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Chapitre 3 Théorie de l’entreprise 2023

Chapitre 3
La théorie de la production :
Le calcul économique du producteur

PRINCIPALES RÉFÉRENCES POUR LE COURS

Layard, P.R.G. and Walters, A.A. Microeconomic Theory, McGraw-Hill, New York, 1978.

Malinvaud, E. Leçons de théorie microéconomique, 4e édition, Dunod, Paris, 1982.

Picard, P. Éléments de microéconomie 1 - Théorie et applications, 4e édition, Éditions


Montchrestien, Paris, 1994.

Varian, Hal R. Microéconomie intermédiaire, Éditions du Renouveau Pédagogique, Bruxelles,


1992.

Varian, Hal R. Analyse microéconomique, 3e édition, De Boeck, Bruxelles, 1995.

Jelloul El mabrouk. Support du cours de Microéconomie, INSEA, 2015/2016

Introduction à la Microéconomie BHIJA Rachid INSEA 1


Chapitre 3 Théorie de l’entreprise 2023

Sommaire
Section I : la fonction de production
I.1 Hypothèses simplificatrices

I.2 Analyse de la fonction de production à courte période


I.2.1 Analyse de la fonction de production à courte période avec un
facteur variable.
I.2.2 Formulation de la fonction de production à un facteur variable.
I.2.3. Relation entre les trois types de productivités : PT, PM et Pm

I.3 Techniques à proportions fixes (à facteurs complémentaires)


I.4 Les techniques à proportion variable (à facteurs substituables)
Section II. Les Coûts de production
II.1 la fonction de coût
II.2 Equilibre du producteur
II.2.1 Approche en deux étapes
a) Minimisation de la dépense et fonction de coût : première étape
b) Maximisation du profit et fonction d’offre : deuxième étape
II.2.2 Approche en une seule étape
a) La méthode par substitution
b) La méthode du lagrangien

Section III. La profitabilité de l’entreprise


III.1 Les rendements d’échelle et la profitabilité de l’entreprise
III.2 Signification et apports des rendements d’échelle
III. 3 Rendements d’échelle dans le cas particulier de fonctions de
production homogènes
III.4 Profitabilité de l’entreprise

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La théorie traditionnelle, connue sous le nom de la théorie de la firme (ou encore


calcul économique du producteur), traite de la production réelle marchande.

L’entreprise est définie comme l’agent économique qui a pour fonction de


produire des biens et services puis de les vendre sur un marché en réalisant un
profit.

La démarche suivie pour le consommateur sera reproduite chez le producteur.


En effet, de même que le consommateur maximise son utilité sous contrainte du
revenu, le producteur aussi maximise son profit tout en se pliant à de multiples
contraintes que sont à la fois les techniques de production existantes ; les prix
de marché auxquels il peut vendre sa production et les prix des facteurs de
productions : capital, travail, produits intermédiaires, terre,….

L’acte de produire consiste à mettre en œuvre tous ces facteurs qu’on appelle
inputs ou intrants, en utilisant la technique la plus appropriée, pour donner
naissance à une production qu’on appelle outputs ou extrants destinée non pas
à satisfaire l’entreprise, mais à être vendue sur le marché. La relation entre les
inputs et les outputs est une fonction de production.

L’entreprise se trouve donc face à des multiples options techniques parmi


lesquelles elle devra choisir (section 1).

Cependant, l’objectif de l’entreprise n’est pas la maximisation de la production


mais du profit. Par conséquent, l’analyse économique en termes de coûts
(section 2) et de l’analyse commerciale en termes de profit (section 3).

Section I : la fonction de production


I.1 Hypothèses simplificatrices

Dans le but de simplifier le raisonnement et pour ne pas embrasser la réalité


dans sa complexité. Il est indispensable d’introduire quelques hypothèses
simplificatrices.

H1 : L’entreprise ne produit qu’un seul bien ;

H2 : La distinction entre la courte période et la longue période.

