Vous êtes sur la page 1sur 5

J'aurais aimé avoir une précision sur la définition du taux de croissance bactérien "µ",

car, à la lecture de différents documents, j'ai eu parfois l'impression qu'il y avait


confusion entre les différents paramètres de mesure de la croissance microbienne.
Les définitions ci-dessous sont-elles justes ?
G = temps de génération = durée nécessaire au doublement de la population
µ = taux de croissance népérien = vitesse spécifique de croissance en h-1
r (ou v) = taux de croissance horaire en div.h-1
avec les relations : µ = r x ln 2 et G = 1/r
Donc, lorsqu'on affirme pour E. coli par exemple que G = 20 mn et µ = 3 div.h-1, y a-t-il
une erreur ? N'est-ce pas plutôt "r" qui est égal à 3, et µ = r x ln 2 = 2 h-1 ?
Quel paramètre utilise-t-on le plus couramment pour comparer deux souches, ou la
même souche dans des conditions de culture différentes ? Je trouve que le nombre de
divisions par heure est plus "parlant" que le taux de croissance népérien, et pourtant il
semble que l'on parle toujours du "µ", pourquoi ?
Par avance merci de vos réponses.
CP, prof de techno et microbio alimentaire.

-----------------------

Je pense que les définitions de CP sont les bonnes pour G, µ et r.


Le pb posé n'est pas nouveau et ceux qui n'étudient pas la croissance d'un =point de
vue industriel ne peuvent pas comprendre l'intérêt de µ, paramètre=qui ne veut rien dire
sauf qu'il est la pente de la courbe ln(C) = f(t).Cela conduit à imposer parfois une courbe
en ln au lieu de log, même si, pour d'autres paramètres industriels, par ex en stérilisation
ou pasteurisation, c'est le décimal qui est prioritaire (à cause des réductions décimales).
Hormis pour des raisons industrielles particulières, il me semble clair qu'il faut donner r
plutôt que µ dont l'unité ne peut qu'échapper à mes neurones !
Jean-Noël
------------------------
La vitesse spécifique de croissance représente la vitesse de croissance (dX/dt) ramenée
à 1 g de biomasse (dX/dt *1/X). Ce paramètre est un bon reflet de la physiologie
cellulaire que la population (N). En effet la biomasse (X) peut augmenter sans qu'il y ait
augmentation du nombre d'individus (phase de croissance avant divison,
microorganismes filamenteux).
Le terme taux de croissance qui fait référence à la population n'a de sens que pour les
microrganismes unicellulaires (bactéries), mais montre tout de suite ses limites dans le
cas des microorganismes filamenteux.
Si on utilise la biomasse il me semble que le terme vitesse spécifique est plus adéquat
que le terme taux de croissance (faisant référence à la population).
Mostafa

