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Université Hassan II Mohammedia - Casablanca

Ecole Nationale de Commerce et Gestion - Casablanca

La crise

financière

Turque

Travail réalisé par : Année


universitaire :
-NASSIB Ouafaa 2016/2017

- RAHMAOUI Safae
-RAIS Jihad
-SALAMAT Ghita Groupe :
-SIKHAOUI Khaoula GFC 2 – S9
-TERIKI Soukaina

1
Sommaire :

Introduction…………………………………………………………………………………….3

I- Présentation de la conjoncture économique turque :...........................................................5

1- Principaux secteurs d'activité...........................................................................................6

2- Commerce extérieur.........................................................................................................6

II- La crise financière turque de 2000-2001.........................................................................7

a- Les causes, les origines de la crise :.................................................................................7

b- L’inflation : cause majeure et ses conséquences..............................................................8

c- Les responsables de la crise turque :................................................................................9

d- Les solutions mises en place par le FMI………………………………….…..............10

Conclusion …………………………………………………………………………………..11

2
Introductio
n
L'économie turque a été caractérisée ces dernières années par la conjonction d'importants
déséquilibres interne et externe. Au moment où la plupart des pays industrialisés se sont
habitués à des taux d'inflation faibles et que la Banque Centrale Européenne s'inquiète quant
l'inflation approche 2,5 %, il est bon de rappeler que certains pays comme la Turquie devaient
toujours face à une inflation élevée. Sur la période 1994-1999, l'inflation a ainsi atteint en
moyenne annuelle 81 %. Cette forte inflation était très classiquement le résultat du
financement par la création de monnaie de déficits budgétaires importants (7,5 % du PIB en
moyenne annuelle durant la période 1994-1999). Plus précisément, cette inflation élevée était
le produit de la multiplication d'activités quasi budgétaires, c'est à dire d'activités qui avaient
une nature budgétaire mais qui étaient menées en dehors du cadre budgétaire. Le
gouvernement effectuait ainsi un certain nombre de dépenses pour soutenir certains secteurs
par l'intermédiaire de fonds extrabudgétaires (les deux principaux étant le fonds pour la
défense et celui pour la solidarité sociale). De même, le gouvernement soutenait l'activité de
certains secteurs par l'intermédiaire de banques publiques chargées de fournir des
financements à des taux subventionnés à certains types d'entreprises comme les PME ou
certains secteurs comme l'agriculture. En outre, ces activités quasi budgétaires ont également
permis le financement d'opérations douteuses qui n'avaient que pour seul objectif
l'enrichissement de réseaux proches de l'Etat. Dans ces conditions, les banques publiques ont
accumulé les déficits. Ces déficits se sont accumulés dans un compte de créances sur le
gouvernement. Le gouvernement n'a jamais rien fait pour restructurer les bilans des banques
publiques et a simplement laissé l'inflation éroder la valeur réelle de ce déficit global des
banques publiques. La Turquie connaissait également une situation de déséquilibre structurel
de ses échanges extérieurs, le déficit de la balance commerciale atteignant 6,2 % du PIB en
moyenne durant la période 1994-1999, qu'elle finançait grâce aux recettes du tourisme, à des

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entrées de capitaux privés attirés par des perspectives de rendement élevés compte tenu des
taux d'intérêt pratiqués, et par des emprunts de l'Etat à l'extérieur.

Ainsi, cette économie qui a été depuis toujours l'économie des paradoxes marquant par-là un
certain nombre de points communs avec l'économie brésilienne. L'économie turque avait donc
été caractérisée ces dernières années par la coexistence d'un régime d'inflation très élevée
(induit par le financement monétaire des déficits du secteur public) et les performances d'un
secteur privé turc extrêmement compétitif sur les marchés mondiaux. Or, alors que le
gouvernement avait enfin mis en place au début de l'année 2000 un plan de stabilisation
économique avec le soutien du FMI et que ce programme avait commencé à donner des
résultats avec notamment un très net ralentissement de l'inflation. ce pays s'est enfoncé depuis
la fin de l'année dernière dans une très grave crise financière. Seule l'intervention du FMI
semble être maintenant capable de sortir le pays de cette crise. L'objectif de ce travail est donc
d'abord d'examiner rapidement pourquoi la crise actuelle s'est déclenchée en dépit de la
stabilisation de l'environnement macro-économique. Puis, dans un deuxième temps, on
essaiera de tirer quelques enseignements de cette crise monétaire.

