Église Dans l’Yonne

Changer ce
temps d’épreuve
en temps de grâce !
n° 4 - avril 2020 - 3 €
Sommaire

Édy-torial
"Combien de temps… ?" Ps 12,2
par Mgr Hervé Giraud 3
Intention de prière du pape pour mai 2020 4
Dans notre prière 4
Appels des paroisses 4
Sur le site du diocèse 5
#Restons ensemble 6-7

Actualités
• Journée mondiale de prière pour les vocations 8

Initiatives
• Journée de solidarité collège Saint-Étienne de Sens 9

“Jeunes, vous êtes le présent”

• Jeunes Pros : jeunes chrétiens en vie active 12

Dossier
• Changer ce temps d’épreuve en temps de grâce ! 13
• Choisis donc la vie ! 14-15
• L’espérance, de la théorie à la réalité 16-18
• Choisir 20-21
• Le saint Roch de Taingy 22
• Idée de lecture : Soif de vie* 23

Repères pour une vie de foi

• Avec saint Matthieu, vivre la Fraternité, fiche n° 6 26

Prier
• Prière pour les Vocations, 3 mai 2020 27

Couverture : ©Jim Black from Pixabay


"Combien de temps… ?"
Ps 12,2
"Tuer le temps, trouver le
temps, perdre son temps,
donner son temps…  ?”
En ce temps d’évolution
rapide de la pandémie du
Covid-19, le virus prend
son temps et transforme le
nôtre. Tous nos rythmes de
vie paraissent aujourd’hui
perturbés. Mais dans quel
temps vivons-nous ?
À ceux pour qui les journées à
la maison semblent longues,
il faut tuer le temps, se
divertir, regarder des films,
jouer en famille. Mais cela n’a
qu’un temps. À ceux qui ne
voient pas le temps passer,
il faut trouver le temps de
soigner tous les malades,
de faire face à un afflux
de travail pour continuer à
faire vivre le pays, de télé-
travailler tout en faisant, en
même temps, la classe aux
enfants. Et puis certains ont
besoin de prendre le temps
et parfois de différer ce qui
n’est pas urgent. Édith Stein,
sainte Bénédicte de la Croix,
en faisait le constat : “Dès
le matin, lorsque nous nous
réveillons, les devoirs et les
soucis de la journée veulent
déjà se jeter sur nous. […]
Comment tout cela peut-il
trouver place en une seule
journée ? […] Il faut prendre
ici les rênes en mains et dire :
Édy-torial
par Mgr Hervé Giraud
tout doux ! (…) Ma première
heure du matin appartient
au Seigneur.” Il faut parfois
perdre son temps pour en
gagner.
Sans même chercher à
jouer avec les mots, force
est de constater que nous
employons de multiples
expressions qui traduisent
toute l’étrangeté du temps,
compagnon inséparable de
l’humanité. Mais notre temps
si singulier est aussi pluriel.
On le réalise notamment en
évoquant la fin des temps. Et
il est vrai que nous pourrions
distinguer pour ce qui nous
concerne bien des formes
particulières du temps  :
chronologique, spirituel,
liturgique.
Le temps chronologique,
sur lequel personne n’a
prise, est le plus évident.
Il s’écoule de la même
manière pour tous, comme
une durée incompressible
et inextensible. Dans son
mouvement, il rend possible
nos activités et leur impose
une limite. Il nous oblige
à être à l’heure sur le quai
de gare ou au travail. Nous
n’en avons pas la maîtrise :
l’homme ne peut ni accélérer
le temps ni l’arrêter. Et
nous vivons tous dans un
temps fini qui ne reviendra
pas. Tout instant de la vie
humaine est vécu une fois
pour toujours, une fois à tout
jamais, pour la première et la
dernière fois. Ce temps nous
est ainsi donné : l’inéluctable
finitude de notre vie traduit
cruellement combien il est
irrévocable. Ainsi chaque
instant vécu est un mourir
anticipé.
Mais l’homme peut s’ouvrir à
un temps spirituel. C’est le
temps de Dieu : nous vivons
dans l’éternel présent de
son amour. Il nous revient
d’entrer dans ce temps qui
est le sien, celui qui nous
indique que nos priorités
peuvent être relatives, que
le moment favorable est à
saisir. Et c’est alors le temps
liturgique qui nous aide à
entrer dans ce temps de
Dieu : nos cycles liturgiques
indiquent que le mystère
pascal ne cesse d’opérer,
que Pentecôte soufflera un
véritable “Esprit du temps”.
Et c’est avec la grâce de cet
Esprit que nous pouvons
réellement “vivre avec notre
temps”, non pour chercher
à être à la mode, mais pour
apprendre à vivre avec tous
les temps qui sont liés en
nous pour le service des
autres.
Église dans l'Yonne n° 4 - avril 2020 3
 En bref

Car s’il y a un temps qui
ne souffre pas de retard,
c’est bien celui du service
du prochain. Saint Vincent
de Paul l’expliquait très
simplement : “Il ne faut pas
du retardement en ce qui est
du service des pauvres. Si, à
l’heure de votre oraison le
matin, vous devez aller porter
une médecine, oh, allez-y en
repos. Offrez à Dieu votre
action. […] S’il y a un sujet
légitime, c’est bien le service
du prochain, car ce n’est point
quitter Dieu que quitter Dieu
pour Dieu.” Cette pandémie
fera peut-être advenir un
autre temps pour d’autres
mœurs. Chaque vie a ses
passages, ses Pâques, et
les carêmes même les plus
rudes s’ouvrent toujours au
temps de Pâques. Aidons-
nous à passer le temps, à
passer les temps, et surtout
à donner notre temps, avec
d’autres et pour les autres.
Nous redécouvrirons alors
que notre temps ordinaire
est toujours un temps de
grâce. ■

Intention de prière du pape pour mai 2020

Pour les diacres
Prions pour les diacres, fidèles à leur charisme au service de la Parole et des pauvres, qu’ils
soient un signe stimulant pour toute l’Église. ■

Dans notre prière

Monsieur Bernard Hallé, bénévole fidèle au service du Denier
de l'Église depuis son arrivée dans le diocèse, nous a quittés le
dimanche 15 mars 2020. Il a aussi tenu, pendant quelques années
l'accueil de la paroisse Saint-Germain d'Auxerre.
Malgré son âge, il a su s'adapter aux nouvelles technologies et nous
a été d'une trés grande aide dans nos services. Assidu, jusqu'à début
mars encore, il venait à pied de son domicile à la Maison diocésaine.
Prions pour lui et sa famille. ■

Appels
Besoin URGENT pour la paroisse Saint-Lazare
Mgr Hervé Giraud nous le précisait dans son communiqué #5 du 16 mars 2020, “la
célébration des funérailles aura lieu dans la plus stricte intimité familiale. Elles pourront
avoir lieu directement au cimetière, avec une prière d’absoute en présence d’un ministre
ordonné ou délégué”.
Le père Laurent Nadembega, curé de la paroisse Saint-Lazare a besoin d’un moyen de
transport pour pouvoir répondre aux besoins dans sa paroisse rurale et notamment assurer
les obsèques (même brèves au cimetière).
Toute personne ayant une voiture sans permis, une mobylette ou un scooter, à prêter au
moins pendant la durée du confinement, peut prendre contact avec le père Laurent au
03.86.63.66.60 ou nadembegakl@yahoo.fr
Un grand merci par avance ! ■

4 Église dans l'Yonne n° 4 - avril 2020

 Sur le web...