http://www.biomultimedia.net
-------------------------------------
Ce que nous appelons pompeusement taux de croissance népérien est exactement la
même chose que le taux d'intérêt d'un livret de caisse d'épargne. Le livret A de la caisse
d'épargne est à 2.5 %(sous-entendu en 1 an). Cela signifie qu'au bout d'un an, 100
euros sont devenus 102.5 euros.
Soit une population bactérienne dont le taux de croissance est de 2.5 % par minute
(nous disons dans notre jargon que son taux de croissance népérien est 0.025.min-1).
Selon le critère choisi pour mesurer la population bactérienne (nombre de cellules,
concentration cellulaire, biomasse ou absorbance), on peut dire qu'en une minute ce
critère augmentera de 2.5 %.
On peut alors se poser pour le plaisir une première question: combien faut-il de temps
pour que cette population double ? Ce temps (que nous appelons G) est donné par la
relation : Ln 2X = LnX +0.025 G soit : 0.025 G = Ln 2
d'où : G = 28min. Pendant qu'on y est, on peut aussi se demander combien il y a de
doublements en 1 heure .
Le nombre de doublements en 1 heure est : r = 60/28 = 2
Je propose de faire des économies sur le langage et de laisser tomber ce qui est inutile
ou prête à confusion : taux de croissance népérien, taux de croissance horaire,
génération (une génération perdue de plus!), division, temps de génération et de ne
conserver que le taux de croissance en % par unité de temps et le mot doublement.
Jean
--------------------------------------
Bonjour,
"Dans les temps anciens", on disait (je recopie) :
TL = temps qui se serait écoulé entre le moment de l'ensemencement réel et le moment
où l'on aurait effectivement ensemencé une culture qui serait tout de suite entrée en
phase exponentielle. ou encore :
TL = tR - ti = intervalle de temps entre le temps tR auquel la culture a atteint une certaine
densité xR et le temps ti auquel la culture aurait atteint la même densité si la croissance
avait été exponentielle dès l'inoculum. Ce temps se détermine comme l'indique Jean-
Noël.
C'est aussi le temps L1 de Marianne, à condition de faire passer l'axe des temps par
l'origine de la courbe de croissance.
Pour moi la latence correspond à un taux de croisance µ=0; C'est donc la
latence vraie la seconde phase (comprise entre "latence vraie" et "latence théorique") est
dite phase d'accélération car µ augmente progressivement jusqu'à atteindre sa valeur
constante de la phase exponentielle
J'aime bien le schéma de Jean Noel car il permet une détermination précise
de la durée de ces deux phases
Françoise
---------------------------------------------------
Bonsoir,
Le taux de croissance a déjà fait l'objet d'échanges intéressants sur la liste il y a
quelques mois.
Je définirais le taux de croissance (en laissant tomber népérien qui comme son nom
l'indique n'apporte rien) comme le pourcentage d'augmentation d'une grandeur (nombre,
masse, concentration...) par unité de temps. C'est la même chose que le taux d'intérêt
d'un placement.
Ainsi, si pour E.coli le taux de croissance est de 3.5% par minute, cela signifie qu'au bout
d'une minute 100 bactéries sont devenues 103.5 bactéries.
Dans ces conditions, le temps de doublement est donné par :
200=100*EXP(0.035*t) soit : t= LN(2)/0.035 = 20 min
Le nombre de divisions par heure (appelé taux de croissance horaire) est : r = 60/20 = 3
Pour ma part, et si j'en avais le pouvoir, je ne conserverais que le taux de croissance µ
en % par unité de temps et je ne retiendrais que la relation :
Nt = No * EXP(µ * t)
Le taux de croissance horaire n'est pas un taux de croissance au sens où on l'entend
partout ailleurs.
100 bactéries qui se divisent 3 fois donnent 800 bactéries, ce qui fait un taux de
croissance par heure de 800% et non de 3.
Un banquier annonce à son client un taux d'intérêt de 3.5% annuel. Il ne lui dit pas que
son capital doublera tous les 20 ans ou qu'il doublera 5 fois en un siècle!
En espérant ne pas m'être pris les pieds dans les pourcentages.
Jean
-------------------------------
Il n'est pas facile de savoir si l'on doit utilise les log népériens ou décimaux, r, µ ou G
dans la croissance.
Il me semble que deux conceptions "s'affrontent" sans qu'il soit simple de
choisir, si un choix est possible.
Il faut dire que la démonstration de Jean est particulièrement pertinente !
J'ajouterai les choses suivantes :
- si on parle de G (Delta(t)/n, n nombre de générations dans la durée Delta(t)),
il est difficile d'échapper à r qui est l'inverse. On peut faire l'impasse mais G demeure.
- l'habitude est d'utiliser des log décimaux : faut-il les proscrire pour la croissance
(personnellement cela ne me gène pas mais pour les apprenants...)
- l'utilisation de l'accroissement proportionnel au nombre initial (Delta(n)/n =
k dt) c'est du calcul infinitésimal dont l'approche est délicate dans les esprits car peut
être peu naturelle. J'avoue être un peu réfractaire à l'affirmation initiale qu'il faut
admettre.
En définitive, il ne me parait pas évident qu'il faille abandonner r, le taux de
croissance horaire, mais Jean me persuade de
l'intérêt de µ. Ce que je regrette est que le µ de la caisse d'épargne n'assure
pas un doublement plus rapide de mon capital !
A+
Jean-Noël
---------------------------------------------
Bonsoir,
Mes considérations précédentes sur le taux de croissance relevaient un peu de la
provocation. Elles expriment mon point de vue. Je me range cependant à l'avis de Jean-
Noël : dans l'état actuel des choses, un enseignant responsable de terminale STL ne
peut faire l'impasse du temps de génération G et de son inverse r.
Voici quelques observations.
- Il y a une loi fondamentale de la croissance : N =No*EXP(µ*t)
- Il existe une version de cette loi adaptée à la division binaire des bactéries : N = No * 2
^(r*t)
- Le malheur est que, selon les livres et les époques, les paramètres µ et r sautent d'une
version à l'autre, créant la plus grande confusion.
- Le temps de génération et le nombre de divisions par unité de temps ne sont pas plus
difficiles à calculer avec la loi fondamentale qu'avec sa version binaire.
-L'étude des modèles de croissance microbienne dans le Scriban de Biotechnologie ne
prend en compte que µ appelé vitesse spécifique de croissance ou taux de croissance:
h-1 et défini par : dX/dt= µX.

