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Thème 3 Asie/ chapitre 6 géographie (p 7)

L’ASIE DU SUD ET DE L’EST : LES DEFIS


DE LA POPULATION ET DE LA CROISSANCE (p 252-266)

Introduction : Une croissance démographique et économique forte

Dans son livre paru en 2008, ​Le Défi asiatique​, Kishore Mahbubani, (diplomate et
enseignant à Singapour) défend l’idée que l’ascension de l’hémisphère asiatique
transformera le monde et fera de l’Atlantique un océan du passé. Le récit occidental à
vocation universelle, fondé sur la démocratie, la paix et l’interdépendance économique,
sera alors achevé.

• L’Asie du Sud et de l’Est est la zone la plus peuplée de la planète et celle où la


croissance démographique est la plus forte depuis deux décennies. Cet espace est
compris entre l’Océan Pacifique et le Pakistan (d’Est en Ouest) et entre la Chine et
l’Indonésie (du Nord au Sud).
L’Asie du Sud et de l’Est est aujourd’hui un espace majeur dans la cadre de la
mondialisation.
• Mais les enjeux liés à la croissance démographique et économique de cette zone sont
considérables : réduction des inégalités et de la pauvreté, maîtrise de la croissance
démographique et urbaine, limitation des dégradations environnementale.

• ​Problématique : Quelles relations existe-t-il entre démographie, croissance


économique et développement dans l’espace le plus peuplé du monde ?

I. ​L’immense population constitue-t-elle un atout ou un frein au développement ?


A. Une population très nombreuse mais inégalement répartie

• L’Asie du Sud et de l’Est concentre près de 3,5 milliards d’individus (soit 50% de la
population mondiale) sur un cinquième des terres émergées. C’est le premier foyer de
peuplement (zone de forte concentration de la population) de la planète : la densité
moyenne est proche de 150 habitants par km², trois fois plus qu’à l’échelle mondiale.

• Mais l’Asie du Sud et de l’Est est un espace inégalement peuplé : si certains Etats
dépassent le milliard d’habitants (comme la Chine ou l’Inde), d’autres sont très peu
peuplés (comme les Maldives ou Brunei). La répartition des densités est aussi inégale :
les fortes densités sont concentrées près des mégapoles (villes de plus de 10 millions
d’habitants), près des littoraux et dans les grandes vallées fluviales (Gange) alors que
l’intérieur des terres est plus « vide » (comme en Mongolie ou dans l’Est de la Chine).

B. Une croissance démographique forte constituant un atout

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• La croissance démographique de l’Asie du Sud et de l’Est est élevée (mais moins qu’en
Afrique subsaharienne) : elle devrait gagner 600 millions d’habitants d’ici à
2040 ! Mais cette croissance est inégale : elle est faible (voire négative) dans les Etats les
plus fortement peuplés et les plus développés (Chine, Inde, Japon…) alors qu’elle est
élevée dans les Etats les moins peuplés et à faible IDH (Philippines, Myanmar…).
• La croissance urbaine est elle aussi élevée car l’Asie du Sud et de l’Est est entrée dans
la transition urbaine (passage d’une population essentiellement rurale à une population
essentiellement urbaine). Par conséquent, le taux d’urbanisation de tous les Etats
progresse et la population des villes augmente fortement (sous l’effet de l’exode rural).
L’essentiel des villes les plus peuplées de la planète se trouve en Asie du Sud et de l’Est.
• L’immensité de la population constitue un triple atout pour la croissance économique
(variation positive ou négative de la production d’un Etat) en Asie du Sud et de l’Est :
- elle fournit une main d’oeuvre abondante, qui permet ainsi de produire rapidement et
en quantité très importante pour toute la planète ;
- elle fournit une population jeune, qui constitue une main d’oeuvre dynamique mais
aussi malléable (au mépris souvent des règles de sécurité) ;
- elle fournit une population souvent de mieux en mieux formée dont les compétences
permettent une montée en gamme des productions.

