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L’Afrique de l’Ouest dont les quinze (15) pays sont regroupés au sein de la
Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) est une région
en pleine intégration, les marchés nationaux se décloisonnent peu à peu et s’ouvrent à
la concurrence à la faveur des progrès dans le maillage des économies, de
l’harmonisation du cadre des affaires. L’intégration financière est en bonne voie, tandis
que la coordination des politiques économiques à travers une batterie d’indicateurs de
convergence ouvre la voie à une monnaie unique pour l’ensemble de la région.
Néanmoins, de nombreux obstacles à la libre circulation des hommes, des
marchandises et des capitaux sont encore à surmonter pour déboucher sur un marché
unique.
Depuis quelques années, la CEDEAO est en pleine voie vers l’intégration financière.
Les plus grandes avancées ont été opérées au sein de l’Union Economique et Monétaire
Ouest-Africaine (UEMOA), qui regroupe 8 pays au sein d’une union monétaire et
douanière, et qui les dote d’institutions, d’un cadre des affaires et d’un programme
économique communs. Grâce à ces avancées, les échanges intra-UEMOA en
pourcentage du commerce extérieur total des ces 8 pays, quoique faibles (14%), n’en
figurent pas moins parmi les plus élevés des communautés économiques africaines.
Au niveau de la CEDEAO elle-même, qui regroupent tous les pays de l’Afrique de
l’Ouest, les avancées sont beaucoup plus lentes, mais les modalités envisagées sont
semblables même si le calendrier diffère, et la feuille de route est désormais élaborée
par les deux institutions en étroite concertation.
Une énorme « énergie économique » serait libérée en l’absence des entraves, dont les
conséquences en termes de compétitivité, d’accumulation et d’allocation des
ressources, de spécialisation et de diversification des économies sont désastreuses.
Ces entraves sont occasionnées par un mauvais environnement des affaires et un
manque d’infrastructures et des services publics de base: énergie, transports, télécom,
eau, sécurité, formalités administratives, impôts. Les entraves aux échanges
empêchent une régionalisation des chaînes de valeur, c’est-à-dire la possibilité pour
les entreprises d’avoir clients et fournisseurs dans d’autres pays de la région. Partant,
elles empêchent de réaliser les gains en termes d’efficacité économique qui découlent
d’une spécialisation intra-régionale pour exploiter les avantages comparatifs et de
l’obtention, par les entreprises, de la taille critique permettant les économies d’échelle
et l’innovation.
Le système financier doit accompagner les entreprises dans leur développement sur le
plan régional, y financer leurs activités d’exploitation et leurs investissements. Par
ailleurs, les entreprises doivent pouvoir lever directement des capitaux et doivent
également mobiliser des fonds propres à travers le réseau financier régional.
Dans l’espace CEDEAO, des réseaux bancaires régionaux se constituent, tandis que les
trois bourses des valeurs, portées par une reprise des cours ces derniers temps, essaient
de se rapprocher, tendant vers un centre financier régional. Institutions et marchés
sont-ils prêts à relever les défis? Comment faire en sorte que le secteur financier et les
marchés de capitaux des pays de la CEDEAO de la région gagnent en « maturité » au
même titre que celui des autres marchés émergents africains (particulièrement le
marché sud-africain) ?
Après la remise sur les rails des banques nigérianes, les établissements de la zone ont
repris leur politique de consolidation. En 2011, le total bilan des cinquante premières
banques d'Afrique de l'Ouest a progressé de 14,6 % par rapport à 2010. À cela, une
raison principale : l'amélioration de la santé des banques nigérianes, qui commençait
à se faire sentir en 2010 mais aura vraiment été confirmée fin 2011 et début 2012. D'une
part, les banques de ce pays, qui restent dominantes dans la zone, ont repris leur
agressivité commerciale, mais tout en se tenant à l'écart des investissements risqués.
