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LA BANQUE AU XIXEME SIECLE | La France du XIXème siècle

La Banque au XIXème siècle

Introduction :
Il est impossible de comprendre l’histoire de la Banque en France au XIXème siècle
sans étudier sa naissance avortée au XVIIIème siècle. A la mort de Louis XIV, la France est
ruinée par les guerres. Le financier du Roi, Samuel Bernard, eut alors une idée: la création
d’une banque publique émettant des billets à l’instar de la Banque d’Angleterre fondée en
1694. Cependant les « Financiers » chargés de récolter et d’administrer les finances
publiques y étaient farouchement opposés. Elle aurait réduit considérablement leurs profits.
Un Ecossais, John Law, réussit à convaincre le Régent de créer cette banque publique
en avançant l’argument suivant : « Lorsque le sang ne circule pas à travers le corps, le corps
se languit ; il en est de même quand la monnaie ne circule pas ». La Banque Générale ouvrit
ses portes en juin 1716. Transformée bientôt en Banque Royale garantie sur les nouvelles
terres du Mississipi, cette banque de dépôts émettant des billets fut minée par la spéculation
qui s’empara des actions. En juillet 1720, les actions se mettent à baisser. En Novembre, la
fête est finie. « L’expérience que fit la France avec John Law fut telle qu’on hésita même à
prononcer le mot « banque » pendant les 150 années suivantes » écrit C. Kindleberger.
A par la Caisse d’Escompte fondée par le Suisse Isaac Panchaud, il n’y eu aucune
banque publique en France au XVIIIème siècle. L’Etat devait pour financer ses emprunts
avoir recours aux banquiers privés, notaires, officiers qui existaient mais de manière
informelle. La crise des finances publiques de 1788 entraina la convocation des Etats
Généraux et la fin de l’Ancien Régime. Cependant, la proclamation des Droits de l’Homme et
du Citoyen ne changeait rien à la situation financière, surtout quand s’y ajouta la guerre
contre l’Europe entière. La spoliation des biens de l’Eglise et leurs mises en vente servit de
garant à l’émission de billets qui eurent rapidement cours forcé pour lutter contre la
spéculation. Son usage fut rendu obligatoire sous peine de mort, la monnaie métallique
interdite et pour tenter de lutter contre la dépréciation des assignats, la Convention utilisa
l’emprunt forcé. Alors que les biens du Clergé avaient été estimés à 3 milliards de Livre en
1790, il circulait 45 milliards de Livre d’assignats en 1796…
En moins d’un siècle, la France subissait deux échecs spectaculaires et retentissants
d’émission de papier monnaie sous forme de billet de banque. Situation à comparer avec la
Grande-Bretagne où l’usage du billet s’est intensément développé au cours de XVIIIème
siècle et représentait déjà 50 % de la masse monétaire en 1800.
Quand Napoléon arrive au pouvoir, tout le système bancaire est à inventer.
Comment la France va parvenir en un siècle à développer son système bancaire et
favoriser par ce biais la révolution industrielle ?

I- Le renouveau de la banque avec Napoléon

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A- Les innovations de Napoléon et la stabilisation monétaire

Grâce à ses nombreuses victoires, Napoléon récolte les indemnités des pays vaincus
ramenant ainsi de l’argent à la France qui en manquait. Le 18 janvier 1800, avec les plus
puissants banquiers, il fonde la banque de France, sur le modèle de la banque d'Angleterre,
avec un capital de 30 millions de livres (30 millions de livres de fonds propres) chargée de
faire des opérations d’escompte et d’avances sur titres à l’aide des billets qu’elle est
autorisée à émettre.
Définition de l’escompte : https://www.l-expert-comptable.com/fiches-pratiques/qu-est-ce-que-l-
escompte.html
Selon ses statuts rédigés par Claude Perier, la Banque de France se présente
juridiquement sous la forme d'une société anonyme dont le capital est divisé en 30 000
actions nominatives de 1000 francs. Les actionnaires sont représentés par 15 régents et 3
censeurs. La réunion des 15 régents forme le conseil général qui élisait dans son sein un
comité central composé de trois membres dont le président était de droit président du
conseil général. Le comité central est chargé de la direction de l'ensemble des opérations de
la Banque. Le premier président fut Jean-Frédéric Perregaux. En 1806 apparaîtra le
« gouverneur de la Banque de France » qui en est le président. Le premier à porter ce titre
sera Emmanuel Crétet.
Fonds propres : Les fonds propres sont les capitaux dont dispose l'entreprise. Ils ont été soit apportés
par les actionnaires, soit acquis par l'activité économique.
Encaisse : Une encaisse correspond à la quantité de monnaie, sous forme de liquidité ou en espèce,
disponibles dans les caisses d'un particulier, d'une entreprise ou d'une banque.
En avril 1803, elle devient la seule banque sur Paris à pouvoir émettre des billets et
son capital est augmenté de 15 millions. Le billet de banque n'est cependant pas un
instrument de règlement très répandu puisque la moindre coupure est de 500 francs. Dans
les premières années du XIXème siècle, il n'est donc utilisé que pour les règlements
importants, l'or ou l'argent monnayé assurant les paiements courants. Il est à noter que le
billet était convertible en une quantité d'or spécifiée de métal et l'est resté pendant toutes
les guerres napoléoniennes (la banque d'Angleterre, avait, elle, suspendu la convertibilité).
Cette pratique a assuré le crédit du billet de la banque de France pour longtemps.
Le 27 mars 1803, par la loi dite du 7 germinal an XI, le Premier Consul fixe la valeur du
franc et lui donne une base stable : «5 grammes d'argent au titre de neuf dixièmes de fin»
(autrement dit, elle contient 4,5 grammes d'argent pur). Cette nouvelle unité s’appelle le
franc germinal qui repose donc sur l’or et l’argent : c’est un système bimétalliste. Le franc
germinal permet une stabilisation de la monnaie.

