Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
INTRODUCTION
Ce cours expose les méthodes générales de calcul des sollicitations et des dé-
placements des structures hyperstatiques. Il consacre également une large place
aux problèmes isostatiques jugés nécessaires à la bonne clarté de l'exposé. Les
méthodes particulières classiques sont également présentées afin de donner à
l'étudiant des moyens de calcul pratiques mais aussi rigoureux que possible. Ce
chapitre est consacré à des rappels.
Poutre gauche : c'est une poutre dont la fibre moyenne est une courbe gauche.
Poutre plane : il s'agit d'une poutre dont la fibre moyenne est une courbe plane
(c'est-à-dire contenue dans un plan).
Poutre droite : lorsque la fibre moyenne d'une poutre plane est un segment de
droite, on parle de poutre droite.
Poutre à plan moyen : c'est une poutre possédant un plan de symétrie qui con-
tient la fibre moyenne. Ce plan est désigné par plan moyen.
Les poutres à plan moyen chargées dans ce plan se rencontrent fréquemment
et constituent un des problèmes essentiels traités par la Résistance des Maté-
riaux.
Nous avons supposé la section Σ constante et dans ce cas la poutre est dite à
section constante ou poutre prismatique. Il arrive aussi qu'on soit amené, généra-
lement pour des raisons d'économie, à choisir des sections variables ; on parle
dans ce cas de poutre à section variable.
Figure 1.2
→
RA (a) (b) (c) (d)
de la réaction passe par A). La réaction est décomposée suivant deux directions
perpendiculaires et les deux composantes sont à déterminer. L'appui double
présente donc 1 degré de liberté et 2 composantes de réaction.
A
→
RA
→
RA
Art. métallique Représentation adoptée
Art. de Freyssinet
Soient oxyz un repère trirectangle et Fx, Fy et Fz les projections sur les axes
ox, oy et oz d'une force quelconque. Les conditions d'équilibre (a) et (b) s'écri-
vent (cas général) :
ΣFx = 0 ΣM / x = 0
ΣF y = 0 ΣM / y = 0 (1.1)
ΣFz = 0 ΣM / z = 0
Les équations (1.1) sont appelées équations d'équilibre de la statique ou six
équations universelles d'équilibre.
Dans le cas d'un système plan, xy par exemple, le système d'équations (1.1)
se réduit à :
ΣFx = 0 ΣFy = 0 ΣM / ∆ = 0 (1.2)
x
Σ
A y B
Figure 1.6
Pratiquons (par l'esprit) une coupe dans la poutre suivant le plan vertical yz,
de manière à avoir deux tronçons. Intéressons-nous par exemple à la partie de
gauche. Le tronçon considéré est en équilibre sous l'action des sollicitations qui
lui sont appliquées, des composantes de réaction de l'appui A et de l'action du
tronçon de droite supprimé.
L'action du tronçon de droite sur le tronçon de gauche peut être remplacée
par : une force résultante R (Rx, Ry et Rz) et un couple résultant C (Cx, Cy et Cz)
agissant au centre de gravité de la section Σ. Les six composantes représentant
l'action de la partie de droite sur la partie de gauche peuvent être déterminées à
l'aide des équations de la statique exprimant l'équilibre de la partie considérée (3
équations d'équilibre de translation et 3 équations d'équilibre de rotation).
R x = ΣFx R y = ΣF y R z = ΣFz
(1.3)
C x = ΣC / x C y = ΣC / y C z = ΣC / z
6 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES
z Rz Cz
x Rx=Nx Cx
Mt=-Cx
y Tz=-Rz Ry=Ty Cy Mz=-Cz
My=Cy
(a) (b) (c) (d)
Figure 1.7
Les deux dernières composantes, My et Mz, sont appelées moments de flexion
(Cy et Cz couples de flexion), car ils fléchissent la poutre. La seule différence
entre les moments et les couples de flexion réside comme on l'a souligné dans la
convention des signes (Figure 1.7). Les couples Cy et Cz sont positifs s'ils sont
orientés dans les sens positifs des axes y et z du trièdre direct xyz. Pour les mo-
ments My et Mz, on a l'habitude de les considérer comme positifs si les centres de
courbure de la poutre fléchie sont du côté des z négatifs pour My et du côté des y
négatifs pour Mz.
Ceci nous amène à préciser les conventions de signes que nous utiliserons.
Mais auparavant, remarquons que dans le cas d'un système plan, xy par exemple,
les éléments de réduction se réduisent à : un moment fléchissant (M = Mz), un
effort tranchant (T = Ty) et un effort normal (N = Nx).
Enfin, il convient de noter que si on avait gardé le tronçon de droite et sup-
primé celui de gauche, on aurait trouvé dans la section des éléments de réduction
de même intensité et de même nature que ceux trouvés en considérant le tronçon
de gauche. Il serait absurde en effet de trouver dans la même section des sollici-
tations différentes selon qu'on la regarde de la gauche ou qu'on la regarde de la
droite.
Introduction 7
F
α
(Σ)
T M
Figure 1.8
_____________________________________
(*) Nous avons considéré le tronçon à gauche de Σ mais il est bien évident qu'on obtiendrait des
efforts de même intensité et de même nature si on considérait le tronçon situé à droite de la section
étudiée.
8 CALCUL DES STRUCTURES HYPERSTATIQUES
Un moment fléchissant qui provoque des tractions dans les fibres inférieures
d'une poutre horizontale sera considéré positif. Dans le cas des pièces obliques
ou verticales, on peut considérer comme positif un moment qui tend les fibres de
gauche.
1.7 DIAGRAMMES N, T, M
La construction des diagrammes des éléments de réduction constitue une
étape essentielle dans toute étude de RDM. Un diagramme est un graphe qui
indique la valeur (intensité et nature) de la sollicitation considérée dans toutes les
sections du système étudié. Ils sont tracés à partir des relations (1.4).
Les diagrammes des éléments de
réduction permettent de localiser F = 5 2t
les sections les plus sollicitées A 45° C=5tm
(sièges des contraintes les plus
élevées) et servent au dimension- 2m 1m 2m
nement des différents éléments
des structures. 5t
5t 5tm H=5t
Dans la construction des dia-
grammes, les valeurs positives et RA=4t RA=1t
négatives sont portées de part et
d'autre d'un axe-origine. Par ail-
leurs, pour le diagramme du mo- N
© 5t
ment fléchissant, on a pour habi-
tude de porter les ordonnées tou- 4t
jours du côté des fibres tendues. T
Pour éviter tout risque de 1t
mauvaise interprétation des dia-
grammes, il est vivement recom- M
mandé d'ajouter dans chaque aire 2
des diagrammes les précisions 8 7
suivantes :
- diagramme de N : la lettre C
ou T, selon qu'il s'agisse d'un Figure 1.9
effort de compression ou
d'un effort de traction.
- diagramme de T : le sens de la rotation provoquée par l'effort (voir dia-
gramme de T).
- diagramme de M : on peut ajouter un arc pour préciser le sens de la courbure
provoquée par le moment (voir diagramme de M).
Introduction 9
Nx = ∫σ
Σ
x dΣ Ty = ∫Σ τ xy dΣ Tz = ∫Σ τ xz dΣ (1.5)
F1=9t q=3t/m
F3=3t C=6tm
A B A B
C=2tm q=2t/m
F=5t
F2=6t A B
A
3m 3.5m 2.5m 1m 4m 4m
2m 3m 1.5m 3m 3m 3m
F1=6t q=3t/m
A B F2=2t A F=1t
B
2m 4m 2m 6m 2m
L 4.5m 2.5m 2m
P P P
A B A D B Exercice 1.25 Exercice 1.26
C D C
P
a a a a 2a a
5t C=2tm q=2t/m C=5tm
A B
E A
D B D E
Rép. : TA=TC(g) =-TD(d)=-TB=P Rép. : MC=-MD=Pa/2
2m 3m 1.5m 3m 3m 3m
TC(d)=TD(g)=0, MC=MD=Pa TA=TC(g)=TD(d)=TB=-TC(d)=-TD(g)=P/2
Exercice 1.29 A
1.5m 3m 1m 1m
Rép. : VA= 10.5 t, VB=18.5 t
A
4m
Exercice 1.31
18 C ALC UL D ES S TR UCTU R E S H YPE R STATIQU E S
θ A B x
A partir des équations (2.1) et (2.2), on déduit la relation différentielle sui- Nous allons voir dans les paragraphes suivants quelques méthodes parmi les
vante reliant le moment (Mz) et la flèche (y). plus importantes qui permettent d'obtenir l'équation de la ligne élastique d'une
poutre fléchie.
d2y
Mz dx 2 2.3 INTEGRATION DIRECTE DE L'EQUATION DIFFERENTIELLE
=ε 3
(2.3)
EI z dy Lorsque le chargement est simple et la section constante, l'expression analy-
[ 1 + ( )2 ] 2
dx tique du moment n'est pas compliquée et le moment d'inertie demeure constant.
L'intégration de l'équation (2.4b) reste alors aisée et permet d'obtenir facilement
Physiquement, la dérivée première y' = dy/dx représente la pente de la tan- l'équation de la déformée.
gente à la déformée y au point courant M. Dans le cadre de l'hypothèse admise
des petits déplacements, les angles sont très petits et, non seulement on peut La première intégration fournit l'expression de y' (y' = tgθ). Comme on a y' =
confondre la tangente et l'angle (dy/dx = tgθ ≈ θ), mais le terme (dy/dx)2 devient θ, en vertu de l'hypothèse des petits déplacements, on obtient en fait l'expression
négligeable devant l'unité. D'où la simplification de la relation (2.3) : générale de la rotation dont tourne la section courante. L'angle est évidemment
exprimé en radians.
Mz d2y
= ε 2 = εy" (2.4a) Notons par ailleurs que la première intégration fait apparaître une constante.
EI z dx
La deuxième intégration donne l'expression cherchée de la déformée et fait
Notons au passage que dans le cadre des petits déplacements, y' représente apparaître une deuxième constante. Les deux constantes d'intégration s'obtien-
également la rotation de la section Σ d'abscisse x. nent généralement en satisfaisant aux conditions d'appui de la poutre et de conti-
nuité de la déformée. Ces conditions sont désignées habituellement par condi-
La valeur à donner à ε se déduit plus facilement de la dernière expression. Il
tions aux limites.
suffit de comparer les signes de y" et de Mz. La convention de signes adoptée
pour le moment est exactement l'opposée de celle de y" puisqu'on considère un Il faut toujours s'assurer que les expressions obtenues des flèches (y) et des
moment comme positif quand la concavité de la déformée est tournée vers les y rotations (y'), sont continues en tout point de la poutre. En effet, une discontinui-
négatifs. té dans l'expression de y marquerait une interruption dans la poutre tandis qu'une
discontinuité de y' voudrait dire que la poutre se brise en ce point (articulation).
D'où le signe adéquat à prendre :
Les deux situations sont absurdes car la déformée est continue.
d² y M Par contre, l'expression de la courbure (donc y'') peut être discontinue. C'est
= y" = − z ou encore : EI z y" = − M z (2.4b)
dx² EI z ce qui se produit dans les sections où le moment présente une discontinuité (pré-
sence d'un couple concentré) ou bien là où la section varie brusquement (dis-
Compte tenu des relations différentielles reliant q, T et M, on peut en déduire : continuité de Iz).
d3y Ty d4y qy q Considérons l'exemple simple de la
= y ''' = − et = y IV = = (2.5) q
dx 3 EI z dx 4 EI z EI z poutre de section constante chargée
x
uniformément pour illustrer la mé-
Il importe de noter que dans le cas des barres très élancées, les flèches peu- thode (Figure 2.3). l
vent être importantes et l'expression (2.4b) ne fournit plus une bonne approxima- y
L'expression du moment est : Figure 2.3
tion. Il faut alors faire usage de la relation (2.3), sachant que ε vaut -1 pour les
raisons données plus haut. L'utilisation de la définition exacte de la courbure qx 2
Mz = −
introduit deux différences fondamentales par rapport à l'approximation (2.4) : 2
- l'équation différentielle n'est plus linéaire,
L'équation différentielle de l'élastique devient :
- dans le calcul du moment, il faut tenir compte de l'influence des déplace-
ments, ce qui revient à introduire des moments additionnels secondaires d² y x²
(moments du second ordre). EI z =q
dx² 2
D'autre part, la relation (2.1) montre qu'il y a proportionnalité entre la cour-
bure et le moment fléchissant, autrement dit les développements à partir de cette d'où :
équation sont valables uniquement dans le domaine élastique linéaire. Si on sort
de ce domaine, il faut utiliser une relation non linéaire de la forme 1/R = f(M), dy x3 x4
EI z =q +C (a) et EI z y = q + Cx + D (b)
déduite de l'étude du comportement élastoplastique de la pièce considérée. dx 6 24
D é p l a ce m e n t s d e s p o u t r e s f l é c h i e s 21 22 C ALC UL D ES S TR UCTU R E S H YPE R STATIQU E S
Pour déterminer les constantes d'intégration C et D, il faut écrire deux condi- Pour plus de commodité, on écrit l'équation différentielle de l'élastique sous
tions aux limites. Dans le cas considéré, on peut écrire dans la section d'encas- la forme :
trement deux conditions sur y et y' :
1) en x = l, y = 0 (flèche nulle) EI z y" = − M z P
2) en x = l, y' = 0 (rotation nulle) A B
• 0 ≤ x ≤ a (tronçon 1) : x
Ces conditions, sur y et y', sont des conditions aux limites géométriques alors
que les conditions aux limites sur y" et y''' (donc sur M et T, respectivement) sont M z = Pbx / l a b
l
désignées par conditions aux limites statiques.
Pb 2 y
En utilisant la condition (2), l'équation (a) donne : C = - ql3/6. EI z y 1' = − x + C1
2l Figure 2.4
Et en appliquant la condition (1), on tire de l'équation (b) : D = ql4/8.
Pb 3
D'où les expressions finales de la rotation et de la flèche : EI z y 1 = − x + C 1 x + D1
6l
ql 3 qx 3 • a ≤ x ≤ l (tronçon 2) : Mz = Pa - Pax/l
y' = − + (2.6a)
6 EI z 6 EI z
Pa 2
EI z y '2 = − Pax +
x + C2
ql 4 ql 3 qx 4 2l
y= − + (2.6b)
8 EI z 6 EI z 24 EI z Pa 2 Pa 3
EI z y 2 = − x + x + C 2 x + D2
2 6l
Une rotation est positive si elle se fait dans le sens horlogique alors qu'une
flèche est positive si elle est du côté des y positifs (vers le bas). En faisant x = 0 Les inconnues C1, D1, C2 et D2 sont déterminées à l'aide des deux conditions
dans les expressions (2.6a) et (2.6b), on obtient : aux limites en x = 0 et x = l, et des deux conditions de passage en x = a.
C/EIz = θ0 = ql3/6EIz et D/EIz = f0 = ql4/8EIz 1) en x = 0, y1 = 0 3) en x = a, y1 = y2
2) en x = l, y2 = 0 4) en x = a, y'1 = y'2
autrement dit, C et D sont respectivement la rotation et la flèche de la section
initiale de la poutre, multipliées par la rigidité flexionnelle de la poutre (EIz). La résolution de ce système d'équations donne :
La méthode d'intégration directe devient fastidieuse quand le chargement C1 = Pab(a+2b)/6l, D1 = 0, C2 = Pa(2l2+a2)/6l, D2 = -Pa3/6
et/ou la section présente(nt) des discontinuités. Dans ce cas, l'expression de D'où les expressions finales, donnant les rotations et les flèches :
Mz/EIz change à chaque discontinuité et on doit travailler par tronçon. On effec-
tue sur chaque tronçon une double intégration pour obtenir l'expression de sa • 0≤x≤a
déformée. Mais comme à chaque double intégration on voit apparaître deux
Pb 2 Pab
constantes d'intégration, le total des constantes pour toute la poutre est égal au EI z y 1' = − x + ( a + 2b ) (2.7a)
double du nombre de tronçons existants. 2l 6l
q
• Tronçon 2 ( a ≤ x ≤ b )
P C
A B
q
x M z = RA x − ( x − a )2
2
RA a
q
b EI z y " = − R A x + ( x − a )2
2
c
x2 q
d EI z y ' = − R A + ( x − a )3 + C2
l 2 3!
y RA 3 q
EI z y = − x + ( x − a ) 4 + C2 x + D2
Figure 2.5 3! 4!
En faisant x = a dans les deux dernières équations, on en déduit que : C2 = C1
La méthode de Clebsch permet, grâce à un artifice de calcul, de réduire les
et D2 = D2.
constantes à deux seulement, et ce quelque soit le nombre de tronçons. D'autre
part, la méthode fournit une expression unique de la déformée, valable pour tous • Tronçon 3 ( b ≤ x ≤ c )
les tronçons. L'expression de la rotation s'obtient naturellement par dérivation de
la fonction de la déformée. 2ème règle : On suppose la charge répartie appliquée sur tout le reste de la
poutre et on applique une charge égale et opposée pour équilibrer la charge ajou-
L'originalité de la méthode vient de sa présentation particulière des calculs. tée (cet artifice permet d'avoir des expressions générales valables sur toute la
L'idée essentielle de la méthode consiste à écrire l'expression du moment sur un longueur de la poutre).
tronçon en ajoutant de nouveaux termes (au moins un terme) à l'expression du
moment sur le tronçon précédent en gardant la même origine des abscisses x q q
M z = RA x − ( x − a )2 + ( x − b )2
(voir règle 1). 2 2
Appliquons cet artifice à l'exemple considéré. Ecrivons pour chaque tronçon q q
l'expression du moment, l'équation différentielle de l'élastique puis effectuons les EI z y " = − R A x + ( x − a )2 − ( x − b )2
2 2
deux dérivations successives.
1ère règle : Elle consiste à placer l'origine des coordonnées x, y au centre de x2 q q
EI z y ' = − R A + ( x − a ) 3 − ( x − b ) 3 + C3
gravité d'une section extrême de la poutre, l'extrémité gauche par exemple. 2 3! 3!
• Tronçon 1 ( 0 ≤ x ≤ a ) : RA 3 q q
EI z y = − x + ( x − a ) 4 − ( x − b ) 4 + C3 x + D3
3! 4! 4!
M z = RA x
En comparant les flèches et les rotations dans la section de jonction x = b, on
EI z y" = − R A x trouve : C3 = C2 et D3 = D2.
• Tronçon 4 ( c ≤ x ≤ d )
x2
EI z y ' = − R A + C1
2 q q
M z = RA x − ( x − a ) 2 + ( x − b ) 2 − P( x − c )
RA 3 2 2
EI z y = − x + C1 x + D1
3! q q
EI z y" = − R A x + ( x − a ) 2 − ( x − b ) 2 + P( x − c )
En faisant x = 0 dans les deux dernières expressions, on obtient : 2 2
D é p l a ce m e n t s d e s p o u t r e s f l é c h i e s 25 26 C ALC UL D ES S TR UCTU R E S H YPE R STATIQU E S
Les différents cas de figure de conditions d'appui sont indiqués ci-après. 2.5.2 Exemple d'application
Poutre réelle Poutre conjuguée Reprenons l'exemple de la figure 2.3, déjà traité par la méthode d'intégration
directe.
Le signe du moment de la poutre réelle est négatif puisqu'il fait tendre les fi-
y=0 Mf = 0 bres supérieures (Figure 2.6c). Cela signifie que la charge fictive à appliquer à la
y'≠ 0 Tf ≠ 0
poutre conjuguée doit être dirigée de bas en haut (Figure 2.6d).
Mf ≠ 0
y≠ 0
Tf ≠ 0
y'≠ 0
(extrémité libre) Mz = -qx²/2 qf = -qx²/2EIz
Mf ≠ 0 (c) (d)
y≠0 Tf ≠ 0 x
x
y'≠ 0
(articulation)
Diagramme du moment Chargement de la p.c.
y=0 Mf = 0
Figure 2.6
y'≠ 0 Tf ≠ 0
(appui intermédiaire) Les composantes de réaction dans la section d'encastrement de la poutre fic-
tive sont :
Ces cas sont illustrés par les deux exemples suivants : 1 ql2 ql3 1 ql 2 3l ql 4
TE = − l =− et ME = l =
3 2EIZ 6EIZ 3 2 EIZ 4 8 EIZ
Poutre réelle
D'où :
ql 3 qx 3 ql 4 ql 3 x qx 4
y' = − + (j) y= − + (jj)
Poutre conjuguée 6 EI z 6 EI z 8 EI z 6 EI z 24 EI z
Les équations (j) et (jj) sont identiques aux expressions (2.6a) et (2.6b) obte-
nues par la méthode d'intégration directe.
Poutre réelle
Poutre conjuguée
Il faut noter que pour respecter les conventions de signes adoptées pour la ro-
tation et la flèche, nous devons considérer que la charge fictive (qf = Mz/EIz) est
dirigée de haut en bas si le moment Mz est positif et vice versa.
D é p l a ce m e n t s d e s p o u t r e s f l é c h i e s 29 30 C ALC UL D ES S TR UCTU R E S H YPE R STATIQU E S
2.6 FLECHE PROVOQUEE PAR L'EFFORT TRANCHANT 2.6.1 Travail et énergie de déformation
Sous l'effet de l'effort tranchant Ty, la section Σ2 d'abscisse x+dx, subit un La distorsion peut être déterminée en comparant le travail accompli par l'ef-
glissement dy par rapport à la section Σ1 d'abscisse x (Figure 2.7a). fort tranchant au cours de la déformation de l'élément de longueur dx à l'énergie
emmagasinée dans ce même élément.
