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Sciences économiques

PRODUCTION
Stratégie de production & productivité
2024

CeDES
Centre de Didactique Économique & Sociale
Régis FALQUE
Centre de Didactique Économique et Sociale

Table des matières


1. Production & productivité
a. Production & productivité
b. Choix de la combinaison de production
c. Mesure de l’efficacité des facteurs de production : la productivité
i. La productivité
ii. La variation de la productivité
iii. Conséquences des gains de productivité
iv. Critiques de la théorie du producteur
2. Les coûts de production
a. Coûts fixes, coûts variables et coûts totaux
b. Recettes, profits, pertes et point mort
3. La valeur ajoutée
Regards croisés – Le télétravail

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1. Production & productivité


a. Production & productivité

Voici un graphique1 présentant des données sur la production automobile mondiale


du 1er semestre 2019/20 par constructeur (pour les voitures appartenant à la catégorie «
passenger cars & light urban vehicules »)

Qu’entend-on par « production2 » ?

La production est la quantité de biens et de services produite, sur une période


donnée, par une entreprise, une industrie ou un pays.

Quelle différence y a-t-il entre les six premiers mois de l’année 2019 et ceux de
l’année 2020 ? Pour quelle(s) raisons (présente tes hypothèses) ?

La production a diminué. Les raisons probables sont celles d’un ralentissement de


l’économie, à l’échelle mondiale, en raison de la pandémie Covid-19 (réduction de la
consommation et arrêt des chaînes de montage pour des raisons sanitaires).

1 Pérou, J., Les chiffres clés de la production automobile mondiale (2020), https://www.largus.fr/pros/actualite-
automobile/les-chiffres-cles-de-la-production-automobile-mondiale-10399393.html (19 oct. 2023)
2 Deardorffs' Glossary of International Economics, http://www-personal.umich.edu /~alandear/glossary (10

oct. 2023)

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Voici un extrait d’article3 issu du journal Le Figaro et qui traite du télétravail. Lis-le et
réponds aux questions.

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Le télétravail aurait fait grimper la productivité des salariés de 22 %

Le télétravail rend les salariés plus efficaces. C’est ce qui ressort de l’étude publiée ce
lundi par l’Institut Sapiens. Selon le think tank, la productivité des employés travaillant à distance
a augmenté de 22%. Un chiffre, indiquent les auteurs, tiré d'une étude du cabinet Kronos sur
le télétravail datant de 2016 mais toujours d'actualité. «Notre laboratoire travaille de son côté
sur une modélisation par rapport au premier confinement. Dans ses premières estimations, il
est à 23% de hausse de la productivité, ce qui recoupe le chiffre de Kronos. Pour nous cette
donnée est donc totalement pertinente, même quatre ans après», explique Erwann Tison,
directeur des études de l'Institut Sapiens

Les raisons sont multiples. Parmi elles, une réduction des « distractions et perturbations
», selon les auteurs, telles que les pauses-café, les déjeuners à rallonge, les bruits environnants
ou encore les « réunions inutiles et chronophages qui nuisent à la productivité ». Le temps de
trajet économisé s’est par ailleurs transformé en temps d’activité ou en temps de sommeil
économisé, permettant aux salariés d’être en meilleure forme.
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Qu’entend-on par « productivité » ?

La productivité mesure l’efficacité des facteurs de production. En somme, c’est le


rapport entre la quantité produite et les facteurs de production (capital et travail).

Productivité = Q produite / Q facteurs (K & L) ou

Regards croisés
L’extrait supra fait état d’un accroissement de la productivité grâce au télétravail. Loin d’être une
panacée, ce dernier doit certes s’analyser via le prisme de l’économie, mais pas seulement. Le dossier
de fin de parcours t’invite à une ouverture sur le sujet et à adopter un regard pluridisciplinaire sur la
question (risques psychosociaux, impacts physiques, etc.).

