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Calcul des besoins en eau des principales cultures exploitées en Tunisie:


Estimation de l'évapotranspiration de référence par différentes formules
empiriques. Cas des régions de Tu...

Article · January 2003

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2 authors:

Hamadi Habaieb Chiraz Masmoudi Charfi


Institut national agronomique de Tunisie (INAT) Institution of Agricultural Research and Higher Education - Olive Tree Institute Tu…
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Rubrique ?
Sécheresse 2003 ; 14 (4) : 1–9

Calcul des besoins en eau des principales


cultures exploitées au nord de la Tunisie :
estimation de l’évapotranspiration
de référence par différentes formules
empiriques (cas des régions de Tunis, Béja
et Bizerte)
Hamadi Habaieb1 Résumé
L’évapotranspiration de référence (ETo) peut être calculée par différentes méthodes
C ? ? Masmoudi-Charfi2 empiriques. L’objectif de l’étude est de définir la méthode de calcul de ETo la plus
appropriée en fonction des données climatiques disponibles. Les résultats obtenus
1
Institut national agronomique de Tunisie, montrent que, dans la plupart des cas et pour les trois régions étudiées (Tunis, Bizerte
43, avenue Charles Nicolle, et Béja), les formules de Hargreave-Samani, de Christiansen et d’Eagleman donnent
Ariana, une estimation de ETo proche de celle de Penman-Monteith (PM). Les valeurs de ETo
Tunisie (PM) nous ont permis d’évaluer les besoins en eau de quelques cultures pratiquées à
2
Institut de l’olivier, Tunis, Bizerte et Béja, en l’occurrence l’olivier, la fève et le blé. L’analyse fréquentielle
INRAT,
de la pluviométrie, effectuée par région et pour chaque stade de développement, a
14, rue Hédi Karray,
2080 Ariana, montré que les besoins en eau de ces cultures sont élevés pendant les phases de
Tunisie mi-saison et d’arrière-saison et ne sont généralement pas couverts par la pluie ; d’où
le besoin d’irriguer.
Mots clés : A venir

Summary
A venir
Reference evapotranspiration (ETo) can be calculated using a variety of methods.
Choosing one of these depends on the climatic data available. This study covers three
Tunisian regions located in the Northern part of the country: Tunis, Béja, and Bizerte.
It aims at assessing the best calculation method of ETo according to the climatic data
available. Results show that in most cases, the estimations of ETo provided by
Hargreaves-Samani, Christiansen, and Eagleman formulae were close to the values
yielded by that of Penman-Monteith (PM). Based on ETo– (PM) estimations, water
requirements for olive tree, wheat and bean crops were evaluated for each develop-
ment stage. We observed that rainfall does not generally cover water needs through
the mid-season and maturity stages. Hence the need to make up for water deficiency
through irrigation.
Key words: A venir

Sécheresse n° 4, vol. 14, octobre 2003 1


D
e par sa position géographique utilisant différentes méthodes de calcul neuses et les fourrages, cultivés générale-
intermédiaire entre la Méditerra- comparais à la méthode de Penman- ment en association, sont largement pré-
née et le Sahara, la Tunisie, est Monteith (PM). Ultérieurement, le choix de sents dans les régions de Bizerte (24 %
soumise à une variabilité spatio-temporelle la méthode de calcul se fera en fonction pour chaque spéculation) et de Béja (res-
de la pluviométrie. Le rapport entre les des données disponibles, de la saison et pectivement 24,5 et 15,9 %). Au nord du
précipitations maximales et minimales va- de la précision de la méthode de calcul. pays, les cultures maraîchères sont prati-
rie de 4,4 au nord du pays à 15,8 au sud, Enfin, à partir des valeurs de ETo (PM) quées essentiellement à Nabeul (27,4 %)
avec des moyennes pluviométriques an- nous estimerons les besoins en eau de et à Bizerte (9,8 %). Enfin, l’arboriculture
nuelles de 594 mm au nord, de 289 mm l’olivier, du blé et de la fève pour différents fruitière prédomine dans les régions du
au centre et de 156 mm au sud [1]. stades de développement. centre (66,7 %). Au nord du pays, cette
Les ressources hydriques sont estimées à spéculation est représentée (14 %) par les
4,7 milliards de m3, dont 550 millions de agrumes, l’olivier, le pommier et le pêcher.
m3 sont non renouvelables [2]. Plus de Le tableau II révèle la vocation agricole
82 % de ces ressources sont utilisées par Matériel et méthode des régions étudiées.
l’agriculture, alors que les superficies irri- Dans la région de Tunis, l’olivier occupe
guées ne sont que de 335 000 hectares, Choix des sites 72 % des surfaces réservées à l’arboricul-
soit 7 % de la superficie labourable, pro- ture contre 49,5 % à Bizerte et 70,9 % à
duisant en moyenne 32 % de la produc- Trois régions du nord de la Tunisie sont Béja. Il est destiné aussi bien à la produc-
tion agricole. Des ressources en eau limi- choisies pour cette étude, en l’occurence tion de l’olive à huile (variété Chétoui) que
tées nécessitent une gestion rationnelle. Tunis, Bizerte et Béja. Sur le plan agricole, de table (variétés Meski, Picholine et Man-
Or, ces ressources ne sont pas utilisées de la région de Tunis est représentative de zanille). La région de Béja est céréalière,
la manière la plus efficiente. Dans les plan- l’arboriculture fruitière intensive et irri- cultivant essentiellement le blé dur qui cou-
tations irriguées d’oliviers, notamment, guée ; Béja, région continentale de l’ouest vre 76,2 % de la surface réservée aux
l’efficience de l’utilisation de l’eau varie de de la Tunisie, fournit plus de la moitié du céréales. La région de Bizerte associe les
0,3 à 0,6 en fonction du type de conduite besoin national en blé ; Bizerte, région cultures de blé dur (64,7 %), de fève, de
et du mode d’irrigation. Une gestion rigou- portuaire, produit principalement des cé- féverole et de pois-chiche. Pour ce qui est
reuse de l’irrigation peut améliorer l’effi- réales et des fourrages, en plus de la du maraîchage, on trouve essentiellement
cience au niveau du champ et étendre les pêche maritime. de la pomme de terre à Bizerte et de la
superficies irriguées. tomate à Béja. Ce choix sera adopté ulté-
Étant donné que les besoins en eau d’irri- Vocation agricole des gouvernorats rieurement pour calculer les besoins en
gation diffèrent pour une même culture de Tunis, Béja et Bizerte eau de ces cultures dans la région qui les
d’une région à une autre, nous avons eu représente le mieux.
recours au calcul de l’évapotranspiration Les céréales, les cultures maraîchères et
de référence (ETo) d’une culture standard fruitières sont cultivées principalement au
de gazon poussant dans des conditions nord du pays, notamment à Tunis, Béja et Cycle de développement
optimales [3-7]. Cette grandeur climatique Bizerte. Le tableau I situe ces gouvernorats des principales cultures pratiquées
est liée aux besoins en eau des cultures du point de vue de l’exploitation des terres à Tunis, Béja et Bizerte
par le coefficient cultural (Kc), qui dépend en céréales, en arboriculture fruitière et en
à la fois de la culture et de l’état hydrique maraîchage par rapport à l’ensemble de Pour une culture donnée, le cycle de déve-
du sol. D’après Doorenbos et Pruitt [8], la Tunisie [10]. loppement est divisé en quatre phases qui
l’estimation de l’évapotranspiration en vue Les céréales sont peu cultivées dans les suivent l’évolution de la production de
de la programmation de l’irrigation doit se régions de Tunis, Béja et Bizerte, bien que biomasse [7]. Ce sont la phase initiale, la
faire en se fondant sur le calcul de l’évapo- le gouvernorat de Béja soit classé 4e phase de développement, la phase de
transpiration maximale de la culture (ETM) (9,2 %) à l’échelle nationale. Les légumi- mi-saison et la phase d’arrière-saison.
et de la pluie effective (Pe), telle que :
ETM = Kc × ETo Tableau I. Exploitation des terres à Tunis, Béja et Bizerte exprimée en %
par rapport à l’ensemble de la Tunisie.
Dans ce cas, l’irrigation est préconisée
lorsque l’ETM est supérieure à Pe La pluie
effective (Pe) est la quantité d’eau retenue Gouvernorat Céréales Légumineuses Maraîchage Fourrages Arboriculture
au niveau de la zone rhizosphérique, donc fruitière
utilisable par la plante. Tunis 0,1 0,1 0,6 0,6 0,1
L’évapotranspiration de référence peut Bizerte 6,5 24,4 9,4 24,5 1,1
être estimée expérimentalement à partir
Béja 9,2 24 4,8 15,9 1,4
de l’évaporation bac ou calculée empiri-
quement, notamment par la formule de
Penman-Monteith. [6, 7, 9]. Cependant, Tableau II. Vocation agricole des gouvernorats de Tunis, Béja et Bizerte exprimée en % par
l’acquisition de données climatiques sur rapport à la surface totale cultivée dans le Gouvernorat [10].
un grand nombre d’années n’est pas tou-
jours aisée. Par ailleurs, on ne dispose pas
toujours d’éléments scientifiques suffisants Céréales Légumineuses Maraîchage Fourrages Arboriculture Autres Superficie
fruitière cultivée(ha)
pour juger la fiabilité d’une méthode de
calcul de ETo par rapport à une autre en Tunis 26,1 1,1 9 19,2 44,2 0,4 6 900
fonction des données disponibles. Bizerte 46,2 11,1 5,1 25 11 1,6 198 200
Dans ce travail, nous proposons de calcu- Béja 58 9,6 2,3 14,3 12,3 3,5 225 200
ler ETo pour trois régions agricoles du nord Tunisie 33,4 2,2 2,4 4,7 56,4 0,9 3 884 600
de la Tunisie : Tunis, Béja et Bizerte en

