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© FAO/ R.

Faidutti
No t e d’ or ien tat ion no. 4 sur genr e e t emp loi rur al 2010

Développement de la chaîne de valeur agricole :


menace ou opportunité pour l’emploi des femmes ?
Les marchés agricoles se mondialisent rapidement, et ce phénomène engendre de nouveaux modèles de consommation et
de nouveaux systèmes de production et de distribution. Les chaînes de valeur, souvent contrôlées par des sociétés multinatio-
nales ou nationales et des supermarchés, s’emparent d’une part croissante des systèmes agro-alimentaires dans les régions en
développement. Elles peuvent fournir des opportunités d’emploi de qualité pour les hommes et les femmes, et pourtant elles
peuvent également être des canaux utilisés pour transférer les coûts et les risques aux maillons les plus faibles, particulièrement
les femmes. Elles perpétuent souvent des stéréotypes liés au sexe confinant les femmes à des emplois faiblement rémunérés,
précaires et ne conduisant pas nécessairement à une plus grande égalité entre les sexes.

QUELS SONT LES PROBLÈMES ?


LE SAVIEZ-VOUS ?
Les chaînes de valeur agricoles modernes se développent et deviennent plus
• Les acheteurs nationaux et internationaux de produits alimentaires perfectionnées à mesure que les pays s’industrialisent et renforcent leur
sont de plus en plus concentrés : près de 40 % du café mondial est position sur les marchés mondiaux. Bien que de telles chaînes de valeur
négocié par 4 sociétés et 80 % des exportations de bananes latino- fassent évoluer la structure sexospécifique de l’emploi et que des femmes
américaines sont contrôlées par 3 sociétés.1 mieux instruites rivalisent souvent fort bien avec les hommes pour obtenir
• Le nombre et la taille des chaînes de valeur modernes, et par des emplois de qualité, on note la persistance des stéréotypes liés au sexe
conséquent des emplois, augmenteront dans les pays en développement confinant les femmes pauvres et qui n’ont pas fait d’études à des travaux
avec la croissance économique ; déjà, dans les pays en transformation faiblement rémunérés, moins qualifiés et plus précaires au sein de la chaîne
et urbanisés plus prospères, les industries et les services liés aux de valeur. Le défi à relever est d’assurer l’égalité entre les sexes à travers
chaînes de valeur agricoles représentent souvent plus de 30 % du PIB.2 la chaîne de valeur et d’éviter la répétition des modèles traditionnels de
discrimination sexiste.
• Les chaînes de valeur agricoles modernes offrent habituellement
des emplois salariés et indépendants avec de meilleures conditions
de rémunération et de travail que dans l’agriculture traditionnelle. 1. Inégalités entre les hommes et les femmes dans les chaînes
Bien que les femmes ne constituent que 20 à 30 % des travailleurs de valeur agricoles modernes
agricoles salariés à l’échelle mondiale (même si la proportion est
plus importante dans certains pays latino-américains et africains)3, • Dans les chaînes de valeur modernes, les hommes sont concentrés dans
elles prédominent souvent dans les industries à forte valeur ajoutée une agriculture contractuelle plus rémunératrice qui leur confère un sta-
pour l’exportation ou les supermarchés du pays (fruits frais, légumes, tut plus élevé, car en règle générale ils contrôlent la terre du ménage
fleurs, volaille et fruits de mer) (Tableau 1).4 et la main d’œuvre, alors que les femmes prédominent en tant que tra-
vailleuses salariées dans les industries agro-alimentaires.
• Dans les chaînes de valeur agricoles, qu’elles soient traditionnelles
ou modernes, les femmes sont souvent confrontées à des conditions • Les travailleuses sont généralement confinées à certain maillons de la
d’emploi moins favorables que celles des hommes : chaîne (par ex., le traitement et l’emballage) qui requièrent de la main