Σ1 Σ2 Le travail effectué par l'effort tranchant vaut :
1 1
dτ e = ( )T y dy T = T y γ m dx (2.8)
Ty Ty γm x 2 2
γ τxy G1 dyT L'énergie emmagasinée dans une couche bdx d'épaisseur dy (Figure 2.8),
Ty+dTy
G2 avec dy suffisamment petit pour pouvoir admettre que la contrainte ne varie pas,
Ty+dTy
est donnée par :
dy
dx dx dx 1 1
y d 2W = ( )( τ xy bdy )γdx = ( )τ xy bγdxdy (2.9)
(a) (b)
(c) 2 2
Figure 2.7
il vient : connu. En effet, la variation du moment, Mz(x) - Mz(0), représente l'aire du dia-
gramme de Ty compris entre 0 et x.
dx Ty2 S z*2 dx Ty2 S z*2 Ty2 dx S z*2
dW =
2 ∫ A Gb 2 I z 2
bdy =
2 ∫ A GbI z2
dy =
2GI z2 ∫ h b
dy (2.10) De la relation (2.14), on peut tirer :
d 2 yT κ dTy κ
2
= =− q (2.17)
dx GA dx GA
est une quantité ayant la dimension d'une aire. Elle ne dépend que
I z2 des caractéristiques géométriques de la section et est toujours infé- Cette dernière quantité représente la courbure due à l'effort tranchant. En su-
perposant les courbures provoquées par le moment fléchissant et l'effort tran-
S z*2 rieure à la section (A), d'où sa désignation habituelle par Aréd (sec-
∫
h
b
dy tion réduite).
chant, on obtient l'équation différentielle complète de l'élastique ; qui s'écrit :
d2y Mz κ
2
=− − q (2.18)
On peut poser : dx EI z GA
κ l l κ P 1 κPl
yT ( x ) − yT ( 0 ) = [ M z ( x ) − M z ( 0 )] (2.16) fT ( ) − fT ( 0 ) = fT ( ) = =
GA 2 2 GA 2 2 4GA
Cette dernière expression est particulièrement indiquée pour le calcul des flè- comme G = E/2(1+ν), il vient :
ches provoquées par l'effort tranchant lorsque le diagramme de ce dernier est
D é p l a ce m e n t s d e s p o u t r e s f l é c h i e s 33
l l l Pl 3 1.2 Pl 2( 1 + ν )
f( ) = f M ( ) + fT ( ) = +
2 2 2 4 Ebh 3 4 Ebh
d'où :
l Pl 1 2
f( )= ( + 2.88 )
2 4 Ebh h 2
Dans le cas considéré, l =10h, la flèche due à l'effort tranchant est inférieure
à 3% de celle provoquée par le moment.
Exemple 2
Calculons la flèche de l'extrémité libre d'une poutre-console de section rec-
tangulaire (bh) soumise à une charge uniformément répartie (Figure 2.3). La
flèche provoquée par le moment seul s'obtient en faisant x=0 dans l'expression
ql 4
(2.6b), soit : f M = .
8 EI Z
κql 2
f T ( 0 ) = yT ( 0 ) =
2GA
L'expression finale de la flèche résultante s'écrit :
ql 4 κql 2 ql 2 3l 2
f = + = ( + 2.88 )
8 EI z 2GA 2 Ebh h 2
D é p l a ce m e n t s d e s p o u t r e s f l é c h i e s 35 36 C ALC UL D ES S TR UCTU R E S H YPE R STATIQU E S
F=2ql
q C=ql² fE? θE?
Exercice 2.4
A B
0≤x≤a, EIy=7qa4/24-qa3x/3+qx4/24
E Rép. : fE =ql4/3EI, θE =5ql3/6EI
q
θA =-qa3/6EI l l l
A B
a≤x≤3a (AB)
a 2a a Exercice 2.10
EIy=5qa4/8-4qa3x/3+qa2x2-qax3/3+qx4/24
fM? θA? fM=-qa4/24EI
P=ql C=ql² fA? θA?
q
Exercice 2.5 q
A B Rép. : fA =25ql4/384EI, θA =-7ql3/48EI
fE? θE? - Poutre bi-articulée avec une force concentrée en son milieu.
P P P Rép. : fM (l/2)=0.417 cm ; fT(l/2)=0.012 cm.
E B avec : P = 3 t, a = 3 m
- Poutre console uniformément chargée (extrémité libre en x = 0).
a a a a EIz = 2 1010 Kgcm2 Rép. : fM (0)=5.00 cm ; fT(0)=0.048 cm.
Rép. : fE =1.35 cm, θE =-0.00675
Exercice 2.14 Exercice 2.20
Traiter les exercices 2.2, 2.6 et 2.7 avec la méthode de la poutre conjuguée. Une poutre-console de section rectangulaire (bh) en acier (E ; G) de longueur
Chercher les déformées et les grandeurs indiquées des systèmes représentés l supporte à son extrémité libre une charge verticale P.
ci-après en utilisant la méthode de la poutre conjuguée. Déterminer l'équation de la déformée en tenant compte de l'influence de l'ef-
fort tranchant.
Exercice 2.15 Exercice 2.16 Calculer la flèche de l'extrémité libre sous l'action de l'effort tranchant seul.
Comparer cette flèche à celle provoquée par le moment de flexion seul.
P C P = 1 t, h = 5 cm, b = 3 cm, l = 1.5 m, E = 21 105 Kg/cm2, G = 8 105 Kg/cm2.
P
B A E B
A
M C y=Pl3/3EI-Pl2x/2EI+Px3/6EI+κPl/GA-κPx/GA
l l l 2l/3 l/3 yM(0)=fM =Pl3/3EI=17.14 cm
yT(0)=fT =κPl/GA=0.015 cm
fM? fC? fE? θE?
Rép. : fM =-Pl3/12EI, fC =3Pl3/4EI Rép. : fE = -2Cl2/81EI, θE=Cl/9EI
4 0 C A LCU L D ES STRU C TU R ES H Y PER S TATIQU ES
Il est représenté par l'aire hachurée (hachures inclinées) du diagramme F-d (Fi-
gure 3.1b).
F F
F1 F1 A
*
Chapitre 3 l dF dτ e dF
F c F
b
LE POTENTIEL INTERNE d τe
δ δ
ET SES APPLICATIONS a d
0
B
δ1
δ1 δ dδ δ1 δ dδ
F1
(a) (b) (c)
Figure 3.1
Remarque : Fdδ représente plus exactement le rectangle "abcd". Autrement
3.1 INTRODUCTION dit, le travail effectué par dF au cours du déplacement dδ, qui est un infiniment
Dans ce chapitre seront examinées les relations qui existent entre les sollicita- petit d'ordre supérieur à 1, est négligé.
tions agissant sur un système et les déplacements qu'elles produisent. Le travail total effectué par la force F1 au cours du déplacement δ1 est obtenu
Les systèmes considérés sont généralement plans (géométrie et chargement) par sommation des travaux élémentaires, c'est-à-dire :
mais les développements théoriques s'appliquent à tous les systèmes, sauf préci- δ1
sion contraire. τe = ∫ 0
Fdδ (3.2)
Pour garder à la théorie toute sa généralité, tout en simplifiant autant que pos-
sible les notations, nous désignerons une sollicitation par F (sollicitation généra- Il est représenté par l'aire délimitée par la courbe F-δ et l'axe des δ jusqu'à δ1.
lisée), que ce soit une force P, un couple C ou une sollicitation globale F (F1, F2, De même, on appelle travail complémentaire élémentaire du déplacement δ
…, Fn) et un déplacement par δ (déplacement généralisé), que ce soit une transla- au cours de l'accroissement de charge dF la quantité :
tion λ (déplacement linéaire) ou une rotation γ (déplacement angulaire).
dτ *e = δdF (3.3)
3.2 TRAVAIL DES FORCES EXTERIEURES ET ENERGIE DE
DEFORMATION Le travail complémentaire total effectué par F1, appliquée graduellement de 0
à F1, au cours du déplacement δ1 est donné par :
3.2.1 Notions de travail et de travail complémentaire F1
Pour fixer les idées, nous considérons le cas d'une barre prismatique soumise
τ *e = ∫
0
δdF (3.4)
à une traction axiale F1 qui produit un allongement δ1 (Figure 3.1a).
C'est l'aire à gauche de la courbe F-δ.
Nous supposons que la force F1 est appliquée graduellement, d'une manière
lente, de façon à ne produire aucune force d'inertie. Dans ces conditions, on dit 3.2.2 Énergie et énergie complémentaire de déformation
que le chargement (force F1 ici) est appliqué statiquement et le déplacement
engendré (ici un allongement) est relié à la force appliquée par une relation re- Considérons un corps soumis à des sollicitations extérieures. Sous l'action
des charges extérieures, le corps se déforme et les efforts internes (contraintes)
présentée par le diagramme "F-δ" de la figure 3.1b.
effectuent un travail qui s'oppose au travail des sollicitations extérieures.
Soit F une valeur intermédiaire et δ l'allongement correspondant. A un ac-
Ce travail interne, changé de signe, est désigné par énergie potentielle de dé-
croissement dF de la charge correspond un allongement supplémentaire dδ. Le
formation (W) (-τi = W).
travail élémentaire produit par F au cours de l'accroissement dδ est défini par :
dτe = Fdδ (3.1)
L e p o t e n ti e l i n t e r n e e t s e s a p p l i c a ti o n s 41 4 2 C A LCU L D ES STRU C TU R ES H Y PER S TATIQU ES
Isolons un élément dv = dxdydz du corps considéré. L'énergie élémentaire Et pour la totalité du volume du corps :
emmagasinée dans dv se calcule comme le travail effectué par les forces agissant
sur les faces de l'élément dv. Ainsi, le travail effectué par la force élémentaire
σx.dydz au cours de la variation dεx de la déformation εx, qui produit le déplace-
∫
W * = ε ij dσ ij dv
v
(3.12)
σ
dx 3.3 TRAVAIL ET ENERGIE DANS LE DOMAINE ELASTIQUE
LINEAIRE
σ1 *
dy dW0 a) Travail d'une force
σx
dσ
Revenons au cas de la traction d'une barre prismatique du paragraphe 3.2.1.
dW0
dz σ Si la relation entre F et δ est linéaire, domaine d'application de la loi de Hooke
ε (et petits déplacements), c'est-à-dire quand on a à tout moment du chargement la
dx(1+dεx)
ε dε ε1 relation (Figure 3.1c) :
(a) (b) F = kδ (k = constante)
Figure 3.2
le travail total devient :
En considérant toutes les composantes des contraintes et en utilisant la nota- δ1 1
tion indicielle, on obtient pour l'élément dv : τe = ∫0
kδdδ = kδ 12
2
dW = σ ij dε ij dv (3.6) et comme : F1 = kδ1 , il vient :
1
L'énergie emmagasinée dans tout la volume du corps (v) vaut : τ e = F1δ 1 (3.14)
2
∫
W = σ ij dε ij dv
v
(3.7) Le travail total est représenté par l'aire du triangle OAB (Figure 3.1c).
Considérons un diagramme contrainte-déformation unidirectionnel (unidi- Remarquons que dans le cas de l'élasticité linéaire, on a : τ e = τ *e .
mensionnel) (Figure 3.2b).
b) Généralisation
On a :
Si un système en équilibre est soumis à une sollicitation globale F (F1, F2,…
dW0 = σdε (3.8) Fi,…,Fn) et que les points d'application de ces forces subissent des déplacements,
dont les projections sur les directions de ces mêmes sollicitations valent δ1, δ2,…,
Cette quantité a l'unité d'une énergie par unité de volume. L'intégrale : δn, le travail effectué au cours du chargement du système (passage de l'état
ε1 d'équilibre initial à l'état d'équilibre final), vaut :
W0 = ∫ 0
σd ε (3.9)
n
∑Fδ
1
τe = i i (3.15)
est appelée densité de l'énergie de déformation et est représentée par l'aire com- 2 i =1
prise entre la courbe σ-ε et l'axe des ε. Remarquons qu'on a :
Il faut rappeler qu'on suppose que :
∫
W = dW0 dv
v
(3.10)
- le chargement est statique (les mises en charge sont lentes),
- le matériau a un comportement élastique linéaire (loi de Hooke vérifiée),
De même, l'énergie complémentaire élémentaire produite par un accroise- - les déplacements n'affectent pas l'action des charges (hypothèse des petits
ment dσij des contraintes au cours des déplacements produits par les déforma- déplacements, pas d'effets du second ordre).
tions εij correspondantes vaut :
dW * = ε ij dσ ij dv (3.11)
L e p o t e n ti e l i n t e r n e e t s e s a p p l i c a ti o n s 43 4 4 C A LCU L D ES STRU C TU R ES H Y PER S TATIQU ES
1 1 Dans ce cas, on dit que le système (corps + appuis + charges) est conservatif
dW = σ x dydzε x dx = σ x ε x dv (3.16) et le travail, ou l'énergie de déformation, puisque τe = W, ne dépend pas de l'or-
2 2
dre dans lequel les forces sont appliquées mais uniquement de leur intensité
Pour toutes les contraintes agissant sur dv en aura (en notation indicielle) finale. Dans le cas contraire, c'est-à-dire si le travail dépendait de l'ordre d'appli-
1 cation des forces, on pourrait le charger d'une certaine manière et le décharger
dW = σ ij . ε ij dv (3.17) d'une autre manière de façon à réaliser un gain. Après plusieurs cycles, l'énergie
2 ainsi gagnée ferait exploser le corps, ce qui est absurde.
et Si les charges cessent d'agir, l'énergie emmagasinée dans le corps lors du
1
W= ∫
2 v
σ ij ε ij dv (3.18) chargement sera restituée sous forme de travail qui va ramener le corps à son état
initial.
Remarque : Dans le cadre de l'élasticité linéaire on a : W = W*. En plus des hypothèses a), b) et c) ci-dessus nous admettrons dans ce qui suit
que :
σ d) le matériau vérifie la loi de Hooke (matériau élastique linéaire),
dx
e) les déplacements sont suffisamment petits et n'affectent pas l'action des char-
ges (pas d'effets du second ordre).
σx σx Il arrive quelquefois que le système, dans son état initial, c'est-à-dire avant
dy toute application de charges, soit déjà assujetti à des efforts internes et des dé-
formations élastiques. C'est le cas notamment des systèmes hyperstatiques dont
dx(1+εx) les appuis subissent des déplacements (appuis non concordants), des systèmes
ε
hyperstatiques soumis à des effets thermiques, au phénomène de retrait dans les
(a) (b) structures en béton, des effets des défauts de montage, etc.
Figure 3.3
Dans un cas pareil, le système possède déjà à l'état initial une énergie élasti-
que (Wi) emprisonnée dans le corps et qui ne peut se libérer que dans des condi-
tions particulières. Les efforts et les déformations qui seront produits par les
forces extérieures vont s'ajouter aux efforts et aux déformations existants. Dans
ce cas, l'énergie de déformation est égale au travail des forces extérieures qui se
transforme en énergie élastique interne plus l'énergie élastique initiale, d'où :
τ e + Wi = W (3.19b)
z (a) (b)
N N dx+∆dx y
Figure 3.5
dA N
σx =
dx A Considérons la couche dAdx. Sous l'effet des contraintes de flexion, la couche
dx+∆dx subit une variation de longueur : ∆dx = εxdx = (σx/E)dx. Compte tenu de la rela-
tion de Navier, il vient :
(a) y (b)
Figure 3.4 Mz y M y
σx = ⇒ ∆dx = z dx
Iz EI z
Sous l'effet des contraintes d'effort normal, le tronçon dx subit une variation
de longueur ∆dx définie par : L'énergie emmagasinée dans la couche dAdx vaut :
∆dx σx 1 1 M y M y 1 M z2 y 2
= ε x ⇒ ∆dx = ε x dx = dx d 2W = (σ x dA) ∆dx = ( z dA) z dx = dAdx
dx E 2 2 Iz EI z 2 EI z2
Comme dans le cas de l'effort normal on a σx = N/A, il vient : En intégrant sur la surface on obtient l'énergie emmagasinée dans le tronçon
∆dx = (N/EA)dx dx :
2
1 1 N N 1 N D'où l'énergie de déformation de la poutre, qui se calcule par intégration
d 2W = ( σ x dA )∆dx = ( dA ) dx = dAdx
2 2 A EA 2 EA 2 sur l :
Remarque : La notation d2W est utilisée pour désigner une quantité plus petite 1 M z2
que l'énergie élémentaire. W=
2 ∫ EI
l z
dx (3.21a)
∫
2 2 EA 2
2 A EA A 2 EA W= ( z + )dx (3.21b)
2 l EI z EI y
Et pour la totalité de la poutre :
c) Effort tranchant
1 N2
W=
2 ∫ l EA
dx (3.20) D'après la relation (2.12) du chapitre 2, l'énergie emmagasinée dans un tron-
çon dx soumis à un effort tranchant Ty vaut :
L e p o t e n ti e l i n t e r n e e t s e s a p p l i c a ti o n s 47 4 8 C A LCU L D ES STRU C TU R ES H Y PER S TATIQU ES
κ y Ty2 σy
dW = dx τyx
2GA
γxy
τyz
Et pour toute la poutre : σx σx
τzy σx dy τxy
1 κ y Ty2 τzx τ
∫
xz
W= dx
2 l GA τxy dx+∆dx τyx γxydx
σz
Si la poutre est soumise à Ty et Tz on aura :
(a) (b) dx
1 κ y Ty2 κ z Tz2
∫
Figure 3.7 (c)
W= ( + )dx
2 l GA GA Le travail de déformation de la force σxdydz au cours du déplacement ∆dx =
d) Moment de torsion εxdx (Figure 3.7b) vaut :
L'angle dont tourne l'une par dϕt 1 1
dW = ( σ x dydz )ε x dx = σ x ε x dxdydz
rapport à l'autre les sections extrê- 2 2
Mt Mt
mes du tronçon dx soumis à un
moment de torsion Mt est donné par Pour l'ensemble des trois contraintes normales, on applique le résultat (3.15),
(Figure 3.6) : d'où :
dx
qM t 1
dW = ( σ x ε x + σ y ε y + σ z ε z )dxdydz
dϕ t = dx Figure 3.6 2
GI P
où εx, εy et εz sont les déformations longitudinales et peuvent être exprimées en
où : fonction des contraintes normales à partir de la loi de Hooke généralisée.
- q est une constante dépendant de la forme et des dimensions de la section, ap- Les déformations provoquées par les contraintes normales et tangentielles
pelée coefficient de torsion (q ≈ 40Ip2/A4). Ce facteur vaut 1 pour la section circu- étant indépendantes, si outre les contraintes normales il y a des contraintes tan-
laire et est supérieur à 1 pour les autres cas. gentielles, il suffit d'ajouter leur effet.
- la quantité C = GIp/q est désignée par rigidité à la torsion (ou rigidité torsion-
nelle). Le travail de la force τxydydz lors du déplacement γxydx (Figure 3.7c) vaut :
L'énergie emmagasinée dans le tronçon dx se calcule comme le travail effec- 1 1
dW = ( τ xy dydz )γ xy dx = τ xy γ xy dxdydz
tué par Mt lors du déplacement dϕt : 2 2
1 qM t2 En présence de toutes les contraintes, il vient :
dW = M t dϕ t = dx
2 2GI P 1
dW = ( σ xε x + σ yε y + σ zε z + τ xyγ xy + τ yzγ yz + τ zxγ zx )dxdydz (3.24)
Et pour l'ensemble de la poutre : 2
L'énergie potentielle de déformation de tout le corps s'obtient par sommation
1 qM t2
W=
2 ∫l GI P
dx (3.23) sur le volume entier :
1
3.6 EXPRESSION GENERALE DE L'ENERGIE POTENTIELLE DE
W= ∫
2 v
( σ x ε x + σ y ε y + σ z ε z + τ xy γ xy + τ yz γ yz + τ zx γ zx )dv (3.25)
Pl 3 κPl
Exemples d'application f = +
3 EI z GA
Exemple 1
Exemple 3
Considérons une poutre bi-articulée de
P On veut calculer la rotation de l'extrémité B de la poutre ci-contre.
section constante chargée en son milieu
par une force concentrée P.
La flèche à mi-portée (f) s'obtient par l/2 l/2 C
γB
application directe du résultat (3.28) :
A
B
Figure 3.11
f = ∂W/∂P Figure 3.9
Avec :
1 l C κ l C C 2l κC 2
∫ ( − l x ) dx + 2GA ∫ ( − l )
2 2 2
1 M z2 1 κT y W= dx = +
W=
2 ∫l EI z
dx + ∫
2 l GA
dx 2 EI z 0 0 6 EI z 2GAl
D'où :
1 1/ 2 P l P κ 1/ 2 P l P
W=
2EIz
[
∫0
( x )2 dx +
2 ∫ ( ( l − x ))2 dx ] +
1/ 2 2 2GA
[
∫0
( )2 dx +
2 ∫
1/ 2
( − )2 dx ]
2 γ B
=
∂W
=
Cl
+
κC
∂C 3 EI z GAl
Considérons maintenant le travail total accompli lors du chargement F1, En vertu de la loi de Hooke on a :
F2,…, Fn et suite à l'application du déplacement dδi au point d'application de Fi.
σ = εE = N/A ⇒ N = εEA
Il s'écrit :
comme ε = δ/l, il vient :
τ e + Fi . dδ i = W + Fi . dδ i (e)
N = δEA/l (c)
En égalant les expressions (d) et (e) on tire :
Et par particularisation : N1 = δ1EA/l1 avec : δ1 = δcosα et l1 = l/cos α, d'où :
∂W
= Fi (3.29) N1 = (δEA cos2α)/l
∂δ i
En remplaçant dans l'équation (b) N1 et N par leur expression, on obtient :
C'est la 2ème forme du théorème de Castigliano, qu'on appelle parfois 1er
théorème de Castigliano ou théorème inverse de Castigliano. EAδ 2
ère ème W= (1 + 2 cos 3 α ) (d)
Remarque : Contrairement à la 1 forme, la 2 forme reste valable même si 2l
les déplacements ne sont pas fonctions linéaires homogènes des forces.
Puis, d'après l'équation (a), il vient :
Théorème : La dérivée de l'énergie de déformation, exprimée en fonction des
déplacements des points sur lesquels agissent des forces extérieures, par rapport EAδ(1+2 cos3α/l)=P
à un de ces déplacements, est égale à la force correspondante, calculée suivant et en vertu de (c), on obtient : N(1+2 cos3α)=P
la direction du déplacement. D'où :
Exemple d'application P
N=
Le système hyperstatique ci-
B C D 1 + 2 cos3 α
contre est constitué de trois barres L'effort N connu, le système devient isostatique et pour calculer N1 il suffit
α α
articulées et est soumis à une force d'écrire une équation d'équilibre de translation ( ΣFx = 0 ou ΣFy = 0 ) .
verticale P. l
∫ ∫ −( C + ) dx =
2
W= M dx = (C2l + + )
2
n
0
∑δ
2 EI 0 2 EI 2 EI 3 20 u
ou encore : δ iF = ij . Fj (3.31b)
j =1
∂W 1 ql 3 ∂W ql 3
= 2Cl + d'où : γ = =
3
C =0
∂C 2 EI
A
∂C 6 EI Les coefficients δ iju sont appelés coefficients d'influence des déplacements.
Exemple 2
3.11.2 Coefficients d'influence des sollicitations
On désire connaître la rotation de l'extrémité A d’une poutre bi-articulée Si nous particularisons la relation (3.31a) à chaque section correspondant à
soumise à une force concentrée P (Figure 3.14). un point d'application d'une force, nous obtenons un système de n équations :
P u u
C δ 1 F = δ 11 F1 + δ 12 F2 + ...+δ 1u j F j + ...+δ 1un Fn
A B
..................................................
Figure 3.14 δ iF = δ iu1 F1 + δ iu2 F2 +...+δ iju F j +...+δ in
u
Fn (3.32)
a b
l ..................................................