2 Sécheresse n° 4, vol. 14, octobre 2003


La phase initiale se déroule entre la germi-
nation et le moment où le couvert végétal
n’atteint pas 10 %. Pour les cultures arbori- Nov. Déc. Jan. Fév. Mars Avril Mai Juin Juillet Août Sept. Oct. Nov. Déc
coles, en l’occurrence l’olivier, ce stade a
lieu entre le démarrage de la croissance 30 40 65 30
(mars) et la floraison. La phase de dévelop- Tomate - ----- ----------- --------------- -------
pement se produit entre la fin du stade de
croissance initiale et le moment où la cul- 30 30 30 30
ture atteint son plein développement. La Pomme de terre ------ ------- -------- ------- Échelle : -------- : 30 jours
phase de mi-saison se prolonge entre le
moment où la culture couvre effectivement 20 30 35 15
la totalité du sol et le début de maturité, Fêve ------ --------- --------- ---
c’est-à-dire lorsque les feuilles commen-
cent à se décolorer. Enfin, la phase 30 140 40 30
d’arrière-saison a lieu entre la phase de Blé -------- ----------------------------- ------------ -------
mi-saison et la récolte. 30 90 60 90
La figure 1 décrit les phases de développe-
Olivier -------- --------------------------- ------------------- -----------------------------
ment des principales cultures pratiquées à
Tunis, Béja et Bizerte.
La longueur de chaque phase de dévelop-
pement est indiquée en jours [7]. La date Figure 1. Durée des phases de développement (en jours) des principales cultures prati-
quées dans les régions de Tunis, Béja et Bizerte [7].
de démarrage de la culture est ajustée aux
conditions tunisiennes.