 La courte période ne désigne pas un temps déterminé (l’année, le mois)


mais une période de temps abstraite durant laquelle les structures de

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production restent inchangées. Cette hypothèse signifie que tous les


facteurs de production ne changent pas en même temps. En effet, certains
facteurs sont utilisables dans des proportions variables comme le travail,
les matières premières…et d’autres sont utilisables dans des proportions
fixes comme le capitale technique et la terre.
 En longue période, les intrants deviennent variables. La question qui
cherche la théorie du producteur à résoudre c’est chercher la combinaison
de facteurs qui permettent de maximiser le profit.

I.2 Analyse de la fonction de production à courte période


I.2.1 Analyse de la fonction de production à courte période avec un
facteur variable.

Exemple
Pour déterminer la forme de la fonction de production, considérons un
petit atelier disposant des équipements de production que l’on suppose
constants. La production de cet atelier variera donc suivant le nombre de
travailleurs utilisés.
Soit : K désigne les équipements de production (le capital) ;
L désigne le nombre de travailleurs (le travail).
Le tableau suivant résume les valeurs de production de cet atelier.

Nombre de travailleurs L 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Production totale Q 30 70 120 160 185 198 203 203 198
Production moyenne Q/L 30 35 40 40 37 33 29 25,3 22
Production marginale ∆𝑄/∆𝐿 30 40 50 40 25 13 5 0 -5

Au fur et à mesure que le nombre d’ouvriers augmente, la production du


travail augmente jusqu’au moment où un travailleur supplémentaire ( le
8éme) n’a plus de tâche précise à accomplir. La raison est simple : dans la
mesure où le capital technique est constant, la hausse du travail
déséquilibre le rapport technique optimal entre les deux facteurs fixe et
variable. La productivité moyenne n’augmente plus ; elle risque même de
diminuer car le dernier travailleur embauché n’a rien à faire, et pourrait
gêner les autres travailleurs.

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I.2.2 Formulation de la fonction de production à un facteur variable.


a. Définition
La fonction de production est définie comme une liaison fonctionnelle
existant entre les quantités de biens produits (Q) et les quantités de
facteurs utilisés K et L.
Production= Q =f (K , L)
Généralement, les facteurs de production ont été le capital (K) qui désigne
les outillages, les ateliers les immobilisations et le travail (L) qui englobe
l’ensemble de la main d’œuvre.
Nous allons définir trois fonctions de production :
 La production totale (PT) décrit, en fonction de la quantité de facteur
variable, l’évolution de la production PT = Q = f(K,L) où K est constant K=K0.
 La productivité moyenne (PML) décrit, en fonction de la quantité de
facteur variable, l’évolution de la contribution moyenne du facteur
variable à la production. Elle est égale au rapport de la PT sur la quantité
de facteur variable. PML = PT/L.
 La productivité marginale (PmL) décrit, l’évolution du rapport de la
variation de la production sur la variation de la quantité de facteur
ΔPT
variable. PmL= .
ΔL
 Un isoquant est le lieu de points représentatifs des combinaisons de
facteurs [dans cet exemple le capital (k) et le travail(L)] aboutissant au
même niveau de production.
b. Relation entre les trois types de productivités : PT, PM et Pm

Le nombre d'inputs variables utilisés par l'entreprise, dans une perspective de


court terme étant n, soit x le vecteur des quantités de ces inputs, et y la quantité
de l’output Y produit. A l’image de la fonction d’utilité du consommateur, la
fonction de production permet de définir une série de domaines.

