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Introduction aux équations

aux dérivées partielles linéaires

par Gérard DEBEAUMARCHÉ


Ancien élève de l’École normale supérieure de Cachan
Professeur de mathématiques spéciales au lycée Clemenceau de Reims

1. Classification des e.d.p. linéaires du second ordre ....................... AF 162 - 3


2. Une équation hyperbolique : l’équation des ondes........................ — 4
2.1 Équation des cordes vibrantes ................................................................... — 4
2.1.1 Cas d’une corde infinie....................................................................... — 4
2.1.2 Cas d’une corde finie.......................................................................... — 5
2.2 Généralisation : l’équation des ondes en dimension n ............................ — 7
3. Une équation parabolique : l’équation de la chaleur..................... — 7
3.1 Équation de la chaleur en dimension 1 ..................................................... — 7
3.1.1 Cas d’une barre infinie ....................................................................... — 7
3.1.2 Cas d’une barre finie .......................................................................... — 9
3.2 Généralisation : équation de la chaleur en dimension n.......................... — 11
4. Une équation elliptique : l’équation de Laplace ............................. — 12
4.1 Présentation ................................................................................................. — 12
4.2 L’équation de Laplace et les fonctions harmoniques dans un ouvert U . — 12
4.3 L’équation de Laplace et le problème de Dirichlet dans un cercle .......... — 14
4.3.1 Unicité d’une éventuelle solution
par le principe du maximum ............................................................. — 14
4.3.2 Existence d’une solution par la méthode
de séparation des variables ............................................................... — 15
4.4 L’équation de Laplace et le problème de Neumann dans un cercle........ — 16
4.4.1 Généralités .......................................................................................... — 16
4.4.2 Unicité à une constante additive près d’une éventuelle solution... — 17
4.4.3 Existence d’une solution par la méthode
de séparation des variables ............................................................... — 17
4.5 Le potentiel newtonien et l’équation de Poisson...................................... — 18
5. Théorie spectrale et séparation des variables................................. — 18
Références bibliographiques ........................................................................ — 21

n se propose dans cet article de décrire quelques propriétés élémentaires


O des équations aux dérivées partielles (e.d.p.) linéaires du second ordre à
coefficients constants, autrement dit, dans le cas de deux variables, des équa-
tions de la forme :
∂2u ∂2u ∂2u ∂u ∂u
a ----------- + b ------------- + c ----------- + α ------ + β ------ + γu = F ( x, y ) (E)
∂x 2 ∂ x ∂ y ∂y 2 ∂ x ∂y

où a, b, c, α, β, γ désignent six nombres réels donnés (a, b, c étant non tous nuls),
F une fonction continue de deux variables réelles définie sur un ouvert U du plan
et u une fonction inconnue, supposée de classe C 2.
On distingue a priori deux types de problèmes :

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— ceux dans lesquels n’intervient pas la variable temps t, et qui ne dépendent


donc que des variables spatiales x, y, z ; ils sont appelés problèmes
stationnaires ;
— ceux dans lesquels intervient, en plus des variables spatiales x, y, z, la varia-
ble temps t ; ils sont appelés problèmes d’évolution.

■ On recherche le plus souvent des solutions vérifiant des conditions aux limi-
tes, signifiant que la solution considérée u, a priori définie sur l’ouvert U du plan,
satisfait certaines conditions sur la frontière de U. On distingue à ce sujet deux
types de conditions, celles de Dirichlet et de Neumann.
Les conditions de Dirichlet imposent à la solution u d’être continue sur l’adhé-
rence de U, c’est-à-dire sur U et sa frontière, et d’être alors égale à une fonction
donnée sur la frontière de U.
Les conditions de Neumann imposent à la solution u d’être continue sur
l’adhérence de U, c’est-à-dire sur U et sa frontière, et d’admettre en tout point de
la frontière de U une dérivée ∂u/ ∂N suivant le vecteur normal N orienté vers
l’extérieur de la frontière de U (supposée suffisamment régulière) égale à une
fonction donnée.
Dans un problème d’évolution, on recherche de plus des solutions vérifiant
certaines conditions initiales (ou conditions de Cauchy), signifiant que, à l’ins-
tant t = 0, la solution u(x, y, z, t ) de l’équation vérifie

u (x, y, z, 0) = f (x, y, z)

où f est une fonction donnée, et parfois

∂u
------ ( x, y, z, 0 ) = g ( x, y, x )
∂t

où g est une fonction donnée.

■ Les problèmes que l’on peut alors étudier sont les suivants.
● Un problème stationnaire donné avec des conditions aux limites ou un pro-
blème d’évolution donné avec des conditions aux limites et des conditions initia-
les, admettent-ils une solution et une seule ?
● Dans l’affirmative, la solution obtenue dépend-elle continûment des don-
nées (autrement dit, une « petite » erreur commise sur les conditions aux limites
ou sur les conditions initiales conduit-elle à une « petite » erreur sur la
solution) ?
Notons dès maintenant que la linéarité de l’équation E implique que :
— les solutions de l’équation homogène (équation obtenue lorsque le second
membre F est nul) forment un espace vectoriel ;
— la solution générale de l’équation complète s’obtient comme la somme
d’une solution particulière de l’équation avec second membre et de la solution
générale de l’équation homogène.
Cet article est introductif et ne fait appel qu’à des méthodes élémentaires. En
particulier, il ne fait jamais référence à la théorie des distributions, cependant
centrale dans toutes ces questions. De même, les méthodes numériques de
résolution (par différences finies ou par éléments finis) dont l’importance est
essentielle puisque la résolution analytique n’est pas praticable en général ne
sont pas abordées ici.
On se reportera en bibliographie aux références [1] à [5].

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1. Classification des e.d.p. 2. Des solutions de l’équation suivante dans le cas parabolique :

∂2 u ∂u ∂u
linéaires du second ordre ---------2 + α ------- + β ------- + γu = F ( x, y ) ;
∂x ∂x ∂y

(On exclura le cas β = 0, qui ramène à une simple équation diffé-


Ce paragraphe est destiné à distinguer trois types d’équations, rentielle).
qui se révèlent différentes tant du point de vue mathématique
(propriétés des solutions, méthodes de démonstration) que 3. Des solutions de l’équation suivante dans le cas elliptique :
physique.
∂2 u ∂2 u ∂u ∂u
---------2 + ---------2 + α ------- + β ------- + γu = F ( x, y ) .
Étudions tout d’abord le cas des e.d.p. dépendant de deux varia- ∂x ∂y ∂x ∂y
bles réelles.
Démonstration. ◊ Établissons, par exemple, ce résultat dans le
Définition 1. cas d’une équation elliptique.
L’équation aux dérivées partielles (E) donnée dans l’intro- D’après les calculs de changements de base effectués précédem-
duction : ment, il suffit de trouver A, B, C, D tels que :

∂2 u ∂2 u ∂2 u ∂u ∂u (1) aA2 + bAB + cB 2 = aC 2 + bCD + cD 2 ;


a ----------- + b -------------- + c ----------- + α ------- + β ------- + γu = F ( x, y )
∂ x2 ∂x∂y ∂ y2 ∂x ∂y 2(aAC + cBD) + b(AD + BC ) = 0.
est dite de type : La première de ces relations est vérifiée en choisissant :
— hyperbolique lorsque ∆ = b 2 – 4ac > 0 ; • B=D=1;
— parabolique lorsque ∆ = b 2 – 4ac = 0 ; –b –b
— elliptique lorsque ∆ = b 2 – 4ac < 0. • A, C de la forme ------- + h et ------- – h .
2a 2a
Dans la suite, on dira que ∆ = b2 – 4ac est le discriminant de
l’équation (1). La seconde équation est alors vérifiée pour h2 = (4ac – b2)/4a2,
expression positive puisque ∆ < 0 ici.
Comme AD – BC = 2 h ≠ 0 , ce changement de variables
Cette définition est intéressante car invariante par changement de
ramène clairement une équation elliptique à la forme indiquée
bases dans le plan, comme on le vérifie en effectuant le changement
dans la proposition 1. ◊
de bases, défini par :
Proposition 2.
x ’ = Ax + By ;
A l’aide de changements de fonctions inconnues convenables, la
y ’ = Cx + Dy ; recherche des solutions de l’équation aux dérivées partielles (1) est
équivalente à la recherche :
avec AD – BC ≠ 0 ,
— des solutions de l’équation suivante dans le cas hyperbolique :
et en posant alors :
u ’ (x ’, y ’) = u ’ (Ax + By , Cx + Dy) = u (x, y). ∂2 u ∂2 v
---------2 – --------- + kv = G ( x , y )
En calculant les dérivées partielles de u en fonction de celles de ∂x ∂ y2
u ’, on voit alors que u est solution de (1) si, et seulement si, u ’ est
∂2 v
solution de : ou ---------------- + kv = G ( x , y ) ;
∂x ∂y
∂2 u ′ ∂2 u ′ ∂2 u ′ ∂u′ ∂u′ — des solutions de l’équation suivante dans le cas parabolique :
a ′ ------------- + b ′ ----------------- + c ′ ------------- + α ′ --------- + β ′ --------- + γ ′ u ′ = F ′ ( x ′, y ′ )(2)
∂x′ 2 ∂ x ′∂ y ′ ∂ y ′2 ∂x′ ∂y ′
∂2 v ∂v
où l’on a notamment : --------2- + k ------ = G ( x , y ) ;
∂x ∂y
a’ = aA2 + bAB + cB 2 ;
— des solutions de l’équation suivante dans le cas elliptique :
b’ = 2(aAC + cBD) + b(AD + BC ) ;
∂2 v ∂2 v
--------2- + --------2- + kv = G ( x , y )
c’ = aC 2 + bCD + cD 2. ∂x ∂y
On vérifie par le calcul que le discriminant de (2) est égal à
(AD – BC )2 (b2 – 4ac). Il est donc du signe de b2 – 4ac et les équa- Démonstration. ◊ Reprenons encore le cas d’une équation
tions (1) et (2) sont bien de même type. elliptique qui, d’après la proposition 1, peut se ramener à la forme :
Proposition 1. ∂2 u ∂2 u ∂u ∂u
---------2 + ---------2 + α ------- + β ------- + γu = F ( x, y ) .
A l’aide de changements de bases convenables et quitte à ∂x ∂y ∂x ∂y
changer les notations, la recherche des solutions de l’équation aux
dérivées partielles (1) est équivalente à la recherche : Posons alors
1. Des solutions de l’équation suivante dans le cas hyperbolique : αx + βy
u ( x, y ) = v ( x, y ) exp  – ---------------------  .
∂2 u ∂2 u ∂u ∂u 2
---------2 – ---------2 + α ------- + β ------- + γu = F ( x, y )
∂x ∂y ∂x ∂y
Un simple calcul de dérivées montre que l’équation précédente
ou équivaut à la suivante :

∂2 u ∂u ∂u ∂2 v ∂2 v αx + βy
---------------- + α ------- + β ------- + γu = F ( x, y ) ; --------2- + --------2- + kv = F ( x, y ) exp  ---------------------  .
∂x ∂y ∂x ∂y ∂x ∂y  2 

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Le résultat est donc établi, quitte à poser l’équation avec les conditions initiales suivantes, supposées réali-
sées pour tout nombre réel x :
αx + βy
G ( x, y ) = F ( x, y ) exp  ---------------------  . ◊ u (x, 0) = f (x )
2
∂u
Généralisation. et ------- ( x , 0 ) = 0 .
∂t
Soit une équation aux dérivées partielles linéaire à coefficients
constants à n variables, qui s’écrit donc sous la forme suivante Ces conditions signifient que la corde a été lâchée sans vitesse
(avec, pour tout couple (i, j ), aij = aji ) : initiale à partir d’une position définie par la donnée de la fonction f,
que l’on suppose de classe C 2 sur R (ou même de classe C 1 et de
n n n classe C 2 par morceaux).
∂2 u ∂u
∑ ∑ aij ------------------- +
∂ xi ∂ xj ∑ bi -------- + cu = F ( x 1, …, x n ) .
∂ xi
(3) En s’inspirant des changements de bases qui ont été réalisés au
i=1 j=1 i=1 paragraphe 1, on considère les nouvelles variables :
Désignant par Q la forme quadratique X = x + vt et T = x – vt
n n et l’on pose :
Q ( x 1, …, x n ) = ∑ ∑ aij xi xj ,
v (X, T ) = v (x + vt , x – vt ) = u (x, t ).
i=1 j=1
■ Par un simple calcul de dérivées partielles, on constate que u
on dira alors que cette équation (3) est : satisfait l’équation des cordes vibrantes si, et seulement si, v vérifie
— hyperbolique, si sa signature est de la forme (p, n – p) avec l’équation :
0<p<n;
— parabolique, si sa signature est de la forme (p, q) avec ∂2 v
----------------- = 0 .
p+q<n; ∂X ∂T
— elliptique, enfin, si sa signature est (n, 0) ou (0, n).
(On rappelle que si (p, q ) est la signature d’une forme quadra- ∂v
Il en résulte que ------- ne dépend pas de X, et donc que :
tique, p et q sont respectivement les nombres des carrés précédés ∂T
de signes + et – dans une décomposition en carrés de formes
linéaires indépendantes). ∂v
--------- ( X, T ) = a ( T )
On aborde maintenant quelques exemples illustrant ces trois ∂T
types d’équation, l’équation des ondes, l’équation de la chaleur et
l’équation de Laplace. où a est une fonction de classe C 1.
Les paragraphes 2, 3 et 4 sont effectivement consacrés à l’étude Quitte à noter A une primitive de a, on obtient alors par une
d’équations importantes sur le plan physique, l’ouvert U étant à nouvelle intégration :
chaque fois géométriquement simple afin de conduire les calculs à v ( X , T ) = A (T ) + B ( X )
leur terme.
où A et B sont donc deux fonctions de classe C 2 de R dans R .
On obtient, par conséquent :
u (x, t ) = A (x – vt ) + B (x + vt ).
2. Une équation Réciproquement, il est immédiat de constater qu’une telle fonc-
hyperbolique : tion est bien solution de l’équation des cordes vibrantes.
Tenant maintenant compte des deux conditions initiales, il vient :
l’équation des ondes A ( x ) + B ( x ) = f (x )
et A’(x ) – B ’(x ) = 0.
Il en résulte que
2.1 Équation des cordes vibrantes
f ′( x )
A ′ ( x ) = B ′ (x ) = ------------ ,
2
Il s’agit de l’une des premières équations aux dérivées partielles
mises en évidence. ce qui montre enfin que :
Elle fut étudiée dès la première moitié du XVIIIe siècle par
d’Alembert : 2A (x ) = f ( x ) + λ et 2 B (x ) = f (x ) – λ
∂2 u ∂2 u et 2 B (x ) = f (x ) – λ
--------- = v 2 ---------2
∂ t2 ∂x où λ désigne une constante réelle.
où v désigne la vitesse de propagation de l’onde dans la corde et Ainsi, le problème posé admet une solution et une seule, donnée
u (x, t ) l’ordonnée du point d’abscisse x de la corde à l’instant t par :
(cette ordonnée étant mesurée par rapport à la position d’équilibre 1
u ( x, t ) = --- ( f ( x – vt ) + f ( x + vt ) ) .
supposée d’ordonnée nulle). 2

■ Cette solution possède la remarquable interprétation physi-


que suivante.
2.1.1 Cas d’une corde infinie
● Considérons uniquement le premier terme f (x – vt )/2. Celui-ci
donne l’amplitude du mouvement d’une corde à l’instant t et à l’abs-
■ On suppose la corde vibrante infinie, et on assimile la position cisse x, et l’on remarque que c’est la même amplitude que celle figu-
d’équilibre de celle-ci à la droite réelle R . On se propose d’étudier rant à l’instant initial 0 à l’abscisse x – vt.