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I- Présentation de la conjoncture économique turque :

Après une croissance à deux chiffres pendant plusieurs années, l'économie turque a
commencé à connaître un ralentissement en raison de l'environnement international
défavorable: une croissance faible dans la zone euro, le réajustement de la politique
monétaire américaine, la récession russe et les conflits en Irak et la Syrie. En outre,
à l'intérieur du pays, il y a eu des tensions politiques et sécuritaires. Néanmoins, on
s'attend que la croissance en 2016 reste au niveau de 2015 (environ 4% du PIB),
tirée par une forte demande intérieure en raison de l'augmentation de la confiance
des consommateurs, la croissance des salaires et l'augmentation de l'emploi.
En dépit de sa forte performance en général, l'économie turque a un déficit du
compte courant de 4,5% du PIB (le gouvernement a fait de multiples efforts pour
maintenir ce taux au minimum afin de se conformer aux critères de Maastricht). Les
niveaux de la dette publique et le déficit sont faibles, mais l'inflation reste supérieure
à l'objectif de 5% fixé par la Banque centrale. Un plan de développement
économique ambitieux, pour un total de 125 milliards de dollars, a été adoptée pour
accroître le PIB turc de 820 milliards de dollars à 1.300 milliards de dollars en 2018.
Pour stimuler la croissance, le gouvernement a fait des efforts pour diversifier les
sources d'énergie et de réduire sa dépendance énergétique.
L'emplacement de la Turquie a laissé le pays dans le collimateur du conflit
international, qui a un coût économique. La guerre en Syrie a poussé plus de 2,5
millions de réfugiés en Turquie. En Décembre 2015, la Turquie a reçu 3 milliards
d'euros dans les programmes d'aide (éducation, santé, pensions alimentaires pour
enfants, eau potable, etc.) de l'Union européenne pour aider le pays à faire face à
l'impact de la crise des réfugiés. Alors que l'aide est importante, la Turquie a dépensé
environ 9 milliards de dollars sur les opérations d'aide aux réfugiés syriens sur son
territoire depuis le début du conflit. En outre, après la destruction d'un bombardier
russe par un chasseur turc à la frontière turco-syrienne, la Russie a imposé un
embargo commercial à la Turquie, qui couvre certains secteurs de l'économie.
Sur le plan national la Turquie a les défis à relever. En Juillet 2015, le pays est entré
dans une période de conflit suite à la rupture d'un cessez-le feu avec le Parti des
travailleurs kurdes ou PKK (un groupe terroriste). Le pays a également subi des
attaques terroristes djihadistes. Alors que le taux de chômage est stabilisé à environ
10% - une baisse après avoir atteint un sommet de 14% en 2009 - le chômage des
jeunes dépasse 18%. En outre, l'inégalité des revenus et un grand secteur informel
sont des problèmes qui persistent.

1- Principaux secteurs d'activité

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Le secteur d'agriculture qui contribue à 8% du PIB et emploie près de 20% de la
population, souffre encore d'une faible productivité due à son système de gestion
(petites exploitations); 11% du territoire turc y est dévoué. Le blé est la principale
récolte. Le pays est le troisième plus grand exportateur de tabac dans le monde et le
premier producteur de noisettes (70% de la production mondiale). Les ressources
minières sont importantes, mais restent peu exploitées.
L'industrie manufacturière, principale branche de l'activité industrielle du pays,
constitue 27% du PIB et mobilise plus de 28% de la main d'œuvre locale. Le
gouvernement turc accorde une priorité spéciale aux grands projets d'infrastructures,
en particulier dans le secteur du transport. Pour le financement, la plupart des projets
fonctionnent selon le modèle de BOT (Build, Operate, Transfer).