– Les femmes sont couramment embauchées comme travailleuses d’œuvre relativement non qualifiée, tendance qui reflète les stéréotypes
temporaires ou occasionnelles (Tableau 1) alors que les hommes culturels sur les rôles et les aptitudes sexospécifiques.
prédominent dans les postes à durée indéterminée. Parmi les • Une telle ségrégation liée au sexe est souvent utilisée pour légitimer le
travailleurs du secteur de la tomate au Sénégal, par exemple, 2 paiement de salaires plus bas aux femmes, même s’il y a des exceptions
% des femmes et 28 % des hommes ont des contrats de travail à pour certaines exportations agricoles non traditionnelles (EANT). 5 Les sa-
durée indéterminée.5 laires des femmes représentent 50 % de ceux des hommes au Pakistan
– Les femmes sont principalement embauchées pour des tâches dans la production de sucre de canne, mais ils atteignent 80 % des sa-
manuelles à forte intensité de main d’œuvre, relativement non laires masculins dans l’industrie florale mexicaine, et sont similaires aux
qualifiées, tandis que les emplois des hommes impliquent souvent salaires des hommes dans les chaînes d’approvisionnement modernes de
l’utilisation de machines. Par exemple, dans les entreprises l’horticulture (haricots verts ou tomates) au Sénégal.
exportatrices de fruits et légumes du Kenya, les femmes
constituent 80 % des travailleuses de l’emballage, de l’étiquetage
• La ségrégation et la nature occasionnelle ou temporaire des contrats li-
et du codage par code-barres des produits.6
mitent pour les femmes les opportunités d’acquérir de nouvelles compé-
tences techniques et entrepreneuriales, accroissant le risque de licencie-
– Les travailleuses reçoivent d’habitude des salaires inférieurs à
ment si leurs emplois sont automatisés ou si les hommes sont favorisés
ceux des hommes, bien que dans certaines chaînes de valeur
en matière de formation technique.
modernes les salaires sont similaires à ceux des hommes (par ex.,
dans les industries du haricot vert et de la tomate au Sénégal7 et
dans l’entreprise de volailles de la Sun Valley en Thaïlande).4
• L
es femmes prédominent dans les emplois instables et flexibles
dépourvus de sécurité sociale et autres avantages sociaux, et sont
souvent les premières à perdre leur emploi pendant les périodes de
ralentissement de l’activité économique. 8 Oeuvrer pour que les
populations rurales pauvres
se libèrent de la pauvreté
rabilité aux chocs (dus aux conditions clima-
TABLEAU 1 Emploi dans un échantillon de chaînes de valeur agricoles tiques, à des maladies ou à des décès au sein
de la famille ou encore à la libéralisation des
Chaîne de valeur Pays Total des em- Proportion des femmes Travailleuses échanges et à l’instabilité des marchés) dissua-
plois (hommes parmi les travailleurs intermitten- dent les hommes pauvres de se livrer à une ac-
et femmes) tes tivité agricole à forte consommation d’intrants
Fleurs Kenya 40,000 75 % 65 % dans les chaînes de valeur modernes. Les
Colombie 110,000 65 % - femmes tendent à être encore plus averses aux
Zimbabwe 27,000 70-87 % 42 % risques, et l’agriculture de subsistance, avec
de faibles ventes sur le marché local, demeure
Légumes Pérou 60,000 70 % (dans les champs) - souvent leur seule option de repli.
95 % (transformation)
• Les faiblesses des infrastructures rurales
Fruits Afrique du Sud 283,000 53 % 65-75 % (routes, transport, eau, électricité, assainisse-
Chili 336,739 45 % 55-70 % ment) alourdissent de manière disproportion-
Volaille Brésil 10,502 90 % majorité née pour les femmes le fardeau des tâches
domestiques et de garde non rémunérées.
Crevettes Bangladesh 600,000 36 % 90 % Ces infrastructures inadéquates réduisent le
(62 % dans la transformation) temps qu’elles peuvent consacrer au travail
rémunéré à l’extérieur du foyer.
Source: Adapté de FAO 2009 (Fontana M. avec Paciello. C) et Banque mondiale, FAO et FIDA, 2009

