Partage d’expériences

de Toastmasters de Dakar et
de Paris sur la prise de parole
en public.

Sous la direction de

Béatrice Sagna
Projet High Performance Leadership (HPL)

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EDITO
Q u’est-ce qui fait l’orateur
éloquent ? En 46 avant J.-
C, Cicéron répond à l’injonction
de Brutus qui lui demande
parmi les styles oratoires de
déterminer celui qui domine
tous les autres. Dans son traité
épistolaire, Cicéron répondra
que « l’homme éloquent
qu’Antoine n’a jamais vu, sait
employer : le style simple
pour disserter sur les sujets
insignifiants, le sublime pour
aborder les grands problèmes
et le tempéré pour traiter des
questions moins élevées. » Il
ajoutera qu’entrent en ligne de
compte trois éléments : « ce que
l’orateur dit, dans quel ordre il
le dit et la façon dont il le dit.
L’orateur éloquent maîtrise
donc l’invention, la disposition
et l’action. » Près de 2000 ans
plus tard, ces mots de Cicéron
semblent avoir résisté aux
assauts invétérés du temps.
C’est mon intérêt grandissant
pour cette éloquence à la fois
antique et contemporaine qui
m’a conduite sur les bancs de
Toastmasters International.
La mission de Toastmasters
International (TMI) est de
former ses membres à devenir
des orateurs et des leaders
plus effectifs à travers son
programme de formation,
éprouvé depuis presque 100 ans.
A l’heure actuelle, Toastmasters,
c’est plus de 16 800 clubs et
358 000 membres répartis
dans 143 pays. Toastmasters
intègre dans ce programme le
High Performance Leadership
(HPL) que l’on pourrait traduire
par Performance de Leadership
Remarquable. Le but d’un
HPL est de développer ses
compétences en leadership à
travers la conduite d’un projet
collaboratif.
La première pensée qui m’est
venue à l’esprit, c’est que ce
projet se devait d’être un trait
d’union entre Dakar (où j’ai
commencé mon expérience
de Toastmasters) et Paris (où
l’aventure Toastmasters s’est
poursuivie). Je suis animée
par une profonde et immense
gratitude à l’endroit des
Toastmasters de ces deux
villes qui ont contribué à ma
formation afin que je puisse
devenir une oratrice et une
leader beaucoup plus effective.
De cette formation, je tire d’ores
et déjà des bénéfices tangibles.
Ce projet de livre d’or a été aussi
l’occasion rêvée de conjuguer
au présent deux arts qui, depuis
l’enfance, ont toujours suscité
mon intérêt : l’art de parler et
celui d’écrire. Ces deux arts,
je les ai redoutés autant que
je les ai adorés, sans doute
parce qu’il y a parfois quelque
chose de grisant à prendre des
risques. Ma conviction profonde
est qu’il existe une parfaite
complémentarité entre l’orateur
et l’auteur, tous deux investis
du pouvoir panser les maux et
de penser les mots. Pour moi,
l’écriture autant que la parole
ont été un prétoire pour porter
mes causes, fussent-elles celles
du cœur ou de la raison.
Dans un sublime et solennel
élan de générosité, mus par leur
intérêt commun pour l’écriture
et la prise de parole en public et
vêtus du manteau du courage,
des hommes et des femmes,
membres de Toastmasters
International à Dakar et Paris -
pour qui j’ai une considération
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certaine - partagent dans ce livre
d’or leurs parcours d’orateurs
et de leaders. Ils sont vingt
Toastmasters à s’être prêtés à
l’exercice. Leurs essais rendent
compte de leur immuable
volonté d’apprendre, de grandir,
de retransmettre, sans doute
pleinement conscients que
l’arbre de l’éloquence cache
une forêt d’opportunités. Des
terrains parfois escarpés de la
peur, en passant par des vallées
d’incertitude émergent des
orateurs plus assurés, décidés
à transcender leur zone de
confort, volant de cimes en
cimes avec la légèreté de la
feuille. Pour beaucoup d’entre
eux, le point d’orgue de cette
odyssée dans le monde de
l’éloquence a été leur adhésion
à un club Toastmasters. La
méthode semble tenir toutes
ses promesses.
Ce livre d’or est à la fois un
hommage, une tribune et un
vecteur de leurs parcours
d’orateurs. Et quels parcours !
Bonne lecture !
Béatrice Sagna
Présidente du club Toastmasters
Paris Etoile (2017-2018)
Directrice du Secteur A1 - District
59 (2019-2020)
Partage d’expériences de Toastmasters de Dakar et de Paris sur la prise de parole en public.
SOMMAIRE
EDITO Béatrice Sagna p.2
CHAPITRE 1 : CAPITAINE DE MON DESTIN
1 - Les étoiles comme seule boussole Abdallah Hassani p.4
2 - Leaders au service d’autres leaders Djibril Diallo p.6
3 - Une histoire de parole Moussa Guèye p.8
CHAPITRE 2 : CHEMINEMENT VERS LE SOMMET
1 - Non ! Fuir n’est PLUS une solution envisageable. Cécile Lo p.10
2 - Mieux parler pour mieux avancer Dorine Tine p.12
3 - Comment la prise de parole en public me permet
de devenir une toute autre personne François p.14
4 - Le devoir de parler Grâce Kougbla H. Ale p.16
5 - En route vers le sommet de la prise de parole en public PKD p.18
6 - Du boulet à la locomotive Teddy Candale p.20
CHAPITRE 3 : L’ORATEUR-POÈTE
1 - Veni, vidi, vici ! Coly Laity Senghor p.22
CHAPITRE 4 : AU-DELÀ DE SOI
1 - Parler en public, cela va de soi Karine Gbianza p.24
2 - Toastmasters ou les jeux olympiques de la parole Khady Diop p.26
3 - Sic itur ad astra Nathalie Damas p.28
4 - Mon voyage dans l’univers des mots et de mes émotions Paul-Henri Momo p.30
5 - A l’école du verbe Ramatoulaye Rosine Sousso p.32
CHAPITRE 5 : SECRETS D’ORATEUR
1 - Merci la pluie !!! Claire Antoine-Rousseau p.34
2 - Prenez la parole, prenez le pouvoir ! Gaïus Yokossi p.36
3 - Une meilleure version de moi-même Habsatou Ka p.38
4 - La communication sans fil Jovan p.40
5 - La capacité de prise de parole en public
est la chose la mieux partagée Yankhoba Ndiaye p.42
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LES ÉTOILES COMME SEULE
BOUSSOLE
Lorsque qu’un navire est dans un océan agité,
l’être humain, soucieux d’arriver à bon port
et réaliser son destin lève les yeux au ciel à la
recherche d’un signe. Un astre qui pourrait le
sortir de la tempête et l’éclairer dans l’obscurité.
Il y a quatre ans, ma carrière professionnelle s’est
retrouvée dans cet océan tumultueux. Cette
marrée d’occupations dépourvues de sens. Les
voiles de mon navire rendaient jaloux tous les
marins de la finance que je croisais. Je faisais
partie d’un grand cabinet de conseil. L’armateur
comptable et financier par excellence. Une
maison sérieuse, historique, qui certifiait les
comptes des entreprises à renommée mondiale.
Chaque semaine, je jetais mon ancre dans les
ports des directions financières. Je rencontrais
les profils les plus admirés de l’organigramme
: directeurs financiers, directeurs opérationnels
et contrôleurs de gestion.
Mais plus j’apprenais à les connaitre plus je
remarquais le vide qu’il y avait dans leurs yeux.
Chaque interaction était une évidence : l’île au
trésor qui nous a été promise sur les bancs de
l’école n’existait pas. C’était une chimère. Un
conte avec lequel on berçait l’imaginaire. Un
mythe qui envoûte l’attention des effectifs et
les orientent vers une destination fictive. Mais
malgré ma tête bien faite, je continuais de ramer
dans ce non-sens.
Tous les jours notre lexique mimait le mouvement
sans produire ses effets. « Evaluation d’actifs,
séparation des exercices, validation d’étapes,
tableaux croisés dynamiques ». Tout ce jargon
et ce discours creux n’étaient qu’un simulacre.
Un panache de fumée. Car en réalité mon travail
consistait à reprendre un dossier et reproduire
exactement le travail de mon prédécesseur.
Tracer une nouvelle carte ou vouloir atteindre
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CHAPITRE 1 :
CAPITAINE DE MON DESTIN
les Indes du résultat par l’ouest étaient signe de
mutinerie.
A force de subir ses itinéraires connus et usés,
le magnétisme de ma boussole perdait de sa
puissance. Les aiguilles qui étaient sensibles à la
moindre vibration n’exprimaient plus la même
fougue.
Mais ce n’est ni la carte faussée ni la boussole
en perte de magnétisme qui fait le plus mal
au capitaine. C’est le manque de confiance
exprimé envers lui par les membres de son
équipage. Quelques membres de ma famille,
pour la majorité des oncles ou des cousins, ne
voyaient pas la réalité que je décrivais. Pour eux
je n’étais qu’un marin d’eau douce effrayé par
la houle. Un homme qui avait perdu son bon
discernement.
Et lorsque les êtres chers murmurent que vous
n’êtes plus capable de tenir le gouvernail, alors
la moindre vague innocente apparaît comme
un tsunami qui en veut à votre embarcation.
Mon âme ne pouvait plus supporter les couleurs
de l’armateur qui m’employait. Elle ne pouvait
plus entendre les murmures d’un équipage qui
manquait de conscience. Alors j’ai fait ce que
tout homme libre doit faire dans ces moments
: j’ai pris le large et je me suis éloigné des ports
mal fréquentés.
J’ai quitté ce cabinet de conseil et je n’ai plus
dit un mot à ma famille en ce qui concerne mes
futurs projets. Seul, sur un nouveau bateau fait
d’espoir et d’intuition, je m’éloignais petit à petit
de ce détroit d’esprits encombrants. L’espoir
était les livres et les podcasts qui offraient une
force motrice à mon vaisseau. L’intuition était
l’écriture et les nouveaux cercles sociaux que
je fréquentais. Je redécouvrais mes cinq sens
Partage d’expériences de Toastmasters de Dakar et de Paris sur la prise de parole en public.
comme un enfant face aux jeux d’éveil. L’océan mais malgré cela les mêmes membres de
de ma carrière prenait une nouvelle couleur. l’équipage familial s’inquiètent encore. Ils ont
Les vagues de questionnements, malgré leur tendance à utiliser la même phrase : « Avoir
hauteur, semblaient moins agressives et surtout quitté un des meilleurs cabinets au monde, tu es
m’emmenaient plus haut. complètement marteau ». Avec le recul, que seul
le temps et l’expérience oratoire permettent, je
Un soir, pendant que je me nourrissais du récit peux maintenant répondre fièrement : « Oui,
d’un jeune auteur américain, deux syllabes sont aussi marteau que le symbole de Toastmasters.
sorties du néant : Toast dans un premier temps, Je suis en train de forger ma propre destinée
puis Masters. Toastmasters International. J’ai été
vous avez oublié ? Je vous invite à la prochaine
interpellé par cette promesse. Une promesse conférence. Vous verrez les meilleurs orateurs
de maîtrise, de célébration et d’ouverture sur le
au monde ».
monde.
A Toastmasters qui soufflera à jamais dans mes
J’ai pris mon ordinateur de bord et j’ai cherché voiles,
la localisation la plus proche où je pourrais
trouver ces maîtres du verbe. Et le nom du club A mon club de sens Paris Etoile.
que j’ai trouvé m’a laissé pensif. Toastmasters
Paris…Etoile.
Abdallah Hassani, Raïs salétin
Etoile. Le ciel m’offrait enfin un signe qui Président du club Toastmasters Paris Etoile
ne trompait pas. Car à partir de ce jeudi 10 (2018-2019)
novembre 2016, j’ai suivi sa direction. La coque
de mon navire volait au-dessus des vagues,
portée par la bienveillance de ces nouvelles
connaissances, jusqu’à jeter son ancre au port
de cet astre rayonnant.
Aujourd’hui, à l’heure où j’écris ce témoignage,
j’y suis toujours en tant que membre.
Membre et Président Sortant. Mon Etoile m’a
généreusement prêté de ses minerais. Ces deux
précieux, uniques et indispensables aux vrais
leaders : la confiance et la responsabilité.
Je suis redevenu capitaine de mon navire
puisque ma première entreprise a vu le jour
grâce à ce que j’ai développé comme courage
et compétences à Toastmasters. Dorénavant, je
ne suis plus les fausses cartes pour ma carrière
et n’emprunte plus aucune route imposée.
Ma première entreprise a peut-être vu le jour
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LEADERS AU SERVICE
D’AUTRES LEADERS
Loin d’épuiser une matière, on n’en doit prendre
que la fleur, disait en substance Jean de la Fontaine.
Ainsi, parler de la riche et exaltante expérience
Toastmasters peut s’avérer à la fois palpitant et
intéressant. Mais il y’a que peu de mots à placer
devant une foultitude d’expériences.
De l’enfant timide au jeune cadre manquant
d’assurance est venu insuffler comme une force
surnaturelle, les bienfaits de l’art oratoire, de la prise
de parole en public et du leadership.
Au demeurant, le mouvement Toastmasters a, cet
effet magique de vous hisser si doucement sans
que vous ne vous en rendiez compte à des niveaux
insoupçonnés. Et ceci, dans une atmosphère
conviviale.
En effet, pour preuve, lors mon troisième discours
portant sur l’erreur judiciaire, j’étais tellement
concentré sur mon sujet, le regard fixé sur un
membre en face qui me servait de pivot pour ne
pas perdre le fil de mes idées et vaincre mon stress.
Malgré ce défaut d’un débutant, j’ai pu réussir à
passer ce niveau. Cependant, au sortir de la salle,
un éminent collègue toastmaster, Monsieur Inza
Dagnogo m’interpella en ces termes : « votre discours
était fort intéressant mais vous aviez le regard fixé
sur moi à tel enseigne que je me confondais avec
le juge qui a emprisonné à tort votre ami ». Nous
avons ri et j’ai bien apprécié la remarque et depuis
lors, j’ai progressé dans la manière de regarder
l’auditoire. Subtilement, ce collègue m’a beaucoup
aidé à travers une petite remarque le temps d’une
pause de manière efficace.
En si peu de temps, Toastmasters m’a donné ce
qui me manquait le plus : la confiance en soi et la
découverte de mon potentiel. Etant jeune Directeur
des Ressources Humaines (DRH) dans le domaine
de la construction, la prise de parole était un exercice
nécessaire pour ne pas dire quotidien. Les mots
bourdonnaient dans mes oreilles, je maîtrisais mes
dossiers, mais il faudrait avouer que j’étais moyen
en prise de parole en public. Par le truchement
d’une amie Madame Habsatou Ka, promotionnaire
à la faculté, j’ai découvert ce grand mouvement où
l’on avance ensemble, où l’on ne reconnaît ni élève,
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CHAPITRE 1 :
CAPITAINE DE MON DESTIN
ni maître, la seule certitude demeure l’excellence qui
prévaut.
Dans ce vaste mouvement d’ensemble, les leaders
sont là, debout comme des héros prêts à briser tous
les obstacles sur le chemin périlleux et non moins
évident de la prise de parole en public.
In fine, mon passage à Toastmasters m’a fait
comprendre ce que disait Barack Hussein Obama : «
dans ma propre vie, j’ai appris qu’on ne pouvait pas
s’élever en abaissant autrui ». Je puis vous assurer
que le Dakar Xewel Toastmaster Club (DXTC) ne
connaît pas le mot abaisser. Quotidiennement, ces
braves dames et valeureux hommes, tous âges
confondus se donnent corps et âmes pour tirer les
membres vers le haut et en faire de vrais leaders
charismatiques.
Sur le plan personnel, j’ai compris que la parole vaut
l’homme ou l’homme ne vaut rien.
D’après mon expérience enrichissante, ma
participation au club Toastmasters DXTC m’a
beaucoup apporté en termes d’épanouissement
personnel et professionnel.
En effet, dans l’exercice de mes activités
professionnelles, je prends de l’expérience dans le
domaine sans cesse en mouvement du management
du capital humain et je dois intervenir à titre de
spécialiste dans la matière. Ceci induit forcément la
prise la parole dans des situations très particulières
sans compter du contexte, du milieu choisi, réunions
avec le conseil d’administration, les entretiens de
recrutement ainsi que les réunions d’équipes. En
clair, il est impossible de se débiner, parler devient
nécessaire pour convaincre, persuader, motiver,
diriger et surtout rassurer.
De façon générale, la difficulté ne résidait pas
simplement à présenter des sujets maîtrisés à
un auditoire connu. C’est ma zone de confort et
généralement, je tire mon épingle du jeu. Toutefois,
lorsque vous ne contrôlez pas l’agenda, que vous
vous présentez devant un auditoire qui ne vous
est pas familier et qu’il s’agit d’un sujet des plus
important pour votre organisation vous ne serez
plus dans votre zone de confort et c’est là que vous
Partage d’expériences de Toastmasters de Dakar et de Paris sur la prise de parole en public.
aurez besoin d’avoir des acquis, des habiletés qui
vont vous permettre de gérer votre stress, votre
temps et de relever le défi.
de pouvoir répondre plus aisément du tac au tac à
mon interlocuteur.
Grâce au mouvement Toastmasters, j’ai propulsé
Ainsi, la magie de Toastmasters est de permettre
de développer ces habiletés dans un cadre très
ma carrière professionnelle en franchissant une
nouvelle étape. Cette ascension est la réussite
approprié comme si vous êtes un élève de lycée comme major de ma section au concours très
devant plusieurs professeurs payés uniquement sélectif d’entrée à l’Ecole Nationale d’Administration
pour vous donner les moyens nécessaires d’être le du Sénégal. A l’issue de la formation, je sortirai, si
meilleur. Dieu le veut comme Inspecteur du Travail et de la
Sécurité sociale. Il me plaît de rappeler que dans ce
Cependant à Toastmasters, ces professeurs sont
concours, l’entretien avec le jury occupe une place
les différents membres à la générosité débordante
de choix dans les notes.
qui vous évaluent, vous appuient dans le seul but
d’assister à votre progression. En effet, le jury est composé de la crème
de l’administration (Inspecteurs Généraux
Le besoin de trouver des bases solides en
d’Etat, Inspecteurs du Travail chevronnés, des
communication a suscité ma curiosité pour la
Administrateurs civils très expérimentés, d’anciens
lecture des meilleurs livres du monde sur comment
Ambassadeurs, Psychologues et d’autres sommités
parler en public avec confiance mais sans mise
des autres corps de l’administration à savoir Douane,
en pratique de cette connaissance. Seulement, la
Trésor, Impôt, Commerce). Lors de mon passage
progression est très lente.
décisif devant le jury, la prise de parole devant ce
Heureusement, le club Toastmasters est là pour parterre d’autorités était le moment solennel de
donner l’opportunité d’acquérir les techniques de mettre en pratique toute l’expérience acquise.
communication et de les pratiquer continuellement
Ainsi, avec assurance, aisance, confiance, éloquence,
devant un groupe de membres composé d’individus
le regard circulaire, la structuration, l’intérêt et la
sympathiques, talentueux, solidaires, dynamiques,
gestuelle, j’ai pu sortir de cette épreuve avec brio.
prêts à écouter et à apprécier le discours qui est
Cette réussite, je la dois en partie au mouvement
juste un moyen de vous jauger, tout en vous élevant
Toastmasters.
vers l’excellence.
Je ne saurais terminer sans pour autant rappeler
Membre du club Toastmasters DXTC depuis trois
ce proverbe africain qui dit : « Pour qu’un enfant
ans, j’ai l’occasion de présenter mes discours qui
grandisse, il faut tout un village ». Toastmasters est
sont ensuite évalués par les autres membres du
ce village de vertu, de sagesse et d’expertise qui fait
club avec des recommandations plus utiles les unes
grandir en art oratoire, en prise de parole en public
que les autres.
et en leadership.
J’ai eu l’occasion de présider ou d’animer les
Dans cette perspective, l’objectif global de la
rencontres, de participer aux improvisations,
formation reçu dans ce mouvement était de
de présider et de participer à un concours
façonner un homme confiant, un homme d’action,
d’improvisations. De plus, j’ai la chance de faire
nourri d’une réflexion puisant ses fondements dans
partie du comité de direction du club au sein duquel
une culture de rigueur intellectuelle constamment
j’ai assuré le poste de Vice-Président aux Adhésions
entretenue, un décideur et un meneur d’hommes
(VPA). Ce poste était un train d’union, une connexion
qui maîtrise l’art oratoire, le leadership tout en
entre le milieu professionnel et le mouvement
fédérant les énergies. Un homme cultivé pouvant
Toastmasters. En fait, il s’agissait de convaincre,
s’épanouir dans tous les milieux et de se distinguer
après une séance déjà convaincante, les invités à
par son ouverture d’esprit, son discours inspirant
se décider comme en entretien de recrutement.
et sa capacité de réflexion soutenue. Mais aussi
Ces expériences ont permis de développer non
et surtout la capacité de s’intégrer si brillamment
seulement les compétences en leadership mais
dans un groupe et de s’élever tout en hissant les
aussi la confiance en soi pour animer les réunions
autres vers les objectifs globaux puisque qu’être
d’équipe de façon plus efficace et calme.
toastmaster est avant tout être leader ou le devenir
Grâce aux discours et aux évaluations que j’ai au fil du temps.
réalisés, j’ai appris à maîtriser l’art d’écouter,
de penser et de présenter mes idées avec plus
d’assurance devant mes collègues, mes supérieurs Djibril Diallo
ou un autre groupe de personnes. Sans oublier que
Membre du Dakar Xewel Toastmasters Club (DXTC)
participer aux improvisations est un autre important
moyen pour moi de développer mes réflexes afin
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CHAPITRE 1 :
CAPITAINE DE MON DESTIN
UNE HISTOIRE DE PAROLE
Vous est-il une fois arrivé, qu’une circonstance à
première vue anodine, finisse par changer votre
vie ?
Cela m’est arrivé en Avril 2014, alors qu’un de mes
stagiaires, Xavier, ravi de ce qu’il voyait en moi un
gros potentiel d’orateur, m’invitait avec insistance
à son club nommé Dakar Xewel Toastmasters Club
pour une formation en art oratoire le samedi 19.
Le jour-J, j’arrive au Novotel à 9 heures précises
et je suis accueilli par Xavier qui m’introduit dans
la grande salle lumineuse déjà remplie de monde.
Après de chaleureuses présentations et de
bonnes gorgées de café chaud, je peux assister à
la séance de formation.
Des orateurs hors pair font devant mes yeux
des discours de haute facture sur les enjeux de
la mondialisation, sur l’importance de sortir de
notre zone de confort pour ne citer que cela.
Je suis interrogé à la session des improvisations
et je me surprends à argumenter avec force
d’exemples sur l’importance pour l’Afrique avec sa
jeune population de prendre son destin en main.
J’ai tellement parlé que je n’ai pas remarqué le
chronométreur qui faisait de grands gestes pour
me signifier que je devais conclure devant le rire
complice de Xavier.
A la fin de la séance, on me demande mes
impressions :
« Xavier, je ne te remercierai jamais assez de
m’avoir introduit dans ce monde merveilleux de
l’art oratoire. Merci à vous tous chers toastmasters.
Je viens de découvrir une vocation, cet outil
incontournable qui manquait tant à mon idéal de
vie : être capable de défendre mes idées en tous
lieux et en toutes circonstances ».
Je pris ce jour-là la décision d’intégrer le club.
Avec toujours la même énergie, mais aussi et
surtout grâce à l’appui inconditionnel de tous les
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Partage d’expériences de Toastmasters de Dakar et de Paris sur la prise de parole en public.
membres du club, j’intégrais deux mois après
le bureau des dirigeants du club en tant que
Commissaire à l’Organisation.
Mon discours bris de glace, je le fis avec ma fidèle
compagne de tout temps : la peur. Peur que
mon cœur finisse par sortir de ma poitrine, peur
de décevoir ces dizaines de paires d’yeux, peur
de ne trouver les mots justes, peur de paraître
médiocre, peur de l’échec. Mais la particularité
du Tostmasters est son environnement convivial
qui améliore notre confiance en soi, mais aussi et
surtout c’est un système innovant qui nous sort
avec bienveillance de notre zone de confort.
C’est ainsi que je pus acquérir les compétences
en communication verbale et non verbale
enseignées par Toastmasters ainsi que les
rôles de leadership. A tel point qu’un jour de
février 2017, je fus désigné par une des femmes
fondatrices du mouvement Toastmasters au
Sénégal, Mme Fatim Faye, pour aller faire une
formation en prise de parole en public à un
projet américain sport-études nommé SEED
PROJECT logé à Thiès, à environ 70 kilomètres
de Dakar.
Pour mon baptême de feu, on peut dire que
c’était une réussite car au-delà de la centaine
d’élèves de 16-18 ans à qui je faisais la formation,
leurs professeurs (une dizaine) sont venus
assister et se prêter aux jeux de rôles sur la
variété vocale ou sur la gestuelle. Le lendemain,
c’est avec beaucoup de satisfaction que j’ai
reçu un mail de remerciement et de félicitations
de la part de la coordinatrice du projet en
Afrique de l’Ouest. L’illustre juge nommé : Art
Oratoire venait de sceller mon divorce avec ma
compagne : la peur.
Cela m’a motivé davantage à gravir les échelons
en communication (Communicateur Compétent
puis Communicateur Avancé Bronze et bientôt
-9-
Communicateur Avancé Argent) et donc à
répondre avec aisance à d’autres opportunités
de formation. Ironie du sort : le juge qui avait
prononcé mon divorce d’avec la peur, l’Art
oratoire, est devenu mon meilleur ami. Un ami
fidèle qui m’en apprend chaque jour.
En début 2018, un incubateur de Start-up me
contacte pour un accompagnement sous
forme de bénévolat d’une vingtaine de jeunes
entrepreneurs sociaux, ce que je fis avec
bonheur. J’ai vu ces jeunes qui à l’entame de la
formation parlent les bras croisés en regardant
le bout de leurs pieds, et qui, après seulement
deux heures d’atelier, arrivent à parler avec
assurance et même à se déplacer dans l’espace
du lutrin en présentant leur projet. Je ne me suis
jamais arrêté depuis. L’art oratoire a un impact
réel sur tous les aspects de ma vie. Il m’aide
à aider des personnes de tous âges à devenir
meilleures et à me rendre meilleur.
En définitive, nous avons tous eu cette peur
terrible de devoir prononcer des mots devant
des dizaines de paires d’yeux souvent inconnus.
Nous éprouvons un grand mal à vouloir
convaincre un auditoire sur des sujets qui
pourtant nous tiennent à cœur.
Le Toastmasters reste un outil formidable pour
développer notre confiance en soi, nos talents
d’orateurs et surtout notre leadership.
Pratiquons l’art oratoire, faisons briller les autres
et indubitablement, leur lumière rejaillira sur
nous.
Moussa Guèye, Leader Avancé Bronze (LAB)
Président du Dakar Xewel Toastmasters Club
(2018-2019)