Le secteur tertiaire, qui est en plein développement, contribue à 66% du PIB et


emploie la moitié de la population active. Le tourisme représente 4% du PIB avec
environ 31 millions de touristes par an, et près de 22 milliards USD de bénéfices,
constituant ainsi l'une des plus importantes sources de devises pour le pays. Bien
que la Turquie est parmi les dix pays les plus visités dans le monde, le potentiel de
croissance de l'industrie du tourisme peut être entravé par les récents attentats
terroristes.

2- Commerce extérieur
La Turquie a une économie ouverte aux échanges extérieurs, le commerce
représentant 58% du PIB (moyenne OMC 2012-2014).

Les fers de lance du commerce extérieur turc sont les industries automobile et
textile. Viennent ensuite, dans l'ordre, les secteurs de l'agroalimentaire, les
machines, les équipements électroniques, la sidérurgie et la chimie. L'Union
européenne est de loin le premier client de la Turquie, suivie des États-Unis, de la
Chine et de l'Irak.

Dépendante des importations de biens intermédiaires pour sa production, la Turquie


présente un déficit commercial, malgré une progression continue des exportations,
lesquelles possèdent une valeur ajoutée relativement faible. Le pays pâtit de la faible
reprise de la zone euro, destination d'un tiers des exportations turques, et de
l'instabilité politique des pays du Moyen-Orient. Après avoir augmenté
conséquemment en 2013, le déficit du commerce extérieur s'est réduit depuis 2014,
les importations diminuant plus rapidement que les exportations. En 2015, les
importations ont chuté de 14,4% par rapport à 2014, tandis que les exportations ont
baissé de 8,7%, et le déficit s’est élevé à plus de 63 milliards USD.

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II- La crise financière turque de 2000-2001

a- Les causes, les origines de la crise :

L’effondrement du système de Bretton-Woods en 1973 a laissé place à une


impressionnante hétérogénéité de systèmes de change dans le monde. En effet, alors que
certains pays ont fait très rapidement le choix de laisser la valeur de leur devise fluctuer
sur le marché des changes, d’autres ont cherché à maintenir une certaine stabilité, proche
parfois d’une véritable fixité. Dans les années quatre-vingt-dix, la question du choix du
régime de change adéquat est devenue prépondérante pour les pays émergents,
fréquemment incités par le Fonds Monétaire International (FMI), au travers de ses Plans
d’Ajustement Structurels, à adopter des régimes de change fixe plus ou moins rigides.

Le débat s’est alors orienté autour des différences entre régimes de facto et régimes de
jure de change fixe, dans un cadre d’analyse où les autorités monétaires conservent
implicitement une grande autonomie dans la conduite de leur politique monétaire.

Cependant, durant les années quatre-vingt-dix, une partie importante des économies
émergentes ont déterminé leurs régimes de change sous la contrainte financière du FMI
(en vertu du principe de conditionnalité des prêts). Face aux échecs répétés des plans de
stabilisation du Fonds, les programmes mis en place plus récemment ont tenté d’intégrer
le phénomène de système de change fixe ou flottant à travers le contournement de
certaines rigidités, comme par exemple la stérilisation pure des entrées de capitaux

La Turquie constitue une excellente illustration de ce type de tentative. En effet, le pays a


négocié avec le FMI un plan de stabilisation par le change (PSC) entré en vigueur au
début de l’année 2000 avec pour objectifs de réduire l’inflation et de freiner la dynamique
de l’endettement public. Ce programme intégrait précisément des éléments de flexibilité
imprégnés du débat autour du flottant et du fixe, au premier rang desquels une souplesse
relative dans la gestion de la liquidité interne et une sortie préannoncée du régime de
change semi-fixe au bout de 18 mois. Conçu afin de ne pas répéter les erreurs de ses
prédécesseurs, ce PSC devait néanmoins s’effondrer en février 2001 et provoquer la plus
importante crise financière en Turquie depuis la Seconde Guerre mondiale. Les
insuffisances propres au PSC, conjuguées aux difficultés structurelles du secteur bancaire

