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Modeles de Croissance PDF
Modeles de Croissance PDF
(Version préliminaire)
1. Modèle canonique
2. Modèle avec des fonctions spécifiques
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Chapitre 1.
Croissance économique et développement
D ans ce chapitre introductif, il est question de fixer les vues sur certains concepts et de projeter
de la lumière sur les questions de base soulevées dans l’analyse théorique et empirique de la
croissance économique. Certaines données statistiques y sont présentées afin de montrer
l’importance des études sur la croissance économique et de mettre en évidence certaines
préoccupations soulevées dans l’analyse du développement.
Puisque l’Etat vise à réaliser le bien-être collectif, les décideurs de la politique économique se doivent
de prendre des mesures favorables à la croissance économique. La réalisation de la croissance est ainsi
un objectif essentiel de la politique économique qui se définit comme l’ensemble des mesures prises
par l’Etat dans le propos d’infléchir le comportement de l’économie dans un sens jugé préférable du
point de vue de la collectivité. Puisque tout individu recherche le bien-être, il faudrait que les mesures
prises dans le cadre de la politique économique aillent dans le sens d’une promotion de la croissance.
La croissance qui est mesurée par le taux d’augmentation du PIB, constitue aujourd’hui l’instrument
de référence principal pour la gestion { court terme et { long terme de l’ensemble des économies de la
planète, de même que pour la politique de développement et de progrès des sociétés humaines. Sur le
plan économique, le taux de croissance offre une mesure synthétique du degré de réalisation de la
plupart des objectifs de la politique économique : augmentation des revenus du travail et du capital et
accroissement de la richesse matérielle et du bien-être de la population ; augmentation de la capacité
de créer des emplois rémunérateurs pour tous ; élargissement de l’assiette fiscale pour la mobilisation
des moyens nécessaires au développement des services publics ; affirmation de la puissance
économique des pays vis-à-vis du reste du monde ; et accumulation de richesses et de pouvoir
assurant la sécurité de la collectivité pour l’avenir { long terme.
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Qu’est-ce qu’un modèle de croissance ?
Les modèles de croissance économique sont par définition, des schémas { l’aide desquels on essaie de
mettre en équation la manière dont l’activité économique d’aujourd’hui peut rejaillir sur l’activité
économique de demain afin de pouvoir explorer l’ensemble des voies de développement que les
ressources naturelles, économiques, financières et humaines du pays permettent d’atteindre.
Autrement dit, { l’aide des modèles, on essaie de mesurer l’impact de telle action ou de telle autre sur
l’état même de l’économie. On peut considérer les modèles de croissance comme étant des guides à
l’activité normative de la collectivité.
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La consommation. La croissance accroît la quantité de biens offerts sur le marché et assure
aussi le financement des biens et services publics dont dépend la consommation collective.
L’activité des pouvoirs publics. L’activité publique ne peut être financée que par des
prélèvements fiscaux sur l’activité marchande. Ainsi, les ressources de l’Etat sont
conditionnées par la croissance de l’activité productrice.
Si l’on tient compte de l’importance centrale de cette dimension économique dans la conception
aujourd’hui prédominante du progrès social, on constate que le taux de croissance globale est devenu
l’expression la plus courante pour mesurer le progrès d’un pays, dans le passé comme dans l’avenir,
tant aux yeux des pouvoirs publics et des privés ou des acteurs de divers groupes sociaux. On en
trouve un témoignage éloquent dans la fréquence des références à la croissance dans les discours
politiques et dans les commentaires et les opinions diffusés quotidiennement par les médias. Le taux
de croissance et ses variations demeurent au cœur des préoccupations et des échanges politiques,
économiques et sociaux de la plupart des sociétés modernes.
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Taux de croissance du PIB réel par tête : 1960 – 1992
(Croissance annuelle moyenne en %)
Taux de croissance les plus élevés Taux de croissance les plus faibles
Pays Taux de croissance Pays Taux de croissance
Hong Kong 6.5 Madagascar -2.1
Singapour 6.4 Tchad -1.9
Taïwan 6.1 Mozambique -1.5
Malte 5.4 Somalie -1.2
Japon 5.3 Centrafrique -1.0
Botswana 4.9
Source : Summers – Heston [1991].
Les écarts pourraient s’expliquer aussi par les différences entre pays en termes de taux
d’investissement (ou d’épargne) et de taux de scolarisation car le niveau de revenu ou de salaire payé
{ une personne dépend de sa production, laquelle dépend des biens d’équipement mis { sa disposition
et de son background scolaire ou académique. C’est ce qui du reste ressort du tableau ci-après. Il faut
toutefois noter que la relation n’est pas parfaite mais elle est importante.
Les différentes modèles que nous verront par la suite nous permettront d’avoir une idée claire sur les
déterminants de la croissance et sur la manière dont ils agissent sur le processus de production.
Quoique ces différents modèles semblent prendre des fois des orientations différentes, ils cherchent à
rendre compte d’une même réalité, tout dépend de l’aspect sur lequel l’analyste voudrait le plus
insister.
4. Convergence et divergence
Le tableau ci-dessous renseigne sur le comportement des revenus individuels de certains pays entre
1960 et 2003 et il fait également un rapprochement entre les revenus des pays à celui des Etats-Unis. Il
montre que certains pays ont pu réduire l’écart de revenu par rapport aux Etats-Unis alors que
d’autres s’en sont écarté davantage. Ces évolutions demandent à être expliquées pour une meilleure
compréhension du processus de croissance économique. En d’autres termes, il y a nécessité
d’identifier les facteurs { la base du processus de convergence ou de divergence.
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Ecarts de revenu entre quelques pays et les Etats-Unis :1960 – 2003
PIB/tête en Ratio du PIB/tête de 2003 Croissance annuel Ratio du revenu sur
PPA 1996 sur celui de 1960 moyen : % Revenu américain
1960 2003 1960 2003
Croissance négative
Madagascar 1240 764 0.62 -1.26 0.10 0.02
Nigéria 1033 992 0.96 -1.05 0.08 0.02
Zambie 1207 828 0.69 -0.63 0.10 0.02
Tchad 1212 1143 0.94 -0.38 0.10 0.03
Sénégal 1818 1557 0.86 -0.22 0.15 0.04
Croissance lente
Rwanda 938 1198 1.28 0.13 0.08 0.03
Kenya 796 980 1.23 1.02 0.06 0.03
Afrique du Sud 4962 9774 1.97 1.07 0.40 0.27
Ghana 866 2114 2.44 1.17 0.07 0.06
Philippines 2015 4082 2.03 1.29 0.16 0.12
Croissance rapide
Chine 682 4726 6.93 4.47 0.06 0.13
Thaïlande 1091 7175 6.58 4.62 0.09 0.20
Botswana 958 8232 8.59 5.33 0.08 0.22
Corée du Sud 1495 16977 11.4 5.97 0.12 0.48
Singapour 2161 23127 10.7 6.30 0.18 0.64
Pays industrialisés
Japon 4545 26420 5.81 4.11 0.37 0.75
France 7825 26146 3.34 2.60 0.64 0.73
Etats-Unis 12273 35484 2.89 2.43 1.00 1.00
Canada 10384 28981 2.79 2.35 0.85 0.98
Royaume-Uni 9674 25645 2.65 2.01 0.79 0.73
Source : Penn World Tables et Banque mondiale citées par Perkins – Radelet – Lindauer [2008].
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Chapitre 2.
Modèle de Solow : versions de base et augmentée
Q u'est-ce qui est à la base de la croissance du revenu individuel des pays dans le long terme?
