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NON-BANKING : UNE ALTERNATIVE AU FINANCEMENT BANCAIRE POUR

LES ENTREPRENEURS

Gautier Mariage, Benjamin Le Pendeven


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De Boeck Supérieur | « Entreprendre & Innover »

2015/2 n° 25 | pages 8 à 20
ISSN 2034-7634
ISBN 9782807300835
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-entreprendre-et-innover-2015-2-page-8.htm
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Non-banking :
une alternative
au financement bancaire
pour les entrepreneurs
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> Gautier Mariage
> Benjamin Le Pendeven1

Résumé

De nouveaux modes de financement sont apparus pour pallier la difficulté croissante qu’éprouvent les entre-
preneurs à obtenir des financements bancaires. Ces modèles sont portés par le fort développement d’outils
technologiques performants (marketplaces internet, big data, etc.). Fondés sur l’absence d’intermédiation
de type bancaire, ils bouleversent et modernisent nettement les logiques de financement. Encore marginal
en France, le non-banking est bien un mouvement de fond structurel et durable, notamment pour les entre-
preneurs les plus innovants.

Les points forts


• Le secteur bancaire ne répondant pas aux besoins de financement des jeunes
entreprises innovantes, on voit émerger des modèles de substitution.
• Le financement non bancaire se développe selon diverses modalités, dont la
plus emblématique est représentée par les plateformes de « crowdfunding ».
• Accessibilité et transparence sont les principaux atouts de ces formes non
bancaires de financement, qui doivent encore faire leurs preuves, notamment
en se diffusant plus largement, au-delà des start-ups innovantes, dans
l’univers des PME et des TPE.

1 Les auteurs tiennent à remercier Jean-Michel Pailhon, Lucas Léger et Arnaud Soubien pour leurs conseils.

8/
Financement des entreprises innovantes, vol. 2 (25), 2015
Gautier Mariage, Benjamin Le Pendeven
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L ’entrepreneuriat innovant obtient ces
dernières années une visibilité média-
tique grandissante, notamment via des ini-
donc aujourd’hui devant un paradoxe :
la croissance du nombre de jeunes entre-
prises innovantes à fort potentiel, mais
tiatives publiques comme le label « French une décroissance des montants alloués à
Tech », ou privées avec les « 101 projets » leur développement.
de Marc Simoncini ou le projet de créa-
tion par Xavier Niel du plus grand incuba- À l’instar de ce que l’on observe dans la
teur du monde à la Halle Freyssinet pour nature, l’économie a horreur du vide : le
2016. Indirectement, la crise financière de secteur bancaire traditionnel ne pouvant
2007‑2008 a incité – voire contraint – d’an- répondre à ces besoins, des modèles non-
ciens salariés de se lancer dans l’aventure banking se sont développés pour s’y subs-
entrepreneuriale. Mais elle a aussi provo- tituer, notamment dans le financement
qué une raréfaction des sources de finance- de projets innovants. Le  non-banking
ment de nouveaux projets avec un secteur fait partie des nouvelles solutions appa-
bancaire chancelant, et plus averse au rues ces dernières années, qui allient
risque. L’économie française se trouve innovation technologique et innovation

Entreprendre & Innover / Novembre 2015 / 9


Dossier : Non-banking : une alternative au financement bancaire pour les entrepreneurs

