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La Terreur révolutionnaire: 1793 - 94.

A. Les tendances politiques sous la République.

Remarque : Il n'y a pas encore de partis politiqes même si ces groupes y ressemblent.
Jacobins: club qui soutenait l'Assemblée jusqu'en 1791 il devient ensuite un contre-pouvoir. On y
discutait des projets de loi et on y critiquait les décisions de l'Assemblée.
Mirabeau, Brissot, Robespierre sont passés par là. Sous la terreur: le club soutient le
gouvernement révolutionnaire.
Girondins: "parti" né en 1791, pour la guerre en 1792, ils luttent aux premiers temps de la
Convention contre les extrêmistes (sans-culottes et montagnards), ils votent la mort mais avec
sursis du roi et basculent ainsi à droite. Sous la terreur ils seront pour la plupart guillotinés.
Montagnards: ils apparaissent dans la Convention et regroupent tous les anti-girondins. Le procès
du roi, les mesures de salut public, la chute des Girondins (2 juin 93) leur donnent du prestige chez
les sans-culottes. Sous la terreur ils se divisent entre ceux qui soutiennent incoditionnellement le
gouvernement de salut public et ceux qui prennent leurs distances;
Indulgents (dantonistes): ils rompent avec Robespierre après la répression des hébertistes
quand la terreur se tourne vers les modérés.
Hébertistes: courant ultra révolutionnaire dont le chef est Hébert (antichrétien, pour la guerre à
outrance, pour la terreur tous azimuts). Ils seront massacrés par le gouvernement de Robespierre.
La Vendée (1793,) et les Chouans (1794): dans l'ouest.
Révoltes de paysans contre la levée en masse de 300000 hommes et contre les lois économiques
de la Convention (biens nationaux assignats -> profitent aux bourgeois). Influencés par les prêtres
réfractaires, les paysans les plus aisés étaient au départ favorables à la révolutiuon mais petit à
petit ils s'en éloignent (impôt). Le bas clergé bascule aussi dans la contre-révolution avec l'affaire
de la constitution civile. Les pauvres (60% des paysans) suivent à cause des mesures libérales de
l'aAssemblée en 1790: libre cisrculation du grain.
Leur action: rasemblements nocturnes, bandes armées, violences contre les révolutionnaires,
libération des prisonniers. La Chouanerie voit l'alliance entre les paysans et les nobles rentrés
d'émigration partisans de l'Ancien régime.

B. Qu'est-ce que la terreur?

Document 1. Le gouvernement révolutionnaire (schéma p. 200).

http://revolution.1789.free.fr/page-8.htm

Document 2. La loi des suspects, 17 septembre 1793 (page 187 doc 4).

(Sont suspects) 1. Ceux qui, dans les assemblées du peuple, arrêtent son énergie par des discours
astucieux, des cris turbulents, des menaces(…)
3. Ceux qui ont changé de conduite et de langage selon les événements; ceux qui, muets sur les
crimes des royalistes, des fédéralistes, déclament avec emphase contre les fautes légères des
patriotes (…)
5. Ceux qui, ayant toujours les mots de liberté, république et patrie sur les lèvres, fréquentent les
ci-)devant nobles, les prêtres contre-révolutionnaires, les aristocrates (…)
10. Ceux qui parlent avec mépris des autorités constutuées, des signes de loi, des sociétés
populaires et des défenseurs de la liberté.

Doc. 3 Le père Duchesne se déchaîne contre les « affameurs ».


"Pour tuer d'un coup l'aristocratie fermière et marchande, que l'on divise toutes les grandes terres
en petites métairies. Si, en même temps, on ne vend les domaines nationaux qu'en petites
portions, si on met en culture tous les parcs des émigrés, (...) nous aurons des subsistances à
revendre, et jamais nous n'éprouverons la disette. Pour faire cesser ce bougre de tripotage des
agioteurs et la cupidité des marchands, que l'on double, que l'on triple l'armée révolutionnaire,
foutre qu'il en soit envoyé de forts détachements dans tous les départements ; c'est le seul moyen
d'établir le maximum. Que les têtes des affameurs du peuple tombent comme celles des traîtres et
des conspirateurs... "
extrait de "Le Père Duchêne" après le vote de la loi du maximum :
Article 1 - Les objets que la Convention nationale a jugés de première nécessité, et dont elle a cru
devoir fixer le maximum ou le plus haut prix sont :

