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Aspects chirurgicaux
de la transplantation rénale
chez l’homme
G. Karam, J. Branchereau, F. Luyckx, X. Tillou
La technique de transplantation rénale n’a pas subi de changement majeur depuis la description de Kuss
dans les années 1950. Elle s’est en revanche élargie à des patients ayant des anomalies urologiques ou
ayant besoin d’une transplantation d’un autre organe, comme le pancréas. Des adaptations techniques
sont devenues nécessaires. Dans cet article, nous décrivons la technique dite « de base », puis toutes les
variantes en fonction du receveur et de ses antécédents chirurgicaux et en fonction du transplant et de ses
anomalies. À une époque où les transplants sont rares et précieux, il est impératif de connaître toutes les
possibilités chirurgicales afin d’optimiser l’utilisation des transplants et d’éviter leur perte.
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Mots clés : Transplantation ; Transplantations combinées ; Anomalies du bas appareil urinaire ; Dérivation
Plan qualité de vie supérieure à celle obtenue avec la dialyse quel que
soit son type. Les premières transplantations rénales ont été
¶ Introduction 1 réalisées chez le chien au début du XX e siècle [1] suite aux
travaux d’Alexis Carrel et d’André Jaboulay à Lyon sur les
¶ Préparation du patient 1
sutures vasculaires. La première transplantation rénale chez
¶ Préparation du transplant 2 l’homme a été réalisée par Voronoy en 1936 au niveau de la
¶ Technique de transplantation en fosse iliaque 3 face interne de la cuisse utilisant les vaisseaux fémoraux et une
Installation et abord 3 dérivation urétérocutanée. Mais c’est René Kuss qui est consi-
Temps vasculaire 3 déré comme « le père » de la technique actuelle de transplanta-
Temps urinaire 4 tion puisqu’il a été le premier à utiliser la voie iliaque
Postopératoire 4
extrapéritonéale au début des années 1950. Cette technique a
¶ Transplantation pédiatrique 5 été améliorée au fil du temps, ce qui a permis, en association
¶ Transplantations itératives 5 avec l’amélioration des traitements immunosuppresseurs – on
¶ Transplantations multiorganes 6 est bien loin des corticoïdes à fortes doses et de l’irradiation des
receveurs – de diminuer les complications vasculaires et urinai-
¶ Transplantation et problèmes artériels 6
Sur le transplant 6 res et, par conséquent, de diminuer la morbidité et la mortalité
Chez le receveur 8 des receveurs. La chirurgie « de base » de la transplantation est
bien codifiée et adaptée à la plupart des receveurs, mais cette
¶ Transplantation et problèmes veineux 8
technique doit toujours tenir compte à la fois du patient et de
Sur le transplant 8
Chez le receveur 8 ses particularités chirurgicales et du transplant et de ses
variations anatomiques. Nous allons donc décrire la technique
¶ Transplantation et problèmes d’uretère 8
« de base » utilisée en première intention puis les différentes
Uretère sectionné ou mal vascularisé 8
variations en fonction du transplant et du receveur.
Uretère double 8
Hydronéphrose 8
¶ Doubles transplantations 9
¶ Transplantations orthotopiques 9 ■ Préparation du patient
¶ Transplantations et anomalies du bas appareil urinaire 9
Vessie défonctionnalisée 10 La préparation du patient est une étape clé. Elle a pour but
Entérocystoplasties d’agrandissement 10 de rechercher les contre-indications définitives ou temporaires
Urétéro-iléostomie type Bricker 10
comme les infections actives virales ou bactériennes et les
¶ Cas rares 11 antécédents néoplasiques qui nécessitent un traitement avant la
transplantation. Elle permet, en outre, de préciser les éventuelles
particularités urologiques : absence d’uretère d’un côté, trans-
■ Introduction plantation antérieure, dérivation urinaire.