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qui signifient que la corde est fixée à ses deux extrémités.


Pour t = 0, on a donc :
f (0) = f (L) = 0.
x
On étudie les problèmes d’existence et d’unicité de la solution u
d’une telle e.d.p.
La corde à l’instant initial t = 0 (l’ordonnée à l’abscisse x est f (x ))

a corde à l'instant initial 2.1.2.2 Unicité d’une éventuelle solution


par considération de l’énergie
Supposons que l’on dispose de deux solutions u1 et u2 de l’équa-
tion (qui peut ici être homogène ou avec second membre, ce qui ne
x change rien à la démonstration), vérifiant les mêmes conditions
initiales et les mêmes conditions aux limites.
Posons u = u1 – u2 et introduisons la fonction d’énergie suivante :
Cheminement de l’onde vers la gauche aux instants t1 , puis t2


L 1 ∂u
 ------
2 ∂u 2
- ------- ( x, t ) +  ------- ( x, t )  dx .
b propagation de la première onde 1
E ( t ) = ---
0 v
2 2  ∂t   ∂x  

Les hypothèses faites autorisent la dérivation de E sous le signe


intégral, et on a, puisque u = u1 – u2 est aussi solution de l’équation
x des cordes vibrantes :


L 1 ∂u
 ------ ∂2 u ∂u ∂2 u
( x, t ) + ------- ( x, t ) -------------- ( x, t ) dx
Cheminement de l’onde vers la droite aux instants t1 , puis t2
E′(t) = 
- ------- ( x, t ) ---------

0 v
2 ∂ t ∂t 2 ∂ x ∂ t ∂x
c propagation de la deuxième onde


L ∂u
 ------ ∂2 u ∂u ∂2 u
= - ( x, t ) ---------2 ( x, t ) + ------- ( x, t ) -------------- ( x, t ) dx .
0  ∂ t ∂ x ∂ x ∂ t ∂x 

x
L’expression sous le signe intégral est une dérivée et on a
Superposition des deux ondes aux instants t1 , puis t2
∂u ∂u
(l’ordonnée à l’abscisse x est 1 (f (x – vti) + f (x + vti)) ------- ( 0, t ) = ------- ( L, t ) = 0
2 ∂t ∂t
d superposition des deux ondes
par dérivation des relations u (0,t ) = u (L, t ) = 0, ce qui donne :

∂u ∂u L
Figure 1 – Problème de la corde vibrante infinie E ′ ( t ) = ------- ( x, t ) ------- ( x, t ) = 0.
∂x ∂t 0

Par conséquent, la fonction t → E (t ) est constante et, en fait, nulle


Ainsi, ce terme indique le cheminement d’une onde qui se puisque E (0) = 0. Cela résulte de l’expression de E (0) et du fait que,
déplace vers la droite à la vitesse v, puisque, entre les instants 0 et t, u1 et u2 vérifiant les mêmes conditions initiales, leur différence u
elle est passée de l’abscisse x – vt à l’abscisse x. vérifie :
● De même, le second terme f (x + vt )/2 indique le cheminement
∂u
d’une onde qui se déplace vers la gauche à la même vitesse v. — d’une part, ------- ( x, 0 ) = 0 ;
∂t
Le problème de la corde vibrante infinie est représenté figure 1. — d’autre part, u(x, 0) = 0
∂u
donc, par dérivation, ------- ( x, 0 ) = 0 .
2.1.2 Cas d’une corde finie ∂x
Puisque E (t ) = 0, on a donc, pour t > 0 et 0 < x < L :
2.1.2.1 Présentation
On suppose la corde vibrante finie de longueur L, et on assimile la ∂u ∂u
------- ( x, t ) = ------- ( x, t ) = 0 .
position d’équilibre de celle-ci au segment [0, L]. On se propose ici ∂x ∂t
d’étudier l’équation avec :
— les conditions initiales suivantes, réalisées pour tout nombre La fonction u est par conséquent constante sur [ 0, L ] × [ 0, + ∞ ] , et
réel x : en fait nulle puisque u (x, 0) = 0. Ainsi, on a bien u1 = u2 et l’unicité
annoncée.
u ( x, 0 ) = f ( x )

∂u 2.1.2.3 Existence d’une solution par la méthode


et ------- ( x , 0 ) = 0 de séparation des variables
∂t
qui signifient que la corde a été lâchée sans vitesse initiale à partir Indiquons tout d’abord l’idée de la méthode.
d’une position définie par la donnée de la fonction f, que l’on
suppose de classe C 2 sur [0, L] (ou même de classe C 1 et de classe ■ On commence par rechercher des solutions multiplicatives non
C 2 par morceaux) ; nulles de la forme
— les conditions aux limites suivantes, réalisées pour tout nom- ( x, t ) → u ( x ) v ( t )
bre réel positif t :
u (0, t ) = u (L, t ) = 0 qui vérifient les conditions aux limites vues paragraphe 2.1.2.1.

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Ici, de telles solutions vérifient donc : Un tel développement est celui d’une fonction impaire et 2L-
périodique sur R , que l’on obtient en prolongeant la fonction f par
u (x ) v ’’ (t ) = v 2u ’’ (x ) v (t ). imparité sur [– L, L], puis par 2L-périodicité. La fonction f ainsi
Puisque l’on recherche des solutions non nulles, il existe a priori prolongée est clairement de classe C 1 sur R . Elle est a priori de
des nombres réels x0 et t0 pour lesquels : classe C 2 sur R privé de l’ensemble L Z des multiples de L, sauf si
elle vérifie la conditon supplémentaire
u ( x 0 ) ≠ 0 et v ( t 0 ) ≠ 0 .
f ’’ (0) = f ’’ (L) = 0,
On en déduit, quitte à fixer x = x0, puis t = t0, l’existence de auquel cas elle est alors de classe C 2 sur R .
constantes λ et µ telles que l’on ait pour t > 0 et 0 < x < L :
On en déduit qu’elle est développables en série de Fourier et que
u ’’ (x ) = λu (x ) ; sa série de Fourier converge normalement vers f.
v ’’ (t ) = µv (t ) . Si l’on pose pour t > 0 et 0 < x < L :

En reportant réciproquement dans l’équation, on voit que, en fait : +∞


n πx n π vt
u ( x, t ) = ∑ B n sin  -------------  cos  ---------------  ,
µ=v2λ L L
n=1
et pour tenir compte des conditons aux limites, il faut enfin bien sûr

∫fx
L n πx
( ) sin  -------------  dx
que : 2
B n = ---  L 
u (0) = u (L) = 0. L 0

(On est ainsi amené à résoudre un problème, ici très simple, de on voit que la série définissant u est normalement convergente sur
Sturm-Liouville (§ 5) ; on verra que cela est général dans cette [ 0, L ] × [ 0, + ∞ ] , donc continue, et l’on vérifie aisément, à l’aide des
méthode de séparation des variables). formules de trigonométrie et du développement en série de Fourier
● Si le nombre l est nul, alors : de f, que l’on a :
u (x ) = Ax + B [ f ( x + vt ) + f ( x – vt ) ]
u ( x, t ) = -------------------------------------------------------- .
et puisque u (0) = u (L) = 0, on a A = B = 0 et u est la solution nulle, 2
ce qui est exclu.
La fonction u obtenue ci-dessus est donc de classe C 2 sur
● Si le nombre l est strictement positif, on a :
[ 0, L ] × [ 0, + ∞ ] et vérifie les conditions aux limites et les conditions
initiales requises.
u ( x ) = A ch ( λx ) + B sh ( λx )
Elle est de plus de classe C 2 sur [ 0, L ] × [ 0, + ∞ ] et solution de
et puisque u (0) = u (L) = 0, on a A = B = 0 et u est la solution nulle, l’équation des cordes vibrantes si :
ce qui est exclu.
f ’’ (0) = f ’’ (L) = 0.
● Si le nombre l est strictement négatif, on a :
Sinon, elle n’est de classe C 2 et solution de l’équation des cordes
u ( x ) = A cos ( – λ x ) + B sin ( – λ x ) vibrantes que sur l’ensemble [ 0, L ] × [ 0, + ∞ ] privé des segments de
droite d’équations
puisque u (0) = 0, on a A = 0 et puisque u (L) = 0, on a B = 0, donc
encore u = 0, sauf s’il existe un nombre entier naturel non nul n tel x ± vt = k L
que
avec t > 0, 0 < x < L et k ∈ Z .
–n 2 π 2
λ = -----------------
-,
L2
1. La formule obtenue pour une corde finie (après avoir pro-
auquels cas on obtient alors les solutions suivantes : longé convenablement par imparité et périodicité la fonction f )
est exactement l’analogue de la formule obtenue dans le cas
n πx
u ( x ) = A n sin  -------------  ; d’une corde infinie (§ 2.1.1).
L
2. La solution u ainsi obtenue dépend continûment de la don-
née initiale f. En effet, on remarque facilement que l’on a :
n π vt n π vt
v ( t ) = B n cos  ---------------  + C n sin  ---------------  .
L L u ∞< f ∞.

■ L’équation étant linéaire, les combinaisons linéaires des solutions Supposons que la donnée initiale f ne soit connue que par
précédentes sont encore solutions de l’équation. L’idée est de ne une approximation f.
pas se borner nécessairement à des « combinaisons linéaires Notons alors u et u les solutions associées à ces données ini-
finies » pour obtenir une solution. tiales exactes et approchées f et f et
Posons donc, de façon purement formelle (on peut faire An = 1) :
∆ u = u – u et ∆ f = f – f
n πx n π vt n π vt
u ( x, t ) = ∑ sin  -------------   B n cos  ---------------  + C n sin  ---------------   .
L L L les erreurs. On a, par différence :

∂u [ ∆ f ( x + vt ) + ∆ f ( x – vt ) ]
Les conditions de Cauchy portant sur u (x, 0) et ------- ( x, 0 ) seront ∆ u ( x, t ) = ---------------------------------------------------------------------
∂t 2
formellement vérifiées en choisissant les coefficients Cn nuls et les
et donc, de même :
coefficients Bn tels que :
n πx ∆ u ∞ = sup u ( x ) – u ( x ) < ∆ f ∞ = sup f ( x ) – f ( x ) .
f(x) = ∑ Bn sin  -------------  .
 L 

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2.2 Généralisation : Comme u (0, y, t ) = u (a, y, t ) = 0, on a, par dérivation :


l’équation des ondes en dimension n ∂u ∂u
------- ( 0, y, t ) = ------- ( a, y, t ) = 0 ,
∂t ∂t

Il s’agit de l’équation aux dérivées partielles : et de même


∂u ∂u
------- ( x, 0, t ) = ------- ( x, b, t ) = 0 ,
∂2 u ∂2 u ∂2 u ∂t ∂t
--------- = v 2  ---------2 + … + ---------2-  .
∂ t2 ∂x ∂ xn 
1 ce qui conduit aussitôt à :
Ainsi, pour n = 2, on obtient l’équation des membranes vibrantes :

