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a mise en forme à l’état solide des matériaux métalliques repose sur leur
L capacité à subir de grandes déformations irréversibles, dites « plastiques »,
à partir d’un certain niveau de contraintes. Cette capacité n’est limitée que par
les phénomènes d’« endommagement » et de « rupture ».
L’objectif de cet article est donc de présenter le jeu d’équations décrivant le
champ de vitesses v et de contraintes σ, lors de l’écoulement plastique des maté-
riaux métalliques dans les divers procédés du type laminage, forgeage, tréfilage,
étirage, emboutissage, usinage...
La théorie de la plasticité permet en effet d’analyser le comportement du métal
à trois échelles :
— à l’échelle globale du procédé :
• évaluation des forces et énergie nécessaires,
• étude de la morphologie de l’écoulement et de l’évolution géométrique de
la pièce,
• évaluation des limites du procédé (réductions maximales possibles),
• évaluation de la forme des surfaces libres et des risques de défauts (bords
en « os de chien » en laminage de tôles épaisses, défauts de remplissage de
gravures profondes ou de replis en forgeage à chaud...) ;
— à l’échelle locale de l’élément de matière supposé continu et homogène :
• évaluation des champs de contrainte et de déformation (voire de tempéra-
ture) qui conditionnent la qualité du produit final : microstructure, propriétés
mécaniques, contraintes résiduelles, endommagement (fissures),
Ces termes sont sans dimension et sont donc supposés petits Une exception notable concerne les produits issus de la métal-
devant 1. On en déduit aisément qu’au point M la variation relative lurgie des poudres (voir § 4.4 du dossier T.I. [17] et les références T.I.
de volume (supposée petite) vaut simplement : [19] et [20]).
i=3
∆V
θ = -------- = ∑ ε ii = ε ii (3) Un cas particulier de déformation est la « déformation plane »
V0 i=1 dont les champs de vitesse et de vitesse de déformation ont la
forme suivante :
Le dernier terme, appelé « trace de ε », est équivalent au précé-
dent en adoptant, pour alléger les écritures, la convention de som- ⎧v = f (x , x )
mation sur les indices répétés, ici i. ⎪ 1 1 1 2 ⎛ ε̇ 11 ε̇ 12 0 ⎞
⎪ ⎜ ⎟
L’outil de mise en forme se retrouve, a priori, dans un état de peti- v ⎨ v 2 = f 2 ( x 1 , x 2 ) → ε̇ = ⎜ ε̇ ⎟ (8)
21 ε̇ 22 0
tes déformations. ⎪ ⎜ ⎟
⎪ v3 = 0 ⎝ 0 0 0⎠
Côté métal, l’incrément de déplacement dU, durant un incrément ⎩
de temps dt, est toujours petit, ainsi que l’incrément de déformation
dε associé. Son rapport à dt est appelé « vitesse de déformation », Le métal se retrouve approximativement dans un tel état de
ε̇ = d ε ⁄ dt . Elle est également représentée par une matrice symétri- déformation en mise en forme de produits très larges (laminage
que 3*3 dont les composantes sont données par des formules ana- de tôles fines, par exemple) [21].
logues à (2), à partir des composantes du vecteur vitesse v :
⎛ ε̇ ⎞
⎜ 11 ε̇ 12 ε̇ 13 ⎟ 1.1.2 Description de l’état de contrainte
ε̇ ( x ,t ) = ⎜⎜ ε̇ 21 ε̇ 22 ε̇ 23 ⎟
⎟
(4)
⎜ ε̇ ⎟ Le tenseur des contraintes σ en un point M est représenté par une
⎝ 31 ε̇ 32 ε̇ 33 ⎠ matrice 3*3 symétrique, de composantes σij :
1 ⎛ ∂v ∂ v ⎞
avec ε̇ ij = --- ⎜ -------i + -------j⎟ = ε̇ ji ⎛ σ 11 σ 12 σ 13 ⎞
2 ⎝ ∂x j ∂x i⎠ ⎜ ⎟
σ ( x ,t ) = ⎜ σ 21 σ 22 σ 23 ⎟ (9)
i = 1-3 ⎜ ⎟
j = 1-3 ⎝ σ 31 σ 32 σ 33 ⎠
Ces termes sont homogènes à l’inverse d’un temps et s’expriment
avec σij = σji
en s−1.
