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V. Savona
hM i = hψ|(M ⊗ IB )|ψi
∗
XX
= αjν αiµ (hj| ⊗ hν|)(M |ii) ⊗ |µi
j,ν i,µ
∗
XX
= αjµ αiµ hj|M |ii
i,j µ
X
= ρij hj|M |ii
i,j
X
= ρij Mji
i,j
= Tr(ρM )
P
où nous avons introduit la trace Tr(A) = i Aii d’une matrice A, définie
comme la somme de ses éléments diagonaux. Ici, nous avons utilisé le fait
que les bases sont orthonormées et que donc hµ|νi = δµν .
Dans le calcul ci-dessus, nous avons défini l’opérateur densité du sous-
système A, décrit par la matrice
∗
X X
ρij = αiµ αjµ = hiµ|ψihψ|jµi.
µ µ
Cet opérateur est appelé opérateur (ou matrice) densité réduit au sous-
système A. Nous avons déjà vu que pour un état |ψi le plus général qui
soit (sans factorisation particulière des coefficients αiµ ), le sous-système A ne
peut pas être décrit par un état "pur" du type ϕ ∈ HA . Ce formalisme sert
donc à décrire l’état physique de A par le biais d’un opérateur densité ρA qui
nous permet de calculer les moyennes, en utilisant la trace :
hM i = Tr(ρA M ).
ρ†A = ρA .
|αiµ |2 = ||ψ||2 = 1.
X X
Tr(ρA ) = ρA,ii =
i i,µ
βµ βµ∗ = ||β||2 ≥ 0
X
=
µ
avec
X
βµ = hϕ|iihiµ|ψi.
i
— Ses valeurs propres sont toutes positives. C’est le cas de tous les opé-
rateurs positifs semi-définis. Nous pouvons donc diagonaliser ρA qui,
dans la base de vecteurs propres, s’écrit
X
ρA = pk |kihk|,
k
et la moyenne de M devient
X X
hM i = Tr(ρA M ) = pk hk|M |ki = pk hM ik
k k
= hψ|O|ψi = hOi.
L’opérateur densité d’un état dit "pur" (c’est-à-dire un état qui n’est pas un
mélange statistique, mais décrit par un seul vecteur) est donc le projecteur
sur cet état. Ainsi, pour un état pur,
ρ2 = ρ.
Nous pouvons interpréter cela comme si l’état pur était un mélange statis-
tique de |k = 1i = |ψi et |ki pour k = 2, 3, ... avec p1 = 1 et pk = 0 pour
k > 1. Nous comprenons donc que ρ2 = ρ est une condition nécessaire et
suffisante pour que l’état décrit par un opérateur densité ρ soit un état pur.
Considérons à nouveau l’état intriqué
X
|ψi = αiµ |iµi.
i,µ
∗
La matrice correspondante est ρiµ,jν = αiµ αjν . Mais, par définition,
∗
X
ρA = αiµ αjµ ,
µ
donc
ρA = TrB (ρ)
où nous notons TrB la trace relative à la base du sous-système B : si {|µi}
est la base de HB , alors
hµ0 |ρ|µ0 i
X
ρA = TrB (ρ) =
µ0
∗
hµ0 | (|ii ⊗ |µi) (hj| ⊗ hν|) |µ0 i
X X
= αiµ αjν
µ0 i,µ;j,ν
∗
X X
= αiµ αjν δµµ0 δνµ0 |iihj|
µ0 i,µ;j,ν
∗
XX
= αiµ αjµ |iihj|,
ij µ
et cet état pur est un état intriqué entre le système sous examen et le reste
de l’univers. Quelques remarques s’imposent néanmoins.
1. L’écriture de ρA sous la forme diagonale ρA = k pk |kihk| n’implique
P
pas que les états {|ki} ont une signification spéciale. En effet, nous
disons que le système est dans un mélange statistique des états |ki
avec probabilité pk . Toutefois, par rapport aux états possibles (purs)
pour A, ce n’est pas la seule manière d’écrire ρA comme un mélange
statistique. Supposons par exemple que nous ayons, pour un qu-bit,
la matrice densité suivante :
1 1
ρ = |0ih0| + |1ih1|.
