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FLORIN AFTALION
ET GEORGES GALLAIS-HAMON NO
JACQUES GARELLO
BERTRAND LEMENNICIER
HENRI LEPAGE
Introduction, 1
Bibliographie, 201
Cet ouvrage n'est pas contre les syndicats. Il s'agit d'un livre sur
les syndicats. Son objectif est de comprendre, d'interpréter, d'expli-
quer non seulement le comportement des syndicats et des syndiqués,
mais également l'ensemble des traits institutionnels qui caractérisent
le monde des syndicats et des rapports syndicaux.
Que sont-ils? Que font-ils? Pourquoi le font-ils? Quelles sont les
conséquences pour les travailleurs, les consommateurs, la vie éco-
nomique, le fonctionnement de la démocratie, etc., telles sont les
questions que ce livre projette d'aborder à la lumière de l'analyse
économique.
Il n'y a pas de sujet plus polémique et chargé d'émotions que le
rôle des syndicats. Gare à celui qui ose remettre en cause les dogmes
de l'idéologie syndicale et contester le caractère positif de leur
apport. Il se retrouve immédiatement banni comme un infâme
« réactionnaire». Les syndicats ont su utiliser l'émoi suscité par le
souvenir des misères anciennes pour faire passer dans l'opinion
publique l'image d'un syndicalisme dont l'action s'identifie priori-
tairement à la lutte pour plus de justice. Le résultat est que toute
attaque à son encontre est aussitôt assimilée à un acte rétrograde dont
la seule finalité ne peut être que de maintenir les privilèges des uns: et
donc la misère des autres.
2 INTRODUCfION
faire une opinion personnelle sur les syndicats et leur influence dans
le monde moderne.
s'il n'emploie pas qu'un seul ouvrier, peuvent vivre une année ou deux
sur leurs stocks qu'ils ont déjà acquis. Beaucoup de travailleurs ne peu-
vent subsister une semaine, quelques-un un mois, et rarement une année
sans emploi [1741" .
concurrentes les salaires offerts soient à peu près les mêmes - n'est
que le produit de la contrainte naturelle qu'impose aux entrepreneurs
le fait que le travail est une ressource rare et que les entreprises sont
elles-mêmes en concurrence entre elles pour s'arracher le concours
des travailleurs dont elles ont besoin.
Cene contrainte est aujourd'hui d'autant plus lourde et sévère que
le travail est lui-même loin d'être une ressource homogène et indiffé-
renciée : il n'y a pas « un marché» du travail, mais une multiplicité de
rnicro-marchés connectés les uns aux autres par la concurrence que
se font les groupes professionnels pour recruter et former ceux qui
arrivent dans la vie active.
S'il existe quelque part une conspiration « implicite », c'est celle
de la concurrence dont les effets s'exercent dans un sens exactement
opposé à celui décrit par la doctrine de l'exploitation monopoliste
des travailleurs; et cela parce que, ainsi que le souligne von Mises:
« La rareté du travail est plus forte que la rareté de la plupart des fac-
teurs primaires de production, ceux fournis par la nature» 11311.
Un vol de concept
Un exemple: l'Argentine
La théorie du syndicat-cartel
Il n'est pas question de nier que les syndicats ont d'autres préoc-
cupations, ni qu'ils apportent d'autre services. Les organisations
syndicales ont souvent joué un rôle essentiel d'information sur
l'emploi et le marché du travail Oes anciennes «bourses du travail»).
Dans l'entreprise elles remplissent une responsabilité majeure
d'intermédiation et de porte-parole des préoccupations et difficultés
individuelles ou collectives du personnel. Elles aident à résoudre des
problèmes et conflits internes que la hiérarchie a parfois du mal à
prendre en compte (sans compter les conflits avec la hiérarchie).
Enfin, les grandes organisations contrôlent de vastes réseaux de coo-
pératives, d'assurances, de mutuelles, d'agences de vacances et de
voyages dont elles font profiter leurs membres (à des prix défiant
toute concurrence).
Ce que nous disons est simplement que ce ne sont pas ces fonc-
tions commerciales ou ces fonctions d'ordre interne qui ont le plus
grand pouvoir d'explication pour rendre compte du comportement
économique et politique des syndicats, ainsi que de leurs structures,
leur évolution, leurs stratégies, etc.
La plupart de ces activités peuvent être interprétées comme des
activités d'ordre « subsidiaire» dans lesquelles les syndicats ne
s'aventurent qu'en raison du caractère collectif de leur vocation
première. Leur rôle est d'attirer et de fidéliser la clientèle du syndicat
en lui offrant des services « privatisables» qui assurent le volume de
POURQUOI LES SYNDICATS? 33
même souvent le très court terme. Plus les syndicats sont faibles (en
effectifs et en recettes), plus ils joueront la démagogie du court terme.
Maintenant, si tel est leur problème, comment les syndicats peu-
vent-ils obtenir des taux de salaires plus élevés pour leurs membres?
Il y a trois méthodes possibles.
La logIque corporatIve
De leur point de vue, l'idéal serait que les syndicats soient pure-
ment et simplement maîtres de la gestion de la main-d'œuvre, à la
place de l'entrepreneur.
Citons pour mémoire la cogestion allemande où le directeur du
personnel est désigné parmi des candidats présentés par les syndi-
cats.
En France, les cas les plus connus sont ceux du livre et des dockers
où les syndicats ont le monopole de l'embauche pour le compte des
entreprises traitantes, Ce n'est pas un hasard si le livre est l'un des
secteurs où les salaires ouvriers sont les plus élevés, et l'entrée la plus
difficile (adhésion obligatoire à la CGT). Ce n'est pas non plus un
hasard si les ports français supportent mal la concurrence des autres
ports européens.
Le livre et les dockers sont des exemples d'abus de pouvoir syndi-
cal. Mais ceux qui s'indignent si aisément oublient souvent de
POURQUOI LES SYNDICATS ? 37
« victoire» qui apporte aux employés des salaires plus élevés que ceux
que justifieraient tant la simple conjoncture de leur industrie que les
conditions de productivité de leur entreprise.
Dans les deux premiers cas, les syndicats jouent un rôle parfaite-
ment légitime: par leur intervention, ils hâtent le processus
d'alignement des salaires sur les conditions technologiques les plus
efficaces dans leur secteur; ils agissent comme les «auxiliaires» des
forces du marché; leur action ne fausse pas l'essentiel: le jeu des prix
relatifs.
Dans le troisième cas, une question: comment entendent-ils
conserver l'avance acquise sur les salariés des autres entreprises et des
autres secteurs qui, eux, n'ont pas fait grève, et n'ont donc pas eu
d'augmentation de leur salaire?