Le pain, la viande, le vin, les grains, farines, légumes, fruits, le beurre, le vinaigre, le cidre, l’eau-
de-vie, le charbon, le suif, le bois, l’huile, la soude, le savon, le sel, les viandes et poissons secs,
fumés, salés ou marinés, le miel, le sucre, le papier, le chanvre, les laines ouvrées et non ouvrées,
les cuirs, le fer et l’acier, le cuivre, les draps, la toile et généralement toutes les étoffes ainsi que
les matières premières qui servent à leur fabrication, les soieries exceptées, la chandelle, la
potasse, la fonte, le plomb, le lin, les sabots, les souliers, les colza et rabette (choux-raves), le
tabac (les décrets d’octobre ajoutèrent à cette liste tous les comestibles et tous les bois de
construction).
(…)
Article IV - Les tableaux du maximum ou plus haut prix de chacune des denrées énoncées dans
l’art. I seront rédigés par chaque administration de district et affichés dans la huitaine.
( …)
Article VII – Toutes les personnes qui vendraient ou achèteraient…au-delà du maximum paieront
une amende solidaire double de l’objet vendu et applicable au dénonciateur ; elles seront inscrites
sur la liste des personnes suspectes, et traitées comme telles…

Doc. 4 Un comité révolutionnaire.

Vingt Jacobins, la pipe à la bouche, le verre à la main, armés de piques et de gourdins, procèdent à
l'interrogatoire d'un jeune couple accompagné de leur enfant au milieu de cris et de vociférations,
de la fumée. Vêtus du costume des sans-culottes et coiffés du bonnet rouge. On voit l'oriflamme de
la section, entre les tables des droits de l'Homme et des bustes de Marat et de Le Peletier (noble
qui a renié sa noblesse, martyr de la Révolution assassiné par des royalistes en 1793). Derrière
trainent les cartons contenant les dénonciations, les interrogatoires utilisés pendant la Terreur. Au
sol on voit des bouteilles cassées et des grabats en désordre.
Source : http://tinyurl.com/ywh8jv
Doc.4 Robespierre justifie la Terreur.

Le 17 pluviose (5 février 1794), Robespierre présente à la Convention son rapport sur les principes de morale
politique qui doivent guider la Convention dans l'administration de la république.
"Quel est le but auquel nous tendons? La jouissance paisible de la liberté et de l'égalité (…) Nous voulons
substituer dans notre pays (…) les vertus de la république aux vices de la monarchie. Quel gouvernement peut
réaliser ce prodige? Le seul gouvernement démocratique républicain. Son principe fondamental c'est la vertu
publique, cette vertu qui n'est autre chose que l'amour de la patrie et de ses lois (…)
Il faut étouffer les ennemis intérieurs de la république ou périr avec elle. La première maxime de votre politique
doit être qu'on conduit le peuple par la raison, et les ennemis du peuple par la terreur(…) Le resort du
gouvernement populaire dans la paix est la vertu, son ressort en révolution est à la fois vertu et terreur. La
terreur n'est autre chose que la justice, sévère, inflexible(…) Le Gouvernement de la révolution est le
despotisme de la liberté contre la tyrannie…"
Biographie de Robespierre p. 187.
Vertu: désintéressement total au profit de l'intérêt général.

Document 5. La pression des sans-culottes continue après la Terreur sous le Directoire.


La scène se passe le 20 mai 1795. Le président de la Convention, Boissy d’Anglas, salue de la main la tête
coupée du député Féraud présentée au bout d’une pique.
Le député Féraud, député des Hautes-Pyrénées à la Convention, vota la mort de Louis XVI, protesta contre les
événements du 31 mai 1793 qui aboutissent à l’arrestation des Girondins (voir image du livre p.200),
fut proscrit avec les Girondins et rentra à la Convention où il prit parti contre Robespierre. En tentant le 1er
Prairial an III de s’opposer à l’envahissement de la salle, il fut tué d’un coup de pistolet.

Julien-Léopold Boilly (1796-1874), fils de Louis-Léopold dont il fut l’élève, ainsi que de Gros. Auteur
de nombreux dessins au crayon.

C. Que disent les historiens?


Pierre Chaunu: la terreur? Une mare de sang!
"Je crois que robespierre a été porté par un concours de circonstances, à un niveau de responsabilités qui
dépassait ses capacités. Je n'éprouve que de la répulsion pour tout ce qu'il a représent, pour le pouvoir
terroriste qu'il a exercé, que rien n'excuse.
Cependant il a été le seul à prendre position contre la guerre, signe de lucidité. Deuxièment, au milieu d'une
bande de fanatiques antireligieux, il avait compris qu'il fallait respecter les convictions du peuple. J'ajoute qu'il
était honnête contrairement à beaucoup de ses pairs.(…) Bref ce n'était pas un monstre et pourtant il l'est
devenu. Homme complexé, notamment avec les femmes, il s'est trouvé avec un pouvoir que même les rois de
France n'avaient pas.(…) Quant à son culte de la vertu, on touche là au caractère pervers du régime
révolutionnaire. Parler de vertu dans cette mare de sang!
Extraits de l'entretien accordé pour la revue l'Histoire, n° 177, mai 1994.