3 Gazzane, H., Le télétravail aurait fait grimper la productivité des salariés de 22 % (2021),
https://www.lefigaro.fr/conjoncture/le-teletravail-a-fait-grimper-la-productivite-des-salaries-de-22-20210315
(19 oct. 2023).

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En raisonnant à partir de la formule de la productivité, trouve des cas (réels, à partir


de tes connaissances ou de recherches, ou fictifs) dans lesquels :

• la production & la productivité augmentent

Si Y↑ => r↑
À facteurs inchangés (en quantité), une entreprise produit plus.

Ex. Machines plus performantes, formation du personnel, etc.

• la production & la productivité diminuent

Si Y↓ => r↓
À facteurs inchangés (en quantité), une entreprise produit moins.

Ex. L’indépendant qui, avec le même volume horaire, en raison d’une maladie, n’est
plus aussi efficace dans ses journées.

• la production augmente mais la productivité diminue

Si Y↑ => r↑ MAIS r↓↓ parce que les facteurs K&L nécessaires ↑↑ et viennent donc «
plomber » l’augmentation de Y et son impact sur la productivité.

Ex. Une entreprise qui produit 1.8 fois ce qu’elle produisait avant son investissement,
mais avec le double de machines et de personnel.

• la production diminue mais la productivité augmente

Si Y↓ => r↓ MAIS r↑↑ parce que les facteurs K&L nécessaires ↓↓ et viennent donc «
compenser » la diminution de Y et son impact sur la productivité.

Ex. Une entreprise qui produit 0,75 fois ce qu’elle produisait, mais avec moitié moins
de machines et de personnel

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Fonction de production (Y) :

La production (Y) est fonction du capital (K) et du travail (L)

Note au professeur et approche « intuitive » de la fonction de production

La fonction de production est une fonction de Cobb-Douglas, matière universitaire.


La productivité marginale est évidemment décroissante (matière de D3). Mais visuellement,
on pourra faire remarquer aux élèves que sa forme tout à fait particulière nous renseigne
sur le fait qu’augmenter indéfiniment un des facteurs de production n’aboutit, in fine, pas à
augmenter la production.

Un exemple assez intuitif serait celui-ci :

5 camionneurs disposent de 5 semi-remorques pour effectuer leurs livraisons.


Augmenteront-ils leur nombre de livraisons si ces 5 camionneurs disposent de 50 semi-
remorques (on multiplie par 10 le facteur K, à facteur L inchangé) ? La réponse est non. La
même chose vaut dans l’autre sens. Augmenteront-ils leur nombre de livraisons si on
dispose de 5 semi-remorques pour 50 camionneurs ? Non plus. D’où la forme de la fonction
de production.

Formule de productivité (r) :

La productivité (r) est le rapport entre la quantité produite (Y)


et la quantité de facteurs de production nécessaires (capital & travail ou K et L).

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b. Choix de la combinaison de production

Pour maximiser ses profits (Max π), tout entrepreneur doit s'efforcer de minimiser
ses coûts de production et donc tirer le meilleur parti des deux facteurs de production
: travail (L, pour labor) et capital (K). Il lui faut donc choisir la quantité de travail et de
capital qui sera la moins coûteuse pour un niveau de production donné.

Maximiser Y (ou max π)…


...sous contrainte de minimisation des CT.
CT = rK + wL où
r = coût du capital
w (wage) = salaire, ou coût du travail
Le choix de la meilleure combinaison productive dépendra du coût relatif travail/capital
ainsi que de leur productivité respective.

Exemple

Soit l'entreprise Piscinair qui fabrique des piscines hors-sol. Pour fabriquer 100
piscines par mois, elle dispose de trois combinaisons productives possibles :

Combinaison 1 Combinaison 2 Combinaison 3

Quantité L (en heure) 180 150 130

Quantité K (en machines) 7 10 15

Production Y (nbr piscines) 100 100 100

Coût total (CT)

Sachant que le coût d'une heure de travail (coût du travail = w) s'élève à 30 euros et
que le coût d'une machine (coût du capital = r) s’élève à 150 euros mensuels, quelle
combinaison l'entrepreneur choisira-t-il ? Représente ces diverses combinaisons sur un
graphique et calcule leurs coûts totaux.

