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0.

Généralités
L’embryologie expérimentale est la branche de l’embryologie qui consiste à faire des
expériences sur des embryons afin d’approfondir les connaissances sur la biologie évolutive du
développement.
Les manipulations couramment utilisées sur les embryons sont des variations de trois
techniques principales soient le coupage, le collage et la coloration.
De plus, puisque les embryons sont très sensibles au stress, les chercheurs doivent développer
des compétences en micromanipulations et avoir des connaissances approfondies de l’anatomie
d’embryons, de leur développement normal et de l’élevage de ceux-ci. Parmi les pionniers de
cette discipline, on retrouve Wilhelm Roux, Hans Spemann, Ross Harrison, Frank Lillie et
Viktor Hamburger.
0.1. Histoire
C’est durant les années 1880 que l’embryologie expérimentale a commencé à prendre de
l’importance. À l’époque, c’est en Allemagne que l’on retrouvait le plus d’embryologistes se
spécialisant dans cette nouvelle branche. Cette discipline fut attribuée plusieurs noms comme
« mécaniques du développement » ou « Entwicklungsmechanik » en Allemand,
biomécaniques, physiologie développementale ainsi qu’embryologie causale. En 1888,
Wilhelm Roux conduisit son expérience de dénaturation des blastomères qui servit de point de
départ pour le domaine de l’embryologie expérimentale.
Dès le début du XXe siècle, Theodor Boveri a démontré l’importance d’un ensemble complet
de chromosomes pour un développement normal en observant la morphologie d’embryons
d’oursins ayant été fertilisés par plus d’un spermatozoïde. Il en est venu à la conclusion que les
chromosomes sont la source du matériel génétique. Boveri a aussi conduit des expériences de
perturbation d’embryons ayant pour but de détruire de l’information génétique. Ses recherches
lui ont permis de fournir des preuves que l’information contenue dans les chromosomes dépend
d’ADN intact.
L’embryologie expérimentale a également joué un grand rôle dans la découverte de principes
de neurodéveloppement des vertébrés. Les travaux d’Hans Spemann en embryologie
expérimentale en 1924 ont mené à la découverte que le système nerveux se développe par des
interactions d’induction entre cellules voisines ainsi qu’à la découverte de l’organisateur de
Spemann-Mangold chez les embryons d’amphibiens. C’est grâce à ces découvertes qu’Hans
Spemann a obtenu un prix Nobel en 1935. Ross Granville Harrison fut lui aussi un pionnier
dans ce domaine et a fait plusieurs découvertes qui ont avancé les connaissances en biologie. Il
publia ses premiers documents en allemand entre les années 1893 et 1895. C’est en 1893 qu’il
retourna aux États-Unis, à l’université Johns Hopkins et a commencé à s’intéresser davantage
aux expériences sur l’embryologie du système nerveux. Il a fait diverses expériences sur des
embryons de grenouilles notamment des transplantations. C’est avec des embryons de
grenouilles qu’il a réussi à faire les premières cultures de tissus en 1907. Ses publications sur
la culture de tissus ont permis d’approfondir des recherches en oncologie, virologie, génétique
et bien d’autres domaines. Les progrès en embryologie expérimentale des plantes étaient
beaucoup plus lents que ceux de l'embryologie animale. C'est en partie dû au fait que les
embryons de plantes sont plus difficiles à observer et à extraire que ceux des animaux. En effet,
ils sont enfermés dans les tissus parentaux durant toute leur vie embryonnaire, ce qui fait qu'ils
sont cachés.
0.2. Principales techniques d’embryologie expérimentale
L’embryologie expérimentale se base sur trois techniques principales soient le coupage, le
collage ainsi que la coloration. Ces techniques et leurs variations sont encore utilisées de nos
jours. La technique du coupage consiste à réduire en taille ou enlever complètement un tissu,
un groupe de cellules ou une seule cellule dans le but de vérifier si la partie coupée est requise
durant un événement clé du développement. Cette technique peut aussi être utilisée pour isoler
des tissus ou cellules pour les utiliser pour d’autres tests. La technique de collage implique,
quant à elle, une transplantation de tissus ou cellules provenant d’un embryon donneur vers un
embryon hôte. Cela peut être fait lorsque les deux embryons se trouvent au même stade de
développement ou lorsqu’ils sont à des stades différents de développement. Aussi, le transplant
peut se faire dans un site identique à l’hôte ou à un site différent (ectopie). Hans
Spemann et Hilde Mangold ont eu recours à cette manipulation au cours de leurs expériences
avec des embryons d’amphibiens. La technique de coloration a pour but d’identifier une
certaine partie de l’embryon, des cellules ou encore un transplant. Cette manipulation implique
donc l’utilisation de marqueurs comme des teintures pour pouvoir suivre le mouvement des
cellules et leur destinée durant le développement. Depuis les dernières années, les
embryologistes ont accès à de nouvelles technologies et connaissances leur permettant de faire
des recherches sur des espèces moins étudiées et de faire de nouvelles manipulations.
0.3. Organismes modèles utilisés
Les embryologistes ayant fait des recherches dans cette branche ont principalement utilisé
quatre organismes modèles de vertébrés pour mieux comprendre les principes du