Les termes de cette matrice (unité en Pascal (Pa)) sont également
des fonctions des coordonnées xi de M et de t. Ils représentent les
Cette description cinématique est bien adaptée au cas des composantes des trois vecteurs contraintes particuliers. Il s’agit des
procédés de mise en forme où le métal subit de grandes forces agissant par unité d’aire sur les trois éléments de surface, dits
déformations plastiques ; on parle donc d’écoulement. « facettes », situés au point M et parallèles aux trois plans définis par
Un écoulement est dit stationnaire ou permanent si le vecteur le repère.
vitesse v ne dépend pas du temps t ; la zone de déformation Ainsi, σ11 et σ21 sont respectivement les composantes selon 0x1 et
n’évolue alors pas. 0x2 de la force T1 agissant sur la facette parallèle à Ox2x3, de nor-
De tels écoulements s’instaurent en laminage, tréfilage, tour- male Ox1. Les termes de la diagonale principale, du type σii, sont
nage ou perçage, mais pas en forgeage, emboutissage ou frai- donc des contraintes normales (à la facette) alors que les termes
sage où l’écoulement et la zone de déformation évoluent tout au hors diagonales σij (i ≠ j) sont des contraintes tangentielles (à la
long de l’opération. facette) dites « cissions ».
Un bilan des forces appliquées à un tétraèdre élémentaire com-
Au point M, la vitesse de variation relative de volume vaut : portant trois faces parallèles aux plans de coordonnées montre que
le vecteur contrainte T (Ti, i = 1-3) agissant sur la facette de normale
i=3 unitaire n (ni, i = 1-3) se déduit de σ selon la formule :
1 dV =
θ̇ = ---
- -------- ∑ ε̇ ii = ε̇ ii = div v (5) T=σ.n (10)
V dt i=1
avec Ti = σijnj
∂v i = 1-3
avec div v = ε̇ ii = -------i = v i ,i
∂x i Par convention, le vecteur contrainte T exprime l’action de ce qui
La conservation de la masse au point M s’écrit, en appelant est situé du côté de n (dessus de la facette) sur ce qui est situé en
ρ = ρ(x,t), la masse volumique (kg · m−3) du matériau au point M : dessous de la facette.
La matrice représentant l’état de contrainte σ en un point M étant
1 dρ dρ
θ̇ = – --- ------- → ------- + ρ div v = 0 (6) symétrique, il existe un repère orthonormé local où σ est diagonale,
ρ dt dt c’est-à-dire trois directions de « facettes » orthogonales deux à deux
dont les vecteurs contraintes sont normaux aux « facettes ».
dρ ∂ρ ∂ρ Dans ce repère, dit « repère principal », σ s’écrit :
avec ------- = ------ + v i -------
dt ∂t ∂x i
⎛ σI 0 0 ⎞
Un écoulement est incompressible si la masse volumique ρ est ⎜ ⎟
constante. Ceci implique que sa dérivée particulaire ρ̇ = dρ ⁄ dt σ = ⎜ 0 σ II 0 ⎟
soit, à tout instant et en tout point, nulle, c’est-à-dire que : ⎜ ⎟
⎝ 0 0 σ III ⎠
divv = 0 (7)
La trace de ε̇ d’un écoulement incompressible est donc nulle. avec σI, σII, σIII contraintes principales en M.
C’est le cas de l’écoulement plastique des produits métalliques cou- On peut toujours supposer que σI est la plus grande des trois :
rants ne présentant pas de porosités significatives. σI > σII et σIII (figure 1).
dv ∂σ
ρ ⎛ ------- – g⎞ = div σ ρ ⎛ --------i – g i⎞ = --------ij- = σ ij ,j
dv
soit (13)
⎝ dt ⎠ ⎝ dt ⎠ ∂x j
(σI – σIII)/2
avec i = 1-3
T g vecteur accélération de la pesanteur (m · s−2).