financière. Nous n’aborderons pas ici les pour l’ensemble de la population des
solutions non bancaires traditionnelles entreprises est disparate : la hausse des
telles que l’affacturage ou encore les encours des crédits octroyés par les éta-
fonds d’investissements en capital-risque. blissements bancaires est principalement
Dans une première partie, nous nous inté- liée à la politique de taux bas mise en
resserons à l’émergence du phénomène place par la Banque Centrale Européenne
non-banking et aux raisons expliquant ce depuis 2008, permettant d’apporter des
phénomène. Dans un second temps, nous sources de financements aux entreprises
proposerons une typologie et explique- présentant les risques de solvabilité et
rons les caractéristiques de cette finance de liquidité les plus faibles tout en igno-
alternative au monde bancaire. Enfin, rant les entreprises à fort potentiel mais
nous viendrons démontrer en quoi ces au risque de défaut plus élevé. Les condi-
innovations financières servent le finance- tions d’obtention des crédits se sont dur-
ment de l’innovation. cies après la crise, notamment au travers
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d’une augmentation des covenants, des
L’émergence du non-banking demandes de garanties et des clauses de
remboursement anticipé, ce qui a permis
La crise financière de 2007-2008 a levé
de continuer à prêter à l’économie réelle
le voile sur une gestion du risque mal
mais au sein de secteurs et d’entreprises
maîtrisée par les banques. Les faillites
présentant des risques financiers (solvabi-
de certains établissements bancaires
lité, liquidité) réduits. Il n’est dès lors pas
et les interventions étatiques pour en
étonnant que la croissance de l’économie
sauv(garde)r d’autres, ont entraîné la
française soit atone : les projets à faible
mise en place d’une politique macro-pru-
risque génèrent par essence les rende-
dentielle plus stricte, notamment au tra-
ments financiers et économiques les plus
vers de l’initiative Bâle III. Les différentes
faibles, puisque créateurs d’une valeur
initiatives mises en place ont eu pour
ajoutée plus limitée. Le fait de privilégier
conséquence indirecte de réduire l’accès
le financement des entreprises qualifiées
au crédit des start-ups et autres PME inno-
de « stables », avec un historique opéra-
vantes, notamment en France où le poids
tionnel et comptable répondant aux exi-
des encours bancaires dans le finance-
gences des comités de crédit des banques,
ment des petites entreprises est particu-
pénalise une reprise économique qui
lièrement fort.
serait portée par les jeunes entreprises
innovantes.
Ű Ű Quand les financements bancaires
s’assèchent Bâle III fut une des réponses visant à
mieux renforcer le contrôle des risques
Contrairement à ce qui est communément
pris par les banques, et à leur imposer un
admis, l’encours de crédits bancaires aux
ratio de dette octroyé sur fonds propres
PME est en hausse constante, malgré une
supérieur à celui en vigueur précédem-
courte dépression en 2009 (croissance
ment. En parallèle, les investisseurs sont
négative pendant six mois entre mai et
devenus plus méfiants quant à la soli-
novembre 2009)2. Cependant, la situation
dité des banques et demandent alors des
rémunérations plus importantes vis-à-vis
2 Selon les données de la Banque de France. de ce risque, entraînant un coût de la

10 /
Gautier Mariage, Benjamin Le Pendeven

liquidité plus important. Les banques sont facteur risque dans la prise de décision
ainsi dans une situation dans laquelle des banques quant à l’octroi de crédits aux
la prise de risque demande à la fois un PME. On observe qu’au lendemain de la
volume plus important de fonds propres crise économique, le risque évalué sur une
et à un prix lui aussi plus élevé. C’est la entreprise donnée est devenu un facteur
double sanction. L’impact sur l’économie prépondérant dans la décision d’octroi du
« réelle » est une diminution des crédits crédit, ainsi qu’à la suite de la crise de la
octroyés à des jeunes entreprises du fait dette souveraine des États européens en
leur risque plus important et donc plus 2011. Chacune de ces crises consécutives
coûteux pour les banques. semble avoir eu un effet de cliquet quant
à l’appréciation du risque des entreprises
Un autre facteur de l’asséchement du cré-
par les banques.
dit aux entreprises est la perception du
risque que les banques ont vis-à-vis des
Ű Ű Des conditions favorables à
entreprises de petites tailles. Le « Bank
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Lending Survey » est une enquête trimes-
l’émergence de solutions innovantes
trielle menée par la Banque de France Alors que les banques exercent de moins
auprès des banques françaises, visant à en moins leur rôle de financeur de bas de
déterminer les facteurs qui sont prépon- bilan des PME, on assiste à un véritable
dérants dans leurs décisions d’octroi de blocage de la chaîne financement-inves-
crédit. La figure 1 représente les varia- tissement-croissance. Des solutions de
tions trimestrielles de l’importance du non bancaires ont toujours existé et leur

Solde d'opinions
30

25

20

15

10

0
T1 2008 T4 2008 T3 2009 T2 2010 T1 2011 T4 2011 T3 2012 T2 2013 T1 2014 T4 2014
-5

-10

Figure 1 : Impact des risques sur l’octroi de crédits aux PME3

3 « Bank Lending Survey », Banque de France, déc. 2014.

