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‘qui tend ensuite a ramener les élec- pacts. Pour le plus grand bénéfice, tat sles Glectrons oscillent, créant une ——_térent aujourd'hui des ‘onde électrique progressive, qui peut Aes lancer contve les tumeurs et les accélérer d'autres élections. Par un détruire. Or, les accélérateurs qu’ils Principe analogue, an accétare des ‘utilsent actuellement occupent le protons ou des tons. volume d'un hangar. Cintensité du champ électrique obten —_laser-plasmna permettrait d'ici & dans ces plasmas fait rver, Mais la quelques années d’en réduire (‘en faible distance sur laquelle cette accé- combrement & une simple piéce. testée depuis plusieurs années. Elle serad’ailleurs mise en euvre dans le laser international 4 électron Ubre XFEL, dont la construction vient de com> mencer au laboratoire Desy de Hambourg, DES CHOIX TECHNOLOGIQUES TROP OSES? Le principe consiste @ aligner 8000 cavités en niobium sur plus de 10kilométres. Le niobium est un matériau supraconducteur, qui n'oppose done aucune résistance au courant électrique. Dans ces cavités refroidies 4 l'hélium liquide (=271°C), on peut créer un champ électrique trés intense qui sceélére les éiectrona. La supraconduc- tion permet de limiter les pertes et de transférer Ja quasi-totalité del'énergie du champ électrique au faisceau d’électrons que l'on veut accélérer Avec un champ d'acoé}ération de 30 millions de volts par métre (MV/m), les physiciens esperent obtenir dans |'ILC une énergie de collision de 500GeV, soit plus de deux fois mieux que les 200 GeV du LEP. Mais lebel élan qui s’estcréeen 2004 autour de cette machine de 7 milliards ce dol- lars a été douché par la récente décision améri- caine de se retirer du financement. Un revire- ‘ment qui réduit grandement les chances de voir NLC construit dans tes quinze ans venir. Du ‘coup, les projets plus futuristes, a horizon plus Jointain, reprennent du pail de la bate Car mémes'tis s'étaient ralliés a YILG, le Cem et d'autres partenaires américains n'avaient pas pour autant abandonne idee d'une machine plus uissante et plus compacte, qui lancerait |'un ‘contre Fautre des #lectrons et des positrons de plusleurs milliers de GeV. La précision des élec: trons, en somme, avec la méme énergie que les met d’acodlérer le faisceau principal, paralléle, of se produisent les collisions. Cette innovation per- mettrait d'envisager das champs d'accélération de Vordre de 100millions de volts par metres, et atteindre une énargieds collision de 3000 GeV, soit six fois 'énergie de I'll.C, tout en restant dans des dimensions et des cotts raisonnables ‘Toutefois, oe projet est pour le moment beaucoup moins avance que ILC, Notamment parce que les champs d'accélération radiofréquence, qui se- ront dans les cavités, sont si intenses que les in- ILC ou Clic? Le débat a repris de plus belle, depuis que Jes Etats-Unis se sont retirés du financement de I'ILC protons du LHC... Une machine deséve pour un physicien des particules. C’est ce que propose le (Clic (Compact Linear International Collider), un. ae- eélérateur linéaire compact qui permettrait, on Principe, des énergies de faisceau plus élevées ‘que celle de VILC pour des dimensions analogues. Le procédé consiste a coupler deux faisceaux pa- ralléles, I'énergie do l'un permettant d'accéiérer Vautre, Concrétement, le Clic produit d’abord un premler faiscoau, tris intonso, d'électrons trés ra ides. Puls ce faisceau d’entralnement est déce- Jéré pour récupérer un gain de puissance qui per- Génieurs n'ont pas encore trouvé de matériawx capabies d'y résister. Les partisans de1ILC restent d’aillours sceptiques devant l'ampleur dels tach «Un accélérateur est une machine extraordi- nairement complexe qui a3 millions de raisons de ne pas fonctionner. Faire des choix technologiques osés augments encore ces causes possibles de Pannesy, observe par exemple Olivier Napoly. Faut-il soutenir colite que cotite ILC. ou se ra- battre sur le Clic? Le débat fait rag. Alors qu'ily am an, Bjoarn Wifk, prochain directeur du Cem, soutenait que l'insérét scientifique de ILC était SAY Hon Sie 143Aller plus loin fle LHC aura: ‘suffisant en lui-méme pour justifier la construction dela machine, son discours a quelque peu changé : «Les résultats du LHC seront un passage oblige », ‘declaralt-il en juin 2008. Bruno Mansoulié, physi- cienau GBA, qui travaille sur l'expérience Atlas du ‘LHC, renchérit: « L'avenir dépendra de ce que le LHC va trouver. $'il découvre effectivement un boson