Vous êtes sur la page 1sur 2

A-t-on besoin d’alcool pour s’intégrer à Sciences Po Le Havre ?

Sciences Po Le Havre : l’intégration par l’alcool oui, mais pas kro

Nous sommes, fin août, une semaine avant le début des cours, et les membres du BDE
accueillent les havrais fraîchement arrivés des quatre coins du monde, pour les mener… au bar !
Tout au long de la semaine d’intégration qui s’amorce, c’est souvent autour d’un verre que se
font les rencontres. Pour autant, a-t-on vraiment besoin d’alcool pour s’intégrer au Havre ?

Alors que chacun arrive dans un environnement qui lui est inconnu, les réunions autour de
l’alcool sont la forme de regroupement étudiant la plus répandue. Peut-être plus que l’alcool en
soi, c’est probablement la convivialité et l’ambiance d’un bar que recherchent les étudiants…
même s’il est vrai que la boisson délie les langues et permet parfois de surmonter sa timidité !
Ayush Dhall, première année, décide quant à lui de ne pas boire. Pour lui, la frénésie autour de
la boisson vient surtout du fait que les étudiants sont libérés de l’autorité parentale. « Élevé
dans un foyer où la consommation d’alcool n’était pas taboue », cet étudiant indien n’a « pas
connu d’incitation, ni rien de mystique » qui puisse particulièrement éveiller son intérêt une
fois hors du foyer. Face à l’excitation des étudiants qui entament une nouvelle partie de leur
vie, les barrières et la retenue imposées auparavant par les parents -consciemment ou non-
tombent. L’alcool est en fait un moyen de « fluidifier » les relations sociales naissantes
témoigne Paxia Ksatryo, membre du BDE sortant : un brin éméché, « les gens deviennent plus
détendus et accessibles ».

Si le fait que le Bureau des Élèves permette dans une certaine mesure d’éviter les excès en se
chargeant de la gestion de l’alcool, au week-end d’intégration notamment, cela entretient aussi
une association pas forcément naturelle entre socialisation et boisson. Pour Paxia, ce lien qui
se tisse dès très tôt dans l’année dépend fondamentalement des choix du BDE et de l’importance
qu’ils accordent aux évènements sans alcool.

Au-delà d’altérer, positivement ou pas, le comportement de ceux qui boivent, la grande majorité
des étudiants interrogés admettent que l’idée n’est pas de se saouler, mais plutôt de partager un
moment en commun avec ses amis, dans un état plus gai qu’à l’ordinaire… finir dans un piteux
état serait plutôt une conséquence collatérale. Plus que l’alcool en tant que tel, Pierre Bucaille,
Bière Pukaille pour les intimes, estime que la participation aux fêtes et autres « soirées » est
déterminante, même s’il reconnaît que l’alcool permet aux non-habitués de vaincre la timidité.
« En revanche, si on souhaite intégrer certaines associations plus clandestines du campus, il
faudra une pratique régulière voire quotidienne » nous confie Pierre avec un clin d’œil.
Seulement, ce type de fête se déroule le plus souvent dans des appartements de Sciences Pistes,
et, excepté si l’organisateur agit en grand Seigneur, la promotion entière n’y est généralement
pas conviée. Peut-on alors vraiment parler d’intégration si seuls ceux qui sont déjà amis passent
la soirée ensemble ?

Le rôle majeur des fêtes ne fait pourtant pas l’unanimité : de nombreux étudiants estiment que
des rencontres plus calmes, soirées films, journée du campus et autres dîners sont un excellent
vecteur d’intégration. À part celle que l’étudiant s’impose à lui-même, comme conséquence
d’une « pression sociale » de la part de ses pairs, il n’y a pas véritablement d’obligation de boire.

Bien que Martin et Étienne (les prénoms ont été changés pour conserver l’anonymat) affirment
que « se mettre une caisse, ça rapproche », et que Théo va jusqu’à dire que « le seul domaine
où je me suis amélioré c’est ma consommation d’alcool », il ne paraît pas y avoir de choix
exclusif à faire, ni même de compromis : les plus avinés des étudiants apprécient aussi de se
rendre à des évènements plus calmes… surtout que l’alcool, outil d’intégration, peut devenir en
un clin d’œil un facteur de répulsion voire de « désintégration » articule Martin, une kro entre
les dents.

Vous aimerez peut-être aussi