En pratique, dans la plupart des procédés de mise en forme, la
vitesse des outils étant modérée et les contraintes internes du métal
σIII σII σI nécessaires pour le déformer élevées, les forces de masse peuvent
0 σ être négligées et le tenseur des contraintes vérifie l’équation dite
d’« équilibre » :
Figure 1 – Représentation de Mohr de l’état de contrainte en un
point M (lorsque la facette décrit toutes les orientations de l’espace, div σ = 0 (14)
l’extrémité du vecteur contrainte T décrit la zone hachurée comprise entre les
trois demi-cercles) On définit également deux grandeurs dérivées de σ : la pression
hydrostatique p et le déviateur des contraintes s par les formules :
Dans le cas simple d’un état de contrainte où σ13 = σ23 = 0, σ33 est
l’une des contraintes principales et les deux autres sont les racines ⎧ 1
⎪ p = – --- ( σ ii )
de l’équation du second degré en λ : ⎨ 3 (15)
⎪ s = σ + p1 soit s ij = σ ij + pδ ij
λ 2 – λ ( σ 11 + σ 22 ) + ( σ 11 σ 22 – σ 12
2 ) = 0 (11) ⎩
Si, en outre, σ33 = 0, l’état de contrainte est dit état de contrainte avec i, j = 1-3
plane ; la tôle se déforme approximativement dans un tel état en δij symbole de Kronecker, les composantes de la matrice unité 1,
emboutissage où la contrainte normale imposée par les outils est δij = 1 si i = j, 0 sinon.
modérée.
Par construction, la trace de s est nulle. σ et s ont les mêmes direc-
De la même manière, il existe un repère orthonormé (a priori dif- tions principales. L’équation d’équilibre (11) s’écrit en fonction de p
férent) où ε̇ est représentée par une matrice diagonale ne compor- et s :
tant que les vitesses de déformations principales ε̇ I , ε̇ II , ε̇ III .
On définit pour le vecteur contrainte T sa composante normale σ gradp = divs (16)
(grandeur algébrique) et sa composante tangentielle τ (vecteur, de
module τ) par les formules :
σ = T . n = (σ . n) . n et τ = T − σn (12) 1.1.3 Bilan énergétique
Cette décomposition permet de représenter l’ensemble des états
de contrainte en un point M par un domaine dans le plan (σ,τ) La puissance de déformation par unité de volume vaut :
(figure 1). Ce mode de représentation est dû à Mohr.
En se plaçant dans le repère principal, comme n est un vecteur Ẇ u = σ : ε̇ = σ ij ε̇ ij = s ij ε̇ ij – p div v (17)
unitaire, on démontre que ce domaine est compris entre les trois
demi-cercles centrés sur l’axe des abscisses et passant par les
points représentatifs des contraintes principales, de coordonnées Dans cette relation, les doubles points : représentent le pro-
(σI,0), (σII,0) et (σIII,0). Le point représentatif se situe sur ces demi- duit contracté des deux tenseurs, à savoir la sommation sur
cercles lorsque la facette passe par une direction principale. Par tous les indices du produit de leurs composantes.
exemple, il se situe sur le grand demi-cercle quand la facette passe C’est une généralisation de la notion de produit scalaire de
par la direction de la contrainte normale intermédiaire σII. Ce résul- deux vecteurs de l’espace tridimensionnel usuel. Dans un écou-
tat permet de démontrer que la cission maximale au point M est lement incompressible, la puissance de déformation ne dépend
τmax = (σI − σIII)/2. que de s.
La représentation de Mohr est particulièrement utile pour Enfin, on démontre (théorème des puissances virtuelles) que
construire des champs de contrainte dans les problèmes de pour que le champ de contrainte σ, défini dans un domaine Ω et
déformation plane (§ 1.1.1) où l’on démontre que la direction engendrant la distribution de vecteur contrainte T sur la frontière S
Ox3 est direction de contrainte principale (§ 3.4 du dossier T.I. de Ω selon la relation (10), où n est la normale extérieure à Ω, vérifie
[16]). Cette représentation peut alors être précisée (voir ci-des- l’équation d’équilibre (14), il faut et il suffit que, pour tout champ de
sous). vitesse ν* continu et engendrant un champ de vitesse de déforma-
tion ε̇ * dans Ω selon les relations (4), on ait l’égalité :
À toute facette de normale n, on associe le repère orthonormé
∫σ ∫
direct (n,t,Ox3) où t est le vecteur unitaire situé dans le plan 0x1x2
faisant un angle + π/2 avec n. Le vecteur contrainte de n est contenu ∀ ν * engendrant ε̇ * : ε̇ * dV = T . ν * dS (18)
dans le plan 0x1x2 et on note σ et τ, ses composantes dans le repère
Ω S
(n,t), ce qui permet d’affecter un signe à la cission.
