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03/10/12 ARTFL Encyclopédie Search Results

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ART , (Ordre encycl. Entend. Memoire, Hist. de la nat. , Hist de la nat. employe, Art.) [Original Class: Art]
[Author: Diderot2] {Machine Class: Métaphysique} (Page 1:713)

ART, s. m. (Ordre encyclop. Entendement. Mémoire. Histoire de la Nature. Histoire de la nature employée.
Art.) terme abstrait & métaphysique. On a commencé par faire des observations sur la nature, le service,
l'emploi, les qualités des êtres & de leurs symboles; puis on a donné le nom de science ou d'art ou de
discipline en général, au centre ou point de réunion auquel on a rapporté les observations qu'on avoit faites,
pour en former un système ou de regles ou d'instrumens, & de regles tendant à un même but; car voilà ce
que c'est que discipline en général. Exemple. On a réflechi sur l'usage & l'emploi des mots, & l'on a inventé
ensuite le mot Grammaire. Grammaire est le nom d'un système d'instrumens & de regles rélatifs

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à un objet déterminé; & cet objet est le son articulé, les signes de la parole, l'expression de la pensée, & tout
ce qui y a rapport; il en est de même des autres Sciences ou Arts. Voyez ABSTRACTION.

Origine des Sciences & des Arts. C'est l'industrie de l'homme appliquée aux productions de la Nature ou par
ses besoins, ou par son luxe, ou par son amusement, ou par sa curiosité, &c. qui a donné naissance aux
Sciences & aux Arts; & ces points de réunion de nos différentes réflexions ont reçû les dénominations de
Science & d'Art, selon la nature de leurs objets formels, comme disent les Logiciens. Voyez OBJET . Si l'objet
s'exécute, la collection & la disposition technique des regles selon lesquelles il s'exécute, s'appellent Art. Si
l'objet est contemplé seulement sous différentes faces, la collection & la disposition technique des
observations relatives à cet objet s'appellent Science: ainsi la Métaphysique est une Science, & la Morale
est un Art. Il en est de même de la Théologie & de la Pyrotechnie.

Spéculation & pratique d'un Art. Il est évident par ce qui précede, que tout Art a sa spéculation & sa
pratique: sa spéculation, qui n'est autre chose que la connoissance inopérative des regles de l'Art: sa
pratique, qui n'est que l'usage habituel & non réfléchi des mêmes regles. Il est difficile, pour ne pas dire
impossible, de pousser loin la pratique sans la spéculation, & réciproquement de bien posséder la
spéculation sans la pratique. Il y a dans tout Art un grand nombre de circonstances relatives à la matiere,
aux instrumens, & à la manoeuvre que l'usage seul apprend. C'est à la pratique à présenter les difficultés &
à donner les phénomenes; & c'est à la spéculation à expliquer les phénomenes & à lever les difficultés: d'où
il s'ensuit qu'il n'y a guere qu'un Artiste sachant raisonner, qui puisse bien parler de son Art.

Distribution des Arts en libéraux & en méchaniques. En examinant les productions des Arts, on s'est apperçû
que les unes étoient plus l'ouvrage de l'esprit que de la main, & qu'au contraire d'autres étoient plus
l'ouvrage de la main que de l'esprit. Telle est en partie l'origine de la prééminence que l'on a accordée à
certains Arts sur d'autres, & de la distribution qu'on a faite des Arts en Arts libéraux & en Arts méchaniques.
Cette distinction, quoique bien fondée, a produit un mauvais effet, en avilissant des gens très estimables &
très - utiles, & en fortifiant en nous je ne sai quelle paresse naturelle, qui ne nous portoit déjà que trop à
croire, que donner une application constante & suivie à des expériences & à des objets particuliers,
sensibles & materiels, c'étoit déroger à la dignité de l'esprit humain; & que de pratiquer, ou même d'étudier
les Arts méchaniques, c'étoit s'abbaisser à des choses dont la recherche est laborieuse, la méditation
ignoble, l'exposition difficile, le commerce déshonorant, le nombre inépuisable, & la valeur minutielle. Minui
majestatem mentis humanoe, si in experimentis & rebus particularibus, &c. Bac. nov. org. Préjugé qui tendoit
à remplir les villes d'orgueilleux raisonneurs, & de contemplateurs inutiles, & les campagnes de petits tyrans
ignorans, oisifs & dédaigneux. Ce n'est pas ainsi qu'ont pensé Bacon, un des premiers génies de
l'Angleterre; Colbert, un des plus grands ministres de la France; enfin les bons esprits & les hommes sages
de tous les tems. Bacon regardoit l'histoire des Arts méchaniques comme la branche la plus importante de la
vraie Philosophie; il n'avoit donc garde d'en mépriser la pratique. Colbert regardoit l'industrie des peuples &
l'établissement des manufactures, comme la richesse la plus sûre d'un royaume. Au jugement de ceux qui
ont aujourd'hui des idées saines de la valeur des choses, celui qui peupla la France de graveurs, de
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ont aujourd'hui des idées saines de la valeur des choses, celui qui peupla la France de graveurs, de
peintres, de sculpteurs & d'artistes en tout genre; qui surprit aux Anglois la machine à faire des bas, les
velours aux Génois, les glaces aux Vénitiens, ne fit guere moins pour l'état, que ceux qui battirent ses
ennemis, & leur enleverent leurs places fortes; & aux yeux du philosophe, il y a peut - être plus de mérite
réel à avoir fait naître les le Bruns, les le Sueurs & les Audrans; peindre & graver les batailles d'Alexandre, &
exécuter en tapisserie les victoires de nos généraux, qu'il n'y en a à les avoir remportées. Mettez dans un
des côtés de la balance les avantages réels des Sciences les plus sublimes, & des Arts les plus honorés, &
dans l'autre côté ceux des Arts méchaniques, & vous trouverez que l'estime qu'on a faite des uns, & celle
qu'on a faite des autres, n'ont pas été distribuées dans le juste rapport de ces avantages, & qu'on a bien
plus loüé les hommes occupés à faire croire que nous étions heureux, que les hommes occupés à faire que
nous le fussions en effet. Quelle bisarrerie dans nos jugemens! nous exigeons qu'on s'occupe utilement, &
nous méprisons les hommes utiles.