Entreprendre & Innover / Novembre 2015 / 11


Dossier : Non-banking : une alternative au financement bancaire pour les entrepreneurs

% refus
66%

64%

62%

60%

58%

56%

54%

52%
T2 2012 T1 2013 T4 2013 T3 2014
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Figure 2 : Proportion de demandes de crédits par des PME qui ont été refusées4

grande diversité suscite la publication Or dans le même temps, le nombre de


d’ouvrages qui leur sont consacrés5. Mais créations d’entreprises en France se
leur fort développement actuel  – 
qui maintient à un niveau important avec,
s’explique pour partie par la conver- en moyenne, 8 000 créations d’entre-
gence de plusieurs catalyseurs6 – vient prises par mois (hors micro-entreprises).
s’alimenter de ce blocage persistant et Les entrepreneurs ont besoin de finance-
croissant. ments pour le démarrage de leurs projets.
Mais, comme il a été montré ci-dessus, les
Les entreprises ont besoin de trouver
établissements bancaires sont réticents à
une alternative aux intervenants histo-
accepter des dossiers considérés comme
riques de l’intermédiation financière. Le
risqués, ce qui est pourtant la caractéris-
graphique 2 ci-dessus représente la pro-
tique normale d’un démarrage d’activité.
portion de demande de ligne de crédits
ou de leur renouvellement par des PME Cette demande importante intervient
ayant essuyé un refus, sur la base des dans un contexte technologique où de
enquêtes conjoncturelles menées par la nombreux projets se créent aujourd’hui
Banque de France (sur une base trimes- sur des marchés historiquement inter-
trielle depuis 2012). Les refus d’octroi de médiés, c’est-à-dire avec un acteur cen-
crédits sont en hausse et concernent la tral chargé d’assurer la rencontre entre
majorité des demandes (56 % au second une offre et une demande, sans aucune
trimestre 2012 puis 62 % au dernier tri- garantie d’optimisation des éléments de
mestre 2014). prix et de volumes desdits échanges inter-
4 Enquête conjoncturelle, Banque de France, déc. 2014. médiés. Ces marchés « fermés » se font
5 Voir par exemple Le Bret, H., (2013), No bank, Editions peu à peu remplacer par des « places de
les Arènes.
marché » (« marketplaces » en anglais)
6 Le Pendeven, B. Abdesslam, M., (2015), Les nouveaux
modes de financement privés des PME, Etude Fondapol,
qui utilisent la puissance d’Internet pour
Paris. optimiser la rencontre entre l’offre et

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Gautier Mariage, Benjamin Le Pendeven

la demande. À titre d’exemple, AirBnB s’est vue de plus en plus soutenue par
vise à simplifier la location d’appartement le shadow-banking). Cet intermédiaire
en rassemblant sur une même « place » bancaire crée cependant une friction
une part grandissante des offres et des aujourd’hui entre l’offre et la demande,
demandes de logement. La logique sous- puisqu’il intègre un biais dans la sélec-
jacente est qu’une offre rencontrera tou- tion des dossiers qu’il accepte de financer,
jours sa demande, si l’on laisse jouer la loi tout aussi en ajoutant une part de risque
des grands nombres. « macro » en centralisant les volumes.
Il en est de même pour le marché des cré- L’avènement de la Fintech (contraction
dits. L’intermédiation des banques sur ce de finance et technologie) depuis cinq
marché en France est forte, notamment si ans est lié à l’opportunité que présente la
on la compare avec la situation en vigueur rencontre d’une demande de financement
aux États-Unis, par exemple, où seule- actuellement très largement insatisfaite
ment 25 % des financements aux PME sur un marché très fortement intermé-
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sont octroyés par des banques (contre dié avec la puissance d’Internet et l’effi-
90 % en France). À l’origine, le rôle d’un cacité des nouvelles technologies pour
établissement bancaire est en effet de rassembler toutes les offres et demandes
rassembler les excédents d’épargne des en même lieu. Le « crowdfunding » (tra-
uns pour répondre aux besoins de finan- duction littérale de « financement par
cement des autres (même si de plus en la foule »), par exemple, peut ainsi être
plus, les banques US ont mis en réserve considéré comme une des réponses tech-
leurs avoirs, et même si l’activité de crédit nologiques et innovantes à l’incapacité

