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A Quoi Sert Le Coffre-Fort de L'apocalypse Construit en Arctique PDF
A Quoi Sert Le Coffre-Fort de L'apocalypse Construit en Arctique PDF
en Arctique ?
Article mis à jour le 17 octobre 2019, 17:28 135 207 lectures
Le 26 février 2008, une réserve mondiale qui pourra contenir jusqu'à 4,5 millions d'échantillons
végétaux a été inaugurée au nord de la Norvège. Censée protéger le patrimoine alimentaire de
l'humanité d'une catastrophe planétaire, cette "Arche de Noé" suscite bien des interrogations
quant à ses motivations réelles. "Jardin d'Eden" ou "coffre-fort de l'apocalypse" ?
C'est dans un bunker prisonnier des glaces et d'une terre gelée en permanence appelée
permafrost que les graines des principales cultures vivrières du monde sont conservées à une
température de - 18 °C. Cette réserve, sous haute protection, se trouve sur une île de l'archipel
du Svalbard à 1 000 km du pôle Nord.
En 2008, 250 000 échantillons avaient déjà été collectés. Mi-2015, la chambre forte en comptait
850 000 et en 2018 le million a été atteint avec l'entrée de plus de 70 000 nouveaux échantillons
de riz, blé, maïs, niébé ou encore de sorgho.
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i Les différents États et institutions qui fournissent ces semences en restent propriétaires.
En effet, si une variété de culture vient à disparaître, les Etats et institutions pourront récupérer
les graines qu'ils ont déposées.
Si cela n'est bien sûr pas suffisant pour recréer l'ensemble de la biodiversité des végétaux, il
s'agit un palliatif qui pourrait être d'un grand secours en cas de crise majeure et planétaire.
Changements climatiques, menaces nucléaires, effondrement de la biodiversité, épidémies,
catastrophes naturelles, chute d'un météorite... Les raisons ne manquent malheureusement pas
pour justifier un tel projet.
En fait, le "jardin d'Eden" se rapproche davantage d'un blockhaus puisqu'il comprend des portes
blindées, des caméras de surveillance, des parois en béton armé de plus d'un mètre d'épaisseur
et que la conception d'ensemble, protégée par la roche de la montagne, permet en théorie de
résister aux tremblements de terre et même, selon leur concepteur, à une attaque nucléaire
directe ou à une chute d'avion. De plus, les chambres froides sont situées à 130 mètres au-
dessus du niveau de la mer pour échapper à la montée du niveau des océans, conséquence très
probable du réchauffement climatique. Il n'y aura pas de personnel présent en permanence mais
une gestion et une surveillance à distance.
Si le niveau de protection peut rassurer, il peut inquiéter également quant à l'ampleur des
menaces prise en compte, ce que confirme dans son discours José Manuel Barroso : "nous
espérons et oeuvrons pour le meilleur, mais nous devons nous préparer au pire".
Le nom officiel du projet est "Svalbard Global Seed Vault" alors que les partenaires qui y
collaborent l'appellent entre eux "le coffre-fort de l'apocalypse" (doomsday vault), ce qui n'est
guère rassurant.
De surcroît, les noms bien connus des différents investisseurs sèment le trouble sur l'objectif
réel de ce projet. En effet, le Réseau Semences Paysannes souligne dans un communiqué que
ce projet est le fruit d'un accord tripartite entre le gouvernement norvégien, le « Global Crop
Diversity Trust » et la « Nordic Gene Bank ». Le « Trust » - financé et soutenu notamment par la
Fondation Bill et Milinda Gates, La Fondation Rockefeller, Dupont/Pioneer, Syngenta AG et la
Fédération Internationale des Semences, les plus importants acteurs et lobbyistes de l'industrie
des semences – financera les opérations de « l'Arche ».
Or, la plupart de ces structures ne sont pas réputées pour favoriser la diversité génétique et
l'accès aux ressources génétiques vivantes actuelles. En effet, selon le Réseau Semences
Paysannes, "elles imposent partout des lois qui remettent en cause les droits des paysans de
conserver, utiliser, échanger et vendre les semences reproduites à la ferme (...) Elles les obligent
ainsi à acheter celles de l'industrie, seules à pouvoir être inscrites dans les catalogues officiels
requis pour toute vente. Dans de nombreux pays, les paysans n'ont même plus le droit de
ressemer leur récolte." De plus, "elles généralisent la culture des organismes génétiquement
modifiés (OGM) par des stratégies commerciales agressives mettant en danger la diversité des
semences fermières."