Les facteurs de morbidité sont répertoriés et traités au mieux
La transplantation rénale est actuellement le meilleur traite- avant la transplantation : coronaropathie, diabète, obésité,
ment de l’insuffisance rénale chronique offrant aux patients une troubles de la coagulation (anticorps antiphospholipides, facteur
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41-104-A ¶ Aspects chirurgicaux de la transplantation rénale chez l’homme
■ Préparation du transplant
Figure 2. Veine rénale droite allongée par un patch cave.
La première étape de la préparation est le prélèvement lui-
même. On ne répétera pas assez qu’il est primordial de prélever
le rein dans le plan de la néphrectomie simple ou de retirer la
graisse périrénale ex vivo et cela, avant de mettre le rein dans
le récipient de conservation. Cela permet, d’une part, de ne pas
méconnaître une lésion tumorale et, d’autre part, de fournir à
l’équipe de transplantation un schéma anatomique le plus
proche de la réalité. Quelques règles simples permettent
d’obtenir un transplant de bonne qualité, quand elles sont
respectées : dégraisser le rein sauf dans le hile, ne pas le
décapsuler, ne pas tirer sur les vaisseaux pour éviter une
dissection de l’intima, laisser la veine cave inférieure (VCI)
entière à droite, laisser un uretère long et bien entouré de sa
graisse surtout au niveau du pôle inférieur du rein et enfin ne
pas hésiter à avertir directement l’équipe de transplantation de
tout incident. Toutes ces règles permettent d’éviter une anes- Figure 3. Dissection minime de l’intima située juste au niveau de
l’ostium.
thésie générale inutile chez le receveur.
Le transplant rénal doit en principe être vérifié juste avant
l’induction anesthésique, mais il faut aussi éviter de le préparer
plusieurs heures avant la transplantation. Le transplant est posé,
face antérieure en avant, sur des compresses dans une cupule
contenant de la glace pilée stérile et du liquide de conservation.
Le parenchyme rénal est vérifié pour ne pas méconnaître une
éventuelle lésion tumorale (Fig. 1). La veine rénale droite est
allongée par le patch cave qui doit systématiquement l’accom-
pagner (Fig. 2). Toutes les collatérales veineuses, surtout à
gauche, doivent être recherchées (veine surrénalienne moyenne,
veine génitale, système azygolombaire) et liées au fil non
résorbable monobrin. On vérifie ensuite la qualité du patch
artériel s’il est présent et on n’hésite pas à le supprimer s’il est
athéromatheux ou s’il y a une ébauche de dissection au niveau
de l’ostium de l’artère rénale (Fig. 3). On recherche une
éventuelle dissection de l’intima qui parfois peut être minime
(Fig. 4). La dissection de l’artère et de la veine du transplant ne
doit pas être intrahilaire pour éviter de léser des collatérales
artérielles. Tous les tissus sectionnés doivent être préalablement Figure 4. Petite « tache » noire signant l’existence d’une dissection de
liés au fil fin, 5/0 par exemple, pour diminuer le risque de l’intima avec présence d’un caillot.
lymphorrhée.
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Aspects chirurgicaux de la transplantation rénale chez l’homme ¶ 41-104-A
■ Technique de transplantation
en fosse iliaque
Pour certains, la première transplantation est toujours réalisée
en fosse iliaque droite. En fait, tout dépend des habitudes de
chaque équipe et il n’y a aucun argument scientifique pour
transplanter le rein droit à droite ou l’inverse ou d’utiliser
systématiquement la fosse iliaque droite que le transplant soit
droit ou gauche.