δ nF = δ un1 F1 + δ un 2 F2 + ...+δ unj F j +...+δ unn Fn
1 a 1 l Si on considère F1, F2, …, Fn comme les inconnues on peut les déduire en ré-
W=
2 EI ∫ 0
( R A x − C ) 2 dx +
2 EI ∫ (R
a
Ax − C − P( x − a )) 2 dx
solvant le système ci-dessus, et on obtient :
Les δi de ce dernier système sont en fait les δiF du système (3.32). Exemples d'application
Les coefficients Fij s'appellent coefficients d'influence des forces. Le coeffi- Exemple 1 P
C
cient Fij représente la sollicitation (par unité de déplacement) qu'on doit appli-
Calculons la flèche au milieu C de
quer en i pour avoir un "déplacement unité" en j. l/2 l/2
la poutre représentée à la figure 3.15
(EI constante).
3.12 METHODE DE MOHR POUR LE CALCUL DES DEPLACEMENTS
Mml 1 l
3.12.1 Cas général
δc = ∫ EI
0
dx =
EI 0
Mmdx
. ∫ M G1
G2 Pl
1 l/ 2 l l
Soient MiF, NiF, TiF et M iFt les efforts produits dans la section courante i par EI 0 ∫
= [ (−Px)(0)dx + (−Px)( − x)dx]
l/ 2 2 ∫
1 l l
la sollicitation globale F (F1, F2, …, Fn). =− ∫
EI l / 2
P.x( − x)dx
2 m
1
m1 = 0
l/2
Désignons par mij, nij, tij et mijt les efforts apparaissant dans la section i sous Soit :
5Pl3
l'action d'une sollicitation unitaire appliquée en j, suivant la direction j. Introdui- δc = Figure 3.15
sons en j, suivant j, une sollicitation fictive ƒj. 48EI
a.1 Cas des pièces droites Si on pose Ω = aire du diagramme du moment fléchissant sous les sollicita-
tions externes et m1 la valeur du diagramme "unitaire" au droit du centre de gra-
Pour calculer l'intégrale (i) on peut M
utiliser une méthode grapho- ds = dx vité de Ω, alors :
EI
analytique. La fonction m, du moment M
G l
fléchissant dû à une sollicitation uni- EI δ jF = Ω . m1 (3.37b)
EI
taire, est linéaire. Cette linéarité du
diagramme m peut être caractérisée x dx Remarque : Si le diagramme linéaire m change de pente, on travaille par in-
par la pente α qu'il fait avec l'axe xG m tervalle, puisque les résultats (3.36) et (3.37) ont été établis pour α constant.
horizontal (Figure 3.17).
α m m1 Exemples d'application
On démontre que : x
l Exemple 1 (Figure 3.15)
l
Mm M
∫0 EI
dx = m1. Surface de = m1.S
EI Figure 3.17
On a :
où m1 est la valeur du moment fléchis- 1 1 1
δC = Ω .m1 = Ω 1 .m1' + Ω 2 . m1"
sant m calculée au droit du centre de EI EI EI
gravité de l'aire M/EI.
avec :
On a :
1 l Pl 1 l Pl Pl 2 3 Pl 2
l Mm M M Ω = Ω1 + Ω2 = + ( Pl + )= +
∫0 EI ∫
dx = mds , avec ds =
S
EI
dx , S = aire de
EI
22 2 22 2 8 8
l
- Pour 0 ≤ x ≤ on a : m = 0
mais : m = xtgα, alors : 2
l l l
l Mm - Pour ≤ x ≤ l on a : m = −1( x − ) = − x
∫0 EI
dx = ∫
S
tgα xds = tgα xds ∫S
Il vient :
2 2 2
comme :
1 1 3 Pl 2 5l 5 Pl 3
δC = Ω 2 .m1" = soit : δ C =
∫ xds = ∫ xds ⇒ EI EI 8 18 48 EI
∫
S S
xG = xds = S . x G
Exemple 2 (Figure 3.16)
∫ ds S
S
S
On a : Ω = Pl2/8 et m = 1 - x/l
donc :
D'où :
l Mm
∫0 EI
dx = S . tgα . xG or : x G tgα = m1
γ A =
1
Ω .m1 =
1 Pl 2 1
=
Pl 2
EI EI 8 2 16 EI
alors on a bien :
b) Systèmes en treillis articulés (chargés indirectement)
l Mm
∫0 EI
dx = m1 . S (3.36) Les barres du système étant rectilignes, chacune d'elles est soumise à un ef-
fort normal uniquement, de plus cet effort est constant (voir § 6.5). On a donc
a.2 Pièces droites prismatiques pour chaque barre :
La section étant constante, EI peut être sorti de sous le signe intégrale. l N iF nij l dx
l l
∫ 0 EA
dx = N iF nij ∫
0 EA
δ jF =
EI ∫M
0
iF mij dx (3.37a)
L e p o t e n ti e l i n t e r n e e t s e s a p p l i c a ti o n s 61 6 2 C A LCU L D ES STRU C TU R ES H Y PER S TATIQU ES
(3.39)
3.14 THEOREME DE BETTI-MAXWELL
Le théorème de Betti-Maxwell se déduit de l'expression (3.39). On remarque
en effet que l'expression n'est pas modifiée si on permutait les indices j et k, c'est-
à-dire :
L e p o t e n ti e l i n t e r n e e t s e s a p p l i c a ti o n s 63 6 4 C A LCU L D ES STRU C TU R ES H Y PER S TATIQU ES
δ ujk = δ ukj (3.40) k- • ( mij , nij , t ij , mijt ) les efforts dans la section i du système hyperstati-
que
Théorème : Le déplacement en j produit par une sollicitation unitaire agis-
l- sous l'action d'une sollicitation unitaire appliquée
sant en k est égal au déplacement en k produit par la même sollicitation unitaire
en j.
agissant en j. t
m- • ( M iF , N iF ,T iF , M iF ) les efforts dans la section i du système rendu
Illustration du théorème P F isostatique sous l'action de la sollicitation globale F.
Le sens physique de cet important théo- t
rème, appelé parfois théorème sur la réci- δPP n- • ( m ij , n ij , t ij , m ij ) les efforts dans la section i du système rendu
procité des déplacements, apparaît claire- δPF o- isostatique sous l'action d'une sollicitation uni-
δFF taire
ment sur l'exemple simple suivant.
appliquée en j.
Soit donc le système élastique ci-contre. P
F
Appliquons d'abord une force P puis une Avec les notations ci-dessus, le théorème de Pasternak s'exprime sous l'une
force F. Le travail total est donné par : δFF des deux formes suivantes [obtenues à partir de (3.35)] :
δFP t
1 1 l MiF mij l NiF nij l T t ij l MiFt mij
W1 = Pδ PP + Fδ FF + Pδ PF
2 2
δPP δ jF = ∫
0 EI
dx + ∫
0 EA 0 GA ∫
dx + κ iF dx + ∫0
q
GI P
dx (3.41)
Comme la valeur finale du travail effectué ne dépend pas de l'ordre dans le-
quel les sollicitations ont été appliquées, on a : Démonstration
W1 = W2 ⇔ Pδ PF = Fδ FP (i) Nous raisonnerons sur une poutre continue reposant sur trois appuis et sou-
mise à une force P concentrée en k (Figure 3.20). Nous considérons par ailleurs
De manière générale P et F sont des "efforts généralisés" et δPF et δFP des que le moment fléchissant est prépondérant. Il s'agit de calculer la flèche δjF de la
"déplacements généralisés". Par exemple, P une force et F un couple et par section j.
conséquent δPF le déplacement vertical du point d'application de P provoqué par
le couple F et δFP la rotation de la section d'application du couple F sous l'effet δjK P P 1
A B C
de la force P.
j k RB j
Le théorème de Betti-Maxwell se retrouve en faisant dans l'expression (i) ci-
a) Système hyperstatique c) Système rendu isostatique e) Sollicitation unitaire
dessus P = F = 1.
t Pour le système (c), qui est isostatique, on applique la formule de Mohr pour
j- • ( M iF , N iF , TiF , M iF ) les efforts dans la section courante i du système
le calcul de δjF :
hyperstatique sous l'action de la sollicitation globale F.
L e p o t e n ti e l i n t e r n e e t s e s a p p l i c a ti o n s 65 6 6 C A LCU L D ES STRU C TU R ES H Y PER S TATIQU ES
δ A = ∂W / ∂R = 0 q
y(v)
1
l( MiF ∂MiF l l ∂MiF
∫ ∫M
B(xB,yB)
δA = dx = iF dx x B Fx=1
0 EI ∂R EI 0 ∂R ds
R
Figure 3.21 γA i(x,y) Fy=1
l qx 2
∂M iF l ϕ
EIδ A =
0 ∫ M iF
0 2∂R
dx =
)xdx ∫ ( Rx − A(xA,yA)
UA
Rl 3 ql 4 3ql
EIδ A =( − )=0⇒ R= γ>0 x(u)
VA
3 8 8
(a) (b)
Appliquons mintenant le théorème de Pasternak pour calculer la flèche δM en Figure 3.23
x = l/2.
l En vertu du théorème complémentaire, le problème revient à calculer les
l
δM =
EI ∫M 0
iF m iM dx composantes du déplacement de l'extrémité libre B du tronçon AB dont l'extrémi-
té A subit les déplacements UA, VA et γA.
avec : Dans le calcul des composantes du déplacement de B, on peut distinguer l'in-
3ql q l l l fluence des composantes UA, VA et γA et l'influence des charges.
M iF = x − x 2 et miM = 0 pour 0 ≤ x ≤ , miM = − x pour ≤ x ≤ l
8 2 2 2 2 a) Contribution des composantes UA, VA et γA
l 4 • La translation de composantes UA et VA est reproduite intégralement en tout
1 3ql q l ql
il vient : δ M =
EI ∫
l/2
(
8
x − x 2 )( − x )dx =
2 2 192 EI point de AB donc :
Le résultat peut être retrouvé en utilisant une des méthodes du chapitre 2, la U A → U' B = U A
méthode d'intégration directe par exemple en prenant pour la réaction de l'appui V A → V' B = V A
simple la valeur trouvée ci-dessus.
• La rotation γA est également reproduite sur toute la longueur AB, donc :
3.16 THEOREME COMPLEMENTAIRE B γA → γ'B = γA
Théorème : Dans un système quelconque, le De plus, la rotation d'ensemble γA est accompagnée d'une translation dont les
déplacement "relatif" d'un point B par rapport →
à un point A peut s'obtenir en appliquant la composantes sont les composantes d'un vecteur L défini par :
sollicitation unitaire à l'extrémité B du tronçon A → → → → →
isolé AB supposé encastré en A et libre en B. B L=γ A z Λ AB avec : z ( 0 ,0 ,1 ) et AB ( x B − x A , y B − y A , 0 )
Figure 3.22
L e p o t e n ti e l i n t e r n e e t s e s a p p l i c a ti o n s 67 6 8 C A LCU L D ES STRU C TU R ES H Y PER S TATIQU ES
U" B = −γ A ( yB − y A ) ou encore :
V" B = γ A ( x B − x A ) B M iF ( y B − y ) B N iF B TiF
En résumé on a :
U B = U A −γ A( yB − y A )− ∫ A EI
ds + ∫ A EA
dx + ∫ κ GA dy
A
U A U A − γ A ( y B − y A ) suivant x B M iF ( x B − x ) B N iF B TiF
V A ⇒ V A + γ A ( x B − x A ) suivant y
VB = V A + γ A ( x B − x A ) + ∫ A EI
ds + ∫ A EA
dy − ∫ κ GA dx
A
γ γ
A A B M iF
b) Contribution des charges
γ B =γ A + ∫
A EI
ds
m = 1, n = 0 et t = 0 ; d'où : B M iF ( x B − x )
B M iF
VB = V A + γ A ( x B − x A ) + ∫ A EI
ds
γ B = ∫ EI
ds
B M iF
∫
A
γ B =γ A + ds
• Action de Fx = 1 : m = - (yB - y), n = cosϕ et t = sinϕ ; d'où : A EI
li M iF ( li − x ) où :
Vi − Vi −1 = γ i −1 li + ∫ 0 ( EI )i
dx
- Si représente l'aire du diagramme du moment des charges extérieures agis-
sant sur la travée li supposée isostatique,
li + 1 M iF ( li +1 − x )
Vi +1 − Vi = γ i li +1 + ∫ 0 ( EI )i +1
dx - Zi est la distance de l'appui (i-1) au centre de gravité de l'aire Si,
Z i +1 représente la distance de l'appui (i+1) au centre de gravité de l'aire Si+1.
d'où : Avec les égalités ci-dessus l'équation (c) donne :
Vi − Vi −1 M iF ( li − x ) Mi −1li Mi li Mi li +1 M l
li
+ + + i +1 i +1 =
li
= γ i −1 + ∫
0 li ( EI )i
dx (a) 6 ( EI )i 3( EI )i 3( EI )i +1 6( EI )i +1
1 1 Vi −1 Vi +1 Si Zi S Z i +1
Vi +1 − Vi li + 1 M iF ( li +1 − x ) = − Vi + − + − + i +1
li +1
=γ i + ∫ 0 li +1 ( EI )i +1
dx (b) li li +1 li li +1 li ( EI )i li +1( EI )i +1
C'est l'équation générale, dite des trois moments, qui permet de calculer les
Puis, en faisant (a) - (b) et en remarquant que : moments aux appuis des poutres continues ; elle s'applique pour chaque appui
li M iF intermédiaire. On verra dans le chapitre consacré aux poutres continues comment
γ i −1 − γ i = − ∫0 ( EI )i
dx établir cette formule d'une autre manière.
Si EI est constante sur toute la longueur de la poutre, l'expression précédente
on obtient : devient :
1 1 V V 1 li MiF x li +1 MiF 1 li +1 MiF x Mi −1li + 2 Mi ( li + li +1 ) + Mi +1li +1 =
Vi + − i −1 + i +1 = −
li li +1 li li +1 li ∫0 ( EI )i
dx − ∫ 0 ( EI )i +1
dx +
li +1 ∫
0 ( EI )i +1
dx (c)
Supposons que EI est constante sur chaque travée. M 1 = 0 .55 tm, M 2 = −0 .44 tm, M 3 = 0 .10 tm ( M 0 = M 4 = 0 ) .
1 li MiF x 1 li 1 Mi − 1 + 2 M i 2
−
li ∫ 0 ( EI )i
dx = −
li ( EI )i ∫ 0
MiF xdx = −
li ( EI )i Si Zi +
6
li
li + 1 MiF 1 li + 1 1 M + Mi + 1
− ∫0 ( EI )i +1
dx = −
( EI )i + 1 ∫ 0
MiF dx = −
( EI )i +1
Si + 1 + i
2
li +1
1 li +1 MiF x 1 li +1
li +1 ∫0 ( EI )i +1
dx =
li +1( EI )i +1 ∫ 0
MiF xdx =
1 M + 2 Mi +1 2
=−
li +1( EI )i +1
(
Si +1 li +1 − Zi +1 + i
6
li +1
)
L e p o te n t i e l i n t e r n e e t s e s a p p l i c a t i o n s 71 72 C A L C U L D E S S T R U C T U R E S H Y P E R S T A T IQ U E S
Exercice 3.6
3.18 EXERCICES q
Déterminer les expressions de la flèche et
Signes : Dans les réponses données, un déplacement vertical est positif vers le
de la rotation de l'extrémité libre.
bas, un déplacement horizontal est positif vers la droite et une rotation est posi- l/2 l/2
tive si la section tourne dans le sens horlogique. Une réaction verticale est posi- Rép. : f = (41/384).(ql4/EI) ; θ = (7/48)ql3
tive si elle est dirigée vers le haut alors qu'une réaction horizontale est positive si
elle agit vers la droite. Un moment fléchissant positif agit dans le sens horlogi-
que. Exercice 3.7
Exercice 3.1 Calculer la flèche de l'extrémité C de
la poutre ci-contre, compte tenu de M et P=100Kg
Calculer la flèche à mi-portée, compte A B
tenu de M (fM) et de T (fT). Comparer l'in- P=1t de T. Comparer les flèches provoquées C
A B par les deux efforts.
fluence des deux efforts. l a
A. N. : Section rectangulaire (S=bh), h = 2m 2m A. N. : Section rectangulaire (S=bh),
30 cm, b = 20 cm, ν = 0.15, E = 105 Kg/cm2 l = 4 m, a = 1 m, h = l/12, b = 20 cm, ν = 0.2, E = 3 105 Kg/cm2 et κ = 1.2.
et κ = 1.2. Rép. : fM = 9 mm ; fT = 0.18 mm
3 -3
Rép. : fM = Pl /48EI = 0.29 cm ; fT = κPl/4GS = 4.6 10 cm
Exercice 3.8 P=30t
4
Exercice 3.2 Calculer le déplacement ver-
P=200Kg tical du nœud C. Les barres du a 1 5 8
Calculer la flèche de l'extrémité libre. 3 7
système ont toutes la même
Comparer les contributions de M et de T. A B
rigidité extensionnelle ES. 2 6 9
2m
A. N. : Utiliser les données de l'exercice C
A. N: a = 3 m, ES = 315 105 Kg.
précédent. a a a
Rép. : fC = 6 mm
Rép. : fM = Pl3/3EI = 0.118 cm ; fT = kPl/GS = 1.1 10-3 cm
Calculer les grandeurs indiquées des systèmes ci-après. Quand elle n'est pas
Exercice 3.3
précisée, la rigidité flexionnelle est supposée constante.
C
Déterminer l'expression de la rotation A B Exercice 3.9
de l'appui B, compte tenu de M et de T.
l
Rép. : θB = Cl/3EI + κC/GSl q=4t/m
C=4tm
A C fD? θB?
B
D Rép. : fD = 16/EI tm3 ;
Exercice 3.4 a a a=2m
θB = 8/3EI tm2
Déterminer la rotation de la section A de la poutre de l'exercice 1 en considé-
rant uniquement l'effort dominant.
Rép. : θA = Pl2/16EI = 2.25 10-3 Exercice 3.10
2a
Le système ci-contre, constitué de
a
2a a P deux câbles (AB et AC), est soumis à
A B C
P P
une force verticale P (les câbles sont de
30° même nature et de même section).
45°
a
A h=3m Déterminer les composantes hori-
zontale et verticale du déplacement du
2P
point A (ES = 8 106 kg).
4a A Rép. : δVA = 0.0374 cm ;
4a P=1t
δHA =-1.4 10-3 cm
Exercice 3.16
Calculer le déplacement du point A dans la di-
V H V H rection de la force P, du système ci-contre (les
δ A? δ A? θA? δ A? δ A? θA?
barres b et c sont dans un même plan horizontal).
3 3
32 Pa 8 Pa 10 Pa 3 On négligera les effets directs de l'effort tran-
c
Rép. : δ VA = ; δ HA = − Rép.: δ VA = − ;
3 EI EI EI chant. La section est circulaire de diamètre 2R, le
module d'élasticité est E et le coefficient de Poisson P
6 Pa 2 59 Pa 3 13 Pa 2 ν.
θA =− δ HA = ;θ A = a A
EI 3 EI 2 EI b
Rép. :
P a 3 b 3 a 2b cR 2
Exercice 3.13 Exercice 3.14 δ HA = ( + + + ( a 2 + b 2 )c +
EI 3 3 1+ν 4)
2a
P D
2I
Exercice 3.17
a La poutre courbe ci-contre
a un rayon de courbure R, un
A P module d'élasticité E et un
moment d'inertie I (par rap- R
I I h
port à un axe perpendiculaire
4a à la fibre moyenne) constants. θ
P
Elle est soumise à une force
δHD? δVA? δHA? θA? horizontale P appliquée à son A
extrémité libre A.
A B
Calculer les composantes horizontale et verticale du déplacement du point A,
l compte tenu de M uniquement.
Ph 2 6 EIa 3 35 Pa 3 πPR 3 2 PR 3
Rép. : δ H Rép. : δ VA = ; δ HA = − Rép. : δ HA = − ; δ VA = −
D = ( 2h + l ) 2 EI EI
6 EI EI 3 EI
3 Pa 2
θA =−
2 EI
L e p o te n t i e l i n t e r n e e t s e s a p p l i c a t i o n s 75 76 C A L C U L D E S S T R U C T U R E S H Y P E R S T A T IQ U E S
Exercice 3.19 2I I
Exercice 3.20
RB? RVA? RHA?
q
R A? M B? l ∂M iF l qx 2
A
Rép. : R B = 3.08 t Rép. : EIδ A = ∫M
0
iF
∂R
dx = ∫ ( Rx −
0 2
) xdx
B
3ql ql 2
l
Rép. : R A = ; MB = −
8 8
78 C ALC UL D ES S TR UCTU R E S H YPE R STATIQU E S
Figure 4.2
4.1 INTRODUCTION Considérons maintenant le système de la figure 4.2b qui a été obtenu en ajou-
tant une liaison de moment à l’appui double afin d’empêcher toute rotation de la
On a vu que dans le cas des systèmes isostatiques, les composantes de réac- section extrême A. La nouvelle structure a donc une liaison surabondante par
tion et les éléments de réduction dans n'importe quelle section se calculent au rapport à une structure isostatique. On dit qu’elle est une fois hyperstatique.
moyen des équations d'équilibre de la statique seules. Il importe de bien noter
qu’un système dont les réactions peuvent être connues à partir des équations de Etant donnée une structure hyperstatique, si on supprime toutes les liaisons
la statique mais que ces dernières ne permettent pas de déterminer les efforts M, surabondantes et qu’on les remplace par les réactions correspondantes, on obtient
N, T dans toutes les sections, n’est pas un système isostatique (voir § 4.2). Ce cas un système isostatique qui reste en équilibre même si on donne des valeurs arbi-
est illustré par les exemples de la figure 4.1. traires aux réactions introduites. Dans ce cas, les équations d’équilibre de la
statique ne permettent pas de déterminer les réactions. On doit d’abord calculer
les réactions des liaisons surabondantes à l’aide de conditions autres que celles
régissant l’équilibre du système. Ensuite, on détermine les réactions dans les
liaisons restantes du système rendu isostatique à l’aide des conditions
d’équilibre.
a) Arc bi-articulé
avec tirant Dans le cas de la figure 4.2b par exemple, le système peut être rendu isostati-
que en supprimant la liaison simple en B. La réaction R Bv sera calculée à partir
b) Cadre fermé
simplement appuyé de la condition de déplacement exprimant que la flèche au point B du système
Figure 4.1 rendu isostatique, où R Bv est considérée comme une force extérieure (Figure
4.2c), doit être nulle : δ vB = 0.