Qu'est-ce qui fait que certains pays soient si riches et d'autres si pauvres? Qu'est-ce qui est à la
base des écarts ou du creusement des écarts de niveau de vie entre pays? Ces questions ont
retenu et continuent { retenir l’attention des économistes et experts en développement. Les analystes
– particulièrement Solow [1956] et Swan [1956] – se sont proposés de mettre en évidence les
déterminants de la croissance économique et de caractériser son comportement dans le long terme. Il
se dégage des analyses que les principaux déterminants de la croissance sont le progrès technique,
l’accumulation du capital et le travail. Dans le long terme, compte tenu de l’hypothèse de la
décroissance de la productivité marginale des facteurs capital et travail, le modèle de Solow établit
que seul le progrès technique expliquerait un rythme soutenu d’accroissement du revenu par habitant.
Dans cette fonction de production, il est formulé l'hypothèse d'un progrès technique neutre au sens
de Harrod (labor augmenting), car A multiplie L. Autrement dit, le progrès technique touche
l'économie à travers une amélioration de la productivité du facteur travail. Cette hypothèse tient
essentiellement au fait que les données réelles indiquent une tendance à la hausse des rémunérations,
hausse justifiée par l’amélioration de la productivité des travailleurs.
Postulats du modèle
Les changements du PIB dans le temps sont dus aux changements des quantités de facteurs de
production utilisés et du progrès technique. Grâce à ce dernier, l'on peut assister à un accroissement
du produit de l'économie avec les mêmes quantités utilisées de capital et de main-d'œuvre. Les
hypothèses faisant la particularité du modèle de Solow sont les suivantes.
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Hypothèses spécifiques à la fonction de production
Le modèle de Solow suppose que la fonction de production est well behaved, c'est-à-dire qu'elle vérifie
toutes les conditions néoclassiques de régularité : sa dérivée première est positive et sa dérivée
seconde est négative.
F (.) 0 et F (.) < 0.
Dans cette fonction, tous les facteurs sont importants, ils sont imparfaitement substituables
[l’élasticité de substitution est non nulle], leurs productivités marginales sont décroissantes et ils sont
rémunérés en fonction de leurs productivités. Par ailleurs, le modèle postule que la fonction de
production est caractérisée par des rendements d'échelle constants, c'est-à-dire qu'en multipliant K et
AL par un scalaire m, l'effet sera de voir le produit de l'économie être multiplié par ce même scalaire.
mY = F(mK, mAL).
L'hypothèse de rendements d'échelle constants qui a été formulée entre autre pour permettre de
faire une analyse en termes de revenu par tête d'habitant, suppose que l'économie considérée est
suffisamment développée. Dans une économie peu développée, les rendements devraient
normalement être croissants. En posant que m = 1/AL, on peut ramener la fonction de production
macroéconomique à une expression de la production par unité efficiente de travail qui s'écrit :
y = f(k).
y est le produit par travailleur efficient et k l'intensité capitalistique par travailleur efficient.
y = f(k)
Compte tenu des développements ci-dessus, le produit de l'économie peut être donné par la relation :
Y = Af(k)L.
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En plus des conditions sus évoquées, il faudrait que la fonction de production vérifie les conditions de
régularités définies par Inada [1964] :
Les conditions d’Inada sont des conditions aux bornes qui garantissent l’existence d’une solution. Elles
supposent que le produit marginal du capital est très élevé lorsque l'intensité capitalistique est faible
et il est bas lorsque l'intensité capitalistique est très importante.
c = (1 – s)y et i = sy.
Facteur capital. Au fil du temps, le stock de capital physique de l'économie ou du pays croît – grâce
à l'investissement réalisé par les individus – d'un montant sY et diminue – à la suite de l'amortissement
ou de l’obsolescence – d'un montant constant δK. Ainsi, on aura la relation :
dK/dt = sY – δK.
Facteur travail. Le modèle suppose que la main-d'œuvre croît de manière continue à un taux n.
Dans ces conditions, on écrit :
dL/dt = nL
avec n une grandeur exogène. Si au temps 0, le nombre de travailleurs est L(0), au temps t on aura
L(t) = L(0)ent.
dA/dt = gA.
g est une grandeur exogène. Si au temps 0, le stock de connaissances de l'économie ou du pays est
A(0), au temps t on aura A(t) = A(0)egt.
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Etant donné que l'étude de la croissance a pour point de départ, la question de savoir pourquoi les
individus de certains pays sont si riches et ceux d'autres pays si pauvres, la caractérisation de la
dynamique de l'économie se fera à partir des expressions par tête ou travailleur efficient. Sous sa
forme intensive, la fonction de production de l'économie s'écrit :
y = f(k).
Cette relation établit que le produit d'un travailleur efficient dépend de la quantité de capital et de
connaissances qu'il utilise pour produire. Ce qui revient à dire que le comportement de y dans le temps
dépendra du comportement de k. Il serait dès lors intéressant sinon nécessaire de connaître
l'évolution de k dans le temps pour bien appréhender la dynamique de y.
Puisque k est donné par le rapport K/AL, son taux de croissance noté gk sera donné par la différence
gK – g – n et l’équation d’accumulation du capital par travailleur efficient s'écrira :
Dynamique du modèle
La position d'équilibre de l'économie dans long terme correspond à un état stationnaire (ou régime
permanent) pour lequel l'intensité capitalistique cesse de varier. On doit y vérifier l'égalité suivante :
sf(k) = (g + n + δ)k.
A cet état, l’investissement réalisé par les individus compense exactement les effets du progrès
technique, de la croissance démographique et de l’amortissement sur l’intensité capitalistique de
l’économie. Ainsi, on n’observera pas une décroissance du produit par tête quand bien même il y a
croissance de l’effectif de la population active.
sf(k)
sf(k*) = (g + n + )k*
k1 k* k2 k
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l'économie converge vers un sentier de croissance équilibré le long duquel les différentes variables
caractéristiques croissent à un même taux.
Il est possible de montrer qu’{ l’équilibre, le ratio revenu sur capital est constant. Puisque en régime
permanent, on doit vérifier que sf(k) = (g + n + δ)k, on peut donc établir que :
f(k)/k = (g + n + δ)/s.
Ce résultat laisse entendre que f(k) et k croissent au fil du temps, à un même taux. Au sens de Solow,
c'est le progrès technique qui explique ou justifie un accroissement soutenu du revenu individuel.
Lorsque les individus relèvent leur taux d’épargne, ils accroissent les possibilités de production de
l’économie en entraînant, toutes choses restant égales par ailleurs, un approfondissement de
l’intensité capitalistique. En déplaçant vers le haut la courbe sf(k), une hausse du taux d’épargne
entraîne un accroissement de l’intensité capitalistique (passage de k1* à k2*).
s2f(k)
s1f(k)
k1* k2* k
Il faudrait noter que le relèvement du taux d’épargne exerce un effet de niveau, c’est-à-dire qu’il
entraîne un accroissement de l’intensité capitalistique et non pas un accroissement du taux de
croissance du produit par travailleur efficient. En d’autres termes, le relèvement ne fait que modifier le
sentier de croissance mais pas le rythme de croissance.
Le taux d’épargne est le principal déterminant du capital par tête de l’état stationnaire. Puisque la
croissance est au service de l’homme, il faudrait définir le taux d’épargne de manière { maximiser la
consommation par tête. Cette considération renvoie { la règle d’or de l’accumulation du capital
(Golden rule) énoncée par Phelps [1961].