Notons qu'il existe déjà des banques de semences à travers le monde qui conservent en
plusieurs exemplaires les graines si précieuses. Les concentrer en un seul endroit, si les autres
devaient fermer pour différentes raisons, pourrait au contraire, augmenter considérablement le
risque que ce projet cherche à prévenir officiellement.
Enfin, officiellement, les graines pourraient se conserver pendant 400 à 500 ans, mais personne
ne sait vraiment combien de temps elles pourront garder leur capacité à germer (chez un
particulier, dans un simple placard, les graines ne se conservent que quelques petites années).
Une incertitude qui sème le doute pour Guy Kastler, fondateur du Réseau Semences Paysannes :
"le seul intérêt pour les multinationales c'est de déposer des brevets sur les séquences
génétiques des graines". Considérant que les semences seront mortes à moyen terme, elles ne
pourront effectivement pas remplir le rôle qui est prévu par le projet.
En août 205, 750 semences de pommes de terre provenant de variétés rares ont été déposées
dans le grenier de glace. Elles appartiennent aux représentants de communautés autochtones
andines ayant contribué à la création du Parque de la Papa (Parc de la pomme de terre) à Cuzco
(Pérou).
"La pomme de terre est originaire des Andes en Amérique du Sud. Au fil des siècles, les
agriculteurs andins en ont sélectionné plus de 2 000 variétés de toutes formes, couleurs et
tailles. La pomme de terre a également des dizaines de parents sauvages, de l'Uruguay à
l'Arizona. Aujourd'hui troisième aliment le plus consommé dans le monde, elle contribue à
nourrir plus d'un milliard de personnes chaque jour. Ce remarquable tubercule – pauvre en
graisses mais à haute teneur en protéines, en calcium et en vitamine C – est cultivé sur tous les
continents.
Toutefois, le réchauffement de la planète et les maladies comme le mildiou de la pomme de
terre – qui cause 8,5 milliards de dollars de pertes chaque année dans les pays en
développement, mettent en péril cette ressource inestimable, de même que la modernisation de
l'agriculture et les changements d'affectation des terres. Ainsi, de nombreuses variétés de
pommes de terre ont disparu au cours des dernières décennies, une grande perte à la fois pour
les communautés andines d'où elles étaient natives, et pour le monde entier" (FAO, 08/2015).
"C'est la première fois que l'on nous demande de récupérer des graines", a indiqué Åsmund Asdal,
le coordinateur de la réserve du Svalbard. "C'est une mauvaise nouvelle pour l'Icarda et pour la
banque de gènes d'Alep qui est détruite, mais, pour nous, c'est la confirmation que la Réserve
mondiale du Svalbard est une mesure mondiale utile et indispensable".
Mais la forteresse conçue pour résister à la fin du monde montre déjà des signes de faiblesse.
Si le grenier de l'Arctique reste hors d'atteinte d'une montée des eaux, il n'a pas résisté à la fonte
du pergélisol : en octobre 2016, après une année record en terme de chaleur, l'entrée du tunnel
qui mène à la réserve à connu une fuite d'eau. "L'eau qui s'est écoulée à l'intérieur s'est
transformée en glace (...) Nous l'avons retirée", a expliqué Hege Njaa Aschim, un porte-parole du
gouvernement norvégien.
Conséquence : un nouveau mur a été construit et des mesures supplémentaires ont été prises
pour évacuer toute source de chaleur qui pourrait faire fondre la glace autour du site. Mais il
sera bien difficile de lutter contre le réchauffement exceptionnel enregistré dans la région...
Références
"Doomsday Seed Vault" in the Arctic - GlobalResearch.ca - Centre for Research on Globalization
"L'Arche de Noé végétale" : QUI AURA LA CLEF DE LA PORTE ? - Réseau Semences Paysannes
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