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et à la dégradation persistante des finances publiques, sont depuis lors très souvent
désignées comme responsables de cet échec.

b- L’inflation : cause majeure et ses conséquences

En dépit de l’inflation forte qui touchait le système turque et les déséquilibres extérieurs,
le secteur privé a fait preuve d'un très grand dynamisme. Ceci s'est notamment reflété
dans le fait que les entreprises turques ont très fortement développé leurs ventes dans les
pays industrialisés, ces derniers étant destination de près de 66 % des exportations de
biens en 1999. Cette performance est liée à la vitalité du secteur privé mais aussi à une
politique de dévaluation contrôlée de la lire qui a maintenu la compétitivité externe des
entreprises. En clair, le système économique, en dépit de ses insuffisances, "tenait"
debout. La preuve est que le régime d'inflation élevée qui affecte le pays depuis le début
des années 1980 n'a jamais véritablement dégénéré en hyper-inflation.

Pourtant, le système économique turc ne pouvait continuer à fonctionner éternellement de


cette manière. L'inflation élevée pesait sur le potentiel de croissance de l'économie.
Contenir l'inflation a en effet nécessité des taux d'intérêt réels relativement élevé qui
pesaient structurellement sur l'investissement du secteur privé.

Ce niveau élevé d'inflation était un obstacle pour une intégration économique plus
prononcée avec l'Union européenne. Plus généralement, l'instabilité macro-économique
turque s'est révélée un frein à une plus forte intégration économique internationale et
explique notamment pourquoi le flux d'investissements directs à destination de la Turquie
(790 millions dollars en moyenne annuelle durant la période 1994-1999) est resté inférieur
à ce que le potentiel de l'économie aurait dû conduire. Il a également contribué à accroître
les inégalités de revenu qui ont atteint le standard sud-américain en Turquie. D'autre part,
le poids de la dette publique et des charges d'intérêts laissaient planer la menace d'une
dérive incontrôlable des finances publiques. Mais surtout, la fragilisation excessive du
système bancaire pouvait conduire à une grave crise systémique, qui dans un
environnement marqué par de fortes tensions sociales, aurait pu dégénérer en hyper-
inflation.

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c- Les responsables de la crise turque :

Il est cependant trop facile de rendre seuls responsables de la crise les banques et investisseurs
étrangers. Les autorités turques auraient dû mettre au premier plan de leur programme de
stabilisation, un plan de restructuration global du système bancaire. Au contraire, elles ont
préparé la crise du fait d'une série d'erreurs de politique économique. Tout d'abord, en 1989, le
compte de capital a été complètement libéralisé. Or, on sait maintenant qu'il faut un système
bancaire particulièrement robuste pour résister aux afflux et reflux des capitaux à court terme.
Or, aucune restructuration du système bancaire n'a été véritablement engagée depuis. Il est
vrai qu'une telle restructuration aurait coûté cher au moment où il était indispensable de
réduire les déficits publics. La mise en place d'une agence de surveillance bancaire
indépendante n'a été mise en place qu'en septembre 2000. Pire encore, l'application du
programme de stabilisation et l'assèchement des liquidités du fait de la mise en place d'une
politique monétaire restrictive (qui liait la création de liquidités aux entrées de devises) ont
pesé sur les résultats des banques. En fait, la mise en place de ce programme de stabilisation
signifiait à terme la réorientation des activités des banques d'une stratégie spéculative vers des
activités plus classiques d'allocation de crédits au secteur privé. Or, les banques turques
étaient manifestement très mal préparées à de telles missions. Enfin, les autorités sont
coupables de ne pas avoir respecté des règles de sécurité qu'elles avaient elles-mêmes
édictées. La banque centrale avait indiqué que la position nette en devises des banques (actif
moins passif) ne devait pas être supérieure à 20 % des fonds propres. Or, ce sont les banques
publiques qui ont le plus nettement dépassé ce ratio. L'Etat n'a donc pas suivi les directives de
la banque centrale. Résultat, avec une position nette en devises comprise entre -12 et -20
milliards de dollars, les pertes provoquées par la dévaluation représenteraient entre le tiers et
la moitié des fonds propres du système bancaire.