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Suite à des revendications salariales, l'heure de travail s'élève à 40 euros. L'entreprise


va-t-elle garder la même combinaison productive ? Représente ces diverses combinaisons
sur un graphiques et calcule leurs coûts totaux.

Rappel : La formule pour calculer la pente m d’une droite qui passe par les points A(X1, Y1) et B(X2, Y2)
est , où ∆Y représente la variation des ordonnées et ∆X représente la variation

des abscisses.

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Isoquant : Dans la théorie néo-classique du producteur, un isoquant est une courbe


qui relie toutes les combinaisons de facteurs (capital et travail) permettant d'obtenir le même
niveau de production.

Isocoût : Dans la théorie néoclassique du producteur, un isocoût est une droite


représentant toutes les combinaisons des facteurs de production caractérisées par le même
coût total

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Isoquant & isocoût - Optimisation : La meilleure combinaison de facteurs est donc


celle qui maximise la production (Y) en minimisant les coûts totaux (CT). « Les entreprises
cherchant à minimiser leurs coûts souhaitent produire autant qu’il est possible pour tout
niveau de dépenses donné. Elles vont donc choisir l’isoquant le plus élevé qu’elles peuvent
atteindre pour une droite d’isocoût donnée. Il s’agira de l’isoquant tangent à la droite
d’isocoût. » (Stiglitz, 2003, p. 239)

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c. Mesure de l’efficacité des facteurs de production : la


productivité
i) La productivité

Comme on l’a dit précédemment, la productivité des facteurs de production (travail


et capital) est le rapport qui existe entre la production d’une entreprise et ces facteurs.

Productivité du capital (K) : Y / K

Productivité du travail (L) : Y / L

Productivité des facteurs de production (K , L) : Y / (K , L)

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Ex. 1 – Une entreprise a produit des marchandises pour une valeur de 80.000€ en
1.500h. Calcule la productivité, par heure, de l’entreprise.

80.000€ / 1.500h = 53 € par heure de travail

Ex. 2 - Une entreprise a produit des biens ou des services pour une valeur de 80.000€
en une semaine avec 30 employés. Calcule la productivité du travail.

80.000€ / 30 empl. = 2.666€ par employé par semaine

Ex. 3 – Une entreprise produit 15.500 tubes de dentifrice en faisant tourner ses
machines 60h par semaine. Calcule la productivité horaire.

15.500 tubes / 60h = 258,33 tubes par h.

Ex. 4 – Une entreprise produit 3.600 lampes de bureau par semaine et, pour cela,
emploie 12 personnes. Calcule la productivité par tête.

3.600 lampes / 12 empl. = 300 lampes par personne par semaine

ii) La variation de la productivité

Afin de se rendre compte de l’importance de l’évolution (augmentation ou diminution)


de la productivité dans le temps mais aussi entre entreprises, on peut calculer le taux
d’accroissement de la productivité (r, pour rate (taux)) selon la formule suivante :

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Exercice 1

Calcule le taux d’accroissement de la productivité dans la culture du blé entre 1970 et


1998 sur base des données suivantes :

Données 1970 1998

Productivité physique
5,37 tonnes / agriculteur 42,56 tonnes / agriculteur
des agriculteurs

∆r = ((42,56 – 5,37) / 5,37).100 = 692,5%

Interprétation : La productivité a été multiplée par 7.

À ton avis, pourquoi une telle évolution ?

Deux raisons :

• La première est la mécanisation, permettant une production plus importante à facteurs


inchangés => Y ↑ / (K,L) = Productivité qui augmente

• La seconde, qui s’est déroulée en même temps que la première, est la diminution du
nombre d’agriculteurs qui, à production totale inchangée, augmente également la
productivité => Y / (K,L ↓ ) : Productivité qui augmente

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Exercice 2

Y a-t-il une amélioration de la productivité horaire en valeur mensuelle entre 2008 et


2009 ? Si oui, chiffre cette évolution. Prouve ta réponse par un calcul.