Le total bilan des 50 premières banques d'Afrique de l'Ouest atteint 186,2 milliards de
dollars. Poursuivant sa conquête africaine en visant les premières places dans chaque
pays, ECOBANK s'est offert The Trust Bank au Ghana et tente de finaliser sa
couverture territoriale dans toute l’Afrique sub-saharienne. D’ailleurs, il est à
remarquer que les établissements originaires d'Afrique de l'Ouest restent moteurs
dans la consolidation panafricaine. First Bank of Nigeria, qui s'est installée en RD
Congo en reprenant la Banque internationale de crédit (BIC), ne cache plus ses
intentions de se développer partout dans la sous-région. Son compatriote Guaranty
Trust Bank, de son côté, a débuté ses activités en Côte d'Ivoire. ORAGROUP continue
également son expansion avec de nouvelles acquisitions. Enfin, tout en prenant le nom
de son actionnaire ivoirien NSIA (assurances), BIAO est de son côté à l'affût de toutes
les opportunités bancaires (Guinée).
I.1. Circonstances propices au lancement d’institutions financières
régionales
Depuis le milieu des années 1990 et surtout depuis le début des années 2000, le secteur
bancaire s’est développé fortement dans la région, principalement sur la base de
stratégies régionales expansionnistes de la part de banques privées africaines.
Le secteur bancaire est dominé par les banques nigérianes (19 des 20 plus grandes
banques et 20 des 30 plus grandes banques de la région sont nigérianes), un
phénomène encore renforcé par un processus de consolidation sous l’impulsion des
autorités nationales et régionales. Les banques nigérianes opèrent encore peu hors de
leur pays, mais leur taille et, pour certaines, leur santé financière les rend aptes à
accompagner le mouvement de régionalisation qui se dessine.
Par comparaison avec de nombreux autres pays, les marchés des valeurs mobilières
de l’Afrique de l’Ouest sont de petite taille. Par exemple, la Bourse de Johannesburg,
qui est la plus grande de l’Afrique, a plus de capitaux que les trois autres Bourses de
la CEDEAO.
Ces dernières années, les pays ont accompli des progrès remarquables dans la mise en
œuvre de réformes dans le secteur financier. Bien qu’à des degrés divers, tous ont
amélioré leur cadre juridique et réglementaire, recapitalisé les banques et renforcé la
solidité et l’efficience du secteur financier. En profitant de ces réformes, les
gouvernements des pays ont pris des mesures au cours de ces dernières années pour
redynamiser l’intégration financière de la CEDEAO. En effet, un certain nombre
d’idées, d’études et de programmes sont en attente d’exécution, dans le cadre de la
CEDEAO vision 2020. Par exemple, des projets d’infrastructure majeurs, consistant à
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BAD, 2010
relier les différents pays entre eux par un réseau routier ou ferroviaire, sont en train
d’être examinés. Si ces projets se matérialisent, ils permettront de relancer le commerce
et l’intégration financière.
Le plan d’action régional doit être très ambitieux et prendre en compte pratiquement
toutes les mesures nécessaires à la progression de l’intégration financière, avec à la clé,
la création d’une Autorité de Supervision unique.
Comme on le voit, les BRD (BIDC, BOAD) contribuent à l’émergence d’un secteur
financier régional, mais jusqu’ici, l’essentiel de leur soutien a consisté en des
financements relativement classiques pour apporter des ressources longues aux
institutions bancaires privées de la région. D’autres formes de soutien, plus
innovantes, peuvent aujourd’hui être envisagées. Il pourrait être pertinent d’aider les
banques à accéder aux marchés de capitaux internationaux où elles sont trop peu
connues, en garantissant par exemple leurs premières émissions obligataires. De
même, les BRD pourraient contribuer à organiser le marché de la syndication et
encourager les banques régionales à travailler ensemble pour dépasser les contraintes
imposées par leur petite taille.
