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Complétude et Indécidabilité.

Ricardo Casillas
Fiches

1 Systèmes et théories formels.


1.1 Définitions.
Une partie A d’un ensemble E est décidable ssi il existe une méthode effective (un algorithme) qui
appliquée à un élément quelconque de E permet de déterminer en un temps fini s’il est ou n’est pas
élément de A.

Une partie A d’un ensemble E est effectivement énumérable ssi il existe une méthode effec-
tive permettant d’énumérer systématiquement tous les éléments de A. Si on ne dispose pas d’une
méthode effective permettant de déterminer qu’un élément de E n’est pas dans A on dit que A est
semi − décidable.

Sur la base de la thèse Church-Turing on peut dire qu’une partie A d’un ensemble E est décidable
ssi il est récursif et qu’elle est effectivement énumérable ssi elle est récursivement énumérable.

1.2 Système formel.


Soit A un ensemble dénombrable de signes considéré comme un alphabet. L’ensemble E des ex-
pressions formelles sur A est l’ensemble des suites finies de signes de A comportant d’éventuelles
répétitions.

Un langage f ormel L sur A est défini pr deux parties décidables de E : l’ensemble des termes
et l’ensemble des f ormules de L .

Un système formel sur E est composé par:


• Langage formel

• Axiomes (ensemble décidable des formules)


• Ensemble décidable de règles d0 inf érences.
Une dérivation formelle de la formule φ à partir de l’ensemble des formules Γ est une suite finie
φ1 , φ2 , ..., φn de formules telle que φn est φ et toute formule φi de la suite est soit un axiome, soit
un élément de Γ soir une formule conclusion.

1
Formellement dérivable: Γ ` φ.

L’ensemble des théorèmes n’est généralement pas décidable. Il est en revanche effectivement
énumérable car il existe une méthode effective permettant d’énumérer systématiquement toutes les
preuves formelles. L’ensemble des théorèmes est donc semi-décidable.

1.3 Théories formelles.


Une théorie T sur L est un ensemble déductivement clos d’énoncés de L , c’est-à-dire tel que pour
tout énoncé φ, si T ` φ, alors φ ∈ T .

Une théorie est indécidable ssi elle n’est pas décidable.

Une théorie T est axiomatisable ssi il existe un ensemble décidable d’énoncés ∆ dont la clôture
déductive notée ∆` est égale à T .

Th. Une théorie est inconsistante ssi T `⊥. T est inconsistante ssi pour toute formule φ du
langage de T , T ` φ, ou encore ssi il existe un énoncé φ tel que T ` φ et T ` ¬φ.

Une théorie T est complète ssi pour tout énoncé φ de L soit T ` φ soit T ` ¬φ.

Un énoncé φ est indécidable dans T ssi T 0 φ et T 0 ¬φ.

Th. Un énoncé φ du langage de T est indécidable ssi T ∪ {φ} et T ∪ {¬φ} sont l’un et l’autre
consistants.

Th. Si une théorie est axiomatisable, consistante et complète alors elle est décidable.

2 Les fonctions récursives.


Soit f une fonction dont le domaine est E. f est calculable s’il existe une procédure effective appli-
cable à tout éléments x de E qui permet de calculer la valeur de f en x en un temps fini.

Th. Un ensemble E est effectivement énumérable ssi E est vide ou il existe une fonction sujective
f de N dans E qui soit calculable.

Th. Soit A une partie de N. Si A est décidable alors A est effectivement énumérable.

Déf. Le fomaine d’un algorithme Π applicable à tout entier naturel est l’ensemble des enters
naturels pour lesquels l’algorithme se termine et donne un résultat.

Th. Soit A le domaine d’un algorithme Π. Si A est non vide, il existe un algorithme permettant
d’obtenir un élément du domaine de A.

Th. Une partie E de N est effectivement énumérable ssi il existe un algorithme Π applicable à
tout entier naturel et dont le domaine est E.

2
Th. Une partie A de N est effectivement énumérable ssi ile xiste un entier naturel k tel que A
est le domaine de l’algorithme Ak .

Th. Il existe une partie de N qui est effectivement énumérable et dont le complémentaire n’est
pas effectivement énumérable.
Th. Il existe des ensembles effectivement énumérables qui ne sont pas décidables.

Th. Un ensemble ou une relation est décidable ssi sa fonction caractéristique est calculable.

2.1 Récursion primitive et récursion.


Une fonction numérique est une fonction de NN vers une partie de N. La récursion primitive est
n
composée des fonctions: s, 0, P rm , composition et récursion.