Les « autres », ce sont d'abord les autres salariés du même secteur
d'activité. Ceux qui travaillent dans des entreprises concurrentes. Si
l'on est sur un marché concurrentiel (produits banalisés, forte élas-
ticité de la demande au prix), la «victoire» des salariés de
l'entreprise X risque de déboucher sur des lendemains amers.
Les salaires plus élevés entraînent des coûts de production uni-
taires plus lourds. L'entreprise va perdre des marchés, réduire sa
production, et bientôt licencier. Les autres firmes, au contraire, ont à
faire face à un supplément de demande. Elles embauchent. Et peut-
être même, pour attirer les spécialistes qui leur font défaut - notam-
ment les spécialistes qui viennent d'être licenciés chez X -, relèvent-
elles quelque peu leurs offres de rémunération.
La « victoire» n'est pas celle de ceux qui ont mené le combat,
mais celle de leurs collègues qui n'ont rien fait. Pourquoi lutter
puisque ceux qui gagnent sont ceux qui ne se sont pas battus?
Comment mettre fin à une situation aussi absurde?
L'alibi du consensus
... les syndicats n'ont pas surgi dans les usines issues de la révolution
industrielle, mais avant tout dans le bâtiment, l'imprimerie, la chaussure,
et autres branches caractérisées par une production sur petite échelle, èt
beaucoup plus tard seulement dans les grands complexes des aciéries,
de l'automobile, etc.
Souvent, rappelle Mancur Oison dans son célèbre livre sur l'action col-
lective, les employeurs ne sont pas en mesure de survivre s'ils pratiquent
des salaires plus élevés que les entreprises concurrentes. Ainsi un syndi-
cat a intérêt à veiller à ce que toutes les entreprises sur un marché donné
soient contraintes d'aligner les salaires sur l'échelle syndicale. En outre,
lorsqu'un syndicat ne couvre que partiellement une industrie,
l'employeur dispose d'une arme redoutable: les briseurs de grève. Les
travailleurs d'une spécialité donnée qui passent d'une localité à une autre
ont intérêt à appartenir à un syndicat national qui leur donne accès à un
emploi dans chaque nouvel endroit. En outre, le pouvoir politique d'un
grand syndicat est évidemment supérieur à celui d'un petit. Les stimula-
tions pour fédérer les syndicats locaux et s'implanter dans les entreprises
inorganisées augmentent considérablement à mesure que les progrès des
transports et des moyens de communication élargissent le marché [142].
C'est une belle preuve de leur efficacité politique. Mais aussi une
illustration de la manière dont l'analyse économique, en tant que
science des choix, des comportements et des intérêts, permet
d'approfondir la connaissance de certaines de nos institutions.
Les changements intervenus depuis un demi-siècle dans notre
environnement institutionnel sont souvent utilisés comme argument
pour expliquer que les lois de l'économie classique ne s'appliquent
plus, et ne peuvent donc être utilisées pour étudier l'univers concret
des relations du travail.
Nous pensons au contraire que la puissance explicative du modèle
économique confirme la valeur de l'hypothèse méthodologique qui
sert de fondement à l'analyse libérale classique des syndicats:
l'assimilation du syndicat à un cartel demeure l'instrument le plus effi-
cace dont nous disposions pour comprendre le rôle qu'ils jouent dans
nos sociétés et apprécier quel type de législation devrait leur être
appliqué.
2
la mobilité des travailleurs ies plus insatisfaits, et donc les coûts que
cela entraîne pour l'entreprise.
2. Parce qu'il contrôle l'établissement et l'évolution des rémuné-
rations et qu'il les déconnecte des performances individuelles, le
syndicat réduit l'intensité des phénomènes de rivalité au sein du per-
sonnel. Sa présence améliore la coopération des gens au travail. Ce
qui facilite le contrôle des performances individuelles par
l'encadrement. L'entreprise supporte des « coûts de contrôle» moins
importants.
3. En favorisant la hausse des salaires en structurant les rémuné-
rations autour d'un certain nombre de normes types, l'activité du
syndicat facilite le travail de gestion du personnel. Elle permet à
l'encadrement de faire son travail plus efficacement.
4. La présence du syndicat améliore la communication entre les
employés et leur encadrement. En facilitant la circulation de l'infor-
mation, en facilitant également l'introduction d'innovations locales
dans le processus de production, elle entraîne des effets positifs sur la
productivité.
Entendons-nous bien. Freeman et Medoff ne nient pas la réalité
de phénomènes monopolistiques classiques. Ils reconnaissent qu'ils
existent, et qu'ils sont source d'effets nuisibles. Mais, prétendent-ils,
il force d'insister sur les aspects négatifs de l'action syndicale, les
économistes traditionnels ont fini par oublier totalement que les
syndicats pouvaient également être il l'origine de certains effets béné-
fiques. Ce sont ces effets qu'ils s'efforcent de présenter dans leur
livre, avec force chiffres et données empiriques il l'appui.
les plus syndiqués qui sont aussi les plus concentrés. Le second, quant
à lui, n'a trouvé aucune différence significative de salaire dès lors que
l'on fait intervenir des données comme la structure des âges, le sexe,
ou le niveau de qualification de la force de travail [92, 82).
Les études des deux économistes américains font enfin apparaître
une moins grande dispersion des rémunérations dans les secteurs
fortement syndiqués. L'écart des salaires y serait réduit de 20 à 25 %.
5. L'IMPORTANCE DE L'ANCENNE'Œ
Freeman et Medoff mettent en évidence l'existence d'une corré-
lation étroite entre le taux de syndicalisation et la présence de dispo-
sitions contractuelles favorisant l'ancienneté dans l'entreprise. Ils
montrent que, dans les firmes fortement syndiquées, la séOlrité de
l'emploi et l'avancement y sont d'autant mieux assurés que les
ouvriers concernés sont plus anciens. D'une manière générale, les
avantages en nature sont ainsi conçus qu'ils bénéficient davantage aux
plus anciens qu'aux autres.
9. LA PUISSANCE POLITIQUE
Aux États-Unis, le lobbytng est une activité quasiment officielle.
Les syndicats ne se privent pas d'utiliser leur pouvoir de pression sur
les hommes politiques. Les militants syndicaux interviennent active-
ment dans le soutien à la campagne des candidats les plus favorables
aux thèses et renvendications syndicales. Toutefois, selon les travaux
de Freeman et Medoff, si les syndicats américains ont jusqu'à présent
bénéficié d'un pouvoir politique suffisant pour éviter que ne soient
remis en cause les grands textes législatifs qui fondent leur pouvoir
monopolistique dans les secteurs où leur influence est depuis long-
temps déjà assurée (le Noris La Guardia Act, par exemple), en
revanche il ne s'est pas révélé suffisant pour leur permettre d'étendre
leur influence dans de nouveaux secteurs à tradition syndicale faible.