Dans une structure isostatique, les liaisons sont strictement suffisantes (en
nombre et en nature) pour assurer son équilibre et empêcher tout déplacement On voit donc que pour un système hyperstatique la détermination des réac-
rigide de la structure (c’est-à-dire un mouvement comme corps rigide). Les con- tions et des éléments de réduction n'est plus possible au moyen des équations
ditions d’équilibre - entre les réactions et les charges appliquées - suffisent par d'équilibre seules. Le nombre d’inconnues - composantes de réaction et/ou ef-
ailleurs à déterminer les réactions apparaissant dans les appuis. On dit dans ce forts internes - est dans ce cas supérieur au nombre d’équations (linéairement
cas que la structure (isostatique) est statiquement déterminée. Et il n’y a qu’un indépendantes) fournies par les conditions d’équilibre de la statique.
seul et unique groupe de réactions capable d’équilibrer les charges appliquées (la
solution est unique). Le nombre supérieur des inconnues provient comme on l’a vu du fait qu’un
système hyperstatique possède des liaisons surabondantes, c’est-à-dire qui sont
en plus par rapport à un système isostatique. Il est donc nécessaire, pour résoudre
C o n s i d é r a ti o n s g é n é r a l e s r e l a t i v e s a u x s y s t è m e s h y p e r s t a t i q u e s 79 80 C ALC UL D ES S TR UCTU R E S H YPE R STATIQU E S
Figure 4.3
Les liaisons surabondantes intérieures sont celles qui proviennent de la con- (g) (h)
ception intérieure du système (Figure 4.3b). Généralement, les structures hypers-
tatiques ont des liaisons surabondantes tant à l'extérieur qu'à l'intérieur (Figure
4.3c).
Figure 4.4
4.3 CALCUL DU DEGRE D'HYPERSTATICITE
Comme il a été mentionné, le nombre de liaisons surabondantes constitue le
degré d'hyperstaticité de la structure. Il existe plusieurs méthodes pour détermi- 4.3.2 Méthode des contours fermés
ner le degré d'hyperstaticité (noté H) ; nous en examinerons deux. Appelons :
Cas des poutres en treillis chargées indirectement Cette méthode est essentiellement caractérisée par la création de coupures qui
libèrent chacune une liaison surabondante. Chaque liaison supprimée est ensuite
H = b + l - 2n
remplacée par une force qui joue le même rôle qu'elle.
• b + l - 2n < 0 ⇒ système déformable
• b + l - 2n = 0 ⇒ système isostatique 4.4.2 Méthode des déplacements (ou des déformations)
• b + l - 2n > 0 ⇒ système hyperstatique Avec cette méthode, on prend comme inconnues les déplacements générali-
avec : sés (rotations et translations) subis par les nœuds de la structure. Le nombre
- "b" nombre de barres d'inconnues de cette méthode est égal au nombre de déplacements généralisés
- "l" nombre de liaisons dans les appuis (encastrement = 3 ; appui double = 2; possibles des nœuds (les degrés de liberté de la structure), qui est généralement
appui simple = 1) différent du degré d'hyperstaticité.
- "n" nombre de nœuds Les équations supplémentaires sont obtenues en exprimant les conditions
d'équilibre statique de la structure déformée.
4.4 METHODES FONDAMENTALES DE CALCUL DES STRUCTURES
HYPERSTATIQUES On verra plus loin que cette méthode est caractérisée par le blocage des
nœuds de la structure.
Nous avons vu précédemment que pour déterminer les réactions et les élé-
ments de réduction des systèmes hyperstatiques, il fallait des équations supplé- Conclusion :
mentaires, qui sont obtenues à partir des conditions de continuité de la déformée
de la structure ou à partir des conditions d'équilibre statique de la structure dé- La méthode des déplacements est généralement plus intéressante quand le
formée. degré d'hyperstaticité devient important. La méthode des forces est efficace
quand le nombre de liaisons surabondantes (degré d’hyperstaticité) n'est pas très
Dans le cadre de l'hypothèse des petites déformations, les efforts sont indé- élevé. Mais en définitive le choix d'une méthode dépend plus des affinités et des
pendants des déformations dans les structures isostatiques, alors que pour les aptitudes de chacun.
systèmes hyperstatiques les efforts sont fonctions aussi bien des charges que des
déformations de la structure (voir § 3.17, exemple de la poutre continue soumise
au seul déplacement de l’un de ses appuis).
En raison de l'interdépendance entre les efforts et les déformations (donc les
déplacements), il en résulte deux possibilités générales d'aborder le calcul des
structures hyperstatiques, c'est-à-dire soit en s'intéressant aux efforts (dans les
liaisons surabondantes) (méthode des forces), soit en s'intéressant aux déplace-
ments (méthode des déplacements).
∂W
=0 (5.1)'
∂X i
Le théorème découle de celui de Castigliano (1ère forme). Ce résultat est évi-
dent dans le cas d'une inconnue hyperstatique externe (c'est-à-dire une réaction),
puisque le déplacement est nul dans la direction de la réaction. Nous reviendrons
plus loin sur la signification de ce résultat [(5.1)'] dans le cas d'une inconnue
Chapitre 5 hyperstatique interne.
Le théorème de Menabrea signifie que les forces hyperstatiques prennent des
CALCUL DES SYSTÈMES PLANS PAR LA valeurs qui rendent minimale l'énergie potentielle interne exprimée en fonction
MÉTHODE DES FORCES des sollicitations, dont les forces hyperstatiques, appliquées au système considé-
ré.
Ainsi, pour chaque inconnue hyperstatique Xi le théorème de Menabrea four-
nit une équation (de continuité). La résolution du système d’équations ainsi ob-
tenu permet de trouver les inconnues hyperstatiques et de résoudre le problème
qui devient isostatique.
Dans le cas d’un système linéaire L plan dont les éléments de réduction sont
5.1 SYSTEME CONCORDANT - MANQUE DE CONCORDANCE désignés par M, N et T (Mt=0), l’expression générale de W (voir chapitre 3) est
de la forme :
DÉFINITION : On dit qu’un système hyperstatique est concordant quant à
ses appuis, ou encore que les appuis d’un système hyperstatique sont concor-
1 M2 1 N2 1 T2
dants, lorsque les composantes de réaction sont toutes nulles en l’absence de
sollicitations extérieures (Figure 5.1a).
W=
2 ∫
L
EI
ds +
2 ∫ EA ds
L
+
2∫
L
κ
GA
ds
Dans le cas d’un système concordant cette dérivée est toujours nulle, soit : Et si la rigidité extensionnelle EA est constante sur chaque barre, il vient :
C a l c u l d e s s y s t è m e s p l a n s p a r l a m é t h o d e d e s fo r c e s 85 86 C A L C U L D E S S T R U C T U R E S H YP E R S T A T IQ U E S
1 N i2 Li On peut montrer que chacune de ces équations peut se mettre sous la forme
W=
2 ∑ ( EA ) i
ci-après, connue sous le nom de formule de Müller - Breslau (ou de Bertrand De
i Fonviolant),
n
∂W
5.3 PRINCIPE DE LA METHODE DES FORCES
Pour calculer un système hyperstatique d’ordre n (H = n), on le transforme en ∂X j
= 0, ⇔ ∑X δ
i =1
i
u
ji + δ jF = 0 j = 1, 2, ...,n (5.2)
[δ ]{ X } = {−δ
u
F } (5.4)
(a) (b) Les équations du système (5.3) [ou (5.4)] sont appelées équations canoniques
de la méthode des forces.
l/2 l/2
Pour un système concordant d’ordre n, on aura un système de n équations : L’expression de l’énergie potentielle s’écrit alors :
∂W ∂W ∂W ∂W
= 0, = 0, ..., = 0, ..., =0
∂X 1 ∂X 2 ∂X j ∂X n
C a l c u l d e s s y s t è m e s p l a n s p a r l a m é t h o d e d e s fo r c e s 87 88 C A L C U L D E S S T R U C T U R E S H YP E R S T A T IQ U E S
n n n u u
δ 11 X 1 + δ 12 X 2 + δ 1F = 0
1
(MiF + ∑X m ) j ij
2
1
(NiF + ∑X n ) j ij
2
1
(TiF + ∑X t ) j ij
2
δ u21 X 1 + δ 22
u
X 2 + δ 2F = 0
∫ ∫ ∫
j =1 j =1 j =1
W= ds + ds + κ ds
2 EI 2 EA 2 GA u
L L L Les coefficients δ 11 et δ u21 sont obtenus en appliquant au système de base la
∂W u
sollicitation unitaire X1=1 tandis que δ 12 et δ u22 s’obtiennent sous l’effet de la
L’équation de continuité relative à la coupure k, c’est-à-dire = 0 , s’écrit:
∂X k seule sollicitation X2=1. Quant aux déplacements δ1F et δ2F, ils se calculent sous
l’effet des charges extérieures (ici la force P) appliquées au système isostatique
n n n
∑X m )m ∑X n )n ∑X t )t
de base. Les diagrammes permettant le calcul de ces coefficients (cas où l'in-
(MiF + j ij ik (NiF + j ij ik (TiF + j ij ik fluence de M est prépondérante) sont montrés à la figure 5.3.
∫ ∫ ∫
j =1 j =1 j =1
ds + ds + κ ds=0
EI EA GA Pl/2
L L L
n n l P
∫
j =1
+ κ ds = 0
GA
L
(a) (b) (c)
h l
n mij mik nij nik t ij t ik
δ kF + ∑ Xj
∫
EI
ds+
EA
ds+ κ ∫GA
ds = 0 ∫ Figure 5.3 : Diagrammes des moments M et m
j=1 L L L
soit : On trouve, avec h=l=a :
n
a3 a3 4a 3 Pa 3 29Pa 3
∑X
j=1
u
j δ kj + δ kF = 0 u
δ11 =
3EI
u
δ12 = δ u21 =
2EI
δ u22 =
3EI
δ1F = -
4EI
δ 2F = -
48EI
La figure 5.4 montre la signification de ces coefficients.
5.4.2 Signification et calcul des coefficients
u u
La signification et le calcul des coefficients δ iju et δ iF ont été exposés dans le
δ 11 δ 12
P δ1F
δ u21 δ u22
chapitre 3. Les coefficients δ iju sont les coefficients d’influence définis dans ce
X1=1
même chapitre 3. Leur matrice δu est appelée matrice de souplesse. X2=1 δ2F
9 22 2h3 l2(12h + l ) h2 u
X1 = P et X 2 = P u
δ11 = u
; δ12 = δu21 = 0 ; δu22 = u
; δ13 = δu31 = − ; δ23 = δu32 = 0 ;
56 56 3EI 24EI EI
Les diagrammes M, N, T peuvent être construits maintenant (Figure 5.5). (4h + l) qh4 qh3l qh3
δu33 = ; δ1F =- ; δ2F = ; δ3F =
2EI 8EI 12EI 6EI
34
1
6 l/2 X2=1
X1 X1=1 l/2
X2 X3 X3=1
9
11 22 mi1=m1 mi3=m3
mi2=m2
h h
(a) (b) (c)
3 34 9
(a) (b) (c)
X2 qh2/2
q X1 X1
2EI
X3 X2 X3 En prenant h = l, il vient :
u 2h3 u 13h3 u h2
h EI EI δ 11 = ; δ 12 = δ u21 = δ u23 = δ u32 = 0 ; δ u22 = ; δ 13 = δ u31 = − ;
3 EI 24 EI EI
5h qh4 qh4 qh3
δ u33 = ; δ 1F = − ;δ 2F = ;δ 3F =
(a) (b) 2 EI 8 EI 12 EI 6 EI
Les équations canoniques du système s’écrivent : Le signe moins (–) devant X3, signifie que le sens réel de ce moment est
contraire au sens choisi arbitrairement.
u u u
δ 11 X 1 + δ 12 X 2 + δ 13 X 3 + δ 1F = 0
5.6 CONTROLE DES RESULTATS
δ u21 X 1 + δ 22
u u
X 2 + δ 23 X 3 + δ 2F = 0
δ u31 X 1 + δ 32
u u
X 2 + δ 33 X 3 + δ 3F = 0 Le contrôle des résultats peut se faire à trois niveaux : sur les coefficients δiju
et δiF ; sur les diagrammes M, N, T et sur les déplacements.
A partir des diagrammes de la figure 5.7, on calcule les coefficients du sys-
tème obtenu.
5.6.1 Vérification des coefficients
Considérons un système hyperstatique d’ordre n. Pour alléger les expres-
sions, nous supposons que l’influence des efforts normal et tranchant est négli-
C a l c u l d e s s y s t è m e s p l a n s p a r l a m é t h o d e d e s fo r c e s 91 92 C A L C U L D E S S T R U C T U R E S H YP E R S T A T IQ U E S
geable. Soit mit le moment (par unité de force) dans la section courante i du sys- sera amené à vérifier le calcul des différents coefficients ainsi que les diagram-
tème de base sous l’effet de : X1=1, X2=1, ..., Xn=1 ; c’est-à-dire : mes MiF et mik si on a utilisé la méthode de Verescheaguine.
mit = mi1 + mi2 + ... + min Exemple
en vertu du principe de superposition. Vérifions les coefficients de la matrice δu du cas traité dans l'exemple 2. Pour
les besoins de l'application numérique on prend h=3 m. Le premier membre de
a) Somme des coefficients de chaque ligne de la matrice δ u l'équation (5.6) vaut :
Considérons la kième ligne (équation relative à la coupure k). k =n j =n
29 h3 2h2 5h 177
j =n j =n
mik .mij mik .mi1 mik .mi2 mik .min
∑ ∑δ u
kj = − + =
24 EI EI 2 EI 8 EI
∑δ ∑∫ ∫ ∫ ∫
u k =1 j =1
kj = ds = ds + ds+ ... + ds
j =1 j =1 L
EI EI EI EI Le diagramme mit nécessaire au calcul du second membre de l'équation (5.6)
L L L
mik mik mik . mit est représenté à la figure 5.8. Le calcul de l'intégrale de Mohr donne :
= ∫ EI
(mi1 + mi2 +...+min )ds = ∫ EI
(mit )ds = ∫ EI
ds
mit2 1 39 1 1 1 125 1 57
L L L
∫ EI ds = 2 EI ( 8 + +
3 24
)+ ( + +
EI 24 24 4
)
Soit : L
La longueur L désigne la longueur totale du système (toutes les barres s’il en 1.0
2.5
comporte plusieurs). 0.5
34P/56
l 2l EI EI
EI
A B A
1m 4m 1m 4m
A A D
q=2t/m P=2t 2P
Exercice 5.3 Exercice 5.4
B C E 60° B C
2EI I2
q q=2t/m
A B B D F EI EI I1 I1
D A 3m L
EI EI
A F=5t A
a EI D
2m
P 5t 2m
2EI 2L
D
2EI
a 2m
4m 2m
C C E
A.N. : P=12t, L=4m, I1=10-
3 4
a 2a 2m 4m 2m m,
I2=8I1 et E=2.1 106 kg/cm2.
Exercice 5.5 Exercice 5.6
Exercice 5.11 Exercice 5.12
q=300 kg/m B C
q=2t/m
B 2EI P=1t P
A B D A B
2EI
A EI 2EI 2EI D
2m
EI 6m EI EI
EI
P=800 kg
EI EI l
1m l
C A D
5m
8m C C E
l/2 l l=5m l
C a l c u l d e s s y s t è m e s p l a n s p a r l a m é t h o d e d e s fo r c e s 97
Réponses :
Exercice 5.1 : MA = 3Pl/56, MB=-6Pl/56, RCH=-9P/56, RCV=22P/56.
Exercice 5.2 : Inconnues hyperstatiques au milieu du système : XM=0.29ql2,
XN=-0.53ql, XT=-0.81ql. Réactions : MA=-0.85ql2, RAH=-1.47ql,
RAV=0.2ql, MD=-0.55ql2, RDH=-0.53ql, RDV=0.8ql.
Exercice 5.3 : RAV= -(2P+qa)/3, RCV=(P+3qa)/2, RDV=(P+5qa)/6,
MBA=-a(2P+qa)/3, MBC=Pa, MBD=a(P-qa)/3.
Exercice 5.4 : RCH=0.24t, RCV=4.17t, REH=1.63t, REV=4.17t.
Exercice 5.5 : RCH=-540.5kg, RCV=569.0kg, RAH=-259.5kg, RAV=931.0kg,
MA=-926.5kgm, MBA=MBC=-21.5 kgm.
Exercice 5.6 : Inconnues hyperstatiques au milieu du système : XM=0, XN=0.5t
XT=-0.34t. Moments : MA=MD=-1.65tm, MBA=MBC=1.35tm,
MCB=MCD=-1.35tm.
Exercice 5.7 : Inconnues hyperstatiques au milieu du système : XM=0.94tm,
XN=-0.45t, XT=0. Réactions : MA=MB=0.69 tm, RAH=-RBH=0.45t,
RAV=RBV=5t.
Exercice 5.8 : Inconnues hyperstatiques externes en D : RDH=-0.6t, RDv=3.6t.
Moments : MA=1.5tm, MBA=-3.3tm, MBC=12.0tm,
MCB=MCD=-2.4tm.
Exercice 5.9 : RDV=4.35t, RAH=-5.0t, RAV=5.65t, MA=-10.59tm,
MBA=MBC=4.41tm, MCB=11tm, MCD=15tm, MCE=-4tm.
Exercice 5.10 : RDH=-2.63t, RDV=3.53t, RAH=-12.0t, RAV=17.25t,
MA=-19.76tm, MBA=MBC=17.72tm, MCB=MCD=-10.52tm.
Exercice 5.11 : RDH=3P/8, RDV=-3P/8, MD=Pl/8, RCH=-3P/8, RCV=11P/8,
MC=-Pl/8, MBA=-Pl/2, MBC=Pl/4, MBD=-Pl/4.
Exercice 5.12 : RAV=-0.426t, RCH=0.266t, RCV=5.852t, REH=-0.266t,
REV=4.574t, MBA=-2.13tm, MBC=-1.33tm, MBD=-3.46tm
MDB=MDE=-1.33tm.,
Signes : Pour le moment fléchissant et les composantes de réactions, les
conventions utilisées sont les suivantes : . un moment est positif s'il fait tendre
les fibres intérieures (inférieures) ; . une réaction verticale (RV) est positive si elle
agit vers le haut alors qu'une réaction horizontale (RH)est positive quand elle est
dirigée vers la droite. Pour les inconnues hyperstatiques (XN et XT), on utilise les
conventions habituelles de N et T.
1 00 C A L C U L D E S S T R U C T U R E S H Y P E R S T A T IQ U E S
les moments fléchissants qui la sollicitent sont plus faibles. La comparaison est
encore plus nettement à l’avantage de la poutre continue par rapport à une poutre
isostatique unique de même longueur. Dans une poutre continue, les appuis in-
termédiaires contribuent à réduire et à mieux répartir sur toute la poutre le mo-
ment fléchissant (qui est la sollicitation prépondérante). Cette observation reste
valable pour les déplacements qui sont nettement moins importants dans le cas
des poutres continues. Ces dernières présentent par ailleurs une plus grande rigi-
Chapitre 6 dité et résistent de ce fait mieux à l’action dynamique.
Les charges considérées ici sont supposées être appliquées statiquement. El-
LES POUTRES CONTINUES les sont constituées de charges transversales (voire inclinées), concentrées ou
Application de la méthode des forces réparties, et de couples.
Contrairement aux poutres isostatiques, les poutres continues, comme tous
les systèmes hyperstatiques, sont très sensibles aux déplacements des appuis. Ce
phénomène a déjà été mis en exergue dans un exemple d’application des formu-
les de Bresse traitant une poutre continue soumise au seul effet de l’affaissement
d’un de ses appuis.
Lorsque des tassements d’appuis sont à craindre, les poutres isostatiques sont
A- POUTRES CONTINUES A ÂME PLEINE mieux indiquées. Si pour quelque raison que ce soit des appuis intermédiaires
sont nécessaires, on ajoute à la poutre continue des articulations judicieusement
6.1 INTRODUCTION placées de manière à la rendre isostatique et annuler ainsi sa sensibilité aux af-
faissements des appuis susceptibles de se produire.
Les poutres continues sont des structures qu'on rencontre très fréquemment
dans les constructions courantes. Ce type de poutre - poutre reposant sur plusieurs appuis et rendue isostatique
par l’ajout de rotules - est désigné par poutre Gerber. Elles sont obtenues en
On appelle poutre continue une poutre reposant sur plusieurs appuis. Il s’agit
ajoutant autant d’articulations qu’il y a d’appuis intermédiaires. Pour s’assurer
généralement d’appuis simples, à l’exception d’un seul qui est un appui double et
que la structure obtenue est bien isostatique et qu’il n’y a ni tronçon déformable
dont le rôle consiste à assurer la stabilité géométrique de la poutre, comme em-
(tronçon libre constituant un mécanisme) ni tronçon hyperstatique, il suffit de
pêcher la translation horizontale dans le cas de la figure 6.1. L’appui double peut
respecter la règle suivante : pas plus de deux articulations entre deux appuis, ni
être placé à une extrémité ou, plus généralement, être un appui intermédiaire.
plus de deux appuis entre deux articulations. A titre d’exemple, la figure 6.2
montre les deux façons possibles d’obtenir une poutre type Gerber dans le cas de
deux appuis intermédiaires.
0 1 k n (a)
l1 lk ln
Les extrémités d’une poutre continue peuvent très bien comporter des porte- Figure 6.2 : Exemples de poutres Gerber
à-faux ou être encastrées. Le traitement de ces cas particuliers est abordé plus
loin. L’influence du moment fléchissant sur les déformations étant prépondérante
Les poutres continues sont des systèmes hyperstatiques puisqu’elles présen- dans les poutres continues, c’est la seule sollicitation dont il sera tenu compte
tent des liaisons surabondantes (toutes les liaisons en plus de ce que doit compor- lors du calcul des déplacements que nous serons amenés à effectuer.
ter une poutre isostatique). Dans le cas d’une poutre sans encastrements, le nom-
bre de liaisons surabondantes, donc le degré d’hyperstaticité, est égal au nombre
d’appuis intermédiaires.
Comparativement à une série de poutres bi-articulées dont le nombre est égal
à celui des travées d’une poutre continue, cette dernière est plus économique car
A- Poutres continues à âme pleine 101 1 02 C A L C U L D E S S T R U C T U R E S H Y P E R S T A T IQ U E S
6.2 APPLICATION DIRECTE DE LA METHODE DES FORCES 6.3 FORMULE DES TROIS MOMENTS
Considérons une poutre
6.3.1 Etablissement de la formule
continue horizontale sans
encastrements (Figure 6.3a). (a) Considérons une poutre continue sans encastrements à n travées (Figure 6.4).