Si le taux de croissance de régime permanent est indifférent au taux d’épargne, il n’en est pas ainsi
pour le produit par travailleur et le revenu individuel. Du fait que l’investissement est financé par
l’épargne, l’intensité capitalistique tout comme le stock de capital de l’économie est fonction du taux
d’épargne des ménages. Ceci conduit { s’interroger sur le niveau optimal du taux d’épargne.
Puisque la consommation et le taux d’épargne diffèrent entre les sentiers de croissance, il faudrait
déterminer la croissance de régime permanent qui maximise – en tout point de temps – la
consommation par tête étant donné le progrès technique, la croissance démographique et
l’amortissement du capital.
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Soit k*(s) l’intensité capitalistique de régime permanent associé { un taux d’épargne donné, et f(k*(s))
le produit par tête qu’il autorise. La consommation par tête en régime permanent sera donnée par :
c = f(k*(s)) – sf(k*(s)).
Accroître le taux d’épargne élève le capital : k(s) 0, mais réduit la consommation par travailleur. Par
conséquent, le taux d’épargne optimal doit pondérer au mieux ces deux effets, c’est-à-dire maximiser
la consommation. En prenant la condition du premier ordre de la maximisation, on arrive à :
La solution unique sor de cette équation doit vérifier que la productivité marginale du capital soit égale
à la somme du taux de progrès technique, du taux de croissance démographique et du taux
d’amortissement, soit :
f (kor*) = g + n + .
Une situation dans laquelle l’intensité capitalistique est supérieur { k* traduit une inefficience
dynamique, car l’on peut consommer davantage aujourd’hui et demain en réduisant le taux d’épargne.
Si l’intensité capitalistique est inférieure { k*, il faudra accroître temporairement le taux d’épargne
pour relever le revenu individuel et la consommation d’équilibre1.
(g + n + )k
f(k)
cor*
ior* sorf(k)
0 kor* k
Il existe un taux d’épargne sor permettant { la fois d’obtenir l’intensité capitalistique kor* et de
maximiser la consommation par tête. Ainsi, toute variation du taux d’épargne en déplaçant la courbe
sf(k), conduit vers un régime permanent donnant lieu à une consommation inférieure à cor*. L'effet de
la hausse du taux d'épargne s sur le produit par tête en régime permanent est donné par :
dy*/ds = f (k*)(dk*/ds).
Puisqu'à l'équilibre de long terme on vérifie que sf(k*(s)) = (g + n + δ)k*(s), on peut établir que :
1
Voir Burda – Wyplosz [1993] et Mankiw [1999].
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En résolvant cette équation par rapport à (dk*/ds), on obtient :
A partir de cette dernière relation, on peut déterminer l'élasticité de y* par rapport à s notée εys. Cette
dernière est donnée par :
εys = a/(1 – a).
a = kf (k) /f(k) représente l'élasticité de la production par rapport au facteur capital. Ce résultat
montre que l'effet de la hausse du taux d'épargne sur la production est positif. Les travaux empiriques
ont montré que dans bien des cas, a = 0.33 et εys = 0.5. Ceci montre que l'effet de la hausse du taux
d’épargne s sur le revenu individuel y est positif mais négligeable.
Le modèle de Solow établit que l'équilibre de long terme est globalement stable, c'est-à-dire qu'en
partant d'une valeur de k supérieure tout comme inférieure à k*, le système converge vers sa position
d'équilibre. Il serait dès lors intéressant de connaître la vitesse à laquelle cette convergence vers l'état
stationnaire est orchestrée. Etant donné que dk/dt > 0 lorsque k < k*, dk/dt < 0 lorsque k > k* et
dk/dt = 0 lorsque k = k*, on peut considérer et exprimer dk/dt comme une fonction de k.
Considérons une économie dont la technologie de production est de type Cobb-Douglas : Y = Ka(AL)1 – a.
La fonction étant homogène de degré un, on peut la ramener à sa forme intensive, soit :
y = ka .
A l’état stationnaire, l’intensité capitalistique et le produit par travailleur efficient sont respectivement
donnés par :
1 a
s 1a s 1a
k* et y* .
g nδ g nδ
Etant donné que s, g, n et sont des constantes, on établit aisément qu’en régime permanent, le
rapport k sur f(k) est constant. La fonction d’accumulation du capital par travailleur efficient s’écrit :
dk
sk a ( g n )k .
dt
Pour résoudre cette équation, posons que x = k1 – a. Etant donné que dx/dt = (1 – a)k–adk/dt, on établit
que :
dx
(1 a)s ( g n )x.
dt
s s ( 1a)( g n )t
x(t) x(0) e .
g n g n
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En résolvant en termes de capital par travailleur efficient, on obtient :
1
s s ( 1a)( g n )t
1a
k (t) k (0) 1a e .
g n
g n
On dira que le sentier temporel de k(t) est convergent si sa limite lorsque t tend vers l’infini est égale {
sa valeur d’équilibre k*. Cette relation montre que le sentier temporel de k est convergent et que la
vitesse de convergence est fonction de la distance qui sépare k(t) de k*. La vitesse de convergence
correspond à :
(1 – a)(g + n + ).
Ainsi, la convergence vers la position d’équilibre sera lente si a est important et vice-versa. Etant donné
qu'à l'état stationnaire k* et y* croissent à un même taux, on établit aisément que y(t) convergence
vers sa position d’équilibre de long terme { la même vitesse.
Postulats du modèle
La fonction de production de l’économie est une Cobb-Douglas et s’écrit :
Y = KaHb(AL)1 – a – b, a 0, b 0, a + b 1.
K = sKY – K
H = sHY – H.
Etant donné que l’objectif du modèle n’est pas celui d’expliquer la croissance mondiale mais plutôt
d’expliquer les disparités internationales de niveau de vie, on supposera que le progrès technique croît
à un taux exogène constant, g :
A = gA.
Dynamique de l’économie
La fonction de production étant homogène de degré 1, on peut écrire
y k a hb
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k s K y (n g δ)k
h s H y (n g δ)h.
En régime permanent, les variations de l’intensité capitalistique et du capital humain par tête seront
nulles. Dans ces conditions, on aura :
s K y (n g δ)k
s H y (n g δ)h.
1 1
s 1- b s b 1a b s a s 1a 1a b
k* K H et h* K H
n g δ n g δ
Par conséquent, dans le long terme, le produit par travailleur efficient sera donné par :
a b
a b
1 1a b 1a b 1a b
y* sK sH .
n g δ
Ainsi, l’investissement dans le capital physique et l’investissement dans le capital humain expliquent
conjointement le niveau du revenu individuel. Cette conclusion est un peu différente de celle de Solow
qui ne retient que le capital physique comme déterminant du revenu individuel.
En partant d’une fonction de production de la forme : Y = Ka(AL)1 – a, le produit par travailleur efficient
du modèle de Solow est donné par :
a
a
1 1a 1a
y* s .
n g δ
En régime permanent, l'équation réduite du modèle de Solow prend la forme log-linéaire suivante :
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où sK représente la part du revenu allouée { l’acquisition du capital physique et sH la part du revenu
allouée { l’acquisition du capital humain. Si a = 0.35 et b = 0.40, dans le modèle de Solow, l'élasticité du
produit par rapport à sK est de 0.54 et par rapport à (g + n + δ) de – 0.54. Par contre dans le modèle de
Mankiw – Romer – Weil, l'élasticité de la production par rapport à sK est de 1.4, par rapport à sH de 1.6
et par rapport à (g + n + δ) de –3.0. Au regard de ces écarts en termes d'élasticité, le modèle de
Mankiw – Romer – Weil est en mesure de rendre compte des disparités de niveau de vie entre pays à
l'échelle internationale.