2008 2009

Nombre de jeans produits


10.000 jeans 12.000 jeans
mensuellement

Prix de vente d’un jeans 60€ 65€

Nombre de salariés 70 salariés 80 salariés

Nombre mensuel d’heures de


200h/salarié/mois 210h/salarié/mois
travail par salarié

Productivité horaire en 2008

(10.000 jeans . 60€) / (70 salariés . 200h) = 600.000 € / 14.000h = 42,86€/h de travail

Productivité horaire en 2009

(12.000 jeans . 65€) / (80 salariés . 210h) = 780.000 € / 16.800h = 46,43€/h de travail

∆ Productivité

[ (46,43-42,86) / 42,86 ] . 100 = 5,86% (augmentation de la productivité horaire)

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iii) Conséquences des gains de productivité

Une hausse de la productivité permet à une entreprise de produire plus avec une
même quantité de facteurs ou autant avec moins de facteurs. Cet effet se traduit par une
diminution du coût unitaire de production.

Les gains de productivité réalisés par une entreprise peuvent se répartir de différentes
manières. Ils peuvent bénéficier aux salariés sous forme d’une augmentation de salaire ou
d’une diminution du temps de travail. Ils peuvent bénéficier également à l’entreprise qui
augmente ses profits grâce à la diminution des coûts salariaux et devient ainsi plus rentable.
L’entreprise peut alors soit accroître ses investissements, soit distribuer des revenus
supplémentaires à ses actionnaires. L’entreprise dans un contexte de forte concurrence
peut chercher à utiliser ses gains de productivité pour diminuer ses prix. Cela profite aux
consommateurs. L’entreprise devient dès lors plus compétitive.

Les gains de productivité permettent une redistribution du revenu aux salariés, aux
consommateurs ou à l’entreprise elle-même. L’augmentation de salaire, la diminution de
prix et les revenus supplémentaires des actionnaires entraînent une hausse du pouvoir
d’achat. Cette redistribution permet une augmentation de la demande qui se traduit par une
augmentation de l’emploi. Cela vient compenser la perte d’emploi qu’une hausse de
productivité engendre à court terme.

À court terme, une hausse de la productivité peut aboutir à une suppression des
emplois puisque l’homme peut être remplacé par des machines. Mais à long terme, les gains
permettent une augmentation de la demande génératrice d’une hausse de la production et
de la demande de travail par les entreprises. Ce mécanisme s’appelle l’effet de
déversement.

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iv) Critique de la théorie du producteur4

1. La transposition de l'hypothèse de concurrence parfaite à la théorie de la


production est inadaptée car le travailleur n'est pas un simple bien mais est une réalité
humaine inscrite par sa vie de tous les jours dans un environnement qui lui est propre (sa
maison, l'école de ses enfants, etc.).

2. Le parallélisme de l'analyse du consommateur et de l'analyse du producteur est


choquant. En effet, il est concevable que la variation des prix relatifs de deux biens par
exemple, la viande de bœuf et la viande de porc, conduise le consommateur à substituer
l'un à l'autre dans son panel de consommation. Mais on ne peut sans poser des questions
d'ordre éthique transposer ce type de raisonnement à la substitution de la machine (capital)
à l'homme dans la théorie du producteur comme moyen de minimiser le coût de production.

3. D'ailleurs, il convient d'affirmer avec force à ce stade de la réflexion que


l'économie est au service de l'homme et non l'homme au service de l'économie. De
plus, le droit au travail est un droit qui permet à chacun de structurer sa personnalité.

4. La gestion de l'avenir d'une entreprise implique nécessairement l'anticipation par


le management du créneau dans lequel elle doit s'inscrire et des produits qu'elle doit
fabriquer. Mais il est tout aussi évident que ce management a le devoir de prévoir et
d'assurer l’évolution adéquate de la formation du personnel qu'il emploie, en lui
donnant les moyens.