CHEMINEMENT VERS LE SOMMET
NON ! FUIR N’EST PLUS UNE
SOLUTION ENVISAGEABLE.
Face à un danger potentiel, quel serait votre premier
réflexe ? Fuir ou l’affronter ?
Tout au long de mon cursus scolaire, j’ai côtoyé
l’inquiétude, la panique, la peur constante d’être
jugée ou de me tromper en levant la main ou encore
en répondant à une question d’un professeur.
J’ai eu à fuir des exposés, fuir des présentations,
fuir des travaux pratiques à défendre devant mes
camarades de classe, fuir les regards interrogateurs
des professeurs, etc. Je me dérobais à la moindre
occasion et les invocations telles que : « Mon Dieu,
faites que l’on ne m’interroge pas, faites que l’on ne
me désigne pas » faisaient parties de mon quotidien
d’élève.
Accordant une attention particulière à l’idée que les
autres se faisaient de moi-même et n’ayant pas pour
autant un avis précis et particulier sur ma propre
personne, j’avais pris quelques dispositions pour
m’adapter à l’environnement scolaire. Mes questions
? Je les posais en aparté au professeur à la fin des
cours. Je savais que c’était quelque peu égoïste de ma
part sachant que ses réponses pouvaient bénéficier
à d’autres élèves mais dans mon fort intérieur, je ne
m’en voulais absolument pas. Pourquoi prendre le
risque de poser une question bête, évidente ou pas
très pertinente et courir le risque de me faire juger
par les autres ? Eh oui ! J’étais persuadée que les
autres ne s’abstiendraient pas de mal juger mon
intervention car une petite voix dans ma tête m’avait
convaincue que ce serait bien le cas. En effet, la voix
n’avait pas tout à fait tort car en voulant m’exprimer
devant toute la classe, je pouvais faire des fautes,
trébucher sur mes mots, bégayer, ne pas utiliser
un bon pronom et cela susciterait forcement des
railleries, des jugements ou encore des critiques.
On se rappelle du très célèbre chanteur et humoriste
Fernandel, sa biographie nous dit qu’il faisait rire ses
camarades malgré lui rien qu’en répondant « présent
» à l’appel en classe. Car oui, nous avions tous une
étiquette, une identité collée sur notre dos lorsque
nous étions jeunes. Mon identité, je ne l’avais pas
- 10 -
CHAPITRE 2 :
validée et j’ignore jusqu’à présent l’élève qui me
l’avait décerné. On me traitait de fofolle et je passais
pour celle qui était toujours à côté de la plaque, celle
qui n’agissait pas ou ne pensait pas comme tout le
monde, celle dont l’avis ne comptait pas vraiment... A
ce moment-là, j’ai compris que toute prise de parole
devait être bannie afin d’éviter au maximum les
étiquettes et jugements sur ma personne.
En replongeant plus loin dans mes souvenirs, je me
rappelle que mes notes avaient démontré à mes
parents et à moi-même que je n’étais pas une lumière
à l’école. Ainsi, ils ont eu recours à un répétiteur qui
m’attendait quasiment tous les soirs à la maison
pour m’aider à réviser. Il était évident que j’avais des
difficultés à assimiler certaines matières scientifiques.
Ne voulant pas me faire démasquer ou encore attirer
les moqueries de mes camarades, j’avais une volonté
réelle de vouloir équilibrer mon niveau en comblant
ce gap. Etant donc en rattrapage continu, je n’avais
pas le courage de me lever en plein cours devant tous
les élèves pour faire une contribution ou poser une
question. Je restais toujours admirative devant ces
élèves qui osaient le faire avec une réelle assurance.
Mais quel était donc leur secret ? Ils en avaient
sûrement un ! Et moi, je me contentais de rester dans
mon coin en préparant les éventuelles questions à
soumettre au professeur ou au répétiteur. Au fil du
temps, je me suis rendu compte que j’avais passé tout
un cycle à esquiver les opportunités de m’exprimer
devant mes camarades car c’était beaucoup moins
stressant de les écouter parler.
A mon arrivée à l’université, j’étais tout de suite dans
l’euphorie d’une nouvelle vie d’adulte qui démarrait,
oubliant rapidement les démons du passé et séduite
par le changement d’univers et le train de vie des
universitaires. Je suis donc allée à l’assaut de toutes
les barrières que je m’étais fixées. Evidemment, la
prise de parole en public était ma première cible,
mon obsession. Hélas, mes premières expériences
de parole en public se sont tout simplement révélées
désastreuses.
Partage d’expériences de Toastmasters de Dakar et de Paris sur la prise de parole en public.
Face à toute nouvelle tentative, la petite voix d’antan
débarquait sans prévenir et ne cessait de me faire
part de ses inquiétudes qui étaient aussi les miennes
à chaque fois que je voulais m’exprimer devant un
groupe de personnes : Que vas-tu dire ? Tu n’as
aucune idée en tête, voyons ! Ne dis rien, tu pourrais
te tromper ? Tu pourrais faire des fautes, tu pourrais…
tu pourrais…
J’avais pourtant la ferme conviction que les angoisses
élémentaires disparaissaient au fil du temps.
Malheureusement, ce n’était pas le cas.
Lorsque j’ai finalement décroché mon premier
emploi, la petite voix prit des congés car je n’avais
plus (fort heureusement pour moi) l’occasion de
prendre la parole en public. J’étais plutôt occupée
à envoyer des courriels et à rédiger des rapports et
cela me convenait par-fai-te-ment !
Plus les années passèrent, plus mon parcours
professionnel s’enrichissait de belles rencontres et de
nouveaux défis à relever. D’une manière opportune,
les mauvaises expériences du passé n’avaient plus ce
goût amer et mes plaies s’étaient enfin cicatrisées :
j’avais mûri. Prenant conscience de mes faiblesses et
limites, il ne me restait plus qu’une seule chose à faire
: en venir à bout.
Plus je rencontrais des personnes éloquentes, qui
maniaient le verbe avec aisance plus j’étais motivée
à vouloir me lancer. La découverte du mouvement
Toastmasters restera sans doute une de mes plus
belles expériences. Un jour, je finissais à peine un
discours de remerciement périlleux devant les
membres de ma chorale lorsqu’un ami m’interpella
et me proposa de me rapprocher d’une toastmaster
du club Xewel de Dakar afin de pouvoir m’exercer
sans crainte et dans un environnement chaleureux et
convivial. Dès mon adhésion, la peur d’être ridicule,
de me tromper ou d’être moquée avait subitement
disparu grâce aux nombreux encouragements que
je recevais de part et d’autre et que je continue de
recevoir jusqu’à ce jour. En intégrant le mouvement,
j’ai eu le sentiment d’avoir acheté le ticket
d’embarquement qui me permettra de passer de la
zone de peur à la zone d’apprentissage.
Petit à petit, j’ai arrêté de fuir et j’ai fait face à mes
peurs. Petit à petit, j’ai commencé à m’ouvrir
aux autres. Petit à petit, j’ai découvert ma vraie
personnalité et mes atouts. Petit à petit, je cultivais en
moi des pensées positives qui m’ont aidée à devenir
plus confiante.
- 11 -
J’en veux pour preuve ma participation il y a deux
mois de cela au concours de discours humoristiques
organisé par le club d’anglais Toastmasters Jambaar
de Dakar. C’était mon tout premier concours et
malgré le stress qui me dévorait tout au long de la
période de préparation me poussant à abandonner,
je n’ai pas repris mes vieilles habitudes en faisant
volte-face. J’étais résolument déterminée à
surmonter cette peur et à ma grande surprise, ce
concours m’a fortement enrichi en expériences. Bien
que je n’aie pas eu à le remporter, j’ai ressenti une
réelle volonté de renouveler les expériences de prise
de parole en public. Désormais, dès qu’une occasion
se présente, je la saisis pour me parfaire. Comme
disait le philosophe Aristote : « L’Homme devient ce
qu’il fait...ce qu’on doit apprendre à faire, c’est en le
faisant que nous l’apprenons…c’est en forgeant que
l’on devient forgeron ».
Ayant surpris mon entourage par mon audace, ma
sœur qui vient de lancer sa startup de distribution
de fruits et légumes bio me sollicita pour défendre
son projet devant des incubateurs venus d’ailleurs.
Cette responsabilité déclencha aussitôt en moi
une forte énergie positive que je n’ai pas hésité à
leur transmettre tout au long de ma présentation.
Ce qui m’a valu un tonnerre d’applaudissements et
d’encouragements à la fin de mon allocution.
Et je ne me suis pas arrêtée en si bon chemin. Tout
récemment, j’ai porté un toast lors du baptême de
mon filleul au nom de toute la famille réunie et j’ai été
très honorée de recevoir des félicitations de la part
de plusieurs invités que je n’avais jamais rencontré
auparavant. Une très grande émotion s’empara de
moi à cet instant précis car je ne m’attendais pas à
cette réaction positive de leur part.
Aujourd’hui, je suis très reconnaissante envers
mon club qui m’a aidé à surmonter mes peurs et à
franchir un nouveau cap. Mon objectif, c’est d’être
performante sur la durée et de maîtriser à long
terme tous les rouages de l’art oratoire. Je suis fière
du chemin parcouru et je suis consciente qu’il me
faudra faire beaucoup d’efforts pour atteindre le haut
niveau.
F.B. Cécile Lo
Membre du Dakar Xewel Toastmasters Club