On démontre alors que lorsque n tourne d’un angle α, le point La relation (18) est à la base de toutes les approches numériques
représentatif de l’état de contrainte tourne d’un angle − 2α sur le cer- par éléments finis ; nous en verrons également l’intérêt d’un point
cle centré sur l’axe et passant par (σI,0) et (σII,0), cercle qu’il décrit de vue fondamental au § 4 du dossier [16], car elle permet simple-
donc totalement lorsque n tourne d’un angle π. ment d’exprimer qu’un champ de contraintes est en équilibre.
∀ ν * engendrant ε̇ * ∫σ
Ω
: ε̇ * dV = ∫
S′
T . ν * dS
la force et où, après décharge, l’éprouvette reprend ses dimensions ini-
tiales. Ce domaine se caractérise par la réversibilité des déformations,
la linéarité entre force et allongement n’étant pas toujours strictement
N observée. Physiquement, la contrainte modifie très légèrement, et de
∫
⎛ ⎞
– ∑ ⎜ τ . ∆ ν * dS⎟ + R . V *+ Γ . ω * (20)
⎜ ⎟ k k k k
manière réversible, les distances entre les atomes du matériau ;
— σn > Re : au-delà du point P, domaine de déformation irréversible
k=1 ⎝ Sk ⎠ dite « plastique » : après décharge (ligne en pointillés MM′ ), la lon-
gueur de l’éprouvette a augmenté en laissant invariant son volume :
Dans cette relation, S′ représente la frontière de Ω, moins les
au-dessus d’un seuil critique de contrainte, la forme du matériau évo-
interfaces métal/outil Sk .
lue irréversiblement en laissant invariant le volume. Physiquement, la
contrainte atteint une valeur critique permettant d’activer un
mécanisme élémentaire de déformation irréversible ; en général un
2. Comportement uniaxial glissement relatif d’une partie du matériau par rapport à l’autre produi-
sant un cisaillement par déplacement irréversible de dislocations [22].
homogène Comme la variation de dimensions de l’éprouvette peut être
importante, il importe d’en tenir compte dans l’exploitation de
l’essai en définissant, à partir des valeurs courantes du rayon R et de
la longueur L de la partie utile, contrainte et déformation rationnel-
2.1 Essai de traction les respectivement notées σ et ε :
L
L’essai de traction est couramment utilisé pour caractériser le
comportement mécanique des métaux. Il se pratique usuellement
soit sur des éprouvettes asymétriques (figure 2 a), soit sur des πR 2
F
σ = ---------- ε = ∫ ε̇ dt = ∫
L0
------- = ln ⎛ ------⎞ = ln ( 1 + ε n )
dL
L
L
⎝L ⎠
0
(22)
éprouvettes plates découpées dans des tôles (§ 3.1 du dossier [17]).
Ces deux domaines sont suivis d’un domaine III dit domaine de la
« striction ».
On constate que la fraction de la déformation totale appelée Ce point sera rediscuté aux § 2.2 et 4 du dossier T.I. [17]. Cette duc-
« déformation élastique » est toujours réversible : si l’on applique tilité est appréciée couramment à partir de deux grandeurs :
un nouveau chargement à l’éprouvette, le point représentatif par-
court à nouveau le segment M′M , dans le domaine élastique, avant — l’allongement total à la rupture AR (figure 2 b) ;
de subir une nouvelle déformation plastique. — la striction Σ = 100(1 − SR /S0) exprimée en % où SR est l’aire de
Le plus souvent, la contrainte nécessaire pour provoquer la défor- la section où se rompt l’éprouvette.
mation plastique, appelée contrainte d’écoulement (en traction
uniaxiale) et notée σ0, croît avec la déformation plastique : ce phé- L’allongement à la rupture n’est pas toujours très discriminant.
nomène est appelé écrouissage. Dans le cas contraire, on parle Par contre, la striction, bien que de mesure plus délicate, est davan-
d’adoucissement. tage représentative et, comme la déformation reste homogène dans
L’essai de traction permet donc de déterminer l’évolution de la la striction, on peut en déduire une estimation de la déformation
contrainte d’écoulement plastique avec la déformation plastique : (rationnelle) à la rupture du matériau :
p = − Ke θ (27) 0,4
E 0,3
avec K e = -------------------------
3 ( 1 – 2v )
79
0,2
Un état de pression hydrostatique pur ne peut donc engendrer 156
une déformation plastique.