Admettons qu'il soit démontré sans l'ombre d'un doute que les
salaires des secteurs d'activité les plus syndicalisés sont nettement
plus élevés, cela ne suffit pas pour autant à démontrer qu'il y a un lien
de causalité nécessaire et durable entre syndicalisation et taux de
salaires. On peut expliquer le même résultat en faisant intervenir
d'autres facteurs et mécanismes.
Prenons un modèle simple à deux secteurs. L'un bénéficie de la
« protection» d'un syndicat puissant. Les syndicats sont totalement
absents de l'autre. Grâce à l'action de leur syndicat, les ouvriers du
premier arrachent à leurs entreprises le versement de meilleurs
salaires.
Ce taux de salaires plus élevé y réduit l'embauche. Un certain
nombre d'ouvriers qui y auraient trouvé un emploi sont contraints de
rechercher un travail dans le secteur non syndicalisé. Cet affiux de
demandes y entraîne une baisse du taux des salaires jusqu'à ce que les
conditions du plein emploi y soient retrouvées. Résultat: on a deux
secteurs, avec deux taux de salaires différents, mais un taux de chô-
mage finalement inchangé.
Cependant, cet écart de salaires crée une opportunité de profit.
Des travailleurs du secteur protégé sont attirés par les hauts salaires
pratiqués dans l'autre. Ils préfèrent y rester plus longtemps au chô-
mage plutÔt que de prendre un emploi dans le secteur moins bien
rémunéré, parce qu'ils attendent qu'un emploi éventuel s'y libère. De
même des gens qui ne se manifestaient pas encore sur le marché du
travail parce qu'ils n'étaient pas satisfaits des rémunérations propo-
sées, sortent de leur réserve et gonflent la file d'attente de ceux qui
viennent s'inscrire au chÔmage dans l'espoir de trouver un jour un
emploi dans le secteur où les salaires sont les plus élevés. En résultat,
on a bien deux niveaux de salaires différents. Mais, en contrepartie,
LES SYNDICATS SONT-ILS UTILES? 75
-
Salaires
1
max. 1 r--- OH.e
9
A
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6
min. 7
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.-
--+-+-+-- Demande
o a
: b c
: d
1
e
1 1
9 Embauches
Le marché du travail
salaire 4 est celui qui maximise la somme des gains à l'échange, tant
pour les salariés que pour l'ensemble des entreprises.
Résultat: l'embauche des entreprises se limitera aux travailleurs
a, b, c et d. En revanche, e, Jet g ne trouveront pas d'emploi (aux
conditions minimales qu'ils demandent). Parce qu'elles ne peuvent
offrir au maximum que des salaires inférieurs au prix imposé par le
marché, les firmes S, 6 et 7 seront contraintes de se retirer.
Imaginons maintenant qu'intervienne un syndicat qui fait pres-
sion sur les pouvoirs publics pour que soit imposé aux entreprises un
salaire minimal égal au salaire 2 de l'échelle verticale. Ce salaire
dépasse ce que les firmes 3 et 4 étaient en mesure d'offrir à leurs sala-
riés. Elles aussi doivent se retirer du marché. Mais, en agissant ainsi,
elles suppriment les emplois c et d.
A ce nouveau salaire, la part des «gains à l'échange» captée par
le secteur des entreprises Oeurs profits) diminue d'une somme égale à
la somme B + C + G + H + K. La part des «gains à l'échange» captée
par les salariés (dans leur ensemble) augmente de la somme
B + C + G + H. On constate que ce que perd le secteur des entreprises
n'est pas intégralement récupéré par les salariés. Le total des «gains à
l'échange» partagés entre les deux parties est diminué de la somme
K + L. Celle-ci est perdue pour tout le monde. Elle représente le
«coût social» qui résulte de l'activité corporative du syndicat. Les
travailleurs a et b bénéficient tous deux d'un revenu plus élevé. Mais
l'élimination des firmes 3 et 4, et le non-emploi des ouvriers c et d, se
traduisent au niveau de la collectivité par une «perte sociale» que
Freeman et Medoff estiment, pour l'économie américaine, à
0,24 % du PNB.
Cette façon de comptabiliser le «coût social» des syndicats est
cependant erronée. Elle suppose que le syndicat atteint son objectif
«sans coûts». Ce qui est une absurdité.
estimé à 4 % du PNB - ce qui est très supérieur aux 0,24 % calculés par
les deux auteurs.
L'escroquerie de l'effet-productlvIM
dent aux données empiriques rassemblées; or, ainsi que nous l'avons
vu, ils n'y réussissent qu'au prix de quelques grossières erreurs
d'analyse théorique (comme à propos de la relation producti-
vité/profit, ou encore la confusion entre déplacement d'une courbe
de demande et déplacement sur la courbe). La seconde: compléter
par une réfutation de la théorie adverse du « syndicat-cartel» en en
recherchant des conclusions qui seraient incompatibles avec leur
propre analyse, et en contradiction avec les faits rassemblés; or toute
cette partie est absente.
Voilà pourquoi, entre autres raisons, leur ouvrage est à prendre
avec de sérieuses réserves. Il ne contient rien de décisif qui impose de
rejeter définitivement l'hypothèse classique que le syndicat est
d'abord et avant tout une organisation corporative entraînant des
effets négatifs sur l'efficience du système économique. Correctement
analysé, il semble même que son contenu empirique en renforce
plutôt la solidité.
n y a ententes et ententes
Annexe au chapitre 2
Celui qui montre naturellement une forte aversion pour le risque, qui ne
s'attend pas à voir son profil de carrière s'améliorer dans un avenir
prévisible, qui préfère être rémunéré par des prestations non imposables,
dont le revenu est plutôt dans la partie de la distribution des revenus qui se
situe à gauche de la médiane, ou qui ne pense pas pouvoir retrouver
aisément un nouvel emploi en dehors de son travail actuel, est un candidat
idéal dont il est relativement facile d'obtenir l'adhésion. En effet, pour un
coût donné de l'adhésion et de l'action syndicale, l'avantage personnel
attendu de la syndicalisation est relativement élevé. Pour ce profil d'individu,
la courbe de demande se déplace vers la droite. C'est le cas, par exemple, du
travailleur manuel, qui n'est plus tout jeune, qui a déjà atteint le maximum de
ses espérances de salaires, et qui appartient à une catégorie professionnelle
dont la distribution des revenus est relativement peu dispersée. Ces
caractéristiques se retrouvent également dans le cas des minorités ethniques
immigrées, où l'expérience prouve que le taux de syndicalisation est
traditionnellement élevé.
En revanche, les femmes et les jeunes font un calcul différent. Les jeunes
ont par définition l'avenir devant eux. Leur profil de carrière et de revenu
n'est pas encore déterminé. Les femmes mariées, ou qui espèrent bientôt
l'être, cumulent au moins deux emplois - celui du marché du travail et celui
du marché du mariage. Les revenus en nature qu'elles retirent de leur mariage
ne sont pas imposables. Pour ces deux catégories de population, le gain
apporté par la syndicalisation est plus faible. La courbe de demande se
déplace vers la gauche.