CHEMINEMENT VERS LE SOMMET
MIEUX PARLER POUR
MIEUX AVANCER
Je n’ai jamais eu peur de parler en public.
A la maison mes parents nous ont toujours
poussés à nous exprimer, à dire ce que nous
pensions et mon parcours littéraire puis juridique
impliquait beaucoup de présentations.
Aussi nourrie aux séries judiciaires américaines
et films dont les sujets étaient les débats et
les concours de rhétoriques dans les lycées
et facultés américaines, j’étais en admiration
devant ces personnes qui pour la plupart avaient
mon âge ou un tout petit peu plus âgées et je
me disais je veux être comme eux.
Dans mes prises de parole en public ou dans le
cadre d’échanges privés, le point qui revenait
souvent c’était « Dorine tu parles vite, trop
vite, respire ». Aussi, ma mère me disait tout le
temps « articules bien, je ne comprends pas ce
que tu dis ».
A l’école, mes camarades et professeurs me
demandaient après chaque intervention de ma
part si je faisais du rap.
J’étais consciente que je devais travailler ces
points.
Il y’a quelques années, j’ai commencé à
regarder les TED® Talks et des conférences de
personnes inspirantes et je me disais : « je veux
parler comme elles, je veux être aussi à l’aise ».
Il y’a une phrase qui dit « Quand le disciple est
prêt, le maître apparait ». En Février 2018, je
rencontre grâce à Instagram une jeune femme
et nous décidons en mai de prendre un café
ensemble. Au cours de la conversation, elle
me parle de Toastmasters et de comment cela
l’avait énormément aidée dans ces prises de
parole en public.
- 12 -
CHAPITRE 2 :
Je ne connaissais pas du tout Toastmasters et
me voilà attendant impatiemment la rentrée
de Septembre pour participer à ma première
séance.
Je revenais à la deuxième séance avec mon
chèque pour m’inscrire, convaincue que
Toastmasters pourrait m’aider à m’améliorer
sur mon débit de parole, ma respiration, ma
structure et aller plus rapidement à l’essentiel.
J’ai découvert une autre manière de parler en
public, loin de tout ce que j’avais connu à la
maison, à l’école ou à la faculté.
Je pensais ne pas avoir peur de parler en public
et lors de mon premier discours, je tremblais et
j’avais du mal à respirer.
L’environnement bienveillant de Toastmasters
m’a permis d’aller au-delà de cette peur et je
savais qu’après ce discours, j’allais avoir des
retours concrets pour progresser.
Avant Toastmasters, je n’avais pas de méthode
précise dans mes prises de parole, je parlais
tout simplement.
Toastmasters m’a permis d’intégrer
systématiquement à chacune de mes prises de
parole publiques ou privées ces points :
Quelle est l’intention derrière mon message ?
Quelle est la meilleure structure à adopter
pour délivrer un message structuré (sans être
scolaire) et impactant ?
Quelle intonation pour chaque partie de mon
message ?
Ces questions m’ont donné la confiance pour
animer une formation en janvier 2019 sur
comment attirer et convertir des invités en
Partage d’expériences de Toastmasters de Dakar et de Paris sur la prise de parole en public.
membres Toastmaters, quatre mois après beaucoup mieux et mes prises de parole en
avoir intégré un club Toastmaters et sans avoir public sont plus structurées : principales raisons
encore fait mon bris de glace (premier discours de mon inscription à Toastmasters.
à Toastmasters).
Toastmasters, c’est également les improvisations,
Au début, j’avais un peu peur. Je n’avais jamais qui sont une autre manière pour gagner en
animé de formations. Je savais que la majorité confiance et lâcher prise. Les improvisations
des participants à la formation étaient des m’ont donné envie de rejoindre une troupe de
Toastmasters mais je ne savais pas depuis théâtre à la rentrée 2020.
combien de temps ils pratiquaient la prise
de parole en public. Il y’avait énormément Intégrer Toastmasters m’a permis de faire de
de chances que cela soit depuis bien plus belles rencontres de Paris à Marseille, en passant
longtemps que moi. par Dakar, les Pays-Bas, le Luxembourg. Des
collègues Toastmasters, certains sont devenus
J’ai créé la formation et j’y suis allée, décidé à des amis, des conseillers, avec qui je partage
leur apporter de la valeur et à ce qu’ils repartent des centres d’intérêts aussi passionnants que la
avec du concret pour faire grandir leurs clubs. prise de parole en public.
Aussi, je voyais cette journée comme le moyen
d’apprendre la prise de parole en public en tant
que formatrice et non oratrice afin d’avoir les Dorine Tine
retours de personnes plus expérimentées et
Membre du Club Toastmasters Expressions
ainsi m’améliorer encore plus.
La formation s’est très bien déroulée. Il y’avait
une belle énergie et les participants étaient
satisfaits. Quelle joie !
J’étais également fière d’avoir relevé ce défi et
voir que je pouvais apporter après seulement
quatre mois de Toastmasters de la valeur à des
anciens m’a confirmé encore une fois que j’avais
fait le bon choix en rejoignant Toastmasters.
Cette formation m’a aussi donné le dernière
dose de confiance dont j’avais besoin pour me
lancer et faire trois semaines plus tard mon bris
de glace.
Quatorze mois après avoir rejoint Toastmasters
et membre du bureau de mon club depuis juin
2019, je me sens tellement plus confiante et
sereine dans mes prises de parole en public.
Je respire mieux, parle moins vite, j’articule
- 13 -
 Partage d’expériences de Toastmasters de Dakar et de Paris sur la prise de parole en public.

CHAPITRE 2 :
CHEMINEMENT VERS LE SOMMET

COMMENT LA PRISE DE PAROLE EN

PUBLIC ME PERMET DE DEVENIR
UNE TOUTE AUTRE PERSONNE
Depuis mon enfance, je communique très peu
avec les autres. J’ai commencé à parler assez
tard et mes prises de parole hésitantes ont fait
de moi quelqu’un d’effacé en public.
Cela allait, de ne pas répondre lorsque l’on me
demandait mon prénom, à ne pas dire “bonjour”
pour ne pas engager de conversations avec les
autres.
Très vite, les exposés en classe ont été de
véritables supplices. Je prenais l’habitude
d’écrire mot à mot sur une feuille ce que je
devais dire, afin de simplement la lire devant les
autres, le moment venu.
Au fil des années, rien n’a véritablement changé.
Puis un jour, le déclic.
Je ne me voyais plus continuer ainsi toute ma vie.
Fuir au quotidien le contact et les discussions
avec les autres. Je devais prendre les choses en
main.
Ce changement m’a amené à changer de voie
professionnelle. J’ai commencé à travailler à
mon compte.
Cela impliquait de nombreux bouleversements :
Aller vers les entreprises alors qu’avant je les
fuyais au quotidien...
Les convaincre et être convaincant, alors
qu’avant je ne montrais aucun signe d’assurance
et de confiance en moi…
Parler avec des inconnus, alors qu’avant je
n’osais pas parler aux personnes que je côtoyais
quotidiennement...
J’ai ainsi découvert ce que voulait dire « sortir
de sa zone de confort ».
À l’heure où j’écris ces lignes, ce déclic remonte
à environ 2 ans.
Ces deux dernières années, j’ai effectué des
ateliers de prise de parole et je me suis inscrit à
quelques concours afin de me forger un début
d’expérience.
Pour moi, faire un concours de prise de parole
était aussi difficile que de demander l’heure à
un inconnu dans la rue. Dans les deux cas, la
situation était inédite.
Ces ateliers m’ont permis de progresser à mon
rythme et de commencer à prendre la parole
devant un public bienveillant. J’y ai aussi
découvert les fondements d’une bonne prise de
parole (le regard, la posture, la voix).
Ces quelques concours m’ont amené à prendre
la parole devant des dizaines de personnes.
Au maximum, une cinquantaine de personnes.
C’était un beau défi.
Je me suis préparé en établissant une routine
matinale composée d’exercices de respirations
et d’articulations (principalement des
virelangues).
J’ai préparé mon discours en commençant par
définir le message que je voulais transmettre.
Puis, comme à mon habitude, j’ai préparé le
texte de mon discours, mot à mot. Ensuite, j’ai
commencé à le réciter pour l’ancrer dans mon
esprit. Et, au fur et à mesure, j’ai commencé à me
détacher du texte pour trouver les meilleures
formulations, celles qui iraient le mieux avec le
rythme de mon discours.
Ces prises de parole devant des inconnus
se passaient plutôt bien. En tous les cas,
aujourd’hui, je ne vois que les choses positives
que cela m’a apporté et l’expérience que j’ai pu
forger.
À l’époque aussi, je ne voyais que l’impact
positif que cela avait sur ma vie personnelle
et professionnelle. J’ai donc continué de me
rendre à des ateliers de prise de parole et j’ai
fini par découvrir les séances Toastmasters.
Les séances Toastmasters sont pour moi la
meilleure façon de m’exercer à la prise de
parole en public et ainsi progresser dans la
bienveillance.
Cela fait un peu plus d’une année que j’y assiste
et y progresse grâce à des personnes qui
m’encouragent.
Aujourd’hui, mes prises de parole n’ont pas
beaucoup changé. Elles sont souvent préparées.
Cela me permet d’une part de prendre la parole
avec davantage de confiance et d’assurance et
d’autre part, de me concentrer sur ma posture,
ma voix et le contact visuel avec le public.
Néanmois, lors des séances Toastmasters, il y a
un exercice que je redoute plus que les autres,
et qui va à l’encontre de toutes mes habitudes
en matière de prise de parole… Ce sont les
improvisations.
L’exercice des improvisations consiste à
improviser durant une à deux minutes sur
un sujet imposé et que l’on ne découvre que
quelques secondes avant de commencer notre
prise de parole.
Lorsque vient mon tour d’effectuer une
improvisation, je peux donc oublier l’idée de
préparer mes phrases mot à mot pour les lire
devant les autres.
Il subsiste tout de même quelques stratagèmes
(que j’utilise) pour se sortir d’une telle situation.
Par exemple, je ramène le sujet de l’improvisation
à une expérience personnelle, qui m’est arrivée
récemment afin de pouvoir développer le sujet
avec beaucoup plus de facilité.
Un autre stratagème quand le sujet fait naître
une image dans notre esprit revient à décrire
cette image et créer une histoire ou une
situation à partir de celle-ci pour répondre au
sujet de l’improvisation.
Enfin, le recours à l’humour quand c’est possible.
Cela permet de détendre l’atmosphère et les
rires permettent de gagner quelques secondes
de réflexion supplémentaires.
Grâce à cet exercice et aux différentes prises de
parole que j’effectue, je progresse de mois en
mois, d’années en années. Cette évolution me
prouve que tout est possible et que l’on peut
toujours changer les choses.
J’invite chaque personne qui lira ces lignes et
qui souhaite améliorer ses facultés oratoires, à
franchir le pas d’un atelier de prise de parole,
que ce soit chez Toastmasters ou un autre.
François

- 14 - - 15 -
 Partage d’expériences de Toastmasters de Dakar et de Paris sur la prise de parole en public.

CHAPITRE 2 :
CHEMINEMENT VERS LE SOMMET

LE DEVOIR DE PARLER

Je me souviens encore de la pauvre personne de rédactrice et de rapportage écrit. de partager des connaissances, d’échanger des Aujourd’hui, je suis convaincue que l’intérêt
que je fus ce matin de l’année 2010. valeurs, de répondre à des sollicitations. Ce pour un sujet et la maîtrise de la langue ne
Au travail, toute sorte d’excuses était bonne pour sont des défis divers que nous devons relever garantissent pas l’aptitude à prononcer un
Membre du comité d’organisation d’une échapper à des réunions ou représentations au quotidien. L’expression écrite ne suffit plus discours ou prendre la parole de manière
rencontre, je n’avais pas hésité à accepter le nécessitant la prise de parole. Sinon, je devenais pour convaincre et atteindre notre cible. Nous impromptue ; tout comme la belle voix ne
rôle d’imprésario qui m’a été attribué deux muette lors de ces nombreuses séances devons faire face à la réalité, la grande réalité garantit pas le succès d’un chanteur. Il faut en
jours plus tôt. Nous devrions parler de coaching manquant ainsi les opportunités de donner mes d’un public de plus en plus exigent, parfois plus être capable de trouver son style, sortir
et de développement personnel. Mes amis et points de vue, de défendre mes idées. Lorsque inconnu, qui doit choisir parmi une multitude de de chez soi et pouvoir se faire écouter par les
moi étions loin d’imaginer que la passion pour je n’avais pas eu le choix, lorsque je devais parler, talents, de produits et d’offres dont les nôtres. autres.
le sujet, la maîtrise de la langue française et la chaque fois était pire que la précédente. Cette
capacité de mobilisation dont je faisais preuve situation atténuait peu à peu mon excellence Une fois conscients de nos faiblesses, nous Pour cela, il est nécessaire de se rendre compte
ne suffiraient pas pour prendre la parole devant dans le travail. devons chercher les moyens d’affirmer de ses faiblesses, de faire preuve d’audace pour
un public. pleinement nos potentialités pour nous aller à la recherche de l’excellence. Plusieurs
Au bout d’un moment, j’ai dû admettre que améliorer, devenir une meilleure version de pistes sont ouvertes à cet effet. L’une des
Au moment fatidique, mains et voix tremblantes, je devais me débarrasser de ce problème nous-même. meilleures que j’emprunte est l’apprentissage
j’avais perdu les armes de l’expression orale. récurrent. avec Toastmasters International, un creuset
Quelle surprise ! Pourtant les invités, environ C’est ce que j’ai entrepris de faire depuis 2012. du donner et du recevoir, où l’on apprend à se
une centaine, étaient en partie des personnes J’imagine que beaucoup de personnes J’ai donc multiplié les efforts d’apprentissage
connaissent ou ont connu ces genres de découvrir, découvrir les autres, partager des
avec qui je pouvais échanger à tout instant sans via divers canaux pour retrouver de l’intérêt expériences, trouver son style de leadership et
me soucier du choix de ma posture, de mes moments dans leurs vies : 1- la découverte aux activités et sujets qui me passionnent,
d’une faiblesse, 2- une fuite en avant, 3- un de communication et s’affirmer au quotidien.
mots ni de mes gestes. Néanmoins, je n’avais intégrer des groupes de jeunes où je peux
pas encore fait l’expérience de les rassembler moment de prise de conscience et 4-la décision m’exprimer. J’ai commencé à assumer tant bien La peur ne m’a pas lâchée certes, mais je ne la
en auditoire et de plus, avec d’autres inconnus. de s’améliorer. que mal ma timidité en lisant des ouvrages, lâche pas non plus, elle est comme un enfant
Le troisième moment commence par une mise suivant des séminaires pour apprendre sur les rebelle que je me dois de maîtriser. J’apprécie
Que dire de ce moment court ? Ou plutôt techniques de prises de parole en public. Dans beaucoup mieux la personne plus confiante en
interminable ? au point de la situation. En ce qui me concerne,
je me souviens que plus jeune, je n’ai pas été mes recherches, j’ai entendu parler des clubs sa prise de parole que je suis aujourd’hui.
Je me souviens que, traquée par la peur, en une perturbatrice de première classe. Je n’étais Toastmaters, cependant je n’ai pris la décision
sueur dans une salle climatisée, j’avais souhaité pas souvent responsable de classe non plus. La qu’en 2017 pour y faire mon expérience.
remonter le temps ou simplement me réveiller poésie et l’expression orale étaient des devoirs Membre du club francophone Dakar Xewel Grâce Kougbla H. Ale,
d’un rêve qui devenait un cauchemar. que je me contentais de bien faire comme une Toastmasters club (DXTC) et du club Communicatrice Compétente (CC)
élève assidue, autrement je ne me retrouvais anglophone Jambaar Toastmasters club, je suis Membre de Dakar Xewel Toastamsters Club
Pourtant le coup était parti, imprévu, difficile à pas facilement parmi les bavards. En réalité, (DXTC)
supporter, laissant en moi désormais une très communicatrice compétente et bientôt leader
j’étais timide, j’avais peur de parler, je manquais compétente. J’apprends continuellement avec
grande peur de m’exprimer en public. de confiance en moi. les autres membres à préparer des discours,
Pendant plusieurs années, je me suis alors Cette prise de conscience s’impose lorsque nos à recevoir des retours, à apprécier les efforts
interdite de m’exposer à un public, quel qu’il ambitions grandissent et l’accomplissement des autres et à contribuer au bien-être du
soit, tant qu’il compte plus de trois personnes de nos rêves dans un environnement évolutif club en étant apprenant, enseignant, mentor,
ou tant qu’il ne s’agit pas de personnes très et concurrentiel qui est le nôtre exige de plus responsables d’activités. Dans ces conditions
proches. L’expression écrite était devenue mon en plus l’expression de nos capacités. Il devient tous les membres sont valorisés et devraient
unique et grand refuge, faisant de moi une indispensable pour nous de nous faire connaître, avoir forcément le désir de s’améliorer.
collaboratrice très appréciée pour mes talents
- 16 - - 17 -