But des Arts en général. L'homme n'est que le ministre ou l'interprete de la nature: il n'entend & ne fait
qu'autant qu'il a de connoissance, ou expérimentale ou réfléchie, des êtres qui l'environnent. Sa main nue,
quelque robuste, infatigable & souple qu'elle soit, ne peut suffire qu'à un petit nombre d'effets: elle n'acheve
de grandes choses qu'à l'aide des instrumens & des regles; il en faut dire autant de l'entendement. Les
instrumens & les regles sont comme des muscles surajoûtés aux bras, & des ressorts accessoires à ceux de
l'esprit. Le but de tout Art en général, ou de tout système d'instrumens & de regles conspirant à une même
fin, est d'imprimer certaines formes déterminées sur une base donnée par la nature; & cette base est, ou la
matiere, ou l'esprit, ou quelque fonction de l'ame, ou quelque production de la nature. Dans les Arts
méchaniques, auxquels je m'attacherai d'autant plus ici, que les Auteurs en ont moins parlé, le pouvoir de
l'homme se réduit à rapprocher ou à éloigner les corps naturels. L'homme peut tout ou ne peut rien, selon
que ce rapprochement ou cet éloignement est ou n'est pas possible. (V. nov. org.)

Projet d'un traité général des Arts méchaniques. Souvent l'on ignore l'origine d'un Art méchanique, ou l'on
n'a que des connoissances vagues sur ses progrès: voilà les suites naturelles du mépris qu'on a eu dans
tous les tems & chez toutes les nations savantes & belliqueuses, pour ceux qui s'y sont livrés. Dans ces
occasions, il faut recourir à des suppositions philosophiques, partir de quelqu'hypothese vraissemblable, de
quelqu'événement premier & fortuit, & s'avancer de - là jusqu'où l'Art a été poussé. Je m'explique par un
exemple que j'emprunterai plus volontiers des Arts méchaniques, qui sont moins connus, que des Arts
libéraux, qu'on a présentés sous mille formes différentes. Si l'on ignoroit l'origine & les progrès de la Verrerie
ou de la Papeterie, que feroit un philosophe qui se proposeroit d'écrire l'histoire de ces Arts? Il supposeroit
qu'un morceau de linge est tombé par hasard dans un vaisseau plein d'eau; qu'il y a séjourné assez long -
tems pour s'y dissoudre; & qu'au lieu de trouver au fond du vaisseau, quand il a été vuide, un morceau de
linge, on n'a plus apperçû qu'une espece de sédiment, dont on auroit eu bien de la peine à reconnoître la
nature, sans quelques filamens qui restoient, & qui indiquoient que la matiere premiere de ce sédiment avoit
été auparavant sous la forme de linge. Quant à la Verrerie, il supposeroit que les premieres habitations
solides que les hommes se soient construites, étoient de terre cuite ou de brique: or il est impossible de faire
cuire de la brique à grand feu, qu'il

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ne s'en vitrifie quelque partie; c'est sous cette forme que le verre s'est présenté la premiere fois. Mais quelle
distance immense de cette écaille sale & verdâtre, jusqu'à la matiere transparente & pure des glaces? &c.
Voilà cependant l'expérience fortuite, ou quelqu'autre semblable, de laquelle le philosophe partira pour
arriver jusqu'où l'Art de la Verrerie est maintenant parvenu.

Avantages de cette méthode. En s'y prenant ainsi, les progrès d'un Art seroient exposés d'une maniere plus
instructive & plus claire, que par son histoire véritable, quand on la sauroit. Les obstacles qu'on auroit eu à
surmonter pour le perfectionner se présenteroient dans un ordre entierement naturel, & l'explication
synthétique des démarches successives de l'Art en faciliteroit l'intelligence aux esprits les plus ordinaires, &
mettroit les Artistes sur la voie qu'ils auroient à suivre pour approcher davantage de la perfection.

Ordre qu'il faudroit suivre dans un pareil traité. Quant à l'ordre qu'il faudroit suivre dans un pareil traité, je
crois que le plus avantageux seroit de rappeller les Arts aux productions de la nature. Une énumération
exacte de ces productions donneroit naissance à bien des Arts inconnus. Un grand nombre d'autres
naîtroient d'un examen circonstancié des différentes faces sous lesquelles la même production peut être
considérée. La premiere de ces conditions demande une connoissance très - étendue de l'histoire de la
nature; & la seconde, une très - grande dialectique. Un traité des Arts, tel que je le conçois, n'est donc pas
l'ouvrage d'un homme ordinaire. Qu'on n'aille pas s'imaginer que ce sont ici des idées vaines que je
propose, & que je promets aux hommes des découvertes chimériques. Après avoir remarqué avec un
philosophe que je ne me lasse point de loüer, parce que je ne me suis jamais lassé de la lire, que l'histoire
de la nature est incomplete sans celle des Arts: & après avoir invité les naturalistes à couronner leur travail
sur les regnes des végétaux, des minéraux, des animaux, &c. par les expériences des Arts méchaniques,