L'application directe et intui- Son degré d'hyperstaticité est égal à n-1.
tive de la méthode des forces 0 1 2 3
l1 l2 l3
conduit à considérer comme
inconnues hyperstatiques les
réactions (verticales) des (b)
0 1 k-1 k k+1 n
appuis intermédiaires. X1 X2
l1 lk lk+1 ln
Le système de base obte-
nu par suppression des liai- Figure 6.4
sons verticales des appuis (c)
intermédiaires est une poutre X1=1 Prenons pour inconnues hyperstatiques les moments fléchissants agissant au
simplement appuyée (Figure droit de chaque appui intermédiaire. Pour ce faire, on procède à des coupures de
6.3b). Dans ce cas, le calcul manière à supprimer la liaison de moment au niveau de chaque appui. S’agissant
des moments unitaires msk d’inconnues hyperstatiques internes, chaque coupure libère deux inconnues (des
(Figure 6.3c et 6.3d) et du (d) moments) égales est opposées.
moment provoqué par les X2=1
charges extérieures MsF, En pratique, cela revient à introduire une articulation au-dessus de chaque
appui intermédiaire (Figure 6.5a). Pour remplacer les liaisons supprimer, on
nécessaires au calcul des Figure 6.3
applique aux lèvres de chacune des coupures deux couples égaux et opposés
coefficients δ iju et δ jF , ne (M1, M2, …, Mn-1) (Figure 6.5b).
présente aucune difficulté.
Cependant, ce choix n’est pas intéressant car il implique des calculs fasti- (a)
dieux à cause notamment du fait que les moments msk et MsF sont généralement
différents de zéro sur toute la longueur de la poutre. De la sorte, les éléments de
X1=Ml Xk-1=Mk-1 Xk=Mk Xk+1=Mk+1 Xn-1=Mn-1
la matrice de souplesse [ δu] et du vecteur déplacement [δF] sont tous non nuls.
(b)
Ceci n’est pas la seule raison ; il en existe une autre plus déterminante. Cha-
que colonne de la matrice [ δu] représente les déplacements (flèches s’il s’agit 0 1 k-1 k k+1 n-1 n
d’une poutre horizontale) des points d’application des inconnues hyperstatiques
provoqués par une sollicitation unitaire. Pour une poutre comportant plusieurs Figure 6.5 : Système statique de base
appuis intermédiaires, deux colonnes successives de [ δu] auront des valeurs très
proches et seront comparables. De ce fait, la matrice [ δu] devient pratiquement Le système statique de base ainsi obtenu présente une propriété remarquable.
singulière et conduit à des solutions très imprécises lors de la résolution du sys- En effet, on remarque que si on charge une travée, les autres ne subissent aucune
tème d’équations canoniques. Aussi, on opte pour un autre choix des inconnues influence. Ce résultat signifie que le système principal se comporte comme une
hyperstatiques de manière à contourner cette difficulté et à réduire les calculs. succession de poutres simplement appuyées obtenues par séparation des n tra-
vées (Figure 6.6).
M M M M M M M M M M
Figure 6.6
A- Poutres continues à âme pleine 103 1 04 C A L C U L D E S S T R U C T U R E S H Y P E R S T A T IQ U E S
Pour calculer les moments inconnus aux appuis, on applique le théorème de Considérons par exemple l'équation de continuité k (relative à la coupure k).
Menabrea pour chacun d’eux : Elle s’écrit :
∂W ∂W ∂W ∂W δ uk1 M1 + δ uk 2 M2 +...+δ ukk −1 Mk −1 + δ ukk Mk + δ ukk +1 Mk +1+...+δ ukn−1 Mn−1 + δ kF = ck (6.1)
= c1 , = c2 , ... = ck , ... = cn − 1
∂M1 ∂M 2 ∂M k ∂M n − 1
On voit apparaître dans l’équation les coefficients δ ukj avec j = 1, 2, … , n-1
où les ci représentent les manques de concordance des appuis. Ils sont nuls dans
et δkF. Si nous ne tenons compte que du moment fléchissant, qui est la sollicita-
le cas des systèmes concordants. Les équations du système ci-dessus peuvent se
tion prépondérante, ces coefficients s’obtiennent par les intégrales suivantes :
mettre sous la forme connue de Müller-Breslau. L’équation courante relative à
l’inconnue Mk s’écrit : L msk msj L M sF m sk
∂W
n-1
δ ukj = ∫0 EI
dx (a) δ kF = ∫
0 EI
dx (b) (6.2)
∂M k
= ck ⇔ ∑ δ uki Mi + δ kF = ck n
i=1
L = longueur totale = ∑l i
En développant l’expression précédente, le système des "n-1" équations de i=1
continuité prend la forme :
où msk (mk) et msj (mj) sont les moments fléchissants produits dans la section
u u
δ 11 M1 + δ 12 M 2 +...+δ 1un −1 M n −1 + δ 1 F = c1 courante s du système fondamental par les couples unitaires Mk=1 et Mj=1 agis-
............................................................ sant en k et en j, respectivement (Figure 6.8). MsF étant le moment fléchissant
u u u
δ k 1 M 1 + δ k 2 M 2 +...+δ kn −1 M n −1 + δ kF = c k dans la section courante du système de base sous l’action des charges extérieures
.............................................................. (F).
δ un −11 M 1 + δ un −12 M 2 +...+δ n −1n −1 M n −1 + δ n −1 F = cn −1
Mk=1
Chacune des équations exprime la condition de continuité de la poutre dé- k-1 k k+1
(a)
formée au-dessus d'un appui. L’équation k par exemple, exprime que la rotation
relative entre les lèvres de la coupure au-
dessus de l'appui k est égale au manque de Tangente
concordance correspondant. Dans le cas d’un d 1
(θ k ) lk lk+1
système concordant cette rotation relative est Mj=1
g
nulle ; ou encore que la rotation à gauche ( θ g ) (θ k ) j-1 j j+1
k k (b)
est égale à la rotation à droite ( θ dk
) ; ce qui
signifie aussi qu'en chaque point (appui par Figure 6.7
exemple) il n'y a qu'une tangente car la ligne 1
lj lj+1
élastique (la déformée) est continue (Figure 6.7). 4m
u et δ Figure 6.8 : Diagrammes msk et msj
Signification des coefficients δ ij iF
On constate que chaque couple unitaire produit un moment fléchissant uni-
u et δ
Les coefficients δ ij iF représentent les rotations relatives des lèvres de quement sur les deux travées situées de part et d'autre de l'appui où il est appli-
la section coupée i du système de base. Les premières sont des rotations par unité qué. Pour que les moments dans la section courante s produits par Mk=1 et Mj=1
de couple. soient simultanément différents de zéro, il faut que les indices k et j ne diffèrent
u est la rotation relative des lèvres de la section i du système de base, pas de plus d'une unité. On en déduit que les coefficients δ ukj sont nuls dès que k
• δ ij
diffère de j de plus d'une unité. Ainsi, dans l'équation (6.1) seuls les coefficients
sous l’effet d’un couple unitaire appliqué aux lèvres de la coupure j (les sections
δ uk −1 k , δ ukk et δ uk k +1 sont différents de zéro.
i et j se trouvant dans le cas présent au dessus des appuis intermédiaires i et j).
• δ iF est la rotation relative des lèvres de la section i du système de base, Compte tenu de ce résultat, l'équation générale de continuité (6.1) se simpli-
fie et devient :
sous l’effet des charges extérieures (notées F).
δ uk k -1 M k −1 + δ uk k M k + δ ukk +1 M k +1 + δ kF = ck (6.3)
A- Poutres continues à âme pleine 105 1 06 C A L C U L D E S S T R U C T U R E S H Y P E R S T A T IQ U E S
ou encore : d'où :
δ uk k -1 M k −1 + δ uk k M k + δ ukk +1 M k +1 = ck − δ kF (6.4) lk x x dx 1 lk x( l k − x )
tion, d'où son nom de "formule des trois moments". Si (EI)k est constante sur lk, on obtient :
6.3.2 Calcul des coefficients de la formule des trois moments lk
δ ukk −1 =
Il reste à calculer les coefficients intervenant dans l'équation (6.4). Considé- 6( EI )k
rons une poutre continue sans encastrement comportant n travées. Les diagram-
Ce dernier résultat - cas avec (EI)k constante sur la travée lk - s'obtient plus
mes unitaires permettant le calcul des coefficients δ ukk − 1 , δ ukk et δ ukk + 1 sont rapidement avec la méthode graphique ; il vient :
représentés à la figure 6.9.
1 1 1 lk
δ ukk −1 = .1. lk =
( EI )k 2 3 6 ( EI )k
Mk-1=1
(a)
k-2 k-1 k Si la rigidité flexionnelle varie sur chaque travée, on calcule les coefficients
analytiquement comme on l'a fait pour δ ukk −1 .
Pour le reste des calculs nous supposons que EI est constante sur chaque tra-
1
lk-1 lk vée.
Mk=1
• Calcul de δ ukk (méthode graphique)
k-1 k k+1
(b) 1 1 2 1 1 2 lk lk +1
δ ukk = .1. lk + .1. lk +1 = + (6.6)
( EI )k 2 3 ( EI )k +1 2 3 3( EI )k 3( EI )k +1
L n li lk
δ kF = Rkg ( F ) + Rkd ( F ) (6.9)
msk msk −1 msk msk −1 msk msk −1
δ ukk −1 = ∫
0 EI
dx = ∑∫
i=1
o ( EI )i
dx = ∫
0 ( EI )k
(6.5)
- Rkg ( F ) = rotation de la section k (au-dessus de l'appui k) du système statique
de base sous l'effet des charges extérieures agissant sur la travée lk.
avec :
x x - Rkd ( F ) = rotation de la section k du système statique de base sous l'effet des
msk −1 = 1 − et msk =
lk lk charges appliquées sur la travée lk+1.
A- Poutres continues à âme pleine 107 1 08 C A L C U L D E S S T R U C T U R E S H Y P E R S T A T IQ U E S
• Calcul pratique de δ kF 1 1
δ kF = Ωk z k + Ω k + 1 z k +1 (6.11)
ère l k ( EI )k l k +1 ( EI )k +1
1 méthode
Considérons les travées lk et lk+1 (du système isostatique de base) adjacentes - Ωk est l’aire du diagramme MsF sur la travée lk.
à l'appui considéré k. Les deux travées constituent deux poutres simplement - Ωk+1 est l’aire du diagramme MsF sur la travée lk+1.
appuyées comme on l’a vu. - zk distance de l’appui “ k-1 ” au centre de gravité de Ωk.
Le diagramme des moments fléchissants de chaque poutre sous les charges - z k +1 distance de l’appui “ k+1 ” au centre de gravité de Ωk+1.
extérieures peut être aisément obtenu. Selon la méthode de la poutre conjuguée,
utilisée pour le calcul des déplacements des systèmes isostatiques (voir chapitre • Calcul de ck
2), si on charge (fictivement) les poutres par leurs diagrammes des moments Le manque de concordance d’un appui est représenté par le déplacement li-
respectifs divisés par la rigidité flexionnelle (qf=MsF/EI), alors R kg ( F ) et néaire ou angulaire qu’il subit depuis sa position concordante jusqu’à sa position
réelle. Dans le cas présent, les manques de concordance à introduire sont des
R kd ( F ) constituent la réaction en k de la poutre de gauche et la réaction en k de la
déplacements angulaires et la position concordante correspond à la position hori-
poutre de droite, respectivement (Figure 6.10). zontale.
MsF/EI Les manques de concordance proviennent des dénivellations ∆ que peuvent
subir les appuis (Figure 6.11). Comme nous travaillons dans le cadre des petits
k-1 k k+1 déplacements, les dénivellations sont suffisamment petites et de ce fait les angles
de discontinuité (Figure 6.11c) peuvent être confondus avec leurs tangentes.
lk lk+1 g( F ) d( F )
R R
k k
k-1 k k+1
a) Diagramme MsF b) Poutres conjuguées (a)
∆k-1 ∆k+1 α β
Figure 6.10
∆k (c)
2ème méthode
(b)
Sachant que le moment msk vaut “ x/lk ” sur la travée lk et “ 1-x/lk+1 ” sur la (a) Position concordante.
travée lk+1, l’équation (6.8) devient : (b) Position réelle.
lk lk+1
lk M sF x lk + 1 M sF x
δ kF = ∫
0 l k ( EI )k
dx + ∫0 ( EI )k +1
(1−
l k +1
)dx
Figure 6.11
1 lk xM sF 1 lk + 1 ( l k +1 − x ) M sF
=
lk ∫
0 ( EI )k
dx +
l k +1 ∫ 0 ( EI )k +1
dx Le manque de concordance est donné par :
ck = α + β = tgα + tgβ = (∆k- ∆k-1)/lk + (∆k- ∆k+1)/lk+1
La première intégrale représente le moment statique du diagramme
“ MsF/(EI)k ” sur la travée lk par rapport à l’appui “ k-1 ” alors que la deuxième = (∆k- ∆k-1)/lk - (∆k+1- ∆k)/lk+1 (6.12)
donne le moment statique du diagramme “ MsF/(EI)k+1 ” sur la travée lk+1 par
Les dénivellations sont comptées positivement vers le bas.
rapport à l’appui k+1. L’équation précédente peut s’écrire :
En introduisant dans l'équation des trois moments (6.4) les valeurs trouvées
S S k +1 des différents coefficients on obtient :
δ kF = k + (6.10)
lk l k +1
lk m sk msk −1 lk 2
msk lk + 1 2
msk On peut remplacer le second membre par la réaction fictive agissant en k :
M k −1 ∫0 ( EI )k
dx + M k
∫ 0 ( EI )k
dx + ∫0
dx +
( EI )k +1 RkF = Rkg ( F ) + Rkd ( F ) . Cette réaction est positive si elle est dirigée de bas en haut.
lk + 1 msk msk +1 On écrit l'équation des trois moments pour chaque appui intermédiaire.
+ M k +1 ∫0 ( EI )k +1
dx = (6.13)
6.3.3 Points particuliers
∆ − ∆ k − 1 ∆ k +1 − ∆ k lk msk M sF lk + 1 msk M sF
= k
lk
−
l k +1
− ∫
0 ( EI )k
dx − ∫
0 ( EI )k +1
dx 1) Présence d'un encastrement : on remplace l'encastrement par une poutre
adjacente dont on fera tendre la longueur vers zéro en appliquant la formule des
trois moments.
ou encore :
2) Présence d'un porte-à-faux (console) : la console sera remplacée par ses
M k −1 x( lk − x )
lk 1 lk x 2 1 lk +1 ( lk +1 − x )2 effets, pour l'application de la formule des trois moments.
lk2 ∫0 ( EI )k
dx + M k 2
lk 0 ( EI )k
dx + 2∫
lk +1 0 ( EI )k +1
dx +
∫ 3) Couple concentré en un appui intermédiaire : on peut soit le diviser entre
les deux travées adjacentes, soit le reporter sur l'une des deux.
k +1 − x ) ∆ − ∆ k −1 ∆ k + 1 − ∆ k
M l k + 1 x( l
+ 2k +1
lk +1 0 ∫
( EI )k +1
dx = k
lk
−
lk +1
(6.13)’
6.3.4 Calcul des éléments de réduction
1 lk xM sF 1 lk + 1 ( lk +1 − x ) M sF
−
lk ∫ 0 ( EI )k
dx −
lk +1 ∫0 ( EI )k +1
dx 1) Réaction de l’appui k
- Action des moments aux appuis seuls (Figure 6.12).
Ces expressions sont valables dans le cas général.
M k −1 − M k
Cas particuliers Rkg( M ) = ; Mk-1 Mk Mk+1
lk
1) Chaque travée a sa rigidité flexionnelle constante. k
M k +1 − M k
R kd( M ) = k-1 k+1
lk l l l k +1 l k +1 R
g
R
d
M k −1 + 2 M k k + k +1 + M k + 1 = k( M ) k( M )
( EI )k ( EI )k ( EI )k +1 ( EI )k +1 lk lk+1
- Action des forces extérieures :
∆ − ∆ k −1 ∆ k +1 − ∆ k 6 lk
= 6 k
lk
−
l k +1
−
l k ( EI )k
∫ 0
M sF xdx (6.14) Rk ( F ) = R kg( F ) + R kd( F ) Figure 6.12
6 lk + 1 d'où :
−
l k +1 ( EI )k +1 0 ∫
M sF ( l k +1 − x )dx
M k −1 − M k M k +1 − M k
Rk = Rk ( F ) + + (6.17)
2) Rigidité flexionnelle constante sur toute la poutre. lk l k +1
M k −1 l k + 2 M k ( l k + l k +1 ) + M k +1 l k +1 = 2) Moment fléchissant
∆ − ∆ k −1 ∆ k +1 − ∆ k 6 lk Le diagramme final est obtenu par superposition des diagrammes (des travées
= 6 EI k
lk
−
l k +1
−
lk
∫ 0
M sF xdx (6.15)
isostatiques) des charges extérieures et des moments appliqués aux appuis. Cher-
chons l’expression du moment fléchissant dans la section courante de la travée lk
6 l
∫
k +1
− M sF ( l k +1 − x )dx (d’abscisse x par rapport à l’appui k-1).
l k +1 0
Chaque travée lk du système de base se comporte comme une poutre bi-
3) Le système est concordant et EI est constante sur toute la poutre. articulée sollicitée, en plus des charges extérieures, par deux couples Mk-1 et Mk
M k − 1 l k + 2 M k ( l k + l k + 1 ) + M k + 1 l k +1 = appliqués à ses appuis. Si on désigne par M s( F ) le moment produit dans la sec-
lk lk + 1 (6.16) tion courante de lk par les charges extérieures qui lui sont appliquées, alors
6 6
=−
lk ∫ 0
M sF xdx −
l k +1 ∫
0
M sF ( l k +1 − x )dx l’expression générale du moment fléchissant s’écrit :
x
M s = M s( F ) + M k − 1 + ( M k − M k − 1 ) (6.18)
lk
A- Poutres continues à âme pleine 111 1 12 C A L C U L D E S S T R U C T U R E S H Y P E R S T A T IQ U E S
3) Effort tranchant
B- POUTRES EN TREILLIS ARTICULES
L’expression de l'effort tranchant dans la section courante d’abscisse x
s’obtient en dérivant par rapport à x l'expression du moment. Désignons par 6.5 SYSTEMES ISOSTATIQUES PLANS EN TREILLIS ARTICULES
Ts( F ) l’effort tranchant dû aux charges extérieures ; il vient :
6.5.1 Définitions
M − M k −1
Ts = Ts( F ) + k (6.19) a) Système en treillis articulé
lk
On appelle système en treillis articulé (système réticulé ou plus brièvement treil-
lis) un ensemble de pièces droites ou courbes, appelées barres, liées les unes aux
6.3.5 Exemple d'application q autres (en leurs extrémités) par des articulations. Les points d'assemblage des
Considérons une poutre à (a) barres sont appelés nœuds.
trois travées égales et à inertie
constante soumise à une charge 0 1 2 3 Membrure supérieure
l1=l l2=l l3=l
uniforme q (Figure 6.13a).
M1 M2 Montant Diagonale
La poutre est deux fois hy-
perstatique mais compte tenu de (b)
Membrure inférieure
la symétrie, il n’y a qu’une seule
inconnue. On écrit une fois M1=1 Figure 6.14 : Poutre isostatique
l’équation des trois moments,
pour k=1. (c) ms1 b) Système plan en treillis articulé
M0 = M3 = 0 Lorsque les axes des barres et les charges appliquées sont situés dans un
1
M2=1 même plan, on parle alors de système plan.
et M 1 = M2 = M
(d) ms2 c) Système chargé indirectement
Equation des trois moments
(appui 1) : On dit qu'un système en treillis est chargé indirectement, si toutes les forces
1 extérieures sont appliquées exclusivement aux nœuds.
M 0 l0 + 2 M 1 ( l1 + l 2 ) + M 2 l 2 = (e) Ms(F) Si les charges sont appliquées en des points quelconques et notamment en des
( )
= −6 EI R1g ( F ) + R1d ( F )
ql2/8
endroits des barres autres que les nœuds, on parle alors de système chargé direc-
tement.
5 Ml = −6 EI ( 2 R );
g( F )
1 ql2/10
d) Système isostatique
(f) Ms(M)
R1g ( F ) = R1d ( F ) Si les équations de la statique suffisent à elles seules à la détermination com-
5 Ml = −12 EI R1g ( F ) plète du système, c'est-à-dire qu'elles permettent de calculer les réactions et les
efforts en tout point du système, le système considéré est dit isostatique. Dans le
1 2 ql 2 ql 3 ql2 /10
cas contraire, le système et dit hyperstatique.
R1g ( F ) = l =
2 EI 3 8 24 EI (g) Ms
ql2/40 6.5.2 Treillis chargés indirectement
2 2ql2/25
ql
⇒ M =− , M est dirigé Seuls les treillis isostatiques plans, chargés indirectement, seront envisagés
10 0.4ql 0.5ql
dans le sens opposé du sens dans ce chapitre.
(h) Ts
choisi arbitrairement. a) Théorème :
Les figures 6.13g et 6.13h 0.6ql
Lorsqu'un système plan en treillis articulé, constitué de barres droites, est
montrent les diagrammes de M chargé indirectement, chaque barre du système n'est soumise qu'à un effort nor-
et de T. Figure 6.13 mal constant.
A- Poutres continues à âme pleine 113 1 14 C A L C U L D E S S T R U C T U R E S H Y P E R S T A T IQ U E S
Considérons une barre du treillis. Le système étant en équilibre, chaque barre 6.5.3 Méthodes de calcul
le constituant l'est aussi. La barre étant articulée, ses extrémités ne sont le siège
On peut diviser les méthodes de calcul des systèmes en treillis articulés isos-
d'aucun moment. Les seules sollicitations qu'elle supporte sont les systèmes de
tatiques en deux catégories : les méthodes analytiques et les méthodes graphi-
forces concentrées aux extrémités.
R1 ques. La méthode graphique la plus répandue est celle de Cremona (tracé de
Chaque système de forces admet Cremona). Elle consiste à construire le polygone des forces en chaque nœud. Les
une résultante. Les résultantes (R1 et méthodes analytiques les plus usuelles sont la méthode des nœuds et la méthode
R2) doivent obligatoirement être éga- des sections. Les trois méthodes citées seront présentées.
les et opposées pour que l'équilibre
Il faut souligner que, indépendamment de la méthode utilisée, on doit tou-
puisse se réaliser. En définitive, la
jours commencer par le calcul des réactions.
barre n'est soumise qu'à un effort
normal constant pouvant être une a) Méthode des nœuds
R2
traction ou une compression.
Principe : La méthode consiste à isoler le nœud considéré par des coupures
b) Condition d'isostaticité libérant les efforts dans les barres et à projeter toutes les forces, efforts normaux
Figure 6.15 : Barre d'un treillis et forces extérieures, agissant sur le nœud suivant deux axes perpendiculaires.