Néanmoins, cette crise pose, indépendamment de la responsabilité des prêteurs étrangers et


des autorités, l'éternel problème du rythme optimal de libéralisation des systèmes financiers
des économies émergentes. L'absence d'Etat de droit dans ces économies rend leurs systèmes
bancaires particulièrement vulnérables à la multiplication des collusions entre le public et le
privé, ceci étant particulièrement vrai dans le cas des banques publiques. Le meilleur système
de contrôle bancaire du monde ne peut rien contre le développement généralisé de la
corruption (on rappellera à ce propos que l'on demande aux agences de contrôle bancaire des
économies émergentes d'être infaillibles, ce que les agences des systèmes financiers des pays

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industrialisés n'arrivent pas à être, et de loin !). Dans un tel environnement, toute libéralisation
totale du compte de capital prépare le terrain à une crise future.

d- Solutions mises en place par le FMI :

De ce fait, en accord avec le FMI, un plan de stabilisation a été mis en place au début de
2000. L'objectif était de ramener l'inflation à 25 % en 2000 et moins de 10 % à partir de 2002.
Ce plan très classique reposait sur schémas usuels : politique budgétaire rigoureuse, politique
monétaire restrictive, réformes structurelles visant notamment à privatiser les secteurs de
l'énergie et des télécommunications.
L'ensemble de ces mesures était accompagné de financements du FMI qui avait accordé un
crédit de 3,7 milliards de dollars en décembre 1999. Or, ce plan a conduit à des résultats
satisfaisants en 2000 :

- Les finances publiques se sont redressées,


- l'excédent primaire (le solde budgétaire moins les charges d'intérêt sur la dette de
l'Etat) pour 2000 se situant sans doute à un niveau légèrement supérieur à l'objectif du
plan (qui était de 4 % du PIB).

Par ailleurs, l'ajustement contrôlé de la livre a permis de peser sur les anticipations
inflationnistes. L'inflation a ainsi été ramenée à 33,4% en glissement annuel en février 2001
après avoir atteint respectivement 65 et 55 % en moyenne annuelle en 1999 et 2000. Enfin, ce
ralentissement de l'inflation a permis d'obtenir une baisse des taux d'intérêt réels, ce qui a
soutenu l'activité (les taux d'intérêt au jour le jour qui en termes réels atteignaient 13 % fin
1999 se situaient à - 6 % en octobre 2000 avant la crise). Et cette baisse des taux d'intérêt
réels a soutenu l'activité, la production manufacturière qui avait baissé de 4 % en 1999, a ainsi
progressé de 6 % en glissement annuel sur les trois premiers trimestres de 2000.

Pourtant, cette amélioration de l'environnement macro-économique n'a pas empêché la


Turquie de connaître une grave crise financière depuis la fin de 2000. La politique de
dévaluation contrôlée de la lire a conduit à une appréciation du taux de change en termes réels
et ceci a pesé sur la compétitivité des exportateurs. En outre, un environnement international
peu favorable (dépréciation de l'euro, hausse du prix du pétrole) a aggravé les déséquilibres
extérieurs, le déficit courant passant de 0,7 % du PIB en 1999 à 5 % du PIB en 2000. Dans ce
contexte, des difficultés de plusieurs banques ont conduit à une fuite des capitaux étrangers.