Sur le site du diocèse

Restons ensemble
Retrouvez des articles de fonds, des
propositions pour nous permettre,
dans ce temps de retraite forcée,
de nous enraciner toujours plus
dans le Christ et de le suivre sur
le chemin de sa Passion vers la
lumière de Pâques. Ce dossier est
alimenté très régulièrement…

Un dossier spécial pour vivre la Semaine sainte à la maison sera très

prochainement mis en ligne !…
Lire la suite sur le site du diocèse :
➥ https://www.yonne.catholique.fr/restons-ensemble

Quête en ligne
Pendant cette période exceptionnelle de confinement, l’Église continue à nous
accompagner par internet, dans la prière… et elle a besoin de vivre malgré tout. La
Conférence des évêques de France a mis en place une plateforme spéciale pour la
quête.
Pour soutenir votre paroisse : https://donnons-yonne.catholique.fr/quetes/ ■

Église dans l'Yonne n° 4 - avril 2020 5

 Sur le web...
Nos paroisses, chacune à leur façon, nous accompagnent pendant cette
période de confinement. Retrouvez-les sur Facebook et sur leur site
Pour visiter les sites des paroisses du diocèse
de Sens & Auxerre, retrouvez une carte
interactive.
Les paroisses ayant un site internet
apparaissent en gras dans la liste.
Carte à retrouver sur 
➥https://www.yonne.catholique.fr/
diocese-de-sens-auxerre/carte-paroisses

#Restons ensemble
Sur Facebook :
Recherchez @..... sur Facebook pour trouver facilement cette page.
Abbaye de la Pierre-qui-Vire
Parole d’un frère publiée chaque jour sur la page Facebook
➥ @abbaye.pqv

Paroisse Sainte-Alpais
➥ @paroissesaintealpais89
Paroisse Notre-Dame de Montréal
➥ @NDMontreal
Paroisse Saint-Jean Baptiste de Joigny
➥ @StJeanBaptisteJoigny
Paroisse du Sacré-Coeur en Puisaye
➥ @stfargeau
Paroisse Saint-Savinien de Sens
➥ @paroissesens

6 Église dans l'Yonne n° 4 - avril 2020

 Sur le web...
Quelques initiatives concrètes sur les sites des paroisses :

Paroisses du Sénonais
Carême à domicile
Le père Joël Rignault, curé de la paroisse Saint-Savinien de
Sens, propose des méditations adaptées à ce que nous vivons
aujourd’hui, en lien avec l’Évangile de chaque dimanche
puisque nous ne pouvons pas nous réunir pour écouter la
Parole de Dieu et nous nourrir du pain eucharistique…
Lire la suite sur le site des paroisses du Sénonais 
➥ https://www.yonne.catholique.fr/sens-et-environs

Paroisse Saint-Germain d’Auxerre

Pour garder le lien
Chers amis, notre isolement risque de durer un peu… C’est
triste, mais c’est pour la bonne cause, alors l’EAP a créé sur le
site de la Paroisse une page intitulée “la page des messages”.
Elle sera un peu à l’image de nos pèle-mêles familiaux un
espace dédié à l’affichage des petits messages du quotidien que
nous voudrions adresser à toute la communauté paroissiale.
Le principe est simple, envoyez à l’adresse mail de l’équipe
communication de la paroisse (comm.saintgermainauxerre89@gmail.com) quelques
mots, des nouvelles personnelles, des petites expériences de votre quotidien, des photos
de famille qui feront du bien à ceux à qui vous manquez… Terminez votre message de vos
noms et prénoms.…
Lire la suite sur le site de la paroisse Saint-Germain 
➥ h ttps://www.yonne.catholique.fr/paroisse-saint-germain-auxerre/la-vie-paroissiale/
la-page-des-messages

Paroisse Saint-Edme
Un jour, une prière
Les activités de la paroisse, c’est d’abord ce que chacun d’entre
nous, chrétiens, vit avec et pour les autres, au fil des jours.
Ainsi, en famille, ou seul, nous pouvons prendre quelques
instants pour prendre soin les uns des autres, quelques instants
pour prier aussi.
Chacun saura inventer. Nous proposons une prière chaque
jour. On peut s’en servir en famille, le soir ou le matin…
Lire la suite sur le site de la paroisse Saint-Edme 
➥ https://www.yonne.catholique.fr/saint-edme-serein/actualite-paroissiale/
une-priere-par-jour

Église dans l'Yonne n° 4 - avril 2020 7

 Actualités
Journée mondiale de prière pour les vocations
Extraits du message du pape François pour la
57e journée mondiale de prière pour les Vocations,
le 3 mai 2020 ; à retrouver dans son intégralité sur
https://www.yonne.catholique.fr/paf
Les paroles de la vocation
L e 4 août de l’année dernière, lors du
160e anniversaire de la mort du saint Curé
d’Ars, j’ai voulu offrir une lettre aux prêtres
qui, chaque jour consacrent leur vie à
l’appel que le Seigneur leur a adressé, au
service du peuple de Dieu.
À cette occasion, j’avais choisi quatre
paroles-clés – souffrance – gratitude –
courage et louange – pour remercier les
prêtres et soutenir leur ministère. J’estime
qu’aujourd’hui, en cette 57e journée
mondiale de prière pour les Vocations, ces
paroles peuvent être reprises et adressées
à tout le Peuple de Dieu, sur le fond d’un
passage évangélique qui nous raconte la
singulière expérience survenue à Jésus et
Pierre, durant une nuit de tempête sur le lac
de Tibériade (cf. Mt 14, 22-33). [...]
L’Évangile nous dit, cependant, que dans
l’aventure de ce voyage difficile, nous ne
sommes pas seuls. Le Seigneur, presqu’en
forçant l’aurore au cœur de la nuit, marche
sur les eaux agitées et rejoint les disciples,
il invite Pierre à venir à sa rencontre sur les
vagues, il le sauve quand il le voit s’enfoncer,
et enfin, il monte dans la barque et fait
cesser le vent.
La première parole de la vocation, alors, est
gratitude. Naviguer vers le juste cap n’est
pas une tâche qui relève de nos seuls efforts,
et ne dépend pas seulement des parcours
que nous choisissons de faire. [...]
Quand les disciples voient Jésus s’approcher
en marchant sur les eaux, ils pensent d’abord
qu’il s’agit d’un fantôme et ils ont peur. Mais
aussitôt Jésus les rassure par une parole
qui doit toujours accompagner notre vie et
notre chemin vocationnel : “Courage, c’est
moi, n’ayez pas peur !” (v.27). Justement
c’est la seconde parole que je voudrais vous
confier : courage. [...]
Dans la Lettre aux prêtres, j’ai parlé aussi
de la souffrance, mais ici je voudrais
8 Église dans l'Yonne n° 4 - avril 2020
traduire autrement ce mot et me référer
à la fatigue. Toute vocation comporte un
engagement. Le Seigneur nous appelle
parce qu’il veut nous rendre comme Pierre,
capables de “marcher sur les eaux”, c’est-
à-dire de prendre en main notre vie pour
la mettre au service de l’Évangile, dans les
modes concrets et quotidiens qu’il nous
indique, et spécialement dans les diverses
formes de vocation laïque, presbytérale et
de vie consacrée. [...]
Et alors, même au milieu des vagues,
notre vie s’ouvre à la louange. C’est elle
la dernière parole de la vocation, et elle
veut être aussi l’invitation à cultiver le
comportement intérieur de la sainte Vierge
Marie : reconnaissante pour le regard de
Dieu qui s’est posé sur elle, confiant dans
la foi ses peurs et ses troubles, embrassant
avec courage l’appel, elle a fait de sa vie un
éternel chant de louange au Seigneur.
Chers frères et sœurs, spécialement en
cette Journée, mais aussi dans l’action
pastorale ordinaire de nos communautés,
je désire que l’Église parcoure ce chemin
au service des vocations, en ouvrant des
brèches dans le cœur de chaque fidèle,
pour que chacun puisse découvrir avec
gratitude l’appel que Dieu lui adresse,
trouver le courage de dire “oui”, vaincre la
fatigue dans la foi au Christ et, enfin, offrir
sa vie comme un cantique de louange
pour Dieu, pour les frères et pour le
monde entier. Que la Vierge Marie nous
accompagne et intercède pour nous. ■
 Initiatives
Journée de solidarité collège Saint-Étienne
de Sens
Jeudi 20 février 2020, avant le confinement, des
élèves du groupe scolaire Saint-Étienne de Sens
ont proposé un repas solidaire dans le restaurant
d’application “Les jardins Saint-Savinien”, au profit
d’une école sénégalaise.

L es jeunes de la section “Hôtellerie

et restauration” du Lycée professionnel
Saint-Étienne de Sens, grâce au soutien de
Mme Célia Davaine, chef d’établissement,
de Mr Freddy Dubois, responsable du lycée
professionnel et de leurs enseignants, ont
poursuivi leur partenariat entre le diocèse
de Sens & Auxerre et celui de Ziguinchor.
De multiples facettes dans ce projet
• faire découvrir un pays et ses coutumes : Ce partenariat a été lancé il y a deux
l’Inde (Pascal Vettivelu est venu ans. Par l’intermédiaire de l’enseignement
présenter ses connaissances et son catholique de Ziguinchor (le père Auguste
savoir-faire culinaire) ; Colly) et du père Joël Rignault, nous
• travailler des ingrédients et saveurs avons aidé l’école de Kafoutine (Sénégal)
exotiques : brochettes gambas et ananas a installé des barrières de clôtures et de
samossa, beignets d’aubergines, curry l’eau courante.
de poulet, gâteaux coco… de quoi s’en Cette année, nous allons pouvoir
lécher les babines ; subventionner des portes et des fenêtres
• développer ses talents artistiques  : pour cette école. Nous poursuivrons
création de menus, pliage de serviettes notre partenariat au cours des mois à
de table en forme de lotus vivre un venir, avec d’autres projets mais autant
temps de partage et de solidarité : le d’enthousiasme. ■
restaurant d’application a reversé un Corinne Vettivelu, adjointe en pastorale
chèque de 510 euros pour continuer
l’action auprès du diocèse de Ziguinchor.