CHAPITRE 2 :
CHEMINEMENT VERS LE SOMMET
EN ROUTE VERS LE SOMMET
DE LA PRISE DE PAROLE EN
PUBLIC
Tout jeune, prendre la parole en public était
impensable pour moi. Il y avait comme une
interdiction, une loi supérieure, une tradition qui
l’interdisaient aux enfants.
Je suis né à l’intérieur du Sénégal, dans le
département de Mbacké, ville fortement
religieuse, lieu de naissance d’un grand guide
religieux, le fondateur du Mouridisme, Cheikh
Bamba Mbacké. Parler était destiné à certaines
personnes considérées comme détentrices de
ce pouvoir, qu’elles ont hérité de leurs ancêtres.
Nous les appelons les « sacs à paroles ». S’il y a
un message à délivrer lors d’un évènement au
public, nous faisions appel à eux. Ce sont souvent
de veilles personnes qui sont témoins de l’histoire
des familles, du village. De ce fait, moi jeune, je
me suis fait une religion : jamais je ne prendrai la
parole en public. On nous disait que la parole est
comme une balle de pistolet, qu’une fois partie,
personne ne peut l’arrêter et de tourner la langue
plusieurs fois avant de parler.
La seule parole, libre, que chacun devrait pouvoir
crier à haute voix, quel que soit le moment ou le
lieu est le Coran, la parole de Dieu.
Une fois que j’ai intégré l’école française à Dakar, j’ai
remarqué que les enseignants nous demandaient,
nous encourageaient même à prendre la parole,
à parler à haute voix et de façon audible devant
toute la classe.
Timide, j’avais peur une peur bleue de parler
devant des personnes étrangères. J’avais du mal à
m’exercer à ce jeu. J’avais peur de parler en public,
peur de m’entendre parler, peur d’entendre ma
voix. J’avais peur du silence avant que je ne parle.
C’est comme ce calme qui précède la tempête.
Et dès que je commence à parler, je suis tétanisé
comme si je suis « possédé ». Ma voix tremble. Je
sens cette goutte de sueur qui descend le long
- 18 -
Partage d’expériences de Toastmasters de Dakar et de Paris sur la prise de parole en public.
de la colonne vertébrale. Mes jambes sont en
coton. J’ai la bouche sèche et le regard vide, un
vrai supplice.
Toute ma vie scolaire s’est passée comme cela
avec seulement une légère amélioration.
Après mes études supérieures, je suis devenu
comptable. Un métier que je ne connaissais
pas avant l’université et dont je suis tombé
éperdument amoureux. Un véritable amour. Je
m’étais fixé comme objectif d’être le meilleur
comptable possible. Aujourd’hui, je suis
responsable financier d’une grande entreprise,
la plus grande dans son domaine en Afrique de
l’Ouest.
Heureusement ou malheureusement, le métier
de comptable exige de rendre compte, de
présenter des états ; en un mot, de prendre la
parole en public. L’amour du métier m’a obligé
à faire des efforts dans ma communication. J’ai
l’obligation d’échanger avec mon équipe, avec
ma direction. Pour être écouté, suivi et respecté,
je dois bien m’exprimer, montrer que je maîtrise
mon sujet. Je dois inspirer la confiance quand je
parle. En résumé, je dois être un leader.
Je commence à dévorer des livres de leadership
et de communication et à regarder des vidéos
de grands orateurs.
Et un jour, une amie m’invite à une séance de
Toastmasters. J’ai traîné les pieds longtemps
avant de répondre à son invitation et cela de
façon fortuite.
Un samedi, je devais participer à un séminaire
qui malheureusement a été annulé au dernier
moment sans que je n’en sois informé. Il se trouve
que c’est dans le même hôtel que se tiennent les
séances de Toastmasters de mon amie. Quand
j’ai regardé le panneau, j’ai vu qu’on a indiqué
- 19 -
la salle où doit se tenir la session du jour. Je me
suis dit que je vais faire la surprise à mon amie
et répondre finalement à son invitation.
Une fois le portail de la salle franchi, j’ai eu un
déclic et je me suis dit qu’aujourd’hui quelque
chose va changer ma vie.
Dès que je suis entré dans la salle, je suis
accueilli par des sourires, des regards
bienveillants, l’accueil était parfait. On m’a mis
très rapidement à l’aise et j’ai même utilisé le
mot du jour dans ma présentation. Cela faisait
longtemps que je n’avais pas vu autant de
sourires, ni entendu autant d’applaudissements.
Et que dire des discours ? Un délice. L’ambiance
est cordiale, très familiale. Je me suis dit que je
suis entré dans la grande école du leadership et
de la communication. Je me suis inscrit le même
jour. Six mois après, je suis devenu le trésorier
du club. Etre toastmaster m’a littéralement
propulsé vers les cimes de la communication
et du leadership. Le changement est devenu
très apparent dans mon comportement et dans
ma façon de communiquer. Mes collègues sont
aussitôt intéressés, d’ailleurs plusieurs sont
venus visiter mon club Toastmasters.
PKD

CHEMINEMENT VERS LE SOMMET
DU BOULET exactement, je bloquais. A la fin d’une séance,
À LA LOCOMOTIVE
Plus nul que moi tu meurs. C’est ainsi que je
m’exprimais quand je pensais à mes compétences
en communication. Malheureusement, je
pourrais conter des centaines d’anecdotes qui
confirment cette opinion. Bien que triste, cela
aurait pu ne pas être dramatique. Il y a un mais,
il fallait s’en douter. Mais, j’avais en tête des
projets entrepreneuriaux. Le piètre orateur que
j’étais pouvaient-ils se réaliser ? J’en doutais et
j’en doute toujours. La communication était le
boulet qui me ralentissait et qui me ralentirait.
N’est pas Steve Jobs qui veut, certes, mais
convaincre des clients, des investisseurs, des
collaborateurs s’annonçait très difficile. Mes
capacités de communication était un boulet. Il
fallait que je m’en débarrasse à tout prix. Mes
projets étaient plus importants que ma peur. J’ai
alors décidé d’agir, d’apprendre par la pratique,
surtout de me lancer dans un voyage initiatique.
Toastmasters m’a aidé à enlever ce boulet.
Des choix inconscients dont la justesse ne s’est
révélée qu’a posteriori.
J’ai visité trois clubs, j’ai finalement choisi le
plus petit et surtout le plus familial. Je savais
que cela serait plus facile de m’exprimer
devant une plus petite audience bienveillante.
Ce que je souhaitais était d’avoir le moins de
pression et surtout d’éviter de me comparer
à de grands orateurs. Ce que je n’avais pas
compris à ce moment précis, c’est que j’avais
choisi le club où je devrais le plus m’exprimer.
La situation l’impose : il faut participer, il faut
prendre la parole, surtout il faut contribuer à
l’émancipation du club. Un jour à ma grande
surprise, on me propose d’être président du
club. L’idée me paraît d’abord folle mais et
heureusement il y avait un mais, cela pourrait
être l’occasion de travailler mon leadership.
Vous l’avez compris, cela pourrait m’être utile
- 20 -
CHAPITRE 2 :
dans mes projets futurs. Cette présidence a
tout changé pour moi. Je suis amené à parler
plus souvent qu’avant lors des séances en
introduction et en clôture de chaque séance.
Je dois sans cesse donner envie aux invités de
s’inscrire, aux membres d’être plus actifs. Je me
plais aussi au rôle de Vice-Président Relations
Publiques (VPRP) pour inviter des membres
d’autres clubs à venir nous visiter. A posteriori,
j’explique mon investissement en tant que
président par un parfait timing. J’avais besoin
du club pour progresser au moment où le club
avait besoin qu’on l’aide à grandir. Chacun de
mes choix a été guidé par l’envie de progresser
sans avoir de plan directeur. La logique sous-
jacente a été évidente uniquement après coup.
J’en déduis cette maxime : il faut se focaliser
sur les opportunités qui permettent de donner
le meilleur de nous-mêmes, nos qualités se
développeront d’elles-mêmes.
Des autres j’ai beaucoup appris.
Mes débuts furent difficiles. Je me suis
beaucoup comparé aux autres. Je me suis
inscrit en même temps que Nicole. Nous avons
fait notre premier discours le même jour. Elle
était très à l’aise, j’étais très stressé. Elle avait
une voix chantante, elle était exubérante. Moi,
je m’agrippais au pupitre pour ne pas trembler.
Est-ce une bonne chose de se comparer ?
Plutôt que de se comparer pourquoi ne pas
parler d’émulation ? Je me suis vite rendu
compte que chacun des membres pouvaient
m’apporter quelque chose. Odile m’a montré
que tout était possible. Je souhaitais participer
au concours de discours humoristiques. En
effet, cela me permettrait de sortir de ma zone
de confort. J’irais dans un registre où je ne suis
pas à l’aise dans un contexte plus stressant.
Malheureusement, j’étais à cours d’idées. Plus
Partage d’expériences de Toastmasters de Dakar et de Paris sur la prise de parole en public.
Odile m’a pris à part et m’a fourni d’excellents
conseils qui m’ont aidé à trouver ma voie.
l’impact. L’impact qu’un discours peut avoir
sur l’auditoire. Je cherche à montrer à ceux
qui ont pris la parole qu’ils ont eu de l’effet et
Christiane m’a montré ce qu’est l’abnégation.
Après avoir fait mon discours de concours de
à leur montrer comment avoir un effet encore
plus grand. Cette approche est bénéfique pour
discours humoristiques le jeudi soir, j’ai eu la les débutants, pour les orateurs qui n’ont pas
surprise le vendredi matin de trouver un mail. encore confiance en eux. En effet, avoir de
Christiane avait pris le temps me faire une l’impact ne dépend pas que de son niveau, cela
excellente évaluation écrite à 1 heure du matin. dépend beaucoup de notre envie d’apporter aux
Sylvie m’a montré que ce je disais valait la autres et de faire un discours qui a du sens. Une
peine d’être écouté. A chacune de mes prises fois de plus, sans me rendre compte, j’ai passé
de paroles, Sylvie m’écoutait avec attention. un palier car les évaluations que j’ai faites aux
Je lisais dans son regard que rien ne comptait autres m’ont aidé à améliorer mes discours. J’en
plus pour elle que de m’écouter. Sylvie est une déduis ma troisième maxime : il faut apporter
excellente oratrice. Le fait qu’une personne de aux autres ce qu’on aimerait avoir car en réalité
son niveau me prête autant d’attention m’a on se l’apporte à nous-même.
aidé à gagner en confiance et surtout à prendre
conscience que je pouvais avoir des prestations Le boulet que j’avais au pied était ma crainte,
mon obsession et finalement ma délivrance.
dignes d’intérêt. Quand on s’exprime en public,
nous avons toujours peur du regard des autres, La crainte m’a poussé à l’action. L’obsession
m’a poussé à la persévérance. Sans m’en
de leurs opinions. Nous faisons deux erreurs. La
première est que cette peur est en dit plus sur rendre compte, j’ai progressé. Sans me rendre
compte, j’ai apprécié et j’apprécie toujours
nous que sur eux. La seconde et surtout la plus
importante est que nous oublions que lors de d’être un orateur. Sans me rendre compte, je
suis aussi devenu un leader. Jusqu’au jour où
l’apprentissage de nous sommes vulnérables.
Notre amour-propre est à nu. J’en déduis une j’en ai finalement pris conscience. A cet instant,
le boulet avait depuis longtemps disparu.
autre maxime : il faut s’entourer de personnes
qui n’ont qu’une envie : nous aider à progresser. Finalement, la délivrance. J’étais enfin libre. Libre
de changer de perspective. Ne pas chercher à
Aux autres, je redonne ce que j’ai reçu. supprimer un problème, choisir d’aller plus loin,
beaucoup plus loin. Le boulet n’est plus, place
Une des mesures prises lors de ma présidence à une locomotive qui va m’amener vers les
dont je suis le plus fière est le fait d’avoir une
sommets.
conversation téléphonique avec les nouveaux
membres du club. C’était l’occasion de
présenter Toastmasters dans son ensemble,
de présenter le club et surtout de comprendre Teddy Candale
Président du club Toastmasters Paris Etoile
ce qu’ils cherchaient. Les nouveaux membres
appréciaient car ils étaient pris en considération. (2015-2017)
Cela me permettait aussi de savoir assez
rapidement comment mieux les aider dans
leur progression. Cela me permettait de voir là
où ils souhaitaient exceller mais aussi là où ils
excellaient déjà. J’insiste sur ce dernier point. Je
me suis rendu compte que même les orateurs
débutants avaient déjà beaucoup à offrir : le
talent, une passion ou tout simplement le fait
d’être heureux de partager une expérience. Cela
m’a naturellement poussé à faire de meilleures
évaluations. Des évaluations tournées vers
- 21 -

VENI, VIDI, VICI !
Je suis né et ai grandi dans un village à l’intérieur
du Saloum, dans les terres du bassin arachidier
et précisément entre la commune de Kaolack
et Passi. Ndiaffate est un village multiethnique
où mon père, instituteur à l’école élémentaire, a
servi de 1979 à 1999.
Dans ce village, tout jeune, les moments où nous
n’étions pas à l’école pendant la journée, nous
les passions à jouer. Et quand le soir arrivait, on
se regroupait, mes frères, soeurs et moi dans
une chambre pour apprendre nos leçons et
faire nos devoirs.
Il n’y avait pas une place dédiée à l’expression
orale, que cela soit à l’école ou à la maison. Une
place où l’enfant est invité à donner son avis sur
un sujet, à s’exprimer en public.
Néanmoins, plus tard au collège, j’étais
secrétaire général d’un club anglais et je m’en
sortais bien s’il s’agissait de prendre la parole.
Je n’avais pas de difficulté à m’exprimer en
public. Je trouvais mes repères naturellement.
J’étais bon élève sans vouloir me vanter et cela
jouait beaucoup d’un côté, dans la mesure où
j’avais confiance en moi ce qui me boostait à
chaque fois que l’occasion m’était donnée.
Cependant, quelques années après avec l’âge,
j’appréhendais l’exercice de la prise de parole
avec beaucoup de difficultés. Et à chaque fois,
c’était un vrai combat avec moi-même.
J’avais perdu les aptitudes et la confiance
acquises pendant que j’étais au collège et
c’était comme si je commençais un nouveau
métier sans aucune expérience.
C’était comme si j’atterrissais dans un monde
nouveau.
C’était comme si je recommençais ab ovo.
C’était comme si on m’obligeait à vivre dans
- 22 -
CHAPITRE 3 :
L’ORATEUR-POÈTE
une jungle et que je devais m’adapter.
C’était comme si j’étais au cours d’initiation (CI)
et que je devais apprendre à lire en utilisant
l’alphabet.
Moi qui aime tant le ‘mot’, qui aime tant le
‘verbe’ à tel point de devenir un poète amateur
pendant ma jeunesse.
Moi qui aime tant les assonances, qui aime tant
l’adverbe,
Qui préfère le livre à une fille superbe,
Qui préfère passer une matinée sur un poème,
Que de passer une minute à étudier les
phloèmes.
En effet, j’ai, à cette époque-là, écrit plus d’une
cinquantaine de poèmes. J’avais un besoin
fort d’expression et il me fallait sortir ce qui
était enfoui au fond de moi. Vu que je n’étais
ni orateur ni chanteur, j’avais choisi de le faire
par l’écriture. Et par conséquent, le poème était
pour moi le “canal” le plus adapté au vu de toute
la beauté de ses sonorités, pour m’exprimer.
La nature était le thème principal de ces
poèmes. Cette belle nature presque parfaite
méritait d’être magnifiée et c’est ce que je fis
sans retenue.
Les années passèrent, le problème de
l’expression orale persistait en moi, il demeurait
une barrière car j’avais de plus en plus des
choses à dire et ne sachant comment les dire.
Il y a un an, j’ai découvert ce qui me manquait,
ce qui allait changer littéralement ma vie :
Toastmasters International.
Un lieu où je peux aller pour développer mes
compétences d’orateur et de leader.
Un lieu d’exercice où chaque membre est à la
fois professeur et élève.
Partage d’expériences de Toastmasters de Dakar et de Paris sur la prise de parole en public.
Ce mariage m’a permis de comprendre des
aspects importants sur la prise de parole en
public à savoir :
1- L’apprentissage de la prise de parole en public
doit se faire en public.
Avant Toastmasters j’ai suivi des cours, appliqué
des conseils, lu des articles mais cela ne m’a
pas servi du tout. Je n’ai malheureusement pas
constaté d’amélioration. Et comme disait Marie-
Sophie Ahmadi, “on ne devient pas champion
de tennis sans avoir jamais taper une balle
contre un mur”.
L’idée est alors de se mettre dans les mêmes
conditions pour aspirer à développer
les compétences souhaitées. Il n’y a que
l’entraînement physique qui peut nous
permettre de trouver l’aisance de parler.
Toastmasters m’a effectivement permis de
comprendre cela et aussi m’a donné l’occasion
de l’appliquer.
2- Il n’y a pas une voie pour tout le monde,
chacun a sa propre voie à suivre.
En dehors des fondamentaux de la prise de
parole en public que nous connaissons tous
c’est-à-dire le physique, le regard et la voix, il
y a plusieurs chemins. De ce fait, chacun doit
trouver le sien.
En effet, pendant une prise de parole, certains
auront besoin de faire de courtes pauses et
d’autres par contre comme moi, ont plutôt
besoin de longues pauses pour garder des
propos clairs et ne pas faire ce qu’on appelle
un “accident verbal”. Certains auront besoin
de parler rapidement d’autres par contre seront
obligés de parler lentement autrement il serait
difficile de comprendre ce qu’ils disent.
- 23 -
Aujourd’hui, 19 mois après mon adhésion à
Toastmasters, un brin de lumière semble se
précipiter dans mes projets qui se trouvaient
dans l’ombre.
L’ombre recule et se perd ad libitum.
“La clarté vraie est le rayon qui va de l’âme à
l’âme” nous dit Victor Hugo.
Pour moi, la clarté vraie est ce brin de lumière
qui vient de Toastmasters.
Comme nous le savons Abyssus abyssum
invocat.
Analogiquement, je dirais la lumière attire la
lumière. L’espoir est permis. Avec mon besoin
d’expression, la méthode salvatrice est, à priori,
trouvée. Mon parcours dans l’apprentissage
de la prise de parole en public n’est qu’à ses
balbutiements. Avec mes ambitions, je dirais
que le chemin est encore long à parcourir. Il y a
encore beaucoup à apprendre avant d’épouser
ce que Cicéron appelle “l’éloquence parfaite”.
Dans cette quête de “l’éloquence parfaite”,
je suis tout à fait d’accord avec Cicéron que
tout repose sur une tête pleine d’idées et un
argumentaire solide et que l’orateur est d’abord
un philosophe. Cela serait le point de départ
de tout orateur. Et voilà où j’en suis. Je me
construis. Je suis dans une quête sempiternelle
de connaissances au travers des livres.
Mon mot de fin est : “étant donné que la parole
gouverne le monde, l’orateur parfait serait celui
qui gouverne cette parole”.
Alea jacta est.
Coly Laity Senghor
Lauréat du concours de discours en français
de la Division D (District 94) - Décembre 2019
Membre du Dakar Xewel Toastmasters Club
(DXTC)
 Partage d’expériences de Toastmasters de Dakar et de Paris sur la prise de parole en public.