3. Les femmes exploitantes agricoles


• La législation et les réglementations contre la parce qu’ils manquent de moyens de trans-
discrimination liée au sexe et le harcèlement port, d’entrepôts frigorifiques, d’installations
et entrepreneurs dans les chaînes de
sexuel sont souvent inadéquates ou ne sont de transformation, de communications et valeur traditionnelles
pas appliquées efficacement. Toutefois, de d’information. Bien que les coopératives et les • Bien que les hommes s’orientent de plus en
nombreuses sociétés multinationales et natio- organisations de producteurs fournissent de plus vers les cultures vivrières à mesure que
nales ont obtenu de bons résultats dans l’ap- plus en plus ces services, relativement peu baissent les rendements des cultures d’ex-
plication des normes internationales du travail de femmes en sont membres en raison des portation, les femmes demeurent souvent les
et des codes de conduite qui améliorent les coûts ou des contraintes sociales. éléments moteurs principaux des chaînes de
conditions de travail et les salaires dans les valeur traditionnelles dans les marchés lo-
• Les hommes comme les femmes ont sou-
industries agro-alimentaires. caux pour les aliments frais ou transformés
vent des difficultés à satisfaire aux normes
• Les travailleuses, notamment dans le secteur tels que les légumes, les fruits, les grains,
de qualité rigoureuses et aux délais stricts
informel, ne sont souvent pas syndicalisées et les tubercules, les produits laitiers et le pois-
des fournisseurs, particulièrement pour les
par conséquent n’ont que peu de possibilités son. Alors que les rendements sont souvent
produits périssables. Les femmes sont en
de lutter en faveur de leurs droits du travail. faibles et que tous les producteurs ont besoin
outre confrontées à des contraintes déter- de soutien pour accroître leurs productivité et
minées par les exigences concurrentes sur revenus, les femmes ont un besoin particulier
leur temps. Les femmes d’Afrique de l’Ouest car elles ont généralement un accès inferieur
2. Les femmes exploitantes agricoles cultivant des légumes périssables les récol- aux intrants, à la vulgarisation agricole et aux
et entrepreneurs doivent surmonter des tent souvent tard le matin, après leurs tâches marchés.
ménagères et de garde des enfants, et ces
obstacles plus élevés que les hommes exigences concurrentes ont des incidences • Une demande croissante, urbaine ou pour
pour s’insérer dans les chaînes de négatives sur la qualité des produits.10 l’exportation, pour certaines cultures vivrières
traditionnellement produites et vendues par
valeur modernes • L’inégalité des relations de pouvoir à l’intérieur les femmes, se traduit souvent par la prise
du ménage peut compromettre les avan- en charge de ces cultures par les hommes
• Presque toujours, les femmes ont moins ac-
tages et les incitations que les femmes ont à (par ex., l’arachide en Zambie, le riz irrigué en
cès que les hommes aux actifs, au crédit, aux
s’insérer dans les chaînes de valeur, si cela Gambie et les légumes feuillus en Ouganda).7
services, aux marchés et à l’information sur
implique de fournir du travail non rémunéré • Les interventions visant à améliorer la produc-
les nouvelles technologies, les préférences
dans des exploitations familiales gérées par tivité et les revenus dans certains maillons de
des consommateurs et les exigences en ma-
les maris ou des parents masculins. Les op- la chaîne de valeur peuvent augmenter les
tière d’exportation. Ce manque d’accès réduit
portunités de cultiver leurs propres cultures charges de travail pour les hommes comme
leurs chances de conclure des accords d’agri-
pour les vendre ou d’avoir un emploi salarié pour les femmes. Des problèmes peuvent
culture contractuelle.
dans une industrie agro-alimentaire peuvent survenir lorsque les charges de travail des
• Lorsque les différences en matière d’intrants améliorer leur position de négociation, afin femmes sont accrues alors que les bénéfices
sont contrôlées à cet effet, il n’y a pas de diffé- qu’elles puissent réduire le temps passé à (revenus) sont perçus par les hommes.
rences significatives de productivité entre les faire ce travail familial non rémunéré ou assu-
exploitants et les exploitantes.9 rer une partie du revenu du ménage. • L’expansion des EANT peut contraindre les
petits producteurs, notamment les femmes,
• Les petits producteurs, notamment les • Dans les pays où la protection sociale, les ser- à se rabattre sur des terres moins fertiles ou
femmes, sont souvent exclus des marchés à vices sociaux ou l’assurance ne sont pas à la à partir s’installer dans les villes et dans les
forte valeur ajoutée intérieurs et d’exportation, hauteur des besoins, la pauvreté et la vulné- zones touristiques (par ex., aux Philippines).7