5. Le personnel n'est pas rempli de tous ses droits, vis-à-vis de son entreprise, par le
simple paiement d'un salaire. Les responsables doivent veiller à l'intégration harmonieuse
du personnel de l'entreprise dans le projet de celle-ci. Cela signifie qu'ils doivent
développer une culture d'entreprise et la faire partager par le personnel qu'ils emploient.
Ceci implique qu'ils l'associent à la définition des objectifs, notamment lors d'échanges

4
C. JAUMOTTE, Les mécanismes de l’économie, De Boeck, 2015, pp. 135-136

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informels au-delà des règles légales définissant le fonctionnement d'organes divers comme
le Conseil d'entreprise, etc.

6. Actuellement la théorie du producteur, telle qu'elle figure dans les manuels


classiques, néglige une part très importante de la société qu'est le secteur non marchand
: maisons de repos, hôpitaux, institutions d'enseignement, etc. Ce secteur basé sur le
service de personne à personne ne poursuit pas le profit financier pour l'enrichissement de
l'actionnaire, mais cherche à réaliser des marges suffisantes pour durer et améliorer la
qualité du service rendu. Il fonctionne d'ailleurs selon des normes souvent strictes fixées par
le pouvoir politique et ne peut assurer au mieux ses prestations que moyennant le
bénévolat. La théorie du producteur de biens marchands néglige donc pratiquement
plus d'un tiers des acteurs du bien-être de la collectivité.

7. L'entreprise est constituée de trois groupes de personnes :


- les détenteurs du capital qui ont une optique de gain financier ;
- le management qui a la responsabilité de produire des résultats financiers ;
- le personnel d'exécution qui assure le fonctionnement de l'entreprise.
On a pu constater dans les dernières décennies un déplacement du pouvoir et des
objectifs de l'entreprise. Après la guerre 1940-1945, le pouvoir appartenait au
management et le profit maximum de l'actionnaire n'était pas le premier objectif.
Actuellement, il semble que le pouvoir dans les entreprises est passé aux mains des
financiers et que le management est devenu le pouvoir exécutif à la solde de ceux-ci,
notamment par le paiement de bonus.

Note au professeur

Cette sous-section se prête bien à diverses activités d’ouverture : débat régulé, liens avec l’actualité
(ex. licenciements chez Delhaize), rencontres, etc. Une lecture qui viendrait prendre le contre-pied de la
recherche de la productivité « à tout prix » serait celle-ci : Benoit BERTHELOT, Le monde selon Amazon,
Cherche Midi, 2019. Ou encore le documentaire suivant : Loren FINDEISEN (réal.) (2021), Amazon, au cœur
d’une controverse française, Arte, https://youtu.be/8Bfke4SXuxM?si=kkgG0cHfUui8Djsr (2 nov. 2023)

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2. Les coûts de production


a. Coûts fixes, coûts variables et coûts totaux

Une machine à café à faible coût (mais à capsules), est-elle vraiment plus
intéressante qu’une machine plus onéreuse (mais qui fonctionne avec du café en
vrac) ?
Machine A - À grain moulu B - À capsule
Coût à l’achat 400 € 75 €
Q de café nécessaire / tasse 10 grammes 8 grammes
Prix du café / kg 15 € le kilo 125 € le kilo

Quel(s) coût(s) ne varie(nt) pas, peu importe le nombre de tasses servies ?


Le coût d’achat de la machine
Quel(s) coût(s) varie(nt) en fonction du nombre de tasses servies ?
Le coût du café nécessaire pour chaque tasse.

Calcule le coût, pour chaque machine et par tasse, du café utilisé :


Machine A : 15€ . 0,010 = 0,15€/tasse
Machine B : 125€ . 0,008 = 1€/tasse

Exprime la droite de coût de chaque machine sous forme d’une fonction mathématique telle
que C = f(T) (où C est le coût et T le nombre de tasses).