CHAPITRE 4 :
AU-DELÀ DE SOI

PARLER EN PUBLIC,
CELA VA DE SOI

J’ai longtemps cru les discours des gens qui
me jugeaient réservée pensant que je ne
possédais pas ce talent des orateurs brillants
que je croyais inné. Il y a un an, je participai en
tant qu’invitée à une soirée de découverte d’un
club de prise de parole en public Toastmasters
où je faisais pour la première fois l’expérience
inédite et enthousiasmante d’un public à la fois
stimulant et bienveillant. Je décidai ce soir-là
de m’inscrire et de faire mes premiers pas dans
l’apprentissage de la prise de parole en public.
Je n’imaginais pas alors que ce chemin recelait
de tels trésors de transformation personnelle.
Ma première expérience de la prise de parole
au sein du club Toastmasters se fit à travers le
discours du bris de glace. Ce rituel initiatique
constitue la première prise de parole préparée
de tout nouveau membre Toastmaster. Il
consiste, pour le nouveau venu, à présenter
son parcours de vie en cinq à sept minutes
aux membres du club afin de leur permettre
de mieux le connaître. J’ai pour ma part mis un
certain temps avant de me décider à me prêter
à cet exercice. Mon métissage surprenant, au
croisement d’une Russie séculaire et d’une
république adolescente d’Afrique Centrale,
mon itinérance au travers de trente-cinq pays
à travers le monde, mes dix années au sein
d’une multinationale française du CAC 40,
mes passions multiples et variées allant de la
musique latine à l’hypnose en passant par l’art…
Lesquelles de mes expériences de vie étaient
les plus à même de colorer avec justesse
le personnage que je souhaitais dépeindre
devant ce public inconnu ? Ce fut autant de
questions qui me traversèrent l’esprit alors
que je rédigeais ce premier discours. Mon bris
de glace fut un moment d’intense émotion qui
me demanda de surmonter avec courage de
nombreuses peurs : peur de parler en public
bien sûr, mais aussi peur de se montrer, d’être
jugée, de déplaire... Alors que je prononçais
mon discours, je sentais l’émotion monter et
mon corps l’exprimer par un tremblement dans
la voix et une montée en température tandis
que je m’accrochais à mes notes en tentant de
dérouler mes dernières phrases. Jusqu’au point
final. Enfin. A ma grande surprise, l’accueil de
l’auditoire fut enthousiaste. Je fus applaudie !
Je reçus des retours bienveillants et sincères !
Certains étaient marqués par une émotion réelle
que mon auditoire me disait avoir ressentie en
écoutant mon discours et en se connectant à
mon histoire ! Elevée dans une famille où les
émotions étaient cousines de la faiblesse, je fis
ce soir-là l’expérience de leur puissance. Oser
parler de soi en assumant pleinement ses parts
d’ombre et de lumière, se révélait de manière
surprenante comme la voie vers une connexion
forte et authentique avec un public.
Quelques mois plus tard, poussée par ma
passion pour les sujets qui touchent à
l’apprentissage et aux performances cognitives,
je décidai de me rendre à Londres, pour suivre
une formation de praticien en Programmation
Neuro-Linguistique (PNL), auprès de son co-
fondateur Richard Bandler. Cette expérience
m’apporta des changements intérieurs profonds
et me permit d’ouvrir un nouveau chapitre
dans mon apprentissage de la puissance du
langage. Née dans les années 70 aux Etats-
Unis, la Programmation Neuro-Linguistique est
une modélisation des stratégies d’excellence
pour permettre l’atteinte d’objectifs. C’est aussi
un modèle de communicatio qui repose sur
une utilisation sophistiquée du langage et sur
les techniques d’hypnose conversationnelle,
pour permettre d’influencer le comportement
d’autrui. L’hypnose est en effet un état
de conscience modifié, induit de manière
naturelle ou par une induction hypnotique,
au cours duquel une personne peut mobiliser
et faire évoluer ses ressources inconscientes
qui sont les principales responsables de nos
comportements. Au cours de cette semaine de
formation, je fus fascinée par la puissance de
Richard Bandler et par sa maîtrise de l’induction
hypnotique. Par un choix subtil de mots, une
modulation habile des caractéristiques de
sa voix et de sa physionomie, il parvenait à
provoquer une transe chez plusieurs centaines
de personnes, à pénétrer leur inconscient
de croyances aidantes et à graver en eux
de nouveaux savoir-faire. Je découvris avec
lui quelques leviers de la communication
hypnotique, et décidai à mon retour de les
expérimenter au cours d’un discours lors d’une
soirée de mon club Toasmasters. En utilisant de
manière répétée certaines figures de langage,
et en jouant différemment de ma voix, je
parvenais à créer ce soir-là chez mon auditoire
un état de relaxation, voire de transe légère,
pour un niveau d’écoute en profondeur de mes
messages. Prendre la parole, en m’appuyant
sur cette expertise nouvelle que je brûlais de
continuer à expérimenter, se révélait être un
levier pour impacter un public à un niveau plus
puissant encore.
Au cours des mois qui suivirent, je poursuivis
mon apprentissage de la prise de parole en
public lors des soirées Toastmasters, au travers
de plusieurs discours préparés. Chaque discours
m’amenait à faire éclore progressivement en
moi des qualités essentielles à tout orateur.
Chaque préparation de discours me forçait à
développer mes connaissances en faisant des
recherches approfondies sur les sujets choisis.
Chaque heure passée à les structurer m’exerçait
à l’art de se forger une opinion et à la défendre
de manière argumentée. Chaque heure passée
à les rédiger m’entraînait à affiner mes qualités
d’écriture, d’analyse et de synthèse. Chaque
heure passée à les apprendre par cœur exerçait
ma mémoire. Chaque minute passée à les
prononcer m’entraînait à devenir un orateur
impactant et authentique. Chaque évaluation
reçue m’apprenait à accepter la critique
constructive avec humilité et à me remettre en
question. Prendre la parole, grâce aux heures
de travail déployées, se révélait un outil idéal
pour forger les qualités de la personne que je
souhaite devenir.
Au bout d’un an de prise de parole chez
Toastmasters, je me réjouis chaque jour de
l’enrichissement que mon apprentissage de la
prise de parole en public m’a apporté. Au-delà
de devenir un meilleur orateur, la prise de parole
en public nous invite à nous révéler et à forger
le leader que nous souhaitons être.
Karine Gbianza
Membre du club Toastmasters Paris Etoile

- 24 - - 25 -

TOASTMASTERS OU LES JEUX
OLYMPIQUES DE LA PAROLE
Samedi 5 novembre 2016. 9 heures. Hôtel
Novotel de Dakar.
Enfin ! Après plusieurs mois d’hésitations, je
viens participer à ma première réunion au
sein du Dakar Xewel Toastmasters Club.
Je franchis d’un pas déterminé le seuil de
la salle de réunion, fermement décidée à
dissimuler ma profession.
A peine entrée, j’entends une voix m’interpeller
en ces termes : « n’est-ce pas Maître DIOP ? »
Mon plan s’écroule tel un château de cartes.
En effet, je suis avocate. J’appartiens à
cette profession, symbole d’éloquence et de
maîtrise de l’art oratoire.
Lorsque j’adhère au Dakar Xewel Toastmasters
Club, je viens d’être élue Troisième Secrétaire
de la Conférence du Stage, le concours
de plaidoirie le plus prestigieux de notre
profession, tout avocat étant tenu d’y
participer après trois années de pratique
professionnelle en vue de déterminer son
classement au sein de sa promotion dans le
domaine de l’art oratoire.
Que viens-je donc faire dans un club
d’apprentissage de la prise de parole en
public ?
C’est la question que je voulais éviter en
dissimulant ma profession - du moins le plus
longtemps possible - afin de pouvoir profiter
pleinement de mon apprentissage sans a
priori ni cliché.
Malheureusement pour moi, un jeune et
talentueux confrère qui aujourd’hui préside
avec bonheur aux destinées du Club m’avait
reconnue.
- 26 -
CHAPITRE 4 :
AU-DELÀ DE SOI
Comment dès lors faire comprendre à mes
nouveaux amis que :
j’étais, comme eux, animée par ce besoin
d’assimilation des bases de l’art oratoire ?
j’étais désireuse de travailler sur les
prédispositions naturelles que chacun d’entre
nous peut avoir, lesquelles ne me semblaient
pas suffisantes pour prétendre développer et
maîtriser cet art ?
j’étais motivée à entretenir les bases que j’avais
en termes de prise de parole en public puisque
dans ma pratique d’avocat conseil, je n’avais
pas le privilège de plaider quotidiennement ?
La coïncidence de mes préoccupations ainsi
listées avec celles d’un sportif professionnel
n’est pas fortuite.
Sans vouloir plagier mon confrère Bertrand
Périer, auteur de l’excellent livre « La parole
est un sport de combat », je suis d’avis que
la prise de parole en public nécessite comme
le sport d’avoir des qualités naturelles, de
bénéficier d’enseignements de base, de
participer assidûment aux entrainements
et de développer la confiance en soi et un
mental de fer.
Dans ma profession, il semble généralement
admis que l’éloquence est un don de la nature,
qu’il relève de l’inné voire de la génétique
au vu des familles où l’on compte plusieurs
générations d’avocats.
Non ! Pour moi, le talent naturel certes existe,
mais l’éloquence est surtout le résultat
d’un travail minutieux portant sur tous les
éléments qui concourent à la magie du verbe :
le regard, la gestuelle, la maîtrise de la langue,
l’imagination, la variété vocale, etc. Chaque
Partage d’expériences de Toastmasters de Dakar et de Paris sur la prise de parole en public.
élément est partie d’un programme global à
assimiler tel un étudiant besogneux.
Une fois les enseignements de base acquis, il
faudra passer à la pratique, en d’autres termes
aux entraînements. Toutes les occasions
privées ou professionnelles sont bonnes.
Le mental ne doit pas être en reste. Il se
développera avec la confiance acquise par la
maîtrise des enseignements et les exercices
fréquents auxquels l’orateur se soumet.
Comment ne pas penser à la gymnastique
artistique ? Jeux olympiques de Montréal
1976. La gymnaste roumaine Nadia
Comaneci s’élance avec grâce vers les
barres asymétriques. Derrière ce magnifique
ballet, combien d’heures de travail acharné ?
Combien d’heures à pleurer et suer tant par
les rigueurs hivernales que par la suffocante
chaleur estivale ? Combien d’heures passées
à repousser les limites du corps et de l’esprit ?
La technique est oubliée et l’on ne retient que
la beauté du spectacle.
Il en va de même pour l’art oratoire. Une fois
tous les éléments maîtrisés et intégrés, cela
donne cette partition élégante, cette magie
du discours qu’évoque J.K. Rowling en ces
termes « Les mots sont à mon avis notre plus
inépuisable source de magie. »
Le travail devra néanmoins être dosé. Pas assez
de travail, il manquera un maillon de la chaîne.
L’orateur sera bon, mais, parce qu’il n’aura pas
assez regardé l’assistance, sa prestation sera
ratée. Trop de préparation, l’orateur perdra
en naturel et en spontanéité. Il ne pourra ni
improviser ni s’ajuster aux réactions de son
public.
J’en ai fait l’amère expérience lors d’un
- 27 -
précédent concours de plaidoirie.
J’avais préparé - peut-être pas assez ou peut-
être un peu trop - un texte que je trouvais
émouvant sur le droit à l’avortement au
Sénégal et sur l’histoire vécue d’une fillette
violée à l’âge de dix ans qui avait été obligée
de porter sa grossesse jusqu’à son terme.
Le jour du concours, mon texte que j’avais
intégralement écrit et tenté d’apprendre par
cœur avait été si mal restitué, d’une voix
tellement monocorde que je voyais dans le
regard des membres du jury, la déception,
l’ennui et - suprême humiliation ! - une sorte
de pitié à mon endroit. J’ai souffert et ils
ont souffert avec moi jusqu’à la fin de mon
interminable discours.
J’ai accusé le coup, ravalé ma fierté, analysé
mes faiblesses et travaillé. Quelques mois
plus tard, j’étais élue Troisième Secrétaire de
la Conférence de ma promotion.
Trois années se sont écoulées. Je suis toujours
membre du Dakar Xewel Toastmasters Club.
Que de grands maîtres de la parole j’ai eu le
plaisir d’y écouter !
Que de petits canards hésitants devenus de
magnifiques cygnes je vois avec bonheur et
fierté évoluer gracieusement dans ce beau
monde de l’art oratoire !
Que de belles et profondes leçons d’humilité
je reçois à chaque séance !
Khady Diop
Membre du Dakar Xewel Toastmasters Club
(DXTC)