Coefficients culturaux Tableau III. Coefficients culturaux et durée des différentes phases de développement de quelques
cultures pratiquées au nord de la Tunisie [7].
Par définition, le coefficient cultural Kc est
le rapport entre l’évapotranspiration de la
culture (ETo) et l’évapotranspiration de ré- Culture Démarrage Kcini Kcmi Kcar Lini Ldév Lmi Lar Durée totale
férence (ETo). Nous désignons par Kini, Tomate Février 0,60 1,15 0,80 30 40 65 30 165
Kmi et Kar, les coefficients culturaux respec- Pomme de terre Janvier 0,50 1,15 0,75 30 30 30 30 120
tifs des phases initiale, de mi-saison et Blé dur Novembre 0,70 1,15 0,30 30 140 40 30 240
d’arrière-saison.
Fève Mars 0,50 1,15 1,10 20 30 35 15 100
Le coefficient cultural varie au cours du
cycle de développement en fonction de Olivier Mars 0,65 0,70 0,70 30 90 60 90 270
l’époque de l’année, de la culture, de son Kcini, Kcmi, Kcar : coefficient cultural en phase initiale, de mi-saison et d’arrière-saison, respectivement ; Lmi,
stade de développement, de l’état hydri- Ldév, Lmi, Lar : durée du développement en phase initiale, de développement, de mi-saison et d’arrière-saison,
que du sol et des conditions climatiques. respectivement.
Les valeurs les plus élevées de Kc sont
observées au printemps et en automne,
lorsque le sol est encore humide. Les va- Tableau IV. Données climatiques mensuelles moyennes de Tunis.
leurs les plus basses sont notées en été [7,
11]. Le tableau III rapporte les valeurs de
Kc pour les différentes phases de dévelop- Tunis Janv. Fév. Mars Avril Mai Juin Jt Août Sept. Oct. Nov. Déc.
pement de quelques cultures pratiquées au Temp. min (°C) 7,1 7,3 8,6 10,4 13,8 17,6 20,1 21,0 19,3 15,5 11,3 8,3
nord de la Tunisie. Temp. max (°C) 15,5 16,5 18,2 20,6 24,8 29,0 32,5 32,9 29,8 25,0 20,4 16,7
HR min % 58 54 51 47 43 38 35 38 44 49 53 58
HR max % 93 92 92 91 90 87 86 87 90 92 92 93
Données climatiques Vent moyen (m/s) 4,3 4,4 4,7 4,7 4,6 4,5 4,4 4 3,8 3,6 3,7 4,1
Insolation (heures) 159 171 202 226 287 313 360 334 259 216 178 154
Les paramètres climatiques disponibles Temp. : température ; HR : humidité relative.
pour Tunis, Béja et Bizerte, excepté la
pluviométrie, sont des moyennes mensuel-
les calculées sur 45 ans [12]. Elles sont
consignées aux tableaux IV, V et VI. Tableau V. Données climatiques mensuelles moyennes de Bizerte.
Ces trois régions présentent certaines simi-
litudes ; cependant les régions de Tunis et Bizerte Janv. Fév. Mars Avril Mai Juin Jt Août Sept. Oct. Nov. Déc.
de Bizerte sont plus ensoleillés que Béja
qui, par ailleurs, présente un climat plus Temp. min (°C) 7,2 7,2 8,4 10,1 13,2 17,1 19,6 20,7 19,0 15,3 11,2 8,4
sec en été et des températures minimales Temp. max (°C) 15,1 15,8 17,3 19,4 23,5 27,5 30,8 31,5 28,9 24,6 19,9 16,4
plus faibles. HR min % 58 56 54 51 48 42 39 40 45 51 55 59
Les données pluviométriques utilisées sont HR max % 93 93 93 93 93 90 88 89 91 93 93 93
des moyennes mensuelles enregistrées en- Vent moyen (m/s) 4,1 4,1 4,2 4,4 4,1 4,2 4,1 3,8 3,5 3,3 3,3 3,8
tre 1900 et 1990 sur 86 ans pour Tunis, Insolation (heures) 144 164 216 241 301 331 377 348 267 213 163 142
77 ans pour Béja et 88 ans pour Bizerte
[13]. Le tableau VII présente les moyennes Temp. : température ; HR : humidité relative.

Sécheresse n° 4, vol. 14, octobre 2003 3


Tableau VI. Données climatiques mensuelles moyennes de Béja. pluviométriques annuelles pour chaque
station.
Béja Janv. Fév. Mars Avril Mai Juin Jt Août Sept. Oct. Nov. Déc. Les régions de Bizerte et de Béja sont plus
arrosées que Tunis. Le maximum de pluie
Temp. min (C) 4,7 4,9 5,8 7,6 10,8 14,9 17,7 18,7 16,8 12,8 8,4 9,9 est enregistré en décembre pour Bizerte et
Temp. max (C) 14,4 15,8 17,7 20,5 26,1 30,7 34,6 35,0 31,1 25,2 19,5 15,6 en janvier pour Béja. Le mois le plus sec est
HR min % 58 53 50 42 36 30 25 24 29 40 47 58 juillet pour les trois régions. L’analyse fré-
HR max % 94 94 93 93 92 87 80 78 83 90 92 93 quentielle de la pluie effectuée sur ces
Vent moyen (m/s) 2,2 2,5 2,6 2,6 2,3 2,5 2,2 2,1 1,9 2 2 2 séries permettra de situer les besoins en
eau des cultures étudiées par rapport à
Insolation (heures) 120 140 184 212 258 269 313 293 217 177 144 129
l’apport pluviométrique (figure 2).
Temp. : température ; HR : humidité relative. L’ordonnée représente la fréquence cumu-
lée des pluies en interannuelle. Elle est
calculée à partir de moyennes mensuelles
enregistrées entre 1900 et 1990.
Tableau VII. Pluviométrie moyenne de Tunis, Béja et Bizerte.

Formules empiriques utilisées


Station Tunis Béja Bizerte
Nombre d’années 86 77 88
pour calculer ETo
Pluviométrie (mm/an) 447 621 647
Depuis 1950, plusieurs formules ont été
Variation interannuelle (mm) 30 36 35 développées pour estimer l’évapotranspi-
Pluviométrie maximale (janvier) 117 235 114 ration potentielle ou de référence [8]. Elles
Pluviométrie minimale (juillet) 3 9 3 sont classées en quatre groupes selon le
paramètre utilisé (température, rayonne-
ment solaire, humidité relative). Ces fac-

Fréquence cumulée Fréquence cumulée Fréquence cumulée


de la pluie Blé (Béja) de la pluie Olivier (Tunis) de la pluie Fève (Bizerte)
100 100 100
80 80 80
60 60 60
40 40 40
20 20 20
0 0 0
0 50 100 150 200 0 50 100 150 200 0 50 100 150 200
Pluie (nov.) en mm Plui (mars) en mm Pluie (mars) en mm
Besoin de la phase initiale : 40 mm Besoin de la phase initiale : 59 mm Besoin de la phase initiale : 29 mm

Fréquence cumulée Fréquence cumulée Fréquence cumulée


de la pluie Blé de la pluie Olivier de la pluie Fève
100 100 100
80 80 80
60 60 60

40 40 40

20 20 20

0 0 0
0 50 100 150 200 0 25 50 75 100 0 50 100 150

Pluie (mai) en mm Pluie (J-A) en mm Pluie (mai) en mm


Besoin de la phase de mi-saison : 210 mm Besoin de la phase de mi-saison : 296 mm Besoin de la phase de mi-saison : 184 mm

Fréquence cumulée Fréquence cumulée Fréquence cumulée


de la pluie Blé de la pluie Olivier de la pluie Fève
100 100 100
80 80 80
60 60 60
40 40 40
20 20 20
0 0 0
0 50 100 150 200 0 200 400 600 0 20 40 60 80

Pluie (juin) en mm Pluie (S-O-N) en mm Pluie (juin) en mm


Besoin de la phase d'arrière-saison : 55 mm Besoin de la phase d'arrière-saison : 215 mm Besoin de la phase d'arrière-saison : 96 mm

Figure 2. Fonctions de répartition de la pluviométrie dans la région de Béja (blé), Tunis (olivier) et Bizerte (fève) en fonction des différentes
phases de développement des cultures d’olivier, fève et blé.