Un carême au couleur de la Casamance (Sénégal)

ZOOM

Aidons à aménager une maison Avec le CCFD-Terre solidaire

d’acceuil diocésaine
D epuis quelques années notre diocèse
de Sens & Auxerre entretient des liens
privilégiés avec le diocèse sénégalais de
Ziguinchor. Pour ce Carême 2020, nous
avons l’opportunité d’aider le diocèse de
Ziguinchor dans son projet d’aménagement
d’une maison d’accueil diocésaine. ■
https://www.helloasso.com/associations/
association%20diocesaine%20de%20
sens/collectes/careme-2020-aidons-le-
diocese-de-ziguinchor-senegal
C ette année avec notre diocèse nous
avons fait le choix de ne pas accueillir de
partenaires mais de vivre le Carême en
communion avec le diocèse de Ziguinchor
afin de vous faire mieux connaître le travail
des partenaires du CCFD-Terre Solidaire
auprès de la population de Casamance. ■
https://blog.ccfd-terresolidaire.org/bfc/
category/Le-CCFD-dans-l-Yonne-89

Église dans l'Yonne n° 4 - avril 2020 9

 “Jeunes, vous êtes le présent”
Jeunes Pros : jeunes chrétiens en vie active
Le 19 décembre 2019, se sont réunis au presbytère
de Joigny, les groupes de jeunes professionnels
des paroisses d’Auxerre et Sens et des jeunes de la
paroisse de Joigny. Cette rencontre, si elle a été
l’occasion de rencontrer des groupes pros d’Auxerre
et Sens et découvrir leur fonctionnement, a surtout
été un moment d’échange convivial et fraternel de
personnes partageant la même foi.

À Joigny, le groupe de Jeunes pros

réunit des personnes de 20 à 45 ans
qui souhaitent partager leurs expériences
et leurs questionnements de la vie
quotidienne dans la foi chrétienne. Il
permet aussi de créer des liens entre
des personnes qui célèbrent la messe
ensemble les dimanches, sans vraiment
se connaître.
Le format ? Une rencontre tous les mois,
de 19 h 30 à 22 h Elle débute par un
apéro dînatoire. Chacun apporte quelque
chose à partager, salé ou sucré. S’ensuit
un temps d’échange sur une thématique
donnée, puis enfin un moment de prière
(lectures, complies, etc.). Les sujets
abordés sont choisis tous ensemble.
Ils sont variés et peuvent porter sur
l’actualité du moment.
Participer au groupe de Jeunes pros
permet de s’ouvrir aux autres, de découvrir
différentes opinions, différentes
sensibilités et de percevoir des choses
sous un autre angle. Cela permet surtout
et avant tout, d’analyser un sujet donné,
©MJ. Décembre 2019 : première rencontre, avec les
groupes de Sens et Auxerre.
avec un regard de chrétien, chose assez
rare de nos jours, que ce soit dans un
cadre professionnel, en famille ou avec
des amis.
En tant que chrétien, chaque moment de
notre vie doit s’inspirer de la vie du Christ,
dans le but d’espérer obtenir le salut que
le Père nous promet. Or aujourd’hui,
nous avons de plus en plus tendance à
faire attention à ne pas porter une analyse
en lien avec la religion, de peur de heurter
des sensibilités ou encore de passer pour
un ringard. En cela, le groupe de jeunes
pros permet sans tabous, d’aborder divers
sujets sans se brider et d’essayer d’en
tirer un enseignement, selon la parole du
Christ. ■ Denise et Jérôme K.

À quelle Église rêvez-vous pour les dix prochaines années ?

Aujourd’hui, il est fréquent de rencontrer beaucoup de personnes baptisées, qui ne
fréquentent pas l’Église et qui en savent très peu sur celle-ci et surtout sur notre Seigneur
Jésus Christ. Dans la décennie à venir, les jeunes pros rêvent d’une Église, qui comme le
Christ, va à la rencontre des autres, pour leur annoncer la Bonne Nouvelle, quelles que
soient leurs origines, leurs croyances, leurs traditions dans le respect et la tolérance. Une
Église qui par ses fidèles, montre la vraie liberté, retrouvée dans le projet initial de notre
Sauveur. Une Église connectée au Christ et qui agit comme un réseau spirituel, par Wifi
ou Bluetooth, rayonne et capte de nouveaux fidèles. Une Église, qui ne se limite pas aux
quatre murs de nos célébrations des messes, mais qui resplendit dans nos cœurs, temples
du Seigneur, afin de continuer de s’agrandir et de trouver de nouveaux ouvriers à la
moisson du Seigneur, si abondante ! ■

12 Église dans l'Yonne n° 4 - avril 2020

 Dossier
© Kei Rothblack from Pixabay

Changer ce temps d’épreuve en temps de grâce !

L aisse la grâce de ton baptême porter du fruit dans un cheminement de sainteté.
Permets que tout soit ouvert à Dieu et pour cela choisis-le, choisis Dieu sans relâche.
Ne te décourage pas, parce que tu as la force de l’Esprit Saint pour que ce soit possible ;
et la sainteté, au fond, c’est le fruit de l’Esprit Saint dans ta vie (cf. Ga 5, 22-23). Quand
tu sens la tentation de t’enliser dans ta fragilité, lève les yeux vers le Crucifié et dis-lui :
‘‘Seigneur, je suis un pauvre, mais tu peux réaliser le miracle de me rendre meilleur’’.
Dans l’Église, sainte et composée de pécheurs, tu trouveras tout ce dont tu as besoin
pour progresser vers la sainteté. Le Seigneur l’a remplie de dons par sa Parole, par les
sacrements, les sanctuaires, la vie des communautés, le témoignage de ses saints, et par
une beauté multiforme qui provient de l’amour du Seigneur, “comme la fiancée qui se pare
de ses bijoux” (Is 61, 10). ■
Gaudete et exsultate, n° 15 "Choisis donc
S ur tous les plans de notre vie, nous pouvons continuer à la vie, pour que
grandir et offrir quelque chose de plus à Dieu, y compris sur
les plans où nous faisons l’expérience des difficultés les plus vous viviez, toi et
fortes. Mais il faut demander à l’Esprit Saint de nous délivrer et ta descendance
d’expulser cette peur qui nous porte à lui interdire d’entrer dans
certains domaines de notre vie. Lui qui demande tout donne en aimant le
également tout, et il ne veut pas entrer en nous pour mutiler Seigneur ton
ou affaiblir mais pour porter à la plénitude. Cela nous fait voir
que le discernement n’est pas une autoanalyse intimiste, une Dieu, en écoutant
introspection égoïste, mais une véritable sortie de nous-mêmes sa voix, en vous
vers le mystère de Dieu qui nous aide à vivre la mission à laquelle
il nous a appelés pour le bien de nos frères. ■ attachant à lui."
Gaudete et exsultate, n° 175 Dt 30, 19-20
Église dans l'Yonne n° 4 - avril 2020 13
 Dossier
Choisis donc la vie !
“Choisis donc la vie” était le thème d’une des propositions spirituelles faites par le Centre
Sophie-Barat (Joigny) annulée au mois de mars 2020. Sœur Odile Ribadeau-Dumas qui a déjà
eu l’occasion d’animer deux jours sur ce sujet au Centre, a accepté de nous faire entrer dans
ce dossier et de nous livrer l’enracinement biblique et spirituel qui permet de “goûter comment
Dieu me précède sur mon chemin et choisir de dire ‘oui’ à ma vie dans toutes ses traversées”.
© Werner Moser from Pixabay
S ’il y a une invitation de Dieu qui
traverse toute l’Écriture, c’est bien
celle-ci : “Choisis donc la vie ! Nous avons
l’immense chance de croire en un Dieu de
vie, Dieu vivant qui veut la vie pour chacun
de ses enfants ! Non seulement, il la veut
mais il la donne, la redonne, sans cesse, la
“par-donne”, la renouvelle…
De la Genèse à l’Apocalypse, ce dessein
qu’a Dieu de nous partager sa propre vie
nous est révélé, du jardin d’Eden à la Cité
sainte de la Jérusalem céleste, avec l’image
de l’arbre de vie, planté au milieu du jardin
lors du récit de la création, (Gn 2,9) et de
nouveau offert à ceux qui ‘ lavent leurs
robes’, et qui ‘pourront disposer de ‘l’arbre
de Vie’ (Ap 21,14).
Au cœur de ce chemin d’Écriture, une source
vive : l’Évangile ; il nous met en présence de
Jésus, reconnu Christ, celui que la longue
histoire du peuple a préparé, Messie attendu,
annoncé. “Après avoir à maintes reprises, et
sous maintes formes parlé jadis aux Pères par
les prophètes, Dieu, en ces jours qui sont les
derniers nous a parlé par le Fils”. (He 1,1-2).
14 Église dans l'Yonne n° 4 - avril 2020
Quand l’Évangile nous raconte ce que
Jésus dit et fait, ce n’est pas de l’histoire
ancienne ; la source - origo en latin, qui a
donné origine - est ce qui a commencé de
couler et coule encore aujourd’hui. Ainsi,
le Christ vivant continue de faire parmi
nous, et avec nous ce que Jésus faisait jadis
parmi les siens : donner vie.
Source de Vie…
Il l’est dans toutes ses relations et ne cesse
de communiquer la vie qui l’habite ; c’est
la première expérience à faire quand on
entre dans l’Évangile : éprouver le Christ
comme une chance de vivre, goûter cette
vie qui émane de lui ; ses contemporains
le découvriront contagieux de santé. Ses
gestes délivrent, ses paroles vivifient.
Par ses gestes, il restaure du dedans ; c’est
l’homme possédé qui est délivré, la belle-
mère de Simon, malade, qui est guérie, le
lépreux qui est purifié, le paralytique qui
prendra son grabat après s’être levé… Au
fond, à travers ces gestes de salut, le Christ
rend l’autre à lui-même : il le remet debout,
le réintègre dans un réseau de relations.
Une expression revient souvent dans le
début de l’Évangile : il chasse les démons. Les
démons ! Ce qui rend un homme étranger
à lui-même, à la fois hors de lui-même,
esclave de lui-même, dans la non-vérité
avec lui-même et les autres. Le Christ
délivre des démons, libère et permet à l’autre
de se retrouver dans sa dignité, sa liberté, son
autonomie.
Cela advient par un dialogue, une rencontre
personnelle avec chacun, rejoint dans son
réel le plus personnel. Il conduit la femme
au flux de sang à lui dire en face toute la
vérité, il prend le sourd-bègue à part pour
lui parler d’homme à homme, fait de même
avec l’aveugle… On pourrait dire que cette
contagion de santé émanant de lui rend à
chacun et chacune le courage d’être unique :
sans plus se comparer aux autres, chacun