Installation et abord
Le receveur est en décubitus dorsal, les bras en croix. Une
sonde de Foley est mise en place, permettant de vider la vessie
puis de la remplir avec presque 200 ml de sérum physiologique
mélangé ou non à une solution antiseptique. Un tube supplé- Figure 6. Exposition des vaisseaux iliaques après refoulement du
péritoine.
mentaire stérile est interposé entre la sonde de Foley et le sac
urinaire, rendant facile le déclampage de la sonde par l’infir-
mière au moment du temps urinaire. Le remplissage de la vessie
peut se faire aussi bien avant la mise en place des champs
opératoires qu’à la fin des sutures vasculaires selon les habitudes
en haut et en dedans pour créer un espace suffisant pour le
de chacun surtout si le patient est anurique depuis longtemps.
transplant. Il faut éviter, lors de ce temps opératoire, d’être trop
La désinfection cutanée est réalisée le plus souvent par une
près du muscle psoas afin de ne pas léser le nerf fémorocutané.
solution antiseptique iodée sauf en cas d’allergie connue à
Le champ opératoire est exposé par un ou deux écarteurs
l’iode. Il faut aussi tenir compte des allergies éventuelles au
latex, de plus en plus fréquentes, et plus rarement à l’oxyde adaptés à la morphologie du receveur. On commence par la
d’éthylène. dissection de la veine iliaque externe sur sa face antérieure le
L’incision est iliaque arciforme allant du pubis jusqu’à l’épine plus près possible de l’artère iliaque. Elle doit être totalement
iliaque antérosupérieure et en restant à presque deux travers de mobilisée en sectionnant les tissus qui l’entourent après ligature
doigt en dedans (Fig. 5). L’hémostase est faite minutieusement par du fil ou de préférence par clips pour éviter les écoulements
avant d’ouvrir l’aponévrose du muscle grand oblique. On repère lymphatiques. Toute collatérale postérieure est liée et section-
ensuite le bord externe du muscle grand droit le long duquel on née, ce qui permet de mobiliser la veine iliaque et de la
incise l’aponévrose, évitant toute section musculaire, source de « superficialiser » pour éviter plus tard une traction excessive sur
saignement et de réparation fragile. la veine du transplant, source de thrombose. L’artère iliaque
Les vaisseaux épigastriques sont repérés et sectionnés entre externe est, en revanche, libérée a minima pour le clampage
deux ligatures. En suivant leur extrémité proximale, on repère proximal et distal. Seule la zone de l’anastomose artérielle est
facilement la face antérieure de la veine iliaque externe. Le complètement débarrassée des tissus qui l’entourent (Fig. 6) et
péritoine est ensuite refoulé en dedans et en haut, permettant cela n’entrave pas l’exposition de la veine iliaque. À la fin de ce
de libérer chez l’homme le cordon spermatique qui est disséqué temps, le choix des sites d’implantation veineuse et artérielle est
et refoulé en dedans. Chez la femme, le ligament rond est déjà fait en fonction de la longueur de chaque vaisseau et cela,
sectionné entre deux ligatures. On finit par refouler le péritoine afin d’éviter traction et/ou coude.
Une fois cette préparation terminée, le transplant est emmené
dans le champ opératoire. Un prélèvement du liquide de
conservation à visée bactériologique et parasitologique est
réalisé.
Temps vasculaire
On commence par l’anastomose veineuse en utilisant de
préférence deux clamps coudés pour le clampage veineux.
Certains utilisent un seul clamp type Satinsky, mais celui-ci offre
moins de souplesse au moment du déclampage, car il libère au
même moment les deux côtés de l’anastomose. La phlébotomie
est longitudinale sur la face antérieure de la veine. Sa longueur
est adaptée au diamètre de la veine rénale. Il faut à tout prix
éviter une phlébotomie courte donnant un aspect en « sablier »
inesthétique, voire dangereux, car le risque de thrombose est
augmenté. L’anastomose est réalisée en terminolatérale par
surjet monobrin non résorbable de 6/0 ou 5/0 selon les habitu-
Figure 5. Incision iliaque arciforme partant du pubis jusqu’à deux des après passage d’un fil doublement serti à chaque extrémité
travers de doigt en dedans de l’épine iliaque antérosupérieure.