Par ailleurs, la crise économique des années 70 a elle aussi réduit les
avantages attendus d'un syndicalisme militant.
Enfin, la structure industrielle a changé. La part des industries
concentrées dans la production industrielle a sensiblement diminué. Les
entreprises des secteurs en développement sont plus dispersées, leurs
établissements sont généralement plus petits, et elles exercent leurs talents
sur des marchés plus concurrentiels que la moyenne. L'élasticité de la
demande de travail y étant plus forte, les coûts d'organisation pour les
syndicats y sont plus élevés qu'ailleurs.
Il faudrait également mentionner l'évolution de la législation. Par
exemple, en Grande-Bretagne où le gouvernement a supprimé le système de
la closed shop, ainsi que tous les règlements publics dont l'effet était,
directement ou indirectement, de «subventionner» l'activité des syndicats
en en réduisant le coût d'établissement et d'adhésion.
Globalement, tous ces changements ont déplacé la courbe d'offre vers la
gauche. Le résultat est une chute importante du nombre de syndiqués dans
les économies occidentales.
Tout cela est évidemment très schématique et demanderait à être plus
approfondi. Mais ces quelques éléments permettent déjà de répondre à
Freeman et Medoff qui, à partir de l'expérience américaine, attribuent les
déboires du syndicalisme occidental à l'aggravation artificielle des obstacles
à l'extension du mouvement syndical dans les entreprises. En réalité,
l'essentiel du déclin s'explique vraisemblablement davantage par des
changements profonds intervenus du côté de la «demande de syndicat,.
plutôt qu'au niveau de l'offre.
Dans la mesure où elle a aggravé l'insécurité de l'emploi, la crise
économique des années 70 a sans doute ajouté beaucoup à la perte d'attrait
des syndicats.
Paradoxalement, la baisse des adhésions syndicales peut également
s'interpréter comme une rançon du succès des syndicats sur le «marché
politique", Dans la mesure où aujourd'hui la législation contraignante de
l'État se substitue de plus en plus à la protection du syndicat, il est inévitable
que moins de gens se sentent motivés pour mettre leur écot et leur temps à la
disposition des centrales ouvrières. Pourquoi payer des cotisations, ou
sacrifier du temps à l'activité syndicale si la plupart des objectifs qui
guidaient l'action des syndicats sont désormais inscrits dans la loi?
3
Droit du travail
ou droit au travail?
LE CONTRAT DE TRAVAIL
ET LE DROIT DE PROPRIttÉ SUR SOI
Enfin, le contrat de travail a des effets sur les tiers puisque désor-
mais le contrat type d'une convention collective peut être étendu, par
décision administrative, à des entreprises ou des salariés qui ne sont
pas parties à cette convention.
Attardons-nous un instant sur ce problème des conventions col-
lectives, très représentatif des nouvelles mentalités juridiques qui
imprègnent le droit du travail contemporain.
Ces détails sont connus. Leur lecture est fastidieuse. Mais leur
sécheresse même fait mieux apparaître la véritable nature de ces
dispositions législatives. Il s'agit ete mécanismes juridiques utilisés par
les pouvoirs publics pour imposer, le plus légalement du monde, des
ententes horizontales obligatoires entre travailleurs, d'une part, et
entre firmes, d'autre part. Les accords collectifs d'entreprises assurent
une forme d'intégration verticale entre les salariés et leurs patrons. Le
contrat de travail issu de ce système n'est plus que la traduction
juridique d'un statut légal ayant préséance sur les dispositions des
contrats individuels; un statut que personne ne peut plus dénoncer ou
amender sans obtenir l'accord unanime de ses partenaires. On est
revenu aux plus beaux jours des traditions corporatives de l'époque
prémoderne.
106 CINQ QUESTIONS SUR LES SYNDICATS
On voit dans les villes de commerce des 7 à 800 ouvriers d'une seule
manifacture s'absenter tout à coup et, en un moment, en quittant les
ouvrages imparfaits, parce qu'on leur voulait diminuer d'un sou leur
journée; les prix de leurs ouvrages étant baissés quatre fois davantage;
les plus mutins usent de violence envers ceux qui auraient pu être
raisonnables. Il y a même des statuts parmi eux, dont quelques-uns sont
par écrits, et qu'ils se remettent de main en main, par lesquels il est porté
que si l'un d'entre eux entreprend de diminuer le prix ordinaire, il soit
interdit de faire métier.
Mes ouvriers, écrit Montgolfier, ont tous préféré partir sans leur compte
en m'exposant à perdre environ 3 000 livres de matière en fermentation
qui a un pressant besoin d'être ouvrée au risque d'une perte entière.
par l'État lui-même, aux lieu et place du syndicat, c'est tout bénéfice.
Telle est précisément la finalité du Droit du travail.
... aucun employeur ne peut engager d'apprentis s'il n'a fait l'objet d'un
agrément par le comité départemental de la formation professionnelle, de
la promotion sociale et de l'emploi... Cet agrément est accordé après avis
du comité d'entreprise.
L'exigence d'un diplôme pour exercer une profession est une autre
technique, à l'exemple du certificat d'aptitude professionnelle de-
mandé pour les coiffeurs ou du doctorat de spécialité exigé des
médecins.
En sus de ces contrôles quantitatifs, il existe un autre moyen pour
réduire le nombre de travailleurs candidats à un emploi dans une
entreprise ou dans une branche professionnelle. Il suffit d'élever le
coût d'embauche individuel des nouveaux salariés. C'est le rôle que
jouent par exemple les législations « antidiscriminatoires ». C'est aussi
l'effet qu'entraînent certaines distributions sélectives d'avantages en
nature comme les congés payés ou le treizième mois de salaire.
Les lois Auroux sur le contrôle du travail temporaire et les contrats
à durée déterminée avaient pour but évident de freiner la substitua-
114 CINQ QUESTIONS SUR LES SYNDICATS
même (120000 F), mais s'y ajoute une perte permanente de 24000 F
par an (2000 F par mois). Actualisée par rapport à ce qui lui reste de
vie active, cette perte permanente représente une somme totale de
1 098 240 F correspondant au capital qu'aurait produit un placement
de 24 000 F par an à un taux d'intérêt moyen et normal de 8 %, si
l'ouvrier n'avait pas été licencié et avait économisé lui-même cette
somme. Si cet employé n'a pas d'aversion ni de préférence
particulière pour le risque (hypothèse de neutralité vis-à-vis du
risque), la valeur de la perte attendue - avec une chance sur deux de
retrouver un emploi identique - se monte au total à 669 120 F
[120 000/2 + (1 098 240 + 120 000)/2).