SCHEMA 1 Chaînes de valeur modernes/traditionnelles


ENCADRÉ 1 Définition dans les systèmes alimentaires
Une « chaîne de valeur » dans l’agriculture désigne l’ensemble des acteurs et des Petits exploitants Grands Exploitant de
indépendants Coopérative exploitants premier plan
activités qui font passer un produit agricole de base du stade de la production dans
les champs à sa consommation finale, processus dont chaque stade voit de la valeur
être ajoutée au produit. Une chaîne de valeur peut être un lien vertical ou un réseau
entre diverses organisations d’entrepreneurs indépendantes et peut concerner la
transformation, l’emballage, l’entreposage, le transport et la distribution. Les termes «
chaîne de valeur » et « chaîne d’approvisionnement » sont souvent utilisés de manière Systèmes formalisés de passation des marchés
interchangeable. Marché de gros traditionnel
Grossiste
Les chaînes de valeur agricoles traditionnelles sont en règle générale régies par des spécialisé / Pays
Exportateur
? spécialisé
opérations de marché au comptant impliquant un grand nombre de petits détaillants et développé

producteurs.
Supermarchés intérieurs
Petits détaillants Exporté
Les chaînes de valeur modernes sont caractérisées par une coordination verticale, la et transformateurs
et transformateurs

consolidation de la base d’approvisionnement, la transformation agro-alimentaire et Chaînes intérieures Chaînes d’exportation


Chaînes traditionnelles
l’utilisation de normes d’un bout à l’autre de la chaîne. organisées organisées

Source: Adapté de la FAO, 2005.