Fonction de coût de la machine A = 400 + 0,15T


Fonction de coût de la machine B = 75 + T
Intersection :
400 + 0,15 T = 75 + T
 325 = 0,85T
 T = 325/0,85 = 382 tasses (axe Y) soit 457,3€ (axe X)
Pour passer du nombre de tasses à la valeur, en €, on injecte le nombre de tasses
dans la fonction de coût (de la machine A ou B, peu importe, puisqu’il s’agit de
l’intersection)
Interprétation : Après 382 tasses, la machine A devient, financièrement, plus
intéressante que la machine B.

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Trace, dans le graphe ci-dessous, les droites représentant le coût, par tasse de café, pour
chaque machine.

Nombre de tasses
Les coûts fixes sont les coûts indépendants du niveau d'activité ou des quantités
produites dont l'entreprise doit s'acquitter pour son bon fonctionnement.

Exemples pour un restaurant : Abonnement internet (illimité), loyer, taxe foncière, etc.

Autres exemples :

Les coûts variables sont les coûts des facteurs variables, c'est-à-dire des facteurs de
production dont les quantités varient avec le niveau d'activité de l'entreprise ou les quantités
produites

Exemples pour un restaurant : Matières premières (fruits, légumes...), eau (ex. nombre
de chasses tirées ou encore vaisselle), gaz et électricité (si beaucoup de cuissons)...

Autres exemples :

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Coûts totaux : CT = CV + CF

b. Recettes, profits, pertes et point mort

Le propriétaire de la machine A (rappel : 400€ à l’achat et 0,15€ pas tasse) décide


de vendre ses cafés. Le prix est de 2€ la tasse. Complète le tableau suivant en calculant la
recette et le profit pour chaque quantité vendue. Aide-toi des formules suivantes.

Recette totale : RT = Prix . Quantité


Profit : π = RT - CT

Cafés vendus Recettes Coût Pertes / Profits

0 café vendu 0€ 400 € -400 €

100 cafés vendus 200 € 415 € -215 €

216 cafés vendus 432 € 432 € 0€

300 cafés vendus 600 € 445 € 155 €

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Sur le graphique ci-dessous, trace les droites suivantes : coûts fixes, coûts variables,
coûts totaux, profit

Comment peux-tu, par calcul, trouver le point mort ?

Au point mort : CT = RT

2X = 400 + 0,15X

=> 400 = 1,85X

=> X = 400/1,85 = 216 tasses

Le seuil de rentabilité correspond au chiffre d’affaires pour lequel une entreprise ne


réalise ni une perte ni un bénéfice, c’est-à-dire lorsque son résultat est nul (on appelle cela
aussi le point mort). Le calcul du seuil de rentabilité est une étape importante pour un
créateur d’entreprise car il permet de visualiser à partir de quel montant de chiffre d’affaires
l’entreprise couvrira l’ensemble de ses charges et deviendra rentable et sert donc comme
un objectif minimal à réaliser. Le dirigeant suivra son seuil de rentabilité tout au long de la
vie de son entreprise via l’analyse de son compte de résultat.

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3. La valeur ajoutée

Quelle est la recette née de cette vente ?

PV . Q = CA

10 . 10.000 = 100.000€

Cela correspond-il à la richesse que l’entreprise a réellement créée ?

Non, car les bouchons ont été produits par une autre entreprise

Comment calculer sa création de richesse ?

100.000€ (recette) – 10.000 (conso. Intermédiaire) = 90.000 (val. aj.)

La valeur ajoutée est donc :

La richesse réellement créée par


l’entreprise dans un processus de
production.

VA = Val. prod° - Conso. Interm.

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La valeur ajoutée est-elle égale au bénéfice ?

Non, car il faut tenir compte d’autres coûts (ex. salaires, impôts, amortissements,
intérêts, etc.)

Comment se répartit la valeur ajoutée ? Qui en est bénéficiaire et sous quelle forme
(= nom donné à la partie de la valeur ajoutée reçue) ?