Avec les mêmes valeurs des paramètres a et b, si l'on considère deux pays dont l'un a des taux
d'épargne sK et sH deux fois plus élevés que l'autre et que la somme (g + n + δ) dans le premier pays est
plus faible de 20.0 %, on peut rendre compte des aptitudes des deux modèles à rendre compte des
différences de niveau de revenu. Le modèle de Solow établit que le premier pays a un revenu par
habitant 2 fois plus élevé que le deuxième alors que dans celui de Mankiw – Romer – Weil, le revenu du
premier pays est presque 16 fois plus élevé. En fixant g + δ à 0.05, le modèle empirique de
Mankiw – Romer – Weil prend la forme ci-après :
où i est l'indice des pays et le terme d'erreur. Sur un échantillon de 98 pays qui couvre la période
1960 – 1985, ils ont obtenu des résultats statistiquement significatifs: a0 = 7.86, a1 = 0.73, a2 = 0.67,
R2Corr = 0.78 et l'erreur-type de l'équation est égal à 0.51. Ces résultats sont confirmés par les données,
les parts du capital physique et du capital humain qui s'en déduisent sont acceptables et la régression
explique à près de 80.0 % les différences de revenu par tête d'habitant entre pays.
Solow est arrivé à établir que 87.5 % du doublement du produit par habitant des Etats-Unis entre 1909
et 1949 étaient attribuables au progrès technique. Autrement dit, seulement 12.5 % de cette croissance
du revenu individuel sont attribuables { l’augmentation du capital par travailleur.
La comptabilité de la croissance part de l’hypothèse que les salaires reflètent la productivité. Mais
cette façon de faire est très restrictive car la part non expliquée de la croissance demeure trop
importante. Certains travaux se sont proposés d’enrichir la décomposition de Solow en faisant
intervenir d’autres facteurs susceptibles d’agir sur la productivité de l’économie ou des travailleurs tels
que le niveau de scolarisation, la qualité de la main-d’œuvre, l’état de santé des individus, etc.
2
La plupart des travaux reposent sur la décomposition de Solow : gY = a0 + a1gK + a2n + ε où gY représente le taux de
croissance du PIB, gK le taux de croissance du stock de capital, n le taux de croissance démographique et є le terme
d’erreur du modèle. C’est ce dernier élément de l’équation (que l’on appelle résidu de Solow) qui mesure la
contribution du progrès technique dans la croissance.
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Denison [1985] a montré qu’aux Etats-Unis, le capital humain (éducation et santé) joue un rôle
important dans la productivité totale des facteurs. De 1929 { 1982, l’économie américaine a réalisé un
taux de croissance moyen de 3.1 % et selon Denison, 25.0 % de cette croissance sont dus à
l’accroissement des heures travaillées { qualification inchangée, 12.0 % { l’augmentation du stock de
capital, donc 37.0 % de cette croissance proviennent du total des facteurs quantitatifs. Il montre aussi
que 16.0 % de cette croissance proviennent de l’élévation du niveau d’éducation et de qualification,
11.0 % de l’amélioration de l’allocation des ressources (transferts de la main-d’œuvre des secteurs
faiblement productifs vers d’autres plus productifs), 11.0 % aux économies d’échelle et 34.0 % {
l’accroissement des connaissances ou progrès technique au sens strict.
Certaines études sur la comptabilité de la croissance pour le Canada et les États-Unis offrent une autre
perspective utile sur la question du capital humain. Elles indiquent que l’augmentation de la qualité du
travail correspond { un déplacement de la composition de l’intrant travail selon une classification qui
tient compte du sexe, de la catégorie d’emploi, de l’âge et de la scolarité.
En se rapportant aux grands groupes de pays, on établit facilement que les indicateurs éducatifs et les
indicateurs économiques évoluent plus ou moins parallèlement. En 2002, les pays de l’OCDE { revenu
élevé ont affiché un PIB par tête moyen de 29000.0 USD et un taux de scolarisation combiné de 93.0 %,
tous niveaux confondus. Dans leur ensemble, les PED ont affiché pour les mêmes années, en moyenne
un PIB de 4054.0 USD et un taux de scolarisation brut de 60.0 %.
Si l’éducation peut sans conteste stimuler la croissance, elle ne le fait que dans certaines limites et
conditions. Il est toutefois réducteur de ne considérer l’éducation que sous l’angle de sa contribution {
la croissance. En effet, elle peut être aussi considérée comme un droit fondamental pour tous. Enfin, il
faut des fois émettre des réserves quant au rôle positif de l’éducation dans la croissance lorsqu’on
observe des personnes économiquement prospères alors qu’elles n’ont aucun niveau d’instruction.
3. L’hypothèse de convergence
Compte tenu du corps d’hypothèses sur lequel repose le modèle de Solow, une question de rattrapage
ou de convergence des économies { l’échelle internationale a été posée. Sous les hypothèses de la
décroissance des rendements factoriels et de rémunération des facteurs de production à leur
productivité marginale ainsi que celle de mobilité parfaite des capitaux { l’échelle internationale, il a
été montré que le modèle de Solow suggère une convergence de toutes les économies vers un même
niveau de revenu par habitant. Ainsi, les disparités internationales de niveau de vie devraient
disparaître dans le long terme.
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L’origine et le contenu de l'hypothèse de convergence absolue
L’hypothèse de convergence absolue repose sur le principe ou l’idée selon laquelle les économies des
pays pauvres – quelques soient leurs conditions initiales – tendent à croître plus vite que celles des
pays riches de sorte à rattraper – dans le long terme – le niveau de revenu par tête des pays riches. A
partir de l’équation d’ajustement du capital par tête dans le modèle de Solow, on peut déterminer le
taux de croissance de l’intensité capitalistique gk, soit :
gk sf(k)/k – (g + n + ).
Il se dégage de la figure ci-dessous que l’intensité capitalistique sera croissante pour des valeurs de k
inférieures à k* et décroissante pour des valeurs supérieures à k*. On peut donc conclure que les pays
pauvres en capital devraient voir leur intensité capitalistique croître et les pays à forte accumulation
voir leur intensité capitalistique diminuer.
sf(k)/k
Δk 0
(g + n + )
Δk 0
0 k* k
Du fait de la décroissance des rendements factoriels, on établit que le rythme d’accumulation est
proportionnellement inverse { l’intensité capitalistique. Ainsi, les pays riches en capital devraient avoir
des taux de croissance du capital par tête inférieurs aux pays pauvres, ce qui devrait entraîner une
réduction des disparités internationales de niveau de vie.
Convergence absolue
gk/pauvre
gk/riche
(g + n + )
sf(k)/k
kp kr k* k
19
Le processus de convergence absolue n’a été que partiellement corroboré par les faits : les pays qui
affichaient les revenus par tête les plus élevés au début du 19ième siècle demeurent parmi les plus riches
d’aujourd’hui quoique certains pays se soient libérés de la pauvreté3. Le revenu par tête de l’Europe
occidentale qui a été 2.9 fois supérieur { celui de l’Afrique en 1820, l’était de 13.2 fois en 1992
(Madisson [2001]). Ceci montre que certains PED sont pris dans un piège de pauvreté associant des
faibles niveaux de revenu par tête à des taux de croissance médiocres.