Les créations d'entreprises en France


12000
11000
10000
9000
8000
7000
6000
5000
4000
Jan2010

Jan2011

Jan2012

Jan2013

Jan2014
May2010

May2011

May2012

May2013

May2014
Sep2010

Sep2011

Sep2012

Sep2013

Sep2014

Figure 3 : Nombre de créations d’entreprises (hors auto-entrepreneurs)7

7 INSEE, 2014.

Entreprendre & Innover / Novembre 2015 / 13


Dossier : Non-banking : une alternative au financement bancaire pour les entrepreneurs

des banques à financer des entreprises milieu de la finance montre une prépon-
naissantes, voir même des projets encore dérance importante d’anciens cadres du
inexistants, en rassemblant des personnes milieu bancaire. Les motivations de ces
ayant des capacités de financement (dons, entrepreneurs sont multiples, matérielles
prêts, apports en fonds propres) autour ou morales, mais le discours commun est
d’un projet nécessitant des investisse- qu’ils peuvent « faire/offrir (beaucoup)
ments initiaux. mieux que les banques ». Mathieu Hamel,
fondateur MarieQuantier, est un ancien
Du côté de l’offre d’épargne, la crise finan-
trader de la Société Générale et Bear
cière a eu comme conséquence d’aug-
Stearns. ou Arthur de Catheu, fondateur
menter sensiblement le stock global de
de Palico et de Finexkap (deux plateformes
liquidités disponibles. Les investisseurs
souhaitant optimiser les flux financiers) a
sont aujourd’hui à la recherche de nou-
travaillé chez AXA Private Equity.
veaux placements se substituant à ceux
autrefois proposés par les banques. Les Un autre facteur majeur de l’émergence
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liquidités disponibles et les besoins de du non-banking est culturel et idéolo-
financement existent, ce sont les struc- gique. Au lendemain de la crise, l’opinion
tures permettant de les faire se rencontrer publique est devenue méfiante vis-à-vis
de façon optimale qui sont défaillantes ou des banques et plus généralement de
inexistantes. la finance, avec comme épiphénomène
les manifestations d’Occupy Wall Street
Dans un contexte de défiance quant à
dénonçant l’accaparement supposé par
l’avenir de l’économie et à la reprise de
les 1 % les plus riches de la planète de
la croissance, les sociétés non financières
l’économie mondiale et de ses richesses.
sont elles aussi amenées à thésauriser
Le discours du candidat à la présidentielle
leur trésorerie, créant une épargne impor-
française François Hollande, tenu au
tante à la recherche de nouveaux place-
Bourget le 22 Janvier 2012 et fustigeant
ments.
un « ennemi sans visage » relève du
Les fonds Novo et Nova lancés par la Caisse même état d’esprit. L’émergence de nou-
des Dépôts et des Consignations, à l’initia- veaux projets issus de l’économie sociale
tive des compagnies d’assurance, sont des et solidaire, comme une alternative au
exemples de nouveaux « conduits » créés modèle capitaliste classique, démontrent
pour permettre aux investisseurs institu- aussi cette volonté de passer outre les
tionnels ayant des liquidités disponibles acteurs traditionnels du milieu financier,
de diriger leurs investissements vers l’éco- dont les banques sont les plus classiques
nomie réelle, sans passer par les banques. représentantes.
Une autre ressource sous-estimée, mais
qui a selon nous eu un impact important Une finance sans effet
sur la création de nouvelles solutions de de levier, appuyée sur
financement, provient de la fuite de capi- les nouvelles technologies
tal humain en provenance des banques
Le non-banking se distingue du système
ou institutions financières classiques. En
bancaire classique par l’absence de levier
effet, un rapide tour d’horizon des fon-
(« leverage ») sur ses capitaux propres.
dateurs d’entreprises innovantes dans le
Alors que les banques créent de la monnaie

14 /
Gautier Mariage, Benjamin Le Pendeven

scripturale, les acteurs du non-banking et trébuchantes. La confiance dans le sys-