est renouvelé avec et malgré ses failles, ses
limites. Il permet ainsi à celui ou celle qui le
rencontre en vérité d’habiter son prénom,
de se laisser recréer à nouveau à l’image et
à la ressemblance de Dieu, unique, homme,
femme, chacun dans son unicité.
Ses gestes sont accompagnés de paroles
vives, qui font du neuf ! “Il parlait en homme
qui a autorité et non pas comme les scribes”
(Mc 1,22) ; parole-source qui jaillit et autorise
l’autre à vivre sa vie. “Que veux-tu que je fasse
pour toi ?” “Prends ton brancard et marche !”
Jamais Jésus n’aborde l’autre à partir de ses
failles, de son péché, mais toujours à partir
des dynamismes possibles qui sont en lui,
de ses propres sources peut-être ensablées
mais qui ne demandent qu’à jaillir. Ainsi lors
de sa rencontre avec Zachée.
C’est aussi l’enseignement qu’il donne en
paraboles quand il évoque le semeur ou
la graine qui pousse toute seule, donnent
à entendre qu’en chacun des forces de
croissance sont présentes prêtes à porter du
fruit. C’est sa conviction de foi : en chacune
et chacun, sont déposées des ressources
inépuisables, telles des semences qui ne
peuvent pas ne pas grandir.
Au fond, à travers ce que fait et dit Jésus,
nous découvrons que notre Dieu désire
que l’homme, la femme soient debout,
vivants, autonomes, libres de l’accueillir…
Prions avec les religieuses du Sacré-Cœur de Jésus
En cette période de pandémie mondiale
nous prions pour les malades et les personnes
qui souffrent… pour nous tous, ceux d’entre
nous qui ressentent la peur et l’anxiété….
Nous remercions tous ceux qui sont en
première ligne : médecins, infirmiers, le
personnel médical et dans les hôpitaux,
les soignants, membres de famille, amis
et étrangers - et nous prions pour leur
sécurité, leur santé et leur résistance.
Nous prions pour les responsables politiques
et les forces de l’ordre, qu’ils puissent être
guidés dans leurs choix et leurs actions.
Nous prions pour les membres de la
communauté scientifique, qu’ils puissent
trouver le moyen de contenir ce coronavirus
et de le rendre impuissant.
Nous prions pour la Terre Mère, qu’elle
puisse se remettre de l’épuisement et de la
dévastation que nous lui avons fait souffrir,
Dossier
En mettant ainsi les humains au centre,
Jésus nous révèle un Dieu qui est lui-même
humain, ‘extrêmement humain’, comme
dira le Concile.
... jusqu’au bout, serviteur
Nous le savons, cette manière d’être et d’agir
suscitera opposition et rejet. Très vite, les
autorités religieuses décideront de mettre
Jésus à mort. L’attitude de fond qui l’habite
alors est celle du serviteur : il ne retient rien
pour lui-même mais se donne jusqu’au bout ;
“Il se livre” sans répondre à la violence par la
violence ; cela le conduira jusqu’à mourir en
croix. Par-là, nous est dit encore quelque
chose de Dieu lui-même : son amour est
fort, total, ‘tout-puissant’ en ce sens qu’il est
offert, vulnérable, prenant le risque de n’être
pas reconnu.
Quand Jésus meurt, saint Jean dit que Jésus
“remet l’Esprit” (Jn19, 30) : il se remet à son
Père et dans le même mouvement donne
son Esprit, communique dans sa mort sa
manière d’être.
Tel est l’amour du Dieu de vie : déposer en
chaque homme et femme, depuis toujours,
cette inclination à vivre à la manière du
Christ, cet homme qui s’est fait l’un de nous,
pour nous ouvrir la voie : “Je suis le chemin, la
vérité, la vie” (Jn 14, 6). ■
sœur Odile Ribadeau-Dumas, rscj
et qu’elle nous aide à découvrir comment
résister à ce virus, comment restaurer
la beauté et la diversité de la nature, et ZOOM
comment nous renouveler à la fois nous-
mêmes et nos modes de vie.
Nous prions les uns pour les autres, que
nous puissons :
• pratiquer la précaution sans être paralysés ;
• exercer notre responsabilité sociale et penser
aux plus faibles et aux plus vulnérables ;
• découvrir des moyens créatifs de nous
réunir, de montrer des soins et de partager
la compassion ;
• trouver des moyens d’aider ceux qui seront
le plus gravement touchés par les mesures
prises pour remédier à cette crise ; et
• écouter et apprendre de cette expérience.
Avec confiance et assurance, nous crions à
notre Dieu de la Vie et de l’Espérance pour
qu’il nous accorde miséricorde et guérison !■
Église dans l'Yonne n° 4 - avril 2020 15
 Dossier
L’espérance, de la théorie à la réalité
Le père Joël Rignault, curé de la paroisse Saint-Savinien de Sens et vicaire général,
propose des méditations adaptées à ce que nous vivons aujourd’hui, en lien avec
l’Évangile de chaque dimanche puisque nous ne pouvons pas nous réunir pour écouter
la Parole de Dieu et nous nourrir du pain eucharistique. Voici sa méditation pour le 5e
dimanche de Carême (Jean 11, 1-45).
© FreeBibleimages.org
“Je sais qu’il ressuscitera à la résurrection, au
dernier jour” (Jn 11, 24)
évangile du dimanche 29 mars 2020.
Pourquoi ce titre pour cette méditation
Des grands développements qui abordent
le thème de l’espérance, nous sommes
nombreux à en avoir lu, entendu, que ce
soit dans des livres, des homélies, des
conférences, etc…
Les événements que nous vivons sur notre
planète, de par le confinement, le fait de se
retrouver face à soi-même, tout cela nous
oblige à revisiter de façon plus précise
notre notion d’espérance. La liturgie du
cinquième dimanche de Carême nous
met en présence d’une scène évangélique
rapportée par l’Évangéliste Jean, qui nous
conduit nécessairement à évaluer où nous
en sommes personnellement vis-à-vis de
cette notion d’espérance.
Lorsque Marthe va rencontrer Jésus qui
arrive aux abords de Béthanie, s’instaure
très rapidement un dialogue qui touche à
ce qu’elle croit et espère. D’abord, elle fait
16 Église dans l'Yonne n° 4 - avril 2020
cette remarque : “Si tu avais été ici, mon
frère ne serait pas mort. Mais maintenant
encore, je le sais, tout ce que tu demanderas
à Dieu, Dieu te l’accordera.” Ces mots
traduisent le fait que Marthe est habitée
par une espérance. Elle est bouleversée
par la mort de son frère, mais elle ne
renonce pas à l’espérance. Elle s’appuie
même sur les connaissances qu’elle a du
contenu de sa foi : “Je sais qu’il ressuscitera
à la résurrection, au dernier jour !”. Tout
cela, elle le sait. Peut-être comme nous,
qui avons une certaine culture chrétienne.
Depuis notre enfance, grâce à ce que
nous avons reçu de nos parents, de la vie
en Église et parce que nous nous sommes
rendus disponibles sincèrement, du fond
du cœur à cette lumière de la confiance en
Dieu, nous ressemblons à Marthe. Nous
venons à la rencontre de Jésus, reprenant
des expressions qui peuvent s’approcher
de ce que dit Marthe, riche de notre
culture chrétienne et de notre désir de vie
pour nos frères et sœurs, pour lui lancer le
même type d’appel urgent.
Cet appel, il est inquiet, urgent et sincère et
nous verrons qu’il touche le cœur du Christ.
Cet appel est sans doute de l’ordre d’une
espérance qui a encore davantage besoin de
se transformer en foi. Le Christ révèle alors
clairement à Marthe qui il est : “Moi, je suis
la résurrection et la vie. Celui qui croit en
moi, même s’il meurt, vivra ; quiconque vit
et croit en moi ne mourra jamais”.
Dans l’expression de foi qui nous est
donnée par l’Église, particulièrement dans
le Credo, le Christ nous révèle, comme à
Marthe, clairement qui il est.
Habituellement, lors de la veillée pascale,
d’une certaine façon, le Christ, par la voix
de l’Église qu’il a voulue, pour pouvoir
nous parler et nous accompagner, nous
demande directement comme à Marthe :
“Crois-tu cela ?”