∫ ∫
b ∂u ∂u a a ∂u ∂u b
E′(t) = ------- ------- dy + ------- ------- dx = 0 .
∂t ∂x ∂t ∂y
∂2 u ∂2 u ∂2 u
 --------- + --------- 
0 0 0 0
--------- = v2  ∂ x2 ∂ y2 
∂ t2 Par conséquent, la fonction t → E ( t ) est constante et, en fait, nulle
puisque E (0) = 0. Cela résulte de l’expression de E (0) et du fait que
où v désigne la vitesse de propagation de l’onde dans la membrane u1 et u2 vérifiant les mêmes conditions initiales, on a :
et u(x, y, t ) la cote du point de coordonnées (x, y ) d’une membrane ∂u
vibrante à l’instant t (cette cote étant mesurée par rapport à la posi- — d’une part, ------- ( x, y, 0 ) = 0 ;
∂t
tion d’équilibre supposée de cote nulle).
— d’autre part, u (x, y, 0) = 0,
■ Pour une membrane rectangulaire par exemple, dont la position donc par dérivation :
d’équilibre s’identifie au rectangle R = [ 0, a ] × [ 0, b ] du plan, le
problème est d’étudier l’équation avec : ∂u ∂u
------- ( x, y, 0 ) = 0 et ------- ( x, y, 0 ) = 0.
— les conditions initiales suivantes, réalisées pour tout nombre ∂x ∂y
réel x : Puisque E (t ) = 0, on a donc, pour t > 0 et 0 < x < a , 0 < y < b :
u (x, y, 0) = f (x, y )
∂u ∂u ∂u
------- ( x, y, t ) = ------- ( x, y, t ) = ------- ( x, y, t ) = 0 .
∂u ∂x ∂y ∂t
et ------- ( x, y, 0 ) = 0
∂t
La fonction u est par conséquent constante sur
qui signifient que la membrane a été lâchée sans vitesse initiale à [ 0, a ] × [ 0, b ] × [ 0, + ∞ ],
partir d’une position définie par la donnée de la fonction f, que l’on et elle est nulle puisque u (x, y, 0) = 0. Ainsi, on a bien u1 = u2 et
suppose de classe C 2 sur R ; l’unicité annoncée.
— les conditions aux limites suivantes, réalisées pour tout nom-
bre réel positif t : ■ De même, la méthode de séparation des variables permet
d’obtenir la solution u du problème lorsque la fonction f est suppo-
u ( x, 0, t ) = u ( x, b, t ) = u ( 0, y, t ) = u ( a, y, t ) = 0 sée suffisamment régulière. La résolution du problème de Sturm-
Liouville conduit à nouveau aux fonctions trigonométriques, alors
(0 < x < a , 0 < y < b) . que, avec une membrane circulaire, elle conduirait aux fonctions de
Bessel.
qui signifient que la membrane est fixée aux bords du rectangle R.
Pour t = 0, on a donc :

f ( x , 0 ) = f ( x , b ) = f ( 0, y ) = f ( a , y ) = 0 (0 < x < a , 0 < y < b)


3. Une équation parabolique :
■ L’unicité des solutions de ce problème se traite exactement l’équation de la chaleur
comme au paragraphe 2.1.2.2. Supposons que l’on dispose de deux
solutions u1 et u2 de l’équation (qui peut ici être homogène ou avec
second membre, ce qui ne change rien à la démonstration), vérifiant
les mêmes conditions initiales et les mêmes conditions aux limites. 3.1 Équation de la chaleur en dimension 1
Posons u = u1 – u2 et introduisons la fonction d’énergie suivante :

∫∫
1 ∂u
 -----
2 ∂u 2 ∂u 2
- ------- ( x, y, t ) +  ------- ( x, y, t ) +  ------- ( x, y, t )  dx dy .
1
E ( t ) = --- Il s’agit de l’équation aux dérivées partielles suivante :
R v
2 2 ∂t   ∂x   ∂y  
∂u γ ∂2 u
Il est licite de dériver sous le signe intégral et, en omettant d’écrire ------- = --- ---------2 .
∂t c ∂x
(x, y, t ) sous le signe intégral, il vient donc :
Les constantes c et γ désignent la capacité et la conductivité ther-

∫∫
1 ∂ u ∂2 u ∂ u ∂2 u
 ----- ∂ u ∂2 u miques d’une barre et u (x, t ) indique la température au point
E′(t) = - ------- --------- + ------- -------------- + ------- -------------- dx dy .
R  v 2 ∂ t ∂ t2 ∂ x ∂ t ∂ x ∂ y ∂ t ∂ y d’abscisse x de la barre à l’instant t.

Puisque u = u1 – u2 est aussi solution de l’équation des


membranes vibrantes, on a : 3.1.1 Cas d’une barre infinie

∫∫  ∂------ ∂ 2 u ∂ 2 u ∂ u ∂ 2 u
 --------- ∂ u ∂2 u
+ --------- + ------- -------------- + ------- -------------- dx dy
u
E′(t) = - On suppose la barre infinie, et on assimile celle-ci à la droite réelle
R ∂t  ∂ x 2 ∂ y 2 ∂ x ∂ t ∂ x ∂ y ∂ t ∂ y
R . On se propose d’étudier l’équation avec pour condition initiale,

∫∫
∂ ∂u ∂u 
 -------- ∂ ∂u ∂u réalisée pour tout nombre réel x :
= ------- ------- + ------  ------- -------   dx dy .
R ∂x  ∂t ∂x  ∂y  ∂t ∂y  u (x, 0) = f (x ).

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Celle-ci indique la température des différents points de la barre à x → exp ( – 4π 2 ω 2 x 2 t ) ; par transformée de Fourier inverse (ou
l’instant initial. On supposera cette fonction f continue et bornée sur conjuguée), on a donc l’expression de u (x, t ) à partir de celle de
R et, pour simplifier les notations, on posera v (x, t ) si t > 0 ;
γ — la fonction x → exp ( – 4π 2 ω 2 x 2 t ) est, d’après les rappels pré-
ω 2 = --- .
c cédents, la transformée de Fourier de la fonction
■ Pour trouver la forme d’une solution, nous allons suivre ici une exp ( – x 2 ⁄ 4 ω 2 t )
x → -------------------------------------------- .
méthode différente et plus complexe que celle mise en œuvre dans 4π ω 2 t
le cas de l’équation hyperbolique correspondante (équation des cor-
des vibrantes (§ 2.1)), reposant sur la transformation de Fourier, Dans ces conditions, la transformée de Fourier (directe ou conju-
à propos de laquelle nous faisons quelques brefs rappels. guée) du produit est le produit de convolution des transformées de
● La transformée de Fourier Ff d’une fonction sommable f est Fourier (directes ou conjuguées), d’où :
définie par :

+∞ ( x – y )2 
f ( y ) exp  – ---------------------
1
u ( x, t ) = ------------------ dy .

+∞
Ff ( x ) = f ( y ) exp ( – 2iπ xy ) dy . 2ω πt –∞ 4 ω2 t 
–∞
On notera que l’application de la transformation de Fourier peut
● La transformée de Fourier conjuguée de la fonction Ff supposée s’effectuer avec bien d’autres équations aux dérivées partielles,
sommable donne : mais elle ne trouve son véritable champ d’application que dans le


+∞ cadre des distributions.
f (x) = Ff ( y ) exp ( 2iπ xy ) dy .
–∞ ■ La dernière formule ci-dessus définit en fait u (x, t ) pour tout cou-
Par un calcul très classique, on établit que la transformée de
● ple (x, t ) de nombres réels tels que t > 0 dès que f est supposée seu-
Fourier de la fonction x → exp ( – ax 2 ) est la fonction lement continue et bornée sur R .
Il s’agit maintenant de savoir, réciproquement, si cette fonction u
π –π 2 x 2
x → --- exp  ------------------  (a > 0) . est de classe C 2 et si elle est solution de l’équation de la chaleur et
a a si, enfin, u (x, t ) tend bien vers f (x0) lorsque (x, t ) tend vers (x0, 0).
■ De plus, nous allons faire des hypothèses plus fortes en suppo- ● Le théorème de dérivation des intégrales dépendant d’un para-
mètre montre que u est de classe C 2 sur R × ] 0, + ∞ [ et les déri-
sant, d’une part, f sommable sur R , d’autre part, en cherchant des
vées de l’intégrale s’obtiennent par dérivation sous le signe intégral,
solutions u sommables sur R ainsi que leurs dérivées et telles que ce qui permet de vérifier par un simple calcul que u est solution de
l’équation de la chaleur.
∂ u soit dominée sur R par une fonction sommable U indépendante
------- ● La fonction u vérifie la condition de Cauchy désirée, car u (x, t )
∂t
de t. tend vers f (x0) lorsque (x, t ) tend vers (x0, 0).

■ En appliquant la transformation de Fourier à l’équation de la cha- En posant en effet x – y = 2 ω z t , on a :


leur par rapport à la variable x, on obtient alors :

1 +∞
u ( x, t ) = ------- f ( x – 2 ω z t ) exp ( – z 2 ) dz .

∫ ∫
+∞ ∂u +∞ ∂2 u
------- ( y, t ) exp ( – 2iπ xy ) dy = ω 2 ---------2 ( y, t ) exp ( – 2iπ xy ) dy . π –∞
– ∞ ∂t – ∞ ∂x
Sous cette dernière forme, le théorème de continuité des inté-
∂u grales dépendant d’un paramètre prouve immédiatement le résultat
La condition de domination ------- ( y, t ) exp ( – 2iπ xy ) < U ( y ) par la
∂t voulu.
fonction sommable U permet de justifier, au premier membre, la
permuation des symboles d’intégration et de dérivation par rapport
à la variable t, tandis que la sommabilité de u et de ses deux Unicité des solutions
premières dérivées en x permet d’appliquer deux fois, au second ■ Si u1 et u2 sont deux solutions de notre problème, leur diffé-
membre, la formule F ( f ′ ) ( x ) = 2iπ xFf ( x ) , permettant de simpli- rence u = u1 – u2 est solution de l’équation de la chaleur avec
fier la formule précédente qui devient : u (x, 0) = 0.


∂ +∞
----- u ( y, t ) exp ( – 2iπ xy ) dy ■ Si u1 et u2 sont sommables sur R ainsi que leurs dérivées et
∂t –∞
∂ u1 ∂ u2
telles que --------- et --------- soient dominées sur R par des fonctions

+∞
= – 4π 2 ω 2 x2 u ( y, t ) exp ( – 2iπ xy ) dy . ∂t ∂t
–∞ sommables indépendantes de t, les calculs menés précédem-
Notant v la transformée de Fourier de u par rapport à sa première ment montrent que la transformée de Fourier de u est nulle,
variable, on a donc : donc que u est nulle, ce qui établit – avec ces hypothèses supplé-
mentaires – l’unicité de la solution du problème posé.
∂v
------ ( x, t ) + 4π 2 ω 2 x 2 v ( x, t ) = 0 . Dans le cas général, on ne peut a priori conclure à l’unicité des
∂t solutions. Ainsi, la fonction définie par :
Cette équation différentielle se résout aisément et donne :
x2 
- exp  – ----------------
x
v ( x, t ) = Ff ( x ) exp ( – 4π 2 ω 2 x 2 t ) u ( x, t ) = ---------  4 ω2 t 
t3 ⁄ 2
puisque, pour t = 0, l’expression de droite v (x, 0) n’est autre que la
pour t > 0 est bien solution de l’équation de la chaleur, et on peut
transformée de Fourier de la fonction x → u ( x, 0 ) = f ( x ) .
vérifier que u (x, t ) se prolonge par continuité pour t = 0 par
On note alors que : u (x, 0) = 0. Mais la fonction nulle est aussi solution de ce même
— la fonction x → v ( x, t ) est sommable (pour t > 0) comme pro- problème de Cauchy, pour lequel il n’y a donc pas a priori unicité
duit de la fonction bornée Ff (puisqu’une transformée de Fourier de la solution sans hypothèses supplémentaires (portant ici sur
tend vers 0 en ± ∞, donc est bornée) par la fonction sommable la croissance des solutions considérées).

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3.1.2 Cas d’une barre finie Sur le compact [ 0, L ] × [ 0, T ] où T > 0, elle admet un maximum,
atteint en un point (x0, t0) dont nous allons montrer qu’il est tel que :
On suppose la barre finie de longueur L, et on assimile celle-ci au x 0 = 0 ou L avec 0 < t 0 < T
segment [0, L ]. On se propose ici d’étudier l’équation avec :
— les conditions aux limites : ou tel que :
u (0, t ) = u (L, t ) = 0
t 0 = 0 avec 0 < x 0 < L .
pour tout nombre réel positif t, qui indiquent que les extrémités de
la barre sont maintenues à la température 0 ; Si tel n’est pas le cas, on a en effet :
— la condition initiale :
0 < x 0 < L et 0 < t 0 < T
u (x, 0) = f (x )
pour 0 < x < L , qui indique la température des différents points de et :
la barre à l’instant initial ; — la fonction x → u ε ( x, t 0 ) atteint son maximum en x0 sur
— avec aussi, bien sûr : l’intervalle ouvert ]0, L[ de sorte que l’on a les deux relations :
f (0) = f (L ) = 0. ∂u
---------ε ( x 0, t 0 ) = 0 ;
On supposera ici cette fonction f continue et de classe C 1 par ∂x
morceaux sur [0, L] et, pour simplifier les notations, on posera
encore ∂ 2 uε
- ( x 0, t 0 ) < 0
-----------
γ ∂ x2
ω 2 = --- .
c
— la fonction t → u ε ( x 0 , t ) atteint son maximum en t0 sur
l’intervalle ]0, T [ de sorte que, en considérant sa dérivée en t0
3.1.2.1 Unicité d’une éventuelle solution comme sa dérivée à gauche, on a par définition :
Deux méthodes peuvent ici être mises en œuvre, l’une analogue à ∂u
celle développée dans l’étude des équations hyperboliques (§ 2.1.2.2), ---------ε ( x 0 , t 0 ) > 0 .
l’autre analogue à celle qui sera développée pour les équations ∂t
elliptiques (§ 4). On a alors, en combinant ces deux inégalités :
On suppose donc que l’on a deux solutions u1 et u2 de l’équation
(qui peut ici être homogène ou avec second membre, ce qui ne ∂u ∂ 2 uε
---------ε ( x 0 , t 0 ) – ω 2 -----------
- ( x 0 , t 0 ) = – 2 εω 2 > 0 .
change rien à la démonstration), vérifiant la même condition initiale ∂t ∂ x2
et les mêmes conditions aux limites.
On pose alors u = u1 – u2 et l’on a donc : Cette contradiction prouve le résultat annoncé, à savoir que uε
atteint son maximum nécessairement sur l’un des trois bords infé-
u (x, 0) = 0 et u (0, t ) = u (L, t ) = 0. rieurs du rectangle [ 0, L ] × [ 0, T ] . Comme on sait que
u ε ( x, t ) = u ( x, t ) + εx 2 et que u est nulle sur les trois bords infé-
■ Première méthode rieurs de ce rectangle, ce maximum de uε est donc inférieur ou égal
On introduit la fonction suivante, obtenue en multipliant l’équa- à εL2.
tion de la chaleur par u et en l’intégrant par rapport à x sur [0, L ] : Il en résulte que le maximum de u sur ce même rectangle, qui est
inférieur ou égal à celui de uε est lui-même inférieur à εL2. Comme ε

∫ ∫
L ∂u L ∂2 u est arbitraire, ce maximum de u est donc négatif et u est donc à
------- ( x, t ) u ( x, t ) dx = ω 2 - ( x, t ) u ( x , t ) dx .
---------- valeurs négatives sur le rectangle [ 0, L ] × [ 0, T ] .
0 ∂t 0 ∂ x2
Par le même raisonnement, quitte à remplacer u par – u, on voit
Le premier membre apparaît comme une dérivée (on peut ici que – u est aussi à valeurs négatives, et donc u à valeurs positives,
permuter les symboles de dérivation et d’intégration) et l’on peut sur ce même rectangle.
intégrer par parties le second membre en tenant compte du fait que En conclusion, pour tout T > 0 , u est nulle sur [ 0, L ] × [ 0, T ] ,
u (0, t ) = u (L, t ) = 0, ce qui donne : donc sur [ 0, L ] × [ 0, + ∞ ] et l’on a bien l’égalité u1 = u2.