n’en ont pas la capacité. Le non-banking tème bancaire est à la base de l’effet levier.
peut ainsi être défini comme l’ensemble
À l’inverse, le non-banking ne bénéficie pas
des sources de financement sans levier sur
de l’effet levier, un euro prêté ou investi
les capitaux propres disponibles. Plus glo-
a toujours son équivalent au passif. C’est
balement, les entreprises non-banking ne
en sens qu’il est plus à même de financer
disposent pas d’agrément bancaire et de
des projets risqués que les établissements
fait ne peuvent pas recevoir les dépôts des
bancaires, l’effet levier pouvant se trans-
épargnants. Dans le monde anglo-saxon,
former en effet massue puisque les pertes
on parle de NBFCs : Non-Banking Financial
peuvent devenir plus importantes que les
Companies.
montants investis.
Ű Ű Définition et typologie Nous distinguons maintenant les plate-
formes non-bancaires sur le mode d’inter-
Si nous prenons le cas des établissements
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médiation mis en place entre les besoins
bancaires, leur ratio de levier en juin 2013
des entrepreneurs et innovateurs et
était de 30,2 fois, c’est-à-dire que pour
les liquidités disponibles. Comme nous
un euro de capitaux propres enregistré
l’avons vu ci-dessous, le modèle bancaire
au passif du bilan de l’établissement, ce
est fait d’un seul prêteur (l’établissement
sont 30,2 euros de crédits qui peuvent être
bancaire) s’adressant à une multitude
accordés. Ce qui fait la force du système
de bénéficiaires. Nous proposons main-
bancaire est cette capacité à créer de la
tenant une typologie des plateformes de
monnaie. Mais c’est aussi sa plus grande
financement non-bancaires selon de rap-
faiblesse car cet effet de levier repose sur
port entre le nombre de financeurs et de
une hypothèse forte : les acteurs écono-
bénéficiaires mis en relation :
miques ne retirent pas tous au même
moment leurs fonds disponibles sur leurs Remarquons que nous portons une atten-
comptes en banque en monnaie sonnantes tion privilégiée aux solutions non-banking
Multiple
Nombre de financeurs

Modèle participatif, crowdfunding


(capital, dette, don) Modèle mutualisé, Fonds
Unique

Marketplaces one‐to‐one (par Modèle capital‐investissement (haut de


exemple, cession de créances bilan)
commerciales)

Unique Multiple
Nombre de bénéficiaires

Figure 4 : Typologie de classification des solutions de financement non-banking

Entreprendre & Innover / Novembre 2015 / 15


Dossier : Non-banking : une alternative au financement bancaire pour les entrepreneurs

s’appuyant sur les nouvelles technolo- du bénéficiaire. Ces plateformes inno-


gies (donc les plus innovantes), les solu- vantes de financement utilisent leur
tions non-banking plus traditionnelles capacité à rassembler dans un même
telles que les Business Angels ou le capi- « lieu » l’ensemble des offres et demande
tal-risque ayant déjà fait l’objet de nom- et à réaliser leur appariement (« match-
breuses recherches. Pour la plupart, ces ing »). Les besoins portent le plus sou-
modes de financement mettent en pré- vent sur des montants faibles, du fait de
sence un acteur financier (le BA ou les l’exposition importante au risque, et sur
fonds) et plusieurs bénéficiaires (les entre- des maturités courtes. C’est pourquoi ce
prises en portefeuilles, les participations). modèle s’adapte particulièrement bien
au financement de créances commer-
Le crowdfunding ciales, comme le montrent les exemples
de Marketinvoice au Royaume-Uni, ou
Le modèle non bancaire le plus connu
Receivables Exchange aux États-Unis.
du grand public est le crowdfunding.
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L’intermédiation s’opère entre une mul-
Les fonds
titude d’individus prêts à un investir
un montant, souvent faible, et un pro- Le troisième modèle, celui des fonds, se
jet (entrepreneurial, culturel, social, ou rapproche du modèle bancaire par sa struc-
autre) ou une entreprise. Comme son nom ture : les liquidités obtenues des financeurs
l’indique, c’est la force de la foule qui va sont mutualisées au sein d’une structure
permettre à un projet innovant d’émer- chargée de financer plusieurs besoins d’en-
ger, car il obtient ainsi un financement par treprises. Mais contrairement à ce qui se
l’addition de montants souvent très faibles passe pour la structure bancaire, il n’y a
(quelques centaines d’euros par crowdfun- pas d’effet de levier. Via ces fonds, de mul-
der). Pour le financeur, le risque est élevé, tiples financeurs peuvent investir dans de
mais exposé sur un montant faible. C’est multiples projets tout en profitant d’une
ainsi que le crowdfunding a débuté autour diversification des investissements.
de dons pour lancer des projets artistiques
Ce modèle répond à la phase de la chaîne
(MyMajorCompany en France) mais évolue
du financement du non-banking car il
maintenant vers du financement de projets
permet d’obtenir d’investisseurs institu-
à forte rentabilité. C’est le cas d’Anaxago,
tionnels des sommes plus importantes,
Sowefund proposant aux jeunes entre-
qui sont ainsi mutualisées pour inves-
prises innovantes de lever des capitaux
tir dans une multitude d’entreprises.
propres auprès d’investisseurs individuels.
Contrairement aux marketplaces qui ne
font que mettre en relation une demande
Les places de marché
avec une offre, les fonds impliquent le
Certaines plateformes, concernant plu- plus souvent une intégration verticale,
tôt les entreprises, prennent la forme de depuis la sélection des dossiers jusqu’à la
« marketplaces ». S’inspirant du modèle gestion du risque globale. Les fonds Novo
d’Ebay, ces « places » mettent en relation sont de parfaits exemples de ces nouvelles
un besoin de financement avec un finan- sources de financement non bancaires.
ceur. Une offre rencontre une demande, Le modèle de Finexkap, plateforme de ces-
le financeur assurant 100 % du besoin sion de créances commerciales, va encore