B- La vision de Napoléon et l’opposition de Mollien

1) Opposition quant à l’extension de la banque de France

La Banque de France agit plus en tant que « Banque de Paris » qu’en tant que
banque du pays tout entier. Son extension dans les provinces fut une question qui l’occupa,
elle et les experts, tout au long du siècle. Pourquoi vouloir étendre la Banque de France ?

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En 1810, Napoléon écrit à François Nicolas Mollien, son ministre du Trésor public, en plein
blocus continental, alors que les Français tentent d’empêcher les Britanniques de
commercer avec le continent et que les Britanniques ont coupé la France de l’Amérique du
nord et du sud. Il lui affirme dans sa lettre qu’il suffirait pour sortir le pays de la crise, où l’a
plongé le blocus, que des crédits moins coûteux puissent être obtenus en dehors de Paris.
Il veut que la Banque de France étende son système de comptoirs – bureaux subsidiaires qui
avaient déjà été établis sur son insistance, dans les centres commerciaux de Rouen et de
Lyon (1808) – aux villes industrielles comme Amiens, Saint Quentin, Lille, Valenciennes et
Cambrai. Il veut doubler le capital de la Banque afin de pouvoir offrir des demandes de crédit
alors que les régents de la Banque attendent que l’on vienne faire une demande. Ainsi
Napoléon laissaient derrière lui, lors de ses voyages dans le pays, un comptoir d’escompte
(bureau d’escompte) pour commémorer son passage. « La Banque se doit d'être présente
dans toute l'étendue de l'Empire ».
Toutefois Mollien s'emploie à modérer l'empereur et dans sa « note du Havre »,
insiste sur le fait que la confiance accordée par le public est le plus souvent locale. De plus la
création de succursales pose un autre problème. Le billet est à l’époque un substitut pour le
numéraire et que l’objectif le plus important de la banque est de maintenir la convertibilité
des billets en numéraire. L’existence de succursales locales de la Banque créerait des
difficultés puisque pour chaque billet de 1000 francs en circulation, il faudrait avoir 1000
francs en numéraire dans plusieurs endroits pour assurer la convertibilité sur demande.
Celles-ci devaient pouvoir se suffire à elle-même donc avoir des fonds propres, ce qu’elle ne
pouvait pas.
Ce conseil est suivi et, par la suite, un seul comptoir est créé, celui de Lille en 1810.
Dès la connaissance du décret du 8 septembre 1810 qui autorise la Banque « à exercer son
privilège dans les villes où elle a des comptoirs de la même manière qu'à Paris », une
véritable panique est déclenchée à Lyon, donnant raison à Mollien. Les déposants,
craignant que l’émission croissante de billet provoque l'inflation et la faillite monétaire,
comme cela avait été le cas avec les assignats. Ils retirent leurs fonds en compte et les
transactions ne sont plus conclues qu'avec une grande défiance.
La politique donc très prudente de Mollien restreint la diffusion des billets et fait
obstacle au développement d’autres banques d’émission.

2) Opposition quant à l’aide de la Banque au sujet du développement


économique

Mollien s’oppose à Napoléon sur une autre question. L’empereur veut que la Banque
de France agisse comme soutient au développement économique et industriel du pays en
proposant des offres de crédit vigoureuses à ceux qui pouvait en avoir besoin. Il promet des
prêts à des industriels en difficulté à cause du blocus continental et ordonne à Mollien
d’accorder une avance à trois entreprises d’Amsterdam qui risquent alors la banqueroute,
avance qui se montent respectivement à 1 200 000, à 600 000 et à 1 500 000 francs. Mollien
s’oppose énergiquement à toutes ces mesures, faisant valoir que la tâche est trop grande,
même pour le gouvernement de la France.