L’ensemble des fonctions récursives primitives est le plus petit ensemble des fonctions numériques.
Elles sont totales et calculables. Une relation sur N est P.R. ssi sa fonction caractéristique est P.R..

L’ensemble des fonctions récursives est le plus petit ensemble de fonctions numériques auquel
appartiennent:
n
• s, 0, P rm

• Composition et récursion.
• Minimisation (µ) à partir des fonctions récursives.
• Minimisation à partir d’une fonction régulière.
Th. Les fonctions récursives sont totales et calculables.

Th. Un ensemble est décidable ssi il est récursif.

Th. Un partie de N est effectivement énumérable ssi elle est récursivement énumérable.

3 Définissabilité dans un langage arithmétique.


Langage de l’arithmétique: LA = { 0, s, +, ×}.

Interprétation standard: N ={ N, 0, s, +, ×}

On introduit le signe ≤ avec la définition: ∀x∀y(x ≤ y ⇐⇒ ∃z(z + x = y))

3.1 Définissabilité dans N


Déf. Définissabilité d’une partie de N: Une partie A de N ssi il existe φ(x) une formule de LA à
une variable libre telle que, pour tout entier naturel k,
1. si k ∈ A, alors N |= φ(k̄)
/ A, alors N 6|= φ(k̄)
2. si k ∈

3
Déf. Définissabilité d’une relation sur N: Une relation n-aire R dans N ssi il existe φ(x1 , ..., xn )
une formule de LA à n variables libres telle que, pour tout n-uplet d’entiers naturels (k1 , ..., kn ),
1. si (k1 , ..., kn ) ∈ R alors φ(k¯1 , ..., k¯n ) est vraie dans N .
/ R alors ¬φ(k¯1 , ..., k¯n ) est vraie dans N .
2. si (k1 , ..., kn ) ∈

Th. Définissabilité d’une fonction numérique: Soit f une fonction de Nn dans N. f est
définissable dans N ssi il existe φ(x1 , ..., xn , xn+1 ) une formule de LA à n+1 variables libres telles
que pour tout (n+1)-uplet d’entiers naturels (k1 , ..., kn , kn+1 ),
1. si f (k1 , ..., kn ) = kn+1 alors φ(k¯1 , ..., k¯n , kn+1
¯ )

2. si f (k1 , ..., kn ) 6= kn+1 alors ¬φ(k¯1 , ..., k¯n , kn+1


¯ )

Th. Toute fonction récursive primitive est définissable dans N par une formule Σ1 .

Déf. Une β −f onction est une fonction β(c, d, i) telle que pour toute suite finie d’entiers naturels
k0 , k1 , ..., kn il existe deux entiers naturels c et d tels que pour tout i ≤ n, β(c, d, i) = ki . Cette
β − f onction est définissable dans N .

4 Théories arithmétiques
Soit TA une théorie arithmétique. On dit que TA sont vrais dans N . Une théorie diable est
consistante. En revanche une théorie arithmétique consistante n’est pas nécessairement fiable. La
consistance est donc une propriété plus fiable que le fiabilité. Une théorie T dont le langage inclus
LA est Σ1 -fiable ssi pour tout énoncé φ qui est Σ1 , si T ` φ, alors φ est vrai.

Une théorie airthmétique T est ω − inconsistante ssi il existe une formule φ(x) telle que T `
¯
¬∀xφ(x) et, pour tout entier n, T ` φ(n).

Th. Une théorie arithmétique T est ω − inconsistante ssi il existe une formule φ(x) telle que
¯
T ` ∃xφ(x) et, pour tout entier n, T ` ¬φ(n).

Th. Dans l’interprétation standard de l’arithmétique, les théorèmes d’une théorie ω−inconsistante
ne sont pas tous vrais.

Th. Si une théorie est fiable, alors elle est ω − consistante.

Th. Si une théorie est ω − consistante, alors elle est consistante.

Une théorie arithmétique est 1-consistante ssi elle ne prouve aucune formule Π1 qui est fausse.

Soit T une extension d’une théorie arithmétique. T est Σ1 -complète ssi tout formule Σ1 qui est
vraie est dérivable dans T . Soit T une extension d’une théorie arithmétique. T est Π1 -complète ssi
tout formule Π1 qui est vraie est dérivable dans T .

Le fait qu’un énoncé soit démontrable dans une théorie consistante ne prouve pas que cet énoncé
soit vrai.