2 2
Celle-ci s’écrit aussi
1 1
ρ = |+ih+| + |−ih−|,
2 2
√
où |±i = (|0i ± |1i)/ 2. La matrice densité ρ décrit donc tout aussi
bien un mélange statistique de |0i et de |1i avec probabilités 1/2
qu’un mélange statistique de |+i et |−i. Pour fixer les idées avec un
exemple physique, cette matrice densité peut-être interprétée comme
la représentation d’un mélange statistique (moitié-moitié) de spin +
ou − selon z, ou comme celle d’un mélange de spin + ou − selon x !
ρ = ρA ⊗ ρB .
Cette définition d’une matrice densité pour le système total est com-
patible avec ce que nous avons vu. En particulier :
|00i + |11i
|ψi = √
2
Il est alors possible de calculer :
1
ρ = |ψihψ| = (|00i + |11i)(h00| + h11|)
2
1
= (|00ih00| + |00ih11| + |11ih00| + |11ih11|)
2
1 0 0 1
0 0 0 0
=
0 0 0 0
1 0 0 1
1 1
ρA = T r(ρB ) = ... = (|0ih0| + |1ih1|) = I
2 2
1 1
ρB = T r(ρA ) = ... = (|0ih0| + |1ih1|) = I.
2 2
1 0 0 0
1 0
1 0 0
ρA ⊗ ρB = 6= ρ.
4 0 0 1 0
0 0 0 1
pi U (t0 , t)|ψi (t0 )ihψi (t)|U (t0 , t)† = U (t0 , t)ρ(t0 )U (t0 , t)† .
X
ρ(t) =
i
d’où
dρ
i~ = − [ρ, H] .
dt
Cette équation ressemble à l’équation d’évolution de Heisenberg, mais
le signe est opposé. C’est normal puisque ρ n’est pas une observable
et ne doit donc pas nécessairement évoluer selon l’équation de Heisen-
berg.
hM i = Tr(ρM )
Après la mesure, le système est dans l’état décrit par l’état pur |mi
donc ρ → |mihm|.
4. Si le système total est décrit par ρ, le sous-système A est décrit par
ρA = TrB (ρ) et le sous-système B par ρB = TrA (ρ). Inversement, par
contre, le système total n’est pas nécessairement décrit par le produit
tensoriel TrB (ρ) ⊗ TrA (ρ), comme nous l’avons vu.
Considérons maintenant un qu-bit dans l’état
ρA = |ϕihϕ| = |λ|2 |0A ih0A | + λµ∗ |0A ih1A | + λ∗ µ|1A ih0A ||µ|2 |1A ih1A |
!
|λ|2 λµ∗
= .
λ∗ µ |µ|2
Nous remarquons que les élément de la matrice contiennent toutes les infor-
mations nécessaires pour déduire λ et µ ∈ C. Ceci n’est pas étonnant, puisque
pour un état pur la représentation en matrice densité doit coïncider avec celle
du vecteur.
3 La décohérence
Supposons maintenant que deux qu-bits soient dans un état produit
ρA = T rB (ρ)
!
|λ|2 T r(ρB ) λµ∗ T r(ρB )
=
λ∗ µT r(ρB ) |µ|2 T r(ρB )
!
|λ|2 λµ∗
= .
λ∗ µ |µ|2
Cette matrice coïncide avec celle d’un qu-bit isolé dans l’état |ϕA i. Cet
exemple nous montre que les états qui formé d’un produit tensoriel entre
deux états des sous-systèmes A et B sont des états spéciaux. Chaque sous-
système a les mêmes propriétés que s’il était isolé, donc indépendant de l’état
|ϕB i de l’autre sous-système.
Calculons maintenant la matrice densité d’un état intriqué des deux sous-
systèmes :
HA → HA ⊗ IE = HA0
HE → HE ⊗ IE = HE0
[HA0 , HE0 ] = 0.
Dans ce cas, l’opérateur d’évolution temporelle s’écrit comme
0 0
U (t1 , t2 ) = e−i(HA +HE )(t2 −t1 )/~
0 0
= e−iHA (t2 −t1 )/~ e−iHE (t2 −t1 )/~ .
Si nous appliquons cet opérateur à l’état |ϕA i ⊗ |ψE i, nous obtenons un état
produit tensoriel :
" #" #
H0 H0
−i ~A (t2 −t1 ) −i ~E (t2 −t1 )
U (t1 , t2 )|ϕA i ⊗ |ψE i = e |ϕA i e |ψE i
s’il est assez proche d’elle). Si nous partons d’un état délocalisé, la tendance
est donc à intriquer chaque composante localisée du système avec un état
également localisé de l’environnement. Il semblerait donc que parmi tous les
états possibles, les états localisés aient un rôle spécial. Dans la théorie de la
décohérence, nous avons là une illustration du concept d’ "états pointeurs".
