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Présentation

Emmanuelle ou Manu: Muriel :


elle a vingt-deux ans. Elle est c’est la sœur d’Emmanuelle.
étudiante et elle habite Paris. Elle vit dans le sud-ouest de la
Elle va en vacances chez sa France. Elle a vingt-sept ans.
sœur pour pratiquer le surf. Elle va avoir un bébé.

Tim: Michaël :
c’est le mari de Muriel a vingt- c’est l’ami de Tim. C'est un
neuf ans et il est très sportif. Il surfeur professionnel. Il a aussi
pratique le surf. vingt-neuf ans.
Chapitre 1
En route pour les Landes !

Le 2 août, à six heures du matin, le train qui vient de Paris


arrive à Biarritz. Le soleil se lève. Une jeune femme se penche à
la fenêtre du wagon. Elle voit aussitôt sa sœur Muriel et son
mari, Tim.
Le train s’arrête. La jeune femme descend avec une valise.
Muriel la prend dans ses bras.
— Manu, petite sœur, s’exclame-t-elle, quelle joie de te voir !
— Moi aussi, je suis contente d’être ici. Fini Paris, les études,
bonjour les vacances ! Salut Tim ! Tu vas bien ?
— En pleine forme. Tu veux prendre un café avant d’aller à la
maison ?
— Non, merci. Je préfère aller chez vous.
Dans la voiture, Manu et sa sœur parlent de tout: du bébé que
Muriel attend, des études de médecine de Manu, du travail de
Tim et de Muriel - ils sont tous les deux professeurs d’éducation
physique - de l’été, des vacances...
Après quelques kilomètres, ils traversent une longue forêt de
pins. Emmanuelle ouvre la vitre de la voiture : l’air sent la
résine. C’est merveilleux!
Puis ils traversent Vieux Boucau, passent un pont, roulent sur
un chemin de terre et arrivent enfin devant une petite maison en
bois. Muriel et Tim ont cette maison depuis six mois. C’est la
première fois qu’Emmanuelle vient ici.
— C’est joli ! s’exclame-t-elle.
Ils entrent. Dans le salon, il y a une grande cheminée et sur les
murs, des posters et des photos de surfeurs sur d’énormes
vagues.
Manu et Tim ont tous les deux la même passion : le surf.
— Tu préfères dormir en haut ou en bas? demande Muriel à sa
sœur.
— Là où il y a des photos de mer.
— Il y en a partout ! dit Tim.
— Alors, en haut.

Muriel conduit sa sœur à sa chambre. Tim monte sa valise. Sur


le mur, il y a une grande photo : un surfeur glisse sur une
magnifique vague.
— C’est toi ? demande Manu à Tim.
— Oui. À Hawaï, l’été dernier.
Manu regarde la photo, admirative.
— Je suis impatiente de voir la mer, dit-elle.
— Si tu veux, je te la montre maintenant, propose Tim. Elle est
à deux pas d’ici. C’est une bonne heure.
— D’accord. Tu viens, Muriel ?
— Non, je reste ici. Le matin, en ce moment, je ne me sens pas
très bien. L’après-midi, en général, je suis plus en forme.
***
Tim et Manu marchent un petit moment. Ils entendent enfin le
bruit des vagues.
— C’est formidable d’habiter près de la mer. Tu t’entraînes tous
les jours ?
— Normalement, oui. Moins maintenant... à cause des travaux
à faire à la maison... et puis j’aide Muriel: elle se fatigue un peu.
Emmanuelle voit enfin les dunes. Il est à peine neuf heures et il
y a un petit vent; c’est bien agréable.
La jeune fille monte sur une dune pour admirer la côte
sauvage. Elle pousse un petit cri de joie.
— J’attends ce moment depuis l’hiver !
— Premier jour, première sortie ! C’est une journée idéale pour
faire du surf, dit Tim. Regarde, les surfeurs arrivent !