SIC ITUR AD ASTRA
Subrepticement, au commencement de ma
première vie, la peur s’invita à mesure. Sans
rendez-vous. Quelle peur, me direz-vous ? La
peur de se rendre « au pays sans chapeau »,
la finitude ? Non point. Plus délétère. Celle qui
me prend à la gorge, suffocante, rendant mes
mains moites, paralysant mon corps. Celle qui
transforme mes émotions en les décuplant : «
Ô rage, Ô désespoir » ; me laissant sans voie ni
voix. Cette peur autonome que je sermonne,
je la dénomme : la peur de la prise de parole
en public.
Ostensiblement, au commencement de ma
deuxième vie, la confiance s’invita à mesure.
C’est alors que mon objectif fut la mise en
lumière de cette ombre : la peur. Comment ?
Tout d’abord, en trouvant les raisons de
cette peur ainsi que de cette timidité. Cela
m’a remémoré la citation gravée à l’entrée
du temple de Delphes, en Grèce : « Nosce te
ipsum », connais-toi toi-même. En effet, ces
mots sont des nectars de la vie et une clé à ma
recherche. Eureka ! La raison était due à une
professeure parisienne des écoles non formée.
Un jour, une élève larmoyante NE voulait PAS
DECLAMER sa poésie devant sa classe. La
professeure la laissa pantoise jusqu’à la fin.
Cet épisode fut marqué au fer rougeoyant.
Cet élève, vous l’avez deviné, ce fut moi.
Heureusement, par exemple à Vélizy, des
professeurs passionnés et des Toastmasters -
dont je fais partie - emmenés par la directrice
du projet jeune leader (-18 ans), Christine
Coat-Morel font un travail remarquable au sein
d’un collège pour former des jeunes à devenir
des orateurs et des leaders plus effectifs dans
un cadre bienveillant.
- 28 -
CHAPITRE 4 :
AU-DELÀ DE SOI
Ensuite, en prenant confiance en notre
potentiel. En effet, il existe toujours une
nouvelle version de nous-même. C’est à nous
de la créer.
Enfin, en m’émancipant par la Connaissance.
Ce qui m’emmène à me poser la question
suivante : par quels moyens ? Les réponses
furent multiples :
Je voulais suivre les modèles d’orateurs et
d’oratrices que j’adulais tels que Simone Veil,
Anthony Robbins, Christine Taubira, Abdel
Malik et au sein de Toastmasters en France,
Odile et Alain Petillot, Stéphane Gantzer,
Siegfried Haack. « Nourrissez-vous de l’énergie
de vos héros » disait Nelson Mandela, il y a
quelques années.
Il y existe un parterre inépuisable et
indéniable d’orateurs, d’oratrices, de livres, de
vidéos, de cours de théâtre, de conférences,
de magazines, de cours d’éloquence, de
formations, etc. Un jour pas comme les autres,
le nom de Toastmasters International est
apparu. C’est une association internationale
d’origine américaine, créée par Ralph
Smedley, ami de Carnegie. Au début, ce fut
le coup de foudre suivi du coup de poing qui
me laissa sans voix sur le ring de l’évolution
avec la promesse de balayer d’un revers cette
ombre et cette timidité, implacables mais au
demeurant encombrantes.
Pour mes débuts, j’assistais à une
session composée de discours préparés,
d’improvisations incluant également des rôles
de leadership au sein du club Toastmasters
Lutèce 75. Par la suite, je me suis inscrite
à proximité de mon domicile dans le club
Partage d’expériences de Toastmasters de Dakar et de Paris sur la prise de parole en public.
Toastmasters Expressions. Le format des
sessions singulières fut cadré, efficient,
atypique avec des membres issus d’horizons
et de professions variés.
Vincent Van Gogh disait bien que « la normalité
est une route pavée : on y marche aisément
mais les fleurs n’y poussent pas. » A contrario,
à Toastmasters, au sein de chaque club, l’ADN
est unique. Il y en a pour tous les goûts…ou
pas.
Une décennie plus tard, je caressais l’idée
d’intégrer un nouveau club, Toastmasters 75.
J’ai acté en ce sens afin de me donner une
nouvelle envolée linguistique, amoureuse
de Byron, Shakespeare, « être ou ne pas
être », la question d’une vie qui m’assaille
! J’ai également intégré Toastmasters 75
pour connaître d’autres citoyens du monde
: népalais, portugais, australiens, écossais,
grecs, etc. Je fus comblée.
Les bénéfices de la prise de parole, au fil des
mots et des mois apparurent :
• Le dépassement de ma peur et ma timidité,
• Une écoute plus fine,
• Un regard confiant posé sur mon auditoire,
• Un discours structuré ou impromptu grâce à
Muriel et Patrice,
• Des interactions dialogiques et dialogués,
• Une culture générale accrue en écoutant les
autres orateurs en France et à l’étranger,
• Une évaluation tournée vers la bienveillante
incluant des conseils pertinents,
• L’enrichissement de mes connaissances -
dans les deux sens du termes - en clubs, en
interclubs, au niveau national et à l’international
; « à la fois utile, agréable ou vertueux » tel
que le définissait Aristote dans les livres VIII
et IX dans l’éthique à Nicomaque.
J’apprécie la citation suivante : « Toutes les
fleurs de l’avenir sont dans les semences
d’aujourd’hui ». En effet, en osant prendre
des rôles de leadership tels que : présidente
de club, directrice de secteur, directrice de
la Division A (27 clubs de la moitié nord de
la France) avec une équipe de managers
- 29 -
efficace dont je suis très fière (Marc Finneran,
Aude Herrenschmidt, Alain Méric, Christine
Coat-Morel, Igor Versteeg), ambassadrice
du parcours Pathways (Paris et Orléans) et
en sortant de ma zone de confort pour me
diriger vers ma zone d’évolution. En un mot, «
être la personne que je voulais être » dit mon
filleul, Florian Pambu.
Les dalhias et les tulipes fleurissent une à une
en libérant inopinément leurs parfums. A ce
titre, les bénéfices des rôles de leadership,
de fil en aiguille, jaillirent tels l’eau vive d’un
ruisseau :
• Des multiples potentiels révélés dans les
équipes,
• Un champ de compétences étendu,
• Une fraternité liée à de nombreux échanges
chaleureux aux niveaux francophone et
international (Pays-bas, Luxembourg,
Portugal, Espagne, Grèce, Belgique, Suisse,
etc.),
• Une meilleure compréhension des enjeux de
la gestion de conflits ainsi qu’une meilleure
compréhension des personnalités.
• Le partage d’expériences de grands leaders.
Citons : Odile Petrus, Sylvie Klajman, Christiane
Rondeau, Françoise Lereste.
« Cueillez dès maintenant les roses de la vie
car le temps jamais ne suspend son vol et
cette fleur qui s’épanouit aujourd’hui, demain
sera flétrie. » disait Robert Herrick. J’ai cueilli
certaines roses à Toastmasters. Les bénéfices
que j’en ai tirés sont effectifs. Il incombe à
chacun de trouver l’équilibre entre son temps,
ses engagements, ses objectifs personnels
et professionnels au regard du programme
de communication et de leadership proposé
par Toastmasters International afin de trouver
sa propre voie d’épanouissement ! C’est une
aventure qui nous élève vers les étoiles : Sic
Itur Ad Astra.
Nathalie Damas
Directrice de la Division A - District 59
France-Nord (2017-2018)

MON VOYAGE DANS
L’UNIVERS DES MOTS ET
DE MES ÉMOTIONS
Qui n’a jamais ressenti l’irrésistible envie
d’écouter un bon orateur, sentir son discours
nous impacter, ses mots nous toucher au plus
profond de nous et ressentir cette émotion.
Être capable d’exprimer ses idées de façon
compréhensible, d’inspirer, captiver son
auditoire, transmettre son savoir avec pédagogie
et bienveillance, m’a toujours fasciné.
Parler sans peur de dire le mot de trop ou ne
pas avoir peur de ne pas en dire assez.
Savoir toujours trouver les mots juste pour
s’exprimer, voilà l’objectif que je m’étais fixé.
Mon voyage commença d’abord par la peur, la
peur d’échouer, de mal faire, cette peur de ne
pas être à la hauteur.
On nous a appris depuis notre tendre enfance
que l’échec était réservé aux mauvais,
communément appelé « les ratés ».
Dans le système scolaire, tous ceux qui
n’arrivaient pas avoir de bonnes notes étaient
catalogués de mauvais élèves, vu comme ceux
qui n’arriveraient à rien dans la vie.
Alors on redoute tous ce moment où le monde
verra nos faiblesses, et que l’on pourrait se
rendre compte de ne pas pouvoir y arriver, en
somme être un raté.
Alors, j’ai dû changer mon paradigme de
départ. Et si finalement s’il n’y avait ni raté, ni
gagnant mais juste un processus progrès, si
nous n’étions pas de personnes figées comme
on aimerait à croire lorsque nous réussissons ou
échouons quelque chose.
Mais un juste un processus en constante
évolution. Alors si oui, je pourrais ne plus
être timide, me débarrasser de mes peurs
et commencer mon voyage vers ce rêve de
pouvoir impacter par mes mots, panser les
- 30 -
CHAPITRE 4 :
AU-DELÀ DE SOI
plaies, donner de l’émotion, de l’espoir, de
l’amour et mieux exprimer ce que l’on sait.
C’est ainsi que débuta mon voyage vers la prise
de parole.
Mais j’allais découvrir que passer de l’expression
simple à la maîtrise de l’art oratoire n’était pas
chose aussi aisée que l’on puisse s’imaginer.
Tout d’abord, il me fallait trouver un cadre pour
apprendre, et je découvris Toastmasters.
Ce choix se forgea surtout via les commentaires
lus sur internet et les vidéos des concours,
notamment celle de Dananjaya Hettiarachchi,
champion du concours international de prise de
parole en public Toastmasters 2014 ce qui me
permit de me rendre compte de l’aisance que je
pouvais atteindre.
A la recherche d’un club au plus près de mon lieu
de travail, j’ai découvert le club Toastmasters
Paris Etoile et j’y suis allé. Ma première grande
surprise fut de découvrir que le guide de
parcours n’était pas un manuel rempli de conseils
en communication mais plutôt un parcours
jalonné de mini-projets, contenant uniquement
des pistes d’implémentation et surtout ayant
pour principal élément clé de progression :
l’intégration des retours des autres participants.
Les nouveaux membres sont également confiés
à des parraines ou marraines qui se révèlent être
des précieux partenaires pour leur progression
dans la prise de parole.
Mes premières prises de parole devant les
membres furent assez stressantes mais je sentis
assez vite monter cette adrénaline telle une
drogue, qui me poussait inévitablement à une
envie de recommencer et de progresser quoi
Partage d’expériences de Toastmasters de Dakar et de Paris sur la prise de parole en public.
que vaille.
Je fus, pour mes premiers retours, très surpris.
J’ai compris qu’il y avait des gestes et des
mimiques qui polluent notre communication
dont nous n’avons aucunement conscience.
J’ai compris que l’art oratoire suit ses propres
codes et qu’il fallait pouvoir les apprivoiser pour
progresser. Apprivoisement qui passerait par la
pratique car ce n’est qu’en forgeant que nous
devenons forgeron.
J’entrepris donc de réaliser mon parcours non
seulement en faisant des discours mais en
prenant aussi différents rôles techniques et en
réalisant des improvisations à chaque réunion.
Je me rendis compte de la difficulté de chacun
de ses rôles notamment pour quelqu’un comme
moi qui adore la fluidité et n’apprécie pas
l’impression d’ennuyer son interlocuteur.
Par exemple, il m’a fallu trouver des astuces
pour pouvoir parler sans béquilles de langages
tels que « euh » et « ah » et ce, pendant deux
minutes sans interruption lorsque l’on fait son
rapport en tant « compteur des gaffes et des
hésitations ».
Je me suis aussi rendu compte que la
communication était non seulement un art
mais également un domaine où l’on pouvait
innover et qu’il était important de développer
son propre style.
Dans mon club TM actuel, je découvris des
orateurs de talent, avec des styles différents
mais personnellement, deux orateurs au
style singulier qui m’ont particulièrement
impressionné.
L’une par sa voix, son calme, sa gestuelle,
l’autre par sa capacité à innover, à explorer des
domaines et figures de style que j’ai rarement
vus.
Ces deux orateurs représentent la parfaite
combinaison que je souhaite pour pouvoir
apprivoiser : la bonne voix, la bonne posture et
une capacité d’innover dans sa communication.
- 31 -
C’est en cela que le club étoile représente une
opportunité unique pour moi, celle de pouvoir
visualiser et essayer d’arriver au style de
communication souhaité.
J’avoue donc qu’il m’arrive d’un coin de l’œil de
les observer, de regarder la moindre mimique
afin de capter l’astuce qui me permettrait de
me rapprocher un peu plus de mon objectif.
Ma marraine, quant à elle, regorge de précieux
conseils et fais preuve également d’une aisance
en communication assez impressionnante.
Je m’en délecte à cœur joie de sa bienveillance
et de ces conseils que j’essaie d’appliquer du
mieux que je peux.
Désormais savoir quand parler, quels mots
utiliser et avoir la bonne gestuelle me
confèreront plus de confiance en moi lorsque je
m’adresserais aux autres.
Pour moi la prise de parole est donc un chemin
que l’on suit et par lequel nous franchissons des
étapes.
Certaines de nos capacités naturelles nous
permettent de franchir des épreuves facilement,
d’autres nécessitent plus d’effort de notre part.
Mais par-dessus tout j’apprécie la préparation
pour franchir les étapes, la répétition, l’échec,
la progression, jusqu’à la récompense finale
d’avoir atteint l’objectif voulu.
Une fois l’objectif atteint, on passe au suivant
et l’on recherche encore plus à repousser ses
limites tel un athlète de grande compétition…
Jusqu’où pourra m’amener le pouvoir des mots
? Je ne le sais pas encore mais une chose est
certaine : j’adore cette sensation, celle d’être
écouté et de pouvoir transmettre le bon
message à chaque fois. J’espère que cette
qualité-ci pourra être mise au service d’une
cause plus grande que moi un jour.
Paul Henri Momo
Membre du club Toastmasters Paris Etoile

CHAPITRE 4 :
AU-DELÀ DE SOI
A L’ÉCOLE DU VERBE
Platon disait : « la connaissance des mots conduit à
la connaissance des choses ». Justement, avoir cette
connaissance m’anime particulièrement depuis une
bonne dizaine d’années. Alors que je débutais au collège,
j’admirais énormément les personnes cultivées et voulais à
tout prix l’être à mon tour. Les mots vivant dans les livres,
leur habitat naturel, ce sont les bibliothèques, endroits
dont je devais faire mon nouveau terrain de jeu. Je vous
avoue qu’à cette âge-là, ce n’est pas ce qui m’attirait le
plus. Mais je n’ai pas eu du mal à apprécier très rapidement
la compagnie de mon Larousse de poche qui pesait dans
mon gros cartable d’écolière.
Que de défis je me suis lancée en solo ou avec une amie,
soit pour lire un livre en 24 heures sinon, bouquiner pendant
les heures de pause alors que la cour de récréation était
en ébullition. Ce n’était pas l’envie d’aller jouer qui nous
manquait, mais nous cherchions la connaissance des
choses à travers les mots. Je me rappelle d’ailleurs que
pour tout nouveau mot que je venais de connaître, je ne
ratais pas la première occasion de l’employer. Cependant,
un vocabulaire assez fourni était d’une aide précieuse pour
les épreuves de dictée ; mais je voulais aller plus loin avec
ce bagage qui commençait à devenir encombrant, il me
fallait donc exploiter ce potentiel.
L’occasion ne tarda pas à se présenter car, soudainement
je nourrissais l’ambition de servir mes camarades de classe.
En effet, je voulais être déléguée et devais donc identifier
les ressources dont je disposais pour convaincre mon
électorat. Et c’est là que j’ai réalisé que je pouvais user
de mon arsenal lexical fait de minutions qui touchent le
cœur en plein dans le mille sans faire le moindre mal. Mon
public, je le connaissais très bien, d’autant que cela faisait
des années que je passais neuf mois sur douze avec les
mêmes individus. Je savais donc quoi leur dire et comment.
Car comme nous l’enseigne Alfred Camus, les mots sont
comme des sacs ; ils prennent la forme de ce qu’on met
dedans. Voilà donc l’épisode de ma vie qui marque mes
débuts dans la prise de parole en public.
- 32 -
Partage d’expériences de Toastmasters de Dakar et de Paris sur la prise de parole en public.
Décrite comme une voie vers le succès, et Néanmoins, dans le cadre des concours, mes
l’épanouissement de la personnalité, la prise prises de parole ont été plutôt efficientes.
de parole en public a, au fil du temps, pris une Là-bas, je ne cherchais pas à porter la voix
place assez importante dans ma vie. D’abord d’un peuple qui devait s’identifier à moi mais
dans le cadre de mon engagement dans la vie ma mission consistait plutôt à convaincre
associative au lycée et à l’université puis dans et amener des jurés à partager ma vision
les différents concours auxquels j’ai participé. des choses sur certaines thématiques sur
lesquelles je me penchais en équipe ou
Dans le premier cas, je prétendais aux individuellement. C’est ce qui m’a permis par
postes de présidente du gouvernement exemple de terminer en 2015 à la troisième
scolaire en 2013, puis de présidente du club place du concours national d’art oratoire
d’informatique et du bureau des étudiants organisé par la Jeune Chambre Internationale
en 2015. Des tentatives vaines, car ces (JCI Dakar). En effet, dans ce cas bien précis,
candidatures se sont soldées par des échecs le quatuor : pertinence, éloquence, prestance
! La leçon que j’en ai tirée est la suivante : et apparence est légèrement modifié. Il
parler en public suppose de « communiquer, fallait du factuel, de la maîtrise du sujet, un
de délivrer un message et à cet égard il fil conducteur et surtout de la synthèse car
faut savoir que le plus compliqué n’est ni le comme dans la plupart des allocutions, il faut
message, ni la technique mais le récepteur » annoncer ce qu’il y a à dire, le dire et terminer
nous apprend Dominique Wolton. En effet, par le rappel de ce qui a été dit. Ainsi la boucle
mes prises de parole aussi travaillées qu’elles est bouclée !
l’étaient, ne me permettaient pas d’occuper
ces fauteuils. De fait, ma cible, je l’avais tout Voilà donc substantiellement comment d’une
simplement ratée ! Dès lors, j’ai compris qu’il volonté d’être cultivée, j’en suis arrivée à vivre
fallait allier pertinence, éloquence, prestance, diverses expériences de la prise de parole en
et apparence. Mais je « négligeais » ce dernier public. Tout a commencé sur les bancs de
en renvoyant l’image d’une femme très peu l’école et l’apprentissage se poursuit encore
féminine, très accrochée aux études et qui sur les bancs de Toastmasters International.
ne savais surtout pas se divertir. Rien que Pour finir, laissez-moi partager avec vous
ce cliché sur ma personne brouillait tout cette assertion de Marc Roussel qui dit que «
signal que je pouvais envoyer aux votants la communication est un art de vivre. Elle est
qui ne parvenaient donc pas à déchiffrer exigeante. Elle est la condition de l’harmonie
mon message convenablement. Je m’arrête entre les gens ». Nous savons donc ce qui
donc un moment pour rappeler la règle des nous reste à faire, cultivons donc cet art !
3 V » de Mehrabian qui stipule que 7% de la
communication orale est verbale, 38% vocale
et 55% visuelle. Si l’on considère donc par-là
que 93% de la communication orale serait non Ramatoulaye Rosine Sousso
verbale, je peux enfin mettre un mot sur la Membre du club Toastmasters Paris Etoile
raison des échecs susmentionnés. Le paraître
ne me réussissait tout simplement pas. Hélas !
- 33 -