0,1
0,1
Des essais pratiqués de manière intensive, notamment par Bridg-
man vers 1952, ont permis de montrer que l’essai de traction d’un 0
alliage métallique sous une pression hydrostatique pf élevée (impo- 0 1 2 3 4 ε
sée en pratique par un fluide) fournit la même courbe d’écrouissage La pression pf ne modifie pas l'écrouissage du matériau, mais son
σ0 = Re + H(εp) que l’essai pratiqué sous pression atmosphérique. augmentation déplace vers des déformations supérieures la
Dans un tel essai, le tenseur des contraintes s’écrit : décroissance de la contrainte due à la formation de cavités internes
(endommagement ductile), accroissant ainsi la déformation à la rupture.
γ̇ ωr θr
θ u ϕ = ωr ⎛ --z-⎞ → ε̇ ϕz = ε̇ zϕ = --- = ------- γ = ----- (29)
⎝ L⎠ 2 2L L
avec θ angle de rotation total d’un des mors de
l’éprouvette par rapport à l’autre (figure 5).
■ Ces expressions s’appliquent également aux éprouvettes tubulai-
L R res et pleines.
■ Pour les éprouvettes tubulaires de petite épaisseur, elles mon-
trent que le cisaillement et sa vitesse sont sensiblement uniformes,
de valeur :
ωR θR
γ̇ ≈ γ̇ ( r = R ) = -------- γ ≈ γ ( r = R ) = ------- (30)
L L
−Γ L’hypothèse de cission uniforme est donc raisonnable et ceci est
un net avantage de l’utilisation d’éprouvettes tubulaires. L’inconvé-
nient d’une telle géométrie d’éprouvette par rapport aux pleines est
Figure 5 – Essai de torsion d’une éprouvette pleine : θ est l’angle de la plus grande difficulté de leur usinage et une mise en œuvre de
rotation de la partie mobile, ω = dθ/dt la vitesse angulaire de rotation de la l’essai beaucoup plus délicate pour éviter les sollicitations parasites
partie mobile du type flexion.
■ Pour les éprouvettes pleines, la vitesse de cisaillement et le
On dispose d’autres essais rhéologiques mono-chargements qui cisaillement ne sont pas uniformes : ils sont proportionnels à la dis-
peuvent s’avérer très utiles ; parmi eux, les deux plus importants : tance à l’axe de l’éprouvette. Il est donc logique de supposer que la
— l’essai de torsion qui permet d’explorer le domaine des gran- cission n’est pas uniforme si elle dépend du cisaillement et/ou de sa
des déformations comme celles imposées par forgeage, filage et les vitesse.
passes successives de laminage ; Toutefois, cette dépendance linéaire entre r et les déformations et
— l’essai de flexion de plaques minces, bien adapté à l’étude du vitesse de déformations permet d’exprimer, en fonction du couple
comportement des métaux en feuilles, en petites et moyennes supposé dépendant de ω et de θ, la cission à la périphérie de l’éprou-
∫
déformations, monotones ou alternées. vette (formule de Fields-Backhofen-Rossard établie à l’aide de déri-
Dans ces essais, le matériau ne subit pas une déformation vations partielles sous le signe ):
homogène ; l’analyse mécanique est toutefois possible, car la défor-
mation varie linéairement avec la distance à l’axe ou au plan médian ⎧ Γ = Γ ( ω ,θ )
⎪ R
de l’éprouvette. ⎪ Γ ∂ ln Γ ∂ ln Γ ⎞
∫
⎛ ωR θR⎞ -------------- ⎛
⎨ ωr , θr⎞ 2πr 2 dr → τ ⎝ -------- , -------⎠ = 2πR 3 ⎝ 3 + --------------- + ----------------⎠ (31)
τ ⎛ ------
⎪Γ = ⎝L -----⎠ L L ∂ ln ω ∂ ln θ
⎪ L
3.1 Essai de torsion : étude des grandes ⎩ 0
Cet essai se pratique sur des éprouvettes axisymétriques pleines Notons que les dimensions de l’éprouvette étant invariantes
(figure 5) ou tubulaires. La partie utile est un cylindre de longueur L, au cours de l’opération, l’essai de torsion peut être utilisé pour
de rayon extérieur constant R et, pour les éprouvettes tubulaires, étudier les grandes déformations plastiques des métaux.