Source: E.B. McCullough, P.L. Pingali et K.G. Stramoulis, eds. 2008,
The transformation of Agri-Food Systems, FAO and Earthscan, London, p. 17.
4. Les femmes ont besoin d’un être envisagée par les gouvernements, les des petits producteurs, notamment les
soutien spécifique pour participer au organismes internationaux, le secteur privé et femmes, dans les pays pauvres.
la société civile :
développement des chaînes de valeur
3. Encourager la participation des
• Le temps que les femmes passent au travail femmes au sein des organisations de
productif peut avoir des incidences négatives Politiques globales
producteurs et de travailleurs ainsi
sur la garde, la santé et la nutrition des
enfants. Il peut aussi augmenter la fréquence
1. Créer un environnement approprié qu’aux processus de prise de décision
du travail des enfants et l’abandon de l’école facilitant la promotion des chaînes • Fournir des incitations visant à renforcer la
par les enfants pour prendre le relais de leur de valeur agricoles en se penchant participation des femmes dans les organisa-
mère dans les travaux domestiques ou dans particulièrement sur les pauvres tions de producteurs et de travailleurs ainsi
la garde des autres enfants, sauf lorsque du que la formation pour le développement des
matériel permettant d’économiser de la main-
•• Intégrer les objectifs d’égalité entre les sexes
dans la réalisation d’actions publiques et capacités pour les femmes exerçant des res-
d’œuvre et des structures de garde d’enfants ponsabilités, en tenant compte de leur charge
la fourniture de biens publics fondamen-
sont introduits. de travail et des contraintes culturelles.
taux  : ceci inclut les infrastructures rurales,
• L’accès au marché pour les femmes est souvent un meilleur climat d’investissement, une • Travailler avec des groupes de femmes ou
limité à cause du manque de structures de meilleure gestion des ressources naturelles, des groupes mixtes de parties prenantes,
garde d’enfants ou d’installations sanitaires ainsi que la conception et l’application de la afin d’analyser les contraintes dans chaque
dans les marchés et à cause des restrictions législation du travail dans le secteur agricole.2 chaîne de valeur et d’identifier des moyens
de type culturel à leurs déplacements à de traiter ces dernières pour promouvoir
•• Ratifier et mettre en œuvre les conventions
l’extérieur de leurs communautés. l’égalité entre les sexes.
de l’OIT pertinentes pour les travailleuses
agricoles, informer et instruire les femmes • Impliquer activement les femmes dans les
de leurs droit en matière d’emploi, et faire groupes d’études d’exploitants agricoles, de
Quelles sont les po- appliquer le droit du travail et les codes de
conduite dans l’agriculture, y compris pour
travailleurs, de travailleurs à domicile ou de
micro-entrepreneurs, leur fournir une forma-
litiques possibles? les travailleurs temporaires et migrants. tion en compétences techniques et de né-
•• S’assurer que les accords commerciaux gociation, et les aider à établir des réseaux
Pour s’assurer que les femmes rurales et agricoles régionaux et bilatéraux pré- parmi les femmes et aussi avec les hommes.
leurs communautés bénéficient pleinement voient l’application de normes du travail
des opportunités d’emploi dans la chaîne de • Soutenir la participation des femmes à la po-
adéquates et sensibles aux sexospécifités, litique agricole et aux négociations commer-
valeur, une combinaison de mesures devrait d’un bout à l’autre de la chaîne de valeur. ciales agricoles par le biais de leur apparte-
•• Étendre les mesures concernant la santé et nance à des organisations collectives.
la sécurité au travail, sensibles au sexospé- • Renforcer les coopératives de femmes en
ENCADRÉ 2 « Café Femenino », une cificités, pour les travailleurs de l’économie leur apportant une assistance dans l’amélio-
informelle dans le secteur agricole et agro-
coopérative de production de café de alimentaire, en partenariat avec les organi-
ration du développement de leurs produits
ainsi que de la stratégie de marque, de la
femmes péruviennes sations de producteurs et de travailleurs et qualité et de la commercialisation de ces
Café Femenino est une marque de café biologique, le secteur privé. produits, dans l’amélioration des normes en
cultivé et transformé par des femmes du nord du Pérou. •• Améliorer l’accès des femmes à la terre matière de travail et dans les négociations
Cette marque créée par elle mêmes leur appartient, (par ex., par un traitement préférentiel dans tarifaires.
et le café est vendu aux États-Unis et au Canada l’établissement des titres fonciers et par • Aider les femmes à développer leurs propres
dans le cadre du commerce équitable. Les efforts de des programmes de réforme foncière), et
ces femmes ont été une source d’inspiration pour les
stratégies pour surmonter les contraintes
mieux faire connaître les droits coutumiers et maximiser les opportunités, en tenant
femmes d’autres pays d’Amérique latine, qui veulent ou légaux des femmes à hériter, acheter ou
démarrer leurs propres programmes Café Femenino. compte des différents besoins de différents
utiliser la terre. groupes socioéconomiques.
Soutenues par Café Femenino Foundation, une
fondation d’Amérique du Nord à but non lucratif, les •• Introduire la discrimination positive (ou • Organiser des réunions à des dates et à des
femmes bénéficient de projets qui renforcent l’image action affirmative) pour les travailleuses endroits qui tiennent compte des multiples
positive qu’elles ont d’elles-mêmes ainsi que leurs et les femmes entrepreneurs (emplois, responsabilités des femmes ainsi que des
capacité à exercer des responsabilités, et elles génèrent formation, crédit, garde des enfants, re- contraintes pesant sur leurs déplacements.
des revenus qu’elles mêmes contrôlent. Grâce aux présentation dans les processus de prise Si les hommes sont présents, utiliser des
majorations de prix permises par la qualité biologique de décision, droit à posséder des biens im- méthodes de facilitation qui encouragent les
des produits et grâce au commerce équitable, mobiliers et des terres, à signer des actes femmes à s’exprimer, à remettre en ques-
beaucoup de progrès ont été réalisés pour améliorer juridiques sans la signature d’un parent tion les préjugés culturels et idées fausses et
les conditions dans des zones de plantation de café, y masculin, et enfin les incitations fiscales les aident à négocier des améliorations dans
compris une meilleure nutrition, une amélioration de ou autres types d’incitations). les postes occupés par les femmes dans les
l’assainissement, de nouvelles usines de traitement au
mouillé et de nombreux kilomètres de routes.
chaînes de valeur.
2. Promouvoir les bonnes pratiques
Source: www.coffeecan.org
•• Analyser les changements en cours dans les Politiques spécifiques
© FAO/K. Wiedenhöfer