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Exercice – Valeur ajoutée

Voici le compte de résultat d’une société :

CHARGES PRODUITS
Achats de marchandises 180.000 € Vente de 500.000 €
marchandises
Travaux d'entretien et de 10.000 €
réparation
Publicité 10.000 €
Transport de biens 40.000 €
Impôts, taxes et versements 50.000 €
assimilés
Rémunération du personnel 80.000 €
Charges de sécurité sociale 50.000 €
Charges d'intérêt 20.000 €
Dotation aux amortissements 30.000 €
Total des charges 470.000 € Total des produits 500.000 €
Bénéfice 30.000 €

L'assemblée générale des actionnaires s'est tenue le 30 avril suivant la clôture de cet
exercice et a décidé de répartir le bénéfice de la manière suivante:

• 10 000 € aux actionnaires à titre de dividendes ;

• 20 000 € mis en réserve (épargne de l'entreprise qui lui permettra d'autofinancer


ses nouveaux investissements)

Sur la base de ces informations, quel est le montant des consommations


intermédiaires.

Achat de marchandises : 180.000 €


+ Travaux : 10.000 €
+ Publicité : 10.000 €
+ Transport : 40.000 €
= 240.000 € pour la conso. Interm.

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Complète le tableau des bénéficiaires de la valeur ajoutée de l'entreprise.

Partage de la valeur ajoutée


Bénéficiaires Nature du revenu Montant

Travailleurs Salaires 80.000 €

État Impôts & taxes 50.000 €

État Charges salariales 50.000 €

Prêteurs Intérêts 20.000 €

Actionnaires Dividendes 10.000 €


Dotation aux
Entreprise 30.000 €
amortissements
Entreprise Réserves 20.000 €

Total de la valeur ajoutée 260.000 €

Regards croisés
Production, productivité et valeur ajoutée sont des notions complémentaires que l’on peut croiser pour
analyser des questions complexes. Par exemple : travailler plus permet-il de produire plus de valeur
ajoutée ? Pour le savoir : « Dessine-moi l’éco : les Français travaillent-ils moins que les autres ? » -
https://youtu.be/IeIwPvOX3vU?si=76YvPz2X3m3Q7wmf (2 nov. 2023)

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REGARDS CROISÉS – LE TÉLÉTRAVAIL

Le télétravail peut engendrer certains risques professionnels


liés notamment à l’organisation du travail et à l’aménagement
des postes des salariés à leur domicile.5
À domicile, les conditions dans lesquelles le télétravail régulier ou occasionnel s’exerce sont
susceptibles, dans certaines situations, d’exposer les salariés à des risques en matière de
santé et de sécurité qu’il convient d’évaluer.

Risques liés à l’aménagement du poste de travail

Un aménagement non adapté du poste de travail informatique à domicile peut générer des
contraintes posturales au niveau des membres supérieurs (épaules, coudes, poignets…) et
du rachis (cervical, dorsal, lombaire).

Par exemple :

• l’utilisation d’un ordinateur portable avec un petit écran, un pavé tactile et un clavier
intégrés ;
• l’absence de clavier et de souris déportés ;
• le travail réalisé ailleurs que sur un bureau (table de repas, table basse de salon…)
et avec un siège non prévu pour cet usage et non réglable.

Par ailleurs, une posture statique prolongée est susceptible d’engendrer une fatigue
musculaire par la sollicitation permanente des muscles permettant d’assurer son maintien.
C’est le cas notamment lors d’une consultation prolongée de l’écran, d’une utilisation
intensive du clavier ou de la souris.

Les conséquences peuvent essentiellement être la survenue de troubles


musculosquelettiques (TMS) d’intensité variable et se manifestant sous la forme de gêne,
de douleurs musculaires, tendineuses voire articulaires pouvant conduire à des lésions.