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Gautier Mariage, Benjamin Le Pendeven

plus loin dans la logique d’intégration rennais. Ce n’est plus toujours le cas.
verticale, avec en amont l’acquisition des Nous voyons donc apparaître un « effet de
clients et en aval la gestion des liquidités levier » technologique. Le crowdfunding,
mises à disposition par des investisseurs par exemple, utilise l’effet de masse pour
institutionnels. La mutualisation des financer des projets, Internet permettant
investissements permet aussi de financer de rassembler plus de personnes pour un
des projets aux risques plus élevés du fait coût faible.
de la diversification des investissements.
Enfin, une condition nécessaire et carac-
téristique intrinsèque que partage l’en-
Ű Ű Des solutions directes,
semble des solutions non-bancaires est
automatisées et high tech la transparence. En effet, le non-banking
Ces solutions non bancaires ont trois n’est pas dispensé du besoin de main-
caractéristiques en commun. D’une part, tenir un niveau de confiance dans sa
elles constituent des canaux directs entre capacité à remplir ses obligations et à ne
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prêteurs et emprunteurs (désintermédia- pas disparaître. La transparence sur les
tion). D’autre part, elles ont toutes un fon- informations collectées ainsi que sur les
dement technologique fort (TIC, big data, performances financières permet d’évi-
etc.). Enfin, elles placent l’automatisation ter l’apparition de rumeurs créatrices
(baisse du coût marginal) au centre de de défiance. L’automatisation a un rôle
leurs préoccupations. important dans la baisse des coûts d’un
crédit, pour concurrencer un finance-
Nous avons vu que les banques ne rem-
ment bancaire. De plus, en s’appuyant sur
plissent plus aussi efficacement qu’aupa-
les données maintenant disponibles en
ravant leur rôle d’intermédiaire entre les
masse avec le big data, le calcul des prix
besoins et les liquidités disponibles dans
d’un financement repose de plus en plus
l’économie. Il y a ainsi un basculement
sur une analyse objective, permettant
vers une économie désintermédiée, qui
d’éviter le risque d’anti-sélection par une
favorise les sources de financement non-
appréciation plus fine du risque probable.
bancaires. Les plateformes déjà citées
sont nées de cette volonté de mettre en
Ű Ű Accessibilité, adaptabilité
relation de la façon la plus optimale pos-
sible les besoins des uns avec les excé-
et transparence
dents des autres. Comment, pourquoi et en quoi le non-
banking favorise-t-il davantage le finance-
Internet permet de connecter entre eux
ment de l’innovation que le financement
une multitude d’individus en les ras-
bancaire ?
semblant dans un même lieu virtuel. Ce
réseau vient rendre – pour partie – la Tout d’abord, le non-banking diminue le
place des banques moins centrale. Le rôle coût d’accès aux financements en suppri-
d’intermédiaire de celles-ci était aupa- mant les contraintes d’octroi des crédits
ravant nécessaire du fait de la distance bancaires. Comme nous l’avons noté pré-
géographique entre les individus, lorsqu’il cédemment, à la suite de la crise finan-
était impossible pour un retraité du sud de cière, les banques ont accru les clauses
la France de connaître l’opportunité d’in- et garanties demandées aux entreprises
vestissement dans une jeune entreprise pour obtenir un crédit. Bien que le coût

