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MOOC « Étudiants dyslexiques dans mon amphi : comprendre et aider »

Séquence 4 – Module 2

MOOC « Étudiants dyslexiques dans mon amphi : comprendre et aider »


Séquence 4 – Module 2
La rééducation de la conscience phonologique

Dans cette vidéo, nous vous proposons de vous parler d'un certain type
de rééducation orthophonique : la rééducation de la conscience
phonologique.

Mais tout d'abord, qu'est-ce que la conscience phonologique ?

La conscience phonologique et la capacité de l'individu à porter attention


et à manipuler les sons qui composent les mots. Les habiletés de
segmentation et de fusion des sons du langage se développent
graduellement chez l'enfant entre 3 et 5 ans, pour atteindre leur maturité
à la fin de l'école primaire.

Ainsi, la conscience phonologique apparaît comme la connaissance


consciente et explicite que les mots du langage sont formés d'unités plus
petites, à savoir les syllabes et les phonèmes. Elle se traduit alors par la
capacité à percevoir et à identifier les différentes composantes
phonologiques, et à les manipuler. Localiser les sons, les enlever, les
substituer les uns aux autres, les combiner, etc.

Le développement de la conscience phonologique constitue une base


importante pour l'entrée dans l'écrit. La première étape de l'écriture, que
ce soit sous dictée ou pour la transcription d'une phrase personnelle, est
d'identifier les différentes d'unités orales des mots, c'est-à-dire les
phonèmes. Puis, nous faisons appel au code orthographique pour

Février 2019
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transformer ce message oral en un message écrit. Cela revient à établir


des correspondances entre les unités orales, les phonèmes, et les unités
écrites, les graphèmes.

Par exemple, le graphème associé au son [ʃ] est "ch". Le phonème [o]
peut-être associé à plusieurs graphèmes : "o", "au", "eau". Un même
graphème, par exemple le graphème "x", peut-être associé à plusieurs
phonèmes : [gz] dans "exercice", [z] dans "deuxième", [s] dans
"soixante" et [ks] dans "taxi".

L'acquisition des correspondances grapho-phonémiques repose sur un


apprentissage explicite qui doit être effectué en classe de façon
systématique. Cet apprentissage nécessite que l'enfant prenne
conscience de l'existence d'unités à l'intérieur des mots parlés, or cette
aptitude ne se développe que très partiellement avec le seul langage
oral. En entrant dans l'écrit, l'enfant va donc devoir développer cette
aptitude.

Segmenter les différents sons d'un mot peut être simple quand les
consonnes et les voyelles se succèdent régulièrement. Par exemple,
dans le mot "vélo", "v", "é", "l", "o", ont une alternance régulière de
consonnes et de voyelles. Mais cela peut s'avérer plus complexe.
D'abord des consonnes peuvent s'ajouter. Dans "crabe", on a deux
consonnes placées avant une voyelle.

Les sons peuvent disparaître quand on les prononce. Pour "cheval" par
exemple, on dit souvent "le chval", et pourtant il y a bien un "e" à écrire
entre le [ʃ] et le [v].

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Et parfois même, on déforme les sons. Pour le mot "médecin", on


prononce plutôt "métçin". Ainsi, non seulement on retire le "e", mais on
transforme le "d" en "t".

C'est pour cela qu'il faut avoir en tête une représentation solide de la
prononciation la plus correcte possible. Cela nécessite de ralentir la
parole et d'avoir un bon stock de mots déjà connus dans son lexique
interne. Avoir un vocabulaire oral très étendu est un atout fort pour
rentrer plus facilement dans l'écrit.

La segmentation des sons successifs dans un mot n'est pas si évidente


que ça paraît, et pour certaines personnes présentant une dyslexie ou
une dysorthographie, c'est même une des difficultés principales. Mais on
peut entraîner ces personnes. On parle de l'entraînement de la
conscience phonologique.

Parmi les exercices que les orthophonistes peuvent proposer aux


personnes présentant une dyslexie ou une dysorthographie lors de la
rééducation, il y a un jeu tout simple qui consiste à trouver des mots
ayant de plus en plus de sons. Attention, on ne parle pas le du nombre
de lettres, uniquement des sons. "Un" n'a qu'un seul son, [œ̃]. "Lit" a
deux sons : [l] et [i]. "Faire" a trois sons : [f], [ɛ] et [ʁ]. "Paris" a quatre
sons : [p], [a], [ʁ] et [i]. Etc. Jusqu'à par exemple
"électroencéphalogramme" qui a 18 sons.

Dans ce jeu il y a deux difficultés principales. Premièrement, il faut bien


séparer les sons que l'on entend souvent comme un tout compact et

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indissociable. Deuxièmement, il faut se détacher de l'orthographe, des


lettres, et bien se concentrer uniquement sur les sons.

Un autre exemple d'exercice ludique consiste à deviner si des mots


riment ou pas entre eux. Par exemple la rime est simple pour
"téléphone" et "trombone". Mais "chevaux" et "vélo" riment-ils bien
ensemble ? Ou bien, "homme" et "maximum" ? Ou bien, un peu plus
difficile : "cheville" et "ville" ?

Compter les sons des mots peut devenir une activité quotidienne et on
peut ainsi mettre en place des routines. Par exemple, chaque fois que
l'on entend le nom d'une station dans le tramway, on essaie d'en
compter les sons. "Perrache", [p] [e] [ʁ] [a] [ʃ] : 5 sons. C'est plus difficile
pour "manufacture Montluc" ou "la Doua Gaston Berger".

Ces exercices sont de très bons entraînements faciles à mettre en place


et que le patient peut pratiquer seul au quotidien. Ils permettent donc
d'avoir une représentation plus robuste des sons de la langue, de
prendre conscience des sons successifs qui composent la chaîne parlée,
et ainsi la personne dyslexique réussit mieux à lire et écrire les mots
sans oublier ou mélanger les sons.

Février 2019

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