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C- La Haute Banque

La Haute Banque est un ensemble de grandes banques privées, animées par des
familles de financiers disposant de leurs capitaux propres et de relations politiques
privilégiées souvent constituées en sociétés, en nom collectif ou en commandite simple. Elle
est composée d’une vingtaine de maisons honorables de la capitale appartenant à de très
riches familles de banquiers. Certaines ont déjà pratiqué la profession avant 1789, comme
les Mallet (1713). D'autres y sont venues vers la fin de l'Empire, comme les Rothschild (1812)
et d'autres, comme les Mirabaud, s'y installent seulement sous la monarchie de Juillet.
Nicolas Stoskopf de l’Université de Haute-Alsace définit ainsi « Haute Banque » : « La haute
banque forme une élite qui se distingue par son honorabilité, son renom, sa solidité, sa
stabilité et donc par la valeur de sa signature qui inspire la plus grande confiance. Elle est
organisée sur une base familiale, sous la forme de sociétés, qui permettent une véritable
osmose entre la famille et l’entreprise : la structure familiale et l’identification personnelle
sont les conditions de la confiance. »
Cette aristocratie bancaire finance essentiellement sur ses fonds propres constitués
de leur fortune personnelle, des capitaux confiés par leurs parents ou leurs riches relations.
Ils sont spécialisés dans le placement des grands emprunts d’Etat et dans le grand négoce
international et pratique l’escompte d’effets importants. Mais c’est surtout une banque qui
s’apparenterait aujourd’hui aux banques d’affaires et financent sur fonds propres les
grands projets industriels : mines, métallurgies, aménagement de quartiers urbains et
surtout chemins de fer. La Haute Banque ne pratique pas les comptes de dépôts. Ses
particularités la conduisent à avoir une attitude extrêmement prudente dans la gestion de
ses investissements. Par conséquent son activité n’est pas appropriée aux financements des
petites entreprises et sa prudence légendaire en fait un ardent défenseur d’une politique
restrictive en matière de crédit et d’émission dont James de Rothschild, de loin le plus
puissant de tous, est le meneur.

II- L’âge héroïque des aventuriers de la banque : la défense des


entrepreneurs

A- Jacques Laffitte et la pensée saint-simonienne

1) La Caisse générale du commerce et de l’industrie

Jacques Laffitte (1767-1844) est le premier français à imaginer une solution pour que
les banques participent au développement économique du pays. Il appartient au
mouvement du saint-simonisme (inspirée par le comte de Saint-Simon : 1760-1825) qui
préconise une société fraternelle dont les membres les plus compétents (industriels,
scientifiques, artistes, intellectuels, ingénieurs…) ont pour tâche d'administrer la France le
plus économiquement possible, afin d'en faire un pays prospère, où règneraient l'esprit
d'entreprise, l'intérêt général, la liberté, l'égalité et la paix. C’est en finançant de grands
projets que l’on peut aider au développement d’un pays (sorte de Keynes du XIXème siècle).

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Le crédit bancaire doit donc aller dans deux directions. Il doit être à la fois moteur et frein,
stimulant et régulateur, impulsion et direction, excitation et coordination. Or la Banque de
France ne prête pas d’argent aux entreprises et la Haute Banque ne prêtant que sur ses
fonds propres y va à pas de loup. Il n’y a personne pour soutenir de grands projets comme
le chemin de fer. « Devant l’incohérence des institutions bancaires, on est en droit de se
demander avec Laffitte si ce n’est pas l’insuffisance du crédit qui retarde la France : avec une
circulation double de la Grande-Bretagne, elle atteint à peine la moitié de sa production, de
la consommation et du commerce extérieur de ce pays, alors que la France est plus vaste,
plus fertile, plus peuplée, et que les capitaux et les terres y sont plus équitablement
répartis. » écrit Lévy-Leboyer
Après avoir été directeur de la Banque de France (de 1814 à 1819) Jacques Laffitte
fonde, en 1837, la Caisse générale du commerce et de l’industrie, première banque
d’investissement française, sous la forme de société en commandite pour effectuer des
prêts à l’industrie y compris des prêts à long terme.
Société en commandite : Sa caractéristique principale est d'avoir deux catégories d'associés. Le
commanditaire fournit l'essentiel des fonds mais confie l'administration de la compagnie au
commandité, qui dispose de prérogatives accrues à raison des plus grands risques encourus.
La banque n’a pas l’autorisation d’émettre des billets de banque mais seulement
des obligations (=un prêt que l’on fait à l’Etat ou à des entreprises privées avec un intérêt) à
5, 15 et 30 jours.
Explication : C’est-à-dire qu’il lève des capitaux sous forme d’obligations (=les gens lui achètent des
obligations qu’il doit rembourser dans 5, 15 et 30 jours) et cet argent qu’il reçoit il l’investit dans les
entreprises. C’est-à-dire que ce sont des emprunts à court terme pour des financements à long terme .
La révolution de Laffitte est qu’il utilise non pas ses fonds propres pour investir
dans les chemins de fer, mais l’argent du commanditaire. Laffitte dispose donc de dix fois
plus d’argent que les membres de la « Haute Banque » pour investir.
Il prône la mobilisation du crédit comme levier de l’expansion des affaires et donc en
conséquence l’extension d’un système bancaire encore inachevé. La révolution bancaire de
Laffitte consiste à élargir la base du passif des banques, l’envergure de leurs ressources et
leurs moyens d’action et de prêt ; consciemment ou non Laffitte est l’un des premiers à
prôner la « transformation » des disponibilités en crédits à moyen terme. Voilà ce que disait
Rothschild au sujet de Laffitte, opposé au projet de la Caisse générale : « Laffitte a acquis sa
popularité par la facilité extrême avec laquelle il avançait de l’argent aux industries. D’autres
banquiers disent que son plus grand défaut est de s’intéresser à toutes ces entreprises au
lieu de se cantonner dans son rôle de simple prêteur et de se contenter d’obtenir des
garanties solides. »