On peut noter d’une façon générale :

Soit F : R+n → R telle que y = F (x ) = F (x1 , x2 ,..., xn ) , qui désigne la fonction de


production donnant la quantité maximum d'output, y , que l'entreprise peut
produire à partir des quantités x d'inputs, alors :

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1. Le domaine de production de l'entreprise est : P ( y , x ) = {( y , x )∈ R. R+n


y ≤ F (x)}
2. Le domaine des exigences d'inputs est : V ( y ) = {x ∈ R+n F (x ) ≥ y}. Pour
définir le domaine des exigences d'inputs, on fixe un niveau d'output et on
détermine les combinaisons d'inputs qui permettront de produire au moins
ce niveau fixé.
3. Le domaine des isoquants est : Q ( y ) = {x ∈ R+n y = F (x)}. Il définit
l'ensemble des combinaisons d'inputs qui permettront à l'entreprise de
produire un niveau donné y de l'output.

b.1 Techniques à proportions fixes ( à facteurs complémentaires)


Ces techniques définissent le mode de fabrication d’une unité d’output. C’est-à-
dire, les quantités élémentaires des différents inputs nécessaires pour produire
une unité de l’output.

Si ah est la quantité de l’input h; h = 1,2,..., n, qu’exige la production d’une unité


de Y :

 Une technique peut être représentée par le vecteur : T ≡ [ −1, a1 , a2 ,..., am


] ou, encore, T ≡ [1, − a1 , − a2 ,..., −am ] . La différenciation des signes a pour
seul but de distinguer entre les inputs et l’output.
 De même, m techniques alternatives pour produire une unité de Y peuvent
être représentées par :

La fonction de production associée aux techniques à proportions fixes est


connue sous le nom de fonction de production de Leontief qui s’exprime par :
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Elle indique que le volume de production est déterminé par la plus petite des
proportions, c’est-à-dire, par le facteur relativement le plus rare. Ce facteur est
qualifié de limitatif.

Cas de 2 inputs X1, X2 et 1 output Y


Soit T la matrice des techniques utilisables par une entreprise qui utilise deux
facteurs.

L’emploi de m techniques signifie que l’entreprise peut produire son output Y


par l’une quelconque (une seule) des m techniques, ou par l’utilisation
simultanée d’un sous ensemble choisi parmi les m techniques; ces sous-
ensembles seront formés de 2 , 3 , , voire de l’ensemble des m techniques. Le
nombre théorique des possibilités offertes, si l’on écarte l’éventualité de
production sans aucune technique, est = (2m −1).
En pratique, cependant, la rationalité économique peut rendre inefficace
l’utilisation de certaines de ses possibilités théoriques. Les développements qui
suivent permettront de clarifier cette idée.

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-Cas de l’utilisation d’une seule technique j ; j = 1,2,..., m

La représentation graphique se présentera comme suit :

De même, les isoquants se présentent sous la forme d’angles droits ayant leurs
sommets situés sur la droite passant par l’origine et dont la pente est définie
par la proportion fixe qui définie la technique de base de la fonction de
production Leontief.

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Allure graphique des isoquants

Cas de 2 techniques j et s
Cette situation donne 3 possibilités pour l’entreprise (22 − 1 = 3). Elle peut
produire avec :
 T j seule,
 T s seule,
 T j et T s ensemble.
Les deux premiers cas nous ramènent au cas précédent. Il nous reste donc à
présenter le troisième cas en précisant :
1. Les relations qui déterminent la répartition de l’espace des inputs en
zones d’influence de l’une, de l’autre ou de l’ensemble des deux
techniques ;
2. l’expression analytique et l’allure graphique des isoquants de la fonction
de production Leontief.
Délimitations des sous espaces

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b.2 Les techniques à proportion variable (à facteurs substituables)


Elles se caractérisent par la possibilité presque infinie de procéder à des
substitutions entre inputs pour produire le même output. La capacité

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d'adaptation de l'entreprise est d'autant plus grande que cette substitution est
plus aisée. A la limite, les inputs deviennent parfaitement homogènes lorsqu'on
parvient à les substituer à un taux constant. La relation de substitution est alors
définie par une droite linéaire décroissante. On peut penser au taux de
conversion des températures de l'échelle Celsius à l'échelle Fahrenheit.
Cette situation de substitution parfaite se trouve à l'extrême opposé de la
situation où n'existe qu'une technique unique à proportion fixe (cas des inputs
complémentaires).