∫ ∫
L
1 ∂ L
 ∂-------
2
- ( x, t )  dx < 0 .
u
--- ----- u 2 ( x, t ) dx = – ω 2  ∂x 
3.1.2.2 Existence d’une solution
2 ∂t 0 par la méthode de séparation des variables
0
L’idée de la méthode est la même que pour les équations hyper-


L
Cela prouve que la fonction t → u 2 ( x, t ) dx est décroissante. boliques (§ 2.1.2.3).
0
Comme elle est nulle en 0 et visiblement à valeurs positives, elle est ■ On commence par rechercher des solutions multiplicatives non
donc nulle, ce qui implique la nullité de u et l’égalité u1 = u2. nulles de la forme
( x, t ) → u ( x ) v ( t )
■ Seconde méthode
vérifiant les conditions aux limites vues au début du para-
On va utiliser ici le principe du maximum.
graphe 3.1.2.
Considérons un nombre réel strictement positif ε et la fonction :
Ici, de telles solutions vérifient donc :
u ε ( x, t ) = u ( x, t ) + εx 2 , u (x ) v ’ (t ) = ω 2 u ’’ (x ) v (t ).
qui vérifie : Puisque l’on recherche des solutions non nulles, il existe a priori
des nombres réels x0 et t0 pour lesquels :
∂ uε ∂2 u ∂u ∂2 u
-ε ( x, t ) = ------- ( x, t ) – ω 2 ---------2 ( x, t ) – 2 εω 2 = – 2 εω 2 .
--------- ( x, t ) – ω 2 -----------
∂t ∂ x2 ∂t ∂x u ( x 0 ) ≠ 0 et v ( t 0 ) ≠ 0 .

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On en déduit, quitte à fixer x = x0, puis t = t0, l’existence de de trigonométrie usuelle, on obtient (la fonction f étant toujours
constantes λ et µ telles que l’on ait pour t > 0 et 0 < x < L : supposée prolongée sur R par imparité et 2L-périodicité) les
égalités suivantes :
u ’’ (x ) = λ u (x ) ;
+∞


v ’ (t ) = µ v (t ). +L nπ(x – y) n2 π2 ω2 t 
cos ------------------------- exp  – ----------------------
1
u ( x, t ) = ---
L –L
f (y) ∑ L  L2 
dy
En reportant réciproquement dans l’équation, on voit que, en fait : n=1
+∞


µ= ω2 λ +L inπ(x – y) n2 π2 ω2 t 
exp --------------------------- exp  – ----------------------
1
= -------
2L –L
f (y) ∑ L  L2 
dy.
et pour tenir compte des conditions aux limites, il faut enfin bien sûr n=–∞
que :
(Pour n = 0, l’intégrale de la fonction impaire f sur [– L, L] est nulle.
u (0) = u (L ) =0. Cela s’écrit également avec la formule sommatoire de Poisson
(On est encore amené à résoudre un problème, très simple, de (cf. encadré) :
Sturm-Liouville). Cette dernière condition ne peut être évidemment
réalisée (ainsi qu’on l’a déjà détaillé dans le paragraphe 2.1.2.3) que +∞


+L ( x – y – 2 nL ) 2 
exp  – ------------------------------------
1
si, et seulement si : u ( x, t ) = ------------------
2ω πt –L
f (y) ∑  4 ω2 t
- dy .

n=–∞
– n2 π2
λ = -------------------
- Ici encore, la convergence normale de la série figurant sous le
L2
signe intégral justifie la permutation des symboles d’intégration et
où n désigne un nombre entier quelconque supérieur ou égal à 1, et de sommation.
l’on obtient alors les solutions suivantes : En effectuant alors, dans chaque intégrale, le changement de
variables
nπx
u ( x ) = A n sin  -----------  ; z = y – 2nL
L
puis en prenant en compte la 2L-périodicité de f (dont on rappelle
– ω2 n2 π2 t  qu’elle a été convenablement prolongée sur R auparavant), on
v ( t ) = Bn exp  -------------------------------
- .
 L2  obtient enfin la formule suivante :


+∞ ( x – z )2 
f ( z ) exp  – ------------------
1
■ L’équation étant linéaire, les combinaisons linéaires des solutions u ( x, t ) = ------------------ - dz .
précédentes sont encore solutions de l’équation. L’idée est à nou- 2ω πt –∞ 4 ω2 t 
veau de ne pas se borner à des « combinaisons linéaires finies » On remarquera qu’elle est très exactement l’analogue de celle
pour obtenir une solution. obtenue dans le cas d’une barre infinie (§ 3.1.1).
Posons donc, de façon purement formelle (on peut faire An = 1) :

nπx ω2 n2 π2 t  1. La formule sommatoire de Poisson que l’on vient d’utiliser


u ( x, t ) = ∑ Bn sin  -----------  exp  – ---------------------- .
 L   L2  s’obtient facilement par développement en série de Fourier de
la fonction indéfiniment dérivable et 2L-périodique définie avec
La condition de Cauchy portant sur u (x, 0) sera formellement a > 0 par :
vérifiée en choisissant les coefficients Bn tels que :
+∞

nπx
sin  -----------  .
φ(u) = ∑ exp ( – a ( u – 2 nL ) 2 ) .
f(x) = ∑ Bn  L  n=–∞

Un tel développment est celui d’une fonction impaire et 2L-pério- Le calcul de son coefficient de Fourier ck donne en effet :
dique sur R , que l’on obtient en prolongeant la fonction f par impa-


+L ikπu
exp  – -------------  φ ( u ) du
rité sur [– L, L ], puis par 2L-périodicité. La fonction f ainsi prolongée 1
c k = ------- 
est clairement continue, de classe C 1 par morceaux sur R . On en 2L –L L 
déduit qu’elle est développable en série de Fourier et que sa série de +∞

L ∫
+L ikπu
exp ( – a ( u – 2 nL ) 2 ) exp  – -------------  du .
1
Fourier converge normalement vers f. = -------
2 –L
∑  L 
Si l’on pose donc : n=–∞

+∞ Par convergence uniforme, il est possible de permuter les


nπx ω2 n2 π2 t 
u ( x, t ) = ∑ B n sin  -----------  exp  – ---------------------- 
, symboles d’intégration et de sommation, ce qui donne alors :
L L2
n=1
+∞


+L ikπu
exp ( – a ( u – 2 nL ) 2 ) exp  – -------------  du .
1
nπy ∑

2 L c k = ------- 
B n = --- f ( y ) sin ----------
-
L dy , 2L –L L 
L 0 n=–∞

on voit que la série définissant u est normalement convergente sur En effectuant le changement de variable v = u – 2nL, on
[ 0, L ] × [ 0, + ∞ ] , donc continue, et l’on vérifie aisément, à l’aide des obtient (en tenant compte de la périodicité de l’exponentielle
théorèmes sur les séries de fonctions, qu’une telle fonction est de complexe) :
classe C 2 sur [ 0, L ] × [ 0, + ∞ ] , les dérivations s’effectuant terme à
+∞


terme, ce qui permet de vérifier que la fonction obtenue, qui vérifie + (2n + 1)L ikπv
exp ( – av 2 ) exp  – ------------  dv
1
les conditions initiale et aux limites, est solution de l’équation de la c k = -------
2L ∑ – (2n + 1)L  L 
chaleur. n=–∞


+∞ ikπv
exp ( – av 2 ) exp  – ------------  dv .
On notera que la convergence normale de la série, figurant ci- 1
= -------
dessus sous le signe intégral, autorise la permutation des symboles 2L –∞  L 
de sommation et d’intégration, de sorte qu’en utilisant les formules

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■ Ainsi, pour une plaque rectangulaire que l’on identifie au rec-


Quitte à intégrer la forme différentielle (clairement exacte) tangle R = [ 0, a ] × [ 0, b ] , le problème est par exemple d’étudier
exp(– az 2)dz sur le bord du rectangle dont les quatre sommets l’équation :
sont (– A, 0), (A, 0), (A, ik π/2aL) et (– A, ik π/2aL), puis à faire ten-
dre A vers + ∞ (les deux intégrales sur les bords verticaux du ∂u γ ∂2 u ∂2 u 
------- = -----  ----------
- + -----------
rectangle ont alors pour limite 0), on obtient : ∂t c  ∂ x2 ∂ y2 

∫ ∫
+∞ ikπ 2 +∞
π où u (x, y, t ) désigne la température au point des coordonnées
exp  – a  v + ----------   dv = exp ( – av 2 ) dv = --- . (x, y ) de la plaque à l’instant t avec :
–∞   2 aL   –∞ a
— les conditions aux limites suivantes, réalisées pour tout nom-
Il en résulte que la valeur du coefficient de Fourier ck est égale bre réel positif t :
à:
u ( x, 0, t ) = u ( x, b, t ) = u ( 0, y, t ) = u ( a, y, t ) = 0


k2 π2 +∞ ikπ 2
c k = ------- exp  – -------------2  exp  – a  v + ----------   dv
1
2L   2 aL   ( 0 < x < a, 0 < y < b )
4 aL –∞

k2 π2 π qui signifient que les bords de la plaque sont maintenues à la tem-


= ------- exp  – -------------2  --- .
1
2L  4 aL  a pérature 0.
— la condition initiale suivante, réalisée pour tout couple (x, y )
Puisque la fonction φ est développable en série de Fourier de nombres réels tels que 0 < x < a et 0 < y < b :
d’après le théorème de Dirichlet, on obtient la version suivante
de la formule sommatoire de Poisson : u (x, y, 0) = f (x, y )
+∞ +∞ qui indique la température des différents points de la plaque à l’ins-
π k π 2 2 ikπu
∑ exp ( – a ( u – 2 nL ) 2 ) = ------------2- ∑ exp  – -------------2  ⋅ exp  -------------  tant initial ;
4 aL  4 aL   L 
n=–∞ k=–∞ — avec aussi, bien sûr :
et la forme utilisée dans le calcul mené plus haut en résulte en f (x, 0) = f (x, b ) = f (0, y ) = f (a, y ) = 0.
faisant u = x – y et a = 1/4ω 2 t.
2. Contrairement à la situation qui prévalait avec l’équation On supposera ici cette fonction f de classe C 1 sur R et, pour
γ
des ondes (de type hyperbolique), on notera qu’avec l’équation simplifier les notations, on posera encore ω 2 = --- .
de la chaleur (de type parabolique), il est hors de question de c
vouloir « remonter le temps » en attribuant à t des valeurs néga- ■ L’unicité des solutions de ce problème se traite exactement
tives, car les résultats obtenus perdent alors tout sens. comme au paragraphe 3.1.2.1. Supposons que l’on dispose de deux
3. La solution u ainsi obtenue dépend continûment de la don- solutions u1 et u2 de l’équation (qui peut ici être homogène ou avec
née initiale f. En effet, on remarque facilement que l’on a : second membre, ce qui ne change rien à la démonstration), vérifiant
la même condition initiale et les mêmes conditions aux limites.
u ∞ < f ∞ .
On pose u = u1 – u2 et l’on a donc :
Comme on l’a déjà indiqué dans le cadre de l’équation des u (x, 0, t ) = u (x, b, t ) = u (0, y, t ) = u (a, y, t ) = 0
cordes vibrantes, supposons que la donnée initiale f ne soit
connue que par une approximation f. Notons alors u et u les et
solutions associées à ces données initiales exactes et appro- u ( x, y, 0 ) = 0 (0 < x < a , 0 < y < b) .
chées f et f et
∆ u = u – u et ∆ f = f – f On peut alors utiliser l’une des deux méthodes déjà indiquées.
a) On considère la fonction définie pour t > 0 par :
les erreurs. On a par différence :

∫∫
∂u
------- ( x, y, t ) u ( x, y, t ) dx dy

+∞ (x – z)  2
1
∆ u ( x, t ) = ------------------ ∆ f ( z ) exp  – ------------------
- dz . R ∂t
2ω πt –∞  4 ω2 t 

∫∫  ∂---------
2u ∂2 u
Et donc de même = ω2 - ( x, y, t ) u ( x, y, t ) dx dy .
( x, y, t ) + ----------
R  ∂ x 2 ∂ y2 
∆ u ∞ = sup u ( x ) – u ( x ) < ∆ f ∞ = sup f ( x ) – f ( x ) .
0<x<L 0<x<L Le premier membre apparaît comme une dérivée (on peut
permuter les symboles de dérivation et d’intégration) et l’on peut
intégrer par parties le second membre en tenant compte du fait que
u s’annule sur le bord du rectangle ce qui donne :

∫∫ u
1 ∂
--- ----- 2 ( x , y , t ) dx dy
3.2 Généralisation : équation 2 ∂t R
de la chaleur en dimension n
∫∫
∂u
  ------
2 ∂u 2
= – ω2 - ( x, t ) +  ------- ( x, t )  dx dy < 0 .
R  ∂x   ∂y  
Il s’agit de l’équation aux dérivées partielles suivante :

∂u
∂t
γ ∂2 u … ∂2 u 
------- = -----  ----------
c  ∂ x 12
-+
∂ x n2 
- .
+ ----------
Cela prouve que la fonction t →
∫∫ u R
2 ( x, y, t ) dx dy est décrois-

sante. Comme elle est nulle en 0 et à valeurs positives, elle est donc
nulle, ce qui implique la nullité de u et l’égalité u1 = u2.