Convergence conditionnelle
srichef(k)/k
gk/richre
gk/pauvre
(g + n + )
spauvref(k)/k
kp k p* k r kr* k
L’idée de convergence conditionnelle suppose que les pays convergent mais vers des régimes
permanents différents. Dans le modèle de Solow, comme on l’a vu, l’état stationnaire dépend du taux
d’épargne, du taux d’amortissement du taux de croissance démographique et du taux d’amélioration
de la productivité de l’économie. En se basant sur la situation des pays européens, Quah [1996] a
montré qu’il existait bel et bien une relation de sens inverse entre taux de croissance du produit par
habitant et le produit par habitant initial dès lors que sont pris en considération les différences de
caractéristiques structurelles.
Les différences de technologies de production et des taux d’épargne sont prises en compte dans la
figure ci-dessus pour montrer que les pays pauvres ne convergent pas vers les pays riches. Ainsi, un
pays qui, initialement, a un niveau plus faible d’intensité capitalistique, ne croît pas forcément { un
taux supérieur { un pays disposant d’une intensité capitalistique plus grande :
gk/pauvre gk/riche.
3
Il s’agit essentiellement des pays d’Asie du Sud et de l’Est.
20
peuvent converger dans le long terme si leurs conditions initiales, notamment les acquis en capital
physique et capital humain sont similaires. Normalement, on devrait s’attendre { ce les pays à niveau
d’éducation élevé soient plus apte { s’adapter au progrès technologique.
La β-convergence est une condition nécessaire mais non suffisante pour la σ-convergence. En effet, la
β-convergence suppose un processus de rattrapage (réduction des écarts de revenus) mais les pays
sont soumis à des chocs spécifiques qui peuvent entraîner une augmentation de la dispersion des
revenus. La σ-convergence est par contre le produit d'un rattrapage et d'une baisse de la dispersion
des revenus. Elle ne peut exister que lorsque la β-convergence domine l’effet des différents chocs.
La sigma-convergence
A partir des critiques adressées aux régressions en coupe instantanée, certains travaux se sont
proposé de discuter de l'évolution de la dispersion de niveau de vie en coupe instantanée au moyen de
l'écart-type du logarithme du produit ou revenu par habitant d'un groupe de pays. Friedman [1992]
soutient que l'hypothèse de convergence n'est vérifiée que si la variance observée est décroissante
dans le temps. Ainsi, lorsque l'indicateur de dispersion baisse dans le temps pour différents pays, on
conclut qu'il existe une σ-convergence. De manière formelle, on devrait vérifier que :
avec Var[ln y(t)] = [n–1 Σ(ln y(t) – μ)2] et μ est la moyenne de la distribution des logarithmes népériens
de y(t). Pour bien appréhender la dynamique de la convergence, il s'avère indiqué de considérer
l'écart-type de la date initiale, de la date finale et des dates intermédiaires.
La convergence stochastique
Oxley – Greasley [1995], Bernard – Durlauf [1996], … estiment que l'analyse de la convergence à partir
des données en cross section n'est pas satisfaisante car elle ne prend pas en compte un volume
important d'informations contenues dans les séries chronologiques, surtout qu'il s'agit d'un
phénomène dynamique. Ils soutiennent que si deux économies sont convergentes dans le temps, alors
la série des écarts de revenu individuel entre pays devrait être stationnaire.
Soient ln yi(t) et ln yj(t), les séries des revenus par habitant des pays i et j (en logarithmes). On dira qu’il
y a convergence dans ces chroniques si la différence des deux séries donne lieu à un processus
stochastique stationnaire de moyenne nulle avec une variance constante.
avec ij(t) ~ N(0, σ2). Cette définition implique que la convergence entre les deux pays est équivalente
{ une cointégration de leurs revenus par habitant lorsque le vecteur cointégrant n’a pas de terme
constant et a une pente égale { l’unité.
21
Bernard – Durlauf [1996] ont proposé une autre définition de la convergence stochastique. Les pays
ou économies i et j seront convergents si les prévisions de leurs revenus par habitant (mesurés en
logarithmes) dans le long terme sont égales à une date précise t. On peut ainsi écrire :
où Ω(t) est l’ensemble d’informations disponibles { la date t. Cette convergence repose sur la
propriété de stationnarité des séries temporelles. On dit qu’il y a convergence stochastique si les
prévisions à long terme des écarts de revenu par habitant entre deux ou plusieurs pays tendent vers
zéro. De manière formelle, on dira que le pays j (pays pauvre) converge vers le pays i (pays riche) entre
les dates 0 et t si l’on vérifie que :
E(yit – yjt) < yi0 – yj0.
Puisque yi0 > yj0, cette relation suggère un rattrapage du pays i par le pays j ou une diminution en
valeur de la disparité de revenu individuel à la date t.
Généralement, l’hypothèse de la convergence absolue est testée { l'aide d'un modèle en coupe
transversale prenant la forme suivante :
yi est le produit par habitant du pays i (i = 1, ..., m), n est la longueur de la période d’étude, a0 et a1 sont
des paramètres inconnus à estimer et i un terme d’erreur aléatoire. On dit qu’il y a β-convergence
lorsque a1 est négatif et statistiquement significatif puisque dans ce cas, le taux de croissance moyen
du produit par habitant entre les dates 0 et t est négativement corrélé { son niveau initial. L’estimation
de a1 permet de calculer la vitesse de convergence et la durée nécessaire pour que les économies
comblent la moitié de l’écart qui les sépare de leur état stationnaire, appelée la demi-vie.
Cannon – Duck [2000] ont proposé un modèle permettant de fonder, d'un point de vue statistique, le
processus de la σ-convergence. Ils suggèrent de régresser – sur la période considérée – le taux de
croissance moyen du logarithme du produit par habitant sur le revenu final.
22
Chapitre 3.
Modèle de croissance optimale
D ans le modèle de Solow, le taux d’épargne (ou propension { épargner) est supposé être
constant pour cause de simplicité mais également parce que Solow pensait préférable de
prendre comme valeur la propension à consommer observée statistiquement. Cass [1965] et
Koopmans [1965] ont remis en cause cette façon de voir les choses pour faire un pas vers le réalisme.
Le consommateur dans le modèle de Solow peut être considéré comme un agent myope, incapable de
voir que sa consommation actuelle influence ses possibilités de consommation future.
Cass [1965] et Koopmans [1965] se posent une question normative : quelle fraction de son revenu une
nation doit-elle épargner ? Ils ne cherchent plus à représenter le processus de croissance (approche
positive) mais plutôt à savoir ce que les individus devraient faire pour améliorer leur bien-être. En
rendant le taux d’épargne endogène, les modèles proposés par Cass et Koopmans permettent de
prendre en compte les effets de la modification de la fiscalité ou des dépenses gouvernementales sur
le taux d’épargne et sur la croissance économique.
Postulats du modèle
Le modèle admet que l’horizon temporel est infini. Il existe un ménage représentatif dont la fonction
d’utilité instantanée s’écrit :
u(c(t))
avec u'(c) > 0, u"(c) < 0, lim u(.)' = 0 lorsque c tend vers ∞ et lim u(.)' = ∞ lorsque c tend vers 0.
Chaque ménage voit sa taille croître au fil du temps à un taux constant n, avec L(0) = 1. Ainsi, à la date
t, on devrait avoir :
L(t) = ent.
Le ménage représentatif est altruiste dans ce sens que les allocations en matière de consommation se
font en fonction de tous ses membres et en fonction des générations à venir. Ainsi, la fonction-objectif
du ménage s’écrit :
W 0
e ( n)t u(c(t))dt
où c(t) est la consommation par tête, le taux d’escompte subjectif et ( - n) le taux d’escompte
effectif étant donné que le ménage dérive son utilité de la consommation de chacun de ses membres.
