique
d'apparition de l'effet Vc; elle est donnée par la formule empirique suivante valable par beau
temps :
2,41 r
Pc ' (f%25) (V&Vc)2 10&3 (W/m) (11.5!11)
δ d
Dans cette formule, outre r, d, δ, Vc dont les valeurs ont été définies ci-dessus :
f = fréquence en Hz
Cette formule conduit à des valeurs assez inexactes lorsque la perte par effet de couronne est
faible (ainsi que l'on s'efforce de la maintenir).
La méthode de calcul de PETERSON ([B.120-0]) est basée sur l'emploi de la formule suivante
qui donne la perte pour un conducteur par beau temps :
f F V2
Pc ' 14,7 10&6 (W/m)
2 (11.5!12)
d
ln
r
F est une fonction du rapport V/Vc donnée par la table 11.41-02 ci-après.
Tableau 11.5-1
C
et
te
fo
r
m
ul
e
c
o Figure 11.5-3 : Pertes par effet de
n couronne sous différentes conditions
d météorologiques
ui Diamètre des conducteurs : 12 mm
t Ligne à 2 cond. espacés de 2,4 m
Figure 11.5-2 Fréquence : 50 Hz
Chap. 11 : Paramètres et influences mutuelles
11.107
I1 importe de déterminer la perte d'énergie par effet de couronne non seulement par beau
temps mais surtout au cours d'une année par toutes les conditions météorologiques qui se
présentent alors. Par mauvais temps (pluie, neige, givre) les pertes peuvent être de 50 à 100
fois plus élevées que par beau temps (Figure 11.5-3).
C'est pourquoi des lignes expérimentales ont été construites notamment en France, aux
Etats-Unis, en Allemagne afin d'enregistrer ces pertes au cours du temps et ceci pour
différents types d'équipements.
En règle générale, les pertes triphasées moyennes par effet de couronne de lignes à 220 kV
sont de l'ordre d’environ 2 kW/km et ne représentent qu'une assez faible fraction des pertes
par effet JOULE qui pour une telle ligne sont en moyenne de 30 kW/km.
Les perturbations radiophoniques atteignent leur valeur maximum sous la ligne à haute
tension mais diminuent très rapidement avec la distance. A 50 m de l'axe de la ligne elles ne
sont plus que d'un dixième de leur amplitude maximale.
La valeur de tension d'apparition de l'effet de couronne d'une ligne peut être augmentée et la
perte de couronne diminuée en ayant recours à l'emploi de conducteurs de plus grand
diamètre. C'est ainsi que, à ce point de vue, des câbles aluminium-acier sont préférables aux
conducteurs de cuivre, leur diamètre extérieur étant plus grand à égalité de résistance
électrique. Avant 1940, des lignes à tensions égales à 220 kV en Europe et à 287 kV aux
Etats-Unis d'Amérique ont été équipées de conducteurs creux tels ceux qui sont représentés
en Figure 11.5-5 et Figure 11.5-6.
Cependant ces conducteurs creux sont très coûteux et ont été abandonnés dans la construction
des lignes depuis 1950.
Figure 11.5-7
Chap. 11 : Paramètres et influences mutuelles
11.109
Le champ est maximal aux endroits de la surface des conducteurs les plus écartés du centre
du faisceau. Cependant même en ces endroits sa valeur est inférieure à celle du cas du
conducteur unique, ceci par suite du partage des charges sur une plus grande surface. C'est ce
que montre la Figure 11.5-8.
Dans les isolants solides soumis à un champ électrique alternatif il se produit des pertes
d'énergie attribuables aux causes suivantes :
Le produit ωCR = tg δ, souvent exprimé en %, est voisin, si δ est petit, de la valeur de cos φ.
On peut donc écrire l'expression de la perte de puissance P :
P ' ωCV 2 tgδ (11.5!13)
La résistance R est évidemment fictive. Elle signifie simplement que, pour un courant de
charge I, la perte totale de puissance dans le condensateur est équivalente à RI2.
Pour le calcul des lignes en câbles souterrains, il est nécessaire de faire intervenir la résistance
R' qui, branchée en parallèle avec le condensateur C', donnerait lieu au même courant total
I que le câble.
Les tensions choisies pour les transports d'énergie électrique par courants triphasés
correspondent, sauf exceptions qui ne concernent pas la Belgique, aux valeurs normalisées
par la "Commission Electrotechnique Internationale" (CEI).
En Europe, jusqu'en 1946 les plus hautes tensions en service étaient de 220 kV et aux
Etats-Unis de 287 kV.
A partir de 1948 le facteur combiné de l'ampleur des puissances à transmettre et des longueurs
de lignes a conduit un grand nombre de pays européens à passer à l'étage de tension de 400
kV.
En Belgique, l'on est passé successivement des tensions d'interconnexion de 70 kV, à 150 kV
(en 1950), 220 kV (en 1944 pour l'interconnexion avec l'Allemagne et les Pays-Bas). En 1971
a été mis en service un réseau d'interconnexion à 400 kV superposé aux réseaux précédents
et justifié tant pour les besoins internes du pays que pour renforcer l'interconnexion
internationale avec l'Allemagne et les Pays-Bas et ultérieurement la France.
Le tableau 11.6-1 ci-après indique les ordres de grandeur des paramètres linéiques des lignes
aériennes dont la tension est comprise entre 70 et 220 kV.
Tableau 11.6-1
Dans ce tableau on a évalué l'écart maximal possible qui peut exister entre la valeur calculée
et la valeur vraie du paramètre envisagé, ceci dans le but de permettre une appréciation de la
précision que l'on peut attendre des calculs basés sur les valeurs de ces paramètres.
BIBLIOGRAPHIE
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