Dans le cas où la loi enlève à l'entreprise la possibilité de rompre
le contrat de travail de son fait (par exemple parce qu'elle éprouve
certaines difficultés commerciales), l'employeur contraint de garder
des effectifs qu'il doit continuer à payer au même salaire, alors qu'il
aurait pu en faire l'économie. L'existence de la loi lui coûte 120000 F
par employé et par an. Actualisée au coût du marché, la perte totale
qui lui est ainsi occasionnée par la législation est considérable, car si
cene somme avait été économisée chaque année et placée à un taux
d'intérêt normal de 8 %, elle lui aurait rapporté au bout de 20 ans un
capital total de 5 491 200 F. En revanche, dans cette hypothèse, le
salarié ne supporte aucun coût.
A partir de là, plusieurs commentaires s'imposent.
cette éventualité, tous les autres salariés sont licenciés. Mais, comme
dans le cas précédent, ce sont les mêmes employés les moins pro-
ductifs qui se retrouvent au ch6mage.
Il est vrai que, dans le premier cas, c'est l'employeur qui supporte
le fardeau de l'ajustement. Dans l'autre, ce sont les employés licen-
ciés. Cependant, comme pour un impôt, le poids final de l'ajuste-
ment ne retombe pas nécessairement sur celui qui a été désigné pour
cela.
sont davantage incitées à licencier que ce ne serait le cas s'il leur était
interdit de licencier, mais avec possibilité d'achat des démissions.
Dans les deux cas, on a une situation qui débouche sur davantage
de licenciements que ce ne serait le cas quel que soit le régime légal du
droit de licencier (autorisé ou non), mais avec liberté contractuelle
totale. La conséquence du droit actuel est une augmentation du taux de
chômage naturel dans l'économie - mais pour des raisons et par des
mécanismes différents de ceux qui sont habituellement avancés par les
organisations patronales.
L'indemnité de licenciement joue ainsi le rôle d'une taxe sur les
employés pour les dissuader de négocier des baisses de salaires qu'il
serait de leur intérêt d'accepter, et qui, du point de vue de leur revenu,
les mettraient dans une situation plus favorable que celle qui résulte en
définitive de la législation. Simultanément, elle joue également le rôle
d'une subvention à l'employeur pour lui permettre de licencier à
moindres frais les ouvriers dont il veut se séparer. Dans les deux cas,
ce sont les salariés qui sont perdants.
Abandonnons donc la vision angélique des syndicats. Tout se
passe comme si la préoccupation centrale était beaucoup plus de
décourager les velléités que certains salariés pourraient avoir, dans
une conjoncture défavorable, d'accepter une révision de leurs avan-
tages salariaux, plutôt que la défense de l'emploi et du niveau de vie à
long terme des travailleurs.
Il est des circonstances (de crise par exemple), où beaucoup de
salariés accepteraient de négocier une révision de leurs salaires pour
rester autant que possible dans l'entreprise où ils travaillent. Il en est
d'autres qui accepteraient facilement de démissionner si cela leur
rapportait plus que d'être licenciés ou de rester dans leur emploi
actuel. Mais, dans la logique syndicale, de telles actions individuelles
sont extrêmement dangereuses. Si elles se généralisaient, elles ren-
draient le contrôle de l'entente impossible. Voilà pourquoi, pour les
syndicats, en toutes circonstances, tout est meilleur que la liberté.
4
économiques. Cela se passait dans les années 1920 et 1930, juste avant
que la publication de la Théorie générale de Keynes ne vienne (à tort)
jeter le discrédit sur tout ce qui s'était fait avant et qui n'allait pas dans
le sens du keynésianisme.
Depuis quelques années, on redécouvre les apports de cette
époque grâce aux traductions de Mises et d'Hayek j mais aussi à la
réimpression des travaux de William Hutt - certainement de tous les
économistes de sa génération celui qui a consacré le plus de temps et
d'ardeur à réfuter Keynes et à mettre en cause la responsabilité du
mouvement syndical j non pas par antisyndicalisme primaire, mais
par soud scientifique de rétablir une vérité que beaucoup reconnais-
sent implicitement, mais que, pour des raisons politiques faciles à
discerner, personne, aujourd'hui comme hier, n'ose regarder en
face [90, 91).
Pour les Keynésiens, lorsqu'il y a un chômage important, tout est
clair. Ce ne peut venir que d'une défaillance de ce que Keynes a
appelé « la demande globale ». La présence du chômage, nous dit-
on, est la preuve que les ménages et les entreprises ne dépensent pas
assez. Et s'il en est ainsi, c'est parce que les consommateurs
épargnent trop, et que les entrepreneurs n'investissent pas assez à
cause Ooi fondamentale) des taux d'intérêt trop élevés (phénomène
de la « trappe monétaire»).
La solution consiste donc à compenser par la dépense publique
les insuffISances de la dépense privée spontanée. On s'engage dans
une politique de déficit budgétaire et, par voie de conséquence, de
monnaie facile.
A cela, les « Autrichiens» répliquent qu'on ne peut valablement
raisonner à partir d'un concept aussi artificiel que celui de la
demande globale. La demande globale, expliquent-ils, ça n'existe
pas. C'est un faux concept.
Il n'y a probablement pas de loi économique plus ancienne, et
plus fondamentale, mais aussi plus méconnue que la loi de Say. Ses
premières formulations datent des physiocrates, notamment Mercier
de la Rivière. On la retrouve chez Turgot. Mais c'est Jean-Baptiste Say
qui, en 1803, dans son célèbre Tralt~ d'Économie politique, lui
donne sa forme définitive (sans toutefois avoir clairement conscience
de toutes ses implications) (168). Au XIxe siècle, elle occupe également
LES CRISES, LE CHÔMAGE ET LES SYNDICATS 127
une place importante dans l'œuvre de Mill. Elle a fait au cours des
dernières années un retour en force dans la littérature économique
anglo-saxonne sous la plume des supply stders et autres partisans de
l'économie de l'offre.
Cette loi est souvent résumée par la courte phrase: «L'offre crée
sa propre demande.» Ce qui est interprété comme signifiant que
dans une économie capitaliste il ne saurait y avoir de situations
durables d'excédent d'offre, tout processus de fabrication d'un bien
destiné à être vendu engendrant nécessairement la création d'un
revenu grâce auquel ce bien peut être vendu.
Les Keynésiens en ont conclu que les économistes «classiques»,
leurs adversaires, niaient que puissent apparaître des situations
durables de crise économique et de chômage massif et permanent j
message que perpétuent les enseignements universitaires dominants.
En réalité, le contenu de la loi de Say est à la fois plus subtil et plus
complexe que cette interprétation. S'il y avait peut-être des gens qui,
dans les années 30, pensaient comme le décrivent les manuels
keynésiens, ce n'était pas le cas de tous les économistes «pré-
keynésiens ». Correctement reformulée, la loi de Say n'exclut pas la
possibilité de situations de sous-emploi.
coût d'attendre que quelque chose plus conforme à leurs vœux leur
soit proposé.