d’épaisseur e constante, généralement choisie petite devant R. Par ailleurs, on peut grâce à lui explorer le cas de déforma-
■ L’essai consiste à mesurer l’évolution du couple Γ lors de la rota- tions non monotones (torsion dans un sens, puis dans l’autre) et
tion d’une extrémité de l’éprouvette, l’autre extrémité étant mainte- ainsi estimer l’effet Bauschinger (cf. § 2.2 de [17]) qui se mani-
nue fixe (figure 5). feste essentiellement à froid où la vitesse de rotation a peu
d’influence (§ 4.1).
■ Considérons le repère polaire Orϕz associé naturellement à
l’éprouvette et dont l’origine O est située dans le plan de début de la Supposons que l’on impose à l’éprouvette un l’angle de rotation
zone utile, côté extrémité fixe. Les seules composantes non nulles θ1 > 0 dans un sens avec le couple Γ1(θ1), puis un angle de rotation
du tenseur des contraintes sont les cissions σϕz = σzϕ = τ qui équili- θ2 < 0, en sens inverse, avec le couple Γ = Γ1(θ1) + Γ2(θ1,θ2). La cis-
brent le couple. sion résultante, en un point de l’éprouvette, s’écrit
■ Pour une éprouvette tubulaire, dont l’épaisseur vérifie e << R, τ = τ1(γ1) + τ2(γ1,γ2) où γ1 et γ2 sont les cisaillements (de signes oppo-
cette cission peut être considérée comme uniforme avec une bonne sés) induits par θ1 et θ2. On en déduit :
approximation et vaut :
⎧ Γ = Γ ( θ ,θ )
⎪ 2 2 1 2
Γ ⎪ R
σ ϕz = τ = ------------------ (28) ⎪ θ1 R θ2 R ⎞ 1 ∂Γ 2 ∂Γ 2
2πR 2 e
■ Pour une éprouvette pleine, l’interprétation est plus complexe. En
⎨
⎪ Γ2 =
⎪
⎪
∫ θ1 r θ2 r ⎞
τ 2 ⎛ --------
⎝
L L
, --------- 2πr 2 dr
⎠
→ τ 2 ⎛ ---------
L
,
⎝ - -----------⎠
L
= -------------3- ⎛ 3Γ 2 + θ 1 --------- + θ 2 ---------⎞
2πR ⎝ ∂θ 1 ∂θ 2 ⎠
(32)
0
⎩
effet, avec une bonne approximation, on peut supposer que les diver-
ses sections axiales de la partie utile tournent avec une vitesse angu- L’approche se généralise sans difficulté à une série de rotations
laire variant linéairement de 0 à la base fixe (z = 0) à ω, la vitesse alternées.
y z
2P
f e/2
x
e
0
P 2L P
– e/2
a essai de flexion trois-points
P P R
x δ f
⎧ Px 0xL
3.2 Essai de flexion : étude des petites M(x) = ⎨ (35)
⎩ PL LxL+ ( éprouvette 4 points )
déformations des métaux en feuilles
La flexion étant faible, la courbure C = d2y/dx2 ; on en déduit la
relation fondamentale :
La figure 6 présente les deux types d’essai de flexion couram- L+
ment utilisés :
— flexion trois points avec mesure de la flèche f, égale au dépla-
cement relatif entre les cylindres d’appui périphériques et le cylin-
f = ∫0
xC ( M ( x ) ) dx (36)
P
On notera, qu’en pratique, le frottement du matériau sur les 1 ⎛ ⎞
cylindres d’application des forces empêche toute déformation
dans le sens de la largeur b de l’éprouvette : le matériau est
C ( M ) = ------ ⎜ δ + ( 2 – α′ )P – α′
L ⎜
⎝
∫0
δ ( u )u α′ – 1 du⎟ α′ = --- + 2 M = PL
⎟
⎠
L
donc en déformation plane (§ 1.1).