Cette dernière est donnée par :
c(t) = C(t)/L(t)
où C(t) est la consommation totale et L(t) la taille du ménage représentatif. L’utilité totale retirée par
le ménage est L(t)u(c(t)) = entu(c(t)). Etant donné qu’{ la date t, le facteur d’escompte est e–t, on
obtient bel et bien la fonction-objectif du ménage. Afin que le mécanisme d’escompte ait un sens, il est
supposé que > n, car il s’agit d’un arbitrage entre présent et futur.
23
Le modèle admet que les marchés des biens et des facteurs sont compétitifs. Les possibilités de
production de l’économie sont données par la fonction de production agrégée :
Comme dans le modèle de Solow, la fonction de production est « well behaved » et vérifie les
conditions d’Inada. L’hypothèse de rendements d’échelle est retenue afin de travailler avec des
grandeurs par tête. Ainsi, on aura :
R(t) = FK = f'(k(t))
w(t) = FL = f(k(t)) – k(t)f'(k(t)).
A la date t, le ménage représentatif dispose d’un niveau d’avoirs A(t). Ainsi, au fil du temps, les avoirs
du ménage changeront selon la règle suivante :
A(t) r (t) A(t) w(t)L(t) c(t)L(t)
où c(t) est la consommation par tête, r(t) le taux d’intérêt du marché et w(t)L(t) le flux de revenus
salariaux que reçoit le ménage. Les avoirs par tête étant donné par a(t) = A(t)/L(t), on établit que :
a(t) (r (t) n)a(t) w(t) c(t).
Il faut noter que les avoirs du ménage peuvent être composés du stock de capital K(t) et des bons du
Trésor B(t). Si les bons du Trésor ne sont pas pris en compte, il vient que a(t) = k(t).
Etant donné que le stock de capital s’amortit dans le temps au taux , le taux d’intérêt sera donné par :
r(t) = R(t) – .
En horizon temporel infini, il doit être imposé la condition suivante (condition du jeu de No-Ponzi) :
t
limt a(t) exp (r ( s) n)ds 0.
0
Cette condition suggère qu’{ l’infini, l’individu ne peut pas avoir une richesse négative.
Caractérisation de l’équilibre
Un équilibre compétitif consiste à un ensemble de sentiers de la consommation, du stock de capital,
du taux de salaire et de rente du capital telle que le ménage représentatif maximise en tout temps son
utilité étant donné un ensemble de conditions initiales.
24
Le problème du ménage s’écrit comme suit :
Max W
0
e ( n)t u(c(t))dt
telle que
a(t) (r (t) n)a(t) w(t) c(t)
t
limt a(t) exp (r ( s) n)ds 0
0
avec a(0) donné.
où = e–( – n)tq(t) représente le prix fictif des avoirs. Les conditions d’optimalité sont :
On aura ainsi :
u'(c(t)) = q(t)
q
(r (t) ).
q
c f (k (t)) δ
c
= –c(t)u"(c(t))/u'(c(t)).
Croissance optimale
Le problème consiste à définir les sentiers du capital et de la consommation afin de réaliser un
équilibre Pareto-optimal au sein de l’économie. Il faut noter qu’il existe un lien entre les deux sentiers
car le niveau de la consommation est influencé par le taux d’épargne, et il en est de même pour le
capital. Dans le cadre de ce modèle, le problème de croissance optimale se pose en termes de
maximisation de l’utilité du ménage sous une contrainte d’accumulation du capital, soit :
Max W
0
e ( n)t u(c(t))dt
telle que
k(t) f (k(t)) (n δ)k(t) c(t)
avec k(0) donné.
25
Le Hamiltonien du problème s’écrit :
où = e–( – n)tq(t) représente le prix fictif des avoirs. Les conditions d’optimalité sont :
On aura ainsi :
u'(c(t)) = q(t)
c f (k (t)) δ
.
c
La maximisation intertemporelle de l’utilité aboutit au fait que le taux de croissance de l’économie est
fixé par trois paramètres : le taux d’intérêt réel, qui rémunère l’épargne, le taux d’escompte effectif,
qui représente le coût subjectif de l’épargne, et l’élasticité intertemporelle de substitution θ. Plus θ est
grand, plus les ménages veulent un profil de consommation lisse, on trouve naturellement qu’une
hausse de θ tend à diminuer le taux de croissance de la consommation, pour que les niveaux de
consommation diffèrent peu entre les périodes.
A l’état stationnaire c 0. Par conséquent, on doit vérifier que :
f (k(t)) δ .
La règle d’or est maintenant que le taux d’intérêt réel net est égal au taux d’escompte psychologique.
Y = F(K, AL)
où A qui représente le progrès technique croît au fil du temps au taux g. La fonction de production
étant homogène de degré 1, on peut établir que :
~ Y
y f (k )
AL
où k = K/AL représente le capital par travailleur efficient. La consommation par tête est donnée par :
~c C .
L
26
On peut définir la consommation par travailleur efficient comme suit :
C ~c
c .
AL A
Le taux de croissance de la consommation par travailleur efficient est donné par la différence entre le
taux de croissance de la consommation par tête et le taux de croissance du progrès technique, soit :
c ~c f (k (t)) δ g
g .
c c
En régime permanent le taux de croissance de la consommation par travailleur efficient devrait être
nul. Par conséquent, on devrait vérifier que :
f (k(t)) δ g.
27
Chapitre 4.
Modèle à générations imbriquées
Le modèle suppose une entrée et une sortie continuelles de générations. A chaque période coexistent
deux générations : une jeune qui travaille et une vieille à la retraite. A la période suivante une nouvelle
génération remplace les jeunes, les jeunes deviennent vieux et les vieux disparaissent. Les agents
décident de l’allocation de leur salaire perçu en première période entre consommer étant jeune et
consommer pendant la retraite. C’est une différence avec Solow puisque le taux d’épargne maximise
l’utilité intertemporelle de chaque génération.
1. Modèle canonique
Nous présentons ci-dessous la version canonique du modèle qui a été développé par Diamond [1965].
La dynamique du capital dans le modèle est qualitativement la même que dans le modèle de Solow
puisque la fonction de production est identique et la concurrence est de mise. Il est admis que le
revenu est partagé à chaque date entre les travailleurs jeunes sous forme de salaires et les détenteurs
de capitaux vieux sous forme de rémunération du capital. Ainsi, il existe dans le modèle de Diamond
un cycle revenu – épargne – capital – revenu comme dans le modèle de Solow. Chaque génération
améliore sa situation pendant la dynamique transitoire : l’accumulation du capital favorise la
productivité marginale des travailleurs qui perçoivent de meilleurs salaires, épargnent un montant
supérieur et contribuent à leur tour à la hausse du stock de capital. Cette dynamique ralentit
progressivement en raison de la présence de rendements décroissants dans le capital.
Postulats du modèle
Le modèle admet que chaque individu vit durant deux périodes : t et t + 1. La fonction d’utilité d’une
personne née en t est donnée par :
U(t) = u(c1(t)) + u(c2(t + 1))
où u(.) est « well behaved » et vérifie les conditions d’Inada. c1 représente la consommation de
l’individu { la période t et c2 sa consommation à la période t + 1. (0, 1) est le facteur d’escompte de
l’individu.
Les marchés sont par hypothèse, compétitifs. Les individus ne peuvent travailler qu’{ la période t en
vendant une unité de travail afin de gagner le salaire w(t) qui est un salaire d’équilibre. La population
croît au taux n. Ainsi, on écrit :
L(t) = L(0)(1 + n)t.