Parce que Marthe réalise enfin qui est
véritablement celui qu’elle est venue
rencontrer aux abords de Béthanie, alors
son espérance se trouve illuminée par la foi.
Mon souhait, pour moi-même, pour vous
qui avez cultivé une espérance chrétienne,
pour vous qui avez une notion assez vague
de l’espérance chrétienne, c’est qu’au
terme de ce carême, de ce confinement,
de ces temps rudes, nous éprouvions au
fond de nous-mêmes le désir de dire : “Oui
Seigneur, je le crois : tu es le Christ, le
fils de Dieu, tu es celui qui vient dans le
monde !” Que cette notion d’espérance se
soit transformée en réalité de foi : c’est le
souhait que je formule.
Méditer la liturgie de ce 5e dimanche :
que chacun s’y emploie
Pour faciliter cette transformation, les
textes de la liturgie peuvent nous y aider
grandement. Le confinement nous rappelle
que notre excuse du manque de temps ne
tient pas, pour ne pas nous nourrir de la
force des mots de la Parole de Dieu.
Écoutez Ezéchiel nous dire dans cette
période où l’on nous parle toute la journée
du nombre de morts sur la planète, dans
l’Europe, en Italie, en France, dans notre
région : “J’ouvrirai vos tombeaux et vous en
ferai remonter, ô mon peuple ! Je mettrai en
vous mon Esprit, et vous vivrez !” … “Alors,
vous saurez que je suis le Seigneur : j’ai parlé
et je le ferai !”
Mais j’entends également le psalmiste qui,
comme moi, peut éprouver un sentiment
d’impuissance devant ce virus invisible à
l’œil nu et qui provoque tant de drames dans
notre humanité. Cette impuissance peut
décourager ceux qui sont dans l’action dans
le monde scientifique, médical, économique,
comme nous qui pouvons avoir le sentiment
d’être dans l’inaction par nécessité. Oui,
j’entends le psalmiste qui me rappelle que la
fidèle prière est une action et que là aussi,
je n’ai que de très petites excuses en ces
temps, pour m’en dispenser.
Oui, avec le psalmiste, je peux dire : “Des
profondeurs, je crie vers toi Seigneur, écoute
mon appel : que ton oreille se fasse attentive
au cri de ma prière !”
Dossier
© FreeBibleimages.org
Méditer particulièrement cet Évangile
Ainsi donc, il nous est offert peut-être
une opportunité unique de nous mettre
en présence de cette scène évangélique
où le Christ tient tant, à l’occasion de la
mort de son ami Lazare, à nous conduire
à la foi. C’est ce qu’il avait fait pour cette
personne Samaritaine autour du puits de
Jacob, ce qu’il avait fait à l’occasion de la
guérison de cet aveugle né, anonyme dans
lequel nous pouvons nous reconnaître et
ce qu’il fait aujourd’hui lorsque Marthe et
Marie sont confrontées à la mort de leur
frère Lazare.
Qui que nous soyons, jeunes ou personnes
âgées, l’actualité nous confronte, comme
Marthe et Marie, à la mort. La mort de
nos frères et sœurs, parce que, même si
nous ne connaissons pas leurs visages, nous
sommes frères et sœurs en humanité et
nous en sommes affectés. Dans ce drame,
ce ne peut être seulement le risque de notre
propre mort qui peut nous affecter.
Vous l’avez compris, le rendez-vous que
nous avons avec cette scène évangélique
est vraiment opportun. Chacun, chacune
peut s’arrêter sur tel ou tel détail de cette
scène évangélique. Sans doute l’Esprit Saint
guidera votre cœur vers telle ou telle attitude
de Jésus, de Marthe, de Marie, des Juifs. Je
vous conseille de concéder un peu de liberté
à l’Esprit Saint pour vous guider et vous
inciter à vous donner du temps pour cela.
Église dans l'Yonne n° 4 - avril 2020 17
 P our ma part, je me permets seulement de retenir encore un instant de votre attention
sur quelques points qui peuvent nourrir votre méditation :
“Celui que tu aimes est malade”
En quelques mots, nous retrouvons l’humanité de Jésus. Pour lui, l’amitié a du prix, les
relations familiales ont du prix. Se soutenir humainement, se donner des nouvelles par
téléphone, par SMS, cela a du prix. Se tenir au courant de ce qui se passe pour nos frères
et sœurs, cela a du prix. Effectivement le tourbillon des informations de toutes natures
pourrait nous inciter à nous replier sur nous-mêmes pour nous protéger d’une panique
intérieure. Mais que serait une prière prétendument à l’école du Christ, si elle excluait nos
frères et sœurs en humanité ?
Jésus a souci de nous et nous incite à avoir souci de nos frères et sœurs. C’est sans doute
une des bases de la prière chrétienne.
“Quand il apprit que celui-ci était malade, il demeura deux jours encore à l’endroit
où il se trouvait”
Cette attitude peut nous surprendre. L’Évangéliste Jean nous a pourtant bien alertés :
Jésus veut révéler par ce miracle, qu’il est le Sauveur et qu’il veut manifester clairement la
mission qu’il a reçue du Père.
Aujourd’hui, j’entends ce détail comme une alerte devant nos pulsions d’immédiateté.
Ces derniers temps, amplifiée par les téléphones portables et tous les services qu’ils
procurent, cette pulsion d’immédiateté devient vite incontrôlable. Un problème se pose :
c’est immédiatement qu’il faut une réponse, quitte à, par inadvertance, instrumentaliser
les personnes pour qu’instantanément, au rythme de mes caprices, elles m’apportent
ce dont j’ai besoin. Quand cette crise sanitaire va-t-elle se résoudre ? À quel moment ?
Comment ? Nous ne le savons pas. De gré ou de force, il faut faire avec le temps et notre
pulsion d’immédiateté est stoppée. Est-ce que ce sera pour notre vie future le début
d’une conversion radicale vers d’autres comportements ? Demandons à l’expérience
séculaire des moines et des moniales si cela est possible.
“Alors, il leur dit ouvertement : Lazare est mort”.
Comment aborder directement cette réalité de la mort ? Il se trouve que ce récit
évangélique en fait, traite cette question. Il y avait bien le danger de mort présent dans
l’esprit des disciples, à la perspective de retourner en Judée. Le risque pour Jésus d’être
lapidé était réel.
Lorsqu’on est bouleversé par un événement grave de notre existence, la tentation de
réagir comme Thomas peut être réelle aussi : “Allons-y, nous aussi, pour mourir avec lui”.
Notons que le récit ne passe pas sous silence toutes ces réalités, mais lui, Jésus, parle
ouvertement de la mort.
D’une façon brutale, nous prenons conscience que la société moderne a tellement
passé sous silence cette réalité de la mort que nos contemporains en sont cruellement
désemparés. Dans les jeux, l’imaginaire, les conduites à risque, nous avons peut être joué
avec la mort, mais là, il ne s’agit plus de cela.
Jésus en parle ouvertement mais pour nous frayer un chemin vers la vie. Par lui, et c’est
ce que nous réalisons encore davantage dans la Semaine sainte, il nous conduit à la vraie
vie. La mort n’est plus un point final. Le monde a besoin de l’entendre.
L’épitre aux Romains de la deuxième lecture nous disait : “Mais si le Christ est en nous,
le corps, il est vrai, reste marqué par la mort à cause du péché, mais l’Esprit vous fait vivre,
puisque vous êtes devenus des justes !”