2) La crise de 1847 et l’échec de la Caisse générale

Laffitte meurt en 1844. Les mauvaises récoltes des années 1844-1845 contraignent la
France à importer du blé de Russie. Outre l’élévation du coût de la vie pour les ouvriers qui
diminuent la demande globale, les importations diminuent l’encaisse or de la Banque de
France, ce qui la contraint à augmenter le taux d’intérêt de l’escompte. Tout ça accentue le
ralentissement économique et fragilise non seulement les entreprises mais aussi les
banques. Laffitte finançait ses investissements en émettant des obligations à court termes

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entre 3 et 4%. La Banque de France est contraint d’augmenter ses taux d’intérêt à 5% en
janvier 1847. Les investisseurs se détournent de la Caisse générale pour la Banque de
France. Enfin la spéculation effrénée sur les chemins de fer explose. Les bénéfices sont
moins importants que prévus parce que l’Etat réduit ses subventions à cause de la crise et
parce que l’escompte augmente. C’est toute l’architecture du financement des chemins de
fer qui est remise en cause. Les actionnaires vendent leurs titres en juillet 1847, les actions
ferroviaires ont perdu presque 75% de leur valeur.
La Caisse de Laffitte avait investi massivement dans les chemins de fer et est donc
emporté par la crise et avec elle ceux qui avaient prêté leur argent.

B- La Banque de France après 1848

La crise de 1848 et la révolution politique va changer radicalement le rôle de la


Banque de France. A l’époque elle est essentiellement une banque d’émission de la région
parisienne, qui dispose du monopole de l’émission dans la région parisienne. Sous
l’impulsion de Jacques Laffitte, premier ministre pendant une courte période de la
Monarchie de juillet, furent crées six banque d’émission régionales (Marseille, le Havre,
Toulon, Lille, Orléans, Lyon) sur le modèle de la Banque de France. L’idée de son auteur est
de couvrir le territoire de banque d’émission comme c’était le cas en Angleterre. La Banque
de France torpille ce projet et empêche ce type de banques de s’étendre sur le territoire
français. De surcroît, elle empêche les banques régionales d’émettre des billets inférieurs à
250 francs or (ce qui était une fortune à l’époque). Le billet de banque n’a donc aucun
usage pour la vie quotidienne, il est réservé uniquement au paiement de très fortes
sommes.
Pour Emile Pereire, il ne doit pas y avoir un seul endroit sans une banque à moins
de trente lieus (=120km). Il faut que la Banque de France triple sa circulation de billet, mette
son crédit à la portée de tous sur l’ensemble du territoire et amène le capital inemployé de
Paris vers les provinces. En d’autres mots, il veut détruire le monopole d’émission de billets
de la Banque de France.
La crise de 1848, va entrainer la faillite des six banques régionales car la Banque de
France leur refuse l’escompte du prêteur en dernier ressort. De fait, elle détient le monopole
affirmé par le gouvernement révolutionnaire qui étend son monopole d’émission sur
l’ensemble de la métropole. Le décret du 15 mars 1848 instaure le court légal et le court
forcé des billets de la Banque de France et contraint la banque à émettre des billets de 100
francs. Mais cela pris fin dès que la situation économique du pays fut rétablie.
Court légal : pouvoir libératoire illimité, le billet ne peut être refusé.
Court forcé : le porteur du billet ne peut plus exiger la convertibilité en or ou en argent.
Avant la Révolution de 1848, 3% des paiements sont effectués en or, 90% en argent
et 7% en billet de banque. En 1856, donc après la découverte des mines d’or de Californie et
d’Australie, 50% des paiements s’effectue en or, 30% en argent et 20% en billet de banque.
Ces statistiques dévoilent d’une part le développement prudent du billet de banque alors
qu’à la même époque l’Angleterre passe du billet de banque au chèque et d’autre part on
entre dans l’ère de l’étalon or.