En effet, deux garçons se dirigent vers la mer avec leur planche


sous le bras.
— Avec ce vent d’est, ce n’est pas dangereux ? demande
Emmanuelle.
— Pas le matin. Et ces deux garçons sont de bons surfeurs...
Bon, tu te sens capable de monter sur ta planche aujourd’hui ?
— Pourquoi pas ?
Sans perdre de temps, Emmanuelle et Tim retournent à la
maison. Ils prennent le petit-déjeuner avec Muriel et partent
avec les planches.
***
Après deux ou trois jours de pratique, Manu retrouve son
niveau. Elle progresse vite. Grâce au ski, qu’elle pratique en
hiver, elle a le sens de l’équilibre. Tomber, monter à nouveau sur
la planche, tomber une autre fois... Emmanuelle se souvient de
ses premières leçons avec sa sœur. Au début, c’est un peu
difficile mais après, c’est génial !
Manu passe ses journées à la mer. Une fois sur l’eau, elle pense
uniquement au surf. Elle oublie ainsi son dernier chagrin
d’amour : Serge. C’est fini, complètement fini depuis un mois !
« Muriel a de la chance : Tim est un homme bien et ils sont
vraiment heureux tous les deux! », se dit Manu.
Chapitre 2
Michaël

Ce matin, Manu est assise sur le sable de la plage et écrit des


cartes postales.
— Comment ça va, Manu ?
C’est Michaël, un ami d’enfance de Tim, qui pose cette question
à Emmanuelle. Il a sa planche et est prêt à entrer dans la mer.
Michaël est un garçon athlétique, au physique agréable, avec de
magnifiques yeux bleus. C’est un surfeur professionnel qui
participe à de nombreuses compétitions et qui remporte des prix.
Manu le connaît bien.
— Ça va, je fais des progrès, dit Manu.
— Je te regarde parfois quand tu es à l’eau. Tu es bonne pour...
— Pour une fille?
— Non. Pour une Parisienne ! C’est vrai... tu ne viens pas
souvent ici, mais tu apprends vite.
— Merci.
— Et... tu restes combien de temps chez ta sœur ?
— Tout le mois d’août.
Michaël paraît content.
— Ça, c’est une bonne nouvelle !
— Pourquoi ?
— Parce que nous allons nous voir...
Manu regarde Michaël et, d’un ton un peu sec, elle répond :
— Peut-être. Pourquoi pas ? Excuse-moi, Michaël, mais je dois
écrire mes cartes postales. À bientôt.
— À bientôt, Manu !
Depuis sa rupture avec Serge, Manu est un peu froide avec les
garçons.
***
Une fois son courrier écrit, Manu se lève. La plage est
quasiment déserte. Soudain, une silhouette apparaît au loin.
C’est Muriel.
— Muriel, ça va ?
— Oui. Tu ne fais pas de surf, aujourd’hui ?
— Non, j’attends Tim. Il va venir quand ?
— Il parle avec les gardes-côtes ; il est secouriste, tu le sais, et
il collabore avec eux. Il y a des méduses au large. Avec la marée,
elles vont arriver jusqu’à la plage. Ce n’est pas bon !
Les piqûres de méduses sont douloureuses et provoquent
parfois des allergies graves... Une vraie calamité ! Je vais au
village. Tu m’accompagnes ?
— Bonne idée !
Sur le chemin, Muriel et sa sœur voient de nombreuses voitures
d’estivants qui avancent, les unes derrière les autres, en
direction des plages.

Elles arrivent à Vieux Boucau. En hiver, c’est un village


tranquille; mais en été, c’est une vraie petite ville touristique
avec ses marchands ambulants, ses agences, ses boutiques de
vêtements...
— Je n’aime pas l’été ici, à cause de tout ce monde, dit Muriel.
Tous ces gens qui ne regardent pas où ils marchent, qui jettent
des papiers partout, qui font du bruit... C’est vraiment
désagréable ! Regarde ce touriste, là, qui s’arrête au milieu de la
rue pour bavarder!
Manu éclate de rire.
— C’est les vacances !
Les deux sœurs arrivent à la terrasse d’un café.
— Tu veux prendre quelque chose?
— Un café, répond Manu.
— Un café et un chocolat, dit Muriel au serveur.
— D’accord, madame. Je vous sers sur la terrasse ?
— Oui, merci !
***
Manu et Muriel restent une heure au café à parler de choses et
d’autres. Manu raconte à sa sœur son histoire avec Serge. Muriel
dit à Manu qu’il y a d’autres hommes sympas et quelle doit
oublier. Elles aiment bien être ensemble et parler d’elles, des
amis communs ou non, de la vie en général.
À onze heures, elles décident de faire des courses pour le
déjeuner puis de rentrer.
Soudain, la voiture de Tim apparaît dans la rue. Muriel fait un
signe de la main. Tim s’arrête devant les deux sœurs, ouvre la
vitre de sa voiture et dit :
— Vous connaissez la nouvelle ?
— Non. Qu’est-ce qui se passe ? demande Muriel.
— Miki est à l’hôpital ! Un accident en mer...
— Oh, non ! dit Muriel. C’est grave ?
— Je ne sais pas. On rentre vite ? Je veux aller à l’hôpital
Chapitre 3
Un étrange accident !