de la phlébotomie. Les surjets peuvent être réalisés de l’extérieur
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Temps urinaire
La continuité urinaire est rétablie selon la technique extravé-
sicale de Lich-Gregoir. La face antérolatérale de la vessie est
Figure 8. Artériotomie réalisée avec un perforateur artériel de 4,8 mm exposée. Il est préférable de réaliser l’implantation urétérale le
(en cartouche). plus postérolatéral possible et non sur la face antérieure qui est,
certes, plus facile à exposer, mais qui pose davantage de
problèmes de coude de l’uretère à vessie pleine et de cathétéri-
sation endoscopique quand c’est nécessaire. Le détrusor est
exposé soit par un point de traction à l’extrémité distale de
l’incision, soit par deux points de part et d’autre de l’incision.
Il est ensuite ouvert sur 4 à 5 cm et la muqueuse est largement
exposée latéralement. Cela permet un enfouissement sans
compression et un trajet antireflux efficace. L’uretère est
sectionné de sorte à avoir un trajet direct sans tension, mais
sans redondance non plus. Son pédicule est lié et sectionné au
même niveau que la section urétérale. L’extrémité de l’uretère
est incisée longitudinalement sur presque 2 cm et suturée à la
muqueuse vésicale au fil monobrin résorbable 6/0, voire 5/0. Les
deux derniers points prennent la paroi vésicale en totalité, ce
qui permet un ancrage de l’uretère du transplant et un maintien
de la longueur du trajet antireflux. La fermeture du détrusor se
Figure 9. Anastomose artérielle réalisée d’une façon suspendue au fait aussi au fil résorbable 3/0 par des points séparés sans
début. tension et en vérifiant que l’uretère est resté bien libre dans son
trajet antireflux. Le drainage par une sonde double J est
.3 systématique pour certains [2] . Pour nous, il est électif en
fonction des difficultés techniques, de l’état de l’uretère du
en basculant le transplant d’un côté puis de l’autre (Fig. 7).
transplant et de la qualité de la vessie du receveur.
Cette anastomose peut néanmoins être faite sans mobiliser le
L’artère et la veine du transplant sont encore une fois
transplant, le surjet du côté opposé à l’opérateur étant réalisé
par voie endoluminale. Une fois la suture terminée, un clamp vérifiées ainsi que la coloration et la consistance du transplant.
type « bulldog » est mis sur la veine du transplant. L’anasto- Le site opératoire est lavé au sérum physiologique chaud. Un,
mose est remplie par du sérum physiologique hépariné voire deux drains aspiratifs sont laissés en place, mais, là aussi,
(5 000 UI/l), ce qui permet d’en chasser l’air et d’en tester il n’y a pas de dogme et, dans certains cas, le drainage n’est pas
.1 l’étanchéité. Le clamp proximal est enlevé en premier, ce qui du tout indispensable.
évite l’hyperpression veineuse lors du retrait du clamp distal et L’incision musculaire est refermée en deux plans après une
du rétablissement du retour veineux. dernière vérification de l’hémostase et de la position des
L’artériotomie est ensuite réalisée à la lame pointue sur la face vaisseaux du transplant.
antérieure. Elle est décalée en amont ou en aval de l’anastomose
veineuse et cela en fonction de la longueur de l’artère par
rapport à la veine. En l’absence de patch aortique, nous avons Postopératoire
l’habitude de réaliser une artériotomie à l’emporte-pièce en
utilisant un perforateur artériel de 4,8 mm, ce qui facilite Nous réalisons systématiquement une échographie et un
l’anastomose et diminue le risque de sténose (Fig. 8). L’anasto- Doppler à j1 ou j2. Ces deux examens servent de contrôle de
mose est réalisée avec un surjet suspendu de monobrin non l’état vasculaire et de la voie excrétrice du transplant. Les drains
résorbable 6/0 ou 5/0 (Fig. 9). On a l’habitude de réaliser le plan sont retirés selon les habitudes de chaque chirurgien. La sonde
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Aspects chirurgicaux de la transplantation rénale chez l’homme ¶ 41-104-A
■ Transplantation pédiatrique
■ Transplantations itératives
Quand il s’agit d’une seconde transplantation, c’est la fosse
iliaque controlatérale qui est utilisée sans considérations
particulières. Le transplant est placé soit face postérieure en
avant, soit pôle supérieur en bas selon les habitudes du chirur-
gien et la disposition des vaisseaux du transplant.