Les transformations récentes du paysage bancaire doivent conduire la BAD et les BRD
à repenser leur stratégie, que ce soit vis-à-vis des groupes bancaires régionaux, amenés
à jouer un rôle de plus en plus important, ou des autres acteurs bancaires
internationaux. La BAD et les Banques Régionales de Développement doivent faire du
soutien aux institutions bancaires et financières un axe majeur de leur intervention.
Dans un environnement changeant, la BAD et les BRD doivent adapter leur stratégie
pour contribuer à développer un secteur financier pérenne et performant. Dans ce
contexte, la BAD et les Banques Régionales de Développement (BRD) doivent faire du
renforcement des systèmes financiers africains en général une priorité.
En outre, les banques régionales doivent se projeter davantage sur le long terme dans
les marchés nationaux que les banques étrangères, ce qui les poussera naturellement à
davantage s’impliquer dans le développement et la structuration de ces marchés. À la
différence des banques étrangères, elles n’ont pas d’autres alternatives que de croître
sur les marchés nationaux, voire régionaux, n’ayant pas la taille suffisante pour
pénétrer d’autres marchés hors du continent. Le développement d’un secteur bancaire
à capitaux africains généralement apparaît comme plus pérenne et certainement plus
favorable à la pénétration de nouveaux marchés qu’un développement s’appuyant sur
les groupes étrangers. Il doit donc être fortement encouragé par la BAD et les BRD.
Dans la première catégorie figurent des banques telles qu’ORAGROUP. Ces banques
ont une bonne connaissance des marchés dans lesquels elles évoluent mais sont
limitées par leurs moyens. Elles peuvent ainsi être utilement appuyées par des apports
de capital de la BAD et des BRD.
Les banques des centres financiers sont restées longtemps à l’intérieur de leurs
frontières et n’ont commencé que récemment leur expansion régionale et panafricaine
: les banques nigérianes ont préféré la création d’un réseau ex nihilo (UBA, GT Bank,
Zenith Bank, Access Bank). Cette expansion sur des marchés mal connus et difficiles
d’accès demeure néanmoins timide. Dans ce contexte, la BAD et les BRD ont un rôle à
jouer pour encourager et accompagner ces banques hors de leurs frontières.
Ainsi, de manière générale, si les banques régionales ont confiance dans les marchés
africains et souhaitent s’y développer, elles manquent de ressources et ont à cet égard
besoin du soutien de la BAD et des BRD.
La situation est exactement inverse pour les banques étrangères, pour lesquelles les
niveaux de risques que présente l’Afrique sont largement mieux connus que les
niveaux de rentabilité que l’on observe sur le continent. Le secteur bancaire africain est
le plus rentable du monde; pourtant, les investisseurs étrangers ont jusqu’ici montré
peu d’intérêt pour ce marché. Hormis les banques européennes traditionnelles (SG,
BNP PARIBAS, Barclays, Standard Chartered …), dont les parts de marché s’effritent,
et quelques très rares banques de pays émergents, les seuls acteurs du développement
du secteur bancaire ouest-africains sont africains. Le niveau de rentabilité des fonds
propres (ROE) en Afrique était de 19 % en moyenne sur 2007-2010, contre seulement
11 % en Europe alors que les niveaux de capitalisation des banques africaines sont au-
dessus de la moyenne mondiale3.
La capacité de rebond des secteurs financiers ouest-africains montre que les économies
font preuve d’une forte résilience à des situations de crise : les résultats sont volatiles,
mais les effets de rattrapage permettent de compenser les mauvais exercices.
L’Afrique de l’Ouest compte trois bourses des valeurs : une bourse régionale à
Abidjan, couvrant la zone UEMOA, deux bourses nationales à Accra et Lagos.
Leur taille, la valeur des transactions et partant leur liquidité sont encore limitées. Les
trois bourses ont connu récemment une reprise marquée, y compris la bourse
ivoirienne jusqu’ici très déprimée du fait de la crise politique qu’a traversé le pays. Le
nombre d’entreprises cotées reste faible (respectivement : environ 260 à Lagos, 35 à
Abidjan et 39 à Accra), mais est en croissance rapide depuis quelques années.