Avant d’aller à l’hôpital, Tim va parler avec les sauveteurs pour


s’informer sur l’accident.
— Je ne peux pas vous donner beaucoup de détails, dit l’un
d’eux; ça a été très rapide: un baigneur trouve un homme sans
connaissance sur la plage, il nous avertit et nous appelons une
ambulance. Voilà !
— Merci, dit Tim.
À l’accueil de l’hôpital, Tim demande le numéro de chambre de
Michaël Barrault.
— Chambre 36, 2e étage, répond l’employée.
Quand Tim arrive devant la chambre de Michaël, une
infirmière lui dit :
— Le médecin ne permet pas de visites aujourd’hui, monsieur.
Je suis désolée.
— Bien, dit Tim. Demain peut-être...
— Oui, peut-être...
— Je suis un ami de M. Barrault. Sa famille n’habite pas dans
la région. Est-ce que je peux parler avec le médecin ou le
responsable du service ? Je suis inquiet et ...
— Je vais voir. Attendez-moi dans la petite salle, là-bas, dit
l’infirmière.
Peu après, une autre infirmière arrive.
— Bonjour monsieur. Je suis la responsable de ce service. Vous
voulez des nouvelles de M. Barrault ?
— Oui. Comment va-t-il ?
— Il se réveille... comment dire ? difficilement. Il a une fracture
à la clavicule et des contusions sur le torse et il a aussi une forte
fièvre.
— Son état est grave ?
— Non... mais il délire un peu.
— Qu'est-ce qu’il dit ?
— Je ne sais pas... il dit des mots...
— Quels mots?
— ...« peur... », « vague »... mais il répète sans cesse le mot «
requin »... et aussi le mot « bleu ».
— Requin ? C’est étrange, non ?
— Vous savez, quand on délire, c’est comme ça... Bon, je vous
laisse, revenez demain.
— Oui, au revoir madame et merci.
***
Tim rentre chez lui.
— Salut Manu, où est Muriel ? demande Tim à Emmanuelle
qui regarde la télévision dans le salon.
— Elle fait la sieste. Les nouvelles de Michaël sont bonnes ?
— Ni bonnes ni mauvaises. Il a de la fièvre, une fracture et des
contusions. Aujourd’hui, les visites ne sont pas autorisées. Mais
j’espère le voir demain.
Tim va chercher un jus de fruit dans la cuisine puis il s’installe
à côté de Manu.
Après un moment de silence, Manu demande :
— Tu parais inquiet, Tim, qu’est-ce qui ne va pas ?
— L’infirmière dit que Michaël délire et... dans son délire, il
parle d’un requin bleu...
— Il y a des requins dans la région ? demande Manu.
— Oui, parfois, des petits, mais ils n’attaquent pas les
personnes... Bon, j’ai des choses à faire. Dis à Muriel que je
reviens à six heures.
— D’accord. À plus tard.
***
Quand Muriel apparaît, Manu parle à sa sœur de l’état de
Michaël et raconte l’histoire du requin.
— C’est étrange, non ? dit Manu. Et Tim paraît affecté.
— C’est normal, Manu, répond Muriel. Miki est l’ami de Tim
depuis l’enfance. Ils sont comme des frères. La famille de Miki
vit à Lyon maintenant. Il est seul ici, alors nous le voyons
souvent. Tu sais, c’est grâce à Miki que Tim sait surfer. Miki est
un excellent professionnel. Il a un très beau style: son surf est
rapide, radical, inspiré et agressif quand c’est nécessaire.
Elle prend un album, l’ouvre et le montre à sa sœur. Il contient
des articles sur les victoires de Miki et des photos: Michaël à
Hawaï, en Australie, au Brésil, en Californie...
— Miki, c’est la star de la région ! continue Muriel. Sa vie, c’est
le surf. Il dit souvent cette phrase que j’aime beaucoup: « Surfer,
c’est chercher, chercher et voyager... ». Il a raison. Quand tu
surfes, tu dois chercher la bonne vague et, pour cela, il faut aller
loin, parfois...
— Oui, elle est bien cette phrase ! C’est comme avec l’amour... il
faut chercher, chercher et voyager... pour trouver l’homme
idéal..., dit Manu avec un sourire.
— Bon, dit Muriel, attendons demain pour Miki... je pense que
cette histoire de requin, c’est bien du délire... je vais marcher un
peu, tu viens?
— Bonne idée !
Chapitre 4
Le récit de Michaël