La réalité est beaucoup plus complexe que cette simple description. En
particulier, la mécanique quantique ne peut guère expliquer pourquoi l’inter-
action évolue entre système et environnement exactement de cette manière,
ni pourquoi un certain type d’état serait privilégié par rapport à d’autres.
Ces problèmes sont à la base de la recherche sur la décohérence, sur le pas-
sage de la réalité microscopique (peu de particules) au monde macroscopique
(≈ 1024 particules) et de façon plus générale sur une éventuelle formulation
nouvelle de la mécanique quantique (qui n’a pas encore été atteinte).
Revenons sur l’idée que la décohérence est un processus dynamique. L’évo-
lution d’un état pur vers un mélange statistique se produit dynamiquement.
La durée de ce processus est appelée temps de décohérence ; ce temps est
une caractéristique spécifique à chaque système. Dans la réalisation physique
d’une porte logique quantique, il faut donc veiller à ce que l’opération dure
beaucoup mois longtemps que le temps de décohérence. Si c’est le cas, alors
(0)
la matrice densité de l’état final ρA sera très peu différente de ρA qui repré-
sente l’état pur prévu par le fonctionnement idéal de la porte logique. Des
(0)
techniques de correction d’erreur quantique permettent de remonter à ρA
avec une probabilité que nous pouvons rendre arbitrairement proche de 1.
Si par contre le temps de décohérence est court par rapport au temps de
l’opération, alors ρA sera un mélange statistique total et l’information sur les
phases, nécessaire pour le paradigme quantique, sera perdue à jamais.
(0)
La mesure de la différence entre ρA et ρA pour un dispositif est appelée fi-
délité. Pour la caractériser, il faut construire des modèles de décohérence. Ces
modèles sont nécessairement approximatifs, puisqu’il est presque impossible
de décrire le comportement détaillé de l’environnement, lequel est typique-
ment un système extrêmement grand et complexe. Certains modèles peuvent
s’attaquer à une description approximative de l’environnement. Toutefois, les
modèles les plus utilisés en information quantique se limitent à décrire l’effet
de l’environnement sur le système sous forme d’une probabilité pour le sys-
tème +l’environnement de changer son état total. Un tel changement peut
être vu comme la conséquence d’un processus d’interaction (par ex. collision
avec un atome).
Prenons d’abord un exemple élémentaire. Supposons que l’environnement
|0i → |0i
|1i → −|1i
L’état |0i reste le même tandis que l’état |1i reste aussi le même, mais la phase
prend un facteur −1. Cette phase a un effet physique important si le qu-bit est
dans l’état α|0i + β|1i. On suppose que ce changement se produit de manière
aléatoire et a une probabilité par unité de temps Γ de se produire. On appelle
Γ le taux de décohérence. Si nous attendons un temps ∆t, le changement se
produit avec une probabilité p = Γ∆t. Le temps de décohérence est donc
τ∆ = Γ1 . Ce modèle est trop simple, puisqu’il n’introduit qu’une altération
du qu-bit, et qu’ucune intrication avec l’environnement ne se produit. Cet
exemple nous sert toutefois à comprendre le rôle de la taille du système. Si
le qu-bit est initialement dans l’état
1
|ψi = √ (|0i + |1i),
2
le processus de décohérence le transforme en
1
|ψi = √ (|0i − |1i),
2
qui est un état différent et ne porte aucune mémoire de quel était l’état ini-
tial, avec ses phases. Nous avons vu que ce changement se produit en un
temps τ∆ = Γ1 . Supposons maintenant qu’un système de N qu-bits soit sou-
mis au même environnement. Chaque qu-bit interagit avec l’environnement
indépendamment des autres. Si l’état initial est
1
|ψi = √ (|00..0i + |11..1i),
2
alors la probabilité de passer à un état
1
|ψ ∗ i = √ (|00..0i − |11...1i)
2
avec une perte de la mémoire de la phase est p = N Γ∆t, puisque c’est la
somme des probabilité de N processus indépendants. Pour ce système le
temps de décohérence est
τ∆
τ∆ (N ) = ,
N
qui est N fois plus court qu’un processus à un qu-bit. En règle générale, donc,
plus un système est grand, plus τ∆ (N ) est court.
ρA (t) = U ρA (0)U †
ne peut être à l’origine cette évolution car une transformation unitaire trans-
forme un état pur en un autre état pur.