On peut effectuer le dépouillement de l’essai par une méthode À noter que la courbure de la partie centrale de l’éprouvette
directe dans le cas de faibles flexions, c’est-à-dire telles que (f/ de flexion 4 points étant constante, comme le moment, la pose
2 << 1 et faibles déformations : ef/L2 << 1 [9] et [10]. de jauges de déformation à la surface de l’éprouvette dans cette
L)
Dans ces conditions, la déformation ε dans une section varie zone fournit la déformation ε en z = e/2 et la relation C(M) :
linéairement avec la cote z à travers l’épaisseur (figure 7) nulle à mi- 2ε
épaisseur où z = 0, c’est une extension pour z > 0 et une contraction C = ------ M = PL
e
pour z < 0 et elle est reliée à la courbure locale de la section par la
relation :
De l’expression du moment en fonction de σ(ε) (34) et de l’expres-
e e
ε(z) = Cz – --- z --- (33) sion des déformations (33), on déduit ensuite σ(ε) :
2 2
e
σ ( ε ) = ---------- ⎛ 2M + ---------------------⎞
2 C
Par ailleurs, le moment de flexion vaut : ε = C --- (39)
e2 b ⎝ dC ⁄ dM⎠ 2
e⁄2
M = ∫
–e⁄2
zσ ( ε ( z ) ) dz (34)
On peut explorer avec cet essai les déformations non monotones :
flexion dans un sens, puis dans l’autre, et ainsi estimer l’effet Baus-
chinger et la nature de l’écrouissage (cf. § 2.2 du dossier [17]).
L’analyse est comparable à celle effectuée dans le cas de la tor- 4.1 Plasticité à froid
sion, à ceci près qu’elle comporte deux étapes.
Du fait de l’apparition de la plasticité et des déformations irréver-
sibles, la réponse de chaque section de l’éprouvette dépend de son Entre 0,15 et 0,3TF, où TF est la température absolue du solidus de
état final, mais celui-ci n’est tributaire que du moment maximal l’alliage métallique, température T et vitesse de déformation ε̇ ont
appliqué. Nous ne considérons ici que le cas de la flexion 3 points. peu d’influence sur la contrainte de déformation. La structure méta-
Après application de P1 qui produit la flèche f1, on applique P2 < 0 llurgique n’évolue que durant la déformation, avec une multiplica-
qui produit une diminution de la flèche f2 < 0. tion des dislocations produisant un écrouissage marqué et une
Pour dépouiller la flexion inverse, il suffit de remarquer que la diminution de la ductilité [22] et [27]. C’est le cas de la déformation
variation de courbure, lors de cette décharge d’une section C2, est à 20 ˚C des aciers et des alliages d’aluminium (figure 9) et de cuivre.
en fait une fonction du moment maximal avant décharge M1 et du On peut définir sans difficulté une limite élastique et les relations
moment ajouté M2 : (23) à (25) définissent la courbe contrainte-déformation. La con-
C = C2(M1,M2) (40) trainte d’écoulement peut être souvent représentée dans un certain
domaine de déformation monotone par une loi puissance à seuil (loi
On a : de Krupkowski) :
L
σ0 = σ1(ε0 + εp)n (43)
f2 = ∫
0
uC 2 ( M 1 ( u ) ,M 2 ( u ) ) du
La plasticité du métal est alors caractérisée par trois paramètres :
— la consistance (en traction) σ1 ;
⎧ M1 ( u ) = P1 u — le coefficient de prédéformation ε0 qui permet de rendre
avec ⎨
⎩ M2 ( u ) = P2 u compte de la limite d’élasticité R e = σ 1 ε 0n ;
— l’indice d’écrouissage n.
On reconnaît une relation analogue à celle de la torsion d’un
corps viscoplastique écrouissable. On peut donc facilement l’inver- Une telle relation décrit bien le comportement des aciers doux
dans un domaine assez étendu de déformation ( ε p 0 ,6 ) , mais elle
ser par dérivation sous le sigle ∫ : est moins bien vérifiée pour d’autres alliages, comme les alliages
d’aluminium où la croissance de σ0 avec εp tend à se ralentir aux
déformations élevées [10].