Risques liés aux postures sédentaires

L’aménagement du poste de travail et les modalités d’organisation de l’activité propres au


télétravail peuvent entraîner l’adoption fréquente et prolongée de postures sédentaires.

5 https://www.inrs.fr/risques/teletravail/risques-effets-sante.html (2 nov. 2023)

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Celles-ci correspondent au maintien dans le temps de la posture assise ou allongée


associée à une très faible dépense énergétique.

Le télétravail, lorsqu’il s’effectue au domicile, peut conduire à diminuer les déplacements à


pied quotidiens en supprimant les trajets vers le lieu de travail ou les déplacements à
l’intérieur de l’entreprise (accès au point d’impression centralisé, à la cafeteria…). Il amène
par ailleurs à rester assis plus longtemps devant son écran.

Ces postures de travail sédentaires contribuent à accroitre le risque d’atteintes à la santé :


pathologies cardiovasculaires (hypertension artérielle, insuffisance cardiaque…), troubles
métaboliques (diabète de type 2), obésité, cancers (colon, poumon, utérus…), problèmes
de santé mentale (dépression) ou de troubles musculo squelettiques (TMS).

Risque de fatigue visuelle liée à l’usage intensif de l’écran

Par rapport au travail au bureau, le télétravail accroit le temps passé devant l’ordinateur. Si
actuellement, il n’a pas été démontré que le travail informatisé pouvait engendrer des
pathologies visuelles, il n’en demeure pas moins que travailler devant un écran pendant
plusieurs heures d'affilée peut entraîner une fatigue visuelle. Phénomène réversible qui
disparaît après le repos, la fatigue visuelle se traduit par des plaintes, des modifications
physiologiques et une baisse des performances visuelles. Ses manifestations sont des
sensations de lourdeur des globes oculaires, des rougeurs, des picotements, des
éblouissements, une myopie temporaire, les yeux secs, des maux de tête...

Les facteurs de risque de fatigue visuelle peuvent être :

• individuels tels que la présence de défauts visuels, l’âge de la personne, une


correction visuelle non adaptée… ;
• liés à la conception du poste de travail : présence de reflets sur l'écran, éclairement
inapproprié, écran mal positionné, distance œil – écran trop courte, mauvaise qualité
de l'image… ;
• organisationnels : durée du travail excessive, absence de pauses visuelles...

Risques psychosociaux

Selon les situations propres à chaque entreprise, le télétravail peut générer des facteurs de
risques psychosociaux ou en accentuer les effets. Il est important de les repérer et de les
évaluer, notamment :

• l’augmentation de la charge de travail et l’enchaînement de longues journées de


travail ;
• l’accès plus complexe aux informations ;

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• les problèmes techniques lors de l’utilisation des outils numériques ;


• la complexification des interactions sociales nécessaires à la réalisation du travail ;
• l’érosion des moments de convivialité, l’isolement du collectif, la perte du sentiment
d’appartenance ;
• le contrôle et les actions de reporting du travail à distance excessifs ;
• l’isolement et le manque de soutien face au travail et aux problèmes éventuels ;
• le questionnement sur le sens du travail ;
• la porosité entre la sphère professionnelle et la sphère privée.

Les conséquences des risques psychosociaux pour la santé des télétravailleurs peuvent se
manifester sous la forme de perte de motivation, de sentiment d’abandon, d’anxiété, de
troubles du sommeil, d’addictions, de burnout, d’état dépressif.

Troubles du sommeil et conduites addictives

Des troubles du sommeil peuvent être observés chez les personnes pratiquant le télétravail
de manière régulière.

Ces troubles peuvent être liés à plusieurs facteurs :

• des endormissements et réveils plus tardifs ;


• l’exposition importante aux écrans de visualisation (et en particulier à la lumière
bleue), notamment le soir ;
• la baisse de la pratique de l’activité physique ;
• la diminution de l’exposition à la lumière naturelle au cours de la journée.

Les périodes d’isolement, notamment lors de la pratique du télétravail, semblent favoriser


les pratiques addictives.

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