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Face à cette situation, les taux d'intérêt ont bondi, le taux d'intérêt interbancaire passant de
38,5 % en octobre 2000 à 183,2 % en décembre 2000 puis à 400,3 % en février 2001, quand
le gouvernement a décidé de laisser flotter la livre. De ce fait, la livre s'est effondrée, le dollar
s'appréciant de près de 70 % entre début janvier et début avril et se stabilisant depuis. La
hausse des taux d'intérêt et le climat d'incertitudes lié à la volatilité du taux de change ont
pesé sur l'activité, la production manufacturière a d'ailleurs baissé en février et en mars 2001.
Enfin, la hausse des taux d'intérêt, la dévaluation de la monnaie et des conditions bancaires
plus strictes vont rendre périlleux le paiement (capital et intérêt) de la dette publique interne
ou externe. Certaines estimations font état d'un écart de 25 à 35 % du PNB entre le besoin de
financement total du gouvernement et les ressources financières qu'il pourra réunir.

Cependant, plus structurellement, la crise turque confirme que la fragilité du système bancaire
et la position nette négative des banques en devises sont des éléments déterminant dans le
déclenchement de crise financière dans les économies émergentes. Il apparaît d'ailleurs
toujours aussi ahurissant que la Turquie ait bénéficié d'une opinion favorable des marchés
internationaux et ait enregistré un afflux de capitaux. Les investissements de portefeuille ont
atteint 3,8 milliards de dollars durant le premier semestre de 2000, soit une progression de
178 % par rapport au premier semestre 1999.

Il est assez ironique que le FMI continue à travers les recettes qu'il applique d'ignorer ces
facteurs qui se situent en dehors des cadres d'analyse traditionnelle alors que son action, vis-à-
vis de la Turquie est loin d'être basée sur des critères purement économiques. En effet, le fait
que le FMI vienne d'accorder une aide de près de 19 milliards de dollars à la Turquie est
surtout lié à l'importance stratégique de ce pays pour les Etats-Unis. L'Indonésie n'a pas eu
cette chance, les Etats-Unis n'avaient alors pas permis aux Japonais de venir au secours de ce
pays si important pour eux. On n'évoquera même pas l'Iran qui a été mis sur la sellette de la
communauté financière internationale au début des années 1990 pour un problème assez
minime de structure inappropriée de l'endettement. On regrettera à ce propos que l'Europe ait
été relativement absente de la scène durant cette crise. Il est vrai que les responsables
politiques européens (et français) semblent encore connaître très mal ce pays qui, en dépit de
ses nombreux et importants problèmes, mérite mieux que la présentation caricaturale qui en
est souvent faite.

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Conclusion

Le plan de stabilisation par le change mis en place en Turquie


durant l’année 2000 par le FMI avait été présenté comme le
premier d’un nouveau genre. Celui-ci avait pour but de ne pas
reproduire les erreurs des programmes précédents, en
introduisant une dose de flexibilité dans la gestion d’un régime de
change fixe. Cet article avait pour ambition d’analyser
empiriquement le fonctionnement de ce programme du point de
vue de la gestion au jour le jour de la Banque Centrale de la
République de Turquie, en étudiant les dynamiques de la relation
entre la création monétaire domestique et les mouvements de
capitaux d’un côté, et des variables de contrôle pertinentes de
l’autre. Nous avons notamment cherché à évaluer statistiquement
l’influence des principaux facteurs habituellement mis en cause
dans l’échec du PSC turc, au premier rang desquels un secteur
bancaire fragilisé, un rétablissement trop lent des finances
publiques et une baisse trop rapide des taux d’intérêt.

Ces résultats viennent alors éclairer d’un jour nouveau la crise


financière intervenue entre la fin de l’année 2000 et le début de
l’année 2001, en révélant les caractéristiques problématiques de
ce type de PSC. Notamment, il nous semble que les éléments de
flexibilité introduits étaient trop modestes, trahissant une prise en
compte insuffisante des particularités de la situation turque, plus
particulièrement les intérêts divergents de l’État et du secteur

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bancaire. Les crises de liquidité à répétition dans les marchés
émergents ont en effet durablement entamé la confiance des
investisseurs internationaux dans la soutenabilité de ce type de
plan de stabilisation macroéconomique au moyen d’un ancrage du
taux de change. Désormais, les sorties rapides accompagnées de
crises violentes apparaissent comme l’issue la plus probable aux
premiers signaux un tant soit peu inquiétants.

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