Par ailleurs, le capital, lui aussi, est souvent difficile à déplacer.
Une machine à usage spécifique se reconvertit difficilement ...
Ces « imperfections» dans l'information, la communication, la
mobilité des ressources et des hommes font que (si elles n'ont pas été
anticipées, et donc «assurées par avance ») des pertes vont bel et bien
apparaître dans le circuit des débouchés. Des pertes qui entraînent un
assèchement de certaines demandes, et donc un risque de chômage
dit « frictionnel» s'étendant au-delà des seuls individus qui, licenciés
par les entreprises du secteur X, restent «volontairement» sans
emploi parce qu'ils refusent encore les offres qui leur sont faites par
les employeurs Y et Z.
Imaginons: 1) que l'État distribue des indemnités de chômage
relativement longues et élevées, telles que les gens qui se retrouvent
sans emploi peuvent continuer à vivre sans trop de problèmes
pendant fort longtemps - si ce n'est même en faire un style de vie
lorsque l'écart entre le total des indemnités reçues et le salaire que la
personne pourrait obtenir sur le marché est trop faible; 2) que les
syndicats qui contrôlent les employés du secteur X soient en mesure
d'imposer aux employeurs de maintenir des salaires élevés, tels que
même ceux qui se retrouvent au chômage préfèrent attendre pour
éventuellement prendre la place d'un sortant (départ à la retraite).
Admettons que, de leur côté, les syndicats des salariés des
secteurs y et Z aient obtenu qu'on exige des candidats à un nouvel
emploi un diplôme professionnel nécessitant une longue formation
préalable; qu'ils aient également obtenu de leurs employeurs des
normes de production telles que, en raison de leurs coûts, cela limite
les différentiels de salaires que les entreprises de Y et de Z peuvent
offrir pour attirer la main-d'œuvre de X.
Toutes ces actions ont pour résultat de réduire l'intérêt, le degré
de motivation que chaque propriétaire de ressources a à changer
d'emploi.
Cons~quence: le flux des transferts de X vers Y et Z, ou de tout
autre secteur en déclin vers d'autres secteurs en expansion, va néces-
sairement se faire, mais très lentement. Il se fera nécessairement car
les entrepreneurs qui opèrent dans les secteurs en expansion ont
142 CINQ QUESTIONS SUR LES SYNDICATS
par les agents: c'est ce qu'on appelle les encatsses liquides déslr~es.
Et comme pour tous les autres biens, ce sont les changements dans le
rapport entre la demande de l'offre de monnaie qui entraînent les
changements dans le taux d'échange entre la monnaie et les biens
vendables, et donc son pouvoir d'achat (son « prix»).
Plaçons-nous alors dans la perspective d'un système où, comme
dans tous les pays d'aujourd'hui, l'offre de monnaie est centralement
« contrôlée» par des institutions étatiques. On imagine que, soudain,
de manière imprévisible, l'autorité en charge de la monnaie réduit
son offre à un niveau inférieur au stock total des encaisses liquides
désirées.
S'il était possible d'imaginer un monde d'information parfaite et
sans coût, tout le monde apprendrait instantanément la nouvelle.
Connaissant avec perfection les paramètres qui déterminent son
équation de production, et partageant avec tous les autres la même
information, chaque producteur réagirait immédiatement en baissant
ses prix de manière à maintenir stable la relation entre le stock global
de monnaie en circulation, la quantité totale de produits échangés, et
le volume d'encaisses liquides désiré.
Dans un tel univers, il importerait peu que l'offre de monnaie
augmente ou diminue. Cela ne changerait rien au déroulement du
circuit des échanges physiques. La monnaie serait parfaitement
« neutre ». Toute incertitude quant à l'avenir étant bannie, personne
n'éprouverait le besoin de conserver des liquidités. Tout individu
sachant avec précision de quelle quantité de monnaie il aura besoin à
telle ou telle date, il n'y aurait même pas besoin d'une monnaie autre
qu'une simple unité de compte abstraite et indéterminée.
De même, si nous vivions avec un système de monnaies
concurrentielles, il n'y aurait pas de problème. Les différentes
monnaies en circulation étant parfaitement substituables, toute
réduction de l'offre par l'un des producteurs se trouverait
instantanément compensée par un accroissement de la demande
pour les autres monnaies. Seule varierait la composition des encaisses
désirées sans que la valeur des monnaies disciplinées par la
concurrence, et donc la valeur réelle des encaisses détenues soient
effectuées. Là encore, la monnaie serait neutre.
LES CRISES, LE CHÔMAGE ET LES SYNDICATS 145
dans les taux d'échange mutuels des biens et services, rien, même la
décision d'imprimer des quantités constamment croissantes de
monnaie supplémentaire, n'évitera que se diffuse peu à peu un état
général de dislocation des marchés.
Pour que l'état initial de coordination soit maintenu malgré tout,
il faudrait en effet que ces nouvelles quantités de monnaie
parviennent aux différents secteurs et aux entreprises en proportion
exacte avec le déficit de demande dont chacun est localement
victime. or il faudrait évidemment un véritable miracle pour qu'il en
soit ainsi.
Résultat: de plus en plus d'entreprises découvrent qu'elles
continuent de produire des biens pour lesquels il y a de moins en
moins de clients. D'autres s'essoufflent à courir après une consom-
mation qui se révèle constamment supérieure à leurs anticipations.
Des usines se montent dont on découvre, lorsqu'elles sont prêtes à
fonctionner, que leurs débouchés ont disparu. A l'inverse, des
entrepreneurs en plein développement éprouvent de plus en plus de
difficultés à trouver sur le marché national les machines, les matériels
ou les compétences dont ils ont besoin en quantités croissantes. Ne
comprenant pas l'origine de ces difficultés, les autorités du pays
s'inquiètent de la «perte de compétitivité» de leur industrie, et se
plaignent du protectionnisme des autres ...
L'incapacité du système de prix à répondre de manière
satisfaisante aux besoins de coordination des projets individuels crée
une évaporation cumulative de la demande et met au chômage une
quantité croissante de ressources mal dirigées.
Par ailleurs, nous avons raisonné en supposant que les entreprises
avaient a priori une connaissance parfaite du prix de marché de leurs
produits. Il va de soi que, dans la réalité quotidienne des affaires, ce
n'est pas le cas. Le prix de marché est une grandeur abstraite dont les
entreprises essaient constamment de se rapprocher grâce aux instru-
ments du calcul monétaire et aux sanctions indicatives du compte de
pertes et profits.