4 Sécheresse n° 4, vol. 14, octobre 2003


teurs climatiques affectent la transpiration La valeur de Ra dépend uniquement de la représente la différence entre la tension de
des cultures et la production de matière latitude. Les valeurs utilisées dans nos cal- vapeur d’eau saturante moyenne à Tair et
végétale [7]. culs sont celles de la FAO (1999). Ra peut la tension de vapeur d’eau réelle moyenne
être exprimé en cal.cm–2jour–1 ou en à la même température (mb).
Méthode utilisant la température MJ m–2jour–1, avec 1 cal.cm–2jour–1 Rn : est le rayonnement net, obtenu par
= 4,1868.10–2 MJ.m–2jour–1 et différence entre le rayonnement intercepté
• Méthode de Blaney-Criddle (1950) 1 mm.jour = 2,45 MJ.m–2jour–1.
–1
et le rayonnement émis. Rn est exprimé en
La méthode de Blaney-Criddle est utilisée MJ/m2/jour ;
lorsqu’on dispose de la température Méthodes utilisant l’humidité relative f(u) : est une fonction liée au vent. Elle est
comme seule donnée climatique. Elle fait de l’air exprimée en km par jour par : f(u) = 0,27
intervenir le pourcentage mensuel d’heu- (1 + U2/100) ;
res diurnes (P1) et la température moyenne • Méthode d’Ivanov (1954) U2 : vitesse du vent en km.jour–1 à une
mensuelle en degrés Fahrenheit (t). Elle Cette méthode exprime ETo (mm.mois–1) hauteur de 2 m ;
exprime l’évapotranspiration de référence en fonction de l’humidité de l’air et des T : température moyenne, par définition :
(ETo) par la formule suivante : tensions de vapeur de l’air. Elle s’écrit : Tmoy = (Tmax + Tmin)/2, avec :
Tmax : somme des Tmax journalières de la
ETo = P1 × t/100 ETo = 0,0018 × (25 + T)2 période considérée/nombre de jours ;
× (100 – e/eo 100) Tmin : somme des Tmin journalières de la
ETo est calculé en pouce.mois–1, sachant période considérée/nombre de jours.
que 1 mm.jour–1 = 25,4 pouces. T : température moyenne mensuelle de
G : densité de flux de chaleur en
l’air (°C) ;
MJ.m–2jour–1.
Méthodes utilisant la radiation eo et e : tension de vapeur saturante et
Le tableau VIII explicite la méthodologie
tension de vapeur de l’air à la température
de calcul de l’évapotranspiration de réfé-
• Méthodes de Christiansen-Hargreaves ambiante (mb).
rence par la formule de Penman-Monteith
(1969) [7].
• Méthode d’Eagleman (1967)
Les méthodes de Christiansen-Hargreaves
utilisent le rayonnement solaire (Rs) ou le L’évapotranspiration (pouce.jour–1) s’ex-
rayonnement extra-terrestre (Ra). ETo est prime en fonction de l’humidité moyenne Résultats et Discussion
exprimé en mm.jour–1 par l’une des formu- de l’air (HR en %) et de la tension de
les suivantes : vapeur saturante de l’air (eo) à tempéra-
ture ambiante : L’évapotranspiration de référence
ETo = 0,492 × Rs × CTT × CWT × CHT À partir des données climatiques moyen-
ETo = 0,035 eo (100 – HR) 0,5
ou nes de Tunis, Béja et Bizerte et des formu-
les présentées précédemment nous avons
ETo = 0,324 × Ra × CTT × CWT × CHT Méthodes combinées d’estimation calculé ETo journalier pour chaque région.
× CST × CE de ETo Les valeurs obtenues montrent que l’évapo-
Où : transpiration de référence varie en fonc-
Rs et Ra sont cal/cm2/jour et CTT = • Méthode de Penman originale (1963)
tion de la région, de la saison et de la
0,463 + 0,425 (T/To) + 0,112 (T/To)2 ; Cette méthode intégre différents paramè- méthode de calcul. Les valeurs les plus
T : température mensuelle moyenne en tres climatiques, elle s’écrit : élevées sont observées globalement à Béja
°C ; ETo = {(∆/∆ + γ) (Rn + G)} + (γ/∆ + γ) et les plus faibles à Bizerte. Cette variation
CWT = 0,672 + 0,406 (U2/Wo) – 0,078 × 15,36 × {1 + 0,0062U2 × (eo – e)} spatiale de ETo est liée à la température
(U2/Wo)2 et U2 : vitesse du vent mesurée qui varie largement selon la proximité ou
à 2 m de hauteur (km.h–1) ; Où : l’éloignement de la mer. La région de Béja
CHT = 1,035 + 0,240 (HR/Ho)2 – 0,275 ∆ : fonction de la température ; est continentale alors que la région de
(HR/Ho)2, HR : humidité relative γ : constante psychrométrique ; Bizerte est côtière, soumise par consé-
moyenne ; Rn : rayonnement net en cal.cm–2.jour–1 ; quent à l’effet adoucissant de la mer.
CST = 0,340 + 0,856 (n/N)/So – 0,196 G : densité du flux de chaleur du globe En effet, si la méthode de Blaney-Criddle
((n/N)/So)2, n/N : Nombre d’heures (cal.cm–2.jour–1) ; sur estime toujours ETo de 4 à 70 % par
diurnes/nombre maximal d’heures d’inso- U2 : vitesse du vent à 2 m d’altitude, expri- rapport à Penman-Monteith (PM) selon la
lation ; mée en m.s–1 ; région et l’époque de l’année, celles de
CE = 0,970 + 0,03 (E/Eo), E est l’éléva- (eo – e) : déficit de tension de vapeur, en Hargreaves-Samani et Penman-Originale
tion (en pieds). mb. sous-estiment ETo de 5 à 40 % dans la
To, Wo, Ho, So et Eo désignent les paramè- ETo est donné en cal.cm–2.jour–1, sachant plupart des cas, excepté pour Béja où la
tres de référence. que variation de ETo par rapport à PM est
1 cal.cm–2.jour–1 = 0,017 mm.jour–1. inférieure à 10 % lorsque ETo est calculée
• Méthode de Hargreaves-Samani (1985) à partir de la formule de Hargreaves-
Elle utilise la température et le rayonne- • Formule de Penman-Monteith (1999) Samani. Ces deux formules s’expriment en
ment pour estimer ETo (mm.jour–1), qui La formule de Penmann-Monteith exprime fonction de la température mensuelle
s’écrit : ETo (mm.jour–1) en fonction de la tempéra- moyenne. D’après Baldy [9], la sous-
ETo = 0,0023 × Ra × TD ture, de l’humidité, de la vitesse du vent et estimation de ETo pourrait être expliquée
0,5 × (T + 17,8) du rayonnement. Elle s’écrit : par l’utilisation de données moyennes qui
Ra : rayonnement extra-terrestre ETo = {0,408 ∆ (Rn – G) + [900 γ /(T + 273) diminuent considérablement la variabilité.
(cal.cm–2jour–1) ; × U2 × (eo – e) ]} / [∆ + γ (1 + 0,34 U2)] Cette dernière a une répercussion directe
TD : différence entre la température maxi- sur l’évapotranspiration de la culture. Dans
male et la température minimale (°C) ; L’humidité de l’air est exprimée par le le cas de l’olivier par exemple, Pastor, et
T : température mensuelle moyenne (°C). déficit de tension de vapeur (eo – e) qui al. [11] expliquent que l’estimation de