La mise des trois bourses en réseau permettra la cotation simultanée des entreprises
sur les trois bourses. Mais, cela nécessitera au préalable d’harmoniser la
réglementation (notamment conditions de cotation et règles de transparence des
marchés).
3
PROPARCO, Bureau Régional de l’Afrique de l’Ouest
être considérées comme parmi les plus significatives. Elles doivent être appréhendées
de manière globale.
Pour qu’il fonctionne, un marché boursier a besoin d’acteurs de taille, qu’il s’agisse
d’émetteurs ou d’investisseurs. En effet, la taille des intervenants est un élément
d’arbitrage entre le crédit bancaire classique et le marché boursier. Les émetteurs de
petite ou moyenne taille n’ont pas réellement besoin de faire appel au marché. Ils
peuvent se contenter de s’adresser aux banques qui regorgent aujourd’hui de
liquidités. Il faut, en outre, que le nombre de sociétés cotées soit important. Or, on
observe que très peu de sociétés font admettre leurs titres à la négociation sur les
marchés boursiers ouest-africains et certaines, prises individuellement, représentent
parfois jusqu’au tiers de la capitalisation boursière du marché concerné. Pour remédier
à cette difficulté, il est souhaitable de développer un segment pour les petites et
moyennes entreprises.
Côté investisseurs, il faut une présence active d’institutionnels, telles les banques et les
compagnies d’assurance qui sont soumises à des règles strictes en matière de
placement. En pratique, on constate que les titres admis à la négociation sur la plupart
des Bourses ouest-africaines sont détenus par des investisseurs institutionnels
nationaux ou régionaux (banques, compagnies d’assurance…), mais leur nombre reste
limité. Soutenus par un environnement économique favorable, ces marchés attirent
également de plus en plus d’investisseurs étrangers. Néanmoins, ces investisseurs se
sont essentiellement tournés vers des titres d’État.
Les autorités de la CEDEAO devraient donc prendre des mesures visant à développer
la base d’investisseurs (qu’il s’agisse de petits porteurs ou d’investisseurs
institutionnels) afin de les inciter à être plus actifs sur leurs marchés boursiers. Ceci
implique que soit encouragée la création de fonds d’investissement (ouverts au public
ou réservés à des institutionnels), caisses de retraite et autres fonds de pension, qui
sont de grands détenteurs de portefeuilles d’actifs financiers.
Pour donner plus d’ampleur à ces marchés, la solution serait de les intégrer. En effet,
l’intégration permettrait notamment d’accroître leurs liquidités et de diminuer le coût
des opérations qui s’y traitent.
Si on s’en tient à la zone CEDEAO, il existe trois marchés différents : la bourse
régionale de l’UMEOA (la BRVM), celle du Ghana (Accra Stock Exchange) et celle du
Nigéria (Lagos Stock Exchange). En termes d’intégration, l’UMEOA a de l’avance sur
la ZMAO en ceci qu’elle ne forme qu’un seul marché pour huit pays réunis sous la
bannière de la BRVM, soumis à un régulateur unique, le Conseil régional de l’épargne
publique et des marchés financiers. L’idéal serait, à terme, d’intégrer l’ensemble des
marchés de la zone CEDEAO, voire au-delà, pour bénéficier des avantages de
l’intégration. Toutefois, un marché financier ouest-africain intégré suppose au
préalable une meilleure harmonisation des dispositions législatives et réglementaires
applicables dans les différents pays concernés, ainsi que des systèmes et moyens
techniques communs.
En ce qui concerne le marché obligataire, il est encore très embryonnaire. S’il est vrai
que l’on a pu constater récemment le succès des émissions obligataires de certains pays
ouest-africains, ces titres d’État sont émis pour des échéances très courtes et sont
essentiellement traités sur le marché primaire, compte tenu de la faiblesse du marché
secondaire.