En revanche, quand il s’agit d’une troisième transplantation,
nous avons le choix entre l’utilisation d’une fosse iliaque déjà
utilisée et l’utilisation d’un site « vierge » plus en amont au
niveau des vaisseaux iliaques primitifs. La fosse iliaque peut être
utilisée sans trop de difficultés quand le précédent transplant a
été retiré précocement, entraînant ainsi très peu de fibrose
autour des vaisseaux dont la dissection reste facile. La fosse
Figure 10. Transplantation pédiatrique sur la veine cave inférieure et iliaque droite peut aussi être utilisée si la transplantation
sur l’artère iliaque primitive droite.
précédente a été réalisée en situation « haute » sur les vaisseaux
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Figure 13. Anastomose artérielle avec deux artères peu distantes sur le
même patch.
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Figure 15. Artère polaire réimplantée en terminolatéral dans le tronc Figure 17. Deux artères sans patch : anastomose latérolatérale puis
principal. implantation par une seule artériotomie.
Anévrisme artériel
C’est une situation exceptionnelle, mais le transplant peut
être utilisé après excision de l’anévrisme et réparation de l’artère
(Fig. 18).
Figure 18. Après excision de l’anévrisme, l’artère est refermée par un surjet non résorbable monobrin de 6/0.
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Artère rénale sectionnée Figure 20. Veine rénale courte allongée par un patch iliaque prélevé
chez le donneur.
Une section sans perte de substance n’est pas préjudiciable.
Les deux extrémités sont repérées, recoupées si nécessaire et
surtout légèrement ouvertes longitudinalement pour que la
suture soit plus elliptique que circulaire, ce qui expose à moins contrairement au réseau artériel. Si deux veines sont de calibre
de risque de sténose. égal, elles peuvent être anastomosées en latérolatéral et réim-
S’il s’agit d’une polaire de petit calibre, elle est liée surtout si plantées par une seule phlébotomie.
elle est supérieure. Si elle est polaire inférieure, sa ligature
pourrait détériorer la vascularisation urétérale. Il est plus que
jamais indispensable de vérifier la vascularisation de l’uretère Chez le receveur
avant le rétablissement de la continuité urinaire. Nous n’hési- C’est la thrombose veineuse qu’il faut rechercher lors du
tons pas, en cas de coloration douteuse de l’uretère du trans- bilan prétransplantation. Elle est suspectée en cas d’antécédents
plant, à utiliser l’uretère natif soit en terminoterminal, soit en de transplantation, de dialyse par cathéter fémoral ou tout
terminolatéral. La suture est, dans ces cas, toujours protégée par simplement de cathéter fémoral de perfusion. En cas de throm-
une sonde double J. bose iliaque, on utilisera la VCI dans sa partie proximale.
Dans les rares cas d’agénésie ou de thrombose de la VCI et de
Chez le receveur veines iliaques non utilisables, il est toujours possible d’utiliser
la veine mésentérique supérieure [11] ou inférieure [12], l’artère
Le bilan prétransplantation, échodoppler et tomodensitomé- est ensuite implantée sur l’artère iliaque primitive droite.
trie spiralée, devrait permettre de préciser l’état vasculaire du L’utilisation de la veine ovarienne a aussi été décrite [13], mais
receveur et de prévoir le site d’implantation artérielle en nous ne l’utilisons pas, car sa paroi est fragile, se déchire
fonction de l’existence ou non de calcifications artérielles. facilement et que le risque de thrombose post-transplantation
Quand les calcifications sont importantes et surtout circonfé- est élevé.
rentielles, on peut proposer, surtout si le patient a des signes
cliniques d’insuffisance artérielle, la mise en place d’une
prothèse aorto-iliaque sur laquelle l’artère du transplant est ■ Transplantation et problèmes
implantée (Fig. 19). L’utilisation d’un perforateur artériel est
indispensable, permettant de faciliter l’anastomose et surtout d’uretère
d’éviter la sténose.