développement du système nerveux. Dans les débuts, c’étaient plutôt des organismes vertébrés
« plus primitifs » qui étaient utilisés puisqu’ils semblaient plus faciles à manipuler. Le domaine
de l’embryologie expérimentale s’est ensuite tourné vers des modèles plus avancés dans le but
d’acquérir des connaissances sur le développement normal et anormal de l’embryon humain.
Au XIXe siècle, les embryologistes utilisaient des amphibiens et durant le début du XXe siècle,
ils ont commencé à utiliser un modèle à sang chaud, soit le poussin. Ils ont également utilisé
des souris mais les embryons de ceux-ci sont moins accessibles puisqu’ils se développent dans
un utérus. C’est vers la fin du XXe siècle qu’ils commencèrent à utiliser des embryons
de poissons zèbres. L’avantage de ceux-ci est qu’ils sont transparents et il est facile de générer
des mutations dans les gènes du développement avec eux. Les amphibiens utilisés au début
étaient des grenouilles (Rana) et des salamandres (Ambystoma) mais ceux-ci furent remplacés
par la grenouille Xenopus laevis.
I. Introduction
L’induction embryonnaire est une interaction entre un tissu inducteur et un autre tissu
répondeur, avec pour résultat l’amorçage d’un processus de différenciation par le tissu
répondeur.
C’est probablement l’unique mécanisme le plus important dans le développement des vertébrés
menant aux diverses différences entre les cellules et l’organisation de cellules en tissus et
organes.
Ce phénomène est considéré avoir été découvert par Spemann en 1901 et par Lewis (1904) qui
ont ensemble établi que dans certains spécimens de rainettes la formation d’une lentille de
l’ectoderme dépend de l’influence d’un lobe optique à la base du cerveau.
L’intérêt autour du phénomène d’induction fut accentué par la célèbre expérience de Spemann
& Mangold (1924) dans laquelle la lèvre dorsale d’un embryon du triton albinos Triturus
cristatus avait été transplanté à la région ventrale d’une gastrula d’un triton pigmenté, induisant
la formation par les cellules hôtes pigmentées d’un axe secondaire (Spemann, 1938).
Dans cet axe secondaire se retrouve le tube neural provenant de l’ectoderme par induction du
mésoderme sous-jacent, un processus connu sous le nom d’induction primaire. Il fut découvert
par la suite que plusieurs matériaux facilement obtenus pouvaient remplacer le mésoderme et
induire une différenciation neurale de l’ectoderme, et il était attendu dans les années 1930 que
ces matériaux pourraient servir comme sources pour la purification une substance neurale
inductrice.
Cette optimisme disparue quand il fut découvert que le nouvel ectoderme de l’embryon était de
loin prédisposé à la différenciation neurale et que presque n’importe quelle substance aurait
bien pu se comporter comme un inducteur (Holtfreter, 1934, 1947 ; Waddington, Needham &
Brachet, 1936 ; Barth, 1968).
Bien qu’il se soit écoulé près d’un siècle depuis la découverte de l’induction embryonnaire, les
fondements moléculaires des inducteurs et de la réponse inductrice restent presque totalement
obscure.
L’induction embryonnaire a été totalement analysé chez les Amphibiens, du fait de la grande
taille and de la manipulation facile de leurs œufs et embryon, et dans la suite de ce travail nous
mettrons plus l’accent sur les travaux effectués sur les Amphibiens.
L’interaction cellulaire ayant des caractéristiques de l’induction, constitue probablement
l’unique grand phénomène qui prévaut dans le mécanisme de développement des Vertébrés.
Bien qu’il reste encore beaucoup à étudier, les interactions cellulaires inductives prennent place
lors du développement des Vertébrés.
Par exemple, chez l’Oursin de mer, le pôle végétal micromères transplanté à l’autre moitié du
pole animal induit une différenciation secondaire en pôle végétal (Horstadius, 1973).
L’objet de ce travail est de rassembler quelques propriétés communes de l’induction
embryonnaire et considérer les méthodes par lesquelles elles se réalisent, en présentant diverses
expériences concernant l’induction embryonnaire.
II. L’induction
L’induction est le processus suivant lequel le mode de différenciation d’un tissu donné est
contrôlé par l’influence d’un autre tissu en contact étroit avec elle. L’induction concerne un
groupe de cellules dont le devenir est fixé de manière irréversible. C’est-à-dire que dans
l’induction, un tissu induit ne peut plus devenir un tissu indifférencié, ce qui veut dire que son
devenir prochain et futur est fixé même s’il n’est pas encore observé. Le territoire endodermique
par exemple secrète des molécules inductrices dans le milieu extérieur qui vont jouer sur des
cellules réceptrices dites compétentes. Ce sont les cellules de l’ectoderme : elles réagissent à un
signal inducteur et deviennent déterminées.
1. Types d’induction
1.1.Induction instructive
Durant l’induction instructive, une cellule A, informe une autre cellule B du type de
différenciation dans lequel elle doit s’engager. Sans signaux inducteurs provenant du tissu A,
le tissu B s’engagera dans un autre type de différenciation.
Selon Wessells (1997), l’induction instructive doit obéir à trois règles pour être considérée
comme telle.
 En présence du tissu A, le tissu B se développe d’une certaine manière ;
 En l’absence du tissu A, le tissu B ne développe pas de cette manière ;
 En l’absence du tissu A, mais en présence d’un tissu C, le tissu B se différencie suivant
le tissu C.