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C- Une autre tentative saint-simonienne : les frères Pereire

La Banque de France a toujours développé une politique restrictive : son objectif est
de maintenir la valeur de la monnaie et non pas de financer l’industrie, idée de Laffitte que
vont reprendre à leur compte les frères Pereire.
Louis Napoléon Bonaparte souhaite voir fleurir l’industrie française qui n’a toujours
pas connu sa révolution. Les ambitions de l’empereur sont grandes. Mais pour les réaliser il
lui faut de l’argent. Il s’intéresse aux idées saint-simoniennes que partagent les frères Emile
et Isaac Pereire qui lui présentent leur idée de la nécessité d’un plus grand nombre de
banques et d’un accroissement des prêts bancaires à l’industrie. Il démontre que l’argent
pour prospérer doit « couler », s’infiltrer partout, être « le ferment de toute végétation
sociale ». En utilisant l’argent de leurs actionnaires ils rendent l’argent qui était terré sous
les lits des particuliers productif car il permet de financer des projets, des entreprises…
L’argent circule.
En novembre 1852, le Crédit Mobilier qui sera l’un des moteurs de l’essor industriel
est institué avec le droit d’émettre à l’intention du public des obligations portant intérêt .
Une première série de 40 000 actions est alors souscrite, le total fut ensuite porté à 120 000,
soit 60 millions de francs pour un prix à l'action fixé à 500 francs. Leur banque repose donc
sur l’obligation des actionnaires qui paient leur part de la banque et sont remboursés avec
un intérêt. Les Pereire recommence ce qu’avait fait Laffitte mais en plus grand.
Cette banque finance de nombreux industriels avec des prêts à long terme. Ils sont
partout : du financement des travaux de chemins de fer, à la reconstruction de Paris
orchestrée par Haussmann avec qui ils s’engagent totalement, au financement de
l’Exposition universelle de 1855, dans les ports, la distribution d’eau, les usines à gaz et
dans l’immobilier… Avec eux sont fondés le Crédit foncier et le Crédit agricole qui sont des
sociétés de crédit hypothécaire qui pratiquaient le prêt à moyen terme sur garantie
hypothécaire à intérêt raisonnable.
Le crédit hypothécaire est une innovation française à l'origine créée pour aider les agriculteurs à
trouver des financements sans devoir passer par les usuriers ou les notaires.
Ce sont des succès partout où ils vont et prêtent. Ils distribuent tant d'argent que
Paris est sur le point de détrôner Londres comme pourvoyeur de capitaux pour l'Europe
entière. La croissance économique de la France est alors inédite. L'expérience attire :
d'autres banques naissent sur ce modèle, comme la Société Générale ou le Crédit Lyonnais.
Les Rothschild, leurs grands rivaux, disposés à les imiter pour ne pas perdre les
secteurs importants de l’économie, investissent à l’étranger en fondant des banques, en
construisant des chemins de fer, et en participant à la mise en place de services publics en
concurrence avec leurs rivaux en Autriche, en Allemagne et en Espagne.
Cependant les frères Pereire ont tant prêté, dans tous les milieux possibles, qu’ils
retardent à rembourser leurs actionnaires à qui ils ont empruntés. Alors qu’ils souhaitent
multiplier leurs émissions d’obligations, la Banque de France, alors dirigée par les Rothschild,
le leur refuse. Ils immobilisent donc trop leurs fonds dans des prêts à la Compagnie
immobilière, une filiale qui s'est imprudemment engagée à Paris et à Marseille qu’ils doivent
abandonner en 1863. En 1866-1867 le Crédit Mobilier est secoué par une dure crise et les

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Pereire sont forcés de démissionner à la demande de la Banque de France, qui leur est très
hostile, et cette grande entreprise décline.
L’attitude de la Banque de France, refusant de soutenir les Pereire, due certainement
par l’inimitié entre Pereire et Rothschild, signifie que le rôle de la Banque de France n’est pas
encore bien défini : on n’a pas encore conscience qu’elle est présente pour soutenir les
banques qui, lorsqu’elles s’écroulent, font tomber avec elle aussi bien les banquiers que les
créanciers. Tous ces problèmes et ces révolutions vont provoquer une reformation du
système des banques à la fin du siècle.

III- La banque à la fin du siècle : la construction du système bancaire


moderne

Les aventures financières de Lafitte et de Pereire ont le grand mérite de pousser la Haute
Banque « à bouger » en mettant en évidence de nouvelles sources de profitabilité et celle-ci
étend ses activités en direction des entreprises de chemin de fer. En effet, le succès des
premiers emprunts des compagnies de chemin de fer montre bien l'intérêt des classes
moyennes (commerçants, rentiers) pour ces placements. La question qui se pose alors est :
comment faire sortir les capitaux de leur cachette pour placer les emprunts obligataires qui
rapportent aux banquiers de substantielles commissions ?