Autre frein : il n’existe pratiquement pas de marchés de produits dérivés sur les
marchés ouest-africains, autrement dit, pas de véritable marché de couverture pour les
émetteurs et les investisseurs, même si ceux-ci peuvent faire appel à des intermédiaires
financiers pour structurer pour leur compte des opérations de gré à gré sur devises ou
sur taux d’intérêt.
Des initiatives récentes pourraient sans doute contribuer à une plus grande animation
des marchés, permettant également l’émission de titres de capital et de dette plus
complexes, donnant plus de choix aux acteurs du marché pour leurs financements et
leurs placements.
Sur fond de crise financière qui a accru l’intensité des besoins en financements, l’on
observe un accroissement de l’intérêt des institutions financières et des banques
internationales en général. Il serait donc primordial de trouver un centre financier pour
la région qui serait le « moteur » financier régional qui viendrait lui donner une taille
critique.
Trop petits, trop spécialisés, parfois enclavés, les bourses nationaux et les centres
financiers locaux souffrent de leur éparpillement et de leur localisation, ce qui altère
leur visibilité et leur attractivité.
Ainsi, à travers l’analyse de cet espace régional, l’on peut raisonnablement affirmer
que ce n’est qu’en atteignant une « taille critique » et en organisant sa convergence que
ce marché financier ouest-africain pourra passer du stade de rêve à celui de réalisation,
devenant à terme un point de rendez-vous financier incontournable en Afrique et dans
le monde.
Il doit être conçu comme une place financière intégrée construite dans un
environnement qui permettra aux firmes internationales d’avoir un meilleur accès aux
pays, et offrira également les avantages plus traditionnels des places financières
internationales tels qu’un environnement fiscal attractif ou une législation adaptée.
Cette place financière sera donc créer dans les conditions d’une convergence financière
régionale en poursuivant un double objectif : permettre l’accès à un espace
économiquement viable et améliorer de manière substantielle la qualité de
l’information disponible sur les acteurs qui en font partie.
En aval, la création d’un tel centre financier au sein de la CEDEAO devrait permettre
à l’ensemble des métiers de la chaîne financière de s’ancrer dans la région qui a engagé
des réformes de fond pour l’amélioration de sa gouvernance et du climat des affaires.
Pour ce qui est des principaux centres financiers ouest-africains, trois pôles peuvent
jouer le rôle de locomotives régionales : le Nigeria, le Ghana et la Côte d’Ivoire.
Reste à créer les conditions de cette convergence financière en convainquant les acteurs
régionaux de la pertinence de cette approche, qui permettrait de rapprocher de
manière concrète les pays de la CEDEAO et les autres pays du Continent et du Monde.
Le centre financier régional de la CEDEAO offrira aux émetteurs potentiels des pays
de la CEDEAO des primes de juridiction et de liquidité inférieures à celles exigées pour
l’émission de titres dans leurs marchés financiers domestiques respectifs. Les marchés
financiers ouest-africains doivent bénéficier en effet d’un environnement juridique et
politique relativement fiable, stable, et favorable aux affaires pour qu’un tel projet
puisse voir le jour.
Il faudrait prendre des mesures maintenant pour doter la CEDEAO d’un « centre
financier régional capable de mieux répondre aux besoins de la région et du continent
africain de manière générale».
III.2. Perspectives
De nos jours, il existe un fort potentiel et un intérêt croissant pour l’intégration dans
l’espace CEDEAO, mais un certain nombre d’obstacles doivent être levés dans de
nombreux domaines, qu’il s’agisse des contrôles relatifs à la circulation des biens et
des capitaux ou bien la faiblesse des capacités institutionnelles. Étant donné la
4
Site internet de la Commission de la CEDEAO : www.ecowas.int
5
BAD
diversité et la complémentarité des richesses en ressources naturelles entre pays, et de
sa position géographique et des relations historiques entre les peuples de la région,
une CEDEAO intégrée pourrait attirer d’importants afflux de capitaux en provenance
des autres régions d’Afrique et du Monde et devenir ainsi un espace économique
émergent.
