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Ambroise de Malherbe – Victor Guekam

11B

ETUDE DE DOCUMENT : TOKYO (P. 55)

Métropolisation et recomposition intra-métropolitaines : ampleurs et limites des


spécificités de Tokyo

Tokyo est la capitale du Japon, elle compte environ 15 millions d’habitants intra-
muros et 42 millions d’habitants dans l’agglomération. C’est une ville d’enjeu mondial
majeur, au même titre que Londres ou New York selon la sociologue et économiste
Saskia Sassen. En temps qu’une des métropoles les plus peuplées de la planète, elle a dû
faire face à plusieurs recompositions intra-métropolitaines. La recomposition territoriale
correspond aux évolutions fonctionnelles et paysagères que connaissent les territoires face
à la concurrence qui les oppose et aux nouveaux enjeux liés notamment à la
mondialisation. La mondialisation, quant à elle, qui représente le processus
d’accroissement des échanges et des flux de marchandises, d’informations et de capitaux
à l’échelle de la planète, est aussi un enjeu majeur pour Tokyo. Le texte qui nous est
proposé est un extrait d’un article publié sur le site geoimage.cnes.fr en 2017. Il a été écrit
par L. Carroué et s’intitule « Tokyo : mutations urbaines, verticalisation et retour vers la
ville-centre ». Il évoque les mesures prises par les grandes métropoles japonaises et
notamment Tokyo après leur forte croissance démographique à partir de 2000. C’est ces
recompositions intra-territoriales qui ont permis à la capitale nippone d’acquérir la
puissance que l’on connaît aujourd’hui. Ainsi, il est intéressant de se demander dans
quelle mesure les recompositions intra-métropolitaines ont permis à la ville de Tokyo de
se doter de spécificités d’ampleur mondiale. Pour tenter d’y répondre nous aborderons
dans un 1er temps la spécificité des recompositions intra-métropolitaines de Tokyo, puis
dans un 2ème temps dans quel contexte se produisent-elles, et enfin comment elles
s’apparentent à celles qui peuvent être observées dans d’autres métropoles.

*
Tout d’abord, les recompositions intra-métropolitaines de Tokyo présentent une
certaine spécificité, car le centre-ville de Tokyo gagne de la population avec un retour des
fonctions résidentielles.
Tokyo-Yokohama est la 3ème plus grande ville du monde par sa population, juste
derrière Shanghai (1ère) et Dehli (2ème). Depuis 2000, comme les grandes métropoles
japonaises, son centre-ville connaît une forte croissance démographique, alors qu’à la fin
du XXème siècle la population était en déclin démographique. Cette augmentation
significative de la population est due à une désertification dans le reste du pays, en effet
les campagnes japonaises se vident et les ruraux viennent s’installer en ville. Ainsi, en une
quinzaine d’années, la population tokyoïte a augmenté de 50% environ autour du
« Château impérial », alors que dans les décennies précédentes, un vaste « boom
immobilier spéculatif » avait fait partir une grande partie des populations qui y résidaient
au bénéfice des activités de services ou de bureaux, vidant certains quartiers. C’est ce
qu’on appelle le phénomène de « city », c’est-à-dire un quartier d’affaires qui se vide de
sa population la nuit. Nous pouvons donc dire que cette recomposition intra-
métropolitaine est spécifique par la capacité de Tokyo à inverser le phénomène – souvent
irréversible – de l’exode rural.
Cependant, ces recompositions intra-métropolitaines n’ont pas eu lieu par hasard.
Elles interviennent dans un contexte mondial et national spécial qui a permis à Tokyo de
se redynamiser.