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dont la connoissance importe beaucoup plus à la vraie Philosophie; j'oserai ajoûter à son exemple: Ergo rem
quam ago, non opinionem, sed opus esse; eamque non sectoe alicujus, aut placiti, sed utilitatis esse &
amplitudinis immensoe fundamenta. Ce n'est point ici un système: ce ne sont point les fantaisies d'un
homme; ce sont les décisions de l'expérience & de la raison, & les fondemens d'un édifice immense; &
quiconque pensera différemment, cherchera à rétrécir la sphere de nos connoissances, & à décourager les
esprits. Nous devons au hasard un grand nombre de connoissances; il nous en a présenté de fort
importantes que nous ne cherchions pas: est - il à présumer que nous ne trouverons rien, quand nous
ajoûterons nos efforts à son caprice, & que nous mettrons de l'ordre & de la méthode dans nos recherches?
Si nous possédons à présent des secrets qu'on n'espéroit point auparavant; & s'il nous est permis de tirer
des conjectures du passé, pourquoi l'avenir ne nous réserveroit - il pas des richesses sur lesquelles nous ne
comptons guere aujourd'hui? Si l'on eût dit, il y a quelques siecles, à ces gens qui mesurent la possibilité
des choses sur la portée de leur génie, & qui n'imaginent rien au - delà de ce qu'ils connoissent, qu'il est
une poussiere qui brise les rochers, qui renverse les murailles les plus épaisses à des distances étonnantes,
qui renfermée au poids de quelques livres dans les entrailles profondes de la terre, les secoüe, se fait jour à
travers les masses énormes qui la couvrent, & peut ouvrir un gouffre dans lequel une ville entiere
disparoîtroit; ils n'auroient pas manqué de comparer ces effets à l'action des roues, des poulies, des leviers,
des contrepoids, & des autres machines connues, & de prononcer qu'une pareille poussiere est chimérique;
& qu'il n'y a que la foudre ou la cause qui produit les tremblemens de terre, & dont le méchanisme est
inimitable, qui soit capable de ces prodiges effrayans. C'est ainsi que le grand philosophe parloit à son
siecle, & à tous les siecles à venir. Combien (ajoûterons - nous à son exemple) le projet de la machine à
élever l'eau par le feu, telle qu'on l'exécuta la premiere fois à Londres, n'auroit - il pas occasionné de
mauvais raisonnemens, sur - tout si l'auteur de la machine avoit eu la modestie de se donner pour un
homme peu versé dans les méchaniques? S'il n'y avoit au monde que de pareils estimateurs des inventions,
il ne se feroit ni grandes ni petites choses. Que ceux donc qui se hâtent de prononcer sur des ouvrages qui
n'impliquent aucune contradiction, qui ne sont quelquefois que des additions très légeres à des machines
connues, & qui ne demandent tout au plus qu'un habile ouvrier; que ceux, dis - je, qui sont assez bornés
pour juger que ces ouvrages sont impossibles, sachent qu'eux - mêmes ne sont pas assez instruits pour
faire des souhaits convenables. C'est le chancelier Bacon qui le leur dit: qui sumptâ, ou ce qui est encore
moins pardonnable, qui neglectâ ex his quoe proesto sunt conjecturâ, ea aut impossibilia, aut minus
verisimilia, putet; eum scire debere se non satis doctum, ne ad optandum quidem commode & apposite esse.

Autre motif de recherche. Mais ce qui doit encore nous encourager dans nos recherches, & nous déterminer
à regarder avec attention autour de nous, ce sont les siecles qui se sont écoulés sans que les hommes se
soient apperçûs des choses importantes qu'ils avoient, pour ainsi dire, sous les yeux. Tel est l'Art d'imprimer,
celui de graver. Que la condition de l'esprit humain est bisarre! S'agit - il de découvrir, il se défie de sa force,
il s'embarrasse dans les difficultés qu'il se fait; les choses lui paroissent impossibles à trouver: sont - elles
trouvées? il ne conçoit plus comment il a fallu les chercher si long - tems, & il a pitié de lui - même.

Différence singuliere entre les machines. Après avoir proposé mes idées sur un traité philosophique des Arts
en général, je vais passer à quelques observations utiles sur la maniere de traiter certains Arts méchaniques
en particulier. On employe quelquefois une machine très - composée pour produire un effet assez simple en
apparence; & d'autres fois une machine très - simple en effet suffit pour produire une action fort composée:
dans le premier cas, l'effet à produire étant conçu facilement, & la connoissance qu'on en aura
n'embarrassant point l'esprit, & ne chargeant point la mémoire, on commencera par l'annoncer, & l'on
passera ensuite à la description de la machine: dans le second cas au contraire, il est plus à propos de
descendre de la description de la machine à la connoissance de l'effet. L'effet d'une horloge est de diviser le
tems en parties égales, à l'aide d'une aiguille qui se meut uniformément & très - lentement sur un plan
ponctué. Si donc je montre une horloge à quelqu'un à qui cette machine étoit inconnue, je l'instruirai d'abord
de son effet, & j'en viendrai ensuite au méchanisme. Je me garderai bien de suivre la même voie avec celui
qui me demandera ce que c'est qu'une maille de bas, ce que c'est que du drap, du droguet, du velours, du
satin. Je commencerai ici par le détail de métiers qui servent à ces ouvrages. Le développement de la
machine, quand il est clair, en fait sentir l'effet tout - d'un - coup; ce qui seroit peut - être impossible sans ce
préliminaire. Pour se convaincre de la vérité de ces observations, qu'on tâche de définir exactement ce que
c'est que de la gaze, sans supposer aucune notion de la machine du Gazier.