Entreprendre & Innover / Novembre 2015 / 17


Dossier : Non-banking : une alternative au financement bancaire pour les entrepreneurs

financier d’un crédit ait diminué, le Les banques se concentrent sur l’histo-
nombre d’entreprises pouvant en bénéfi- rique tandis que le non-banking laisse
cier s’est donc réduit. Le non-banking sup- une part plus importante à l’analyse du
prime ces barrières à l’entrée par un prix futur dans ses prévisions (ceci explique
adapté au risque, souvent plus élevé mais pour partie l’importance du big data pour
qui convient aux projets naissants du fait la construction des modèles de scoring
d’une rentabilité attendue plus élevée. et d’analyse des risques, les données de
marché se révélant comparativement plus
De plus, les solutions proposées par les
importantes). Par exemple, la plateforme
financements non-bancaires couvrent
de prêts en ligne aux États-Unis, OnDeck,
un plus large panel de besoins. Du bas
utilise plus de 14 000 data points afin
de bilan au haut de bilan, les entreprises
d’analyser le risque de défaut d’une entre-
trouvent dans chaque situation une solu-
prise. Les établissements bancaires quant
tion spécifique du fait de la diversité des
à eux privilégient l’analyse sur un nombre
plateformes de financement existante.
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restreint d’indicateurs financiers (entre
L’enjeu reste de savoir dans quelle mesure
10 et 30). Cette différence s’explique par
cette diversité permettra de couvrir l’inté-
l’utilisation qui est attendue des algo-
gralité des besoins des entreprises, qu’il
rithmes développés. Lorsqu’une banque
s’agisse de la nature des fonds (equity,
effectue une notation automatique d’une
dette, autre), de l’objet du financement
entreprise pour apprécier son risque,
(BFR, investissement, etc.) ou de la taille
celle-ci a besoin de pouvoir expliquer aux
(TPE, PME, ETI, etc.).
différentes parties impliquées (client,
Le dernier point, déjà évoqué, concerne apporteur d’affaires, conseiller en agence,
la transparence entre prêteurs et emprun- régulateur, etc.) comment elle est arri-
teurs. Condition nécessaire au bon vée à ce résultat. Cela nécessite donc
fonctionnement du non-banking, la trans- que le modèle puisse être « décortiqué »
parence accroît la confiance des inves- pour montrer que tel indicateur a eu un
tisseurs dans les plateformes et sur le impact négatif ou positif sur la notation.
contrôle du risque des prêts. La proximité De plus, ces indicateurs sont construits
virtuelle entre investisseurs et emprun- sur la base des informations financières
teurs permise par Internet rend plus facile et qualitatives provenant des publications
l’accès à la liquidité pour les entreprises, financières de l’entreprise ainsi que de
car les apporteurs de fonds savent avec son historique de crédit, excluant de facto
plus de précision avec quel niveau de toutes les jeunes entreprises innovantes,
risque ils investissent. à moins de se livrer à une analyse appro-
fondie du dossier. Un coût d’acquisition
L’innovation dans le trop élevé relativement au gain espéré.
financement au service du Le non-banking a développé de nouveaux
financement de l’innovation modèles prédictifs, utilisant de nom-
breux facteurs (de nature financière,
Les nouvelles solutions non-banking
économique, sociale, comportementale,
s’adressant aux jeunes entreprises inno-
etc.) pouvant s’appliquer à une  entre-
vantes se différencient des banques par
prise en création. En effet, les algorithmes
leur modèle d’appréciation du risque.
développés ont une forte composante

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Gautier Mariage, Benjamin Le Pendeven