Sécheresse n° 4, vol. 14, octobre 2003 5


Tableau VIII. Méthodologie de calcul de l’évapotranspiration de référence par la formule de l’ETM pour les plantations adultes peut se
Penman-Monteith [7]. faire soit à partir de données moyennes
pluriannuelles soit en considérant des va-
Donnée Unité Paramètre à calculer Unité leurs réelles mesurées sur une semaine ou
plus. L’erreur obtenue dans les deux cas
Tmax °C est faible puisque le volume de la frondai-
Tmin °C Tmoy = (Tmax + Tmin)/2 °C son et la surface du sol couverte par l’om-
bre de la frondaison sont stables. La varia-
Tmoy °C ∆ tion inter annuelle de l’ETM est par
Altitude m γ conséquent faible. Dans notre étude les
U2 m/s (1 + 0,34 U2)
données climatiques utilisées sont des
moyennes mensuelles calculées sur une
∆/(∆ + γ(1 + 0,34 U2)) longue période. Elles peuvent être à l’ori-
γ/(∆ + γ(1 + 0,34 U2)) gine d’une sous-estimation de ETo.
L’estimation de ETo par les autres formules
(900/(Tmoy + 273)) × U2
empiriques notamment celles de
Déficit de tension de vapeur Christiansen-Hargreaves, d’Ivanov et Ea-
Tmax °C eo (Tmax) KPa gleman montrent selon les cas, une varia-
tion saisonnière ou mensuelle de ETo La
Tmin °C eo (Tmin) KPa méthode de Christiansen-Hargreaves, qui
o o
Tension de vapeur saturante : es = [e (Tmax) + (e (Tmin)]/2 KPa s’exprime en fonction du rayonnement et
de la température, surestime globalement
ea dérivé de l’humidité relative max et min ETo en période chaude (rayonnement
RHmax % e° (Tmin) × RHmax/100 KPa élevé) et sous-estime ETo pendant les mois
les plus froids de l’année (rayonnement
RHmin % e° (Tmax) × RHmin/100 KPa
intercepté faible). En revanche, les métho-
ea : la moyenne KPa des d’Ivanov et d’Eagleman, qui sont fonc-
Déficit de tension de vapeur (es-ea) KPa tion de l’humidité de l’air, surestiment ETo
en hiver et la sous-estiment entre mars et
Rayonnement août (humidité relative faible). Le tableau
Latitude IX évalue la variation de ETo (en %) par
rapport à ETo (PM), prise comme valeur de
Jour Ra MJ.m–2.j–1 référence (tableau X).
Mois N heure La formule de Penman-Originale, en dépit
n heure n/N de son expression apparentée à Penman-
Monteith (PM) donne les valeurs les plus
si Rs n’est pas donné : Rs = (0,25 + 0,5 n/N) × Ra MJ.m–2.j–1 faibles de ETo. Ces deux méthodes
Rso = [0,75 + 2 (altitude)/100000] × Ra MJ.m–2.j–1 estiment la transpiration de la culture en
s’appuyant sur le bilan d’énergie. Elles
Rs/Rso MJ.m–2.j–1 tiennent compte également des caractéris-
Rns = 0,77 Rs MJ.m–2.j–1 tiques éco-physiologiques de la plante, en
4 l’occurrence la résistance stomatique. Cer-
Tmax °C ó Tmax, K MJ.m–2.j–1
tains auteurs signalent que 50 % de l’er-
Tmin °C ó Tmin, K4 MJ.m–2.j–1 reur dans l’estimation de la transpiration
(σ Tmax, K + σ Tmin, K )/2
4 4
MJ.m–2.j–1 provient de la résistance stomatique.
Celle-ci dépend étroitement de la lumière.
ea KPa (0,34 – 0,14 ea1/2) Elle augmente pour un faible éclairement,
Rs/Rso (1,35 Rs/Rso – 0,35) notamment au début et à la fin de la
journée et diminue avec un fort éclaire-
Rnl = (σ Tmax, K + σ Tmin, K )/2 × (0,34 – 0,14 ea ) × (1,35 Rs/Rso – 0,35)
4 4 1/2
MJ.m–2.j–1 ment.
Rn = Rns – Rnl MJ.m–2.j–1 Le tableau X présente les valeurs de ETo
Tmois °C G jour MJ.m–2.j–1 calculées par la formule de PM. Les valeurs
les plus élevées sont observées à Bizer-
Tmois – 1 °C G mois = 0,14 (Tmois – Tmois – 1) MJ.m–2.j–1 te entre septembre et janvier et à Tunis de
Rn – G MJ.m–2.j–1 février à juillet. Les valeurs les plus faibles
sont enregistrées à Béja pour tous les mois
0,408 (Rn – G) MJ.m–2.j–1 de l’année.
Evapotranspiration de référence Contrairement à ce qui était attendu, l’éva-
∆/(∆ + γ)(1 + 0,34U2) × 0,408 (Rn – G) mm/jour potranspiration de référence pendant le
mois de juillet (pointe) est plus faible à
[γ/(∆ + γ)(1 + 0,34 U2)] × (900/(Tmoy + 273)) × U2 × (es-ea) mm/jour Béja qu’à Tunis ou à Bizerte bien que ces
0,408 ∆ 共 Rn − G 兲 + 关 900γ/共 T + 273 兲 × U2 × 共 es − ea 兲 兴 mm/jour deux dernières régions bénéficient de l’ef-
∆ + γ 共 1 + 0,34 U2 兲 fet adoucissant de la mer.
Le calcul de ETo par les différentes métho-
des exposées nous a permis d’estimer sa
variation par rapport à ETo (PM) (tableau