La réalité se trouve, heureusement, entre ces deux extrêmes. La substituabilité


et la complémentarité peuvent jouer ensemble pour assurer plus de réalisme à
l'activité de production.
Rappelons que la formulation générale d’une technique à proportion variable est
F[a1,a2,…..an] et dont la seule différence avec la formulation de la fonction de
production, y = F (x1 , x2 ,..., xn ) , réside dans le niveau de l'output qui est, par
définition unitaire pour la technique et, quelconque pour la fonction de
production.

En partant de l'expression de la fonction de production, nous pouvons, dans le


cadre d'une approche partielle, considérer les relations ou fonction de
productivités.

Les relations de productivité

L'analyse de la production utilise fréquemment trois concepts associés aux


variations d’un input : la productivité totale, la productivité moyenne et la
productivité marginale de l’input h; h = 1,2,..., n .

La productivité physique marginale de l’input h mesure les effets sur la


production d’un accroissement unitaire de l'utilisation de l'input h, tous les
autres inputs restant fixes.

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Généralement, on fait l’hypothèse de la décroissance des productivités


marginales :

Cette hypothèse, tout à fait naturelle, établit qu'à mesure que l’on augmente
l’utilisation de n'importe quel input, en maintenant tous les autres inputs
constants, la productivité de cet input diminue. Car si non, avec un seul hectare
on peut nourrir la planète tout entière en mettant tout le monde au travail sur
ce même hectare !
Le graphique ci-dessous illustre ce concept pour une technologie qui commence
par exhiber des rendements d’échelle croissants avant de passer à une situation
de rendements d’échelle décroissants
Allure générale des courbes de productivité

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Dans ces graphiques, xh0 est le point où la fonction de productivité marginale


atteigne son maximum, c’est-à-dire, le point où commence la décroissance de la
productivité marginale. Le point xh2 qui correspond au maximum de productivité
totale, donne le seuil maximum d'utilisation de l'input h, à partir duquel la
productivité marginale devient négative. Le point x1h est le point où la
productivité moyenne atteint son maximum.

Le graphique inférieur montre que la courbe de la productivité marginale coupe


la courbe de la productivité moyenne au point maximum de cette dernière. On
peut prouver que c'est toujours le cas en établissant la condition du maximum
de la productivité moyenne.
Domaines des variations optimales des inputs

La variation de l’input h présente 3 phases caractéristiques :


1. Une première phase où la productivité moyenne est croissante
2. Une deuxième phase où « la productivité moyenne est décroissante et la
productivité marginale est positive ».
3. Une troisième phase qui prolonge la deuxième mais avec une productivité
marginale négative.

La troisième phase est manifestement inefficace. Aucune entreprise n’acceptera


de payer pour une unité additionnelle d’un input, dont l’utilisation aura pour
effet de réduire le niveau d’output déjà atteint.
De la même manière, on démontre que la première phase est inefficace. La
raison est que le niveau réduit de l’input est insuffisant pour une utilisation
efficace d’au moins un autre input. En effet, si l’on se place dans le cas de 2 inputs
et d’une fonction de production homogène linéaire ( homogène de degré 1),
dont l’emploi est très fréquent en analyse économique, par l’équation d’Euler on
a : F1 x1 + F2 x2 = y ou, en divisant par y et en remplaçant les expressions obtenues,
on obtient les formules équivalentes :

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Dans la phase I de chacun des facteurs h on a :

Puisque PMK est toujours positive


Donc sur la première phase de variation d’un input, la productivité marginale de
l’autre input est négative.