18 Église dans l'Yonne n° 4 - avril 2020

“Jésus se mit à pleurer”
Beaucoup de nos contemporains, lorsqu’ils envisagent la possibilité de l’existence de Dieu,
n’ont pas cette représentation de Dieu dans les yeux.
Devant les drames que l’actualité nous fait vivre sur le plan mondial, nous pourrions,
l’espace d’un instant, dans notre cœur, penser comme ceux qui disent : “Lui qui a ouvert
les yeux de l’aveugle, ne pouvait-il pas empêcher Lazare de mourir ?”
Dans ma prière ces jours-ci, j’avais envie de dire au Seigneur : “Mais enfin, qu’est-ce qui se
passe ? Je ne comprends pas”. Il était urgent pour moi de retrouver Jésus ému devant les
pleurs de Marie, des Juifs, des hommes devant la mort.
Ailleurs dans les Évangiles, les exégètes nous disent d’une façon presque littérale que
Jésus était saisi de pitié parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger. (Marc 6, 34)
- Les évangélistes nous présentent souvent Jésus qui renonce à son repos, qui renonce
à sa prière personnelle parce qu’il est ce Pasteur qui veut prendre soin de chacune de
ses brebis. Les pleurs de Jésus sont les pleurs de ce pasteur. Au cours des siècles, on a
déployé la spiritualité du Sacré-Cœur. Sans doute l’actualité peut nous faire réaliser qu’il
ne s’agissait pas d’une piété mièvre, mais du vrai visage du Christ bon pasteur.
“Enlevez la pierre  !” - Lazare, viens
dehors ! - Déliez-le et laissez-le aller !”
Les ordres de Jésus sont clairs et comme
nous aimons les entendre !
Nous qui sommes confinés chez nous,
peut-être avons-nous le sentiment d’être
emprisonnés, et nous le sommes. Sans l’avoir
voulu, nous nous retrouvons emprisonnés
dans notre chez-moi, peut-être dans
notre moi. Est-ce que nous regrettons ces
mouvements du cœur, où nous pensions
que les autres sont là pour notre confort,
ou que les autres sont les concurrents
qui peuvent nuire à notre gloire, notre
prestige. Les moments où, plus ou moins
consciemment, nous considérons les autres
comme devant contribuer d’abord à nous
permettre de briller. Puisse ce confinement
nous rééduquer pour aimer selon l’Évangile ! © FreeBibleimages.org

“Tu aimeras ton prochain comme toi-même”.

Seigneur, enlève la pierre qui a muré mon cœur. Jésus, appelle-moi à sortir de mon
tombeau, certes peut-être confortable, mais qui n’est qu’un tombeau, lorsque j’ai fermé
les volets de mon cœur à ta lumière, lorsque j’ai verrouillé à double tour mon cœur à la
chance de donner et aussi de donner le meilleur de moi-même.
Délie-moi de ces bandelettes qui m’emprisonnent dans des conduites de mort, dans des
paralysies qui m’empêchent de pardonner et d’aller à la rencontre de celui et celle que je
ne connais pas.
Je le sais Seigneur, tu ne veux pas que je reste confiné longtemps, tu veux que je sois
libre pour aimer comme un citoyen du ciel ! Comme le disait saint Paul dans la liturgie du
mercredi des Cendres : “C’est maintenant le moment favorable !”
Bonne méditation ! ■ père Joël Rignault

Église dans l'Yonne n° 4 - avril 2020 19

 Dossier
Choisir
Alexandre Rendu, délégué diocésain à l’Évangélisation des
jeunes et aux vocations propose des outils d’animation aux
responsables de groupe d’aumônerie. Voici un extrait de la fiche
n°12, de juin 2020, exclusivité : choisir !

“II l faut faire des choix dans la vie”

“choisir, c’est renoncer” “si ce n’est pas toi
qui choisis, quelqu’un d’autre le fera pour
toi.” Les expressions ou les conseils pour
inciter au choix ne manquent pas. Mais
faire un choix reste difficile, quel que soit
Choisir l’âge. Le texte des gros cailloux ci-après
nous rappelle que nos choix doivent tenir
compte de beaucoup d’éléments et qu’il
nous faut apprendre à les prioriser pour
“Choisis donc éviter que ces choix n’oublient ce qui est
la vie…” vraiment important.
Quelles sont nos priorités dans la vie ?
Comment les hiérarchiser ?
Un jour, un vieux professeur de l’École
Nationale d’Administration Publique
(ENAP) fut engagé pour donner une
formation sur la planification efficace de
son temps à un groupe d’une quinzaine de
dirigeants de grosses compagnies nord-
américaines. Ce cours constituait l’un des
5 ateliers de leur journée de formation. Le
vieux prof n’avait donc qu’une heure pour
“faire passer sa matière”.
Fiche ressource n°12 -juin 2020 Debout, devant ce groupe d’élite (qui
était prêt à noter tout ce que l’expert allait
Rédaction : M. Alexandre Rendu (resp. service Jeunes & Vocations) - Illustration : ©Arek Socha/Pixabay
lui enseigner), le vieux prof les regarda un
par un, lentement, puis leur dit : “Nous
Conception graphique : service Communication du diocèse de Sens & Auxerre

Fiche éditée par le service diocésain pour l’Évangélisation des jeunes et les Vocations
jeunes.vocations@diocese89.fr - 06 18 42 67 95
allons réaliser une expérience”.
De dessous la table qui le séparait de
ses élèves, le vieux prof sortit un immense pot de verre de plus de 4 litres qu’il posa
délicatement en face de lui. Ensuite, il sortit environ une douzaine de cailloux à peu près
gros comme des balles de tennis et les plaça délicatement, un par un, dans le grand pot.