de Higgs léger de 130 GeV ainsi qu'un Higos charoé un peu plus lourd (150 GeV par exemple), alors faire 'TLC se révélera passionnant puisqu'on ‘pourra 6tudier cette nouvelle physique avecheau- coup plus de dérails, » Mais il est également pos- sible que le LHC sévéle un Higgs plus lourd, de 1500GeV, et confirme dans la foulée la pertinence des théories supersymaétriques (voir p.100). « Faire ILC, dont.’energse maximale de collision n'est que de 500 GaV n'aurait alors pas de sens, caren sait -pertinerament qu 'itne pourra pas produire les par- ticules supersymétriques découvertes au LHC. ‘Une machine comme le Clic prendrait alors tout son eng », poursuitle chercheur du CEA. [DES PROJETS ATRES LONG TERME ‘Suspendue aux résultats du LHC, ta décision de maintenir!1LC ou de setourner versie Clic devrait, tre prise vers 2010-2012. Le choixneserapas que ‘selentifique: les arbitrages financiers et politiques ‘peseront aussi de tout leur poids. L!équation n'est ‘pas facile & résoudre, pour des projets qui engagent la communauté seientifique sur des temps de plus en pluslongs. De quelques annéesdans les années 1950, a une dizaine d'années au début dans les an- nées 1970, on arrive aujourd’hul a des délais d'un ‘quart de siecle (1a premiere idée du LHC remonte 41964), entre les premieres esquisses d'un accé- lerateur et la mise en servicede la machine, Lesdé- cisions prises aujourd'hui conditionnent donc la physique des vingt, trente woire quarante ans 4 ve- nit. Or, qui peut savoir quelles seront les priorités, scientifiques et politiques, dans un avenir aussi lointain? Les physiciens se voient contraints de Jouerles visionnaires. «Je ne suis pas inquiet pour Yavenir des aceéléraveurs, empére néanmoins Joan-Eudes Augustin du Laboratoire de physique nucléaire et des hautes énergie Paris. Lersqu’on travaille 4 si long terme, il est normal que les pro- Jets connaiesent das hauts ot des has. [faut savoir absorber ces aleas et tester serein, » Semontrer pa- tient. donc, Comment su tre, en leur temps, les batisseurs des plus grands monuments. e PHILIPRE PAJOT Md SAW Hos Se Py ae er ficlé de la course ay nucléaire entre Peon arteries Cee eas + Rs J od INTERVIEW sa FMD a AEE SV Ho Siew 145Une traque sans fin Découverte du boson de Higgs, mise en évidence de la supersymétrie... les physiciens attendent beau- coup du LHC. Trop? Peut- étre, Car ces prouesses ne changeront pas radicalement la vision de la matiére. Or c'est bien d'une révolution dans sa maniére de voir dont a aujourd'hui besoin Ja physique des particules. moment est historique. Si tout se passe comme prévu, le Large Hadron Collider (LHC) devrait détecter le boson de ‘Higgs, posant ainsi la clé de voited’une aventura humaine sans pareille. Surtout, il devrait per- mettre de recueillir les indices d'un au-dela du modéle standard ; quelque preuve, méme in- fime, deVexistanced'une « suparsymatrie » dela mature qui viendrait unifier davantage le mo- dale en fusionnant forces forte et faible... ly a 2.500 anis, les philosophes grecs ont faitde la ma- tiére un objet d’étude rationnel ; ya 300 ans, les savants en ont donné les premiéres descriptions mathematisees ; il y a 30 ans, des scientifiques ont construit lemodéle théorique des particules élémentaires, si complet que rien n'a réusst ale casser, Aujourd’hui, ils s'apprétent a Ini apporter son ultime pidce. Bt pourtant... «Qu’en trouve ou pas le hoson de Higgs, ga.ne changera pas fondamentalement grand-chose, assone Mare Lachioze-Rey, astrophysician au CEA et directeur de recherche au CNRS. Douche froide... Som ton, sans animosité ni ironie. ‘SRY Hor Sie « 147Aller plus loin [une taque sans fin] caractérise bien cet esprit scientifique taci- turne, pour lequel 'antipathie préalableest ume saine precautions (Gaston Bachelard), Garder la tete frolde, done, rester « scientifique n... Mais ‘peut-on vraiment dire qu'une telle decouverte ne changera rien, ou presque? «Si on détecte le boson de Higgs, ca montre que le modéle stan- dard fonctionne. Mats ¢a, onle sait déj4,,., pour- suit 'astrophysicien. Si on ne le trouve pas — ou pas ld ow on lattend ~, ga prouve que le modéle standard n'est pas bien charpenté, qu'il faut Tajuster. Mais ¢2 aussi one sait deja... B faut bien comprendre que le modéle standard n'est pas une théone physique, c’ést un ensemble de “re- cettes concoctées & partir de la mécanique quan- tique, dela théorie de la relativite restreinte et de valeurs de masses fixées par les experiences, » Le modele, c'est vrai, n'est