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b) On utilise le principe du maximum en considérant un nombre ■ De même, la méthode de séparation des variables permet
réel strictement positif ε et la fonction d’obtenir la solution u du problème lorsque la fonction f est suppo-
sée suffisamment régulière. La résolution du problème de Sturm-
u ε (x , y , t ) = u (x , y , t ) + ε ( x 2 + y 2 ) Liouville conduit à nouveau aux fonctions trigonométriques, alors
qu’avec une plaque circulaire, elle conduirait aux fonctions de Bes-
qui vérifie :
sel.
∂u ∂ 2 uε ∂2 u
---------ε ( x, y, t ) – ω 2 -----------
- ( x, y, t ) – ω 2 ----------
- ( x, y, t ) = – 4 εω 2 .
∂t ∂ x2 ∂ y2
Sur le compact [ 0, a ] × [ 0, b ] × [ 0, T ] où T > 0, elle admet un 4. Une équation elliptique :
maximum, atteint en un point (x0, y0, t0). On se propose d’établir
qu’il est tel que : l’équation de Laplace
x 0 = 0 ou a ou y 0 = 0 ou b avec 0 < t 0 < T

ou tel que : 4.1 Présentation


t 0 = 0 avec 0 < x 0 < a et 0 < y 0 < b .
Reprenons l’équation de diffusion de la chaleur dans une plaque,
Sinon, on a en effet 0 < x0 < a et 0 < y0 < b et 0 < t 0 < T et : que l’on a étudiée paragraphe 3.2. Si l ’on parvient à un état d’équi-
— la fonction x → u ε ( x, y 0, t 0 ) atteint son maximum en x0 sur libre, on voit que la température asymptotique d’équilibre u (x, y )
l’intervalle ouvert ]0, a [, la fonction y → u ε ( x 0, y, t 0 ) atteint son au point de coordonnées (x, y ) de la plaque vérifie l’équation ellip-
maximum en y0 sur l’intervalle ouvert ]0, b [, de sorte que l’on a les tique suivante, dite équation de Laplace :
relations : ∂2 u ∂2 u
∂ uε - + ----------- = 0
----------
--------- ( x 0 , y 0 , t 0 ) = 0 ; ∂x 2 ∂y 2
∂x
ou ∆u = 0.
∂ 2 uε Comme on le voit sur cet exemple, cette équation elliptique est
- ( x0 , y0 , t0 ) < 0 ;
-----------
∂ x2 indépendante du temps et décrit un phénomène stationnaire.
■ De façon générale, en dimension n, l’équation de Laplace s’écrit :
∂u
---------ε ( x 0 , y 0 , t 0 ) = 0 ;
∂y ∂2 u ∂2 u ∂2 u
∆ u = ----------2- + ----------2- + … + ----------2- = 0 .
∂x 1 ∂x 2 ∂x n
∂ 2 uε
- ( x0 , y0 , t0 ) < 0 ;
-----------
∂ y2 Dans un premier temps (§ 4.2), on étudiera simplement cette
équation dans un ouvert U (tout en se limitant, pour les démonstra-
— la fonction t → u ε ( x 0 , y 0, t ) atteint son maximum en t0 sur tions, au cas n = 2 du plan). Ses solutions sont, par définition, les
l’intervalle ]0, T [ de sorte que, en considérant sa dérivée en t0 fonctions harmoniques dans l’ouvert U et elles jouissent de
comme sa dérivée à gauche, on a par définition : nombreuses propriétés particulièrement intéressantes.
∂ uε Dans un second temps (§ 4.3) et (§ 4.4), on étudiera l’équation de
--------- ( x 0 , y 0 , t 0 ) > 0 . Laplace en ajoutant des conditions aux limites à la frontière de
∂t l’ouvert U (problèmes de Dirichlet ou de Neumann).
On obtient alors en combinant ces deux inégalités : ■ Exemples de fonctions harmoniques
∂u ∂ 2 uε Cherchons les fonctions u harmoniques dans R n sauf à l’origine
---------ε ( x 0 , y 0 , t 0 ) – ω 2 -----------
- ( x0 , y0 , t0 ) et ne dépendant que de la distance r à l’origine. Celles-ci vérifient
∂t ∂ x2
∆ (u ( x 12 + x 22 + … + x n2 ) ) = 0 ,
∂ 2 uε
– ω 2 -----------
- ( x 0 , y 0 , t 0 ) = – 4 εω 2 > 0 .
∂ y2 soit :
Cette contradiction prouve le résultat annoncé, à savoir que uε u ′′ ( r ) + n
------------- u ′ ( r ) = 0 .
–1
atteint son maximum sur l’un des cinq côtés inférieurs du parallélé- r
pipède [ 0, a ] × [ 0, b ] × [ 0, T ] . Comme on sait que : Pour n = 2, on obtient :

u ε ( x, y, t ) = u ( x , y , t ) + ε ( x 2 + y 2 ) u (r ) = ln r ;
et pour n > 3 :
et que u est nulle sur les cinq côtés inférieurs de ce parallélépipède,
ce maximum de uε est inférieur ou égal à ε (a2 + b2). 1
u ( r ) = – -----------------------------
-.
Il en résulte que le maximum de u sur ce même parallélépipède, ( n – 2 ) rn – 2
qui est inférieur ou égal à celui de uε est lui-même inférieur à
ε (a2 + b2). Comme ε est arbitraire, ce maximum de u est donc
négatif et u est donc à valeurs négatives sur [ 0, a ] × [ 0, b ] × [ 0, T ] .
4.2 L’équation de Laplace et les fonctions
Par le même raisonnement, quitte à remplacer u par – u, on voit
que – u est aussi à valeurs négatives, et donc u à valeurs positives, harmoniques dans un ouvert U
sur ce même parallélépipède.
En conclusion, pour tout T > 0 , u est nulle sur le parallélépipède Les solutions de l’équation de Laplace dans U, c’est-à-dire les
[ 0, a ] × [ 0, b ] × [ 0, T ] donc sur [ 0, a ] × [ 0, b ] × [ 0, + ∞ ] et l’on a bien fonctions harmoniques dans U, satisfont plusieurs propriétés
l’égalité u1 = u2. remarquables, parmi lesquelles les suivantes.

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Proposition 3. Formules de Green :


On désigne par U un ouvert borné.

∫∫ ∫∫ u °∫ u
∂v
a) Une fonction u est supposée harmonique dans U et se prolon- ∇ u ⋅ ∇ v dx d y + ∆ v d x dy = --------- d s .
geant par continuité sur l’adhérence U de U, c’est-à-dire sur U et sa D D ∂n
∂D+
frontière, vérifie le principe du maximum : autrement dit, la fonction
u atteint son maximum et son minimum sur la frontière de U.

∫∫ u ∫∫ v °∫ u
 ∂v ∂u
∆ v dx d y – ∆ u dx dy = --------- – v --------- d s .
b) Deux fonctions harmoniques (ou plus généralement vérifiant le  
principe du maximum) dans U et se prolongeant par continuité sur
D D ∂n ∂n
∂D+
l’adhérence U de U sont égales dans U si, et seulement si, elles
Dans ces formules, on désigne :
sont égales sur la frontière de U.
— par D un compact connexe du plan dont le bord est supposé
Démonstration. ◊ « suffisamment régulier » ;
— par ∂ D + et le bord orienté de D ;
Le principe du maximum s’établit comme on l’a fait para-
graphe 3.1.2.1. On considère un nombre réel strictement positif ε et — par n la normale unitaire à ∂ D + orientée vers l’extérieur de
la fonction : D;
— par u et v deux fonctions de classe C 2 sur l’intérieur de D et se
uε (x, y ) = u (x, y ) + ε (x 2 + y 2).
prolongeant par continuité sur D.
Puisque u est harmonique, on a : Démonstration. ◊
∆uε = 4 ε . Ces deux formules résultent directement de la formule de Green-
Riemann que, selon l’habitude, on écrit sous la forme :
a) Sur le compact U constitué de U et de sa frontière, la fonction
continue uε admet un maximum, atteint en un point M0(x0, y0) qui

∫∫ °∫
appartient nécessairement à la frontière de U. Sinon, (x0, y0) appar- Q ∂P 
 ∂-------
- – ------- dx dy = Pdx + Qdy .
tient à l’ouvert U et : D  ∂x ∂y 
∂D+
— la fonction x → u ε ( x, y 0 ) atteint son maximum en x0 sur un
intervalle ouvert centré en x0 ; La première formule s’obtient en posant ci-dessus :
— la fonction y → u ε ( x 0, y ) atteint son maximum en x0 sur un
intervalle ouvert centré en y0, de sorte que l’on a les relations : ∂v ∂v
P = – u ------ et Q = u --------
∂y ∂x
∂u
---------ε ( x 0 , y 0 ) = 0 , puis, en permutant les rôles de u et v et en soustrayant les deux
∂x égalités obtenues, on a la seconde formule. ◊
∂ 2 uε
- ( x0 , y0 ) < 0 ;
----------- En prenant, dans la première formule de Green, u = 1 et v har-
∂ x2
monique, on obtient :
∂u
---------ε ( x 0 , y 0 ) = 0 ,
°∫ °∫
∂v
∂y --------- d s = ∇v ⋅ n d s = 0 .
∂n
∂D+ ∂D+
∂ 2 uε
- ( x0 , y0 ) < 0 .
----------- Cette égalité signifie que le flux du gradient d’une fonction
∂ y2 harmonique au travers d’un contour (ou d’une surface) fermé
On en déduit que ∆ u ε = 4 ε < 0 , ce qui est contradictoire et est nul.
prouve donc que la fonction uε atteint son maximum en un point
M0(x0, y0) qui appartient comme annoncé à la frontière de U. On a Proposition 4.
donc pour tout point M appartenant à U :
Une fonction harmonique u dans un ouvert U vérifie le principe de
u (M ) < u ε (M ) < u ε (M 0 ) = u (M 0 ) + ε ( x 02 + y 02 ) < u (M 0 ) + εD 2 la moyenne. Autrement dit, pour tout point M0(x0, y0) de U et pour
tout nombre r > 0 tel que la boule fermée de centre M0 et de rayon r
où D 2 est la borne supérieure de l’ensemble des carrés des soit incluse dans l’ouvert U, le nombre u (x0, y0) est la moyenne des
distances x 2 + y 2 de l’origine O aux points de l’ouvert borné U. valeurs prises par u sur la sphère (et aussi sur la boule) de centre M0
et de rayon r, ce qui, en dimension 2, s’écrit :
En faisant tendre ε vers 0, on obtient :

∫ ux

u (M ) < u (M 0 ) , 1
u ( x 0 , y 0 ) = --------- ( + r cos θ, y 0 + r sin θ ) r dθ
2π r 0
–π
ce qui établit que u atteint son maximum sur la frontière de U (on .

∫∫
1
procède de même pour le minimum). = ---------
- u ( x , y ) dx d y .
π r2 B ( M 0, r )
b) Passons au second point. Soient u1 et u2 deux fonctions harmo-
niques (ou vérifiant le principe du maximum) sur U qui se prolon- Réciproquement, on peut établir que toute fonction continue dans
gent par continuité sur U . L’égalité de ces deux fonctions sur la U qui vérifie le principe de la moyenne est harmonique dans U.
frontière de U implique que la différence u = u1 – u2 est harmonique
Démonstration. ◊
dans U et nulle sur la frontière de U : comme u atteint son maximum
et son minimum sur la frontière de U (principe du maximum) on en Dans la seconde formule de Green, convenons de choisir :
déduit que u est nulle sur U, et donc que u1 = u2 .
M 
La réciproque est évidente. ◊ — pour compact D, la couronne  ----- < M 0 M < r  avec 0 < ε <r,
ε 
Avant d’établir d’autres résultats, on démontre maintenant deux
formules de Green. dont le bord est composé, d’une part du cercle C (M0, r ) parcourue

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dans le sens direct, et, d’autre part, du cercle C (M0, ε ) parcourue


dans le sens indirect ; 1. Le principe de la moyenne apparaît physiquement très
— pour u, la fonction harmonique de l’énoncé ; naturel si l’on se souvient que l’équation de Laplace représente
des phénomènes stationnaires.
— pour v, la fonction (dont on sait qu’elle est harmonique dans
D ) définie par 2. Le principe de la moyenne implique le principe du maxi-
mum.
v ( x, y ) = ln r où r = x2 + y2 . Supposons en effet que la fonction u, harmonique dans un
ouvert connexe borné U et se prolongeant par continuité sur U ,
La seconde formule de Green donne dans ce contexte :
atteigne son maximum µ dans U.
Si M0 est un point appartenant à U où u atteint son maximum,

°∫ °∫
∂v
 u -------- ∂u ∂v ∂u
- – v ---------  d s =  u --------
- – v ---------  d s on a :
   
∂n ∂n ∂n ∂n u ( M ) < u ( M0 )
∂D+ C ( M 0, r )+

sur un voisinage de ce point M0. Choisissant un nombre réel


strictement positif r assez petit, on a alors :

°∫
∂v
 u -------- ∂u
– - – v ---------  d s = 0 .
 