On peut également illustrer cette réalité graphiquement par :

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Cette représentation graphique nous montre la correspondance symétrique qui


existe entre les phases de variation des inputs. La phase I de l’input X1
correspond la phase III de l’input X2 et inversement. Et, chose encore plus
intéressante, la portion efficace de la courbe isoquant correspond à la phase
efficace II de chacun des inputs :{xh ≥ Pmh ≥ 0; ∀h}.
Dans le cas de fonctions de production homogènes de degré ρ ≠ 1, la zone de
définition des variations efficaces des inputs subit des expansions ou des
rétrécissements en fonction de la valeur de ρ . En effet, l’équation d’Euler
appliquée précédemment nous donne :

Par conséquent, la phase II commencera avant (après) le point d’intersection des


courbes de productivités pour les valeurs de ρ > 1 (ρ < 1). Elle sera plus étendue
dans le premier cas ρ > 1 et plus réduite dans le second cas ρ < 1.

Section II. Les Coûts de production


Dans cette section, nous traiterons des coûts à court termes et des coûts à long
termes. On distingue deux types de coûts de production : coûts explicites et
coûts implicites :

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II.1 la fonction de coût.


Les coûts implicites sont les coûts d'opportunité. Le coût d'opportunité de
l'emploi d'une ressource donnée dans la production est la valeur maximum que
la ressource aurait pu avoir dans la meilleure utilisation alternative. L'utilisation
des biens d'équipement peut nous fournir une illustration simple de cette idée.
Une entreprise qui possède une machine ne va rien payer pour l'employer,
excepté les frais de fonctionnement et d'entretien habituels. Pendant que le
coût réel d'utilisation de cette machine par l'entreprise doit englober, en plus de
ces frais, le montant maximum auquel l'entreprise aurait pu louer cette machine
à une autre entreprise au lieu de l'utiliser.
L'évaluation des coûts implicites n'est pas toujours facile. Dans l'exemple de
cette machine, s'il y a un marché de location pour ce type de machines, alors
l'évaluation du coût d'opportunité est simple. Si, au contraire, il n'y a pas de tel
marché, le coût d'opportunité doit être déterminé en essayant d'estimer la
valeur ajoutée de cette machine dans les différents usages alternatifs et de
choisir la plus grande d'entre-elles.
Cette évaluation sera encore plus difficile s'il faut intégrer une évaluation de
l'utilité dans le calcul du coût d'opportunité, par exemple, l’utilité du temps
consacré par l'entrepreneur à la gestion de son entreprise.
Les coûts d'opportunité, quoique très compliqués au niveau de leur calcul,
constituent un élément fondamental dans la prise de décision économique. On
peut imaginer le cas d’un investisseur qui a la possibilité d’avoir un emprunt pour
créer une nouvelle entreprise, acheter un lot de terrain, ou investir dans les
actions d'une société. Etant entendu que le placement de cet emprunt dans l’une
de ces options exclut son utilisation dans toute autre alternative. Le rendement
qu’aurait permis la meilleure alternative sacrifiée déterminera le coût
d'opportunité de l'action retenue.
En analyse économique, l'hypothèse de la pratique du calcul des coûts
d'opportunité appropriés et de leur prise en compte dans la prise de décision est
un fondement essentiel de la rationalité des choix opérés par l’entreprise. Par
conséquent, le profit utilisable par l’entreprise devrait correspondre à la valeur
économique qui diffère de la valeur comptable par la prise en compte des coûts
d'opportunité des ressources mobilisées dans l’activité productive concernée.

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II.2 Equilibre du producteur


Ces précisions préliminaires, nous permettent de mieux aborder l'analyse
formelle de l’équilibre du producteur. Deux approches seront exposées :
 Une première approche qui analyse le producteur en deux étapes qui
distinguent entre son comportement d’acheteur sur les marchés des inputs
et son comportement de vendeur sur le marché de l’output.

 Une seconde approche qui intègre les deux étapes pour dégager des
solutions plus générales.