qu'une application par- ticuliére de la théorie quantique des champs, unification de la physique quantique et dela re- lativité restreinte, ILest a cette théorie ce que le code civil est ala Constitution | un sous-systeme qui applique fes grands principes abstraits dela theorie, valides pour une infinité de mondes pos- sibles, a notre Univers particulier. En cela, le r6= sultat du LHC «ne changera pas fondamentale- ment notre conception du monde: le modéle Sera seulement compléeté ou remanié. D'accord, Mais c'est oublier que l'objectif du LHC est sur- tout de valider une nouvelle vision de la ma- tere: la supersymetrie (ou Susy), SYMETRIES ABUSIVES. r, lAencore, une «minorité active» de chercheurs ‘se dclare seeptique. Non pas sur la possibilite de tombersurtun phénomene inattendu, comme une nouvelle particule, mais sur la « clarification» que cela pourrait apporter. Car le désir est si grand de valider Susy, que tout résultat nouveau pourrait en effet etre directement interprété comme un in- dice en faveur de la théorie, au risque de masquer d'autres interprétations et de lancer des polé- miques interminables. Or des physiciens repro- shent @ cette supersymétrie de n’étre au fond qu'un tank pour écraser une mouche ; elle double le nombre de particules 4lémentaires et instaure une centaine de parameétres de masses supple- mentaires, inconnus, pour expliquer les masses des particules connues... Et tout cela, sur le papier Car aucun phénomene ni aucune observation nobligent a postuler l'existence des « superpar- tenaires.». Pourl'heure, Susy est doncune solution plus mathématique que physique. Bt cest bien ce qque certains lui zeprochent. De fait, l'argument mathématique de «symé- trie» semble avoir pris la place de la validation ex- périmentale, qui reste absente. Depuis des dé- cennies. la physique dela matiére s'est beaucoup appuyée sur ce concept : groupes de symétrie (ou de jauge) de la thoorle quantiqua des champs, sy- metrie CPT des lois d’interaction des particules, ete. A tel point qu'aujourd’hui, la symetrie a pris une place centrale: une bonne théorie physique semble devoir s'exprimer exclusivement en termes de symétriog, Le concept n'est pas mau vals, au comtrairé. «Cela provient, precise La- chiéze-Rey, de l'idée que quelque chose demeure invariant entre deux phénoménes physiques » untourbulon d’eaudansun siphon et une tornade possedent, aux yeux d'un physicien, uné « strue- ture” commune, une symétrie. Celle-ci lui est alors d'une grande utilité. Elle lui permet dere- grouper les deux phenomeénes dans une meme «lasgg....pour pouvoir les oublter: phusieurs phé- a ., = noménes auront été troqués contre une seule description ou loi, Et une fois explicitée, la sy- métrie peut amener en retour a découvrir un nouveau phénomene : ce sont les places inoceu- péesd'une structure symétrique déja en place qui ont conduit Murray Gell-Mann 4 postuler l'exis- tence des quarks (1964) UNE ILLUSION MATHEMATIQUE ? Mais les sceptiques reprochent 4 Susy de fonc- Uonner a Venvers: une symétrie fondée sur au- cune observation préalable ainvente da nou- veaux phénoménes ~ des particules — qu'on. cherche ensuite a velider par "expérience, Abus de pouvoir? Pour Lachiéze-Rey, «il y a, dans la Physique d'aujourd'hul, une glorification de la symétrie. Elie est passde du statut d'outil a celut de concept fondamental, sans aucune justification rigoureuse. » D'oii cette crainte que ce principe d'engendrement des théories ne soit au fond qu'une illusion mathématique... LAméricain Lee Smolin, chaf de file de ces scep- tiques, considére ce type de théorie comme la conséquence du manque cle diécouvertes expéri- mentales, dont souffre la physique depuis trente ans, S'il y a bien eu de nouvelles observations, toutes ont pu tre intégrées aux théaries ou ma- déles existants, Selon Smolin, la recherche sur la matiére se serait drapée dans de belles théories concurrentes ou complémentaires sans qu'au- cune ne soit, du moins pour le moment, absolu- ment névessaire. Théorie des cordes, Susy, grande unification, théorie du tout... Frenons le cas de la théorie des cordes, qui concentye aujourd'hui tous les efforts. Scionelle, toutes les forces et les particules ne seraient que la. manifestation d'une seule entité ¢topo- ' Jogiques (géométrique): Ja corde, Une vision de la matiére avant tout mathématique. De fait, l somblerait que le statut méme de «théorie physique» pose aujourd’hul probleme; «En sciences, pour qu'une théorie soit acceptée, elle doit faire de