De la Géométrie des Arts. On m'accordera sans peine

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qu'il y a peu d'Artistes, à qui les élémens des Mathématiques ne soient nécessaires: mais un paradoxe dont
la vérité ne se présentera pas d'abord, c'est que ces élémens leur seroient nuisibles en plusieurs occasions,
si une multitude de connoissances physiques n'en corrigeoient les préceptes dans la pratique;
connoissances des lieux, des positions, des figures irrégulieres, des matieres, de leurs qualités, de
l'élasticité, de la roideur, des frottemens, de la consistance, de la durée, des effets de l'air, de l'eau, du froid,
de la chaleur, de la secheresse, &c. il est évident que les élémens de la Géométrie de l'Académie, ne sont

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que les plus simples & les moins composés d'entre ceux de la Géométrie des boutiques. Il n'y a pas un levier
dans la nature, tel que celui que Varignon suppose dans ses propositions; il n'y a pas un levier dans la
nature dont toutes les conditions puissent entrer en calcul. Entre ces conditions il y en a, & en grand
nombre, & de très - essentielles dans l'usage, qu'on ne peut même soûmettre à cette partie du calcul qui
s'étend jusqu'aux différences les plus insensibles des quantités, quand elles sont apprétiables; d'où il arrive
que celui qui n'a que la Géométrie intellectuelle, est ordinairement un homme assez mal adroit; & qu'un
Artiste qui n'a que la Géométrie expérimentale, est un ouvrier très - borné. Mais il est, ce me semble,
d'expérience qu'un Artiste se passe plus facilement de la Géométrie intellectuelle, qu'un homme, quel qu'il
soit, d'une certaine Géométrie expérimentale. Toute la matiere des frottemens est restée malgré les calculs,
une affaire de Mathématique expérimentale & manouvriere. Cependant jusqu'où cette connoissance seule
ne s'étend - elle pas? Combien de mauvaises machines, ne nous sont - elles pas proposées tous les jours
par des gens qui se sont imaginés que les leviers, les roues, les poulies, les cables, agissent dans une
machine comme sur un papier; & qui, faute d'avoir mis la main à l'oeuvre, n'ont jamais sû la différence des
effets d'une machine même, ou de son profil? Une seconde observation que nous ajoûterons ici, puisqu'elle
est amenée par le sujet, c'est qu'il y a des machines qui réussissent en petit, & qui ne réussissent point en
grand; & réciproquement d'autres qui réussissent en grand, & qui ne réussiroient pas en petit. Il faut, je
crois, mettre du nombre de ces dernieres toutes celles dont l'effet dépend principalement d'une pesanteur
considérable des parties mêmes qui les composent, ou de la violence de la réaction d'un fluide, ou de
quelque volume considérable de matiere élastique à laquelle ces machines doivent être appliquées:
exécutez - les en petit, le poids des parties se réduit à rien; la réaction du fluide n'a presque plus de lieu; les
puissances sur lesquelles on avoit compté disparoissent; & la machine manque son effet. Mais s'il y a,
relativement aux dimensions des machines, un point, s'il est permis de parler ainsi, un terme où elle ne
produit plus d'effet, il y en a un autre en - delà ou en - deçà duquel elle ne produit pas le plus grand effet
dont son méchanisme étoit capable. Toute machine a, selon la maniere de dire des Géometres, un maximum
de dimensions; de même que dans sa construction, chaque partie considérée par rapport au plus parfait
méchanisme de cette partie, est d'une dimension déterminée par les autres parties; la matiere entiere est
d'une dimension déterminée, relativement à son méchanisme le plus parfait, par la matiere dont elle est
composée, l'usage qu'on en veut tirer, & une infinité d'autres causes. Mais quel est, demandera - t - on, ce
terme dans les dimensions d'une machine, au - delà ou en - deçà duquel elle est ou trop grande ou trop
petite? Quelle est la dimension véritable & absolue d'une montre excellente, d'un moulin parfait, du vaisseau
construit le mieux qu'il est possible? C'est à la Géométrie expérimentale & manouvriere de plusieurs siecles,
aidée de la Géométrie intellectuelle la plus déliée, à donner une solution approchée de ces problèmes; & je
suis convaincu qu'il est impossible d'obtenir quelque chose de satisfaisant là - dessus de ces Géométries
séparées, & très - difficile, de ces Géométries réunies.