Deutéronome 30, 19 ; Jean 15, 16 ; Colossiens 3, 8-12

ZOOM

les textes bibliques pointent un aspect important de nos vies

Si nous avons à bien choisir, à choisir la vie, le Christ lui-même nous a déjà choisis
pour être des hommes nouveaux, pour être ses disciples. Ainsi, en homme nouveau, en
disciple du Christ, nos choix doivent avoir une nouvelle saveur. Et si nous ne savons pas
quoi choisir, alors posons-nous cette question : “Qu’est-ce que le Christ aurait fait ?
Qu’est-ce que le Christ aurait choisi ?” ■

20 Église dans l'Yonne n° 4 - avril 2020

 Dossier

Lorsque le pot fut rempli jusqu’au bord et qu’il fut impossible d’y ajouter un caillou de plus,
il leva lentement les yeux vers ses élèves et leur demanda : “Est-ce que ce pot est plein ?”
Tous répondirent : “Oui”. Il attendit quelques secondes et ajouta : “Vraiment ?”
Alors, il se pencha de nouveau et sortit de sous la table un récipient rempli de gravier.
Avec minutie, il versa ce gravier sur les gros cailloux puis brassa légèrement le pot. Les
morceaux de gravier s’infiltrèrent entre les cailloux… jusqu’au fond du pot. Le vieux prof
leva à nouveau les yeux vers son auditoire et réitéra sa question : “Est-ce que ce pot est
plein ?”.
Cette fois, ses brillants élèves commençaient à comprendre son manège. L’un d’eux
répondit : “Probablement pas !”“Bien !” répondit le vieux prof. Il se pencha de nouveau et
cette fois, sortit de sous la table un sac de sable. Avec attention, il versa le sable dans le
pot. Le sable alla remplir les espaces entre les gros cailloux et le gravier.
Encore une fois, il redemanda : “Est-ce que ce pot est plein ?” Cette fois, sans hésiter
et en chœur, les brillants élèves répondirent : “Non !” “Bien !” répondit le vieux prof.
Et comme s’y attendaient ses prestigieux élèves, il prit le pichet d’eau qui était sur la
table et remplit le pot jusqu’à ras bord. Le vieux prof leva alors les yeux vers son groupe
et demanda : “Quelle grande vérité nous démontre cette expérience ?”Pas fou, le plus
audacieux des élèves, songeant au sujet de ce cours, répondit : “Cela démontre que même
lorsque l’on croit que notre agenda est complètement rempli, si on le veut vraiment, on
peut y ajouter plus de rendez-vous, plus de choses à faire.” “Non” répondit le vieux prof.
“Ce n’est pas cela. La grande vérité que nous démontre cette expérience est la suivante :
“Si on ne met pas les gros cailloux en premier dans le pot, on ne pourra jamais les faire
entrer tous, ensuite.” Il y eut un profond silence, chacun prenant conscience de l’évidence
de ces propos.
Le vieux prof leur dit alors : “Quels sont les gros cailloux dans votre vie ? Votre santé ?
Votre famille ? Vos ami(e)s ? Réaliser vos rêves ? Faire ce que vous aimez ? Apprendre ?
Défendre une cause ? Vous relaxer ? Prendre le temps… ? Ou… tout autre chose ? Ce qu’il
faut retenir, c’est l’importance de mettre ses gros cailloux en premier dans sa vie, sinon on
risque de ne pas réussir… sa vie. Si on donne priorité aux peccadilles (le gravier, le sable),
on remplira sa vie de peccadilles et on n’aura plus suffisamment de temps précieux à
consacrer aux éléments importants de sa vie. Alors, n’oubliez pas de vous poser à vous-
même la question : “Quels sont les gros cailloux dans ma vie ?” Ensuite, mettez-les en
premier dans votre pot (vie)”. D’un geste amical de la main, le vieux professeur salua son
auditoire et quitta lentement la salle. ■

Fiches ressources
ZOOM

Depuis le mois de mai 2019, le service de la pastorale des Jeunes

propose aux responsables et animateurs/trices d’aumônerie
paroissiale ou AEP une fiche ressource thématique pour aider à
l’animation de rencontres avec des collégiens ou lycéens.
Toutes les fiches sont structurées de la même manière : un
thème, une illustration, un texte biblique et un texte profane, des commentaires courts, un
objet, une prière, des pistes de réflexion, une action concrète et des références accessibles
facilement.
Ces fiches, envoyées par email avec des ressources numériques complémentaires, sont à
retrouver sur https://www.yonne.catholique.fr/paf/outils/documents-pour-les-jeunes ■

Église dans l'Yonne n° 4 - avril 2020 21

 Dossier
Le saint Roch de Taingy
Depuis le Moyen Âge, saint Roch est invoqué comme protecteur
des épidémies. Patrice Wahlen nous conduit en l’église de Taingy
pour y (re)découvrir une statue en pierre polychrome du XVIIe
siècle.
Il a fière allure, ce saint Roch dans la force de l’âge, en pierre
polychrome du XVIIe siècle qui, bourdon en main droite,
montre sa cuisse gauche en découvrant un pan de sa courte
tunique. D’autant plus qu’il fut habilement restauré, dans son
état d’origine, il y a quelques années, à l’heureuse initiative de
l’association locale qui met en valeur l’église Saint-Martin-et-
Saint-Prix et son patrimoine.
Natif de Montpellier au XIVe siècle, le jeune Roch se rendit
en pèlerinage à Rome ; touché à son tour par la peste qui sévit
alors en Italie, alors qu’il portait secours aux pauvres atteints du
terrible mal, Roch décida de se séparer de ses compagnons de
route pour ne pas les contaminer et s’isola dans les bois pour
attendre, dans la prière, sa “naissance au ciel”, comme le disait
la liturgie médiévale. Mais, ému par la foi et la piété du jeune
homme, Dieu envoya un ange qui le guérit par que Roch découvre sur sa cuisse, ni le chien
application d’un baume miraculeux, tandis qu’un portant le pain dans sa gueule. Ont-ils disparu
chien lui apportait chaque jour, dans sa gueule, jadis ? Plus curieux est le décor du chapeau à
un pain pour le nourrir. Baume et pain sont ici, large bord caractéristique, avec la grande cape
dans le légendaire, des figures du Saint-Chrême, (la “pèlerine”), la besace (sacoche) la gourde
ou “huile sainte des malades” et de l’Eucharistie, et le bourdon (grand bâton de marche et de
donc des sacrements, fondements de la vie défense), de l’habit des pèlerins qui sillonnaient
chrétienne. jadis les routes de l’Occident chrétien. Roch
est un “Romeux” ou “Romieux”, c’est-à-
Extrêmement populaire à la fin du Moyen Âge et dire un pèlerin se rendant ou s’étant rendu
tout au long de l’époque dite “moderne” (XVIe- à Rome. Le “Jacquot” ou “Jacquet” va ou
XVIIIe s.), Roch est le grand saint “antipesteux” revient de Saint-Jacques-de-Compostelle,
que les fidèles, les paroisses, les villes et les tandis que le “Palmier” ou “Paumier” est
villages, invoquent massivement quand le allé à Jérusalem, la ville sainte où le Christ
danger d’épidémie menace. Processions et est entré la veille de sa Passion, acclamé
statues de rue, souvent en façade des maisons, par la foule qui brandissait des branches de
témoignent de cette ferveur immense. Témoin palmier (“Rameaux”). Logiquement donc, ce
de cette dernière, Roch figure au nombre n’est pas une coquille que le saint Roch de
des célèbres “Quatorze saints auxiliateurs” ; il Taingy devrait avoir épinglée sur le devant
s’agit là d’une liste de saints et saintes établie de son chapeau, mais deux clefs croisées,
à l’origine, semble-t-il, en Allemagne du emblème de la Rome chrétienne et de la
sud, et dont l’invocation est la plus efficace papauté, héritière des “clefs de saint Pierre”.
en cas de danger : on y voit Acace, Barbe, Il ne faut pas confondre ce symbole avec
Blaise, Catherine d’Alexandrie, Christophe, les bâtonnets croisés, dit “bourdonnets” ou
Denis, Érasme, Eustache, Georges, Gilles, “petits bourdons”, qui décorent le chapeau de
Gui, Léonard et Marguerite. Roch est le saint part et d’autre de la coquille ; il s’agit de petits
patron des pèlerins, des pestiférés, bien sûr, souvenirs en bois, os ou métal, qu’on achetait
mais aussi des chirurgiens (nombre de cliniques aux nombreuses boutiques qui flanquaient les
sont encore placées sous son nom), et des sanctuaires de pèlerinage.
apothicaires.
Il est probable que, au XVIe siècle, le symbole
La belle statue de Taingy appelle quelques de la coquille soit déjà devenu, plus largement,
observations. Tout d’abord, on n’y voit ni l’ange celui de tous les pèlerins, quel qu’ait été leur
guérisseur, qui d’ordinaire guérit le bubon infecté destination. ■ Patrice Wahlen

22 Église dans l'Yonne n° 4 - avril 2020

 Dossier
Idée de lecture : Soif de vie*
Jean-Luc Souveton est prêtre (diocèse de Saint-
Étienne) et exerce une mission d’Église de délégué
au développement personnel et aux spiritualités hors
frontières. Le livre qu’il co-écrit avec le journaliste
Adrien Bail n’est pas un ouvrage théorique mais il
s’appuie sur une pratique personnelle menée avec
d’autres, pratique relue et pensée pastoralement.