nouvelles prédictions sur les résul- tats d'une expérience non encore effectuée », préeise Smolin. Certes, c'est le cas dela théorie des cordes, de Susy, etc. Mais pour valider la théorie, cette expériance doit pouvoir étre ef- fectude concrétement. Or les prédictions des nouvelles « théoriegs testent hors de portéede la technologie actuelle, Sans validation expéri- mentale, elies errent entre formalisme mathé- matique et théorie physique. En taute rigueur, es- time Smolin, il faudrait les considérer comme des hypotheses cradibles. Rien de plus. 10° UNIVERS PARALLELES: Le manque d’ancrage expérimental semble avoir ouvert la bonde a "imagination mathématique. Par exemple, la théorie des cordes conduit & consi- dérer qu'll pourrait exister 10% univers «paral- eles». L'image est séduisante, mais cette vision. pourrait relever simplement d'une lacune de la connaissance. « Si on avait demandé a Newton de calculer la trajectoire d'un boulet de canon avant qu'il ait achevé sa théocie, i aurait pu fournir 10° trajectoires possibles, explique Lachiéze- Rey. Cela aurait signifié non pas qu'il existe autant c'univers dans lesquels le boulet de canon suit une trajectoire particuliére, mais qu'il manquait @ la théorie une donnée expérimentale essentialle la valeur numérique de attraction terrestre. » Or, le grand probléme avec les theories nouvelles, c'est queles données expérimentales essentielles man- quent, et son méme pour!"heure inagnessibles...Aller plus loin fume traque sans fin} ‘Test donc possible que les theories physiques ac- tuelles n’en soient pas, ou pas encore : les visions dela matiére qu’elles donnent sontle fruit d'une pensée purement mathematique UNE VISION TROUBLE Mais alors, comment progresser dans la vision de ta matiére? «I! faut revenir aux deux théories physiques les plus accomplies, conseille Lachieze- ‘Rey, la physique quantique et Ja relativite gene- rale, » Un retour aux sources, done, Mais qui dé- bouche sur une vision... trouble. Car ces deux théories centenaires gardent une bonne part de amystere, non pas dans leur expression ou leur ¢a- pacité a prévoir de nouveaux phénomeénes, mais dans le type de monde qu'elles décrivent, Ancrée dans la matiére, la physique quantique ne nous en donne aucune image « claire». Le fait qu'une onde soit simultanément une particule, ‘que cette wentité » puisse se trouver en plusieurs liewx simultanément, que les descriptions d'un «@tat quantique» par deux observateurs puis- sent &tre incompatibleg, etc. frole le non-sens. ‘Smolin en a fait l'un des cing questionnements es- senticls dela physique: « Résoudre le probleme des fondements de Ja mécanique quantique, soit en Tui trouvant son sens, soit en inventant une theorie qui Jui en trouve um. ‘On dit souvent que les représentations four- nies par ces deux theories sont mcompatibles: Du- rant soixante-dix ans, cette question, objet de laffrontement entre Einstein et Bohr, a été mise entre parenthéses. Mais certains physiciens s¢ de- mandent aujourd'hui comment continuer & avan § cer dans la connaissance avec une réalité (ou sa re- 4 présontation) éclatée on points de vues incom’ ay 12 emballages en plastique recyclés =1kilo de CO, en moins patibles. Selon Jean-Jacques Szozéciniarz, 6pis- temologue, physicien et mathématicien, profes seura funiversité Diderot Paris-7, ¢Ja.solution est peut-étre d'accepter que notre représentation de Ja réalité soit une mosaique de points de vue. Ce que nous dit la physique quantique, c'est qu'il faut abandonner I'habitude, héritée des théories clas- Siques, de penserle monde comme "ua", Cette nouvelle “rationalité” peut prendre des siécles é devenir “intuition”, mats ii faut travailler dans ce: sons», Bref, pour appréhender le monde, il fau- drait révolutionner notre maniere de voir... Or o8 type de transformation s'est daja produit, quoique dans une discipline fort éloignee de la physique Ja recherche historique. Celle-ci acompris que, si Je passe a existe eunitairement» dans le temps, ‘selul-ti n'est pas accessible: on ne pourra Te- constituer que «des » passés ~ selon le type de sources étudiges. Telle serait Ia limite, ou la r+ ‘chesse, de notre esprit, Mais que ce soit avec les nowvelles theories — si Vunoaccade enfin au statut de théorie physique— ‘ou avecles anciennes, uneméme vérité a chaque fois s‘esquisse : dans la connaissance de la ma: tiere et du monde, nous ne sommes encore que des enfants... BtleLHC n'yehangerarien, © RomAn IKonicorr &co aC ih fete ra ato GE cleus = beara] Lott a Pascal