De la langue des Arts. J'ai trouvé la langue des Arts très - imparfaite par deux causes; la disette des mots
propres, & l'abondance des synonymes. Il y a des outils qui ont plusieurs noms différens; d'autres n'ont au
contraire que le nom générique, engin, machine, sans aucune addition qui les spécifie: quelquefois la
moindre petite différence suffit aux Artistes pour abandonner le nom générique & inventer des noms
particuliers; d'autres fois, un outil singulier par sa forme & son usage, ou n'a point de nom, ou porte le nom
d'un autre outil avec lequel il n'a rien de commun. Il seroit à souhaiter qu'on eût plus d'égard à l'analogie des
formes & des usages. Les Géometres n'ont pas autant de noms qu'ils ont de figures: mais dans la langue
des Arts, un marteau, une tenaille, une auge, une pelle, &c. ont presque autant de dénominations qu'il y a
d'Arts. La langue change en grande partie d'une manufacture à une autre. Cependant je suis convaincu que
les manoeuvres les plus singulieres, & les machines les plus composées, s'expliqueroient avec un assez
petit nombre de termes familiers & connus, si on prenoit le parti de n'employer des termes d'Art, que quand
ils offriroient des idées particulieres. Ne doit - on pas être convaincu de ce que j'avance, quand on considere
que les machines composées ne sont que des combinaisons des machines simples; que les machines
simples sont en petit nombre; & que dans l'exposition d'une manoeuvre quelconque, tous les mouvemens
sont réductibles, sans aucune erreur considérable, au mouvement rectiligne & au mouvement circulaire? Il
seroit donc à souhaiter qu'un bon Logicien à qui les Arts seroient familiers, entreprît des élémens de la
grammaire des Arts. Le premier pas qu'il auroit à faire, ce seroit de fixer la valeur des correlatifs, grand,
gros, moyen, mince, épais, foible, petit, léger, pesant, &c. Pour cet effet il faudroit chercher une mesure
constante dans la nature, ou évaluer la grandeur, la grosseur & la force moyenne de l'homme, & y rapporter
toutes les expressions indéterminées de quantité, ou du moins former des tables auxquelles on inviteroit les
Artistes à conformer leurs langues. Le second pas, ce seroit de déterminer sur la différence & sur la
ressemblance des formes & des usages d'un instrument & d'un autre instrument, d'une manoeuvre & d'une
autre manoeuvre, quand il saudroit leur laisser un même nom & leur donner des noms différens. Je ne doute
point que celui qui entreprendra cet ouvrage, ne trouve moins de termes nouveaux à introduire, que de
synonymes à bannir; & plus de difficulté à bien définir des choses communes, telles que grace en Peinture,
noeud en Passementerie, creux en plusieurs Arts, qu'à expliquer les machines les plus compliquées. C'est le
défaut de définitions exactes, & la multitude, & non la diversité des mouvemens dans les manoeuvres, qui
rendent les choses des Arts difficiles à dire clairement. Il n'y a de remede au second inconvénient, que de se
familiariser avec les objets: ils en valent bien la peine, soit qu'on les considere par les avantages qu'on en
tire, ou par l'honneur qu'ils font à l'esprit humain. Dans quel système de Physique ou de Métaphysique
remarque - t - on plus d'intelligence, de sagacité, de
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remarque - t - on plus d'intelligence, de sagacité, de conséquence, que dans les machines à filer l'or, faire
des bas, & dans les métiers de Passementiers, de Gaziers, de Drapiers ou d'ouvriers en soie? Quelle
démonstration de Mathématique est plus compliquée que le méchanisme de certaines horloges, ou que les
différentes opérations par

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lesquelles on fait passer ou l'écorce du chanvre, ou la coque du ver, avant que d'en obtenir un fil qu'on
puisse employer à l'ouvrage? Quelle projection plus belle, plus délicate & plus singuliere que celle d'un
dessein sur les cordes d'un sample, & des cordes du sample sur les fils d'une chaîne? qu'a - t - on imaginé
en quelque genre que ce soit, qui montre plus de subtilité que le chiner des velours? Je n'aurois jamais fait
si je m'imposois la tâche de parcourir toutes les merveilles qui frapperont dans les manufactures ceux qui n'y
porteront pas des yeux prevenus, ou des yeux stupides.

Je m'arrêterai avec le philosophe Anglois à trois inventions, dont les anciens n'ont point eu connoissance, &
dont à la honte de l'histoire & de la poësie modernes, les noms des inventeurs sont presque ignorés: je veux
parler de l'Art d'imprimer, de la découverte de la poudre à canon, & de la propriété de l'aiguille aimantée.
Quelle révolution ces découvertes n'ont - elles pas occasionnée dans la république des Lettres, dans l'Art
militaire, & dans la Marine? L'aiguille aimantée a conduit nos vaisseaux jusqu'aux régions les plus ignorées;
les caracteres typographiques ont établi une correspondance de lumieres entre les savans de tous les lieux
& de tous les tems à venir; & la poudre à canon a fait naître tous ces chefs - d'oeuvres d'architecture qui
défendent nos frontieres & celles de nos ennemis: ces trois Arts ont presque changé la face de la terre.

Rendons enfin aux Artistes la justice qui leur est dûe. Les Arts libéraux se sont assez chantés eux - mêmes;
ils pourroient employer maintenant ce qu'ils ont de voix à célébrer les Arts méchaniques. C'est aux Arts
libéraux à tirer les Arts méchaniques de l'avilissement où le préjugé les a tenus si long - tems; c'est à la
protection des rois à les garantir d'une indigence où ils languissent encore. Les Artisans se sont crus
méprisables, parce qu'on les a méprisés; apprenons - leur à mieux penser d'eux - mêmes: c'est le seul
moyen d'en obtenir des productions plus parfaites. Qu'il sorte du sein des Académies quelqu'Homme qui
descende dans les atteliers, qui y recueille les phénomenes des Arts, & qui nous les expose dans un
ouvrage qui détermine les Artistes à lire, les Philosophes à penser utilement, & les Grands à faire enfin un
usage utile de leur autorité & de leurs récompenses.

Un avis que nous oserons donner aux savans, c'est de pratiquer ce qu'ils nous enseignent eux - mêmes,
qu'on ne doit pas juger des choses avec trop de précipitation, ni proscrire une invention comme inutile,
parce qu'elle n'aura pas dans son origine tous les avantages qu'on pourroit en exiger. Montagne, cet
homme d'ailleurs si philosophe, ne rougiroit - il pas s'il revenoit parmi nous, d'avoir écrit, que les armes à feu
sont de si peu d'effet, sauf l'étonnement des oreilles, à quoi chacun est désormais apprivoisé, qu'il espere
qu'on en quittera l'usage. N'auroit - il pas montré plus de sagesse à encourager les arquebusiers de son
tems à substituer à la meche & au roüet quelque machine qui répondît à l'activité de la poudre, & plus de
sagacité à prédire que cette machine s'inventeroit un jour? Mettez Bacon à la place de Montagne, & vous
verrez ce premier considérer en philosophe la nature de l'agent, & prophétiser, s'il m'est permis de le dire,
les grenades, les mines, les canons, les bombes, & tout l'appareil de la Pyrothecnie militaire. Mais Montagne
n'est pas le seul philosophe qui ait porté sur la possibilité ou l'impossibilité des machines, un jugement
précipité. Descartes, ce génie extraordinaire né pour égarer & pour conduire, & d'autres qui valoient bien
l'auteur des Essais, n'ont - ils pas prononcé que le miroir d'Archimede étoit une fable? cependant ce miroir
est exposé à la vûe de tous les savans au Jardin du Roi, & les effets qu'il y opere entre les mains de M. de
Buffon qui l'a retrouvé, ne nous permettent plus de douter de ceux qu'il opéroit sur les murs de Syracuse
entre les mains d'Archimede. De si grands exemples suffisent pour nous rendre circonspects.