chaînes de valeur existantes et émergentes


aux niveaux local, national et international, 1. Réduire les inégalités entre les
et leurs incidences sexospécifiques sur les hommes et les femmes dans les
exploitants agricoles et les travailleurs (y chaînes de valeur agricoles modernes
compris les relations de pouvoir régissant
les rendements relatifs à chaque maillon), et • Introduire et faire appliquer une législation
identifier des politiques/actions propices à s’attaquant à la discrimination liée au sexe,
renforcer l’égalité entre les sexes.3 au harcèlement sexuel et aux inégalités sala-
riales entre les sexes.
•• Rechercher et diffuser les résultats sur les
bonnes pratiques, en collaboration avec le • Encourager les femmes rurales à saisir les
secteur privé et les organisations de la société opportunités éducatives et de formation et
civile. à développer leur expérience et leurs com-
pétences pour améliorer les perspectives
•• Soutenir les initiatives du secteur privé telles futures d’emploi.
que la responsabilité sociale d’entreprise, les
labels équitables, biologiques, éthiques ou • Encourager les industries agro-alimentaires
écologiques, avec un accent sur la promotion à procurer une formation aux travailleuses
de l’égalité entre les sexes. et à promouvoir celles-ci à des emplois plus
qualifiés ou de direction.
•• Soutenir les ONG et les actions publiques dans
la sensibilisation des consommateurs à propos • Faire appliquer les normes éthiques, le droit
Femmes triant le café dans une coopérative des conditions de travail et de la rémunération du travail, les codes de conduite et les dis-
du district de Puno, au Pérou
positions portant sur le travail décent dans d’une formation, de technologies, d’intrants
les industries agroalimentaires en accordant et d’entreposage améliorés, en accordant
ENCADRE 3 Améliorer la production une attention particulière aux femmes. une attention particulière aux femmes.
d’huile d’olive et sa commercialisation • Promouvoir des marchés de niche pour les
par les femmes au Maroc 2. Réduire les barrières à l’entrée des produits traditionnellement associés aux
Soutenues par l’ONUDI (Organisation des Nations
exploitantes agricoles et des femmes femmes (par ex., le café, la soie, les herbes
Unies pour le développement industriel) et certains entrepreneurs dans les chaînes de sauvages récoltées selon les normes du
ministères nationaux (Agriculture, Industrie, Commerce valeur modernes commerce équitable).
et Communications), des femmes entrepreneurs de • Encourager les femmes à former ou à re-
•• Améliorer l’accès des femmes à la terre, à
Chefchaouen ont appris de meilleures méthodes pour joindre des coopératives pour améliorer leur
la technologie, aux connaissances et à la
récolter les olives, contrôler la qualité de l’huile et accès aux moyens de transport, aux entre-
organiser un système de commercialisation (emballage,
certification en matière de qualité et de sûreté
du produit, aux marchés, aux informations pôts, aux marchés et à la transformation
étiquetage, entreposage et promotion). Plus de 300
tarifaires, au crédit et à l’assurance, dans le pour la valeur ajoutée.
femmes et 50 hommes ont été formés à produire de
l’huile d’olive de meilleure qualité pouvant se négocier but de renforcer leurs aptitudes à travailler à
à un prix plus élevé. La productivité a augmenté de titre d’exploitantes contractuelles. 4. Renforcer la transformation agricole
40 % et la vente dans les échoppes en ville, plutôt •• S’assurer que les politiques et les actions au moyen de stratégies sociales
qu’au niveau de l’exploitation, a contribué à un visant à développer les chaînes de
accroissement des ventes d’au moins 85 %. Les gains valeur tiennent compte des différentes • Améliorer les politiques sociales pour
globaux ont doublé. responsabilités sexospécifiques dans protéger les exploitants et travailleurs
l’entière chaîne de valeur ou dans des pauvres, particulièrement les femmes,
Source: www.unido.org
maillons au sein de la chaine, des des conséquences négatives de la libéra-
connaissances agro-écologiques et des lisation des marchés et de la privatisation.
© FAO/H. Wagner