À dix heures du matin, Tim est à l’hôpital. Il veut


naturellement savoir comment va Miki mais il espère aussi
pouvoir parler de l’accident, pour comprendre.
Il marche vers la chambre 36. Une infirmière demande :
— Vous cherchez quelque chose, monsieur ?
— Je viens voir monsieur Barrault, chambre 36.
— Le surfeur ?
— Oui, c’est cela. Comment il va ?
— Il se rétablit. Il n’a pas de fièvre et il est réveillé... je suis
contente pour lui. Mon fils est fan de monsieur Barrault, vous
savez ? Il collectionne tous les articles sur ses compétitions et ses
victoires. Il veut être surfeur, comme lui !
— Normal. Michaël est très bon ! Je peux le voir ?
— Naturellement.
— Merci.
Tim entre dans la chambre. Michaël a le bras gauche dans le
plâtre. Il est immobile et il a les yeux fermés.
— Miki, Miki, dit doucement Tim.
Michaël ouvre les yeux.
— Oh, Tim ! C’est... c’est toi. Je suis content de te voir.
— Comment tu vas ?
— Un peu fatigué mais ça va.
— Que dit le médecin ?
— Que tout va bien, répond Michaël. La radiographie du crâne
est normale. Pas de traumatisme et... l’électrocardiogramme est
impeccable.
— Bonnes nouvelles, dit Tim.
— Oui, répond Michaël sans enthousiasme.
Ce ton indifférent paraît étrange à Tim. Il a l’impression que
son ami pense à autre chose.
— Miki, je te connais, quelque chose te préoccupe... dis-moi ce
qui se passe.
Après un moment de silence, Michaël répond :
— Tu as raison, Tim... c’est... l’accident... tu es au courant ?
— Oui, par les gardes-côtes... mais je veux connaître ta version.
— Je ne me souviens pas de tout. C’est... à cause du requin.

— Quel requin ?
— Un requin bleu, derrière moi...
— Mais, Miki, les requins bleus sont inoffensifs, ils n’attaquent
pas l’homme, tu le sais !
— Je sais, Tim... mais je connais bien les requins, grâce à mes
voyages en Australie, à Hawaï, en Californie. Je... je ne peux pas
me tromper.
— C’est possible, dit Tim après un moment de réflexion. Alors,
cette fracture à la clavicule, c’est lui ?
— Non, un rocher, sans doute. Je ne sais pas...
— Miki... si, comme tu dis, un requin bleu se promène le long
de la côte basque, du sud des Landes à la frontière espagnole, il
faut avertir la gendarmerie. Mais, avant, s’il te plaît, cherche
dans ta mémoire et donne-moi des détails sur l’accident.
Michaël réfléchit un long moment puis il dit :
— ...Je suis dans la vague. Brusquement, je vois un aileron
derrière moi et puis... une gueule qui surgit de l’eau... énorme,
effrayante... La panique me fait tomber de la planche, je heurte
quelque chose de dur, et puis... je ne sais pas. Je perds
connaissance à cause du choc, j’imagine et... je me réveille ici, à
l’hôpital.
— Tout cela paraît sérieux, Miki. Sérieux et inquiétant...
— Qu'est-ce que tu vas faire ?
— Aller à la gendarmerie et expliquer ton histoire... C’est grave
! Il faut prendre des mesures rapidement pour éviter d’autres
accidents... Les méduses, un requin près des plages... l’été va
être infernal ! Bon, je te laisse, Miki. Repose-toi !
— Tu me donnes des nouvelles ?
— Naturellement. Nous allons le trouver, ce monstre, et
l’attraper, promis ! À plus tard.
— Merci, vieux. Ça va maintenant, car tu me comprends.
— C’est pour ça que nous sommes amis, non ?
Chapitre 5
La situation est grave !