La fonction de production agrégée est « well behaved » et présente des rendements d’échelle
constants. Aussi, elle vérifie les conditions d’Inanda.
28
Au fil du temps, le capital se déprécie totalement ( = 1). On peut aussi définir l’intensité capitalistique
k = K/L et établir que la rente du capital est égale à son produit marginal :
Décision de consommer
L’épargne individuelle de la période t, s(t) est déterminée à partir de la solution au problème de
maximisation ci-après :
Max U(t) = u(c1(t)) + u(c2(t + 1))
telle que
c1(t) + s(t) w(t)
c2(t) R(t + 1)s(t).
L’épargne constituée durant la période t est soumise aux firmes à la période t + 1. Elle est rémunérée
par une rente brute R(t + 1) = 1 + r(t + 1). Le lagrangien du problème s’écrit :
car à partir de la contrainte, on établit que s(t) = c2(t + 1)/R(t + 1). Les conditions du premier ordre sont :
u'(c1(t)) =
u'(c2(t + 1)) = /R(t + 1).
En résolvant le problème { partir de cette condition d’équilibre, on obtient la forme implicite ci-après
de la fonction d’épargne :
s(t) = s(w(t), R(t + 1)).
+
S(t) = s(t)L(t).
Etant donné que le capital se déprécie totalement, l’épargne totale réalisée en t sera investi en t + 1.
Ainsi, on établit que :
K(t + 1) = L(t)s(w(t), R(t + 1)).
Caractérisation de l’équilibre
En régime permanent, l’intensité capitalistique k = K/L est constante. Pour caractériser l’équilibre, il
faudrait diviser la relation ci-dessus par L(t + 1) = L(t)(1 + n), soit :
29
On peut également établir :
La fonction s(.) pouvant prendre plusieurs formes, l’équation de récurrence qui permet de caractériser
la dynamique de l’intensité capitalistique peut renvoyer à plusieurs types de régime permanent.
k(t + 1) 45°
La fonction de production est une Cobb-Douglas Y = KaL1 – a. Sous sa forme intensive, la fonction de
production s’écrit :
f(k(t)) = k(t)a.
Il faut noter que R f'(k) = aka – 1 et w f(k) – kf'(k) = (1 – a)ka. Prenons la condition d’équilibre du
consommateur :
C2(t + 1))/c1(t) = R(t + 1).
Etant donné que c1(t) + s(t) = w(t) et c2(t) = R(t + 1)s(t), on établit que :
Ainsi, l’épargne est une fraction /(1 + ) du salaire. La constance du taux d’épargne rend le modèle
similaire au modèle de Solow. Nous savons qu’en régime permanent,
30
s(t) (1 a) k (t) a
k (t 1) .
1 n (1 n)(1 )
1
(1 a) 1a
k* .
(1 n)(1 )
k(t + 1) 45°
k* k(t)
31
Chapitre 5.
Modèles de croissance endogène
L e modèle de Solow établit que dans le long terme, seul le progrès technique explique
l’enrichissement des nations sans dire clairement d’où pourrait-il provenir. On ne peut pas
sérieusement considérer le progrès technique comme une manne tombée du ciel. Les États et
les firmes dépensent de l’argent pour soutenir la recherche et l’innovation. Par ailleurs, la technologie
n’est pas { la disposition gratuite de tous les producteurs. Si c’était le cas, les pays en développement
bénéficieraient des transferts de technologie et pourraient élever la productivité du capital. Les
rendements élevés de l’investissement attireraient l’épargne du monde entier et le taux
d’investissement augmenterait permettant ainsi aux PED de rattraper le niveau de capital par tête des
pays riches. Or, ce n’est pas le cas parce que les structures économiques et les niveaux d’accumulation
de capital humain sont très différents. Le transfert de technologie exige pour être efficace des
conditions d’accueil particulières.
Les modèles de croissance endogène intègrent des observations de ce genre dans un certain nombre
de domaine, ils cherchent des explications permettant de rejeter l’hypothèse d’une productivité
marginale décroissante des facteurs de production au niveau macroéconomique sans la remettre en
cause au niveau de chaque firme. Les rendements des facteurs ne sont pas décroissants au niveau
global en raison des externalités liées { l’accumulation en même temps de plusieurs facteurs. Dans les
lignes qui suivent, nous présentons quatre modèles de croissance endogène. Le premier met en
relation la croissance avec l’apprentissage par la pratique, le second avec le capital humain, le
troisième avec la recherche-développement et le quatrième avec les dépenses publiques.
Postulats du modèle
Admettons que tous les facteurs de production soient utilisés dans la production des biens de sorte
que la fonction de production s’écrive :
Y = Kb(AL)1 – b, 0 b 1.
32
L’apprentissage par la pratique est la conséquence fortuite de la production de nouveaux biens
d’équipement ou capitaux. Dans ces conditions, on aura la fonction suivante :
A = BK, avec 0 et B 0.
Le modèle admet aussi qu’il n’y a pas d’amortissement et que le taux d’épargne est constant et
exogène. Ainsi, l’évolution du stock de capital est donnée par :
K = sY.
Le taux de croissance de la population active est exogène et égal à n. Compte tenu de la définition de
A, la fonction de production de l’économie peut s’écrire comme suit :
Y = B1 – bKbK(1 – b)L1 – b.
Cette équation montre que le capital physique joue un double rôle dans le processus de production :
un rôle direct en tant qu’input et un rôle indirect en ce qu’il dégage une externalité positive sur la
productivité de l’économie. En effet, dans ce modèle, l’augmentation du capital n’accroît pas
seulement la production de façon directe mais également de manière indirecte via le développement
d’idées nouvelles qui rendent l’ensemble du capital plus productif.
Dynamique de l’économie
La dynamique du stock de capital physique est donnée par :
L’évolution de l’économie est commandée par le facteur capital qui joue un rôle plus large que le rôle
lui assigné dans le modèle de Solow. Il sied toutefois de noter que les caractéristiques de la dynamique
de l’économie dépendent de la valeur pise par le paramètre.
Si est inférieur à 1, le taux de croissance à long terme est fonction du taux de croissance de la
population, n. Si est supérieur à 1, la croissance est explosive. Par ailleurs, si est égal à 1, la
croissance sera explosive si n est positif et elle sera constante si n est égal à 0.
Y = AK
K = sAK.
Cette dernière équation établit que K croît à un taux constant sA. Puisque Y est proportionnel à K, le
PIB croît aussi à ce taux. Cette version du modèle qui est appelée modèle AK fournit une autre
explication de la croissance à long terme, cette dernière est endogène et dépend du taux d’épargne. Il
faudrait quand même noter que cette conclusion dépend de la valeur imposée au paramètre et au
taux de croissance naturelle (problème du fil de rasoir).
33
1.2. Version du modèle avec optimisation
Sous ce point, nous présentons un modèle de croissance optimale mais qui se fonde sur une fonction
de production de type AK. La caractérisation de l’équilibre dynamique de l’économie envisagée
ci-après renvoie pratiquement à la même conclusion que ce qui ressort du modèle de croissance de
Cass – Koopmans [1965] { la seule différence qu’ici, le taux de croissance n’est pas décroissant au fil du
temps en raison de la non-décroissance du produit marginal du capital.
Postulats du modèle
Le modèle admet qu’il existe un ménage représentatif dont la fonction d’utilité instantanée s’écrit :
u(c(t))
W
0
e t u(c(t))dt
où c(t) est la consommation par tête, le taux d’escompte subjectif. Les marchés des biens et des
facteurs sont supposés être compétitifs. Les possibilités de production sont données par la fonction
de production agrégée :
Y(t) = AK(t).