Le bilan prétransplantation doit éviter le recours à une Uretère sectionné ou mal vascularisé
endartériectomie ou à la mise en place d’une prothèse pendant
la transplantation. Cela augmente la durée de l’intervention et L’uretère natif est utilisé en première intention pour réaliser
le risque de complications postopératoires. une anastomose pyélo-urétérale protégée par une sonde
double J.
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■ Doubles transplantations
Il s’agit de reins qualifiés de « marginaux », car provenant de
donneurs ayant d’importants facteurs de risque tels le diabète,
l’hypertension artérielle, une fonction rénale limite et des Figure 22. Bitransplantation ipsilatérale avec anastomose sur la veine
lésions histologiques capillaires et glomérulaires. Les deux reins, cave inférieure et l’artère iliaque primitive droite puis sur les vaisseaux
provenant du même donneur, sont transplantés chez le même iliaques externes. Les deux uretères sont anastomosés en latérolatéral et
receveur, en général de plus de 65 ans, pour augmenter le implantés avec un seul tunnel antireflux.
capital néphronique et lui offrir une meilleure fonction rénale.
Plusieurs techniques peuvent être utilisées. La technique la plus
classique consiste à transplanter chaque rein dans une fosse
iliaque par une incision séparée. L’avantage est de séparer les
transplants et d’éviter qu’une complication, surtout infectieuse,
ne les touche en même temps. L’inconvénient majeur est
d’augmenter la durée de l’intervention et d’utiliser deux sites
vasculaires chez des patients à risque. La double incision iliaque
peut être remplacée avantageusement par une seule incision
médiane sous-péritonéale [14], permettant de placer chaque rein
dans une fosse iliaque. D’autres auteurs ont proposé l’implan-
tation unilatérale des deux reins [15, 16] . Le rein droit est
transplanté en premier sur la VCI et l’artère iliaque primitive
droite. Après le déclampage, le rein gauche est transplanté plus
bas sur les vaisseaux iliaques externes (Fig. 22).
■ Transplantations orthotopiques
Le concept a été décrit par Gil Vernet qui a rapporté en
1989 les résultats de 139 cas [17]. Les avantages étaient pour cet
auteur :
• la non-utilisation de l’uretère du transplant, évitant les
problèmes ischémiques ;
• la non-utilisation des axes artériels iliaques surtout l’axe
iliaque interne diminuant le risque de dysfonctionnement Figure 23. Transplantation rénale en position orthotopique selon Gil
érectile par vol artériel ; Vernet avec utilisation de la veine rénale gauche après néphrectomie et
l’artère splénique. Anastomose pyélopyélique avec sonde double J.
• l’accès endoscopique aisé.
Ce type de transplantation s’adresse aux patients multiopérés
ou, d’une façon beaucoup plus exceptionnelle, à des sportifs de
haut niveau chez qui le transplant doit être protégé contre les On peut aussi utiliser la fosse lombaire droite et réaliser la
traumatismes liés au sport. Par un abord lombaire et extrapéri- transplantation par voie transpéritonéale. Les anastomoses
tonéal, une néphrectomie gauche est réalisée ainsi qu’une vasculaires sont réalisées au niveau de la veine mésentérique
supérieure et de l’artère iliaque primitive droite.