1.2.Induction permissive
Durant l’induction permissive, un tissu A, informe un tissu B pour qu’il exprime la
différenciation pour laquelle il était préalablement programmé. Sans signaux inducteurs
provenant du tissu A, le tissu B reste indifférencié.
1.3.L’induction neurogène
La formation des structures neurales, à partir de l’ectoderme est sous l’action inductrice exercée
par le mésoderme sous-jacent. Les expériences d’embryologie expérimentale de Spemann
(transplantation de la lèvre du blastopore des amphibiens) ont mené à la découverte du
phénomène d’induction embryonnaire et donc l’importance de la communication entre cellules
et tissus au cours du développement.
La première expérience où la greffe de la lèvre du blastopore au niveau de la région ventrale
d’une jeune gastrula permet d’induire la formation d’un second blastopore au niveau duquel se
déroule l’ensemble des processus de gastrulation.
La deuxième expérience chez le caperon contact entre cellule de l’organisateur de Spemann et
ectoderme sous-jacent ; Œuf de triton en solution hypertonique qui empêche l’invagination lors
de la gastrulation, endoderme et mésoderme forment exo gastrula. En l’absence de contact entre
mésoderme inducteur et ectoderme, il n’y a pas d’induction neurale.
1.4. Induction embryonnaire endogène
L’induction embryonnaire endogène est caractérisée par le fait que les cellules embryonnaires
produisent de façon endogène et graduelle les inducteurs qui vont venir les influencer elles-
mêmes, créant ainsi un nouveau modèle de diversification. En conséquence, les cellules vont
s’auto-transformer ou s’auto-différencier (Sastry, 2007).
1.5.Induction embryonnaire exogène
L’induction embryonnaire exogène à lieu lorsqu’une cellule ou un tissu est mis dans un
embryon et qu’il exprime par contact inductif, un processus de diversification sur les cellules
embryonnaires (Sastry, 2007).
Selon Grabstein (1964), il existe deux sous-types d’induction embryonnaire exogène dites
homotypique et hétérotypique, selon que l’induction induit la formation d’un tissu qui va être
similaire (induction homotypique) ou différent (induction hétérotypique) au tissu inducteur.
Ainsi, dans l’induction embryonnaire exogène on aura par un exemple, une cellule différenciée
qui va lui permettre de maintenir ses caractéristiques mais également d’envoyer des signaux et
induire la différenciation des cellules voisines en cellules similaires.