Ces calculs se font à partir des prix des biens et services en
monnaie, tels qu'ils sont recensés par les comptabilités privées au fur
et à mesure des achats. Ils sont corrigés par la perception subjective
que chaque chef d'entreprise a de l'évolution du pouvoir d'achat de la
150 CINQ QUESTIONS SUR LES SYNDICATS
LE CHÔMAGE ET LA GRÈVE
soit d'en louer l'usage pour un autre travail dont la valeur marchande
est seulement la moitié du revenu que devrait lui rapporter l'affaire
conclue avec son premier client. S'il n'est pas très sérieux, ou s'il ne
se préoccupe guère de ce que risque de lui coûter demain sa mauvaise
réputation, celui-ci peut être tenté d'utiliser la situation dans laquelle
il se trouve pour lui imposer une révision unilatérale du prix convenu,
et le fixer à un niveau très inférieur. A la limite, revenant sur sa parole,
on peut imaginer qu'il impose à son fournisseur de faire le travail à la
moitié du prix originellement convenu. Compte tenu des coûts de
transaction nécessaires pour reconvertir la machine à un nouvel usage
(plus les coûts que représente la recherche d'un nouveau client) et
sachant qu'en raison de son caractère spécifique le prix de revente de
la machine est très faible, l'entrepreneur à intérêt à accepter, même à
moitié prix. Il perdra de l'argent, mais cette perte sera moins grande
que celles qu'il aurait à subir dans toutes les autres solutions possibles.
La différence entre le prix contractuellement accepté, et le prix
finalement imposé par le comportement indélicat de son client,
représente la quasi-rente que ce dernier s'approprie au détriment de
l'entrepreneur. C'est une véritable « expropriation» de valeur, un vol
qui s'applique à une valeur produite par l'entrepreneur et sienne en
toute justice.
Ce genre de comportement crée un double préjudice. A
l'encontre de l'imprimeur bien entendu, et de ses salariés. Mais aussi
à l'encontre de la collectivité tout entière. Les investissements auront
en effet tendance à bouder les activités où, en raison de leurs
caractéristiques propres, de tels abus sont possibles j et cela même
s'ils n'ont pas d'autre choix que de s'investir dans des secteurs a priori
moins rentables. L'économie y perdra en efficacité.
C'est pour cela qu'existent les tribunaux et que leur rôle est de faire
appliquer les contrats - et ainsi de réduire les probabilités de
ruptures abusives. La réduction des risques encourus par les entre-
prises est alors un facteur de plus grande efficience économique : plus
de capital investi, plus forte productivité, donc des salaires plus
élevés. L'action de la justice est un « bien» économique comme un
autre.
La grève est une stratégie qui n'est pas fOndamentalement
différente de celle du client de l'imprimeur. Il s'agit également d'un
162 CINQ QUESTIONS SUR LES SYNDICATS
Ces deux situations ont beaucoup en commun. Dans les deux cas,
des personnes privées, agissant pour leur propre compte ou de
concert, s'approprient une valeur quI ne leur appartIent pas, et
réduisent simultanément le pouvoir d'achat d'un grand nombre
d'autres qu'elles ne connaissent pas et qui, elles, ne tirent aucun
avantage de ce transfert.
Mais il y a néanmoins une grande différence.
Dans les affaires, lorsqu'un conflit de ce genre oppose deux
entrepreneurs, on fait appel aux tribunaux. Leur rôle est de retrouver
les engagements souscrits et de les faire appliquer. Lorsqu'il n'y a pas
de contrat écrit, on se tourne vers la coutume et les usages com-
merciaux en vigueur. Celui qui a causé un tort à l'autre se voit imposer
de le réparer en lui versant une indemnité compensatrice.
Conséquence: même si on ne peut pas totalement l'éliminer, ce
genre de comportement reste une exception. Le contexte institu-
tionnel en freine la généralisation, et limite donc son coût C'est ainsi
que le droit favorise l'efficience et la croissance économique.
Là encore, l'idéal n'existe pas. Les fraudeurs, les escrocs, les
indélicats, les parasites font partie de l'univers humain et de sa
diversité. On n'arrivera jamais à éliminer tous les comportements
opportunistes. Mais les principes juridiques du respect des contrats et
de la responsabilité personnelle des auteurs d'actes frauduleux ou
indélicats, permettent précisément d'en limiter l'ampleur.
Bien sûr, il faut tenir compte des coûts de fonctionnement de la
justice. Lorsqu'il s'agit de conflits mineurs, où les enjeux financiers ne
sont pas trop importants, ceux qui sont lésés hésitent souvent à
déposer plainte et à poursuivre en raison des délais et des coûts que
cela implique. Mais, même dans ces cas, l'expérience montre que,
lorsqu'il y a liberté des contrats, les professionnels s'organisent spon-
tanément pour élaborer des systèmes de clauses contractuelles dont la
caractéristique est de réduire les avantages personnels que les tri-
cheurs sont susceptibles de retirer de ces pratiques. Au total, lorsque
l'État ne réduit pas arbitrairement les conditions d'exercice de la
liberté de contracter, tout se passe comme si le libre fonctionnement
164 CINQ QUESTIONS SUR LES SYNDICATS
De tous les groupes de pression, les syndicats sont les seuls pour
qui les coûts de la violence (ou du chantage) sont les plus bas, et ont
été les plus abaissés. Ils auraient eu tort de s'en priver. Cette violence
a les mêmes effets économiques que les restrictions forcées de
production imposées par la contrainte publique. D'où la conclusion
que, parmi tous les groupes de pression qui assiègent la société, les
syndicats portent une responsabilité particulièrement directe dans le
développement de ces conséquences de la violence économique que
sont le chômage et le sous-emploi (q.l'ils sont pourtant les premiers à
dénoncer véhémentement).
Il n'est pas difficile d'imaginer ce que peut être la réponse des
défenseurs de l'institution syndicale. Essayons de la reconstituer.
Annexe au chapitre 4
contrat de travail ne soit pas rompu alors qu'une des parties en dénonce
précisément certaines clauses (le salaire).
En toute rigueur, l'employeur devrait être délié du contrat lorsqu'il y a
refus des employés de continuer à travailler aux mêmes termes de l'échange,
et pouvoir faire appel à d'autres personnes prêtes à travailler pour le prix
précédemment offert. S'il ne trouve personne à ce prix, il l'augmentera, et de
nouveaux contrats seront renégociés à un salaire plus élevé. Lorsqu'un
employé reçoit une offre d'emploi ailleurs à un salaire plus rémunérateur,
rien ne l'empêche de proposer à son patron de renégocier les termes de son
contrat. Si ce dernier refuse, il a la liberté de démissionner. Cette assymétrie
est choquante en droit. On démontre qu'elle se fonde sur des arguments
économiques contestables.
peut être réalisé au mieux que dans une société qui respecte les contraintes
de l'État de droit, et condamne, moralement, mais aussi par l'action de sa
justice, toutes les violences individuelles ou collectives, privées ou
institutionnelles, faites aux droits individuels.