Dans l’ensemble, le marché financier de l’Afrique de l’Ouest est étroit et peu profond,
avec de très faibles interactions entre les sous-marchés tant de l´UEMOA que du
Nigéria et du Ghana. Alors que les pays de l’UEMOA ont progressé de façon
satisfaisante, un des défis clés est d´avancer l’intégration des marchés financiers au
sein de la CEDEAO. Des efforts seront nécessaires dans plusieurs domaines,
notamment l’intégration des infrastructures juridiques, réglementaires et des
paiements. L’intégration avec le seul marché financier nigérian, étant donné sa taille,
constituera un pas énorme en direction de l’intégration financière de l’Afrique de
l’Ouest. Conscientes de la situation, les autorités nigérianes ont fait de l’intégration
financière l’un des piliers de leur Stratégie 2020 pour le secteur financier. Des actions
sont actuellement en cours pour intégrer la Bourse nigériane des valeurs et la Bourse
régionale de valeurs mobilières (BRVM) d’Abidjan, avec la Bourse du Ghana. Le
potentiel d’investissements dans des portefeuilles transnationaux par les institutions
de la CEDEAO et les particuliers est élevé, en cas d’intégration des trois principales
bourses, mais le chemin vers une intégration totale est encore long.
CONCLUSION GENERALE
En définitive, à la lumière de nos analyses, nous pouvons retenir qu’en dépit des
difficultés et réalités régionales, il existe un certain nombre d’opportunités
d’amélioration du processus d’intégration financière régionale.
L’Afrique de l’Ouest est une région riche en ressources, qui peuvent être exploitées
pour améliorer l’intégration régionale et la croissance. On y trouve également
plusieurs champions économiques régionaux émergents, notamment dans les secteurs
des services financiers. Par exemple, ECOBANK, a une vocation panafricaine et a mis
en place des filiales dans tous les pays d’Afrique sub-saharienne. Les principales
banques nigérianes ont elles aussi établi des filiales dans plusieurs pays africains.
La création d’une monnaie unique, par exemple, a été repoussée à diverses reprises,
avant l’adoption en 2009 de la Feuille de route pour le programme 2009-2020 de la
monnaie unique de la CEDEAO. Janvier 2015 est maintenant la nouvelle date fixée
pour la réalisation effective de la deuxième union monétaire, la ZMAO. En dépit de
l’engagement des parties prenantes régionales à cette initiative ainsi qu’aux
calendriers y afférents, la mise en œuvre de la feuille de route semble connaître des
difficultés liées à la coordination et à l’insuffisance des capacités de certaines
institutions chargées des activités qui en découlent.
Ainsi, le véritable enjeu serait la mise en place d’un Centre financier régional. Il serait
donc plus aisé et moins coûteux pour les entités déjà localisées dans les pays de la
CEDEAO de se financer à travers ce Centre. Au fil du temps, ce Centre pourrait
éventuellement devenir une « plaque tournante » financière pour la région, pourquoi
pas pour le continent faisant bénéficier à toute l’Afrique un accès à des ressources bon
marché. Des mesures politiques décisives doivent être adoptées par les autorités
régionales si elles souhaitent concrétiser ce projet ambitieux.
Jusqu’à présent, aucun pays n’a davantage joué le rôle « d’aimant » financier de la
région, ni de celui de « plaque tournante ». La mauvaise qualité des institutions et de
la réglementation financières ainsi que la rareté des opportunités dans les pays de la
CEDEAO expliquent en partie ce phénomène.
- Eichengreen, B. 2002 « Lessons of the Euro for the Rest of the World », Working
Paper PEIF 2, University of California, December.
Webographie:
Site de la Commission de la CEDEAO : www.ecowas.int
ANNEXES :