II.2.1 Approche en deux étapes


Dans une première étape le producteur, en tant qu’acheteur des inputs,
cherchera à minimiser ses dépenses pour réaliser les différents niveaux désirés
de production. Dans la seconde étape, connaissant les prix de revient (coûts) de
son output, le producteur cherchera à déterminer le niveau de son output qui lui
permette de maximiser ses recettes, ou, puisque l’expression des coûts est déjà
connue, de maximiser son profit.
a) Minimisation de la dépense et fonction de coût : première étape
Soit p = ( p1 , p2 ,..., pn ) le vecteur des prix que l’entreprise doit payer pour ses
inputs. Chaque prix ph est non négatif et tient compte des coûts d'opportunité
de l'utilisation de l'input h. La dépense totale nécessaire pour permettre à
l'entreprise d'utiliser le complexe d'inputs x = (x1 , x2 ,..., xn ) est donnée par
l'expression :

Programme à optimiser
La minimisation de cette dépense de l'entreprise se fait à travers le choix
judicieux des complexes d'inputs qui permettront de produire au moindre coût
un niveau donné de l'output y. Formellement, il s'agit de résoudre le programme
suivant:

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Cette formulation est semblable à celle utilisée au niveau du consommateur


pour minimiser ses dépenses. D'ailleurs, sur les marchés des inputs les
entreprises agissent selon la même logique que les consommateurs et, souvent,
en concurrence avec eux.
Illustration graphique pour le cas n = 2

La méthode du multiplicateur de Lagrange peut être utilisée pour résoudre ce


problème. Le lagrangien équivalent au programme ci-dessus est :

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Ces conditions se présentent comme suit :

Les conditions nécessaires de l'optimum

Ces conditions nécessaires de l’optimum du programme du producteur


permettent de dégager les règles de base pour des décisions efficaces. En
effet, du premier groupe de ces conditions nécessaires, on peut dégager
deux types de relations :

1ére relation :

La productivité marginale de la dernière unité monétaire dépensée dans l’achat


de n’importe quel input doit être la même. Cette relation caractérise les
proportions optimales de la technique à employer. C’est -à-dire la structure
optimale du panier d’inputs à combiner pour obtenir le niveau désiré de
production.

2ème relation : Pour deux inputs h et k quelconques on a :

Pour chaque couple d'input considéré, l'efficacité relative de l'usage de ces


inputs, exprimée par le TMST ou par le rapport des productivités marginales des
inputs, doit être la même pour chaque entreprise utilisatrice et ce
conformément à l'appréciation collective de la rareté relative de ces inputs,
exprimée par le prix relatif du marché.
Le multiplicateur de Lagrange mesure le coût marginal d'une unité additionnelle
de l'output Y. Ceci peut être montré à partir des différentielles totales de la
dépense totale et de la fonction de production :

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L’entreprise augmentera la quantité de chaque input jusqu’au point ou le coût


marginale pondéré par l’inverse de la productivité marginale soit le même pour
chaque input. En effet, ce rapport mesure le coût de location (ou d’achat) de la
quantité d’input h nécessaire pour produire une unité additionnelle de l’output
Y. Ce coût varie proportionnellement au prix que l'entreprise doit payer par unité
additionnelle d'input h et inversement proportionnel à la productivité marginale
de l'input employé dans la production (puisque l'entreprise peut produire une
unité additionnelle d'output en utilisant moins d'input, qui soit plus productif).

Détermination des fonctions de demande conditionnelle des


inputs
Les conditions nécessaires ci-dessus, définissent un système de (n+1) équations
à (n+1) inconnues et dont la résolution permet de déterminer les fonctions de
demande conditionnelle des différents inputs : et l'expression du xh=xh(p1,p2,…
…pn,y) ; h=1,2,…n et l’expression du multiplicateur de Lagrange, ou coût
marginal de production de Y ; µ = µ ( p1 , p2 ,..., pn , y) .
Ces expressions sont dites conditionnelles parce qu'elles dépendent du niveau
fixé pour y.