A- La récurrence des crises

1) L’apparition de nouvelles banques

C'est la loi de 1863 sur les sociétés anonymes qui va permettre de créer des
établissements bancaires capables de drainer l'épargne des classes moyennes. En 1863, la
création d'une société anonyme n'est plus soumise à autorisation gouvernementale si le
capital est supérieur à 20 millions de Francs (en 1867 cette restriction disparaît).
Dans la foulée vont se créer des grandes banques par actions dont certaines
subsistent toujours : en 1863 Le Crédit Lyonnais d’Henri Germain, (en 1864) la Société
Générale, (en 1869) la Banque de Paris (qui fusionnera en 1872 avec la Banque des Pays
Bas), en 1878 L'Union Générale, (en 1890) Le Crédit Commercial de France. La plupart de
ces banques brassent à la fois du court et du long terme à l'image du Crédit Lyonnais
d’Henri Germain qui, au départ banque locale, s'étend très vite vers Paris, ses implantations
suivant celles du chemin de fer, de la Banque de France et de sa rivale la Société Générale.
A leurs débuts, ces établissements de crédit ont utilisé hardiment les fonds qu'ils
centralisent, sous forme de dépôts généralement à vue, dans des spéculations risquées,
dans des prêts à long terme pour le financement de véritables investissements industriels.
Ils se sont comportés comme de véritables « banques à tout faire ». Mais cette politique
industrielle s'est avérée dangereuse, et ces banques ont été mises en péril par de massifs
retraits de dépôts lors de la guerre de 1870 et des graves crises qui éclatent pendant la
«Grande Dépression» (1873-1896), notamment en 1882 et 1889.

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2) Naissance de la monnaie scripturale

L’histoire de l’économie du XIXème siècle est jalonnée de crises qui a pour origine
un excès de crédit comme le dit Clément Juglar. Malgré le monopole de la Banque de France
dans l’émission de monnaie fiduciaire (billet de banque) et par conséquent d’un contrôle
strict de la masse monétaire, les banques ont organisé la création de leur propre monnaie :
la monnaie scripturale.
En effet, si les banquiers son réduits à prêter aux emprunteurs uniquement la
monnaie métallique et les billets de banque des déposants, les besoins de crédit des
industriels et des commerçants n’auraient jamais pu être satisfaits. Les banques
contournèrent cette difficulté en accordant des prêts à leurs clients par simples
inscriptions de crédit à leur nom sur leur livre de compte. Par ce biais elles émettent «  le
droit de tirer des chèques sur elle ».
Ancien gardien de dépôts et exécuteur de paiement, le métier de banquier s’est
subrepticement transformé en industrie de reproduction monétaire.
Ces mécanismes de reproduction monétaire permettent aux banques de second rang
de se comporter comme des instituts d’émission monétaire privés sur un même territoire au
fur et à mesure que s’étend sur la France entière le réseau bancaire.
Sans le puissant levier du crédit bancaire, la spéculation est impossible et les crises
inexistantes.

3) Exemple de la faillite de l’Union générale

La banque de l’Union générale va connaître une expansion foudroyante sous la


présidence de Paul Eugène Bontoux, ancien chef de service de la Banque des Rothschild.
Avec un capital central de 25 millions de francs qui sera porté rapidement à 50 millions.
Dans ses activités, l'Union participe à des établissements financiers et industriels, des
engagements à long terme envers les entreprises et une activité boursière. Elle investit
beaucoup dans les chemins de fer.
Mais le vent tourne en 1882. Alors que la rumeur laisse entendre que l'Union
Générale avait obtenu l'agrément de la part de l'Empire Austro-Hongrois pour le Crédit
Maritime de Trieste, l'Empire refuse cet agrément. Le cours dévisse rapidement. Les
acheteurs à découvert vendent rapidement pour éviter la trop forte perte. Le 19 janvier, le
krach est confirmé par un effondrement du titre : le cours du titre de l’Union générale passe
de 1 250 francs en mars 1881 à un pic de 3 040 francs le 14 décembre 1881 et Le 19 janvier
1882, le cours tombe à 1 300 francs. Les courtiers auraient eu besoin ce jour-là de 18
millions de francs puisque les spéculateurs ne peuvent fournir les liquidités nécessaires pour
satisfaire les demandes et il leur manque 33 millions de francs lors de la liquidation de
l’action le 31 janvier 1882. Le 2 février 1882, l'Union Générale fait officiellement faillite,
quatre ans seulement après sa création.

