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Surtout, ce pays bordé par la mer des Caraïbes pâtit d’un taux d’homicide parmi les plus forts
au monde – hors conflit militarisé. Les Nations unies établissaient ainsi en 2015 un taux de
63,8 homicides pour 100 000 habitants. Ce chiffre avait même culminé à 93,2 en 2011.
Comment s’explique cette ultraviolence ? D’abord parce que le pays, indépendant depuis
1821, a vu son histoire émaillée de multiples coups d’Etat – dont le dernier en 2009 –, une
guerre civile et des conflits récurrents avec ses voisins – le Guatemala en 1880 et le Salvador
lors de la brève « guerre du foot » en 1969.
« Exportation de la délinquance »
Mais le grand basculement dans la violence du Honduras s’opère à la fin des années 1990. Les
Etats-Unis procèdent alors à de grandes vagues de « déportations », renvoyant dans leur pays
d’origine des délinquants arrêtés sur leur territoire. « Cette exportation de la délinquance
américanisée a bouleversé le fragile équilibre social du pays, favorisant l’émergence de
gangs ultraviolents », note Christophe Ventura, de l’IRIS. Un mouvement qui s’accompagne
d’« une extension à toute l’Amérique latine du narcotrafic, suite à l’échec de la militarisation
de la lutte contre les trafics de drogue, imposée par les Etats-Unis ».
Menaces américaines
« Pris en étau entre pauvreté extrême et ultraviolence, de plus en plus de Honduriens
choisissent de fuir leur pays, poussés par le désespoir le plus extrême », résume Christophe
Ventura, de l’IRIS. En 2014, pour la première fois dans l’histoire de l’immigration
d’Amérique latine, le nombre de migrants venus du Triangle du nord a dépassé ceux du
Mexique à la frontière avec les Etats-Unis.
Une situation qui déplaît fortement à Donald Trump. Le président américain a annoncé, lundi
22 octobre, que les Etats-Unis allaient réduire l’aide allouée au Guatemala, au Honduras et au
Salvador, déplorant que ces Etats n’aient pas été capables « d’empêcher les gens
de quitter leur pays pour entrer illégalement aux Etats-Unis ». « Nous
allons commencer à couper, ou réduire de façon significative, l’énorme aide internationale
que nous leur accordons », a indiqué M. Trump dans un Tweet.
La décision aura de lourdes conséquences pour le Honduras. « Le pays, qui exporte très peu,
ne sera pas en mesure de défendre sa souveraineté politique et économique », souligne
Christophe Ventura, qui parle de « cercle vicieux » :« La ligne défendue par Donald Trump
est de continuer à sous-traiter la gestion des migrations aux pays d’origine,
sans aider à résorber les problèmes sociaux qui engendrent ces situations de détresse et
poussent les gens à l’exil. »