6 Sécheresse n° 4, vol. 14, octobre 2003


Tableau IX. Variation de ETo en % par rapport à ETo – (PM) en fonction de la méthode de calcul valeurs du coefficient de corrélation (r)
pour Tunis (Tun.), Béja et Bizerte (Biz.). varient de 0,9 à 1, comme l’indiquent les
matrices suivantes.
Hargreaves-Samani Christiansen- Eagleman (1967) PO (1963) Ivanov (1954) Cependant, cette variation bien que statis-
(1985) Hargreaves (1969) tiquement non significative, peut affecter
les cultures dans la mesure où celles-ci
Tun. Béja Biz. Tun. Béja Biz. Tun. Béja Biz. Tun. Béja Biz. Tun. Béja Biz. pourraient présenter une sensibilité au
J – 23 + 2 – 29 – 26 – 29 – 30 + 26 + 38 + 14 – 35 – 26 – 37 + 34 + 52 + 22 stress hydrique pendant un stade déter-
F – 18 + 1 – 20 – 20 – 23 – 19 + 13 + 19 +7 – 24 – 33 – 25 + 26 + 37 +7 miné de développement, notamment au
M – 14 + 5 – 16 – 14 – 17 – 10 – 11 –8 – 16 – 17 – 38 – 15 +1 +9 –8 moment de la floraison (cas de l’olivier,
A –9 + 5 – 13 – 8 – 14 –3 – 16 – 15 – 21 – 12 – 38 – 10 –3 +7 – 17
[14]).
M – 10 + 9 – 12 – 2 – 12 +1 – 18 – 12 – 25 – 11 – 31 –8 –7 + 10 – 18
J – 14 + 2 – 19 + 1 – 10 +4 –7 0 – 17 – 14 – 25 – 13 0 + 21 – 14
Besoins en eau des cultures
Jt – 17 + 2 – 23 + 3 – 5 +6 –4 + 17 – 12 – 17 – 12 – 17 +4 + 35 –9 Les besoins en eau des principales cultures
A – 18 – 1 – 24 + 2 – 6 +4 +9 + 30 –2 – 17 –6 – 18 + 10 + 50 –1 pratiquées dans les régions de Tunis, Béja
S – 18 + 1 – 23 – 5 – 13 –4 + 24 + 46 – 26 – 18 –3 – 33 + 22 + 71 – 15 et Bizerte sont calculés à partir de ETo (PM)
(tableau X) et des valeurs de Kc pour
O – 18 – 1 – 21 – 14 – 21 – 14 + 29 + 39 + 19 – 22 – 11 – 24 + 33 + 65 + 22
chaque stade de développement comme
N – 23 – 3 – 24 – 22 – 26 – 24 + 45 + 55 + 34 – 31 – 12 – 32 + 55 + 83 + 36 indiqué dans le tableau XIII.
D – 25 + 4 – 29 – 29 – 25 – 32 + 40 + 60 + 27 – 39 – 17 – 40 + 46 + 72 + 32 Les besoins en eau des cultures de blé,
NB : seules les méthodes les plus usuelles sont retenues dans ce tableau.
fève et olivier varient peu en fonction des
régions étudiées, qui sont caractérisées
toutes les trois par une pluviométrie an-
nuelle avoisinant les 500 mm. Pour une
Tableau X. Valeurs de ETo calculées par la formule de Penman-Monteith
même culture, les besoins en eau les plus
(mm.jour–1).
faibles sont observés à Béja. La courbe en
fréquence cumulée de la pluviométrie à
Mois Tunis Béja Bizerte Tunis, Béja et Bizerte permet de définir le
Janvier 1,67 1,36 1,81 seuil de satisfaction des besoins en eau de
ces cultures pour chaque stade de déve-
Février 2,22 1,94 2,22
loppement (figure 2). Lorsque ces besoins
Mars 2,95 2,63 2,90 ne sont pas satisfaits par la pluie, l’irriga-
Avril 3,86 3,65 3,76 tion devient nécessaire et ce d’autant plus
Mai 5,09 4,86 4,89 que la sensibilité de la culture au manque
Juin 6,32 6,15 6,24 d’eau pendant une période donnée est
Juillet 7,15 6,77 7,13 élevée.
Août 6,50 6,35 6,61 Cependant, l’estimation des besoins en
eau des cultures en utilisant la pluviométrie
Septembre 4,81 4,60 4,96
totale peut nous induire en erreur de par sa
Octobre 3,19 3,01 3,27 grande variabilité d’une part et en raison
Novembre 2,15 1,91 2,19 des possibilités de sa mise en réserve,
Décembre 1,63 1,29 1,74 d’autre part. Pour estimer la fraction effi-
cace des précipitations, certaines formules
empiriques peuvent être utilisées, notam-
ment la méthode USDA [7], moyennant
Tableau XI. Choix de la méthode de calcul de ETo, en fonction de la cependant une erreur de 30 %. Par consé-
saison et de la région. quent, pour estimer la part de la pluie
effective, il est préférable de mesurer la
variation du contenu d’eau dans le sol
Saison/région Tunis Béja Bizerte
avant et après la pluie.
Hiver Hargreaves-Samani Hargreaves-Samani Hargreaves-Samani En considérant la culture de la fève qui est
Printemps Ivanov Hargreaves-Samani Hargreaves-Samani commune aux trois régions, l’analyse de la
Eté Christiansen Hargreaves-Samani Christiansen figure 2 montre que les quantités de pluie
Automne Hargreaves-Samani Hargreaves-Samani Eagleman qui tombent pendant la phase initiale (mois
de mars) couvrent la quasi-totalité des be-
soins en eau de la culture (8 années sur
IX). Cette variation, traduite en correction, pour calculer ETo lorsque nous disposons 10). Dans sa région de prédilection, Bi-
peut être utilisée lorsque certaines don- de la température ou de la radiation zerte, la culture de la fève a des besoins,
nées climatiques manquent ; dans ce cas, comme seules données climatiques, alors en phase initiale, qui s’élèvent à 29 mm.
il n’est pas possible de calculer ETo par la que celle d’Eagleman conviendrait lors- La probabilité de non-dépassement de
formule de PM, mais en utilisant la mé- que les données climatiques disponibles cette quantité par les eaux de pluie varie
thode la plus appropriée en fonction du sont représentées par l’humidité relative. de 15 (Bizerte) à 35 % (Tunis), ce qui
paramètre climatique disponible, comme Sur le plan statistique, les matrices de correspond à un besoin d’irrigation peu
le montrent les tableaux XI et XII. corrélations établies pour chaque région fréquent, même dans la région la moins
La méthode de Hargreaves-Samani montrent que les méthodes de calcul de arrosée. Pendant les phases de mi-saison
(1985) semble être la plus appropriée ETo sont peu différentes entre elles. Les (avril) et d’arrière-saison (juin), les quanti-