∂n ∂n
∫∫
1
C ( M 0, ε )+ ---------
- u ( x , y ) d x dy < u ( x 0 , y 0 ) .
π r2 B ( M 0, r )
La dérivée de v suivant la normale extérieure à la couronne D en
un point (x, y ) du cercle de centre M0 et de rayon r (resp. ε ) est : Mais cette inégalité est en fait une égalité d’après le principe
de la moyenne, et cela implique que, dans cette boule de centre
∂v ∂v 1 M0 et de rayon r, on a :
--------- = ------ = --- (resp. 1 ⁄ ε ) ,
∂r r
∂n u ( M ) = u ( M0 ) .
ce qui conduit à l’égalité suivante : Ainsi, l’ensemble des points M appartenant à U tels que
u (M) = µ est à la fois ouvert (d’après ce qui précède) et fermé

°∫ °∫
1 ∂u (d’après la continuité de u ).
--- u d s – ln r --------- d s
r Puisque U est connexe, l’ensemble de ces points M tels que
∂n
C ( M 0, r )+ C ( M 0, r )+ u (M) = µ et égal à U et en fait à U par continuité de u. Ainsi,
dans ce cas, u est constante. Il en résulte que si u n’est pas
constante, elle atteint bien son maximum (et son minimum) sur

°∫ °∫
1 ∂u
– --- u d s + ln ε --------- = 0 . la frontière de U.
ε
∂n 3. Les fonctions harmoniques dans U possèdent d’autres pro-
C ( M 0, ε )+ C ( M 0, ε )+
priétés. En particulier, toute fonction harmonique dans U est
Comme le flux du gradient d’une fonction harmonique au travers nécessairement indéfiniment dérivable (et ses dérivées sont
d’un contour fermé est nul (cf. encadré précédent), le premier et le bien sûr harmoniques) et analytique dans U.
troisième des termes figurant dans cette dernière formule sont nuls
et l’on a enfin :

°∫ °∫
1
---
1
u d s – --- uds = 0 . 4.3 L’équation de Laplace et le problème
r ε de Dirichlet dans un cercle
C ( M 0, r )+ C ( M 0, ε )+

En paramétrant les deux cercles de rayons ε et r par l’angle polaire


θ, il vient : On se propose de résoudre le problème suivant : trouver les fonc-
tions harmoniques U (c’est-à-dire solutions de l’équation de

∫ ∫
+π +π
Laplace) dans le disque de centre O de rayon R qui se prolongent
u ( x 0 + r cos θ , y 0 + r sin θ ) dθ = u ( x 0 + ε cos θ , y 0 + ε sin θ ) dθ .
–π –π par continuité sur la circonférence de centre O et de rayon R et
vérifient :
Faisant tendre ε vers 0 et tenant compte de la continuité de u en
M0, le théorème de continuité des intégrales dépendant d’un para- U ( R cos θ , R sin θ ) = f ( θ )
mètre donne enfin :
où f est une fonction continue 2π-périodique.



u ( x 0 + r cos θ , y 0 + r sin θ ) dθ = 2π u ( x 0 , y 0 ) . Autrement dit, on cherche les fonctions harmoniques U prenant
–π des valeurs données sur la circonférence de centre O et de rayon R.
Pour obtenir la seconde égalité, il suffit de changer r en ρ dans
l’égalité ci-dessus, de multiplier celle-ci par ρ et d’intégrer de 0 à r,
ce qui donne : 4.3.1 Unicité d’une éventuelle solution
par le principe du maximum
∫∫ ∫ ρu x
r +π r
u ( x 0 + ρ cos θ , y 0 + ρ sin θ ) ρ dθ dρ = 2π ( 0, y 0 ) dρ .
0 –π 0
Supposons que l’on dispose de deux solutions U1 et U2 de ce
Passant de coordonnées polaires en coordonnées cartésiennes, problème de Dirichlet. Celles-ci sont harmoniques dans le disque de
on a bien : centre O et de rayon R, se prolongent par continuité à la circonfé-

∫∫
rence de centre O et de rayon R où elles sont égales.
u ( x , y ) dx dy = π r 2 u ( x 0 , y 0 ) . ◊
B ( M 0, r ) D’après la proposition 3, elles sont égales.

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4.3.2 Existence d’une solution par la méthode On choisira donc pour nombres An et Bn les coefficients de
de séparation des variables Fourier de f et l’on est finalement conduit à envisager pour solution
de notre problème la fonction :

Puisque l’on travaille sur un cercle, nous allons utiliser des coor- +∞

∫ ∫
1 2π r  n1
 -----

données polaires de centre O. Au lieu de chercher directement une
fonction harmonique ( x, y ) → U ( x, y ) solution du problème, nous
u ( r, θ ) = -------
2π 0
f ( t ) dt + ∑ -
R  π
---
0
f ( t ) cos nt dt cos nθ
n=1
allons poser


1 2π
U ( x, y ) = U ( r cos θ, r sin θ ) = u ( r, θ ) + --- f ( t ) sin nt dt sin ( nθ ) ) .
π 0
et déterminer d’abord u.
Vu l’expression du laplacien en coordonnées polaires, on sait que Cette expression peut également s’écrire :
U vérifie ∆U = 0 si, et seulement si, u vérifie la relation :
+∞
1 

2π r n
f ( t )  --- + ∑  ------ cos n ( θ – t ) dt
1
∂2 u 1 ∂ u 1 ∂2 u u ( r, θ ) = ---
- + --- ------- + ------ ---------- = 0 .
--------- π 2 n = 1 R 
∂ r2 r ∂ r r2 ∂ θ2 0

De plus, cette fonction u devra vérifier la condition au bord +∞


1 

u (R, θ ) = f (θ ).
2π r n
f ( θ – t )  --- + ∑  ------ cos nt dt .
1
= ---
π 0 2 n = 1 R 
■ On commence, comme d’habitude, par chercher les solutions
sous forme multiplicative
En effet, la fonction f étant continue et 2π-périodique est bornée,
( r, θ ) → u ( r ) v ( θ ) , et il est clair que, pour 0 < r < R , la série figurant ci-dessus sous le
signe intégral est uniformément convergente sur [0, 2π], ce qui
ce qui conduit à résoudre deux équations de la forme : justifie la permutation des symboles de sommation et d’intégration.
La seconde expression obtenue résulte alors de la première à l’aide
r 2 u ′′( r ) + ru ′( r ) + λu ( r ) = 0 ; du changement de variable t ’ = θ – t.

v ′′ ( θ ) – λv ( θ ) = 0
■ On s’intéresse maintenant à la fonction P suivante, définie pour
où λ désigne un nombre réel. tout couple (x, t ) de nombres réels tels que – 1 < x < 1 et appelée
Pour tenir compte du fait que la fonction obtenue doit être de noyau de Poisson du problème de Dirichlet relatif au cercle :
classe C 2 sur le disque de centre O et de rayon R, il faut bien sûr
que : +∞
1 1
P ( x, t ) = ------- + ---
2π π ∑ x n cos nt .
n=1
v ( 0 ) = v ( 2π ),
v ′ ( 0 ) = v ′ ( 2π ),
On remarque d’abord que cette fonction est paire en la variable t
v ′′ ( 0 ) = v ′′ ( 2π ) et que son intégrale sur [0, 2π] est égale à 1 (on peut en effet intégrer
terme à terme en t par convergence uniforme de la série). De plus,
(ce qui conduit encore à un problème de Sturm-Liouville). Ces on a l’expression plus simple :
dernières conditions ne peuvent être réalisées que si, et seulement
si, λ est de la forme – n 2 où n désigne un nombre entier naturel non +∞ +∞
1 1 1 1
nul. P ( x, t ) = ------- + ---
2π π ∑ x n cos nt = ------- + --- Re
2π π ∑ ( xe it ) n
L’équation en u est une équation d’Euler, dont on cherche des n=1 n=1
solutions dépendantes sur ]0, + ∞ [ sous la forme r → r a , de sorte
1 1 xe it 1 – x2
que les solutions obtenues pour les deux équations précédentes = ------- + --- Re ------------------- = -------------------------------------------------------
-
sont, avec r > 0 : 2π π 1 – xe it 2π ( x 2 – 2 x cos t + 1 )

v (θ ) = An cos(nθ ) + Bn sin(nθ ) ;
Finalement, on dispose des deux formes suivantes pour u (r, θ ) :
u (r ) = C n r n + D n r – n .



f ( θ – t ) P  ------, t dt
r
Pour que u se prolonge par continuité sur [0, R ], il faut de plus u ( r, θ ) =
0 R
que Dn = 0.

■ L’équation étant linéaire, on cherche donc, de façon formelle, des


2π R 2–r 2
solutions de la forme suivante : = f ( θ – t ) ---------------------------------------------------------------- dt .
0 2π ( r 2 – 2 rR cos t + R 2 )
A r n
u ( r, θ ) = ------0- + ∑  ----  ( A n cos ( nθ ) + B n sin ( nθ ) ) .


2 R 2π
f ( t ) P  ------, θ – t dt
r
u ( r, θ ) =
0 R
Pour que la condition au bord du cercle soit vérifiée, il faut enfin
que, pour r = R :


A 2π R 2–r 2
f ( θ ) = ------0- + ∑ ( A n cos ( nθ ) + B n sin ( nθ ) ) . = f ( t ) ------------------------------------------------------------------------------ dt .
2 0 2π ( r – 2 rR cos ( θ – t ) + R 2 )
2

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Revenant en coordonnées cartésiennes, cette formule s’écrit On laisse enfin au lecteur le soin de vérifier qu’ici encore la solu-
aussi : tion u obtenue pour le problème de Dirichlet sur le cercle dépend
continûment de la donnée initiale f et de tirer les conséquences de


2π R 2 – x2 – y2 ce résultat.
U ( x, y ) = f ( t ) -------------------------------------------------------------------------------------------------------------
- dt .
0 2π ( x 2 + y 2 – 2 R ( x cos t + y sin t ) + R 2 )

Il reste maintenant à voir si cette fonction est bien solution du Principe de la moyenne et harmonicité sur un ouvert.
problème de Dirichlet que l’on s’était donné au départ.
On est maintenant en mesure de prouver (en restant dans le
2
● Cette fonction est continue, de classe C et peut se dériver sous cas de deux variables, mais la démonstration se généralise sans
le signe intégral pour : grande modification au cas général) que toute fonction u conti-
nue sur un ouvert U et y vérifiant le principe de la moyenne est
0<r = x2 + y2 < R harmonique (réciproque de la proposition 4).
Considérons un point M0 appartenant à U. Comme U est
d’après les théorèmes de continuité et de dérivation sous le signe ouvert, il existe un nombre réel R > 0 tel que la boule fermée de
intégral. En effectuant le calcul, on vérifie, de plus, facilement que : centre M0 et de rayon R est incluse dans U. Introduisons alors,
sur cette boule fermée, la fonction v définie par :


2π R 2 – x2 – y2
∆ U ( x, y ) = f ( t ) ∆  ------------------------------------------------------------------------------------------------------------
- dt = 0 v ( x, y ) =
0 2π ( x 2 + y 2 – 2 R ( x cos t + y sin t ) + R 2 )

∫ux
2π R2 – x2 – y2
( 0 + R cos t , y 0 + R sin t ) --------------------------------------------------------------------------------------------------
-dt
● Cette fonction se prolonge par continuité sur la circonférence 0 2π ( x 2 + y 2 – 2 R ( x cos t + y sin t )+ R 2 )
de centre O et de rayon R, et u (r, θ ) tend bien vers f (θ0) lorsque
(r, θ ) tend vers (R, θ0). En effet, puisque l’intégrale du noyau de
Poisson vaut 1, on a : (On a repris la formule précédente en changeant f (t ) en
u (x0 + R cost , y0 + R sint)).