Albert Soboul: la Terreur voulue par le peuple pour sauver la révolution.


Au mois de septembre 1793, la hantise du “ complot aristocratique ” atteint un point culminant. La rébellion de
nombreux départements s'est ajoutée aux défaites militaires et à l’extension du soulèvement vendéen.
Face à l'aggravation de la crise, la conviction populaire selon laquelle il faut punir les méchants s'est radicalisée
: les comploteurs et les ennemis du peuple méritent maintenant la mort. Le 5 septembre, le peuple parisien
descend dans la rue et réclame des mesures institutionnelles permettant l’arrestation des suspects et leur
exécution.
L’Assemblée cède. Elle met en place la politique de la Terreur, mais dans le cadre de véritables institutions qui
lui permettent d'en garder le contrôle.
Dans les mois qui suivent, plusieurs dizaines de milliers de personnes sont victimes de la Terreur.
La Révolution est plus que jamais en danger. Sur toutes les frontières, les armées de la République ont battu
en retraite. Dans les départements où ils sont en force, les Girondins ont organisé des mouvements de révolte.
L'insurrection vendéenne progresse. Les royalistes toulonnais ont livré leur ville aux Anglais. En outre, la crise
des subsistances n'a pas été jugulée et la population parisienne connaît des conditions de vie de plus en plus
difficiles.
Le 5 septembre 1793, les militants du mouvement populaire organisent une manifestation de masse, afin
d'exiger de l'Assemblée des mesures extrêmement sévères pour tous ceux qu'ils accusent d'affamer le peuple
et de comploter contre la Révolution. L'Assemblée est contrainte de mettre en place la Terreur et, peu après, le
maximum général des prix.
Dans les mois qui suivent, des milliers de suspects sont arrêtés puis condamnés à mort.
La Terreur constitue un instrument de défense contre la contre-révolution. Elle doit son efficacité à l'alliance
étroite entre le gouvernement montagnard et le mouvement populaire. De fait, la situation militaire se redresse
dès l'automne 1793, à la fois sur le front intérieur et extérieur.
D'après l'historien marxiste Albert Soboul, La Révolution française. Ed. Sociales 1962.

François Furet: la Terreur, un mal nécessaire? un génocide? un système totalitaire?

Toute une partie du socialisme français s'est réclamée de la tradition jacobine.(…) Au Xxe siècle, la Terreur est
perçue comme instrument de lutte des classes contre la bourgoisie. Elle est au centre de leur admiration pour le
jacobinisme.Pour les socialistes du XIXe siècle elle a été un moyen nécessaire pour sauver la patrie.(…)
Robespierre n'a jamais cessé d'avoir des admirateurs mais minoritaires: il suffit de voir le petit nombre de
monuments ou de rues qui sont conscrés à sa mémoire. (…)

- La révolution a-t-elle mis en place un système totalitaire comme celui de l'URSS?

Il y a dans le discours de Robespierre et d'autres révolutionnaires une tonalité totalitaire, au sens qu'il faut
"créer un homme nouveau", régénéré grâce à l'action de l'État (…) Mais lla Terreur peut être considérée à la
fois comme un état d'esprit et comme un mode de gouvernement. Marat dès 1789 exprime dans "L'Ami du
peuple" une conception manichéenne de la politique hanté par l'obsession du complot. (…) Robespierre n'est
pas un terroriste type car, au moment ou il déchristianise, il instaure le "culte de l'être suprême". (…) La
Terreur est une situation très diverse selon les régions. En Vendée elle atteint son point le plus terrible, elle
devient militaire alors qu'à Paris elle est civile.

- Y a-til eu "génocide" vendéen comme certains hommes politiques le prétendent?


Il ne s'agit pas d'extermination industrielle et idéologique comme la shoah. Ce sont des ravages de type
militaire: fermes brûlées, paysans massacrés… Il reste que les paysans ont été assassinés au nom d'une
idéologie révolutionnaire. La Terreur s'est donnée des justifications: salut public, régénération, violence
inévitable pour instaurer l'ordre nouveau. Si le totalitarisme est un régime qui ne laisse aucune place entre le
politique et le social (peuple et pouvoir n'en font qu'un), on peu dire d'une certainbe façon que le jacobinisme
français a des traits pré-totalitaires.(…)

- Robespierre est-il seul responsable?


La terreur ne peut pas être attribuée à un seul homme. Elle relève d'actions individuelles, multiples et
d'intensité très variable selon les lieux.(…) Robespierre n'est pas, loin s'en faut, le plus terroriste des hommes
de l'An II.
Entre tien dans L'Histoire , n° 177, mai 1994.

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