Sécheresse n° 4, vol. 14, octobre 2003 7


Tableau XII. Choix de la méthode de calcul en fonction du paramètre tés de pluies qui tombent à Tunis, Béja et
climatique disponible. Bizerte sont insuffisantes et le besoin d’irri-
guer est annuel.
Paramètre/région Tunis Béja Bizerte Pour l’olivier, les fonctions de répartition
de la pluie à Tunis pour différentes phases
Température Hargreaves-Samani Hargreaves-Samani Hargreaves-Samani de développement montrent que les be-
Eté : Christiansen soins en eau de la phase initiale (mars)
Rayonnement Oct.(n)-mars (n + 1) : Hargreaves-Samani Hargreaves-Samani sont couverts dans 20 % des cas ou des
Hargreaves-Samani années, alors que pendant la phase de
Humidité Août (n)-février Juillet-janvier : Avril-juillet : mi-saison (juillet-août) l’irrigation est néces-
(n + 1) : Eagleman Pennman-Originale Pennman-Originale saire tous les ans. En arrière-saison (sep-
relative Mars-juillet : Ivanov Février-juin : Août-mars : Eagleman tembre à novembre), les besoins en eau
Eagleman restent élevés, de l’ordre de 200 mm, et
ne sont satisfaits qu’en moyenne dans
(n) : année n et (n + 1) : année suivante.
30 % des cas.
Par ailleurs, il est important de signaler
Matrice de corrélation de ETo à Béja. que les besoins en eau de l’olivier pendant
la phase dite de développement sont éle-
vés, avec une évapotranspiration totale de
Béja Blaney Samani 85 Stephens IvanovEagleman Penman Christ (Rs) Christ (Ra)
460 mm. Cette phase s’étend d’avril à juin
Blaney 1 0,9826 0,9965 0,9632 0,9553 0,9846 0,9923 0,9914 et correspond à la période de floraison et
Samani 85 1 0,9924 0,9240 0,9064 0,9512 0,9959 0,9967 de nouaison des fruits. Un déficit hydrique
ressenti pendant cette phase peut freiner la
Stephens 1 0,9587 0,9477 0,9803 0,9979 0,9977 croissance végétative et compromettre la
Ivanov 1 0,9980 0,9945 0,9415 0,9405 production, et ce d’autant plus que les
précipitations comme les réserves hydri-
Eagleman 1 0,9918 0,9290 0,9273 ques sont variables et que la production
Penman 1 0,9677 0,9665 est étroitement liée à cette variabilité [7,
15]. Dans leurs travaux sur l’olivier « Ché-
Christ (Rs) 1 0,9999
toui » et « Chemlali », Ben Mechlia [16],
Christ (Ra) 1 Lakhoua [17] et Bouaziz [18], montrent
que le rendement de l’olivier de l’année (n)
est déterminé par la pluviométrie de l’an-
Matrice de corrélation de ETo à Bizerte. née (n-1) qui favorise la croissance des
rameaux porteurs de fruits.
Sur le plan pratique, l’irrigation de l’olivier
Bizerte Blaney Samani 85 Stephens IvanovEagleman Penman Christ (Rs) Christ (Ra) est peu pratiquée en Tunisie. Sur un million
Blaney 1 0,9793 0,9968 0,9762 0,9556 0,9715 0,9924 0,9912 et demi d’hectares d’oliviers, seulement
Samani 85 1 0,9900 0,9238 0,8985 0,9939 0,9929 0,9948
12 000 hectares bénéficient de l’irriga-
tion. Les plantations irriguées sont situées
Stephens 1 0,9624 0,9399 0,9818 0,9980 0,9978 essentiellement dans les périmètres irri-
Ivanov 1 0,9954 0,9245 0,9526 0,9489 gués de la basse vallée de la Medjerda,
dans les plaines de Kairouan et à l’Enfida
Eagleman 1 0,9074 0,9312 0,9267 (centre). Dans la plupart des cas, l’irriga-
Penman 1 0,9892 0,9905 tion se limite à un ou deux apports de
complément lorsque l’olivier est destiné à
Christ (Rs) 1 0,9998 produire de l’olive de table. Ces apports
Christ (Ra) 1 ont lieu habituellement après la nouaison
et au moment de la sclérification du noyau
des olives [8, 15].
Pour la culture du blé, l’irrigation d’ap-
Matrice de corrélation de ETo à Tunis.
point est en revanche largement répandue
dans le nord du pays. Elle est toujours
Tunis Blaney Samani 85 Stephens IvanovEagleman Penman Christ (Rs) Christ (Ra) nécessaire en phases de mi-saison (mai) et
Blaney 1 0,9660 0,9927 0,9894 0,9733 0,9680 0,9840 0,9816 d’arrière-saison (juin). Les besoins de la
phase initiale sont peu élevés (45 mm) et
Samani 85 1 0,9887 0,9431 0,9054 0,9998 0,9948 0,9963 sont, le plus souvent (80 % des cas) cou-
Stephens 1 0,9798 0,9553 0,9900 0,9975 0,9968 verts par la pluie de novembre. Les be-
soins les plus élevés sont observés pendant
Ivanov 1 0,9937 0,9468 0,9646 0,9621 la phase de mi-saison, correspondant à
Eagleman 1 0,9106 0,9331 0,9298 l’époque de formation du grain.
Penman 1 0,9953 0,9967
Christ (Rs) 1 0,9998 Conclusion et recommandations
Christ (Ra) 1
Le choix de la méthode de calcul de ETo
dépend des paramètres climatiques dispo-

8 Sécheresse n° 4, vol. 14, octobre 2003


Tableau XIII. Besoin en eau (mm) des principales cultures pratiquées à Tunis, Béja et Bizerte pour les différentes phases de développement.