technologique appuyée sur le big data et financeurs privilégient le non-banking


les nouveaux modèles mathématiques de comme canal d’investissement vers les
la Data Science pour déterminer des pré- entreprises, c’est que l’intermédiation
visions sur l’ensemble des données dispo- est plus transparente. Le risque est certes
nibles. plus élevé, mais il est bien connu des
investisseurs. Les investisseurs, particu-
Ű Ű Plus d’un million de participants liers comme professionnels, ont subi un
aux plateformes de crowdfunding certain traumatisme lors de la crise finan-
cière de 2007-2008 quand ils ont appris
Selon l’association « Financement Partici­
que les produits financiers structurés et
patif France »8 regroupant les plateformes
considérés comme sûrs cachaient finale-
de Crowdfunding, qui ne représente
ment des prêts très risqués. L’information
qu’une part restreinte des solutions de
sur le risque se perdait au fil des titrisa-
non-banking, ce sont 10 777 projets (pas
tions en cascade. Il semble acquis qu’à
tous de nature entrepreneuriale) qui
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niveau de risque relativement compa-
ont été mis en ligne sur six mois. À titre
rable, les particuliers désireront de plus
de comparaison, sur la même période,
en plus allouer eux-mêmes leur épargne.
285 316 créations d’entreprises ont été
recensées9, 54 998 si l’on exclut les auto-
Ű Ű Des défis à relever
entrepreneurs. Ces projets sont financés
en grande partie par des particuliers, En France comme ailleurs, l’entrepreneu-
avec un investissement moyen de 6 581 € riat se développe, et se renforce dans sa
pour un prêt rémunéré et 2 036 € pour composante technologique. Les start-ups,
une augmentation de capital. Selon le très agiles, nécessitent des fonds pour
même baromètre, les financeurs français croître, embaucher, s’internationaliser,
en Crowdfunding sont aujourd’hui plus innover. Or les acteurs bancaires tradi-
d’un million. Nous voyons ainsi, à petite tionnels financent de moins en moins
échelle, l’impact quantitatif que peut le risque, notamment entrepreneurial.
avoir le non-banking sur le financement Aussi de nouvelles formes non-banking
de l’entrepreneuriat. ont émergé, visant à combler ce manque.
Celles-ci sont en fort développement. Nous
Le vrai moteur du financement non-
voyons émerger de nouveaux modèles, en
banking aux jeunes entreprises innovantes
nombre. Cette « vague » de Fintech est
se trouve du côté des financeurs. Les
réjouissante, car elle offre l’opportunité
investisseurs en recherche de rentabilité
aux entrepreneurs de trouver des produits
promeuvent des investissements plus ris-
financiers adaptés à leurs perspectives de
qués, les entrepreneurs avec des sources
développement, et profil de risque.
de financement externes plus accessibles
sont ainsi plus à même de prendre des Toutefois, il convient de ne pas sous-
risques et d’innover. Si aujourd’hui les estimer les enjeux qui viennent question-
ner, voire à terme affecter l’émergence de
cette « nouvelle finance ».
8 Baromètre 1er Semestre 2014 réalisé pour l’association
Financement Participatif France par Compinnov selon les
données collectées auprès de 37 plateformes en activité.
En premier lieu, un certain flou persiste
9 Chiffres INSEE, Créations d’entreprises individuelles
entre non-banking et shadow-banking
(auto-entrepreneurs compris) de Janvier à Juin 2014. (ou « finance de l’ombre  »). Finance

Entreprendre & Innover / Novembre 2015 / 19


Dossier : Non-banking : une alternative au financement bancaire pour les entrepreneurs

alternative qui historiquement opère pour financement non-banking sont aujourd’hui


partie en dehors des régulations ban- relativement répandues dans le milieu
caires, le shadow-banking est porteur de start-ups. Afin de confirmer la pertinence
nombreuses représentations négatives et de leur modèle, celles-ci devront très vite
se retrouve être pour certains le symbole démontrer leur capacité à être utilisées
même de cette « finance folle » qui met par l’ensemble du tissu entrepreneurial et
en péril l’économie mondiale. Composée des TPME/PME, partout en France et quel
notamment des hedge-funds et fonds que soit le secteur d’activité.
d’investissement (notamment LBO), cette
Devant les espoirs comme les enjeux
catégorie est encore trop large, et concep-
en question, le secteur du financement
tuellement trop peu différenciée du non-
non-banking, notamment à destination
banking. Afin de mieux comprendre les
des PME innovantes, devra se structurer
enjeux et spécificités, un travail de caté-
et communiquer sur ses performances.
gorisation plus fin semble indispensable ;
Parallèlement à cela, il semble nécessaire
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−− mesure des performances. Les modèles que la recherche en finance s’intéresse de
non-banking sont pour la plupart émer- plus près à l’émergence de ces nouvelles
gents. Aussi, il deviendra très vite formes de financement, pour mieux les
nécessaire de mieux démontrer les per- comprendre et en analyser l’impact et les
formances de ceux-ci, notamment pour implications.
les projets entrepreneuriaux et innovants.
À défaut, il est à craindre que le manque Gautier Mariage est normalien, agrégé d’écono-
d’informations vienne réduire sensible- mie-gestion, Financial Scientist chez Finexkap. Il
ment les encours orientés sur cette classe s’intéresse en particulier aux innovations finan-
d’actifs (pour peu qu’elle en devienne une cières à destination des PME.

à part entière) ;
Benjamin Le Pendeven est chercheur et doctorant
−− démocratisation de l’accès. Principale­ au laboratoire LIRSA du CNAM. Ses travaux portent
ment basées sur les nouvelles technolo- sur le financement de l’innovation, des PME, l’inno-
gies (NTIC, big data, etc.), les solutions de vation et l’entrepreneuriat.

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