Les barres n'étant soumises qu'à
chargé indirectement
des efforts normaux, en chaque nœud On doit obligatoirement entamer les calculs par un nœud auquel n'aboutissent
du treillis il y a un système de forces que deux barres (2 inconnues, 2 équations). Puis on passe à un nœud qui ne pré-
en équilibre. L'équilibre d'un système y sente pas plus de deux inconnues.
agissant sur une particule, un nœud F1
par exemple, est vérifié si la résul- Exemple d'application
x
tante est nulle ou si les projections F1
suivant 2 directions perpendiculaires P/2 P P/2
y
(x et y par exemple), sont nulles (ΣFx C 4 E 8 F
= 0, ΣFy = 0). Fn α
3 7 9 x
Fi h 1 5
Si n désigne le nombre de nœuds A 2 6 B
Figure 6.16 : Nœud d'un treillis D G
(les appuis sont aussi des nœuds, n = chargé indirectement
10 pour le système de la figure 6.14), l l l l
le nombre d'équations d’équilibre de la statique qu'on peut écrire est égal à 2n.
Soient b le nombre de barres et l le nombre de liaisons dans les appuis. La Figure 6.18 : Poutre isostatique
condition d'isostaticité s'écrit :
• Nœud A
2n = b+l (6.20)
N1 Le choix du sens des efforts dans les barres est arbi-
Il faut cependant préciser que la condition (6.20) peut s'avérer insuffisante à traire. Le sens choisi correspond à la traction ; le calcul
prouver l'isostaticité d'un treillis ; le système doit en outre être géométriquement montrera pour chaque barre la nature exacte de l'effort
invariable. qu'elle porte.
N2
Une règle simple dite règle A Σ F x = 0 ⇒ N2 = 0
de la maille triangulaire per-
met de vérifier si le système est ΣFy = 0 ⇒N1 = -P (le signe "-" indique que la
RA=P barre 1 est soumise à une compression).
isostatique et stable. Cette règle
s'énonce comme suit : si, par-
tant d'une maille triangulaire, Figure 6.17 : Système vérifiant
on arrive à reconstituer le sys- la condition 6.20 mais instable
tème en ajoutant 2 barres à la
fois, alors le système est isostatique stable.
A- Poutres continues à âme pleine 115 1 16 C A L C U L D E S S T R U C T U R E S H Y P E R S T A T IQ U E S
• Nœud C La figure 6.19 ci-après montre la nature de l'effort dans les barres étudiées.
ΣFx = 0 ⇒ N3 cosα + N4 = 0 P
N4 P/2 P/2
α ΣFy = 0 ⇒ P - N3 sinα = 0
N3 d'où :
P
N3 = (traction) P P
N1=P sin α
Figure 6.19 : Représentation de la nature des efforts
P
et N 4 = − (compression)
tgα Convention :
• Nœud D - Flèches vers les nœuds = compression
- Flèches vers le centre = traction
- 0 = effort nul
N3=P/sinα
N5 ΣFx = 0 ⇒ N 6 = N 3 cos α = b) Méthode des sections (ou de Ritter)
P
= (traction) Principe : La méthode consiste à pratiquer dans le système une coupe ne
tgα rencontrant pas plus de 3 barres (sauf dans des cas précis) non concourantes, de
N2=0 α
N6 ΣFy = 0 ⇒ N 5 = − N 3 sin α = façon à séparer le treillis en deux parties. Pour trouver l'effort dans une des
D barres, on écrit l'équation d'équilibre de rotation de l'une des deux parties par
= − P (compression)
rapport au point d'intersection des autres barres (Figure 6.20).
ΣM/A = 0 ⇒ N5 = …
• Nœud E 6
ΣM/B = 0 ⇒ N4 = … B 5
P
ΣFx = 0 ⇔ + N8 + N7 cos α = 0 ΣM/C = 0 ⇒ N6 = … 4 C
P/2 tgα (partie de droite) A
N4=P/tgα E
N8 P Figure 6.20
α ΣFy = 0 ⇒ N7 = (traction) NB : Le point d'in-
2 sin α tersection des barres par
3 P rapport auquel on calcule les moments n'est pas nécessairement un nœud du
⇒ N8 = − (compression)
2 tgα système (d'où l'intérêt à travailler graphiquement).
N7
N5=P Cas particuliers
1) Deux barres coupées sont parallèles (point d'intersection rejeté à l'infini)
• Nœud F (Figure 6.21)
3 P
ΣFx = 0 ⇒ N8 ' = − (compression) K H
P 2 tgα
N8=(3/2)P/tgα
N8' ΣFy = 0 ⇒ N9 = − P (compression)
F A
L J
N9
L'effort NKH est obtenu à partir de l'équation ΣM/J = 0 et l'effort NLJ dans la
barre LJ s'obtient à partir de : ΣM/K = 0. Pour calculer NKJ, on utilise une équa-
tion d'équilibre de translation, ΣFy = 0 par exemple ; ou bien une équation
d'équilibre de rotation par rapport à un appui, ΣM/A = 0 par exemple.
A- Poutres continues à âme pleine 117 1 18 C A L C U L D E S S T R U C T U R E S H Y P E R S T A T IQ U E S
2) Plus de trois barres coupées : la méthode de Ritter peur être appliquée à 1 Z'
condition que les barres coupées soient toutes convergentes sauf une. sin α = = , d'où : Z' = 4 5 m
5 4
I et : N 6 = −5.59 t
(a)
6 9
3 Pour calculer les efforts dans les barres 1, 2 et 3 on écrit les équations d'équi-
libre de translation en A et C. On peut également appliquer la méthode de Ritter.
2 5 8
1
4 7
(a)
I Nature des efforts
La coupe a-a (Figure 6.22) présente trois barres concourantes 4-5, 5-6 et 6-9 Remarque : Dans la pratique, les bras de leviers peuvent être mesurés graphi-
en 6 et l'équation ΣM/6=0 donne l'effort N47. L'effort N47 connu, on fait la coupe quement ce qui présente l'avantage de faciliter le travail.
I-I et il n'y a plus que trois efforts inconnus.
Intérêt de la méthode des sections : elle permet de calculer directement l'ef-
fort de n'importe quelle barre et constitue de ce fait un excellent moyen de vérifi- c) Méthode de Cremona (tracé de Cremona)
cation des résultats obtenus par les autres méthodes. Principe : La méthode consiste à tracer le polygone d'équilibre des forces
appliquées à chaque nœud. Tous les nœuds étant en équilibre, les polygones sont
Exemple d'application nécessairement fermés.
Pour pouvoir appliquer la méthode, il est nécessaire que le système possède au
2t
moins un nœud auquel n'aboutissent que deux barres.
Les étapes de la méthode :
3t 6 3t 1m
Z' 1) On représente le système dans une échelle des longueurs.
i 7
Z
2 5 2) On calcule les réactions puis on numérote :
1m
3
A α α B a) Les intervalles entre les forces extérieures en tournant dans un sens, le
1 4
j
sens horlogique par exemple.
c
b) Les intervalles du réseau (domaines intérieurs délimités par les barres).
2m 2m 2m 2m
RA RB Ainsi, chaque barre se trouve caractérisée par deux chiffres désignant les
Figure 6.23 intervalles (domaines) adjacents.
3) On construit le polygone des forces extérieures, dans une échelle des for-
8
Réactions : R A = R B = t=4t ces choisie ; ce polygone est fermé puisque les forces extérieures sont équilibrées
2 par les réactions (équilibre global). On précise le sens des forces par des flèches.
ΣM/i = 0 ⇔ 2RA – N4 = 0 ⇒ N4 = 8 t (traction) 4) On trace ensuite le polygone des forces agissant sur chaque nœud (forces
ΣM/A = 0 ⇔ 2x3t + ZN5 = 0, extérieures et efforts dans les barres) en commençant par un nœud auquel abou-
4 3t tissent seulement deux barres puis on passe à un nœud n'ayant que deux efforts
avec : Z = m i inconnus.
5
N5 N.B. : Les directions des efforts sont connues (orientations des barres) et leurs
3 sens et intensité sont obtenus en fermant chaque polygone.
⇒ N5 = − 5t N4
2
RA=4t
ΣM/j = 0 ⇔ Z'N6 – 2x3t + 4RB = 0 2m
⇒ Z'N6 = -10 tm
A- Poutres continues à âme pleine 119 1 20 C A L C U L D E S S T R U C T U R E S H Y P E R S T A T IQ U E S
Exemple d'application 4- Construction des polygones des forces agissant sur chaque nœud.
Soit à calculer les efforts dans les barres de la poutre représentée à la figure a) Nœud A : Les efforts intervenant sont : N16, N65 et F51. Cette dernière
6.24 déjà calculée par la méthode de Ritter. force étant connue et représentée sur le polygone des forces extérieures.
Notons que seul le point 6 est indéterminé.
2t
(3)
E
2 3
3t 3t
C G 1
8 9 l (6)
1 4
6 7 10 11 2
A B
D F 6
(2) 5
l l l l (4) 3
7
RA=4t 5 RB=4t 8
(4)
Figure 6.24 (5) 4
1- Numérotation des domaines extérieurs (délimités par les forces appli- A partir du point 1 on trace une parallèle à la barre AC (N16) et à partir de 5
quées et les réactions) : 1, 2, 3, 4 et 5 (sens horlogique, Figure 6.24). on mène une parallèle à AD (N65). L'intersection des deux parallèles détermine le
2- Numérotation des domaines intérieurs (mailles) : 6, 7, 8, 9, 10, 11 (de point 6 cherché. Pour connaître le sens des efforts N16 et N65, on ferme le poly-
gauche à droite). On pouvait choisir des lettres à la place des chiffres gone en partant de l'effort connu, F51 (schémas ci-dessous).
(Figure 6.24).
1
On peut maintenant numéroter chaque effort (extérieur ou interne), avant de (compresion)
N16
passer à l'étape suivante. Chaque effort est caractérisé par les deux chiffres des A (traction)
domaines qui sont adjacents à sa direction. Les efforts internes agissant sur les N65
nœuds sont numérotés en tournant dans le sens horlogique (Figure 6.25).
F51
6 5
F23=2t
E N39
Les flèches obtenues en fermant le polygone (des efforts agissant sur le nœud
N82 A) indiquent la nature de chaque effort.
F12=3t F34=3t
N98
C N28 b) On passe ensuite au nœud D où seuls les efforts dans les barres DF et
N61 N87 DC sont inconnus.
N16 N76 Efforts intervenant : N56 (connu puisque N65 est connu), N67 et N75. Dans ce
A N67
cas également, seul le point 7 est indéterminé.
N65 N56 D N75 F
A partir de 6 on mène une parallèle à DC (N67) et à partir de 5 on trace une
F51=4t F45=4t
Figure 6.25 parallèle à DF (horizontale) (N75). L'intersection des deux parallèles se fait au
point 6, donc le point 7 est confondu avec 6. Le polygone des forces en D (N56,
3- On trace le polygone des forces extérieures (forces appliquées et réac- N67 et N75) se limite au segment 5-7 ; donc l'effort N67 = 0 (voir schémas ci-
tions). Ce polygone est représenté par le segment vertical : 1-2-3-4-5-1 dessous).
(Figure 6.26).
A- Poutres continues à âme pleine 121 1 22 C A L C U L D E S S T R U C T U R E S H Y P E R S T A T IQ U E S
8
a
6 N56 5 N56 (traction)
7 N76 D N75 (traction) 7
5
6
c) Point C : Efforts intervenant : N61, F12, N28, N87 et N76 (N67 = N76 = 0). 2
Seul le point 8 reste à trouver.
4 4'
A partir du point 2 on trace une parallèle à CE (N28) ; puis à partir de 7 on 1 3
a
mène une parallèle à CF (N87). L'intersection des deux parallèles détermine la
position du point 8. On ferme ensuite le polygone pour déterminer le sens des Figure 6.27 : Ferme type Polonceau
efforts inconnus (N87 et N28) (N61→F12→N28→N87 et N76) (schémas ci-après).
Ayant amorcé le Cremona en 1, en arrivant en 4 on se trouve en présence de
F12
3 efforts inconnus (N45, N46 et N44'). La coupe a-a' permet de calculer directement
1
l'effort N44' (Σ M/8=0) ; après quoi on poursuit normalement le tracé de Cremona.
N28
C 2) Barres ne travaillant pas (N=0)
N61
2 N87 Dans l'exemple ci-contre, cinq
6 P
barres ne travaillent pas (N=0) ;
N76
7 néanmoins, elles sont nécessaires
8 car elle contribuent à :
- assurer l'indéformabilité et
l'isostaticité du système ;
- réduire les longueurs de Figure 6.28 : Poutre avec plusieurs
flambement ; barres non sollicitées
- faciliter les dispositions
constructives.
Remarques :
1) Utilisation combinée du tracé de Cremona et de la méthode de Ritter
Lors d'un tracé de Cremona, on ne peut pas franchir les nœuds auxquels aboutis-
sent plus de deux barres dont les efforts sont inconnus. La méthode de Ritter
permet de franchir ces nœuds. Il suffit d'effectuer une ou plusieurs coupes don-
nant les valeurs des efforts dans les barres "surabondantes". Ce cas se présente
fréquemment dans les fermes dites "Polonceau" (Figure 6.27).
A- Poutres continues à âme pleine 123 1 24 C A L C U L D E S S T R U C T U R E S H Y P E R S T A T IQ U E S
Exercice 6.1
(0) (2) EI=Cte
(1)
P=2t q=1t/m C=4tm
1m 3m 2m
(1) EI=Cte
(2) (3)
3m 3m 5m 2m Exercice 6.6
q P=ql/2
Exercice 6.2
EI=Cte
(1) (2) (3)
q=1t/m C=3tm q=1t/m
l l/2 l/2
EI=Cte
(0) (1) (2)
2m 3m 3m 2m
Exercice 6.7
q q EI=Cte
P=5t (1) (2) (3) (4)
l l/2 l/2 1
EI=Cte
(1) (2) (3) (4)
Exercice 6.8
8m 6m 4m 2m
F2=4.8t
F1=2.375t
Exercice 6.4 1.5t/m
2.8t/m 1.5t/m 2.8t/m
P=12t A B C D E
q=4.5t/m 1m 2m
q=2t/m
3I 2I I 3m 7m 5m 1m
(0) (1) (2) (3)
12m 4m 4m 4m
La section de la poutre, de forme rectangulaire (bxh), varie d'un tronçon à l'autre
comme suit : SAB=20x55 cm2, SBC=25x60 cm2, SCD=25x50 cm2, SDE=25x40 cm2.
A- Poutres continues à âme pleine 125 1 26 C A L C U L D E S S T R U C T U R E S H Y P E R S T A T IQ U E S
(A) Exercice 6.11: M0=0, M1=548.4 kgm, M2=-443.0 kgm, M4=98.4 kgm,
x1
R0=4.00 t, R1=11.10 t, R2=34.95 t , R3=25.95 t.
15m Exercice 6.12 : x1=3 m, MA=-1125 kgm, MTmax=729 kgm (x=4.42 m),
MB=3600 kgm, RA=884.1 kg, RB=2 615.9 kg,
Soit la poutre représentée ci-dessus dont la rigidité fléxionnelle est constante γB=0.003726 rd, f=2.96 cm, Menc=578 kgm.
et vaut 1200 tm2. Signes : Les poutres considérées étant toutes horizontales, un moment positif
1) Quelle valeur faut-il donner à x1 pour que les moments en A et B soient signifie que les fibres inférieures sont tendues, et inversement. Une réaction
égaux. verticale positive est orientée vers le haut. Pour les déplacements, une rotation
est positive si la section tourne dans le sens horlogique alors qu'une flèche est
2) Prenons x1=4 m. On demande de : positive quand le déplacement se fait vers le bas.
2.1) tracer les diagrammes de M et de T,
2.2) calculer la rotation de la section B, 6.5.4 Exercices
2.3) calculer la flèche de l'extrémité libre de la poutre.
Exercice 6.13 : Poutre en K.
3) La même poutre est libre de toute charge mais son appui B subit un
affaissement de 20 mm. Calculer le moment qui apparaît dans l'encastrement.
A- Poutres continues à âme pleine 127 1 28 C A L C U L D E S S T R U C T U R E S H Y P E R S T A T IQ U E S
Déterminer les efforts dans les barres suivantes: 5-6 ; 5-9 ; 6-9 ; 9-13 ; 12-13.
Rép. :
Rép. : N56=-5.44 t, N59=-0.19 t, N69=0.26 t, N913=-0.26 t, N1213=5.44 t.
On trace :
9
2t (3)
3m 5 6 8
4 7 1
1 2 3
5 "14"
2m 4m 2m (4)
3
F12 P=20t
D N26
Exercice 6.17
Déterminer les efforts dans les montants 1, 2 et 3 ainsi que l'expression géné-
rale donnant l'effort Nm dans le montant courant m.
m
3 2 1 α
P P P P P P P
a a a a a a a
Exercice 6.16
Déterminer les efforts dans les barres numérotées de 1 à 3.
a
P
1 2
3
30°
L'hyperstaticité peut être interne, s'il y a des barres surabondantes (on parlera
dans ce cas d'inconnues hyperstatiques intérieures) ; externe, s'il y a des liaisons Si EA est constante pour chaque barre, il vient :
surabondantes aux appuis (inconnues hyperstatiques extérieures). Souvent les b
nki nkj b
∑ ( EA ) ∑ ( EA )
N kF nki
systèmes hyperstatiques comportent des inconnues hyperstatiques des deux ty- δ iju = lk δ iF = lk
pes. k =1 k k =1 k
k-1 k k+1
r 1 n=H
m+1
s
m-1
m
A B
Figure 6.30
Figure 6.29 Chacun des n panneaux du système comporte une diagonale surabondante.
Le système fondamental (isostatique) s'obtient en effectuant des coupures dans
Les seules inconnues hyperstatiques de la poutre représentée ci-dessus pro- les n diagonales surabondantes.
viennent des appuis simples surabondants. Les efforts N1(X1), …, Nk-1, Nk, Nk+1, …, Nn dans les diagonales sectionnées
En appliquant la méthode des forces on commence par choisir un système s'obtiennent à partir des équations générales. Le système d'équations s'écrit :
fondamental par suppression des liaisons surabondantes.
δ 11
u u
N1 + δ 12 N 2 +...+δ 1uk −1 N k −1 + δ 1uk N k + δ 1uk +1 N k +1 +...+δ 1nn Nn + δ 1F = 0
Un premier système fondamental est obtenu par suppression des deux appuis
intermédiaires ; on obtient ainsi une poutre isostatique et les deux réactions sup- ................................................................................................
primées seront déterminées par application de la méthode des forces. u u u u u u
δ k 1 N1 + δ k 2 N2 +...+δ kk −1 N k −1 + δ kk N k + δ kk +1 N k +1 +...+δ kn N n + δ kF = 0
Nous pouvons également transformer la poutre en un ensemble de trois pou- ................................................................................................
tres isostatiques en sectionnant les barres r et s. Il faut noter que les barres r et s δ u N + δ u N +...+δ u N + δ u N + δ u N +...+δ u N + δ = 0
sont coupées et non supprimées. Les efforts normaux dans les barres r et s cons- n1 1 n2 2 nk −1 k −1 nk k nk +1 k +1 nn n nF
tituent les inconnues hyperstatiques. Intéressons-nous à la kème équation (relative à la diagonale k).
Les équations de continuité s'écrivent de façon unique quelque soit le sys- δ uk 1 N 1 + δ uk 2 N 2 +...+δ ukk −1 N k −1 + δ ukk N k + δ ukk +1 N k +1 +...+δ ukn N n + δ kF = 0
tème fondamental choisi.
A- Poutres continues à âme pleine 133 1 34 C A L C U L D E S S T R U C T U R E S H Y P E R S T A T IQ U E S
1 H
(a)
N k = N kF + ∑X n
i =1
i ki
Nk=1
6.6.3 Exemple d'application
1
m+1
1
m
P a P
(b)
4
(EA) = identique pour
Nk+1=1 toutes les barres
a/2 1 3 3' 1'
1
m+1
2 2'
1 H = b + l - 2n
= 7 + 4 - 10 = 1
(c) a a
Figure 6.31
Ainsi le coefficient δ uki sera nul dès que k diffère de i de plus d'une unité.
Nous avons deux possibilités de rendre isostatique le système, soit en coupant
L'équation générale de continuité s'écrit donc : la barre 4 soit en enlevant l'appui intermédiaire.
1ère méthode : on supprime l'appui intermédiaire.
δ ukk −1 N k −1 + δ ukk N k + δ ukk +1 + δ kF = 0
Trois efforts normaux apparaissent dans cette équation d'où son nom de for-
mule des trois N.
P P
B 4
y
1 3
A
x
2
Système fondamental (S.F.) RA=P RA'=P
• Nœud A
N1F ΣFy = 0 ⇔ N 1 F / 2 + P = 0
P P ⇒ N 1F = -P 2
45° ΣFx = 0 ⇔ N 2 F + N 1 F / 2 = 0
N2F
⇒ N 2 F = − N 1F / 2 = P
P
avec : 90°
45° ⇒ N3F = 0
7 7
ΣFx = 0 ⇔ −( P 2 ) / 2 + N 4 F = 0
nk21 1
u
δ 11 = ∑∫
k =1 lk
( EA )k
dx =
EA k = 1 ∑
nk21lk
P 2
N3F
⇒ N 4F = − P
u
2 Les coefficients δ 11 et δ 1F s'obtiennent par sommation sur les colonnes cor-
ΣFy = 0 ⇒ n11 =
2 respondantes. Les sommes obtenues sont ensuite divisées par EA.
1
ΣFx = 0 ⇒ n 21 =− L'équation de continuité s'écrit alors :
2
N.B.: n11 = n1'1 et n21 = n2'1 (par symétrie) 1 a 1
(2 2 + 3 )X1 − aP( 2 + 2 ) = 0
EA 2 EA
2( 2 + 2 )
• Nœud B d'où : X 1 = P X 1 = 1.172 P
2 2+ 3
L'effort total Nk dans la barre k s'obtient par addition des efforts dus à F (sol-
n41
45°
ΣFy = 0 ⇒ n 31 = − 2 / 2 licitation globale externe) et aux inconnues Xi.
90°
2 n31
ΣFx = 0 ⇔ (
2
/ 2 + n 31 / 2 + n 41 = 0
N k = N kF + ∑n
i =1
ki . X i
2
2
⇒ n 41 = 1 Il est pratique d'ajouter les deux dernières colonnes du tableau comme indi-
qué.
4
Nk=NkF+
Barre k lk (EA)k NkF nki Nkp.nki.lk n2kilk nki.Xi
nkiXi
1 3 3' 1'
1 a/ 2 EA −P 2 2 /2 −aP 2 2 a 2 4 0.828P -0.586P
2 2'
a) Efforts NkF (effort dans chaque barre sous l'action des charges extérieures).