2π R 2–r 2
u ( r, θ ) – f ( θ 0 ) = ( f ( θ – t ) – f ( θ 0 ) ) ---------------------------------------------------------------- dt . D’après ce qui précède, cette fonction v est continue sur la
0 2π ( r 2 – 2 rR cos t + R 2 ) boule fermée de centre M0 et de rayon R ; elle coïncide avec u
sur la circonférence de centre M0 et de rayon R et elle est har-
La fonction f étant continue et 2π-périodique est évidemment monique dans le disque de centre M0 et de rayon R, donc elle y
bornée sur R (par un nombre M ) et uniformément continue sur R . vérifie le principe de la moyenne d’après la proposition 4.
Pour tout nombre ε > 0, il existe donc un nombre α > 0 tel que :
Les fonctions u et v sont donc égales sur la circonférence de
centre M0 et de rayon R et vérifient le principe de la moyenne
( x – y < 2α) ⇒ ( f (x) – f (y) < ε) .
dans le disque de centre M0 et de rayon R, donc le principe du
maximum (cf. encadré du paragraphe 4.2). Il résulte alors de la
Supposons donc θ – θ 0 < α et R sin α < r < R et montrons que proposition 3 que u = v sur la boule fermée de centre M0 et de
u (r, θ ) – f (θ ) est alors inférieur en valeur absolue à 3ε. rayon R et u, comme v, est donc harmonique dans le disque de
centre M0 et de rayon R, et par conséquent dans U puisque M0
A cet effet, on découpe l’intervalle d’intégration [0, 2π] en trois
est un point quelconque de U.
intervalles, allant de 0 à α, de α à 2π – α et de 2π – α à 2π. On a
clairement :

f ( θ – t ) – f ( θ0 ) < ε

sur le premier et le dernier de ces trois intervalles et, le noyau de


4.4 L’équation de Laplace et le problème
Poisson étant positif et d’intégrale égale à 1 sur [0, 2π], on peut donc de Neumann dans un cercle
majorer par ε les intégrales sur ces premier et dernier intervalles, de
sorte que l’on a :

u ( r, θ ) – f ( θ 0 ) 4.4.1 Généralités


2π – α R 2–r 2
< 2ε + f ( θ – t ) – f ( θ 0 ) ------------------------------------------------------------------d t
α 2π ( r – 2 rR cos t + R 2 )
2 On se propose de résoudre le problème suivant : trouver les fonc-
tions harmoniques U (c’est-à-dire solutions de l’équation de


2M (R 2 – r 2) 2π – α Laplace) dans le disque de centre O de rayon R qui se prolongent
dt
< 2 ε + --------------------------------------- ----------------------------------------------------------------- par continuité sur la circonférence de centre O et de rayon R et y
2π α ( r – R cos t ) 2 + R 2 sin 2 t
admettent en tout point M (R cosθ, R sinθ ) un vecteur dérivé suivant
Maintenant, il est clair que le dénominateur dans cette dernière le vecteur unitaire normal n ( cos θ , sin θ ) vérifiant la condition
intégrale est supérieur ou égal à R 2sin2α (c’est évident pour dite de Neumann :
α < t < π ⁄ 2 et 3π ⁄ 2 < t < 2π – α en minorant par 0 le premier
terme situé au dénominateur ; c’est également vrai pour
π ⁄ 2 < t < 3π ⁄ 2 car r – R cos t > r > R sin α . Finalement, on voit que, ∂U
quitte à choisir r encore plus proche de R, on a bien le résultat voulu, --------- ( R cos θ , R sin θ ) = f ( θ )
c’est-à-dire : ∂n

2M (R 2 – r 2) où f est une fonction continue 2π-périodique.


u ( r, θ ) – f ( θ 0 ) < 2 ε + --------------------------------------
- < 3ε .
R 2 sin 2 α Autrement dit, on cherche les fonctions harmoniques U dont la
dérivée normale suivant la circonférence de centre O et de rayon R
Le problème de Dirichlet est ainsi résolu sur le cercle. est donnée.

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on voit qu’il faut enfin, pour que la condition de Neumann soit véri-
Remarque préliminaire. Rappelons que le flux du gradient fiée, que :
d’une fonction harmonique au travers d’un contour (ou d’une sur- n
face) fermé est nul. En effet, la première formule de Green (§ 4.2) f ( θ ) = ∑ ------ ( A n cos ( nθ ) + B n sin ( nθ ) ) .
R
s’écrit :
On choisira donc pour nombres nAn /R et nBn /R les coefficients

∫∫ ∫∫ °∫
∂v de Fourier de f (on a A0 = 0 à cause de la condition nécessaire sur f
∇ u ⋅ ∇ v dx dy + u ∆ v dx dy = u --------- d s .
D D ∂n obtenue initialement) et l’on est finalement conduit à envisager
∂D+ pour solution de notre problème la fonction :
Appliquée avec u = 1 et v = U, où U désigne une solution du u ( r, θ ) =
problème de Neumann envisagé ci-dessus, on en déduit que la
fonction f vérifie nécessairement la condition : +∞ n
 r  R f ( t ) sin nt dt sin nθ  .

∫ ∫
2π 2π
 ------  ---------
f ( t ) cos nt dt cos nθ +--------
R
-
n=1 R nπ nπ

°∫ ∫ ∫
∂U 2π ∂U 2π 0 0
--------- d s = --------- ( R cos θ , R sin θ ) R d θ = R f ( θ ) dθ = 0.
∂n 0 ∂n 0 Cette expression précédente peut également s’écrire :
C ( 0, R )
+∞


On verra que cette condition nécessaire d’existence des solu- 2π r n R
 -----
tions est, en fait, suffisante. u ( r, θ ) =
0
f (t) ∑ - --------- cos n ( θ – t )d t
R  nπ
n=1

+∞


2π r n R
 -----
4.4.2 Unicité à une constante additive =
0
f (θ – t) ∑ - --------- cos nt d t .
R  nπ
n=1
près d’une éventuelle solution
En effet, la fonction f étant continue et 2π-périodique est bornée,
et il est clair que, pour 0 < r < R , la série figurant ci-dessus sous le
Supposons que l’on dispose de deux solutions U1 et U2 de ce signe intégral est uniformément convergente sur [0, 2π], ce qui
problème de Neumann. Celles-ci sont harmoniques dans le disque justifie la permutation des symboles de sommation et d’intégration.
de centre O et de rayon R, se prolongent par continuité à la circonfé- La seconde expression obtenue résulte alors de la première à l’aide
rence de centre O de rayon R où elles vérifient pour tout θ : du changement de variable t ’ = θ – t.
∂U ∂U
----------1 ( R cos θ , R sin θ ) = ----------2 ( R cos θ , R sin θ ) . ■ On s’intéresse maintenant à la fonction P suivante, définie pour
∂n ∂n tout couple (x, t ) de nombres réels tels que – 1 < x < 1 et appelée
noyau de Poisson du problème de Neumann relatif au cercle :
D’après la formule de Green que l’on vient de rappeler, appliquée
avec u = v = U1 – U2, on a : +∞
xn
P ( x, t ) = ∑ ------- cos nt .

∫∫
2 nπ
∇ ( U 1 – U 2 ) ( x , y ) d x dy = 0 . n=1
B ( 0, R )
Par dérivation terme à terme de cette série entière en x, on a
Comme U1 – U2 est de classe C 2, son gradient est nul sur la boule donc :
de centre O et de rayon R, et U1 – U2 y est constante.
+∞ +∞
Réciproquement, on vérifie que si U est solution du problème de ∂P 1 1
Neumann précédent, alors U + Cte l’est également. ------- ( x, t ) = ---
∂x π ∑ x n – 1 cos nt = --- Re e it
π ∑ ( xe it ) n
n=1 n=0

1 e it cos t – x
= --- Re --------------------
- = ---------------------------------------------------- .
π 1 – xe it π ( x 2 – 2 x cos t + 1 )
4.4.3 Existence d’une solution par la méthode
de séparation des variables Par intégration, on obtient alors :

1
Puisque l’on travaille sur un cercle, on utilise des coordonnées P ( x, t ) = – ------- ln ( x 2 – 2 x cos t + 1 ) .

polaires de centre O. Au lieu de chercher directement une fonction
harmonique ( x, y ) → U ( x, y ) solution du problème, on pose : Finalement, on dispose de la formule suivante pour u (r, θ ) :
U ( x, y ) = U ( r cos θ, r sin θ ) = u ( r, θ ) .



f ( θ – t ) P  ------, t d t
r
et on détermine d’abord u. u ( r, θ ) = R
0 R


2π r 2 – 2 rR cos t + R 2 
f ( θ – t ) ln  -----------------------------------------------------
R
= – ------- - dt .
■ Les calculs conduits au paragraphe 4.3.2 amènent encore à 2π 0 R2 
considérer (au moins formellement) à une constante additive près :
A ou, en coupant le logarithme et en utilisant la nullité, l’intégrale de f
r n
u ( r, θ ) = ------0- + ∑  ------ ( A n cos ( ( nθ ) + B n sin ( nθ ) ) ) . sur [0, 2π] :
2 R


R 2π
Tenant compte de la relation immédiate : u ( r, θ ) = – ------- f ( θ – t ) ln ( r 2 – 2 rR cos t + R 2 ) dt
2π 0
∂U ∂u


--------- ( r cos θ , r sin θ ) = ------- ( r, θ ) u ( r, θ ) = – -------
R
f ( t ) ln ( r 2 – 2 rR cos ( θ – t ) + R 2 ) dt .
∂r
∂n 2π 0

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Revenant en coordonnées cartésiennes, cette dernière formule Le jacobien de cette transformation étant égal à r 2 sinθ, on obtient
s’écrit aussi : donc :

∫∫∫
ρ ( r )d x d y d z
Φ ( M0 ) = –G -----------------------------------------------------



R
U ( x, y ) = – ------- f ( t ) ln ( x 2 +y 2 – 2 R ( x cos t + y sin t ) + R 2 ) dt . B x 2 + y 2 + ( z – r0 ) 2
2π 0

∫∫∫
R π π r 2 ρ ( r ) sin θ d φ d θ d r
= – G ----------------------------------------------------------- .
Comme pour le problème de Dirichlet, il resterait maintenant à 0 0 –π r 2 – 2 r 0 r cos θ + r 02
voir si cette fonction est bien solution du problème de Neumann
que l’on s’était donné au départ. On intègre d’abord en φ, puis un simple calcul conduit à :

∫ rρ r [ r
2π G R
Φ ( M 0 ) = – ----------- ( ) 2 – 2 r 0 r cos θ + r 02 ] 0π d r
r0 0

r ∫
4.5 Le potentiel newtonien 2π G R
rρ r r r
= – ----------- ( )[ + – r – r 0 ] dr .
0
et l’équation de Poisson 0 0

Il convient alors de distinguer suivant que M0 est extérieur ou inté-


rieur à la boule B.
On sait, en mécanique, que les forces de gravitation exercées sur ● Si M0 est extérieur à la boule, c’est-à-dire si r 0 > R , on a en
un point quelconque par un corps de volume V et de masse volu- notant m la masse de la boule :
mique ρ proviennent d’un champ de gravitation g dérivant d’un

∫ rρr
potentiel de gravitation Φ. En un point M0(x0, y0, z0) de l’espace, le 4π G R mG
potentiel de gravitation exercé par ce corps D est égal à : Φ ( M 0 ) = – ----------- 2 ( ) dr = – ---------- .
r0 0 r0

∫∫∫
ρ ( x, y, z )d x d y d z On remarque que ce potentiel est égal à celui que créerait la même
Φ ( M0 ) = – G ------------------------------------------------------------------------------------ masse m située ponctuellement au centre 0 de la boule B considérée.
D ( x – x0 ) 2 + ( y – y0 ) 2 + ( z – z0 )2
● Si M0 et intérieur à la boule, c’est-à-dire si r 0 < R , on a :

∫∫∫
ρ dV
∫r ∫ rρ r
4π G R R
= –G ---------------- Φ ( M 0 ) = – ----------- 2 ρ ( r ) dr – 4π G ( ) dr .
M0 M r0
D 0 0

où G désigne la constante de la gravitation (égale à 6,67.10–11 S.I.) et On vérifie que Φ est continue sur l’espace, y compris sur la sphère
où la fonction de masse volumique ρ, évidemment nulle à l’exté- de centre O et de rayon R et l’on vérifie par un simple calcul de déri-
rieur du corps considéré, sera supposée continue sur celui-ci et de vées que :
classe C1 à l’intérieur de celui-ci. — ∆Φ = 0 à l’extérieur à la boule (Φ est harmonique à l’extérieur de
la boule),
On établit alors en mécanique les relations suivantes :
— ∆Φ = 4πGρ à l’intérieur de la boule, et en fait partout puisque
ρ = 0 à l’extérieur de la boule (Φ vérifie donc l’équation de Poisson).
g = –∇ Φ ,
div g = – 4π Gρ .

Puisque la divergence du gradient d’une fonction numérique de 5. Théorie spectrale


plusieurs variables n’est autre que son laplacien, on déduit de ces
deux relations que :
et séparation des variables
∆Φ = 4πGρ.
Pour de nombreuses équations aux dérivées partielles abordées
On dit alors que Φ est solution de l’équation de Poisson et précédemment, c’est la méthode de séparation des variables
puisque ρ = 0 à l’extérieur du corps considéré, on a ∆Φ = 0 en tout (consistant à rechercher d’éventuelles solutions de la forme :
point extérieur de celui-ci, ce qui signifie que le potentiel de gravita-
tion Φ créé par un corps est harmonique à l’extérieur de celui-ci. ( x, y ) → u ( x ) v ( y ) ,
puis à en former des combinaisons linéaires éventuellement infinies
Exemple : potentiel newtonien créé par une boule lors- en un sens à préciser) qui a souvent permis de déterminer les solu-
que ρ ne dépend que de r. tions recherchées.
On considère la boule B de centre O et de rayon R et l’on suppose
Le succès théorique (et également pratique pour de nombreux
que sa masse volumique ρ (x, y, z ) = ρ (r ) ne dépend que de
cas particuliers simples) de cette méthode repose sur les fonde-
r = x 2 +y 2 +z 2 . ments que nous exposons maintenant. On a vu, dans les paragra-
phes précédents, que la recherche de solutions de la forme
Pour évaluer le potentiel newtonien qu’elle crée en un point M0,
nous allons supposer (ce qui ne change rien vu la symétrie du pro- ( x, y ) → u ( x ) v ( y )
blème) que celui-ci appartient à l’axe Oz et qu’il a donc pour coordon-
nées (0, 0, r0). On calcule alors l’intégrale précédente, mais en passant vérifiant des conditions aux limites imposées conduisait en général
en coordonnées sphériques, ce qui revient à poser : à la résolution d’équations différentielles, l’une d’inconnue u, l’autre
d’inconnue v, l’une de ces deux fonctions au moins étant de plus
x = r sin θ cos φ , astreinte à vérifier des conditions aux limites. Comme on l’a déjà
indiqué, il s’agit en fait de résoudre ce qu’il est convenu d’appeler
y = r sin θ sin φ ,
un problème de Sturm-Liouville, que nous définissons ci-dessous
z = r cos θ . de façon plus précise.