CHAPITRE 5 :
SECRETS D’ORATEUR
MERCI LA PLUIE !!!
C’est par un jour de pluie d’automne, il y a
quelques années, que j’ai eu la chance de
rencontrer Toastmasters (TM). Me trouvant
dans un forum des associations, je note des
personnes grisâtres, assises, mais remarque vite
trois personnages debout souriants. Attirée par
eux, j’entends pour la première fois parler des
objectifs et modalités avec lesquels TM, cette
magnifique association, œuvre.
Depuis, je participe régulièrement aux séances
de mon club Etoile ainsi qu’aux divers concours
et journées de formation qui tiennent place à
Paris.
Ces derniers sont des moments de partage
sympathiques, joyeux, instructifs et très
stimulants. J’y ai aussi entendu des discours
mémorables, car très inspirants, distrayants ou
bien alors parfois vraiment très drôles. Je me
souviens encore d’un des premiers que j’ai pu
écouter et qui m’a fait rire aux larmes : « un
nouveau parti ». En revanche, j’ai été déçue qu’il
ne gagne point mais c’est la loi du genre…
En tous cas, je trouve chez les Toastmasters
un état d’esprit de progrès permanent dans un
climat de bienveillance, de camaraderie et de
stimulation positive.
Ayant déjà un long passé professionnel derrière
moi et m’étant formée à la communication et
au leadership de manière pragmatique, mes
objectifs sont à l’évidence différents de ceux de
mes jeunes camarades qui sont à leurs débuts
ou moins avancés dans leur vie active.
La méthode et l’esprit TM leur sont certainement
d’un grand apport et allant, à mon avis,
largement au-delà des éléments de techniques
- 34 -
Partage d’expériences de Toastmasters de Dakar et de Paris sur la prise de parole en public.
purs de communication et leadership.
J’aurais d’ailleurs apprécié de connaître TM
beaucoup plus tôt dans mon parcours et suis
persuadée qu’en faire partie est toujours d’un
grand bénéfice.
D’ailleurs, malgré mon expérience, je me
rends bien compte que ma pratique TM m’a
rendue encore plus à l’aise et efficace dans
mes interventions, tant professionnelles
qu’associatives.
J’ai ainsi été tout de suite beaucoup plus
confortable pour présenter de manière
synthétique et amusante le rapport du
trésorier sans notes mais avec les tableaux
nécessaires, dans le cadre d’une association
professionnelle dont je suis membre du
bureau.
Pour ma part, j’apporte ma pierre en parlant
autour de moi, notamment aux personnes
que j’accompagne en tant que coach.
Je le fais aussi en tentant, dans mes discours,
de transmettre des outils et approches dont
je trouve les enseignements utiles :
J’ai ainsi présenté mon discours n°5 sur les «
signes de reconnaissance », élément essentiel
du lien social.
Le numéro 7 portait, lui, sur les « biais cognitifs
», dont la prise de conscience est essentielle,
afin de relativiser nos automatismes cérébraux.
Quant au discours n°8, je l’ai présenté sous
forme de PowerPoint®, illustré d’images
symboliques. Compte tenu de ma longue
- 35 -
expérience en tant que consultante en
ressources humaines, il a commenté les
éléments qui selon moi sont nécessaires afin
de maximiser ses chances lors des entretiens
de recrutement. Il a aussi souligné l’importance
du travail en amont de cet exercice ainsi que
le fait que c’est un des moyens indirects
d’étoffer notre réseau personnel.
J’apporte également ma pierre en exerçant
le mentorat auprès de nouveaux membres.
S’ils en sont d’accord, je les accompagne au-
delà du troisième discours, en exerçant mon
métier de coach de manière bénévole.
Et si je pense leur être utile, je note aussi que
mieux connaître certains membres de mon
club est également pour moi une ouverture.
En effet, ce sont généralement des personnes
que je n’aurais sans doute jamais eu l’occasion
de rencontrer dans mon quotidien personnel
et professionnel.
Ils m’ouvrent sur d’autres cultures, sur d’autres
horizons, ce qui est d’une grande richesse
humaine.
En tous cas, je trouve remarquable que
l’idée généreuse et ouverte du créateur de
Toastmasters International ait pu se pérenniser
jusqu’à présent pour se répandre dans le
monde entier et souhaite qu’elle continue
à prospérer au service des liens entre les
femmes et les hommes de notre univers.
Claire Antoine-Rousseau
Membre du club Toastmasters Paris Etoile
 Partage d’expériences de Toastmasters de Dakar et de Paris sur la prise de parole en public.

CHAPITRE 5 :
SECRETS D’ORATEUR

PRENEZ LA PAROLE,
PRENEZ LE POUVOIR ! d’ateliers, de soirées de gala, d’émissions TV, plus déterminant que les mots qui sortent de
etc. Je partage avec vous quelques étapes que votre bouche. Soyez naturel, détendu, calme
je respecte pour me préparer efficacement et et enthousiaste. Faites des gestes évocateurs
qui me sont d’une grande aide : et élégants. Vous êtes en posture d’orateur,
pas d’acteur et surtout pas de lecteur. Prenez
Ça y est ! C’est le moment. C’est le grand qu’une question en tête : comment faire pour Etape N°1 : Je détermine mon objectif conscience de l’existence de votre public.
jour. C’est le jour de votre jour. Vous êtes réussir ce discours ? Oui, depuis trois jours L’une des premières questions que je me pose Regardez votre auditoire dans les yeux.
en coulisses. Le public a répondu nombreux que vous avez été retenu pour prendre la consiste à déterminer la raison principale de
à l’appel. Vous avez reçu la confirmation : parole en Suisse au nom de votre entreprise, Etape N°5 : Prendre le temps de me préparer
mon intervention. Il est important de savoir ce
Monsieur le Ministre des Petites et Moyennes vous en avez perdu le sommeil. Certes, vous que vous souhaitez susciter dans l’esprit de Ce conseil est certainement le plus précieux.
Entreprises vient d’arriver accompagné du voulez réussir, cependant, vous ne savez par votre auditoire avant d’aller plus loin. S’agit-il Donnez-vous le temps de répéter votre
Maire de la ville de Genève et de nombreuses où commencer. Le plus grand public auquel de convaincre, informer, distraire ou inspirer ? discours au maximum. Parlez face au miroir.
personnalités. Dans cette salle de 500 places, vous avez eu à parler se résume à Kouakou, Savoir précisément vos attentes vous permet Mettez-vous en situation, chronométrez votre
il n’y a plus un seul siège vide. Le maître Monique, Ndèye et les quatre fournisseurs d’orienter le message. prise de parole.
de cérémonie a démarré l’introduction. auxquels vous présentiez un projet de votre
C’est bientôt à vous. Vous attendez avec direction. En l’absence de votre responsable, Etape N°2 : Je construis ma prise de parole Chers lecteurs, chères lectrices, Il n’y a qu’un
anxiété d’être annoncé. L’auditoire est en congés de maternité, vous ne pouvez remède à la peur, c’est l’action. Lancez-vous
Parlons du message justement. C’est classique, et ne manquez pas de partager avec nous
manifestement impatient de vous entendre. échapper à cette responsabilité. D’ailleurs,
je bâtis mon intervention en 3 parties : votre expérience.
Toutes les questions vous reviennent : suis-je vous savez que c’est une grosse opportunité
suffisamment prêt ? Tout va-t-il bien se passer aussi bien pour l’entreprise que pour vous. L’introduction : elle doit donner envie de vous La prise de parole en public est un combat.
? Le public va-t-il apprécié ? J’espère que je Votre patron vous l’a annoncé comme étant en écouter. Démarrez en force et faites-en sorte Mais attention, c’est d’abord et avant tout un
serai calme et détendu. Et si… récompense de vos récentes performances. de captiver votre public dès votre première combat envers soi-même. Prendre la parole,
phrase. c’est accepter de s’afficher, se mettre à nu
Voilà l’hôtesse qui vient vous chercher. Vous Comment vous assurez-vous de réussir votre
vous levez et vous la suivez… Une fois près de prise de parole ? Quelles sont les éléments Le développement : soyez concis et précis. devant votre auditoire. C’est donc s’accepter
l’estrade, elle s’arrête et vous devez continuer indispensables à prendre en compte pour Privilégiez les phrases courtes et évitez les avant toute chose. Votre voix, votre forme,
à avancer, tout seul. Le public a commencé avoir l’impact escompté ? jargons inutiles. Aussi, ne confondez pas les votre taille, votre démarche… vous rendent
à vous applaudir. Le maître de cérémonie ne faits et vos opinions. Votre argumentation doit différent et singulier. Et votre différence est
tarit pas d’éloges à votre endroit. Vous arrivez Lecteurs, lectrices, le secret de la réussite se être basée sur des faits, des statistiques, des votre plus grand atout. Ne la reniez pas, au
à son niveau. Il vous salue chaleureusement trouve dans la préparation. Cette assertion éléments fondés. Enfin, ne dépassez guère les contraire, saisissez-la et surfez sur cette
et vous cède la place. Le lutrin est à vous… est aussi, sinon plus vraie quand il s’agit de la 3 arguments. vague pour produire de belles figures à la joie
il s’éclipse. Les applaudissements du public prise de parole en public. En vérité, prendre de votre public.
s’estompent peu à peu et c’est le calme absolu. la parole en public ne s’improvise pas. Mieux, La conclusion : votre conclusion doit résumer
Il n’y a rien de plus gratifiant qu’un public
Vous levez les yeux, et voilà 500 paires d’yeux l’improvisation elle-même ne s’improvise pas. votre message et inciter à l’action.
debout à l’unisson pour offrir à l’orateur son
braqués qui vous regardent, vous fixent, vous La prise de parole en public est davantage Etape N°3 : C’est ma voix qui ouvrira la voie salaire : les applaudissements. Et tout salaire
dévisagent. C’est l’instant de vérité ! Vos mains un art qu’une science dont il faut maîtriser
se mérite…
tremblent, vos pieds se mettent à danser certains contours clés. Il faut l’avouer, certains C’est votre voix qui porte le message et
d’eux même sur une musique inaudible, votre naissent avec des prédispositions (voix, allure, mieux sera votre para verbal, meilleur sera
cœur s’y est également mis. Il bat tellement charisme, diction, etc.) à prendre aisément la l’impact de votre message. Faites varier votre
fort qu’il pourrait s’arracher et tomber dans parole en public. Pour les autres, vous et moi, voix. Evitez à tout prix d’être monotone et Gaïus Yokossi,
votre ventre. Votre ventre dans lequel une il est question d’apprendre et de travailler monocorde. Marquez des pauses, respectez Président Directeur Général et fondateur
grosse boule s’est formé tel un nœud et qui afin de prendre un véritable plaisir à chaque la ponctuation et surtout : ar-ti-cu-lez. de Baraka Gate
s’enroule autour de votre estomac. Vous intervention. J’ai dû emprunter ce chemin et j’y Directeur du Secteur 12 - District 94
sentez une chaleur vous envahir et là… vous travaille encore d’ailleurs. Introverti et timide Etape N°4 : Vivre mon message (2019-2020)
vous réveillez en sursaut de ce rêve qui prenait au départ, je suis de plus en plus sollicité Ayez à l’esprit que votre langage corporel est
des allures de cauchemar. Vous n’avez plus pour intervenir dans le cadre de conférences,
- 36 - - 37 -

UNE MEILLEURE VERSION
DE MOI-MÊME
« La communication est la meilleure compétence
que puisse avoir un leader » disait Aram Baksian.
En réalité, savoir parler est une aptitude
indispensable à chaque être humain car chacun
est constamment appelé à communiquer avec
la famille, les amis, les collèges. Que ce soit par
les signes ou la voix, nous avons tous le besoin
de parler.
Toutefois, pour être efficace, le langage dans
un cadre personnel et professionnel requiert
l’apprentissage de techniques bien particulières.
C’est ce qui, selon moi, constitue le fondement,
la raison d’être de Toastmasters. Adhérer à un
club Toastmasters, c’est se préparer à affronter
toutes les situations où la prise de parole en
public peut être mise en œuvre.
D’ailleurs, une de ces situations de
communication est l’improvisation qui me
semble très difficile. Les deux minutes prévues
pour l’improvisation m’ont paru une éternité
quand j’ai fait l’exercice pour la première fois.
Je n’ai pu m’exprimer qu’en trente secondes.
A la fin de la séance, j’avais interpellé Monsieur
Gaïus Yokossi (alors Président du Dakar Xewel
Toastmasters Club et Directeur du secteur 12
à présent) sur la méthode à adopter pour le
réussir. Il m’avait conseillé de le traiter comme
une dissertation et de ressortir une introduction,
un développement et une conclusion et surtout
de toujours reprendre la question posée au
début de l’intervention. Malgré ses conseils, j’y
arrive difficilement et je continue de stresser à
chaque interrogation. Cela est dû au fait que
je suis rarement interrogée à la séance des
improvisations car en général à chaque séance,
je prends un rôle ou je présente un discours
alors que la priorité dans les improvisations
est donnée aux personnes qui n’ont pas pris la
parole durant la séance.
- 38 -
CHAPITRE 5 :
SECRETS D’ORATEUR
Toutefois, être toastmaster, c’est également
apprendre à développer son leadership par la
prise de rôle soit dans le bureau, soit au cours
de séances de formation. Il s’agit d’exercer son
leadership, de rencontrer des obstacles et de
trouver des solutions avec le soutien de tout le
bureau.
En effet, en tant que Vice-Présidente aux
Adhésions (VPA) en 2018, j’ai développé une
meilleure communication car cette fonction
implique de rentrer en contact avec des
personnes souvent inconnues en vue de les
inviter à une séance de formation Toastmasters.
Par ce biais, j’ai appris à gérer les invités «
difficiles » car la VPA est la porte d’entrée du
club. De son dynamisme dépend l’adhésion de
nouveaux membres.
Être VPA, c’est aussi convaincre certains qui
n’expriment pas le besoin d’améliorer leur prise
de parole en public d’adhérer au club. A cet
effet, j’ai eu droit à des réponses telles que : «
je sais très bien communiquer en public, je ne
vois pas l’intérêt de venir » ou « qu’est-ce que
je pourrais apprendre de plus dans ce club ?
». C’est également pousser « gentiment » les
invites ayant pris part à une seule séance de
revenir ou d’adhérer.
Le nerf de la guerre est de faire confirmer
les membres de leur présence à la séance au
moins 72 heures avant. En effet, depuis 2018,
un système de confirmation a été mise en place
pour garantir une meilleure organisation des
séances.
Malgré toutes ces situations, la fonction de
VPA m’a permis d’élever énormément mon
leadership car j’ai compris que la meilleure
façon de l’acquérir est de le pratiquer. Le club
offre cette opportunité à chaque membre.
Partage d’expériences de Toastmasters de Dakar et de Paris sur la prise de parole en public.
Au-delà de la persuasion, la fonction de VPA
m’a permis de développer des aptitudes en
recrutement, il s’agit principalement d’identifier
les personnes ayant besoin de formation (parmi
les collègues, les amis, la famille…), de les aider
à accepter leurs limites et de leur proposer
le club comme solution à leur problème. Ce
profilage a été efficace puisqu’en 2018, plus de
20 nouveaux membres ont adhéré au club.
Aujourd’hui, grâce à toute cette expérience,
j’ai été portée par la direction du Secteur 12,
à la tête du comité de création du premier
club Toastmasters du soir de Dakar qui est
fonctionnel depuis septembre 2019 et dont je
suis élue présidente pour le mandat 2019-2020.
Ce poste de présidente de Kalaama Toastmasters
Club est une occasion de plus de mettre en
pratique mon leadership dans le prestigieux
mouvement à Dakar. Il s’agit de manager des
hommes et de femmes venant d’horizons
diverses pour l’atteinte d’un résultat commun :
le rayonnement du mouvement au Sénégal en
permettant à un maximum de personnes de
profiter de ses avantages.
Par ailleurs, être président d’un nouveau club
requiert beaucoup plus de travail car il s’agit de
mettre en place tous les outils en s’inspirant de
ceux existants et de s’assurer de l’adhésion et du
soutien des anciens clubs. C’est être confronté
à des problèmes de ressources humaines et
financières. En effet, Kalaama Toastmasters
Club a été créé pour permettre à ceux qui sont
intéressés par le Toastmasters et qui n’ont pas
la possibilité de prendre part aux séances de fin
de semaine.
Malgré la charge de travail considérable, ma
fonction de présidente d’un club nous met
dans une posture d’un chef d’entreprise qui
au quotidien définit les orientations et les
objectifs à atteindre autour d’une équipe pour
un mandat. C’est acquérir de bonnes aptitudes
indispensables chez un manager notamment
l’esprit d’initiative, le travail en équipe, la gestion
de projets. C’est également savoir être ferme et
prendre la décision qu’il faut dans l’intérêt du
club. C’est en outre, apprendre à déléguer ses
responsabilités tout en assurant qu’elles sont
bien exécutées.
- 39 -
Tout compte fait, être toastmaster c’est
posséder trois qualités essentielles chez tout
être humain : le savoir-être, le savoir-faire et le
savoir-faire faire.
En novembre 2016, quand j’ai répondu à
l’invitation d’un ami à participer à une séance de
Dakar Xewel Toastmasters, je pensais prendre
part, une fois de plus à un atelier théorique
sur le leadership. Quelle surprise j’ai eu à la fin
de la séance ! Je puis dire qu’adhérer au club
fait partie des meilleures choses qui me soient
arrivées durant cette année dans la mesure où
j’étais convaincue d’être à la bonne place pour
améliorer ma prise de parole en public. J’avais
conscience de mes limites et le club était le
cadre idéal qui m’aiderait à avancer. Je n’ai pas
eu tort. Trois ans après, je maîtrise l’essentiel
des techniques de communication et toutes
ces compétences sont indispensables dans
le domaine dans lequel j’exerce. En effet, être
juriste requiert une aptitude à convaincre.
Toutefois, l’acquisition de ces dernières
demande un engagement du membre. La
volonté de s’améliorer et la conscience d’avoir
des limites sont le fondement de l’évolution
souhaitée de chaque membre. La prise de
conscience et l’implication du membre facilitent
sa progression. Les efforts doivent être
permanents et la présence au club, régulière. Ils
se résument à préparer des discours, à prendre
des rôles, à participer aux différents concours et
Toastmasters dispose de toutes les ressources
pour accompagner les membres engagés et
réguliers qui veulent s’améliorer car « le secret
du succès se trouve dans la routine de tous les
jours » John Maxwell.
Habsatou Ka
Membre du Dakar Xewel Toastmasters Club
(DXTC)
Présidente du Kalaama Toastmasters Club
(2019-2020)