B B'
X1=1 X1=1
P P
(a)
A C A'
HA'=0
1 3' 1'
- La barre 4 qui est sectionnée n'intervient pas dans ce cas. 3
- On a deux systèmes isostatiques symétriques. 2 1 1 2'
Figure 6.34
N1F
1 3
45°
2
N2F
P/2 P/2 P/2 • Nœud A
ΣFx = 0 ⇒ N 2 F = P / 2 P
1
N = N 3 F = N 1' F = N 3' F = − P / 2
En résumé, on a : 1 F 1 3
n11
N 2 F = N 2' F = P / 2
A 1 A 45°
2
b) Efforts nki n21
• Nœud B
A- Poutres continues à âme pleine 141 1 42 C A L C U L D E S S T R U C T U R E S H Y P E R S T A T IQ U E S
2 1 n
B 1 ΣFx = 0 ⇔ −( ) + 1 + 31 = 0 2' a " P/2 -1/2 -aP/4 a/4
45° 2 2 2
90°
⇒ n 31 = − 2 / 2 3' a/ 2 " −P / 2
- 2 /2 aP 2 4 a 2 4
2 n31
En utilisant la symétrie on peut résumer les a(2 2 + 3)
2
efforts : ∑ -aP/2 2
2 1
n11 = n1' 1 = , n 21 = n 2' 1 = −
2 2 u
δ 11 et δ1F étant connus, on peut calculer X1
2
n 31 = n 3' 1 =− , n 41 = 1
2 P
X1 = , X 1 = 0 .172 P
2 2 +3
On peut vérifier que les efforts dans les barres sont exactement ceux trouvés
avec la première méthode.
6.6.6 Exercice
Calculer les efforts dans les barres de la poutre représentée.
5
1 9
3 8 l
6
A 2 7 10 B
P P
l l l
Nk=MkF
Barre k lk (EA)k NkF nki NkF.nki.lk n2kilk nki.Xi
+nkiXi
Solution
1 EA −P / 2 −aP 2 4 0.121P -0.586P
a/ 2 2 /2 a 2 4
• Nœud C
y N4F
ΣFy = 0 ⇒ N 3 F = P
x ΣFx = 0 ⇒ N 4 F = − P
P 2 N3F
S.F.
• Nœud D
X2
P
N6F
ΣFy = 0 ⇒ N 6 F = 0
X1
ΣFx = 0 ⇒ N 7 F = P
P S.E. P P 45°
N7F
Equations canoniques du système :
P
u u
δ 11 X1 + δ 12 X 2 + δ 1F = 0
δ u21 X 1 + δ u22 X 2 + δ 2 F = 0 • Nœud E
1- Efforts NkF
P
ΣFx = 0 ⇒ N 9 F = − P / 2
C 4 E 45°
ΣFy = 0 ⇒ N 8 F = P
0 N9F
1 6 1 N1F N8F
3 8
A B 45°
2 7 10
D F N2F • Nœud F
P P P
RA=P RB=P P
ΣFx = 0 ⇒ N 10 F = P
1 6 1
3 8
A 2 7 10 B X1=1
RAX=1
D F
P P
A- Poutres continues à âme pleine 145 1 46 C A L C U L D E S S T R U C T U R E S H Y P E R S T A T IQ U E S
n41 • Nœud C
ΣFx = 0 ⇒ n 41 = 0
n42
0 ΣFy = 0 ⇒ n 31 = 0 45°
n31 ΣFx = 0 ⇒ n 42 = −1 / 2
1
0 ΣFy = 0 ⇒ n 32 = −1 / 2
n32
• Nœud D
ΣFy = 0 ⇒ n61 = 0 • Nœud D
0
n61 ΣFx = 0 ⇒ n71 = 1
1
1 45° n71 2 n62
ΣFy = 0 ⇒ n62 = 1
• Nœud F
0 ΣFx = 0 ⇒ n72 = −1 / 2
n72
n81
• Nœud F
ΣFy = 0 ⇒ n 81 = 0
1 n101 ΣFx = 0 ⇒ n101 = 1 1
n82 ΣFy = 0 ⇒ n 82 = −1 / 2
1
3 −
2 X 1 = −3 P
1
− 2( 1 + 2 ) X 2 P 2
2
d'où :
X 1 = −0 .964 P et X 2 = 0 .152 P
Efforts dans les barres
L'effort total dans la barre k vaut :
2
N k = N kF + ∑n
i =1
ki . X i
ou encore :
N k = N kF + n k 1 . X 1 + n k 2 . X 2 (Voir tableau)
1 50 C A L C U L D E S S T R U C T U R E S H Y P E R S T A T IQ U E S
(a) (b)
Figure 7.1
Figure 7.6
(a) (b)
Figure 7.7
7.8).
(a) Système initial
(b) Système de base
Figure 7.5
Méthod e des rotations 153 1 54 C A L C U L D E S S T R U C T U R E S H Y P E R S T A T IQ U E S
On a : MA wA(wA>0)
Mx = MA + RAx
A x B
EIy" = -MA - RAx
RA l
EIy' = -MAx - RA x2/2 + C
EIy = -MAx2/2 - RAx3/6 + Cx + D y Figure 7.9
(a) (b)
avec :
C = EIθ0 = EIwA et D = EIf0 = EI.0 = 0
Figure 7.8 donc :
EIy' = -MAx - RAx2/2 + EIwA
Pour terminer, on retient que la méthode des déplacements est caractérisée EIy = -MAx2/2 - RAx3/6 + EIwAx
par :
Conditions à l'extrémité B
1) Le blocage des nœuds.
En B (x = l), on a : θB = 0 et yB = 0
2) Un seul système de base possible, donc une façon unique de mettre le pro-
blème en équations (de ce fait, la méthode est particulièrement indiquée pour le D'où :
calcul automatique).
0 = -MAl - RA l2/2 + EIwA
3) Des liaisons ajoutées spéciales ; en effet,
0 = -MAl2/2 - RAl3/6 + EIwAl
• Les encastrements ajoutés supportent uniquement des moments et peuvent
ou encore :
par conséquent subir des translations.
• Les liaisons de translation supportent seulement des forces suivant la liaison l 2 M A EIw A 4 EIw A
ajoutée. l M A =
2 2 = ⇒ l
7.4 SOLLICITATION DES BARRES DROITES HYPERSTATIQUES l l 3
R = −
6 EIw A
(↓)
2 6 R A EIlw A
A
l2
Comme nous venons de le voir, le système de base est constitué de barres qui
peuvent être : On peut maintenant calculer RB et MB.
- encastrées aux deux extrémités
- encastrées d'un côté et appuyées de l'autre 4 EIw A 6 EIw A 2 EIw A
M B = M A + R Al = − =−
Ces barres sont sollicitées par : l l l
- les déplacements appliqués 6 EIw A
- les charges extérieures RA + RB = 0 ⇒ RB = (↑)
l2
Le calcul de ces poutres peut être effectué par l’une des méthodes exposées
précédemment comme la méthode des paramètres initiaux, la méthode des forces Application : Rotation unitaire (wA = 1)
ou encore la formule des 3 moments ou toute autre méthode.
4 EI 2 EI 6 EI 6 EI
MA = ;MB = − ; R A = − 2 ( ↓ ) ; RB = 2 ( ↑ )
7.4.1 Barres soumises à des déplacements d'appuis l l l l
Examinons à titre d’exemple le cas de la poutre encastrée à ses deux extrémi- b) Méthode des forces (Figure 7.10)
tés soumise à une rotation de l’un de ses appuis (Figure 7.9).
δ 11
u
M A + δ 12
u
M B + δ 1F = 1
a) Méthode des paramètres initiaux u
δ 21 M A + δ 22
u
M B + δ 2F = 0
On veut calculer les réactions. Soient RA, MA, RB et MB les composantes des
réactions aux appuis A et B qui apparaissent sous l'action de wA. δ1F = δ2F = 0 (pas de charges extérieures).
Méthod e des rotations 155 1 56 C A L C U L D E S S T R U C T U R E S H Y P E R S T A T IQ U E S
Les coefficients du système ci-dessus sont calculés à partir des figures 7.10c Tableau 7.1
et 7.10d.
w=1 w=1
1 1 2 l l
δ 11
u
= . .l .1. = ; δ 22
u
=
EI 2 3 3 EI 3 EI
l l
1 1 1 l
δ 12
u
= δ 21
u
= . .l .1. = 6EI/l² 2EI/l
6EI/l² 4EI/l
EI 2 3 6 EI
d'où :
4EI/l 6EI/l² 2EI/l 6EI/l²
l l M A 1 4 EI
3 EI M A =
6 EI = ⇒ l δ=1
l l
M = − 2 EI
3 EI M B 0
B δ=1
6 EI
l l l
6EI/l²
6EI/l² 12EI/l3 12EI/l3
wA=1
δ=1
MA MB
wA=1
(b) l δ=1
l
3EI/l3 2
3EI/l
3EI/l3
Figure 7.10 3
MA=1 3EI/l
3EI/l3
3EI/l²
(c)
w=1 w=1
1
l l
MB=1 3EI/l
3EI/l²
(d) 3EI/l2
3EI/l²
3EI/l² 3EI/l
1
δ=1
Le tableau 7.1 donne les réactions, les moments et les déformées des diffé- δ=1
rents cas de figure. l
l
3EI/l2
3
7.4.2 Barres soumises à des charges 3EI/l
3EI/l3
Les calculs peuvent être menés par les méthodes exposées dans les chapitres
précédents. Les diagrammes des moments et les réactions des cas de charge les 3EI/l3
3EI/l3 3EI/l2
plus courants sont regroupés dans le tableau 7.2.
Méthod e des rotations 157 1 58 C A L C U L D E S S T R U C T U R E S H Y P E R S T A T IQ U E S
q q
7.5.1 Nombre d’inconnues (K)
Le nombre d’inconnues de la méthode est égal au nombre de déplacements
l possibles (rotations Kr et translations Kt) des nœuds de la structure considérée.
ql²/8
ql²/12 ql²/12 K = Kr+Kt
5ql/8 - Kr = nombre de rotations - égal au nombre de nœuds de la structure (les ap-
ql/2 ql/2 9ql²/8
l
3ql/8 puis n’étant pas comptés comme nœuds).
ql²/24 5l/8 3l/8 - Kt = nombre de déplacements linéaires indépendants (voir § 7.2).
- K représente le nombre de liaisons (encastrements ou butées de translation)
a b a b ajoutées pour immobiliser les nœuds de la structure initiale.
P P
7.5.2 Equations d’équilibre
Pab²/l² Pab(a+2b)/2l²
Chaque équation exprime l’équilibre des réactions apparaissant dans une liai-
Pa²b²/l²
son ajoutée. Dans chaque liaison (i) introduite, la résultante des réactions, en-
2Pa²b²/l 3 Pa²b(2a+3b)/2l3
gendrées par les forces extérieures (RiF) et par les déplacements appliqués (Rij),
doit être nulle.
P(3a+b)b²/l3 P(a+3b)a²/l3 Pb(a²+2ab+2l²)/2l3 P(2a+3b)a²/2l3 Ainsi, dans l’exemple de la figure 7.11 ci-dessous les équations à partir des-
quelles seront tirés les déplacements inconnus (X1, X2 et X3) s’écrivent :
P P
R1 = R11 + R12 + R13 + R1F = 0
l/2 l/2 l/2 l/2 R2 = R21 + R22 + R23 + R2F = 0 (7.2)
Pl/8 Pl/8 R3 = R31 + R32 + R33 + R3F = 0
6Pl/32
X1
Avec : X2
(3) X3
R11 = réaction (moment réactif) (2)
P/2 11P/16 5P/16 (1)
P/2 apparaissant dans la liaison ajoutée
Pl/8 5Pl/32 1 (encastrement) sous l’action du
déplacement appliqué X1 (rotation). Figure 7.11
a b a b
R12 = réaction (moment) appa-
C C raissant dans la liaison 1 sous
l’action du déplacement X2.
Ca(3a-2l)/l²
6abC/l3 3C(l²-b²)/2l3 R31 = réaction (force horizontale) apparaissant dans la liaison 3 (liaison de
translation) sous l’action du déplacement X1.
C C Rij = réaction dans la liaison i, dont la nature est déterminée par celle de la
liaison, sous l’action du déplacement Xj.
3C/2l C/4 9C/8l En vertu du principe de superposition des effets nous pouvons écrire :
C/2 7C/16
Rij = riju X j (7.3)
C/4 C/2 3C/2l C/8 9C/16 9C/8l
Méthod e des rotations 159 1 60 C A L C U L D E S S T R U C T U R E S H Y P E R S T A T IQ U E S
∑j =1
riju X j + RiF + 0 i = 1, …, n (7.5)
m1
Sous forme matricielle le système d’équations canoniques s’écrit :
6EI/h²
[r u ][X ] = [− RF ] 2EI/h
Système de base
Méthod e des rotations 161 1 62 C A L C U L D E S S T R U C T U R E S H Y P E R S T A T IQ U E S
6Pl/32 31.25kg
68.75kg 62.5kgm
11P/16 5Pl/32
5P/16
MF MF
48kgm
Le sens de R1F est donné par celui choisi pour X1. L’équation d’équilibre du Le diagramme final des moments (M)
nœud déterminera le signe correct. s’obtient par superposition des diagrammes M1
Equation d’équilibre : et MF. On note que l’équilibre de rotation du 76kgm
nœud est satisfait.
6 Pl 6
R1 F + = 0 ⇒ R1 F = − Pl Les réactions aux appuis de système donné M
32 32 peuvent s’obtenir en reportant les réactions des
L’inconnue X1, peut être calculée maintenant : diagrammes M1 et MF aux appuis réels qui les
supportent.
24kgm
3
Pl
3 4 6 18
X 1 ( + )EI − Pl = 0 ⇒ X 1 = P P
l h 32 3 4 B 24kg RHB=24kg
( + )EI
l h
31.25kg 6.75kg
A.N : h = 300 cm et l = 400 cm m RVB=38kg
9 −5
X1 = 10 = rotation (en radian) du nœud rigide du système donné.
5
Pour passer du diagramme unitaire m1 au diagramme réel M1, on multiplie le RHA=24kg
24kg A
premier par X1. 68.75kg
6.75kg
6.75kg RVA=62kg
24kg *) Si X1 était négative on aurait in- A partir des réactions et des charges extérieures, on trace les diagrammes de
48kgm versé le diagramme et le sens des réac- N et de T.
tions.
27kgm 6.75kg
62kg
24kg
38kg
M1
24kg
24kgm N T
62kg
24kg
Méthod e des rotations 163 1 64 C A L C U L D E S S T R U C T U R E S H Y P E R S T A T IQ U E S
Exemple 2 8EI/l
ru22 R1F R2F
q=2t/ml
ql²/12
8EI/l
2EI 2EI r u
= 20EI/l R1F = 0 R2F = -ql²/12
22
K=2+0=2
EI l=4m
EI 4EI/l
S.D.
La résolution du système donne :
4 4 12
l l=4m X1 = − , X2 = = , ( EI ) en tm²
21EI 7 EI 21EI
X2 Diagrammes réels :
X1
Equations canoniques : Les diagrammes m1 et m2 sont multipliés par X1 et X2, respectivement.
r11
u u
X 1 + r12 X 2 + R1 F = 0
u 8/21 24/21
r22 X 1 + r22
u
X 2 + R2F = 0
S.F. 12/21
24/21
2/21 6/21
4EI/l 32
4EI/l 20 68
4EI/l
8EI/l 8EI/l 4
12
34
a) m1 b) m2
2EI/l ql²/12=56/21 2EI/l M(1/21)
ru11 ru12
8EI/l 4EI/l
ql²/24=28/21 2 6
ru11 = 12EI/l
ru12 = ru21 = 4EI/l
Effort tranchant et effort normal ; on détermine d’abord les réactions
4EI/l d’appuis.
c) MF
Méthod e des rotations 165 1 66 C A L C U L D E S S T R U C T U R E S H Y P E R S T A T IQ U E S
(F)
l
Pour passer des réactions unitaires aux réactions réelles on multiplie les réac- (a)
tions (1) et (2) par X1 et X2, respectivement.
3/14
r11u u
X 1 + r12 u
X 2 + r13 X 3 + R1 F = 0
1/7 3/7 3/7 u u u
r21 X 1 + r22 X 2 + r23 X 3 + R 2 F = 0
u u u
r31 X 1 + r32 X 2 + r33 X 3 + R3 F = 0
1/14 (I) 3/14 (II)
X2
X1
X3
Il faut maintenant superposer les réactions (I), (II) et (F).
12EI/l² 1 ru23
1 8EI/l
6EI/l² 12EI/l²
4EI/l 4EI/l ru13 = -6EI/l²
12EI/l²
ru23 = -6EI/l²
4EI/l 6EI/l² 6EI/l² 6EI/l²
4EI/l
8EI/l 12EI/l²
m1
m2
R1F
6EI/l²
ru31 ru32
ql²/24
m3 MF
∑Fh = 0 ⇒ ∑Fh = 0 ⇒
ru31 = -6EI/l² ru32 = -6EI/l²
6EI/l²
6EI/l²
ql²/12 ql/2
12EI/l3 12EI/l3
6EI/l² 6EI/l²
Calcul des coefficients de réaction
ru33 R3F
ru11 ru12
8EI/l 4EI/l
ru11 = 12EI/l q
ru12 = 4EI/l ru33 =24EI/l3
R3F=ql/2-ql=-ql/2
4EI/l
8EI/l
4EI/l ru21 ru22 La résolution du système d’équations, donne :
3 ql 3 29 ql 3 60 ql 4
ru21 = 4EI/l ru22 = 12EI/l
4EI/l
X1 = , X2 = , X3 =
2496 EI 2496 EI 2496 EI
Méthod e des rotations 169 1 70 C A L C U L D E S S T R U C T U R E S H Y P E R S T A T IQ U E S
9ql/1248 87ql/1248
q q
⇒
180 180 ql²/12
975ql/1248 273ql/1248
ql²/24 281ql²/1248 151ql²/1248
M3(ql²/1248) q
(a) (b)
MF
On trace ensuite le diagramme de T (en considérant chaque barre séparément
ql²/12 puis celui de N en vérifiant l’équilibre de translation aux nœuds.
180 180
360ql/1248 360ql/1248 624ql/1248
273 273
192 C
Diagramme (final) des moments et réactions aux encastrements.
273
122 T(ql/1248) T C
N(ql/1248)
70
A B
975 192 192
M(ql²/1248)
Vérification :
On vérifie l’équilibre de rotation et de translation de chaque nœud.
281 151 a) Equilibre de rotation
H H
R A = 975 ql / 1248 R B = 273 ql / 1248
70ql²/1248 122ql²/1248
70ql²/124 122ql²/1248
∑M=0 ∑M=0
Méthod e des rotations 171 1 72 C A L C U L D E S S T R U C T U R E S H Y P E R S T A T IQ U E S
b) Equilibre de translation Pour l’étape 6, on tiendra compte des trois observations suivantes :
- Les coefficients rujj sont toujours strictement supérieurs à zéro.
192
273 273
- Les coefficients ruij sont différents de zéro seulement quand i et j sont des
nœuds voisins (liés par la barre ij).
192
- ruij = ruji
ql/1248
Les efforts normaux sont obtenus à partir des conditions d’équilibre de tran-
slation de chaque barre isolée par des coupes.
273 273
Exercice 7.5
7.10 EXERCICES
Tracer les diagrammes de M, de N et de T des systèmes suivants. q=8t/ml
B EI C E
2m
Exercice 7.6 Exercice 7.7
B C
l/2 l/2 6m 4m B C B C
2EI EI P
Exercice 7.3 6m EI EI 6m EI EI
q=1t/ml
B C
A D A D
EI E
8m 8m
6m EI EI
Exercice 7.8
A D
D B C
6m 4m I2
P=20t
Exercice 7.4
4.5m I1
q=2t/ml q
A
A B EI D F
2.5m 6m
12m
EI EI A.N. : EI1=64 106 kgm², EI2=43 106 kgm².
C E
6m 12m 6m
C a l c u l d e s s y s tè m e s p l a n s p a r l a m é th o d e d e s f o r c e s 175
Exercice 7.9
l
q=2t/ml
B D F
EI
2l EI EI
A E
2l l=5m
Exercice 7.10
P=1000 daN
q=600 daN/ml
B 2EI C E 2EI F
4m EI EI
A D
5m 2m 3m
A.N. : I = 1, E = Cte.
1 78 C A L C U L D E S S T R U C T U R E S H Y P E R S T A T IQ U E S
dans l'exécution pratique de la méthode, le calcul des rotations n'est pas explicité,
on travaille directement sur les moments agissant aux extrémités des barres.
Ces opérations sont répétées jusqu'à ce que la libération des nœuds ne provo- L'équation (8.1) s'écrit alors :
que plus de rotation. Cela signifie alors que l'état d'équilibre est atteint.
K Ai
Comme à chaque étape du calcul il n'y a qu'un seul nœud libre, il en résulte M Ai = − MA
n
∑
qu'à chaque étape il n'y a qu'une seule inconnue, la rotation du nœud libéré. Ain-
K Ai
si, le système d'équations d'équilibre propre à la méthode générale, se résume à
i =1
une seule équation à une inconnue dont la résolution est immédiate. Notons que
Méthod e des rotations 179 1 80 C A L C U L D E S S T R U C T U R E S H Y P E R S T A T IQ U E S
K AB = K BA =
L L 2) L (8.8)
x 2 dx 1 dx 1 Figure 8.3
c = γ uBB = (
∫
0
) +
L EI L2 ∫
0
κ
GS
λ AB = 0 , λ BA =
2
Afin d'alléger l'exposé, nous ne considérerons que le cas des barres prismati-
L L
x x dx 1 dx ques (influence de T négligeable) ; le raisonnement est évidemment valable pour
∫ ∫
u
b =γ BA
= (1 − ) − κ les autres cas.
L L EI L2 GS
0 0
Méthod e des rotations 181 1 82 C A L C U L D E S S T R U C T U R E S H Y P E R S T A T IQ U E S
∑K
j =1
Aj
B C E
Fi-
4(3EI) 12EI 4(2EI) 8EI
K A1 = = K A2 = =
L L L L
3(5EI) 15EI 4(EI) 4EI Figure 8.5
K A3 = = K A4 = =
L L L L
D
1 A
L ; 3EI
Supposons que les nœuds B et C ont été bloqués (verrouillés) avant l'applica-
tion des charges. Les barres sont donc bi-encastrées (barres AB, BC et CD) ou
4 A 2 Figure 8.4 encastrée et articulée (barre CE) et peuvent être considérées séparément.
L ; EI L ; 2EI
L ;5EI Dans ce cas, les moments aux extrémités de chaque barre, dus aux charges
extérieures, peuvent être calculés par l'une des méthodes exposées dans les cha-
pitres précédents.
3
Ces moments, désignés par M , sont appelés moments d'encastrement parfait
4
∑K
39EI ou plus simplement moments d'encastrement. Ainsi, aux appuis on a les mo-
et Aj =
L ments :
j =1
M AB en A, M DC en D , M EC = 0 en E
12 8 15 4
d’où : C A1 = C A2 = C A3 = C A4 =
39 39 39 39 et aux nœuds :
De plus : M B = M BA + M BC en B , M C = M CB + M CD + M CE en C
8.4.3 Procédé pratique d'exécution de la méthode de Cross 8.4.4 Calcul des éléments de réduction
Vu le caractère systématique de la méthode, il est commode d'effectuer les • Moment fléchissant
calculs sous forme de tableau (voir tableau page suivante).