5
Il faut user de tous les stratagêmes, user de ruse, adopter des procédés
illégaux, se taire parfois, parfois voiler la vérité, à seule fin d'entrer dans
les syndicats, d'y rester et d'y accomplir malgré tout la tâche communiste.
La pol1ttsatton syndicale
compter sur l'État pour offrir ces changements - pour peu que l'État
soit mis en difficulté par une conjoncture politique ou sociale à
laquelle on peut toujours donner un coup de pouce.
Mais est-il réellement nécessaire que le syndicat soit « politisé»
pour se livrer à ce calcul?
Le syndicat peut très bien influencer le politique sans pour autant
vouloir faire de la politique. C'est un problème d'intérêts bien
compris des deux côtés: hommes politiques et syndicats peuvent
faire cause commune à l'issue d'un marché prometteur. Quel est ce
marché? Le politique utilise la législation pour attribuer des privilèges
légaux aux syndicats j en échange, les syndicats soutiennent le
politique. Le comportement des syndicats sur ce que l'on appelle « le
marché politique» est alors simplement celui d'un groupe de
pression.
Il faut ajouter aux crédits d'heures syndicales les mines d'or que
représentent les budgets des comités d'établissements et
d'entreprises. Certains exemples sont spectaculaires, au point d'avoir
parfois défrayé la chronique. Le comité d'entreprise d'Électricité de
France perçoit 1 % des factures d'électricité émises en France. Celui
de la Régie Renault emploie 2000 personnes, dispose d'une
bibliothèque plus importante (en nombre de volumes) que la
Bibliothèque nationale. Le comité d'entreprise de la SNCF gère un
patrimoine immobilier de plusieurs milliards de francs, etc. Sans
doute ces ressources appartiennent-elles aux comités. Mais on sait
pertinemment que les syndicats ont fait main basse sur les comités.
Sans doute ces ressources sont-elles en partie dues à l'initiative des
entreprises (et singulièrement des entreprises publiques) i mais les
entreprises n'agissent le plus souvent que dans un cadre tracé par le
législateur, quand ce n'est pas à la demande expresse du pouvoir
politique. Si Renault est devenue la «vitrine sociale» de la France,
cela a été dû bien davantage à l'intervention des gouvernements
successifs, sous la pression de la CGT, qu'aux désirs des directions -
qui se sont contentées de subir. Mais l'argent ne suffit pas à asseoir la
puissance syndicale.
Il a fallu trouver auprès du politique de nombreux privilèges qui
viennent garantir l'efficacité du cartel.
Le privilège qui fait le plus couler d'encre dans notre pays est celui
de la représentativité. Cette représentativité permet aux syndicats qui
en bénéficient, d'une part de participer aux négociations collectives,
d'autre part de disposer d'un monopole de présentation des
candidats aux élections sociales qui désignent les délégués du
personnel et les élus aux comités d'entreprises i c'est-à-dire qui
établissent en fait le pouvoir syndical légal à l'intérieur de
l'entreprise. Les lois Auroux ont même ajouté un nouveau
monopole: celui de l'expression des salariés. Or, comme on le sait,
la représentativité n'est accordée qu'à un très petit nombre de
syndicats français, et au niveau des confédérations syndicales, seules
cinq d'entre elles y ont accédé, grâce à l'adoption de critères de
représentativité qui n'ont rien de «démocratiques ». De sorte que les
syndicats très discrédités dans les rangs des salariés, et dont les
effectifs fondent comme neige au soleil, continuent à parler au nom
178 CINQ QUESTIONS SUR LES SYNDICATS
cas, les syndicats peuvent se parer, aux yeux du grand public, des
mesures prises par le pouvoir politique. A l'avant-garde du progrès
social, les syndicats espèrent empocher les profits de la démagogie
politique.
Cependant, pour que l'influence des syndicats dans l'opinion
publique soit durable, il faut qu'ils apportent la preuve que ledit
«progrès social» ne peut exister sans eux. D'où leur pétition pour se
voir reconnaître le label de «biens publics» pour leurs initiatives, et
pour obtenir le monopole de représentativité qui va de pair. Mais
comme Mancur OIson l'a indiqué, un syndicat qui obtiendrait
beaucoup de biens politiques sans avoir pris la précaution d'obtenir
un monopole serait victime des free rlders, c'est-à-dire de tous ceux
qui «bénéficieraient» des initiatives politico-syndicales sans payer
quoi que ce soit aux syndicats (142). Hubert Landier explique que les
syndicats français ont justement souffert de n'avoir pas assez
« verrouillé» leur monopole et ont donc dû subir une perte
d'influence (102). Mais on peut aussi soutenir l'idée que les syndicats
s'occupent moins en France d'avoir une influence sur le grand public
que d'exercer une influence sur les hommes politiques directement.
Tant que le pouvoir est à leurs côtés, ils sont tranquilles. Cela explique
pourquoi les syndicats inspirent de moins en moins confiance aux
Français, mais ont une position toujours aussi forte dans la vie
politique et sociale: ils ont pour eux la législation et les droits
acquis; ils désamorcent toute volonté de changement de la part des
hommes politiques.
En fin de compte, la théorie économique rend assez bien compte
de ce que veulent les syndicats sur le marché politique avec le modèle
proposé par l'économiste canadien Albert Breton (23) qui lie la
«demande de politique» des syndicats à quelques considérations
principales: le revenu financier que les syndicats retirent de la
politique, les avantages spécifiques que les syndicats obtiendront
pour leurs adhérents, les avantages indirects que les syndicats
obitendront pour tous, et, en contre-partie, les «prix fiscaux» que
représentent tous ces résultats pour l'ensemble des contribuables.
Cela ne veut pas dire que les syndicats se préoccupent de l'incidence
fiscale des mesures qu'ils cherchent à obtenir du politique, mais que
les syndicats sont en mesure d'apprécier les réactions de rejet qu'ils
180 CINQ QUESTIONS SUR LES SYNDICATS
C'est une vieille idée, mais une idée encore vraie, que l'extension
progressive des activités étatiques entraîne la prolifération des décisions
ou des règlements administratifs, sur lesquels le contrôle démocratique
par les représentants de la nation s'exerce malaisément. L'État moderne
devient de plus en plus bureaucratique et de moins en moins
démocratique, si l'on veut suggérer par cette formule le rôle croissant des
fonctionnaires et le déclin des législateurs. Qu'il y ait li un danger pour
les droits individuels, qu'il importe donc de garantir ceux-ci ou de les
protéger, il faudrait un optimisme aveugle pour le nier.
Ce qui se passe avec les syndicats n'est hélas qu'une des formes
que revêt la crise de la démocratie. Celle-ci est décrite avec lucidité
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Bibliographie, 201
Imprimé en France
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Juin 1990 - N° 363gB