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Ces recompositions intra-métropolitaines se produisent dans un contexte
international de concurrence entre les métropoles et dans un contexte national de déclin
démographique.
En effet, avec le développement de la mondialisation, on voit apercevoir une
concurrence de plus en plus nette entre les grandes métropoles asiatiques à l’échelle
mondiale telles que Shanghai et Hong Kong en Chine, Séoul en Corée du Sud et bien sûr
Tokyo au Japon. C’est ainsi que Tokyo cherche à renforcer son rang de métropole
mondiale, voire même de « ville mondiale » (cf. Saskia Sassen). Elle a donc mis en place
en 2002 un grand projet de revitalisation urbaine en « dérégulant le marché financier et
immobilier des quartiers les plus prestigieux et de toute la zone portuaire du centre » (l.
20-22). Ce projet se place dans un nouveau contexte économique à échelle binationale
(États-Unis et Japon), désigné aux l. 12-13. En effet, on appelle « endaka » (littéralement
« yen fort » en japonais) les phases de l'histoire économique du Japon où le yen, la
monnaie japonaise, s'est apprécié par rapport au dollar US. Ces phases se sont traduites
par une détérioration de la compétitivité japonaise et par une chute des exportations. Ces
« endaka » se sont succédés tous les 10 ans environ à partir de la fin de la Seconde Guerre
Mondiale et du premier « endaka » mis en place par le président Américain Harry
Truman. En 1995, le seuil de 100 yens = 1 dollar est franchi pour la première fois. Le
Japon négocie avec les États-Unis pour permettre une dépréciation du yen, en échange de
quoi le Japon s'engage à acheter avec ses devises des bons du Trésor étasuniens. C’est
ainsi que le Japon, à la fin des années 1990, se retrouve dans l’obligation de lancer de
vastes plans pour tenter de redresser son économie, comme le plan immobilier mis en
place à partir de 2002. Ce projet à échelle métropolitaine consiste à construire de grandes
tours de logements collectifs attirant de nouvelles populations, remodelant
« profondément la skyline des quartiers concernés » (l. 26). Cette décision prise par des
acteurs publics tels que la municipalité de Tokyo ou l’état japonais profitent à des acteurs
privés comme les grands groupes japonais Mitsubishi (conglomérat constitué de plus de
300 entreprises) ou Mitsui.
Ainsi, ce processus, inscrit dans un déclin démographique et une compétitivité
croissante entre les puissances asiatiques, a permis à la ville de Tokyo de redynamiser son
centre-ville et sa zone portuaire. Cependant, ces recompositions intra-métropolitaines,
malgré leurs spécificités, peuvent être similaires dans d’autres villes.

***
En effet, on peut constater une uniformisation des équipements et des activités dans
les grandes métropoles avec les exemples du développement des parcs Disneyland, des
quartiers olympiques ou bien de la valorisation des espaces littoraux.
Les villes chinoises, en concurrence permanente avec les villes japonaises comme
nous le rappelle le document, ont également eu recours aux méthodes de recomposition
intra métropolitaine utilisées par Tokyo. On peut notamment prendre en compte
l’ouverture à Shanghai en 2016 du parc Disney le plus cher de l’histoire, en compétition
directe avec celui de Tokyo ouvert en 1983, qui détient lui la distinction du premier parc
Disney ouvert à l’étranger. De plus, La Chine a également eu le prestige d’organiser les
jeux olympiques d’hiver 2022 à Pékin, grâce auxquels, La Chine a pu montrer une
nouvelle fois son intention de concurrencer les autres villes asiatiques dans la course à la
première métropole, mais également de concurrencer les jeux olympiques 2021 organisés
par le Japon. Enfin, l’aménagement des espaces littoraux en Chine est un de leur point clé,
en effet les espaces les plus peuplés de Chine sont les littoraux, le long desquels se
concentrent les grandes villes du pays. C'est dans ces territoires que se concentrent les
activités économiques du pays.
Ainsi, Malgré leurs spécificités, ces recompositions intra-métropolitaine de Tokyo
s’apparentent à celles qui peuvent être observées dans d’autres métropoles comme ici,
avec celles de la Chine.

Pour conclure, la ville de Tokyo, à travers ces recompositions


métropolitaines intégrant différentes spécificités, a su prendre de l’ampleur et se hisser au
rang des métropoles influentes dans le monde en suivant le schéma classique des
recompositions, c’est-à-dire celui que l’on peut retrouver dans les autres métropoles
tentant de renforcer leur rôle de métropole mondiale ; sans oublier bien sur la concurrence
entre les métropoles évoluant dans un contexte national de déclin démographique.

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