1 ∂f 2 ∂f 2 ⎧ M1 = P1 L
C 2 ( M 1 ,M 2 ) = ------ ⎛ 2f 2 + P 1 --------- + P 2 ---------⎞ ⎨ (41)
L2 ⎝ ∂P 1 ∂P 2⎠ ⎩ M2 = P2 L
Il faut noter que supposer la contrainte d’écoulement fonc-
La contrainte dans chaque fibre de la plaque σ2 est la somme de tion, uniquement de la déformation plastique, correspond déjà
la contrainte avant décharge σ1, fonction de la déformation ε1 impo- à une schématisation.
sée par P1, et d’une contrainte σ2 induite par la décharge, fonction De plus, une description fine des phénomènes nécessite de
de la déformation ε1 imposée par P1 et de la déformation ε2 de signe tenir compte de l’influence de T et ε̇ ; la contrainte d’écoule-
opposé imposée par P2 : ment étant, à très grande vitesse, nettement plus élevée qu’aux
vitesses de déformation accessibles par traction convention-
σ = σ1(ε1) + σ2(ε1,ε2) nelle.
Ces points sont importants pour le formage aux vitesses
On en déduit : industrielles et dans le comportement des structures dans le
choc [28] et [29].
⎧ ε1 = C1 e
---
2 ∂M 2 ∂M 2 ⎪
σ 2 ( ε 1 ,ε 2 ) = ---------- ⎛ 2M 2 + C 1 ----------- + C 2 -----------⎞
2
⎝ ⎨ (42)
e b 2 ∂C 1 ∂C 2 ⎠ ⎪ε = C e ---
On peut toutefois, pour simplifier la prise en compte du
⎩ 2 2
2 comportement :
— négliger l’écrouissage, lorsque le matériau a déjà subi de for-
Ces résultats se généralisent sans difficulté au cas d’une série de
tes déformations plastiques, et supposer le métal élastique-parfaite-
flexions alternées successives.
ment plastique (EPP) (figure 8 a). Le comportement mécanique du
matériau est alors caractérisé par son module d’Young E, le coeffi-
cient de Poisson υ et une contrainte d’écoulement plastique cons-
tante σ0 (σ0 = σ1 ; n = 0) ;
4. Comportements observés — négliger la déformation élastique, lorsque la déformation
et schématisations usuelles imposée est grande devant la déformation élastique à la limite
d’élasticité εe = Re /E, et suppose le métal rigide-plastique (RP)
(figure 8 b). Cette schématisation revient à supposer le module
Des comportements plus ou moins complexes sont observés à d’Young E infini. Le comportement mécanique du matériau est alors
l’aide des précédents essais [11]. caractérisé par la loi d’évolution de la contrainte d’écoulement plas-
tique σ0 (25) ou (43) ;
Un paramètre d’état particulièrement important est la tempé- — négliger les deux, la déformation élastique et l’écrouissage,
rature d’essai T (en Kelvin ou absolue) qui permet de distinguer lorsque le matériau a déjà subi de fortes déformations plastiques et
la plasticité à froid et la plasticité à chaud. que la déformation imposée est grande devant la déformation élas-
tique εe = σ0 /E (généralement inférieure au %), et supposer le métal
rigide-parfaitement plastique (RPP) (figure 8 c). Le module d’Young
Nous nous restreignons ici au cas des déformations monotones, E est alors supposé infini. Le comportement mécanique du matériau
largement rencontré en mise en forme. Nous rediscuterons le cas est alors caractérisé par la seule contrainte d’écoulement plastique
des déformations non monotones au § 2.2 du dossier T.I. [17]. qui est constante σ0 (σ0 = σ1 ; n = 0).
0,15
Al Cu Si Fe
Bal. 0,016 0,07 0,24
σ0
(GPa) –1
18 ºC s
5
2, 1
0,
Aluminium
0,1
s
200 ºC 2,5
250 ºC
300 ºC 0,1
–1
–1 s
10 s 2,5
2,5 0,1
0,05 0,5
350 ºC –1 400 ºC –1
0,1 2,5
s s
2,5
–1
10 s
0,1
2,5 0,1
Figure 9 – Influence de la température, de la
0,5
déformation et de la vitesse de déformation sur
0,1 la contrainte d’écoulement plastique de
500 ºC
0 l’aluminium recuit (HV 24,4) – Résultats
0 0,2 0,4 0,6 0 0,2 0,4 0,6 0 0,2 0,4 0,6 0,8 d’essais de compression avec plastomètre à
ε came [22] sur éprouvettes de diamètre 12 mm
et hauteur 18 mm [8]