B- La tentative de régulation du système bancaire

1) La doctrine germain et la spécialisation des banques

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La faillite de l’Union Générale est l’occasion d’une prise de conscience par les
banquiers des failles du système bancaire français. Il est impossible de laisser le système de
financement de l’économie sombrer tous les 10 ans et emporter, dans sa ruine, entreprises
et épargnants. Une régulation s’impose. L’initiative en émane d’Henri Germain. Organisé
sur la collecte systématique de l’épargne du grand public, le Crédit Lyonnais l’investit ensuite
dans l’industrie et les marchés financiers. En quelques années, il devient la première banque
Française avec un capital de plus de 200 millions de Francs.
Dans sa doctrine, Henri Germain préconise la séparation du système bancaire en
banques de dépôts et en banques d’investissements ou d’affaires. En effet, les banques de
dépôts sont dépositaire d’une épargne à court terme alors que les banques d’affaires
investissent à moyen ou long terme. La confusion des activités peut entrainer un risque
majeur de liquidité.
Ainsi le paysage bancaire français est totalement recomposé à la fin du XIXème
siècle avec d’un côté le Crédit Lyonnais, la Société Générale, le Crédit Industriel et
Commercial qui deviennent des banques de dépôts et de l’autre côté, avec la Banque de
Paris et des Pays-Bas, la Banque d’Indochine, la Banque de l’Union Parisienne, les banques
d’affaires qui se spécialisent dans les investissements à long terme renouant d’une certaine
manière avec la Haute Banque du début du siècle.
Les adversaires de la doctrine Germain avancent que la spécialisation bancaire a des
effets néfastes sur la croissance économique. Selon eux, elle contribue à rationner le crédit
aux entreprises, ce qui peut peser sur la croissance.
Il est indéniable, cependant, que la séparation en banques de dépôts et en banques
d’affaires a stabilisé le système bancaire jusqu’à l’été 1914.

2) Elargissement du rôle de la Banque de France

A sa création, la Banque de France avait essentiellement un rôle d’escompte et


d’émission de billet sur la région parisienne, rôle qui s’étendra à l’ensemble de la Métropole
lors de la Révolution de 1848. Elle acquière en même temps le monopole de l’émission. De
fait, elle bat monnaie et elle la seule à pouvoir d’émettre la monnaie fiduciaire.
La crise de 1848 lui octroie le pouvoir d’imposer le cours légal de la monnaie puis le
cours forcé. Grâce à ce pouvoir, la Banque de France évite la panique du public et la ruée
devant les guichets de banques pour réclamer la conversion des billets et monnaies
métalliques aussi bien en 1848 qu’en 1870 après l’effondrement du troisième l’Empire face
à l’Allemagne. Le cours forcé n’est aboli qu’en janvier 1878.
Cependant, elle n’assume son rôle de prêteur en dernier ressort que de manière
discrète ou sous conditions : ainsi, pour sauver le Crédit Mobilier de la faillite en 1867, elle
exige le départ des frères Pereire. En 1882, elle n’intervient pas pour sauver l’Union
Générale. Mais en 1889, elle sauve le Comptoir d’Escompte.
Petit à petit, elle prend conscience de son rôle de garant de la pérennité du système
bancaire en tant que Banque des banques. En assurant le réescompte des banques en
difficultés, elle consolide l’architecture financière du pays. Sans être officiellement une
banque centrale, elle en exerce les attributions à la fin du siècle.

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C- La banque à la fin du siècle  : expansion au milieu d’une économie


en stagnation

1) L’étalon or

Il est faux de penser que le XIXème siècle fut dominé par l’Etalon-Or. Napoléon
Bonaparte avait imposé le bimétallisme 0r/Argent avec un rapport fixe de 1 (gramme d’or)
pour 15,5 (d’argent). Il ne s’est imposé en France et au niveau international qu’après la
défaite de 1870. Avant celle-ci, le monde se divisait en deux zones, l’une, dominée par
l’Angleterre où régnait l’Etalon-Or, l’autre, dominée par l’Allemagne en formation où régnait
l’Etalon-Argent. Au centre de ce système, la France qui jouait habillement des deux métaux,
et au centre de la France, la banque Rothschild qui avait la haute main sur le négoce des
métaux précieux.
L’Angleterre avait fait le choix de l’or en 1844, l’Allemagne de Bismarck passa au
monométallisme au lendemain de sa victoire contre la France et après le paiement de
l’indemnité de guerre par la France de 5 milliards de francs qu’elle régla rapidement, ce qui
démontre l’abondance de l’épargne dans le pays. La démonétisation de l’argent entraina
l’effondrement du cours de l’argent et contraignit la France qui ne pouvait maintenir la
parité légale entre les deux métaux à adopter l’Etalon-Or en 1873.
Si l’Etalon-Or permettait d’unifier les échanges sur le marché international, il eut
des conséquences désastreuses pour les économies nationales. Pendant plus de vingt ans,
la France connut une longue dépression qui débuta à Vienne avec l’effondrement de la
Bourse, puis du secteur bancaire et se propagea au monde n’épargnant aucun secteur
économique. La disparition de l’Argent eut comme conséquence la contraction de la base
monétaire et donc du crédit qui en émane. Comme l’affirme John Locke, « si la monnaie
vient à manquer, la demande effective se contracte et le commerce diminue ».