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Si l’on met de côté le fait que L n’est pas un endomorphisme


Définition 2. d’espaces vectoriels, mais une application linéaire de S dans
Soient p, q, r trois fonctions à valeurs réelles continues sur un C ([a, b], R ), on voit qu’il s’agit de rechercher les valeurs propres λ
segment [a, b], la fonction p étant de classe C 1 sur [a, b] et les et les fonctions propres associées y de L.
fonctions p et r étant à valeurs strictement positives sur [a, b].
Soient (A, B ) et (C, D ) deux couples de nombres réels dis- Proposition 5.
tincts de (0,0). Dans le contexte introduit dans ce paragraphe 5, les sous-espaces
On appelle alors problème de Sturm-Liouville régulier associé propres de l’application linéaire L sont tous de dimension 1.
à ces données la recherche des nombres réels λ et des solutions
non nulles y de l’équation différentielle du second ordre : Démonstration. ◊
Un sous-espace propre E (λ) est par définition de dimension au
(p (t )y ’)’ + q (t )y + λr (t )y = 0
moins 1 et il est ici de dimension au plus 2, car l’égalité :
qui vérifient de plus les conditions Ly = λy
Ay (a) + By ’(a) = 0 implique que y est solution de l’équation différentielle :
et py ’’ + p ’y ’ + (q + λr )y = 0,
Cy (b) + Dy ’(b) = 0.
et l’on sait par le théorème de Cauchy-Lipschitz que les solutions de
cette équation différentielle homogène du second ordre forment un
Exemple : Le plus simple des problèmes de Sturm-Liouville déjà espace vectoriel de dimension 2.
abordés est le suivant :
Enfin, la dimension d’un sous-espace propre E (λ) est exactement
y ′′ + λy = 0 égale à 1 ici car, si elle était égale à 2, les éléments de E (λ) seraient
avec y (0) = 0 et y (π) = 0, exactement (par égalité des dimensions) les solutions de l’équation
différentielle
dont les solutions sont les nombres
py ’’ + p ’y ’ + (q + λr )y = 0 ;
λ = n2 autrement dit, toute solution de cette équation appartiendrait à S et
vérifierait les deux conditions aux limites :
et les fonctions associées
Ay (a) + By ’(a) = 0
y ( t ) = C n sin nt
Cy (b) + Dy ’(b) = 0.
où n désigne un nombre entier naturel non nul et Cn une constante
réelle. Cela est impossible car la solution vérifiant les conditions initiales
De plus, toute fonction f, continue et de classe C 1 par morceaux sur y (a) = A
[0, π] qui vérifie de plus les deux conditions aux limites f (0) = f (π) = 0,
et
peut être développée en série normalement convergente sous la
y ’(a) = B
forme :
+∞ ne vérifie pas la première relation puisque ( A, B ) ≠ 0 . ◊


2 π
f ( x ) = ---
π ∑ 0
f ( t ) sin ( nt ) dt sin nx . Proposition 6.
n=1
Dans le contexte introduit dans ce paragraphe 5, l’application
Cela n’est ici qu’une conséquence du théorème de convergence linéaire L est autoadjointe pour le produit scalaire défini sur S par :
normale de Dirichlet sur les séries de Fourier, appliqué à la fonction f
supposée prolongée sur R de façon impaire et 2π-périodique.
∫f
b
< f, g > = ( t ) g ( t ) r ( t ) dt .
a
Nous verrons plus loin que les résultats de ce problème parti-
culier se généralisent en fait aux problèmes de Sturm-Liouville
Démonstration. ◊
réguliers.
L’énoncé signifie simplement que, pour tout couple (f, g) de S, on
Auparavant, donnons une interprétation de notre problème de a l’égalité :
Sturm-Liouville en termes de valeurs propres et de fonctions
propres. A cet effet, on désignera par : < Lf, g > = < f , Lg > .
• S l’espace vectoriel des fonctions de classe C 2 de [a, b] dans Celle-ci se vérifie par intégration par parties. On a en effet :
R vérifiant de plus les deux conditions aux limites :


Ay (a) + By ’(a) = 0 b
< Lf, g > = – [ ( p ( t ) f ′ ( t ) )′ + q ( t ) f ( t ) g ( t )d t ]
et a

∫ ∫qtf
Cy (b) + Dy ’(b) = 0. b b
= [ – p ( t ) f ′ ( t ) g ( t ) ] ab + p ( t ) f ′ ( t ) g ′ ( t ) dt – ( ) ( t ) g ( t ) dt
• L l’application linéaire définie de l’espace vectoriel S défini ci- a a
dessus dans l’espace vectoriel C ([a, b], R ) des fonctions conti-
nues de [a, b] dans R par la formule : et, si l’on suppose les constantes A et C non nulles (on étudie plus
simplement encore le cas où A ou C est nulle), il vient :
–1
Ly ( t ) = ----------- [ ( p ( t ) y ′ ( t ) )′ + q ( t ) y ( t ) ] . C A
r (t) < Lf, g > = ---- p ( b ) fg ( b ) – ---- p ( a ) fg ( a )
D B
Le problème est alors de rechercher les nombres réels λ pour

∫ptf
b
lesquels existent des solutions non nulles y appartenant à S de + ( ) ′ g ′ ( t ) – q ( t ) fg ( t ) dt .
l’équation Ly = λy. a

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On voit maintenant que f et g jouent des rôles symétriques et, Exemple : membrane vibrante d’un tambour circulaire
en permutant f et g puis en remontant les calculs, on a bien l’égalité
voulue. ◊ ■ Considérons la vibration de la membrane d’un tambour circulaire
que nous assimilerons au repos au disque de centre O et de rayon R du
Ce résultat est intéressant car on connaît déjà, au moins dans le plan. La cote U (x, y, t ) de cette membrane au point de coordonnées
contexte des espaces euclidiens (il s’agit des espaces de dimension (x, y ) à l’instant t vérifie l’équation :
finie sur R munis d’un produit scalaire), le théorème spectral clas-
sique concernant les opérateurs autoadjoints : ∂2 U ∂2 U ∂2 U
- = v 2  ---------2- + ---------2- 
---------
— les valeurs propres sont réelles ; ∂ t2  ∂x ∂y 
— les sous-espaces propres sont deux à deux orthogonaux ;
— la somme directe des sous-espaces propres est égale à — avec la condition aux limites :
l’espace entier.
U (R cosθ , R sin θ, t ) = 0
On démontre ici de la même façon les deux premiers points, de
pour θ quelconque et t > 0 ,
façon élémentaire, mais le troisième point doit, par contre, être
précisé, et sa démonstration est beaucoup plus difficile : c’est le — avec les conditions initiales :
théorème spectral d’Hilbert-Schmidt, dont on donne l’énoncé.
U ( x , y , 0 ) = f ( x, y )
Proposition 7. et
Dans le contexte introduit dans ce paragraphe 5, les valeurs ∂U
------- ( x, y, 0 ) = 0
propres de l’application linéaire L définies sont simples et peuvent ∂t
être rangées en une suite croissante
où la fonction f est supposée suffisamment régulière et nulle sur la cir-
λ0 < λ1 < λ2 < … < λn < … conférence de centre O de rayon R.
Nous allons rechercher les solutions en passant en coordonnées
tendant vers + ∞. polaires, en prenant la nouvelle fonction inconnue définie par :
Si l’on désigne par en une fonction propre unitaire (autrement dit
de norme 1 au sens de la norme dérivant du produit scalaire précé- u ( r, θ, t ) = U ( r cos θ , r sin θ , t ) .
dent) appartentant à S et associée à la valeur propre λn de L, la suite
Celle-ci vérifie donc, outre la condition aux limites u (R, θ, t ) = 0 et
(en ) est orthonormale et l’on a alors pour toute fonction f apparte-
des conditions initiales faciles à préciser, l’équation aux dérivées par-
nant à S (et, plus généralement, pour toute fonction continue et de
tielles suivante :
classe C 1 par morceaux sur [a, b] vérifiant les deux conditions aux
limites :
∂2 u ∂2 u 1 ∂ u 1 ∂2 u 
Af (a) + Bf ’ (a) = 0 --------2- = v 2  --------2- + --- ------ + ----2 ---------- .
∂t  ∂r r ∂ r r ∂ θ2 
et
Cf (b) + Df ’(b) = 0 ■ Pour simplifier, nous en chercherons seulement les solutions possé-
dant la symétrie de révolution : le dernier terme de l’équation ci-dessus
l’égalité suivante, où a < x < b : est alors identiquement nul et on applique dans ce contexte la
méthode de séparation des variables.
+∞
f(x) = ∑ < en , f > en ( x ) . On recherche donc des solutions de la forme :
n=0 ( r, t ) → u ( r ) v ( t )
De plus, la convergence de cette série est absolue et uniforme sur et telles que :
[a, b]. u (R ) = 0.
Dans les exemples étudiés dans les paragraphes précédents Il est facile de voir qu’une telle fonction est solution si, et seulement
(§ 2 à § 4), c’est en fait ce théorème que l’on a démontré élémentai- si, u et v vérifient les équations :
rement à chaque fois, étant entendu que celui-ci est susceptible de
généralisations (théorème dit de Weyl-Stone-Titchmarch-Kodaïra) ru ′′ + u ′ + λru = 0
permettant l’étude des problèmes singuliers de Sturm-Liouville qui v ′′ = µv
apparaissent lorsque le segment d’étude [a, b] est remplacé par un
intervalle réel quelconque I, non nécessairement fermé ou non avec les conditions µ = – λv 2 et u (R ) = 0.
nécessairement borné. On voit facilement que la fonction u s’obtient par résolution d’un pro-
Les suites des fonctions (en ) qui s’introduisent ainsi conduisent à blème de Sturm-Liouville singulier sur le segment [0, R ] puisque la
ce qu’il est convenu d’appeler en mathématiques les fonctions fonction r s’annule en 0.
spéciales, et qui comprennent notamment toutes les familles de La condition aux limites est simplement u (R ) = 0 (la condition en 0
polynômes orthogonaux usuelles (Legendre, Hermite, Laguerre, se limitant à exiger la continuité de u en ce point singulier pour le pro-
Tchebichev, etc.) et les fonctions de Bessel qui s’introduisent avec le blème).
problème de Sturm-Liouville singulier associé à l’équation suivante
(où v désigne un nombre réel arbitrairement donné) : ■ Ce problème de Sturm-Liouville est en fait bien connu et on peut le
résoudre explicitement. On vérifie tout d’abord que le nombre réel λ
est nécessairement positif. En multipliant la première de ces équations
v2
( xy ′ )′ – -------- y + λxy = 0 . différentielles par u, on obtient en effet en intégrant sur [0, R ] :
x


R
On donne maintenant, pour finir, l’exemple d’un problème de ( ru ( r ) u ′′ ( r ) + u ( r ) u ′ ( r ) + λru 2 ( r ) ) dr = 0 .
Sturm-Liouville singulier conduisant à l’utilisation de ces fonctions 0
de Bessel.

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_________________________________________________________________________ INTRODUCTION AUX ÉQUATIONS AUX DÉRIVÉES PARTIELLES LINÉAIRES

Par intégration par parties sur les deux premiers termes, il vient Par conséquent, les solutions multiplicatives de l’équation
alors :
( r, t ) → u ( r ) v ( t )

∫r ∫
R R R
ru ( r ) u ′ ( r ) 0
– u ′2 ( r ) dr + λ ru 2 ( r ) dr = 0. vérifiant u (R ) = 0 sont de la forme
0 0
( r, t ) → J 0 ( rx n ⁄ R ) ( A n cos ( vtx n ⁄ R ) + B n sin ( vtx n ⁄ R ) ) .
Et comme le crochet est nul, la positivité de λ en résulte.
On posera donc λ = ω 2 et on constate que la fonction r → u ( r ⁄ ω ) ■ Pour achever le problème, il reste à chercher des solutions par
est solution de l’équation de Bessel : superposition, donc de la forme :
ry ’’ + y ’ + ry = 0. rx n vtx n vtx n
Les seules solutions continues en 0 de cette équation de Bessel
u ( r, t ) = ∑ J0  ---------
-  A
R  n
cos -----------
- ------------
R + B n sin R 
d’indice 0 sont de la forme
et vérifiant les conditions initiales requises.
r → CJ 0 ( r ) On choisit à cet effet Bn = 0 et il reste à savoir si l’on peut déter-
miner des nombres An tels que l’on ait pour 0 < r < R :
où C est une constante réelle arbitraire. Ainsi, on a :
rx n
u ( r ) = CJ 0 ( ωr ) φ(r) = ∑ An J0  --------
R 
-.

et comme u doit s’annuler en r = R, on voit que les nombres ωR sont Un tel choix des An est effectivement possible lorsque φ est de
des zéros de J0. Comme on sait que les zéros des fonctions de Bessel classe C 2 sur [0, R ] (mais il suffirait en fait qu’elle soit continue et de
(et de J0 en particulier) forment une suite, que nous notons ici (xn ), de classe C 1 par morceaux sur [0, R ]) et nulle en R, d’après l’extension
nombres réels strictement positifs, on voit que ω est nécessairement signalée plus haut du théorème de Hilbert-Schmidt au cas de notre
de la forme xn /R. problème singulier de Sturm-Liouville.

Références bibliographiques
[1] REINHARD (H.). – Équations différentielles, [3] YOSIDA (K.). – Équations différentielles et [5] COURANT-HILBERT. – Methods of mathema-
Gauthier-Villars. intégrales, Dunod. tical physics, Interscience Publishers.
[2] REINHARD (H.). – Équations aux dérivées [4] SCHWARTZ (L.). – Méthodes mathématiques
partielles, Dunod. pour les sciences physiques, Hermann.

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