Nous invitons les Artistes à prendre de leur côté conseil des savans, & à ne pas laisser périr avec eux les
découvertes qu'ils feront. Qu'ils sachent que c'est se rendre coupable d'un larcin envers la société, que de
renfermer un secret utile; & qu'il n'est pas moins vil de préférer en ces occasions l'intérêt d'un seul à l'intérêt
de tous, qu'en cent autres où ils ne balanceroient pas eux - mêmes à prononcer. S'ils se rendent
communicatifs, on les débarrassera de plusieurs préjugés, & sur - tout de celui où ils sont presque tous, que
leur Art a acquis le dernier degré de perfection. Leur peu de lumieres les expose souvent à rejetter sur la
nature des choses, un défaut qui n'est qu'en eux - mêmes. Les obstacles leur paroissent invincibles dès
qu'ils ignorent les moyens de les vaincre. Qu'ils fassent des expériences; que dans ces expériences chacun
y mette du fien; que l'Artiste y soit pour la main d'oeuvre; l'Académicien pour les lumieres & les conseils, &
l'homme opulent pour le prix des matieres, des peines & du tems; & bientôt nos Arts & nos manufactures
auront sur celles des étrangers toute la supériorité que nous desirons.

De la supériorité d'une manufacture sur une autre. Mais ce qui donnera la supériorité à une manufacture sur
une autre, ce sera sur - tout la bonté des matieres qu'on y employera, jointe à la célérité du travail & à la
perfection de l'ouvrage. Quant à la bonté des matieres, c'est une affaire d'inspection. Pour la célérité du

travail & la perfection de l'ouvrage, elles dépendent


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travail & la perfection de l'ouvrage, elles dépendent entierement de la multitude des ouvriers rassemblés.
Lorsqu'une manufacture est nombreuse, chaque opération occupe un homme différent. Tel ouvrier ne fait &
ne fera de sa vie qu'une seule & unique chose; tel autre, une autre chose: d'où il arrive que chacune
s'exécute bien & promptement, & que l'ouvrage le mieux fait est encore celui qu'on a à meilleur marché.
D'ailleurs le goût & la façon se perfectionnent nécessairement entre un grand nombre d'ouvriers, parce qu'il
est difficile qu'il ne s'en rencontre quelques - uns capables de réfléchir, de combiner, & de trouver enfin le
seul moyen qui puisse les mettre au - dessus de leurs semblables; le moyen ou d'épargner la matiere, ou
d'allonger le tems, ou de surfaire l'industrie, soit par une machine nouvelle, soit par une manoeuvre plus
commode. Si les manufactures étrangeres ne l'emportent pas sur nos manufactures de Lyon, ce n'est pas
qu'on ignore ailleurs comment on travaille - là, on a par - tout les mêmes métiers, les mêmes soies, & à peu
près les mêmes pratiques: mais ce n'est qu'à Lyon qu'il y a 30000 ouvriers rassemblés & s'occupant tous de
l'emploi de la même matiere. Nous pourrions encore allonger cet article: mais ce que nous venons de dire,
joint à ce qu'on trouvera dans notre Discours préliminaire, suffira pour ceux qui savent penser, & nous n'en
aurions jamais assez dit pour les autres. On y rencontrera peut - être des endroits d'une métaphysique un
peu forte: mais il étoit impossible que cela fût autrement. Nous avions à parler de ce qui concerne l'Art en
général; nos propositions devoient donc être générales: mais le bon sens dit, qu'une proposition est d'autant
plus abstraite, qu'elle est plus générale, l'abstraction consistant à étendre une vérité en écartant de son
énonciation les termes qui la particularisent. Si nous avions pû épargner ces épines au lecteur, nous nous
serions épargné bien du travail à nous - mêmes.

Art des Esprits, ou Art Angélique , [Original Class: unclassified] [Author: Mallet] {Machine Class:
Théologie} (Page 1:717)

ART DES ESPRITS, ou ART ANGÉLIQUE, moyen superstitieux pour acquérir la connoissance de tout ce qu'on veut
savoir avec le secours de son ange gardien, ou de quelqu'autre bon ange. On distingue

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deux sortes d'art angélique; l'un obscur, qui s'exerce par la voie d'élévation ou d'extase; l'autre clair &
distinct, lequel se pratique par le ministere des anges qui apparoissent aux hommes sous des formes
corporelles, & qui s'entretiennent avec eux. Ce fut peut - être cet art dont se servit le pere du célebre
Cardan, lorsqu'il disputa contre les trois esprits qui soûtenoient la doctrine d'Averroès, recevant des
lumieres d'un génie qu'il eut avec lui pendant trente - trois ans. Quoi qu'il en soit, il est certain que cet art est
superstitieux, puisqu'il n'est autorisé ni de Dieu ni de l'Eglise; & que les anges, par le ministere desquels on
suppose qu'il s'exerce, ne sont autres que des esprits de ténebres, & des anges de satan. D'ailleurs, les
cérémonies dont on se sert ne sont que des conjurations par lesquelles on oblige les démons, en vertu de
quelque pacte, de dire ce qu'ils savent, & rendre les services qu'on espere d'eux. Voyez ART NOTOIRE.
Cardan, lib. XVI. de rer. variet. Thiers, Traité des superstitions. (G)