2. Les mécanismes de l’induction


Dans les mécanismes de l’induction embryonaire il y a deux points éssentiels à retenir :
- La compétence du tissu cible
- Les modalités de la transmission de l’inducteur
Dans toute induction, il y a 2 types de tissus :
- Tissus émetteur d’information : tissu inducteur
- Tissus receveur : tissus cible ou réacteur

3. Notion de compétence
La compétence d’une cellule ou d’un tissu correspond à sa capacité à recevoir un signal
inducteur et à y répondre. Cela joue évidemment un rôle essentiel dans le mécanisme de
l’induction, rendant possible la différenciation. La compétence d’une cellule ou d’un tissu lors
du développement embryonnaire est limité dans le temps, les différentes régions ne restent pas
indéfiniment compétentes. Après la différenciation du tissu, ce dernier ne répond plus aux
signaux inducteurs n’étant plus compétant. Tenant compte de ce paramètre, l’induction
embryonnaire est donc un phénomène à la fois complexe et précis dans lequel les notions de
temps et de localisation sont essentielles (Scott & Gilbert, 2004).
Un tissu embryonnaire indifférencié mis en contact avec un tissu inducteur ne peut se
différencier que s’il se trouve dans un état physiologique le rendant capable de répondre par des
différenciations spécifiques aux signaux émis par l’inducteur, c’est-à-dire qu’il doit être
compétent vis-à-vis de cet inducteur.
4. Quelques expériences majeures

 Expériences de Pieter Nieuwkoop


Les expériences ont été faites au stade blastula d’un œuf de xénope. Le but de ces expériences
était de comprendre comment se formait le mésoderme. Pour cela, il avait isolé en culture des
cellules du pôle animal, et d’autre part des cellules du pôle animal des cellules du pôle végétatif
afin de voir si elles pouvaient induire la formation du mésoderme.
Il découvrit alors que le pôle végétatif au niveau dorsal, et plus précisément ce qu’il appellera
le centre Nieuwkoop était le milieu responsable de l’induction du mésoderme.
 Expériences de Dale et Slack
Ils utilisèrent pour ces expériences des embryons plus précoces constitués seulement de trente-
deux blastomères qui sont classés en quatre rangées avec un nombre égal de cellules. Ils ont
isolé chaque rangée et fait un certain nombre de tests afin de déterminer lesquelles étaient à
l’origine de cette induction.
Ainsi, ils découvrirent que les cellules du pôle végétatif faisaient une induction ayant pour cible
les cellules du pôle animal ce qui leur permettait de détenir de nouvelles dispositions pour se
différentier les blastomères sont les seuls à l’origine de l’induction de la formation du
mésoderme dorsal et de l’organisateur de Spemann tandis que les autres vont induire la
formation du mésoderme ventral et intermédiaire.
III. CONCLUSION
Les expériences menées en embryologie expérimentale se sont révélées très utiles pour la
compréhension des principes qui sou tendent la différenciation de l’embryon. En effet il est
incontournable de procéder par la méthode empirique lorsque l’on veut arriver à tirer des
conclusions ou dégager une théorie autour d’un phénomène étudié.
La compréhension du développement embryonnaire des divers organismes vivant, avec les
amphibiens comme organisme modèle, a été une avancé majeur dans le domaine de la
biologie, précisément dans l’embryologie. Couplant ces connaissances à d’autres branches
de la science biologique tels que la biologie moléculaire, la microscopique, la génétique
moléculaire et j’en passe, élargie considérablement la portée des expériences pouvant être
réalisées et offre des possibilités dans le dépistage des problèmes potentiels lors du
développement embryonnaire.
Actuellement l’embryologie en étroite collaboration avec la génétique moléculaire sont
d’une importance non négligeable dans la thérapie génique embryonnaire, le dépistage des
maladies et autres gènes de prédispositions pouvant être portés par l’embryon, ainsi qu’une
possibilité des sélections de caractères du futur individu. Bien que ces applications jusque-
là connaissent des débats éthiques houleux, il n’est pas impossible néanmoins, que ces
applications soient adoptées ne serait-ce que dans une perspective thérapeutique et
préventive.

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