relations de pouvoir sexospécifiques. • Développer des services sociaux ruraux tels


•• Promouvoir des services de vulgarisation que ceux de santé et de garde des enfants,
sensibles aux sexospécificités, en recrutant améliorer l’accès à l’eau et au combustible,
localement des agentes de vulgarisation ou et moderniser les infrastructures en incluant
en formant du personnel masculin apte à des espaces dans les sites de marché réser-
travailler efficacement avec les femmes. vés et équipés pour accueillir des femmes
ayant des enfants, afin d’atténuer le fardeau
•• Former les femmes aux compétences qui pèse sur les femmes et d’améliorer leurs
entrepreneuriales pour renforcer leurs vies.
entreprises, augmenter leur confiance et
atténuer leur aversion au risque. • Promouvoir les technologies à faible intensi-
té de main d’œuvre pour alléger les charges
de travail des femmes.
3. Améliorer les rendements des femmes
• Procurer une formation de base, comprenant
dans les chaînes de valeur traditionnelles
la lecture et l’écriture et la comptabilité, aux
• Améliorer la productivité des petits exploi- petits exploitants, aux entrepreneurs et aux
Femmes nettoyant et triant des olives au Maroc
tants et la qualité de leurs produits au moyen travailleurs, notamment les femmes.

Notes de fin de page 4 Banque mondiale. 2003. disparités, les tendances et la 7 FAO, 2009. Fontana, M. 8 FAO. 2003b. Agriculture,
1 FAO. 2 003a. L’économie Dolan, C. et Sorby, K. Genre recherche actuelle dans les with Paciello C. Gender Trade Negotiations and
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OUTILS Contacts
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A guide for policy analysts and planners, FAO Agricultural Services Bulletin 60, Rome. l’agriculture (FAO)
• BIT : 2009. Ameratunga, S. & Kawar. M. Guidelines on Gender in employment policies. Policy Brief 8, Andre Croppenstedt : andre.croppenstedt@fao.org
“Value chain development”. Genève. Fonds international de développement agricole (FIDA)
• BIT : 2007. Mayoux, L. & Mackie, G. Making the strongest links. Rosemary Vargas-Lundius : r.vargaslundius@ifad.org
A practical guide to mainstream gender analysis in value chain development. Geneva. Bureau international du Travail (BIT)
http://www.ilo.org/public/english/region/afpro/addisababa/pdf/makinglinks.pdf Merten Sievers : sievers@ilo.org
• Banque mondiale, FAO, FIDA. 2009. Gender in agriculture sourcebook. World Bank, Washington D.C.
Ce document d’orientation a été préparé par Daniela
• FAO-BIT-IFAD. Atelier technique d’experts sur les disparités, les tendances et la recherche actuelle
Bolzani, Soline de Villard et Jennie Dey de Pryck (FAO),
dans les dimensions sexospécifiques de l’emploi agricole et rural : des cheminements différenciés pour
avec des contributions de Peter Wobst (FAO)
sortir de la pauvreté’’, 31 mars - 2 avril 2009. Rome.
Pour en savoir plus sur ce programme FAO-BIT-FIDA lancé en 2008 sur les dimensions sexospécifiques Rédactrice en chef : Soline de Villard (FAO)
de l’emploi agricole et rural : http://www.fao-ilo.org/more/workshop/en/ Coordination : Eve Crowley (FAO),
Rosemary Vargas-Lundius (FIDA), et
Loretta de Luca (BIT).

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