C. Mais de nombreux défis démographiques sont encore à relever

• Dans certains Etats, la croissance démographique est faible (en Chine, du fait de la «
politique de l’enfant unique ») voire négative (au Japon, du fait du vieillissement de la
population). Ainsi, la population vieillit : d’ici à 2040, la part des Chinois de plus de 65
ans doit doubler, posant le problème du financement des retraites et des soins médicaux.
La subsistance des personnes âgées risque de peser sur les actifs, hypothéquant le
développement (capacité d’un Etat à satisfaire les besoins essentiels de sa population).

• La forte croissance démographique – alimentée par l’exode rural – maintien les «


néo-urbains» (populations fraichement arrivées en ville) dans une pauvreté importante :
plus du tiers de la population urbaine asiatique (650 millions de personnes) vit dans des
bidonvilles où les conditions de vie sont très précaires. Le phénomène n’épargne pas les
pays développés : au Japon, le nombre de sans-abris a explosé du fait de la crise. Ces
populations accèdent donc très difficilement à l’alimentation, au logement, à la santé et à
l’éducation car elles sont pauvres et parce que leur nombre croît rapidement.

• Enfin, l’Asie du Sud et de l’Est est confrontée à un déficit de femmes (typique des
sociétés asiatiques) : il manque plus de 160 millions de femmes sur l’ensemble du
continent, majoritairement en Inde et en Chine, du fait des politiques de limitation des
naissances (les parents ont opéré une sélection des enfants en privilégiant les garçons).
Les échographies, souvent interdites, permettent des avortements sélectifs, dont sont
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victimes les femmes. Ainsi, en Inde, on compte 117 garçons à la naissance pour 100
filles. La pratique de la stérilisation forcée des femmes est répandue dans les campagnes
indiennes (pourtant interdit). Les femmes subissent violences et inégalités : la mort
d’une étudiante victime de viol (crime qui progresse le plus en Inde) collectif en 2012 à
Delhi rappelle la permanence de ce phénomène. Les victimes sont peu soutenues par la
justice (en 2012, un violeur a été acquitté au prétexte que la victime ne s’était pas
défendue avec assez de vigueur). L’insertion des femmes dans la vie professionnelle est
l’une des plus difficiles du continent : moins d’un tiers des Indiennes en âge de travailler
ont un emploi (2 fois moins qu’au Brésil). 80% n’ont pas de comptes bancaires. Ces
difficultés mettent en danger l’avenir démographique du continent et ses capacités de
développement futur.

II. ​Quels sont les effets de la croissance sur les territoires et le développement ?

A. Une croissance économique permettant de dépasser les difficultés

• L’Asie du Sud et de l’Est est la région du monde où la croissance économique est la


plus élevée : elle est comprise entre +7,4% par an et +8,9% par an sur la période 2000-
2012 (contre +1,7% par la zone euro ou +2,4% par an pour l’Amérique du Nord). La
croissance économique asiatique s’est diffusée selon le modèle du « ​vol d’oies sauvages
» (modèle économique théorisé par l’économiste japonais Akamatsu pour expliquer la
diffusion de la croissance économique depuis le Japon vers les autres pays d’Asie du
Sud et de l’Est).
Le phénomène comprend ​quatre phases​ :
- dans les années 1950, le Japon importait ce dont il avait besoin, avant de le produire
localement puis d’exporter les surplus et enfin de délocaliser, ce qui a permis de produire
des biens et des services de plus grande qualité ;
- dans les années 1960, par le jeu des délocalisations japonaises, la croissance
économique a concerné les « nouveaux pays industrialisés d’Asie » (NPIA) tels que la
Corée du Sud, Taiwan, Hong Kong et Singapour ;
- dans les années 1980, la croissance a atteint la Chine littorale, à partir du moment où
Deng Xiaoping a décidé l’ouverture de la Chine ;
- depuis les années 2000, la croissance concerne les « nouveaux pays industrialisés
d’Asie » (NNPIA) : Vietnam, Thaïlande, Indonésie.