Définition de l’expression du coût de production


Les expressions optimales des demandes conditionnelles nous permettent de
déterminer le niveau minimum de la dépense nécessaire pour produire un
niveau donné y de l’output (ou dépense minimale conditionnelle) :

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Pour éviter toute confusion, le lieu géométrique des dépenses minimales est
appelé coût variable total, DT * ( y ) ≡ CVT ( y) , qui est par définition minimal
pour chaque niveau de production fixé ; (dans cet esprit, l'expression très
courante de minimisation des coûts - qui est par définition minimum! - est un
non sens économique).
Dans la perspective de court terme, choisie comme contexte pour cette analyse,
le coût total CT ( y) s'obtient en ajoutant au CVT ( y) le coût fixe CF =( valeurs des
dépenses sur les inputs fixes et semi variables), soit :
CT ( y ) = CVT ( y ) + CF.
On définit également les coûts unitaires :

Dans un environnement standard où l’entreprise opère avec des fonctions de


production qui exhibent des rendements d’échelle décroissants, notamment par
la présence des inputs fixes, on peut montrer que le coût marginal est croissant
avec le niveau de y.
La démonstration peut se faire de différentes manières :
 A travers l’établissement des conditions de la croissance de µ, qui lui est
équivalent à l’optimum. Nous y reviendrons au niveau des variations au
voisinage de l’optimum.
 Sur la base de la correspondance entre le sens de variation des courbes de
productivité et celles des coûts. En particulier la décroissance de la productivité
marginale qui implique la croissance du coût marginale.
 Sur la base de la propriété de la stricte concavité de la fonction de production,
au moins au voisinage de l’optimum, pour assurer un profit positif à l’entreprise
(stricte convexité des isoquants), c’est-à-dire, que la matrice hessienne est
définie négative au point d’équilibre.
 Sur la base de la correspondance entre le sens de variation des rendements
d’échelle et celui des courbes du coût variable moyen et du coût marginal. Nous
y reviendrons par la suite pour établir cette démonstration.

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Allure générale des courbes de coût

Les tracés des courbes globales (coût total et coût variable) commencent par
être convexes sur une première phase qui correspond à la phase décroissante
du coût marginal qui s’explique par la croissance de la productivité marginale.
Ces productivités marginales atteignent leur maximum au point y0 (qui
correspond au minimum du coût marginal).

Propriétés caractéristiques des courbes de coût unitaire:


La courbe de coût marginal coupe chacune des courbes de coût moyen variable
et de coût moyen total en son point minimal. (Cette propriété est similaire à celle
liant les courbes de productivité marginale et moyenne, ayant les formes
d’images réfléchies, travers un miroir, des courbes de coût correspondantes.
L'explication de cette correspondance réside dans la relation inverse qui existe
entre la variation des productivités unitaires et celle des coûts unitaires). La
démonstration se fait, elle aussi, de la même manière que pour les productivités,
en déterminant la condition nécessaire du minimum du coût moyen, soit:

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b) Maximisation du profit et fonction d’offre : deuxième étape