Culture Région kc ini. ETc ini. kc mi ETc mi. kc ar. ETc ar. Total/an
Tomate Béja 0,60 33,75 1,15 363,29 0,80 155,04 551
Pomme de terre Bizerte 0,50 28,05 1,15 103,39 0,75 84,60 219
Blé dur TunisBizerteBéja 0,70 45,1545,9940,11 1,15 220,00212,00210,00 0,30 56,8856,1655,35 357348339
Fève TunisBizerteBéja 0,50 29,5029,0026,30 1,15 190,72183,82181,7 1,10 97,4895,5394,38 318308302
Olivier TunisBizerteBéja 0,65 59,4458,4352,99 0,70 295,93298,19284,70 0,70 215,38221,11202,03 571578540
NB : la longueur des différentes phases est consignée dans la figure 1.
kc ini., kc mi, kc ar. = coefficient cultural en phase initiale, de mi-saison et d’arrière saison, respectivement.
ETc ini., ETc mi., ETc ar. = évapotranspiration de la culture en phase initiale, de mi-saison et d’arrière saison, respectivement.

nibles. Dans la plupart des cas (pour les 9. Baldy C. Agro-météorologie et développement
trois régions étudiées) les formules de des régions arides et semi-arides. Alimentation en
Remerciements eau des cultures en climats aride et semi-aride. Lieu
Hargreaves-Samani, de Christiansen et de publication ? ? : éditions ? ?, 1998 :63-79.
d’Eagleman sont les plus proches de Les auteurs remercient Mr Lasram pour ses
Penman-Monteith. Le calcul de ETo nous a remarques constructives sur le manuscrit. 10. Ministère de l’Agriculture. Enquête sur les structu-
res des exploitations agricoles en Tunisie. Lieu de
permis d’estimer ETc pour quelques cultu- publication ? ? : éditions ? ?, 1995 ; nombre de
res pratiquées dans le nord de la Tunisie. pages ? ?.
Pour les phases de mi-saison et d’arrière- Références 11. Pastor M, Hidalgo J, Vega V, Castro J. Irrigation
saison, les besoins en eau des cultures de des cultures Oléicoles dans la région de Loma. Oli-
blé, fève et olivier sont élevés et ne sont 1. Direction générale des ressources en eau de la vae 1998 ; (71) : 39-49.
généralement pas couverts par la pluie. Tunisie (DGRE). Rapport interne n°11. Tunis ? ? :
Direction générale des ressources en eau de la 12. Food and Agriculture Organisation (FAO). Utili-
Ce déficit peut être comblé par l’irrigation sation des données climatiques pour la gestion effi-
Tunisie, 1990 ; ? ? p
lorsque le stock d’eau dans le sol est insuf- cace de l’irrigation. Cours Itinérant organisé par
fisant. Ce paramètre est important à consi- 2. Ministère de l’Agriculture. Stratégie à long terme FAO/OMM/Projet INAT-CGRE, Tunis 20-24 Avril
dérer, en particulier pour les cultures capa- du secteur de l’eau en Tunisie (2030). 1re édition 1998, nombre de pages ? ?.
1998.Tunis ? ? : Ministère de l’Agriculture, 1998 ;
bles de prélever l’eau du sol à de grandes ??p
13. Institut national météorologique de Tunisie (INM).
profondeurs (cas de l’olivier). Il est égale- Données pluviométriques de Tunis, Bizerte et Béja.
ment possible qu’un déficit hydrique surve- 3. Food and Agriculture Organisation.(FAO). Les Lieu de publication ? ? : éditions ? ?, 1990 ; nom-
besoins en eau des cultures. Bulletin FAO d’irriga- bre de pages ? ?.
nant pendant un stade donné soit comblé tion et de drainage ? ? 1976 ; 24 : pagination ? ?
par une pluie ultérieure devant être comp- 14. Food and Agriculture Organisation (FAO). Ency-
4. Food and Agriculture Organisation.(FAO). Yield clopédie mondiale de l’olivier. Lieu de publica-
tabilisée également. tion ? ? : éditions ? ?, 1997 ; nombre de pages
response to water. Bulletin FAO d’irrigation et de
Concernant la représentativité des don- drainage parer ? ? 1986 ; 33 : pagination ? ? ? ?.
nées utilisées, il est préférable de calculer 15. Le Bourdelles J. L’eau en oléiculture. Synthèse des
5. Food and Agriculture Organisation. (FAO). Les
pour les plantations adultes d’oliviers les besoins en eau d’irrigation. Gestion des eaux en
travaux sur l’irrigation de l’olivier. Bastia ? ? : Sta-
besoins en eau à partir de données clima- tion de recherche SOMIVAC ? ?, 1982 ; nombre de
irrigation. Manuel de formation n°3. Lieu de publi-
tiques réelles ou de moyennes pluriannuel- pages ? ?.
cation ? ? : FAO, 1989 ; nombre de pages.
les, étant donné que la variabilité interan- 16. Ben Mechlia N, Hamrouni A. Alternative et pro-
6. Food and Agriculture Organisation.(FAO). Pilo- duction potentielle chez l’olivier irrigué. Séminaire
nuelle de ces besoins est faible de par la tage de l’irrigation. Gestion des eaux en irrigation.
stabilité du volume de la frondaison et de International sur l’olivier et autres plantes oléagineu-
Manuel de formation n°4. Lieu de publication ? ? : ses cultivées en Tunisie, Mahdia, juillet 1978 :199-
la surface du sol couverte par l’ombre de FAO, 1989 ; nombre de pages. 208.
celle-ci. Pour les cultures annuelles, il est 7. Food and Agriculture Organisation (FAO). Crop 17. Lakhoua H. Quelques aspects de la production
préférable d’estimer l’évapotranspiration Evapotranspiration. Guidelines for computing crop de la variété Chemlali sous le climat de Sfax. Anna-
sur une courte durée (une décade, par water requirements. FAO Irrigation and Drainage les de l’INRA (Tunis) ? ? 1982, 55 : pagination ? ?
exemple) afin de minimiser les erreurs parer ? ? 1999 ; 56 : pagination ? ?
18. Bouaziz E. Intensification et irrigation à l’eau
d’une part et s’ajuster le plus près possible 8. Food and Agriculture Organisation (FAO). Irriga- saumâtre de l’olivier dans les grandes plaines du
aux besoins de la plante surtout en année tion. Manuel d’Oléiculture. Lieu de publication ? ? : Centre tunisien. Mémoire de 3e cycle de l’INAT,
sèche. ■ FAO, 1977 ; nombre de pages ? ?. Oléiculture-Oléotechnie, 1983, 126 p.

Sécheresse n° 4, vol. 14, octobre 2003 9

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