2) L’expansion du réseau bancaire

Face à une Banque de France pratiquant une politique d’émission très prudente et
ceci dans une conjoncture économique déflationniste, les banques comme le Crédit
lyonnais, la Société générale et le Crédit industriel et commercial décident de drainer
l'épargne nationale particulièrement abondante mais qui reste thésaurisée donc stérile
pour le développement économique. A l’imitation des grandes banques anglaises, ils
partent à la chasse aux dépôts.
Pour conquérir le fameux « bas de laine » des Français, ils se constituent de véritables
réseaux d'agences, utilisent les services des démarcheurs, et font appel à la réclame pour
faire valoir les gros intérêts et les multiples services qu'ils offrent à leurs déposants (service
des titres, octroi de carnets de chèques, etc.). A la veille de la guerre, le Crédit lyonnais, qui
est la première banque française, a plus de 600 000 titulaires de comptes.
Malgré le retard sur leurs homologues anglaises, les banques françaises effectuent
les trois quarts de leurs opérations par chèques en 1914. Ces banques ont élargi leur
réseau d'agences et de succursales dans tout le pays. La Société Générale en compte plus
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de 1 000 en 1914, le Crédit Lyonnais 411. Il est devenu avec 2250 millions de Francs, soit 10
fois plus qu’en 1875, la première banque d’Europe à égalité avec les plus grandes de la City.
La monnaie fiduciaire et comme la monnaie scripturale (l'usage du chèque)
connaissent en France un développement beaucoup moins important et beaucoup plus lent
qu'en Grande Bretagne comme l'atteste les chiffres ci-contre :

Masse monétaire française (en %) Masse


  1803 1845 1870 1910
Espèces 95% 82% 68% 33%
Billets  5% 8% 18% 23%
Dépôts   10% 14% 44%
monétaire anglaise et galloise en %
  1800 1844 1885
Espèces 40% 25% 18%
Billets 50% 20% 5%
Dépôts 10% 55% 77%

3) L’investissement à l’étranger

L’argent ainsi collecté auprès des particuliers par les grandes banques de dépôts va
trouver à s’investir sur les marchés étrangers qui offrent une rentabilité plus importante
que notre marché national. D'une façon générale, les valeurs étrangères rapportent
davantage : 4,75% en Bourse contre 3,4% pour les valeurs françaises à la veille de la guerre.
La baisse de la rente d’Etat à 3 % va pousser les épargnants à exporter leur épargne vers de
nouveaux horizons plus profitables.
Les grandes banques comme le Crédit Lyonnais et la Société Générale dominent le
marché Français grâce à leurs nombreuses succursales répandues dans le pays et bourrent
d’emprunts russes les portefeuilles de leurs déposants. Ainsi, en 1914, les investissements
extérieurs représentent 45% du total des investissements, soit 45 milliards de francs; 27
milliards sont placés en Europe, dont 12 en Russie (1,6 millions de souscripteurs français),
puis en Espagne, au Portugal et dans l’Empire Ottoman. La France est le créancier du
monde.
Des critiques pourtant s'élèvent. Ces grandes banques de dépôts, qui placent dans
leur clientèle beaucoup de titres étrangers comme les « emprunts russes », sont l'objet
d'une violente campagne, qui culmine à la veille de la Première Guerre Mondiale. On accuse
cette « oligarchie financière » de détourner ainsi l'épargne nationale vers l'étranger aux
dépens de l'équipement du pays mais aussi de prendre beaucoup de risque avec leurs clients
en investissant dans des pays ayant un droit encore mal établi et donc dans une grande
insécurité juridique.

Conclusion :

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En 1815, la France sort de plus de 25 ans de troubles et de convulsions politiques qui


lui ont fait rater la première révolution industrielle. Elle est pourtant le pays le plus peuplé et
le plus riche d’Europe et sans ces deux atouts l’épopée Napoléonienne n’aurait pas eu
d’existence. Dans sa correspondance avec François Mollien, Napoléon avait l’intuition qu’il
manquait à la France une véritable banque centrale et un véritable réseau de banques qui
puisse mailler l’ensemble du territoire national et même impérial. C’était à bien y regarder la
condition sine qua non pour la France de rattraper son retard vis-à-vis de l’Angleterre. Toute
l’histoire financière du XIXème siècle va tenter de mettre en place la Banque d’émission et le
réseau bancaire qui manquent à la France. Les banquiers et les grands commis de l’Etat à
l’image de Jacques Laffitte construisent patiemment le moyen pour industrialiser le pays.
Des aventuriers de l’entreprise comme les frères Pereire vont faire du « Crédit » le levier de
la modernisation du pays. Non sans mal, les crises se succèdent avec une régularité qui fait
comprendre qu’elles sont inhérentes au capitalisme ce qui contraint la Banque de France à
assumer sa responsabilité de « Prêteur en dernier ressort ». La crainte que suscitait la
banque au début du siècle s’est peu à peu dissipée. L’épargne qui dormait jusqu’alors chez
les Français quitte son lit pour irriguer l’économie du pays que drainent les réseaux
bancaires. Elle est tellement abondante qu’elle déborde du pays et va s’investir à l’étranger.
La France paysanne est riche et ouverte. L’Allemagne voisine est industrielle et
fermée au commerce mondial. En 1914, l’Allemagne entrée après la France dans la
modernité est la première puissance industrielle européenne.

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