• La croissance économique est à l’origine d’une élévation du niveau de vie qui profite
surtout aux populations aisées (un quart des milliardaires de la planète) et aux classes
moyennes qui se développent dans tous les pays. Ainsi les populations peuvent-elles
consacrer une part moins importante de leur revenu aux dépenses primaires
(alimentation, logement, chauffage) et dépenser plus pour leur bien-être (loisirs,
consommation). La croissance s’est d’ailleurs accompagnée d’une baisse des coûts de
production, permettant soit d’augmenter les salaires soit de diminuer les prix de vente.

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B. Une croissance inégale, créant des tensions et des vulnérabilités

• Mais la croissance économique est très inégalement répartie, à toutes les échelles. Les
taux de croissance économique moyens annuels montrent des écarts allant de 1 à 2 entre
les Etats : Macao enregistre un taux de croissance de +13,6% alors que le Vietnam
n’atteint « que » +6,3%. Par conséquent, le niveau de richesse des Etats est très variable :
il est très élevé au Japon, en Corée du Sud et dans les micro-Etats (Taiwan,
Hong Kong, Brunei et Singapour) alors que la majorité des Etats asiatiques enregistre
encore des niveaux de richesse moyens faibles. A l’intérieur des Etats, de nombreuses
populations ne profitent pas des fruits de la croissance économique : en Inde, près de la
moitié de la population vit encore avec moins de 2 dollars par jour.
• Cette inégale répartition de la croissance économique aggrave les tensions sociales
pour l’accès aux ressources (logement, eau, terres agricoles) surtout dans un contexte où
les densités sont très élevées et où les inégalités socio-économiques sont très marquées.
Elle aggrave aussi la vulnérabilité (capacité d’une société à faire face, plus ou moins
efficacement à un risque) des populations aux risques naturels (inondations, séismes,
tsunamis, submersion marine …) ou technologiques (pollutions, marées noires…).

C. Quelles stratégies pour parvenir à un développement durable ?

• L’enjeu majeur de l’Asie du Sud et de l’Est est de transformer la croissance


économique en développement. Il s’agit donc de faire en sorte que la richesse produite
profite à l’ensemble des populations et contribue à améliorer leurs conditions de vie.
Pour cela, il faut mieux redistribuer les fruits de la croissance sous forme
d’augmentations de salaires mais aussi d’aides sociales. Les entreprises et les Etats
doivent jouer un rôle fondamental dans ce processus de redistribution pour permettre aux
plus pauvres de voir leurs conditions de vie s’améliorer.

• Il s’agit aussi de faire en sorte que le développement de l’Asie du Sud et de l’Est


devienne un « développement durable » (développement permettant de satisfaire les
besoins actuels de la population sans compromettre la capacité des générations futures à
répondre à leurs propres besoins). Le développement durable mêle des aspects sociaux,
économiques et environnementaux. L’heure est actuellement à l’urgence
environnementale en Asie du Sud et de l’Est car c’est une des régions les plus dégradées
du monde. Quelques timides mesures ont été mises en place : protocole de Kyoto sur la
réduction des rejets de gaz à effet de serre en 1997 ; efforts afin de développer les
énergies renouvelables (surtout en Asie du Sud) ; protection d’espaces menacés.

Conclusion : Les enjeux liés à la population et à la croissance sont qualitatifs

• Les défis auxquels l’Asie du Sud et de l’Est est confrontée ne sont donc pas de nature
quantitative (la population, comme la croissance, est élevée) mais de nature qualitative :
il faut transformer l’immensité de la population en atout pour le développement des Etats
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et de faire en sorte que la croissance économique profite à tous et génère un réel
développement.
• Le développement durable est une des pistes de réflexion afin de relever ces défis mais
sa mise en oeuvre en est encore à ses débuts. Le pilier économique est aujourd’hui
largement privilégié en Asie du Sud et de l’Est ; d’importants efforts doivent être
consentis en matière sociale et environnementale

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