ligature et section de l’artère splénique. La splénectomie n’est
pas nécessaire. Le transplant est placé dans la fosse lombaire
gauche. L’artère et la veine du transplant sont anastomosées en
terminoterminal à l’artère splénique et à la veine rénale du ■ Transplantations et anomalies
receveur. Si l’artère splénique n’est pas utilisable, une anasto- du bas appareil urinaire
mose terminolatérale est réalisée sur l’aorte. Le bassinet du
receveur est préservé et anastomosé au bassinet du transplant Les anomalies du bas appareil urinaires et les dérivations ne
sous protection d’une sonde double J (Fig. 23). constituent plus de contre-indications à la transplantation
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Vessie défonctionnalisée 4
L’anurie prolongée est à l’origine d’une rétraction vésicale qui
peut rendre difficile l’implantation urétérale. Cependant, ces
5
vessies retrouvent au bout de quelques semaines un fonction-
nement normal et elles ne justifient aucune mesure particulière
préalable à la transplantation à condition qu’il n’y ait ni 3
obstruction sous-vésicale ni problèmes neurologiques. Le trajet
antireflux risque d’être insuffisant, car le décollement muqueux
est difficile. Dans ces cas, une anastomose urétéro-urétérale de 1 6
première intention est préférable, supprimant ainsi le risque de
fistule vésicale liée à la cystotomie ou de compression urétérale
par un détrusor épais dans un trajet antireflux étroit. B
Figure 25. Transplantation rénale du même côté (A) et dans la fosse
Entérocystoplasties d’agrandissement iliaque opposée à l’anse du Bricker avec anastomose urétéro-urétérale
terminolatérale sans néphrectomie associée (B). 1. Anse iléale du Bricker ;
Les entérocystoplasties sont en général effectuées avant et
2. anastomose urétéro-iléale ; 3. transplant rénal ; 4. uretère gauche ;
non au cours de la transplantation puisque la mauvaise com-
5. uretère du transplant ; 6. anastomose urétéro-urétérale terminolatérale
pliance est souvent un des facteurs de l’insuffisance rénale. En
sur l’uretère natif gauche.
revanche, chez les patients oligoanuriques, l’entérocystoplastie
préalable à la transplantation risque d’être inefficace, car non
entretenue par la diurèse et il faut à ce moment la réaliser, si
nécessaire, après la transplantation. D’où l’importance du bilan risque tumoral à long terme, il serait majoré surtout chez les
urologique qui doit être réalisé bien en amont de l’installation enfants du fait de l’immunosuppression et se pose alors la
de l’oligoanurie. Faut-il réimplanter l’uretère du transplant au surveillance régulière par endoscopie [18].
niveau de la paroi vésicale ou au niveau de l’entéroplastie elle-
même (Fig. 24) ? Tout dépend de la qualité du détrusor. Si Urétéro-iléostomie type Bricker
celui-ci est épais et rétracté, il est préférable de réimplanter
l’uretère dans l’entéroplastie même si le trajet antireflux est La dérivation externe est en général réalisée avec de l’iléon
insuffisant, voire inexistant. Cela n’a pas beaucoup d’impor- avant la transplantation. Là aussi, les problèmes viennent de
tance, car il s’agit d’un réservoir à très basse pression peu nocif l’absence de diurèse. Quand il s’agit d’un donneur vivant, la
pour le haut appareil urinaire même en cas de reflux sur le dérivation peut être programmée sans difficultés particulières 6
transplant. Si les difficultés d’exposition de la vessie sont à 8 semaines avant la transplantation. Dans les autres cas,
importantes la réalisation, en première intention, d’une anasto- l’absence de diurèse risquerait d’entraîner une rétraction de
mose urétéro-urétérale est justifiée et conseillée. Quand au l’anse iléale si la transplantation tardait à venir. D’où l’idée de
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Aspects chirurgicaux de la transplantation rénale chez l’homme ¶ 41-104-A
réaliser la transplantation et la dérivation en même temps. Les [6] Englesbe MJ, Lynch RJ, Heidt DG, Thomas SE, Brooks M, Dubay DA,
complications les plus fréquentes, dans ces cas, sont d’ordre et al. Early urologic complications after pediatric renal transplant: a
infectieux. La transplantation est souvent réalisée du même côté single-center experience. Transplantation 2008;86:1560-4.