Muriel attend Tim sur la terrasse. Elle entend un bruit de


moteur. Bientôt, une voiture apparaît.
« Le voilà enfin ! », se dit-elle.
Tim descend de la voiture.
— Alors, quelles nouvelles ?
— Miki va bien mais il est fatigué.
— Et cette histoire de requin ?
— Ça me paraît sérieux. Miki parle d’un requin bleu qui...
— Un requin bleu ? Près de Biarritz ? Ce n’est pas courant. Et
puis le requin bleu est pacifique, non ? Miki divague peut-être un
peu, à cause du choc...
— Non, Muriel, je crois qu’il dit la vérité. Au fait, où est ta sœur
?
— Elle est à la plage, avec mon shortboard.
— Où exactement?
— Près de la Grande Plage.
— L’endroit où Miki fait du surf ! Ce n’est pas prudent ! Je vais
la chercher. Tu m’accompagnes ?
— Je préfère rester ici.
— Bon. Je vais chercher Manu puis je passe à la gendarmerie.
— Tu penses qu’il faut prévenir les gendarmes ?
— Oui. Miki est un professionnel, il sait de quoi il parle. S’il y a
un danger, les gendarmes vont agir rapidement et nous
informer. Bon, je file.
— OK. À tout à l’heure...
Tim prend son vélo et part.
***
Tim pédale avec énergie sur la route de la plage. Deux
kilomètres séparent sa maison de la Grande Plage. Soudain, une
silhouette apparaît au loin.
C’est Emmanuelle.
Elle court avec sa planche sous le bras.
Mais, que se passe-t-il ? Elle fait de grands signes en direction
de Tim; elle laisse tomber sa planche à terre.

Tim pédale plus vite. Quand il arrive près d’elle, il comprend


immédiatement ce qui se passe. Il descend de son vélo et prend
Emmanuelle dans ses bras: elle pleure et tremble, sans pouvoir
parler. Puis il observe le shortboard de Muriel : il est dans un
état lamentable !
— Mon Dieu! s’exclame-t-il. Miki a raison!!! Il y a un requin et
il attaque les baigneurs. Ça va, Manu ?
Manu ne répond pas.
— Manu, s’il te plaît, dis quelque chose...
— Ça va ; mais c’est horrible, horrible !!!
— Tu veux me raconter ?
— Pas maintenant... je ne peux pas...
— D’accord... mais tu peux monter sur le vélo ?
— Oui, je crois.
— Allons à la gendarmerie. Ton témoignage est indispensable.
Ta planche est la preuve irréfutable d’une attaque de requin. Tu
te sens capable de m’accompagner ?
— C’est loin d’ici ?
— Deux kilomètres.
— OK... Je vais avec toi.
***
Une demi-heure plus tard.
Tim demande à un gendarme :
— Bonjour. Je m’appelle Timothy Laîné. Est-ce que je peux
parler au capitaine Carlier ? C’est très urgent.
Le gendarme prend son téléphone.
— Allô, mon capitaine. Une personne veut vous voir. Elle dit
que c’est urgent... Son nom? Laîné, Timothy Laîné... Oui, très
bien mon capitaine.
— Le capitaine vous attend dans son bureau. Premier étage,
deuxième porte à gauche.
— Bien. Merci.
***
— Content de voir notre surfeur régional et le professeur de
mon fils ! s’exclame le capitaine. Comment allez-vous ?
— Pas très bien. Je vous présente Emmanuelle, c’est la sœur de
ma femme.
— Enchanté, mademoiselle. Ça ne va pas ? Vous êtes très pâle.
— Il y a un requin... au niveau de la Grande Plage, dit Tim.
— Quoi ? Vous plaisantez ?
Tim montre alors la planche au capitaine.