Ne serait-il pas plus clair de ne plus appeler taux de croissance le nombre de


doublements (ou de divisions) par unité de temps et de distinguer :
- taux de croissance par unité de temps,
- et nombre de divisions par unité de temps ?

Jean

---------------------------------------------
Le 18 octobre 2012 09:36, Chantal a écrit :
Bonjour,
je me pose un problème "mathématique"
On calcule µ = ln2/G ou G = ln2/µ selon les énoncés quand on a une représentation
népérienne.
Si on a logN = f(tps) la pente de la droite représente µlog2 mais peut-on calculer alors
G = log2/µ ?
On retrouve d’ailleurs les 2 types de représentation lnN =f(t) et logN = f(t); pourquoi?
Faut-il en privilégier une par rapport à l'autre pour la formation de nos élèves?
Merci d'avance pour vos réponses,
Chantal
---------------------------------------------
Le 19/10/2012 11:18, Jean Pierre a écrit :
Bonjour
Je comprends que les "G" parlent à Jean Noël vu leur diversité (jet, geai, jais et j'ai du
oublier qq points...).
Si G me parle, µ me parle tout autant.
µ me permet de savoir combien de g de biomasse je peux espérer obtenir en une heure
à partir d'un gramme de biomasse ou combien de bactéries je peux espérer obtenir par
unité de temps à partir d'une bactérie. Un grand nombre de facteurs influencent µ, ils
m'intéressent... (ils influencent aussi G)....
Mais µ me permet de calculer combien je dois attendre pour avoir N bactéries à partir de
No plus facilement qu'avec G qui ne me permet qu'un encadrement en peu bestial...
(combien de temps incuber pour obtenir 850 millions de bactéries à partir de 15 000
bactéries?).
Je vois donc une complémentarité entre ces deux paramètres des cultures.
Mais je pense qu'il faut revenir aux fondamentaux pour comprendre l'intérêt du
logarithme népérien et de µ.
Le modèle de départ est
dN/dt = µ N
d'où on tire facilement
lnN = lnNo + µt
si t = G, alors N = 2 No et donc
ln2 = µ G
et donc
G = ln2/µ
comme l'écrit Chantal.
Mais log2 = ln2/ln10
et donc
ln2 = log2 . ln10
et donc
G = (log2.Ln10)/µ
ce qui a peu d'intérêt ici...
Mais si on repart de
lnN = lnNo + µt
et qu'on divise par ln10
on obtient
logN = logNo + ( µ / ln10 ) t
La pente vaut donc µ / ln10 et non µln2....
A t=G, N = 2 No
et donc on obtient
log2 = (µ / ln10) G
ou encore
G = (log2. ln10) / µ
Ce qui est la même chose que ci-dessus, ouf...
Donc G ne vaut pas log2/µ.
Log ou ln?
La théorie conduit au ln.
Pourquoi passer au log?
On peut s'en passer...
mais, des "logs" en ordonnées d'une courbe de croissance qui valent 5, 6 ou 7 ça me
parle...
(il y a 100 000; un million ou 10 millions de bactéries par ?)
tandis que
1,60943791
1,79175947
1,94591015
1,94591015
qui sont respectivement ln5, ln 6 et ln7
ça me parle un peu moins...
Question de génération????
Bonne lecture.
Jean

Vous aimerez peut-être aussi