L a première partie est consacrée à

l’expérience du jeûne, notamment lors
de sessions qui appliquent le protocole
du Dr Buchinger. Jean-Luc Souveton
s’emploie à dresser des ponts entre la
pratique chrétienne traditionnelle du jeûne
et ce qui se cherche dans certains secteurs
de notre société : aller à l’essentiel, sortir
du consumérisme excessif, éprouver
volontairement le manque dans sa chair
pour dégager une dimension humaine
oblitérée, la dimension spirituelle.
L a deuxième partie porte sur une
autre pratique en vogue aujourd’hui, la
méditation d’inspiration bouddhiste parfois
entièrement laïcisée comme par exemple exemple il suggère la distinction entre
avec la méditation de pleine conscience pratique anthropocentrée et pratique
de l’Américain John Kabat-Zinn. Là aussi, théocentrée).
l’auteur explique comment un pont peut
être établi avec la tradition chrétienne : L e livre comporte également des
prière du nom de Jésus dans la tradition chapitres très intéressants sur la
orthodoxe, oraison silencieuse dans la pastorale que l’Église pourrait mettre
tradition catholique et plus récemment en œuvre pour cheminer avec ce qu’il
la lignée de John Main et de Lawrence nomme des “personnes en recherche
Freeman (Communauté mondiale des de l’essentiel” notamment dans l’univers
méditants chrétiens). Le père Souveton actuel du développement personnel. Il y
accueille avec beaucoup de bienveillance a là un champ d’évangélisation qu’il serait
toutes ces recherches sans les rejeter dommage d’ignorer ou de mépriser. ■
comme certains chrétiens pourraient père Christophe Champenois
être tentés de le faire mais en proposant * Jean-Luc Souveton interviewé par Adrien Bail,
quelques éléments de discernement (par Soif de vie. Jeûne et méditation, Ed. Nouvelle Cité, 2019.

Un extrait
“En fin de compte, dans les ateliers et les sessions, je ne propose rien d’extraordinaire :
lire les textes de l’Écriture, recevoir les sacrements, pratiquer les exercices corporels, le
jeûne… mais c’est la posture qui change. Acceptons-nous d’être un parmi d’autres ? Dans
une posture de dialogue et non pas dans une position supérieure. Le dialogue suppose
une sorte d’accompagnement mutuel. Pour un certain nombre de personnes, tout
enseignement fait fuir. En revanche, la proposition d’une expérience accompagnée leur
convient mieux”. (pp. 196-197) - c’est l’auteur qui souligne. ■

Église dans l'Yonne n° 4 - avril 2020 23

 Repères pour une vie de foi
Avec saint Matthieu, vivre la Fraternité, fiche n° 6
Nous publions chaque mois, un extrait des fiches du livret d’année "avec
saint Matthieu, vivre la Fraternité". Elles sont téléchargeables sur le site de la
formation permanente : https://www.yonne.catholique.fr/formation.
Mai 2020 16 et 17 dimanches du temps ordinaire
J é s u s
Christ est
l’annonciateur
du Royaume
de Dieu. Ce
royaume bien qu’il
soit dans l’avenir,
commence dans le
© Pixabay
présent, dans chaque
homme ou femme qui
veut le rendre visible. Il est en
même temps caché et visible. Malgré
l’ivraie jetée dans le champ, les grains du
Royaume ne cessent de grandir chaque
jour (Mt 13, 24-30). Il est comme une
petite semence qui devient un arbre géant
où habitent tous les oiseaux du ciel (Mt 13,
31-32). Il est encore comme un levain, qui
malgré sa petite quantité, transforme tout
(Mt 13, 33-35).
Pour méditer
Pour parler de Dieu, pour essayer de le
comprendre, ce qui nous entoure, ce que
nous observons, peut nous ervir. Il y a tant
à apprendre de ce qui nous entoure. Ainsi,
le royaume est-il comparé à une bonne
semence qui grandit en même temps que
l’ivraie, la zizanie.
Nous pouvons le jour semer le bon grain,
et dans la nuit de nos obscurités semer
l’ivraie. Le scandale du mal nous advient de
l’extérieur, mais nous habite aussi. [...]
Le royaume, c’est encore comme la plus
petite des semences qui devient un arbre
où s’abritent les oiseaux du ciel. Invisible, il
devient un repère et un abri. La vie chrétienne
est appelée à se développer sous la grâce de
Dieu, discrètement, et pourtant visible. Nos
paroles, nos comportements sont des signes
du royaume pour peu que nous nous laissions
modeler par Dieu. Sa grâce est comme le
levain, petite mesure qui transforme oute
la pâte. Alors, les violents deviennent non
violents, les injustes justes, les égoïstes
généreux, les narcissiques altruistes, les
26 Église dans l'Yonne n° 4 - avril 2020
Le Royaume des cieux
est semblable à…
(Mt 13, 31)
e e
peureux courageux, les orgueilleux humbles,
les vengeurs pardonnent, les ingrats sont
reconnaissants, les incrédules croyants, les
pécheurs saints.
Jésus est lui-même le royaume dont parlent
ces paraboles. Il est l’arbre qui accueille les
oiseaux du ciel. Hommes et femmes, nous
trouvons en lui notre refuge. Nous trouvons
en lui notre joie et notre paix. Le grand arbre
devrait se voir de partout, et pourtant, il faut le
découvrir. Il se laisse voir, mais ne saute pas aux
yeux. L’Église “étant dans le Christ, en quelque
sorte le sacrement, c’est-à-dire à la fois le
signe et le moyen de l’union intime de Dieu et
de l’unité de tout le genre humain” (Vatican II,
Lumen Gentium 1), est appelée à rassembler le
monde entier dans une fraternité universelle, le
royaume, Jésus lui-même. ■
Pour prier
Seigneur, Toi, qui es le Souverain bien,
accorde-moi le don de Ton Esprit Saint,
semences, croissance et fruits de tous biens.
Apprends-moi à combattre le mal en cultivant
le bien. Accorde-moi cette confiante
assurance : qu’au soir de ma vie, Toi seul
pourras faire le tri entre ce qui doit être rejeté
et ce qui sera engrangé pour Ton Royaume
d’éternité. Amen. ■ Michel Hubaut, Prier les paraboles.
Accueillir le Royaume de Dieu,-DDB, Paris 1988
Pour partager
1. Où est ce royaume de Dieu et quels en
sont les signes dans ce monde actuel ? Et
les contre-signes ? Comment accepter que
“bon grain” et “ivraie” cohabitent ?
2. À la construction de quel royaume
voudrais-je contribuer avec mes capacités,
mes moyens et mes amis ?
3. Qu’est-ce que Dieu sème dans mon
cœur, dans ma famille, dans mon groupe
social ? Comment récolter ce que Dieu a
semé ?
4. Jésus m’appelle à devenir un levain du
monde nouveau qu’il annonce. ■
Prière pour les Vocations
3 mai 2020
D ieu notre Père,
nous te rendons grâce pour ton Fils Jésus Christ.
Aujourd’hui, Il nous invite à devenir serviteurs, à sa suite.
Dieu notre père, nous te rendons grâce pour ton Esprit.
Qu’il donne à chaque baptisé de découvrir et de vivre sa vocation dans l’Église.
Qu’il donne sa force à ceux qui choisissent de suivre le Christ dans la vie consacrée, les
ministères ordonnés et le mariage.
Dieu notre Père, que ton Esprit donne à nos communautés de proposer de devenir prêtre
ou diacre, d’inviter à la vie consacrée, et d’accompagner les époux chrétiens.
Que ton Esprit d’amour fasse de nous des serviteurs joyeux de l’Évangile, à la suite de ton
Fils. ■
Amen

Découvrez le livret de prières :

https://fr.calameo.com/read/0061769836533049cdcad
 Prière à saint Roch, France, fin du XVe siècle

Ô préservateur de la peste,
Sire saint Roch, clère lumière,
Tu as guéri hommes et bestes
Ta volonté estoit entière

Qui sert saint Roch, il le garde

De pestilence et de tempeste ;
Prenons le donc pour sauvegarde
Toujours craignant en tous temps peste

Garde le royaulme de France

Ou ton nom bruit par tes bienfaits ;
De nous aye souvenance,
Maintenant et a tous jamais

La boce eut en cuisse senestre1,

L’ange du ciel fut ton médecin
Le nostre veuille ainsi estre,
Nous gardant de l’infect venin.

1
La bosse (la plaie, c’est-à-dire le bubon de la peste) à la cuisse gauche

Église dans l’Yonne - Mensuel du diocèse de Sens-Auxerre

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