Ce sont des marques de morsures. Un rocher ne casse pas une


planche de cette manière, c’est impossible. Vous êtes au courant
de l’accident de Michaël ?
— Oui, il y a un article dans le journal de ce matin.
Il donne la cause de l’accident ?
— Non.
— Un requin. Miki est formel. Selon lui, c’est un requin bleu.
— Je confirme, dit Manu. C’est horrible !
— Et grave ! dit le capitaine... et très inquiétant... Bon. Je
préviens les autorités et je m'occupe de tout avec une équipe de
secours. Vous venez avec moi ?
— Je préfère rentrer, dit Manu, je ne me sens pas très bien.
— Pas de problème, dit le capitaine. Vous habitez chez
monsieur Laîné, j'imagine ?
— Oui, dit Manu.
— Parfait. Je vous laisse chez vous puis nous allons à la
Grande Plage.
Chapitre 6
Alerte générale
15 h 45. Les gendarmes et les gardes-côtes sont en état d’alerte.
À l’entrée de la plage, les pompiers installent une grande
pancarte: BAIGNADE INTERDITE. Sur la Grande Plage, une
foule compacte observe les gendarmes qui s’installent dans des
zodiacs. Des bateaux de la Marine Nationale sillonnent la côte.
Le drapeau rouge flotte sur toutes les plages.
***
Muriel est sur la plage, avec sa sœur. Elle téléphone de son
portable à Tim qui se trouve dans un hélicoptère, en compagnie
du capitaine Carlier.
— Du nouveau? demande-t-elle.
— Non, dit-il. Les gendarmes ne trouvent rien. Nous décollons
dans deux minutes. Du ciel, les gendarmes espèrent voir le
requin.
— Bonne chance ! dit Muriel.
***
21 h. Les gendarmes décident d’arrêter les recherches.
Tim rentre à la maison. Muriel et Manu l’attendent pour dîner.
Au menu: barbecue, avec des brochettes et des saucisses et une
salade.
— Pas de nouvelles du requin, dit Tim... nous continuons
demain. Un barbecue ! Super ! J’ai faim ! Ça va mieux, Manu ?
— Oui, dit la jeune fille.
— Tu as bonne mine, pas comme ce matin ! Grâce à toi et à
Miki, nous savons maintenant qu’il y a un réel danger dans les
environs.
— Vous êtes vraiment sûrs qu’il y a un requin ? demande
Muriel.
— Pas de doute! La preuve, c’est l’état du shortboard... Bon, et
Miki, quelles nouvelles ?
— Il va bien. Il sort demain, dit Muriel.
— Super ! Nous allons lui proposer de venir passer trois ou
quatre jours ici, tu es d’accord ?
— Bien sûr, dit Muriel.
— Je vais pouvoir parler de mon aventure avec lui, dit Manu.
— Oui, dit Muriel. Avec lui, tu peux parler de tout... il est très
sympathique. Bon, à table.
***
Le jour suivant, Tim se lève à six heures du matin et va
prendre une douche. Le téléphone sonne. Muriel répond.
— Allô, madame Lamé, Carlier à l’appareil. Désolé de vous
déranger à cette heure ! Je peux parler à Timothy ?
— Il est dans la salle de bains. Il se prépare à partir.
— Bien. Vous pouvez lui dire que je l’attends à six heures
trente devant la gendarmerie ? Merci.
***

À sept heures, l’hélicoptère décolle. Carlier est assis à côté du


pilote. Tim derrière. Le ciel est clair. La mer est calme.
L’hélicoptère survole maintenant la Grande Plage. Soudain,
Tim voit quelque chose. Il le signale au pilote.
— Vous pouvez descendre ? lui demande-t-il. Il y a quelque
chose, là-bas...
— OK, répond le pilote.
Une tache noire apparaît à la surface de l’eau.
— C’est un requin ! crie Tim, maintenant, on le voit
distinctement. C’est lui ! c’est lui !
Carlier appelle son quartier général.
— Appel à toutes les unités. Requin en vue ! Préparez les
zodiacs. Puis il dit au pilote :
— Retournons à la base. Nous allons le capturer... il ne paraît
pas très gros.
***

Quelques heures plus tard, le requin est sur la plage, pris dans
un filet. Une foule importante observe l’animal. Il n’est pas très
grand et pas très impressionnant. Mais, comme c’est un requin,
les touristes - surtout les enfants - le regardent, fascinés.
Tim observe aussi l’animal avec Muriel et Manu.
— Alors, contente, Manu ? demande-t-il.
— Plus tranquille.
Tim observe plus attentivement l’animal et paraît perplexe.
— À quoi tu penses ? demande Muriel.
— C’est ridicule mais... cet animal est réellement petit et j’ai
des difficultés à croire qu’il est responsable de l’accident de
Miki... et de l’état de ta planche...
— Qu’est-ce que tu veux dire ?
Mais Tim ne peut pas répondre. Une femme apparaît et crie :
— Venez, venez vite... c’est horrible !
Deux secouristes partent avec elle.
— Je vais voir ce qui se passe ! dit Tim.
Ils arrivent près de l’eau et la femme s’écrie :
— Le bateau pneumatique...
— Quel bateau? demande un secouriste. Je ne vois pas de
bateau ici.
— Non, vous ne pouvez pas... Oh, mon Dieu, vous allez penser
que je suis folle mais c’est vrai...
— Quoi? demande un autre secouriste.
— Le bateau pneumatique qui était là, sur le sable... est
maintenant dans le ventre d’un énorme requin !!!

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