CHAPITRE 5 :
SECRETS D’ORATEUR
LA COMMUNICATION SANS FIL
Je pense que prendre la parole en public, c’est
comme se mettre nu, à la différence près que
ce n’est pas notre corps qui est soumis à la vue
de tous, mais notre esprit. Et là où notre corps
se dessine en une fraction de seconde à l’œil
des spectateurs, l’esprit est beaucoup plus avare
et demande de la patience pour se dévoiler aux
auditeurs. Présenter notre esprit est de notre
responsabilité et c’est un exercice qui demande
de la pratique et de la méthode.
Ce que je recherche au sein de Toastmasters,
c’est le plaisir de sentir une connexion avec mon
auditoire. Cette connexion passe par deux étapes.
La première consiste à partager un message d’une
manière claire et la plus juste possible. La seconde
étape consiste à créer un lien émotionnel avec son
auditoire afin de partager plus que quelques mots.
J’aimerais partager avec vous les difficultés que je
rencontre lors de mes prises de parole en public
et les conseils qui me permettent de m’améliorer.
La première difficulté que j’éprouve est un
sentiment de stress lorsque je sens toute l’attention
se poser sur moi. Au premier doute, je me mets à
réfléchir vite. Mes idées se multiplient. Je ressens
un coup de chaud et mes mains deviennent
moites. Petit à petit, je ne me concentre que sur
ce que je dis et je perds le lien avec le public et
de ce fait, le contrôle de mon discours. Garder
le calme dans ces situations est toujours mon
objectif et les exercices que m’ont conseillé les
membres Toastmasters expérimentés, tels que
regarder son auditoire en effectuant un balayage
régulier ou pratiquer le massage du diaphragme
sont très efficaces. Il est également primordial de
s’habituer au silence, de ne pas en avoir peur et
l’utiliser pour structurer ses pensées. Contrôler
mon stress permet de me concentrer sur le fond
du message.
- 40 -
Partage d’expériences de Toastmasters de Dakar et de Paris sur la prise de parole en public.
La deuxième difficulté que je rencontre est de
transmettre mon message clairement. Nous
sommes tous le produit de nos pensées, de notre
intelligence et de notre mémoire. Transmettre
un message demande de la vulgarisation afin
qu’il puisse être traité et compris par l’ensemble
de l’auditoire. J’essaie de garder à l’esprit que
l’auditoire, tel un estomac, a besoin de temps
pour digérer l’information, et que, plus l’aliment
est cuit, plus il est digeste. Il est donc important
de travailler à rendre l’information la plus simple
possible, de l’amener avec logique et finesse.
Enfin, jouer avec les silences et les répétitions
rendent mon message compréhensible. Un
conseil a changé ma vision sur ce sujet, il m’a
été donné par un membre toastmaster et c’est
le suivant : « Don’t try to impress, try to express
», autrement dit n’essaie pas d’impressionner,
essaie de t’exprimer. Cette phrase m’aide à
me rappeler que l’objectif intrinsèque de mon
discours est d’être compris.
Contrôler mon stress et mon message me
permettra de maîtriser la première étape et
de partager mon histoire de la manière la plus
juste possible. Ensuite, je pourrai entamer
la deuxième partie et la plus plaisante : me
concentrer sur les émotions.
La deuxième étape est de créer un lien
émotionnel, c’est ce que je recherche et c’est
mon objectif ultime chez Toastmasters. Je ne
souhaite pas raconter un récit, mais le faire vivre
à l’auditoire. Je veux que l’auditoire entende
mon histoire, je veux qu’il la goûte, qu’il la sente,
qu’il la voie et qu’il la touche. Pour ce faire, il faut
ramener l’auditoire à un état d’esprit réceptif, lui
prendre la main et l’accompagner tout du long.
Il faut augmenter le son et le baisser, accélérer le
débit et le ralentir, il faut être sévère et drôle. En
somme, il faut choquer les sens et les adoucir.
- 41 -
Pour transmettre l’émotion, j’ai à ma disposition
deux outils : mon écriture et mon langage
corporel. L’écriture ou le verbe transmet 7%
de l’information d’après plusieurs études. La
partie non verbale est responsable de 93% de
la communication globale. En somme, si l’art
de parler en public était une langue vivante,
la majorité d’entre nous se focaliserait sur 7%
du dictionnaire. Pour transmettre l’émotion, je
dois apprendre à contrôler mon écriture pour
inclure un maximum d’image, je dois apprendre
à maîtriser mon débit pour accrocher l’auditoire
et l’emmener par la main sur le sentier de mon
histoire, je dois être présent physiquement pour
qu’il visualise en moi l’histoire. Je dois regarder
tout l’auditoire afin qu’il sente que l’histoire lui
est destinée. L’art de parler en public est bien
une langue vivante et telle une langue vivante,
je ne pense pas que nous naissions éloquents
mais que nous le devenions avec le temps et
l’exercice.
Synchroniser son esprit avec l’esprit de
l’auditoire, telle une connexion sans fil, est
pour moi la finalité de l’orateur. Mais comme
toute finalité, elle n’a que peu d’importance car
l’important est le chemin qui m’y mène. Dans
cette quête, il m’est permis de m’interroger
sur mon esprit et mes idées, de les partager et
de les faire évoluer. Tel un professeur, je scrute
mon esprit afin de le rendre présentable. Et
c’est bien là, l’exercice le plus enrichissant que
j’ai expérimenté à Toastmasters.
Jovan

LA CAPACITÉ DE PRISE DE
PAROLE EN PUBLIC EST LA
CHOSE LA MIEUX PARTAGÉE
Mes premières lettres saisies seront sans doute
des lettres de gratitude envers ma chère collègue
Toastmaster Béatrice Sagna, pour cette opportunité
unique qu’elle me donne dans un projet aussi
innovant, de partager mon expérience avec ce qu’il
est convenu d’appeler mon allié, mon nouveau
compagnon, mon adjuvant, à savoir la parole.
Il ne s’agit pas de n’importe quelle parole, je parle
« de la parole qui convainc, la parole qui sauve, la
parole qui libère, la parole qui émeut, la parole qui
touche, la parole qui choque », pour reprendre les
mots de Bertrand Périer ; c’est de celle-là que je veux
vous parler.
Ma vraie rencontre avec elle est récente, quoique
par ma formation de juriste et mon activité
professionnelle, la parole constitue une certaine
banalité. Elle date de juillet 2016, soit depuis trois
petites années. Je m’étais enfin décidé à assister,
sur recommandation insistante de mon grand frère,
à la séance de formation d’une association ou, si on
préfère, d’un club, avec un nom sortant de l’ordinaire,
« Toastmasters », où, me disait-il, « on apprenait à
parler en public ».
La raison de mon hésitation d’alors était toute simple
et sans doute partagée par beaucoup de personnes
: je me demandais bien depuis quand on apprenait
à prendre la parole en public, comme si la prise de
parole en public était une compétence ordinaire
comme n’importe laquelle, qui pouvait être enseignée
à n’importe qui, appréhendée et maîtrisée.
En effet, j’avais, de tout temps, perçu la parole, celle-
là même dont parle Bertrand Périer, celle-là même
que Socrate savait si bien manier et que Cicéron
maîtrisait à la perfection, comme l’affaire d’une
Vous l’aurez sans doute noté, à la place de «
poignée de personnes, appelés orateurs, tribuns
accessible à tous », j’ai, à dessein, préféré « accessible
ou encore s’il était permis d’utiliser un qualificatif
à tout volontaire », pour faire remarquer que cette
affectueux en langue wolof puisé dans la culture
transformation n’opère pas d’un simple coup de
sénégalaise, « Guéwël », pour faire référence à cette
baguette magique. Au contraire, la transformation
ethnie au Sénégal dont la parole marque et ne laisse
que je suis en train de vivre, celle-là même de collègues
jamais insensible. Ces personnes, en ce qu’elles
dont je suis le témoin oculaire, est la résultante d’une
étaient dotées à la naissance par la providence d’un
énorme quantité de travail.
- 42 -
CHAPITRE 5 :
SECRETS D’ORATEUR
don particulier, étaient, d’après ma perception, les
dépositaires et les gardiens de la parole. Nous autres,
faisant partie de ce qu’il est convenu d’appeler «
l’autre catégorie », ne pouvions, user de la parole
que pour satisfaire cette nécessité existentielle de
simplement converser.
Cependant et à mon agréable étonnement, après
juste quelques semaines de fréquentation de ce club
où on apprenait à parler en public, ce mythe devait
rapidement tomber et disparaître totalement.
En effet, de mes propres yeux j’ai vu et j’ai moi-même
vécu, la transformation de collègues qui peinaient
à formuler des phrases audibles avec un regard
braqué sur le sol, certainement moins intimidant que
toutes les paires d’yeux présentes, lorsqu’il leur était
simplement demandé de se présenter, et qui étaient
donc, en si peu de temps, en capacité de forcer
l’attention, de communiquer leur message, pour
forcer à l’action, à la suite d’une prise de parole en
public.
Et oui ! Des personnes qui faisaient partie « de l’autre
catégorie » et qui donc n’avaient ou, pourrais-je dire,
ne se connaissaient aucune prédisposition naturelle
à la prise de parole en public, ont pu par la pratique
régulière de quelques techniques toutes simples,
parler de façon efficace et impactant comme
n’importe lequel de nos grands orateurs ou encore «
Guéwël » favoris.
Ce qui m’a amené à la réflexion suivante : si selon
Descartes « le bon sens est la chose la mieux partagée
», je suis d’avis que la capacité de prise de parole
en public est également une chose très partagée,
accessible à tout volontaire.
Partage d’expériences de Toastmasters de Dakar et de Paris sur la prise de parole en public.
Je considère ce travail comme d’abord théorique
parce qu’il faut voir la prise de parole en public comme
une filière ayant plusieurs branches que j’ai essayé de
encourageant et constructif, pour délivrer des
discours de différents niveaux et objectifs, ou encore
pour prendre des rôles impliquant des prises de
connaître et de comprendre dans un premier temps.
Au-delà de savoir comment structurer un propos avec
parole ; ceci, sous le regard bienveillant de collègues
Toastmasters, qui par la suite, m’aident à identifier et
une introduction captivante, un corps avec des idées capitaliser mes points forts, mais aussi et surtout à
bien structurées suivant un enchaînement logique
et une conclusion frappante et de savoir aussi bien
travailler sur mes points d’amélioration.
Au demeurant, il est important de préciser que je n’ai
choisir ses mots suivant une bonne rhétorique, les
pas appliqué ce processus de manière ponctuelle
branches que j’ai explorées sont relatifs notamment
pour prétendre maîtriser la parole. La prise de parole
à:
en public a ceci de particulier que le travail pratique
La gestuelle et à l’occupation de l’espace car « menant vers sa maîtrise ne s’arrête jamais au risque
chaque geste est parole » ; de perdre tous les acquis et d’avoir à recommencer à
zéro. En effet, de la même manière que quand je suis
Le contact visuel, pour regarder toute l’assistance et
à la salle de sport, je fais subir à mes muscles un effort
en même temps parler individuellement avec chaque
physique approprié et régulier pour les développer
personne ;
et maintenir une bonne forme physique sur le long
La variété vocale, afin d’évoquer des émotions et terme, de cette même manière, je pratique les outils
sentiments chez l’assistance, faire briller sa confiance de l’art oratoire de façon régulière et continue.
en soi, et introduire une certaine musicalité dans son
Aussi, comme dans tout apprentissage, je ne réussis
propos ;
pas au premier coup. Au contraire, je suis parfois
Le travail qui m’a mis sur le chemin de cette
et très souvent insatisfait de certaines de mes
transformation est ensuite et surtout pratique
prestations surtout les premières, mais à force de
en ce qu’il a exigé de moi une volonté forte, un m’autoévaluer et/ou de bénéficier de l’évaluation
engagement immarcescible, un mental d’acier, afin constructive de mon entourage et d’opérer les
de faire face à mes peurs et ainsi, m’intégrer dans le ajustements nécessaires, la satisfaction est de plus
processus perpétuel qui consiste à profiter de toutes en plus présente.
les opportunités de prise de parole en public qui se
Ce partage est tout sauf une fiction tirée de
présentent tout naturellement à moi et à longueur de
mon imagination, mais un constat découlant
journée pour appliquer le bagage théorique appris.
d’une expérience personnelle vécue. En effet,
En effet, c’est en ayant démystifié la parole dont
je suis personnellement en train de vivre cette
je vous parle aujourd’hui que j’ai en même temps
transformation extraordinaire.
ouvert les yeux sur la profusion d’opportunités
Ce qui est encore plus surprenant pour moi qui vit
de la pratiquer qui, en réalité, existaient pour moi
cette expérience, c’est qu’une fois la transformation
: je profite davantage du cadre offert par le cercle
amorcée, je me suis vite rendu compte que la simple
privé pour, motiver, témoigner, rassurer, influencer,
maîtrise de la parole, n’est pas une fin en soi. Bien
convaincre, expliquer, apprécier, engager… famille,
au contraire, elle est devenue pour moi, un moyen
amis et connaissances relativement aux différents
privilégié d’ouvrir et d’explorer le monde infini de
sujets et situations que posent la vie en communauté
potentialités qui caractérise tout être humain, pour
; dans mon cercle professionnel, je chéris toutes les
ajouter de la valeur dans la vie des gens et ainsi,
bonnes occasions données par une présentation
contribuer à rendre le monde meilleur.
formelle ou une participation à une réunion, ou
encore tout simplement un small talk à la fontaine « Cela semble toujours impossible, jusqu’à ce qu’on
d’eau ou encore dans les ascenseurs pour pratiquer le fasse » Nelson Mandela.
les techniques apprises.
J’allais oublier que la partie la plus importante et
Yankhoba Ndiaye, Communicateur Compétent
efficace de ma pratique de l’art oratoire, est exercée
(CC) et Leader Compétent (LC)
dans l’intimité du Dakar Xewel Toastmasters Club,
Président du Dakar Xewel Toastmasters Club (2019-
mon club d’appartenance, et des autres clubs
2020)
existants à Dakar, dans lesquels chaque samedi et
un vendredi sur deux, je profite d’un cadre exaltant,
- 43 -
REMERCIEMENTS
« Le temps est à mes yeux la ressource la plus précieuse qu’un Homme puisse
détenir. C’est cette denrée inestimable qu’ont donnée les contributeurs du présent
projet High Performance Leadership (HPL) dans le cadre du programme de
formation Toastmasters International (TMI) en acceptant de partager dans ce livre
leurs expériences de la prise de parole en public tout particulièrement mais aussi
leurs expériences de leadership à certains égards.

J’adresse ma profonde gratitude à chacun des auteurs de ce projet, Toastmasters

de qualité, pour avoir partagé un - voire plusieurs - chapitres de leurs parcours de
vie. A travers nos discussions qui se sont étalées sur plusieurs mois, j’ai beaucoup
appris et j’en tire des enseignements de vie relatifs à la persévérance et à l’humilité
pour ne citer que ces deux-là. Chers auteurs, je vous remercie pour votre souci du
travail bien fait, je vous remercie pour votre patience tout au long du processus de
production, je vous remercie pour votre enthousiasme contagieux qui n’a jamais
faibli. Je suis honorée d’avoir travaillé avec vous !

Je remercie également trois femmes de fer, Toastmasters distinguées (DTM) qui

ont accepté de constituer le comité de suivi de ce projet. Elles se sont toujours
attelées à apporter des retours constructifs et à pousser le questionnement à son
paroxysme afin que ce projet HPL soit réussi. A elles trois, elles capitalisent plus
de 40 années d’expériences au sein de Toastmasters International et ont servi
les membres en particulier et l’organisation TMI de façon générale en qualité de
membres fondatrices de plusieurs clubs Toastmasters, de membres du bureau de
clubs, de directrices de secteur et de division. Merci infiniment Christiane Rondeau,
Sylvie Klajman et Odile Petrus !

Je remercie P.D. d’avoir pris le temps d’effectuer la relecture de tous les textes.
Ton aide a été précieuse. Je salue ta patience et ta pertinence. J’apprécie tes
recommandations, toujours formulées avec bienveillance.

Mes remerciements vont également à l’endroit d’Inza Dagnogo, Toastmaster

émérite, pour avoir répondu avec enthousiasme à ma demande d’aide relative à la
mise en forme du présent livre d’or. Mille mercis pour avoir apporté ton expertise et
ton professionnalisme au service de ce projet. Je te remercie aussi infiniment pour
tes conseils.

Je remercie aussi mes proches pour la constance de leur soutien et l’effectivité de

leur affection et attention. Cela me donne l’énergie d’aborder des projets de cette
envergure, et qui sait, d’autres encore ? »

Béatrice Sagna

Tous droits réservés.

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduc-
tion intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayant droit ou ayant cause, est illicite et
constitue une contrefaçon, aux termes des articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Date du dépôt légal : 28 janvier 2020

Le présent ouvrage est disponible gratuitement au format électronique et papier. Il ne peut en aucun cas être vendu.

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