que la dérivation [19]. Le transplant est orienté de sorte que [7] Moore PS, Farney AC, Sundberg AK, Rohr MS, Hartmann EL,
l’uretère soit le plus court et le plus direct possible. L’anasto- Iskandar SS, et al. Experience with dual kidney transplants from donors
mose est terminolatérale au niveau de l’anse iléale sans trajet at the extremes of age. Surgery 2006;140:597-605 (discussion 605-6).
antireflux, mais avec une sonde urétérale extériorisée par la [8] Mohanka R, Basu A, Shapiro R, Kayler LK. Single versus en bloc
stomie cutanée. kidney transplantation from pediatric donors less than or equal to 15 kg.
Nous avons aussi utilisé la fosse iliaque controlatérale, Transplantation 2008;86:264-8.
l’uretère du transplant est, dans ces cas, anastomosé en termi- [9] Mazzucchi E, Danilovic A, Antonopoulos IM, Piovesan AC,
nolatéral à l’uretère gauche du receveur (Fig. 25) comme il a été Nahas WC, Lucon AM, et al. Surgical aspects of third and subsequent
décrit récemment [20]. renal transplants performed by the extraperitoneal access. Transplan-
tation 2006;81:840-4.
[10] Boggi U, Vistoli F, Signori S. A technique for retroperitoneal pancreas
■ Cas rares transplantation with portal-enteric drainage. Transplantation 2005;79:
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Chez des patients ayant une néovessie continente, une [11] Aguirrezabalaga J, Novas S, Veiga F, Chantada V, Rey I, Gonzalez M,
entérocystoplastie de remplacement ou un sphincter artificiel, la et al. Renal transplantation with venous drainage through the superior
technique chirurgicale est adaptée à chaque patient. mesenteric vein in cases of thrombosis of the inferior vena cava. Trans-
Après prostatectomie totale pour cancer, les difficultés plantation 2002;74:413-5.
peuvent être liées soit aux antécédents de curage ganglionnaire [12] Patel P, Krishnamurthi V. Successful use of the inferior mesenteric vein
ilio-obturateur, soit aux antécédents de radiothérapie qu’elle soit for renal transplantation. Am J Transplant 2003;3:1040-2.
exclusive ou en complément de la chirurgie. Nous pensons qu’il [13] Wong VK, Baker R, Patel J, Menon K, Ahmad N. Renal transplantation
faut, dans ces cas, privilégier une implantation haute sur la to the ovarian vein: a case report. Am J Transplant 2008;8:1064-6.
veine cave inférieure et l’artère iliaque primitive droite et une [14] Haider HH, Illanes HG, Ciancio G, Miller J, Burke GW. Dual kidney
anastomose urétéro-urétérale ou pyélo-urétérale, évitant ainsi les transplantation using midline extraperitoneal approach: description of
complications potentielles de la radiothérapie tels les retards de a technique. Transplant Proc 2007;39:1118-9.
cicatrisation et les fistules urinaires. [15] Ekser B, Baldan N, Margani G. Monolateral placement of both kidneys
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G. Karam (gkaram@chu-nantes.fr).
J. Branchereau.
F. Luyckx.
Service d’urologie, Institut uro-néphrologie, CHU Hôtel-Dieu, 44093 Nantes cedex, France.
X. Tillou.
Service d’urologie, Institut uro-néphrologie, CHU Hôtel-Dieu, 44093 Nantes cedex, France.
Service d’urologie, CHU Amiens, France.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Karam G., Branchereau J., Luyckx F., Tillou X. Aspects chirurgicaux de la transplantation rénale chez
l’homme. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Techniques chirurgicales - Urologie, 41-104-A, 2010.
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