Les moments aux extrémités étant connus, chaque barre est à considérer iso-
Les trois premières lignes du tableau comportent les nœuds (1ère ligne), les lément et isostatique. Elle sera soumise aux charges extérieures qui lui sont di-
barres (2ème ligne) et les coefficients de répartition changés de signe (3ème ligne). rectement appliquées et aux moments calculés de Cross (faire attention au signe).
Le signe moins est ajouté pour éviter le risque de l'oublier lors du calcul des
Le diagramme final des moments de la structure est constitué par les dia-
couples répartis. Ces 3 lignes restent identiques quel que soit le type de charge-
grammes de l'ensemble des barres (considérées chacune séparément).
ment.
• Effort tranchant
La 4ème ligne comporte les moments d'encastrement aux extrémités de chaque
barre. Désignons par TFx l'effort tranchant dans la section courante d'abscisse x de la
barre AB (de longueur L) supposée isostatique sous l'action des charges qui lui
Dans le reste du tableau on distingue :
sont directement appliquées. Alors l'effort tranchant total est donné par :
a) les 2 premières colonnes de gauche
- dans la 1ère colonne on indique le numéro du nœud libéré, F M AB + M BA
Tx = Tx + (8.10)
- dans la deuxième colonne on porte la valeur (avec son signe) du moment L
de libération correspondant. MAB et MBA sont les moments de Cross (c’est-à-dire avec la convention de signes
b) le reste des colonnes de la méthode de Cross). Avec la convention classique de la résistance des maté-
Elles comportent les couples de reprise et les couples transmis. Chaque li- riaux, l'expression devient :
gne de cette partie du tableau correspond à la libération d'un nœud.
M BA − M AB
On arrête les calculs lorsqu'on constate que les couples de libération sont né- T x = T xF + (8.11)
gligeables. L
Chaque fois qu'un nœud a été libéré, on trace un trait horizontal traversant • Effort normal
toutes les colonnes relatives aux barres aboutissant à ce nœud (trait discontinu Les efforts tranchants dans les différentes barres étant connus, les efforts
dans le tableau). Cette trace horizontale signifie qu'à cet instant le nœud en ques- normaux s'obtiennent en vérifiant les conditions d'équilibre de translation de
tion est en équilibre (ΣM = 0). chaque nœud.
Le tableau se termine par une ligne des totaux. On porte dans chaque case la
Noeud (ou appui) A B C D E
somme algébrique de tous les couples qui y ont été inscrits. Cette somme repré-
sente le moment réel (avec le signe de Cross) agissant à l'extrémité considérée. Barre (ou extrémité) AB BA BC CB CD CE DE EC
On veut résoudre le portique représenté par la méthode de Cross. La charge Barre (ou extrémité) 41 14 12 21 23 25 52 32
répartie vaut 1 t/ml. Coef. de répartition -0.25 -0.75 -0.50 -0.333 -0.167
x (-1)
Mot. d’encastrement
q 0.0 00 3.0 -3.0 0.0 0.0 0.0 0.0
(tm)
1 2 3
Nœud Mot de
libéré libér. (tm)
Figure 8.6 1 3 - 0.375 -0.75 -2.25 -1.125
6m
m 2 -4.125 1.031 2.063 1.375 0.688 0.344 0.688
4 5
qL² 0.76
M 12 = − M 21 = = 3 tm
12 0.76
M(tm)
Les autres moments sont nuls.
Le reste des calculs est montré dans le tableau de la page suivante. La der-
nière ligne donne les moments recherchés aux extrémités des barres. 0.52 0.38
Méthod e des rotations 189 1 90 C A L C U L D E S S T R U C T U R E S H Y P E R S T A T IQ U E S
De même, on a en j :
M ji =M ji + K jiθ j + λ ij K ij θ i (a2)
M ijd = M ij − M ij = − K ij θi + λ ji K ji θ j
(b)
M dji = M ji − M ji = K ji θ j + λij K ij θi
Méthod e des rotations 191 1 92 C A L C U L D E S S T R U C T U R E S H Y P E R S T A T IQ U E S
5,00 m 5,00 m
Nœuds A B C D E
1) Raideurs des barres : Barres AB BA BC CB CD CE DC EC
I 2I Coefficient de
R AB = ; R BC = répartition Cij -0.3846 -0.6153 -0.4211 -0.2622 -0.3158
4 5 pris en (-)
I 3 2I 3I
RCD = ; RCE = . = Moments
4 4 5 10
d’encastrement 800 -800 0 0 0 960 0 0
2) Coefficients de répartition des barres : parfait Mij
1er Cycle
R BA 14
C BA = = ≅ 0.3846 B bloqué
R BA + R BC 1 4 + 2 5 MB(1)=-800
MB=MB(1)
R BC 25
C BC = = ≅ 0.6154 C bloqué
R BC + R BA 2 5 + 1 4 MC(1)=1206.12
MC=MC(1)
Vérification : ΣCij=1 ; CBA+CBC = 0.3846 + 0.6153 = 0.9999 ≅ 1 C débloqué -253.95 -507.90 -317.45 -380.89 -158.73 0
B bloqué
MB(4)=-1.07
MB=MB(4) A B
B débloqué 0.20 0.41 0.66 0.33
q=600 kg/m
387,74 P 1600
213,43
B C 552,74 E
387,91
339,43
387,91
A
2,00 m 3,00 m
+
4,00 m q 492,78
2,00 m 2,00 m
169,72
1006
A D
5,00 m 5,00 m
552,74 _
868,36
C E 492,78
331,64
3
P=10 196,72
1006
C E
+
2,00 m 3,00 m
1200
552,74
868,36
M le long de BC M le long de DC
B C D C
339,43
387,74
213,43
_ _
B C D C
+
169,72
1 98 C A L C U L D E S S T R U C T U R E S H Y P E R S T A T IQ U E S
P P1 P2
A C B
a
9.1 INTRODUCTION x l/2-x l/2 l
Jusqu’à présent nous avons étudié des structures soumises à des charges im-
mobiles. Mais il existe de nombreux cas où les constructions supportent des (a) (b)
charges mobiles. L’exemple le plus commun est celui des ponts. Le chargement Figure 9.2
mobile étant dans ce cas représenté par l’action de la circulation des véhicules et
des trains. Comme autre exemple, citons les ponts roulants qu’on rencontre dans Le problème complexe de la recherche de la position critique d’un charge-
les ateliers de fabrication. Le chariot, qui déplace des pièces d’un point à un autre ment mobile peut être grandement simplifié par l’utilisation des lignes
de l’atelier, se meut sur des rails fixés à des poutres. d’influence que nous allons définir d’abord puis examiner leurs propriétés dans
les paragraphes qui suivent.
La figure 1 montre un exemple de chargement mobile, en l’occurrence le sys-
tème Bc. Les distances entre les roues sont fixes et le chargement, représenté
9.2 DEFINITIONS
dans le cas présent par un système de six forces concentrées, se déplace comme
un tout. Les lignes d’influence montrent graphiquement comment varient les diverses
grandeurs qu’on rencontre habituellement, tous les effets élastiques auxquels
6t 12t 12t 6t 12t 12t s’intéresse la résistance des matériaux, sous l’influence d’une charge constante
1 2 3 4 5 6 qui se déplace sur la structure.
4,5m 1,5m 4,5m 4,5m 1,5m La grandeur ou effet élastique peut être :
- une contrainte en un point précis ;
- le déplacement (rotation - translation) d’une section donnée ;
Figure 9.1 - une composante de réaction d’un appui ;
- un élément de réduction dans une section donnée.
Quand une charge (chargement) est mobile, c’est-à-dire pouvant occuper
n’importe quelle position sur la poutre, la question qui vient immédiatement à La charge mobile est habituellement une force verticale unité, vu qu’en géné-
l’esprit est de savoir, pour une grandeur donnée, quelle est la position de la ral on s’intéresse à l’action des charges verticales sur les constructions. Elle peut
charge (chargement) qui provoque la plus grande valeur de la grandeur étudiée. cependant être un couple, une force horizontale, une discontinuité de la section,
Cette grandeur peut être un effet élastique quelconque : déplacement d’une sec- un manque de concordance, etc.
tion, réaction d’un appui, moment dans une section, etc. Il s’agit donc de trouver Considérons par exemple une poutre-console de longueur l sur laquelle cir-
la positon de la charge (chargement) qui provoque l’effet maximum et la section cule une force P (Figure 9.3a) et intéressons-nous au moment d’encastrement.
où il se produit (section la plus dangereuse). C’est le problème majeur des char-
gements mobiles. Il faut noter que la position du chargement qui provoque le
plus grand effet pour une grandeur donnée (par exemple le moment fléchissant)
ne l’est pas en général pour une autre grandeur (l’effort tranchant par exemple) et
que ce qui intéresse l’ingénieur en définitive, c’est la position qui provoque les
contraintes les plus importantes.
Méthod e des rotations 199 2 00 C A L C U L D E S S T R U C T U R E S H Y P E R S T A T IQ U E S
c (fixe) c (variable)
(b) l y1
(a) (b) y2 y3
ye
Figure 9.5
Ligne représentative de E Ligne d'influence de E
(c) (d) Comme les valeurs du coefficient d’influence (ordonnées du diagramme
Figure 9.4 d’influence) augmentent quand on se rapproche de l’extrémité libre, on conclue
que la valeur extrême du moment d’encastrement s’obtient en plaçant le charge-
ment de manière à faire coïncider la force P1 avec l’extrémité libre de la poutre.
Méthod e des rotations 201 2 02 C A L C U L D E S S T R U C T U R E S H Y P E R S T A T IQ U E S
Les lignes d’influence sont d’une utilité autrement plus grande dans les cas
complexes. Elles peuvent être également utilisées dans l’étude de l’action des
charges réparties. Si la poutre précédente est soumise à une charge répartie uni-
forme partielle comme indiqué à la figure 9.6a, le moment qu’elle produit dans
P1 P1 Pn
l’encastrement se calcule en assimilant la charge répartie à une série de forces
élémentaires qdx. (a)
x1
x2
qdx
y1 y2 S
A yn
(a) B (b)
d
Figure 9.7
d E= ∑ Pi y i +
∫ q.ydx (9.2)
∫
M B = − q .ydx
0
(a) i =1 x1
∫
0
∫
M B = − q. ydx = −q ydx = −qS
0
Le problème est de tracer la ligne d’influence du déplacement d’une section i
d’abscisse xi = e (constante). Il s’agit donc de calculer le déplacement subi par la
section étudiée sous l’action d’une force verticale unité qui se déplace sur la
où S est l’aire du diagramme d’influence se trouvant sous la charge répartie (Fi-
structure considérée.
gure 9.6b). Ce résultat peut être utilisé pour calculer le moment quelle que soit la
partie de la poutre chargée. Il permet entre autres de déduire que la position criti- La méthode intuitive, directe, consiste à construire la ligne d’influence point
que consiste à placer la charge le plus proche possible de l’extrémité libre. par point, en plaçant la charge unitaire en diverses positions et en déterminant le
D’autres utilisations des lignes d’influence, comme le calcul des réactions, seront déplacement provoqué dans la section i. Cette méthode, tout à fait générale,
montrées plus loin. pouvant s’appliquer quel que soit l’effet élastique et la structure étudiés, est ce-
pendant assez fastidieuse à l’exception des cas très simples.
Généralisation Le théorème de Betti-Maxwell, dont l’une des formes les plus usitées ex-
Soit une structure élastique soumise à un système de forces concentrées P1, prime que le déplacement provoqué dans la section i par une charge concentrée
P2, ..., Pn et une densité de charge q répartie sur un tronçon "d " compris entre les unité agissant dans la section j est égal au déplacement apparaissant en j lorsque
sections d’abscisses x1 et x2, respectivement (Figure 9.7a). u u
la même charge est appliquée en i, c’est-à-dire δ ij = δ ji , fournit une méthode
plus simple.
Méthod e des rotations 203 2 04 C A L C U L D E S S T R U C T U R E S H Y P E R S T A T IQ U E S
1 1 (a) A B
i j x
j i
e e l
x x
(b) f3
f1 f2
(b) (a)
Figure 9.8
Chercher la ligne d’influence du déplacement δ, en l’occurrence la flèche de P P P
la section i, revient à calculer δ uix en faisant varier x de zéro à l (0≤x≤l). Or (c) A B
u u u l/4 l/4
d’après le théorème de Betti-Maxwell δ ix = δ xi . δ xi représentant le déplace-
ment de la section courante d’abscisse x sous l’effet d’une charge unité fixe ap- l
pliquée en i ; on voit que si x varie de 0 à l, on obtient la déformée de la poutre
sous l’action de la force unité agissant en i. Figure 9.9
En conclusion, la ligne d’influence du déplacement est donnée par la ligne Cette déformée est donnée par :
représentative de ce même déplacement sous l’effet d’une charge unitaire appli-
quée en i. Ainsi, pour tracer la ligne d’influence du déplacement vertical d’une u 1 3 2 3
δ xA = ( x − 3l x + 2l ) (a)
section i, il suffit de tracer la déformée de la structure sous l’action d’une force EI
verticale unité appliquée à la section i. L’expression obtenue, fonction d’influence, n’est pas une fonction linéaire de
Le tracé des lignes d’influence des déplacements se trouve ainsi simplifié x. La ligne d’influence est une parabole cubique (Figure 9.9b).
puisqu’il est ramené à la recherche de déformées. Par conséquent tous les résul- En guise d’application, calculons la flèche fA provoquée par le chargement de
tats concernant les déplacements, comme le théorème de Pasternak pour le calcul la figure 9.9c. Les déplacements étant petits, la flèche cherchée peut s’obtenir par
des déplacements des systèmes hyperstatiques, peuvent être utilisés.
superposition des effets de chacune des forces du chargement.
9.4.2 Exemple d’application f A = Pf 1 + Pf 2 + Pf 3 = P( f 1 + f 2 + f 3 )
Reprenons l’exemple de la poutre-console, supposée de rigidité flexionnelle Les flèches f1, f2 et f3 s’obtiennent par particularisation de l’expression (a)
constante. précédente. Il vient :
On veut tracer la ligne d’influence de la flèche δ de l’extrémité libre A.
Pl 3 81 5 Pl 3 249 Pl 3
D’après les résultats du paragraphe précédent, le problème revient à déterminer fA = (2+ + )= ( 128 + 81 + 40 ) =
la déformée de la poutre sous l’action d’une force verticale unité appliquée en A EI 64 8 64 EI 64 EI
(Figure 9.9a).
9.5 SYSTEMES ISOSTATIQUES
a) Méthode directe
Elle consiste en règle générale à chercher l’expression analytique de l’effet
élastique étudié dans la section considérée sous l’effet d’une charge unité. La
position de la charge est considérée comme la variable de l’expression cherchée,
c’est-à-dire l’équation de la ligne d’influence de l’effet élastique étudié dans la
section considérée. La ligne d’influence est tracée à partir des valeurs obtenues
(coefficients d’influence) pour plusieurs positions de la cause (charge).
Méthod e des rotations 205 2 06 C A L C U L D E S S T R U C T U R E S H Y P E R S T A T IQ U E S
En verra plus loin que le tracé des lignes d’influence peut être grandement
simplifié dans de nombreux cas. Par exemple, l’effet élastique est souvent une P=1
A B
fonction linéaire de la position (abscisse) de la cause. Dans ce cas, la ligne (a)
d’influence est une droite, ou plusieurs segments de droite, qu’on peut construire
à raison de 2 points par segment. Par ailleurs, les conditions de fixation de la x l-x
structure donnent souvent des indications précieuses qui facilitent le tracé. a
l y
b) Méthode cinématique (b) S
o
Elle permet d’obtenir directement la forme exacte de la ligne d’influence. La b
détermination d’une seule ordonnée suffit pour avoir l’échelle correcte du dia-
gramme d’influence. l
y' S'
(c) o
La méthode est basée sur le théorème des travaux virtuels. Pour obtenir la li-
gne d’influence d’une grandeur - R, M, N, T - on supprime la liaison lui corres- P1 P2 Pn
pondant et on la remplace par une inconnue (ou 2 inconnues égales et opposées A B
(d)
s’il s’agit d’une liaison interne). Avec la suppression d’une liaison, externe ou
interne, le système isostatique devient alors un mécanisme à un degré de liberté,
pouvant se déplacer sans se déformer (comme un corps indéformable). q
(e) A B
On applique ensuite au mécanisme un déplacement virtuel, c’est-à-dire très
petit et compatible avec les liaisons restantes. La configuration obtenue repré-
sente la ligne d’influence cherchée. L’échelle réelle du diagramme s’obtient en
Figure 9.10
calculant l’ordonnée d’un point.
Pour une charge concentrée P, les réactions en A et B s’obtiennent en multi-
9.5.2 Ligne d’influence d’une réaction d’appui pliant les coefficients d’influence correspondants, y et y’, respectivement, par P
Les lignes d’influence offre un moyen assez simple de calcul ou de vérifica- (Figures 9.10b et c). Dans le cas d’un système de plusieurs forces concentrées P1,
tion des réactions. Considérons la poutre bi-articulée de la figure 9.10a. P2, ..., Pn (Figure 9.10d), on a :
n n
Les réactions RA et RB sont données par :
(l − x ) x
RA = ∑P y
i =1
i i
et RB = ∑P yi =1
i
'
i
R A = 1. et R B = 1. (a)
l l Si la poutre supporte une charge q uniformément répartie sur un tronçon (Fi-
(l − x ) x gure 9.10e), la réaction d’un appui est obtenue en multipliant par q l’aire du
où et sont les coefficients d’influence de RA et RB, respectivement. Ils diagramme d’influence de la réaction considérée délimitée par le tronçon char-
l l gé ;
sont représentés graphiquement par les lignes d’influence ao (Figure 3.10b) et ob
(Figure 9.10c). RA = qS et RB = qS’
Par exemple, dans le cas d’une charge q répartie sur la moitié gauche de la
poutre on trouve :
1 l 1 3ql 1 l 1 ql
RA = q (1+ ) = et RB = q =
2 2B 2 8 222 8
En observant que les coefficients d’influence sont numériquement égaux aux
réactions apparaissant dans les appuis sous une charge unité, on peut déduire une
méthode très simple de construction des lignes d’influence. Considérons par
exemple la poutre de la figure 9.11a et intéressons-nous à la ligne d’influence de
la réaction en A. Quand la charge mobile, supposée dirigée vers le bas, est sur A,
la réaction en cet appui vaut 1, la force étant reprise en totalité par cet appui.
Lorsque la charge se trouve en B ou C, la réaction en A est nulle pour la même
Méthod e des rotations 207 2 08 C A L C U L D E S S T R U C T U R E S H Y P E R S T A T IQ U E S
raison invoquée précédemment. Sachant par ailleurs que la réaction est une fonc-
tion linéaire de x (position de la charge par rapport à une extrémité de la poutre), P=1
on trace aisément la ligne d’influence qui est composée de segments de droite A B
passant par les ordonnées 1 en A et 0 en B et C. L’unique façon de construire la (a)
ligne d’influence de RA est celle indiquée à la figure 9.11b.
a x l-x b
Pour la ligne d’influence de RB, elle passe par 0 en A, 1 en B et 0 à nouveau
en C (Figure 9.11c). Le même procédé est utilisé pour tracer la ligne d’influence j
de la réaction de l’appui C (Figure 9.11d).
δ y
A B C (b)
(a)
k
RA
Figure 9.12
(b) 1 +
L’équation des travaux virtuels s’écrit :
y
(c) R A δ − 1. y = 0 ⇒ R A =
+ 1 δ
où δ est le déplacement du point d’application de la réaction RA. La droite jk
(Figure 9.12b) donne la forme exacte de la ligne d’influence de la réaction. Pour
+
(d) _ avoir l’échelle correcte, il suffit de prendre δ = 1. La méthode est d’un grand
service dans le cas de structures complexes. Considérons la poutre cantilever de
la figure 9.13a.
Figure 9.11
A B C D
On notera que la somme des ordonnées des lignes d’influence des réactions (a)
de la poutre est égale à 1 quelle que soit la section considérée (équilibre de tran-
slation verticale). Cette condition offre un moyen de contrôle des diagrammes
d’influence obtenus. Si par exemple en une section quelconque cette somme est
différente de 1 ou que son signe est tel que la charge unité n’est pas équilibrée, + 1
c’est qu’il y a erreur. Cette méthode est d’une grande utilité dans le calcul des (b)
réactions des poutres isostatiques complexes avec plusieurs charges (poutres _
cantilevers notamment).
Figure 9.13
Méthode cinématique
Pour construire la ligne d’influence de la réaction de l’appui B par exemple,
Elle rappelle beaucoup la méthode précédente. Considérons la poutre bi- on supprime l’appui et on donne à la section B un déplacement unité positif (vers
articulée de la figure 9.12a. Pour tracer la ligne d’influence de la réaction de le haut). La nouvelle configuration de la poutre ainsi obtenue définit la ligne
l’appui A, on supprime la liaison et on la remplace par une force verticale RA puis d’influence cherchée (Figure 9.13b). De la même manière, on trace les lignes
on donne un déplacement vertical au mécanisme obtenu qui peut tourner autour d’influence des autres réactions.
de l’appui B (Figure 9.12b).
Méthod e des rotations 209 2 10 C A L C U L D E S S T R U C T U R E S H Y P E R S T A T IQ U E S
RCB 25
C CB = = ≅ 0.4210
RCB + RCD + RCE 2 5 + 1 4 + 3 10
RCD 14
C CD = = ≅ 0.2632
RCD + RCB + RCE 1 4 + 2 5 + 3 10
RCE 3 10
C CE = = ≅ 0.3158
RCE + RCD + RCB 3 10 + 1 4 + 2 5
CCB+CCD+CCE = 1 ; 0.4210 + 0.2632 + 0.3158 = 1
Méthod e des rotations 211 2 12 C A L C U L D E S S T R U C T U R E S H Y P E R S T A T IQ U E S
1er Cycle
169,72
1006
B bloqué A D
MB(1)=-800
MB=MB(1)
5,00 m 5,00 m
C bloqué
MC(1)=1206.12
MC=MC(1)
4ème Cycle A
+
C bloqué 492,78
MC(4)=0.33
MC=MC(4)
387,74 552,74
552,74
3 213,43
P=10
C E 387,91
332,43
552,74
868,36
552,74 492,78
_
C E
331,64
1006 196,72
3
P=10
C E
+
2,00 m 3,00 m
1200
552,74
868,36
M le long de BC M le long de DC
B C D C
339,43
387,74
213,43
_ _
B C D C
+
169,72