4
4.1 Règles D.N.C. pour l’identité.
(RI1 )
x=x
x=y
(RI2 )
y=x

x=y y=z
(RI3 )
y=z

x1 = y1 ... xn = yn
(RI4 )
t(x1 , ..., xn ) = t(y1 , ..., yn )

x1 = y1 ...xn = yn φ(x1 = xn )
(RI5 )
φ(y1 , ..., yn )

4.2 L’arithmétique de base (AB)


¯
1. 0 6= s(0)
¯ = s(n)
2. s(m) ¯ → m̄ = n̄

3. m̄ + 0 = m̄
¯ = s(m̄ + n̄)
4. m̄ + s(n)
5. m̄ × 0 = 0
¯ = (m̄ × n̄) + m̄
6. m̄ × s(n)

Th. Pour tous entiers naturels m et n tels que m 6= n, AB ` m̄ 6= n̄.

Th. Pour tous entiers naturels m et n: AB ` m̄ + n̄ = m ¯+ n.

Th. Pour tous entiers naturels m et n, AB ` m̄ × n̄ = m ¯× n.

Th. Si t est un terme clos dont la valeur dans N est l’entier naturel n, alors on a AB ` t = n̄

AB permet de prouver toutes les formules atomiques vraies de LAB et de réfuter toutes les
formules atomiques fausses de ce langage. AB permet de prouver toutes les formules vraies de LAB
et de réfuter toutes les formules fausses de ce langage. AB est complète et décidable.

4.3 L’arithmétique de Robinson, Q.


1. ∀x∀y(s(x) = s(y) → x = y)
2. ∀x(0 6= s(x))
3. ∀x(0 6= x → ∃(s(y) = x))
4. ∀x(x + 0 = x)
5. ∀x∀y(x + s(y) = s(x + y))

5
6. ∀x(x × 0 = 0)
7. ∀x∀y(x × s(y) = (x × y) + x)
¯ ≤ x)).
Th. Q ` ∀x(n̄ ≤ x → (n̄ = x ∨ s(n)

Th. Pour toute formule atomique close φ de LA ,


• si N |= φ, Q ` φ.

• si N 6|= φ, Q ` ¬φ.
Th. Pour toute formule close ∆0 φ de LA ,
• si N |= φ, Q ` φ.

• si N 6|= φ, Q ` ¬φ.
Th. Q est Σ1 -complète. Autrement dit: pour tout énoncé φ qui est Σ1 , si N |= φ, alors Q ` φ.

Th. Pour toute formule φ qui est Σ1 , Q ` φ ssi N |= φ.

4.4 Arithmétique de Peano PA.


1. ∀x∀y(x0 = y 0 → x = y)
2. ∀x(0 6= x0 )

3. ∀x(x + 0 = x)
4. ∀x∀y(x + y 0 = (x + y)0 )
5. ∀x(x × 0 = 0)
6. ∀x∀y(x × s(y) = (x × y) + x)

7. Pour toute formule φ(x) où x est libre, la clôture universelle de la formule (φ(0) ∧ ∀x(φ(x) →
φ(x0 ))) → ∀xφ(x)

4.5 Théorèmes d’incomplétude.


Premier théorème d’incomplétude de Gödel: Toute extension de Q est incomplète si elle est
axiomatisable et ω − consistante.
Premier théorème d’incomplétude de Gödel-Rosser: Toute extension de Q est incomplète si
elle est axiomatisable et consistante.

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5 Représentabilité dans une théorie arithmétique.
Th. Une formule φ représente une relation numérique R dans une théorie arithmétique T ssi φ est
numériquement déterminée par T et φ définit R dans N

Th. Si un ensemble est représentable dans une théorie T , alors sa fonction caractéristique l’est.

Th. Si la fonction caractéristique d’un ensemble est représentable dans une théorie T , alors
l’ensembe lui-même l’est.

Th. Si un ensemble est représentable dans une théorie T , alors sa fonction caractéristique l’est.

Th. Si la fonction caractéristique d’un ensemble est représentable dans une théorie T , alors
l’ensemble lui-même l’est.
Théorème de représentation: Toute fonction récursive primitive est représentable dans
l’arithmétique de Robinson par une formule Σ1 .

Th. Toute fonction récursive et ensemble récursif est représentable dans Q.

5.1 Théorème d’incomplétude.


Si la théorie T 0 est une extension de la théorie T et si f est représentable dans T , alors f est
représentable dans T 0 . Toute fonction récursive est représentable dans toute théorie qui étend Q. Si
une extension de Q est consistante et axiomatisable alors elle est incomplète.

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