Art notoire, [Original Class: unclassified] [Author: Mallet] {Machine Class: Théologie} (Page 1:718)

ART NOTOIRE, moyen superstitieux par lequel on promet l'acquisition des sciences, par infusion & sans peine,
en pratiquant quelques jeûnes, & en faisant certaines cérémonies inventées à ce dessein. Ceux qui font
profession de cet art, assûrent que Salomon en est l'auteur, & que ce fut par ce moyen qu'il acquit en une
nuit cette grande sagesse qui l'a rendu si célebre dans le monde. Ils ajoûtent qu'il a renfermé les préceptes
& la méthode dans un petit livre qu'ils prennent pour modele. Voici la maniere par laquelle ils prétendent
acquérir les sciences, selon le témoignage du pere Delrio: ils ordonnent à leurs aspirans de fréquenter les
sacremens, de jeûner tous les Vendredis au pain & à l'eau, & de faire plusieurs prieres pendant sept
semaines; ensuite ils leur prescrivent d'autres prieres, & leur font adorer certaines images, les sept premiers
jours de la nouvelle lune, au lever du soleil, durant trois mois: ils leur font encore choisir un jour où ils se
sentent plus pieux qu'à l'ordinaire, & plus disposés à recevoir les inspirations divines; ces jours - là ils les
font mettre à genoux, dans une église ou oratoire, ou en pleine campagne, & leur font dire trois fois le
premier verset de l'hymne Veni creator Spiritus, &c. les assûrant qu'ils seront après cela remplis de science
comme Salomon, les Prophetes & les Apôtres. Saint Thomas d'Aquin montre la vanité de cet art. S. Antonin,
archevêque de Florence, Denys le chartreux, Gerson, & le cardinal Cajetan, prouvent que c'est une curiosité
criminelle par laquelle on tente Dieu, & un pacte tacite avec le démon: aussi cet art fut - il condamné comme
superstitieux par la faculté de Théologie de Paris, l'an 1320. Delrio, disq. Magic. part. II. Thiers, Traité des
superstitions. (G)

Art de S. Anselme, [Original Class: unclassified] [Author: Mallet] {Machine Class: Divination} (Page
1:718)

ART DE S. ANSELME, moyen de guérir les plaies les plus dangereuses, en touchant seulement aux linges qui
ont été appliqués sur les blessures. Quelques soldats Italiens, qui font encore ce métier, en attribuent
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l'invention à S. Anselme: mais Delrio assûre que c'est une superstition inventée par Anselme de Parme,
fameux magicien; & remarque que ceux qui sont ainsi guéris, si toutefois ils en guérissent, retombent ensuite
dans de plus grands maux, & finissent malheureusement leur vie. Delrio, Disquis. magic. lib. I. (G)

Art de S. Paul, [Original Class: unclassified] [Author: Mallet] {Machine Class: Théologie} (Page 1:718)

ART DE S. PAUL, sorte d'art notoire que quelques superstitieux disent avoir été enseigné par S. Paul, après
qu'il eut été ravi jusqu'au troisieme ciel: on ne sait pas bien les cérémonies que pratiquent ceux qui
prétendent acquérir les sciences par ce moyen, sans aucune étude, & par inspiration: mais on ne peut
douter que cet art ne soit illicite; & il est constant que S. Paul n'a jamais révélé ce qu'il oüit dans son
ravissement, puisqu'il dit lui - même qu'il entendit des paroles ineffables, qu'il n'est pas permis à un homme
de raconter. Voyez ART NOTOIRE. Thiers, Traité des superstitions. (G)

Art Mnemonique, [Original Class: unclassified] [Author: Yvon] {Machine Class: Grammaire} (Page 1:718)

ART MNEMONIQUE. On appelle art mnemonique la science des moyens qui peuvent servir pour perfectionner la
mémoire. On admet ordinairement quatre de ces sortes de moyens: car on peut y employer ou des remedes
physiques, que l'on croit propres à fortifier la masse du cerveau; ou de certaines figures & schématismes,
qui font qu'une chose se grave mieux dans la mémoire; ou des mots techniques, qui rappellent facilement ce
qu'on a appris; ou enfin un certain arrangement logique des idées, en les plaçant chacune de façon qu'elles
se suivent dans un ordre naturel. Pour ce qui regarde les remedes physiques, il est indubitable qu'un régime
de vie bien observé peut contribuer beaucoup à la conservation de la mémoire; de même que les excès
dans le vin, dans la nourriture, dans les plaisirs, l'affoiblissent. Mais il n'en est pas de même des autres
remedes que certains auteurs ont recommandés, des poudres, du tabac, des cataplasmes qu'il faut
appliquer aux tempes, des boissons, des purgations, des huiles, des bains, des odeurs fortes qu'on peut
voir dans l'art mnemonique de Marius d'Assigni, auteur Anglois. Tous ces remedes sont très - sujets à
caution. On a trouvé par l'expérience que leur usage étoit plus souvent funeste que salutaire, comme cela
est arrivé à Daniel Heinsius & à d'autres, qui loin de tirer quelqu'avantage de ces remedes, trouvoient à la fin
leur mémoire si affoiblie, qu'il ne pouvoient plus se rappeller ni leurs noms, ni ceux de leurs domestiques.
D'autres ont eu recours aux schématismes. On sait que nous retenons une chose plus facilement quand elle
fait sur notre esprit, par le moyen des sens extérieurs, une impression vive. C'est par cette raison qu'on a
tâché de soulager la mémoire dans ses fonctions, en représentant les idées sous de certaines figures qui
les expriment en quelque façon. C'est de cette maniere qu'on apprend aux enfans, non - seulement à
connoître les lettres, mais encore à se rendre familiers les principaux évenemens de l'histoire sainte &
profane. Il y a même des auteurs, qui par une prédilection singuliere pour les figures, ont appliqué ces
schématismes à des sciences philosophiques. C'est ainsi qu'un certain Allemand, nommé Winckelmann, a
donné toute la logique d'Aristote en figures. Voici le titre de son livre: Logica memorativa, cujus beneficio
compendium logicoe peripateticoe brevissimi temporis spatio memorioe mandari potest. Voici aussi comme il
définit la Logique. Aristote est représenté assis, dans une profonde méditation; ce qui doit signifier que la
Logique est un talent de l'esprit, & non pas du corps: dans la main droite il tient une clé; c'est - à - dire, que
la Logique n'est pas une science, mais une clé pour les sciences: dans la main gauche il tient un marteau;
cela veut dire que la Logique est une habitude instrumentale; & enfin devant lui est un étau sur lequel se
trouve un morceau d'or fin, & un morceau d'or faux, pour indiquer que la fin de la Logique est de distinguer
le vrai d'avec le faux.