Le produit marginal du capital étant constant, on établit qu’il y a une relation de proportionnalité entre
le produit de l’économie et son stock de capital. Sous sa forme intensive, la fonction de production
s’écrit comme suit :
y(t) = Ak(t)
Caractérisation de l’équilibre
La caractérisation de l’équilibre compétitif procède de la résolution du problème central suivant :
Max W
0
e t u(c(t))dt
telle que
k(t) Ak(t) δk(t) c(t)
avec k(0) donné.
u'(c(t)) = q(t)
34
q
A δ .
q
c Aδ
c
A δ .
Ici, la règle d’or est que la productivité marginale nette du capital qui est constante, soit égale au taux
d’escompte subjectif.
Postulats du modèle
Considérons une économie dans laquelle les préférences du ménage représentatif sont données par :
W 0
e ( n)t u(c(t))dt .
où H(t) représente les unités efficientes de travail (capital humain) qui sera accumulé comme le capital
physique K(t).
a(t) (r (t) n)a(t) w(t)h(t) c(t) i h (t).
w(t) est le salaire payé à chaque unité du capital humain, h(t) les unités efficientes de capital humain
du ménage et ih(t) l’investissement en capital humain. L’équation d’accumulation s’écrit :
35
h(t) i h (t) δh h(t)
h est le taux de dépréciation du capital humain. Puisqu’il n’y a pas des bons du trésor, a(t) =k(t). On
suppose que le capital physique se déprécie au taux k.
avec le ratio capital travail qui est donné par k(t) = K(t)/H(t).
Caractérisation de l’équilibre
Le problème du ménage s’écrit comme suit :
Max W 0
e ( n)t u(c(t))dt .
telle que
a(t) (r (t) n)a(t) w(t)h(t) c(t) i h (t).
h(t) i h (t) δh h(t)
a(0) et h(0) étant donnés.
Puisque le terme de gauche est décroissant en k(t) et celui de droite croissant, il existe par conséquent
une valeur k* de k(t) = K(t)/H(t) qui vérifie cette égalité.
36
Le taux de croissance est donné par :
c f (k*) δk
0.
c
Ce modèle montre qu’il existe une relation d’interdépendance entre le capital physique et le capital
humain. L’accumulation de l’un doit se faire en tenant compte de l’autre et vice-versa pour que la
croissance économique soit soutenue.
Pour expliquer le progrès technique, le modèle considère que l’économie dispose de deux secteurs
d’activité : l’un produit des biens de consommation et l’autre produit des connaissances (ou des
améliorations technologiques) qui permettront { l’économie de produire plus de biens dans les jours {
venir. On peut raisonnablement penser qu’un accroissement de ressources consacrées { la R&D
permet d’accroître le nombre de découvertes { même d’améliorer la productivité de l’économie.
Postulats du modèle
Dans le modèle, il est admis qu’une fraction aK du stock de capital et une fraction aL de la population
active sont utilisées dans le secteur de la R&D. Ainsi, la quantité de capital utilisée dans la production
de biens est (1 – aK)K et celle de main-d’œuvre est (1 – aL)L. Les deux secteurs utilisent la totalité du
stock de connaissances A car l’exploitation d’une idée ou d’une connaissance en un lieu n’empêche
pas son utilisation ailleurs. Il n’y a donc pas lieu de diviser le stock des connaissances entre les deux
secteurs d’activité.
Cette équation implique que les rendements du capital et du travail sont constants, c’est-à-dire qu’un
doublement des quantités des deux facteurs entraîne un doublement de la quantité produite de biens.
A = B(aKK)(aLL)A B 0, 0, 0.
On suppose qu’il n’y a pas d’amortissement et que le taux d’épargne est constant. Ainsi, l’évolution du
stock de capital est donnée par :
K = sY.
L = nL.
37
Alors que dans le modèle de Solow il n’y a qu’une seule variable d’état : K, dans ce modèle il y en a
deux, à savoir K et A. C’est donc l’évolution de ces deux grandeurs qui détermine la dynamique de
l’économie dans le temps.
Divisons les deux membres de l’équation par K et posons que cK = s(1 – aK)b(1 – aL)1 – b afin d’obtenir le
taux de croissance du stock de capital de l’économie :
1b
K AL
gK cK .
K K
L’évolution de gK dépend de l’évolution du ratio AL/K, laquelle évolution est donnée par la somme
gA + n – gK. Si l’on divise les deux membres de la fonction d’accumulation des connaissances par A, on
obtient :
gA A/A = cAKLA – 1
Pour avoir la solution d’équilibre (de long terme), il faut résoudre le système d’équations ci-après :
gA* + n – gK* = 0,
gK* + n + ( – 1)gA* = 0.
On arrive à établir comme dans le modèle de Solow [1956] que dans le long terme, les variables
macroéconomiques croissent à un taux égal à la somme du taux de croissance naturelle et du taux de
croissance du progrès technique. Mais bien plus, on montre que le taux de croissance du progrès
technique est une grandeur endogène et non exogène car il dépend des paramètres caractéristiques
de l’économie.
Postulats du modèle
Dans le modèle, on suppose que le ménage représentatif maximise son utilité intertemporelle sur
l’horizon [0, ∞], soit :
38
U e t u(c(t))dt.
0
Le ménage génère son revenu à partir du capital privé et du capital public (ou dépenses publiques
productives). On écrit ainsi :
Y(t) = F(K(t), G(t)).
Y(t) = K(t)aG(t)b
On suppose que les dépenses publiques g sont financées par un impôt proportionnel sur le revenu du
ménage 0 < < 1. Ainsi, l’équation d’accumulation du capital privé sera donnée par :
k(t) (1 ) y(t) δk(t) c(t) .
Max U e t u(c(t))dt.
0
telle que
k(t) (1 ) y(t) δk(t) c(t)
k(0) étant donné.
u'(c(t)) = q(t)
(1 ) f (k (t), g (t)) δ.
q
Puisque , on établit que :
q
39
c (1 ) f (k (t), g (t)) δ -
.
c
c a(1 )k (t) a 1 g (t) b δ -
.
c
Dans cette expression du taux de croissance, on voit apparaître deux effets de la politique budgétaire,
l’effet négatif { travers le prélèvement fiscal effectué et l’effet positif des dépenses publiques
productives. Pour boucler le modèle, on suppose que le budget de l’Etat est équilibré, soit : g = y.
1
a(1 ) 1a
k*
δ
a
a(1 ) 1a
y* .
δ
a
a(1 ) 1a
R fisc y* .
δ
En dérivant Rfisc par rapport à , et en égalisant la dérivée { 0, on obtient le taux d’imposition qui
maximise la recette fiscale, soit :
* = 1 – a.
Il faudrait donner { l’Etat une taille optimale pour que ses dépenses en capital (ou productives) aient
un impact réel sur la réalisation de la croissance économique.
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Références bibliographiques
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2. Barro, R. et X. Sala-i-Martin, 1992, « Convergence », Journal of Political Economy, 100.
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Economics, 106, May.
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Boeck, Bruxelles.
5. Nshue M., 2007, Macroéconomie. Théories et exercices, EDUPC, Kinshasa.
6. Ragot, X., 2006, Théories de la croissance et économie du long terme, Paris.
7. Romer, D., 1995, Macroéconomie approfondie, Ediscience, Paris.
8. Stoleru, L., 1978, Equilibre et croissance économiques, éd. Dunod, Paris.
9. Vinod Thomas et all., 2002, Qualité de la croissance, éd. De Boeck, Bruxelles.
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