Puisqu'il est certain que notre imagination est d'un grand secours pour la mémoire, on ne peut pas
absolument rejetter la méthode des schématismes, pourvû que les images n'ayent rien d'extravagant ni de
puérile, & qu'on ne les applique pas à des choses qui n'en sont point du tout susceptibles. Mais c'est en cela
qu'on a manqué en plusieurs façons: car les uns ont voulu désigner par des figures toutes sortes de choses
morales & métaphysiques; ce qui est absurde, parce que ces choses ont besoin de tant d'explications, que
le travail de la mémoire en est doublé. Les autres ont donné des images si absurdes & si ridicules, que loin
de rendre la science agréable,

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elles l'ont rendu dégoûtante. Les personnes qui commencent à se servir de leur raison, doivent s'abstenir de
cette méthode, & tâcher d'aider la mémoire par le moyen du jugement. Il faut dire la même chose de la
mémoire qu'on appelle technique. Quelques - uns ont proposé de s'imaginer une maison ou bien une ville, &
de s'y representer différens endroits dans lesquels on placeroit les choses ou les idées qu'on voudroit se
rappeller. D'autres, au lieu d'une maison ou d'une ville, ont choisi certains animaux dont les lettres initiales
font un alphabet Latin. Ils partagent chaque membre de chacune de ces bêtes en cinq parties, sur lesquelles
ils affichent des idées; ce qui leur fournit 150 places bien marquées, pour autant d'idées qu'ils s'y imaginent
affichees. Il y en a d'autres qui ont eu recours à certains mots, vers, & autres choses semblables: par
exemple, pour retenir les mots d'Alexandre, Romulus, Mercure, Orphée, ils prennent les lettres initiales qui

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forment le mot armo, mot qui doit leur servir à se rappeller les quatre autres. Tout ce que nous pouvons dire
là - dessus, c'est que tous ces mots & ces vers techniques paroissent plus difficiles à retenir, que les choses
mêmes dont ils doivent faciliter l'étude.

Les moyens les plus sûrs pour perfectionner la mémoire, sont ceux que nous fournit la Logique. Plus l'idée
que nous avons d'une chose est claire & distincte, plus nous aurons de facilité à la retenir & à la rappeller
quand nous en aurons besoin. S'il y a plusieurs idées, on les arrange dans leur ordre naturel, de sorte que
l'idée principale soit suivie des idées accessoires, comme d'autant de conséquences; avec cela on peut
pratiquer certains artifices qui ne sont pas sans utilité: par exemple, si l'on compose quelque chose, pour
l'apprendre ensuite par coeur, on doit avoir soin d'écrire distinctement, de marquer les différentes parties
par de certaines séparations, de se servir des lettres initiales au commencement d'un sens; c'est ce qu'on
appelle la mémoire locale. Pour apprendre par coeur, on recommande ensuite de se retirer dans un endroit
tranquille; il y a des gens qui choisissent la nuit, & même se mettent au lit. Voyez là - dessus la Pratique de
la mémoire artificielle, par le pere Buffier.

Les anciens Grecs & Romains parlent en plusieurs endroits de l'art mnemonique. Cicéron dit, dans le liv. II.
de Orat. c. lxxxvj. que Simonide l'a inventé. Ce philosophe étant en Thessalie, fut invité par un nommé
Scopas: lorsqu'il fut à table, deux jeunes gens le firent appeller pour lui parler dans la cour. A peine
Simonide fut - il sorti, que la chambre où les autres étoient restés tomba, & les écrasa tous. Lorsqu'on voulut
les enterrer, on ne put les reconnoitre, tant ils étoient défigurés. Alors Simonide se rappellant la place où
chacun avoit été assis, les nomma l'un après l'autre; ce qui fit connoître, dit Cicéron, que l'ordre étoit la
principale chose pour aider la mémoire. (X)

Art Poetique, [Original Class: unclassified] [Author: unknown] {Machine Class: Belles-Lettres} (Page
1:719)

ART POETIQUE. Voyez POESIE & POETIQUE.

Art Militaire, [Original Class: unclassified] [Author: unknown] {Machine Class: Art militaire} (Page 1:719)

ART MILITAIRE. Voyez MILITAIRE.

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