Dans les marchés des inputs, on a déterminé les règles qui régissent le
comportement efficace du producteur face au choix de la combinaison des
inputs qui minimise ses dépenses ; c’est-à-dire, le choix de la technique la plus
appropriée aux conditions qui prévalent sur les marchés des inputs. Dans le
marché de l’output (puisqu’on se place dans l’hypothèse simplificatrice d’un
output unique), le problème du producteur porte sur la détermination du niveau
de l’output qui amplifie encore davantage l’objectif poursuivi : la maximisation
du profit. Cette détermination repose sur l’hypothèse que le producteur, qui
maîtrise les aspects techniques de la production (d’après la première étape),
connaît également le prix du marché q de son output et, est conscient de son
incapacité de pouvoir influencer de manière perceptible, ce prix du marché (le
cadre d’analyse étant celui de la concurrence pure et parfaite, statique et non
stochastique).
Le concept de profit, qui a une signification unique dans une perspective de long
terme, doit être nuancé à court terme. Doit-on inclure ou pas les coûts fixes ?. Si
les coûts fixes inévitables sont, de toute façon, engagés quel doit être l’origine
de la courbe de profit? A titre d’illustration, si CF = 10000 est une dépense fixe
inévitable, une activité qui donnerait un profit final de (−6000) est-elle profitable
ou pas ? Dans un sens purement comptable, cette activité est déficitaire. Par
contre, au sens économique, elle a permis de récupérer 4000 des 10000 qui
étaient, de toute façon, perdus. Pour nuancer ces situations, on distingue entre
profit comptable (souvent appelé profit tout court) et profit économique
(souvent appelé surplus du producteur pour le distinguer du premier concept).
Ainsi :

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Chapitre 3 Théorie de l’entreprise 2023

où π est le profit comptable et π e est le profit économique


Illustration graphique

Le problème du producteur dans cette seconde étape se formule comme suit :


Max π = qy − CT ( y) ou, de manière équivalente, Max π e = qy − CVT ( y) .
La condition nécessaire du maximum est :

Cette condition peut-être interprétée de manière intuitive comme suit : si le prix


de vente d'une unité additionnelle d'output est supérieur au coût marginal de la
production de cette unité, alors la production devra être effectuée. Si au
contraire, le coût marginal est supérieur à la productivité marginale, l'entreprise
peut augmenter son profit par des réductions marginales de sa production. Le
niveau optimal de la production est obtenu lorsque le prix (contrepartie
monétaire d’une productivité marginale unitaire) égalise exactement le coût
marginal de cette unité.
La condition suffisante est :
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Chapitre 3 Théorie de l’entreprise 2023

Qui signifie qu’il suffit que l’entreprise produise dans la région où sa fonction de
coût devient convexe (c’est-à-dire, située au-dessus de la taille minimum
efficace).

A ces conditions d’optimisation mathématique, s’ajoute une condition


économique d’admissibilité de la solution trouvée : π e > 0.
La solution doit se situer sur la branche croissante du coût marginal et doit
permettre de couvrir au moins le coût variable total (la partie du coût total qui
est évitable par la non production).
De même, la condition du second ordre indique que la fonction de coût marginal
est croissante au voisinage du maximum du profit et, par conséquent, peut être
inversible et permet d’écrire : y = Cm −1 (q) qui est la fonction d’offre de l’output.
Or, compte tenu de la convention adoptée pour les représentations graphiques,
en économie, qui réserve l’axe des abscisses aux quantités, cette fonction d’offre
est souvent représentée directement par q = Cm ( y) sous quelques autres
conditions qui seront précisées ci-après.
Illustration graphique de la détermination de l’équilibre de l’entreprise
Niveau global

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Chapitre 3 Théorie de l’entreprise 2023

Remarques et définitions :

 Le niveau y0, où le coût variable total égalise la recette totale, définit le seuil
de fermeture. Le volume de production au-dessous duquel la fermeture est
préférable à l’activité car la perte sera supérieure aux coûts fixes. C’est donc,
une situation d’équivalence, du point de vue profit, entre y = 0 et y = y0. Une
entreprise, pour être mesure de récupérer au moins ses coûts fixes doit
produire au moins y0 ou fermer.
 Le niveau y 1 , où la recette totale couvre à peine le coût total, définit le seuil
de rentabilité, volume à partir duquel l’entreprise réalise un profit
(comptable) positif.
 Le niveau y* , où le coût marginal égalise la pente de la droite de recette
totale (= q) détermine la quantité optimale à produire. Le profit est
maximum en y* (dans ses deux versions : économique et comptable).
En tenant compte des relations q = Cm ( y) et ph = µ Fh , condition nécessaire
établie lors de la première étape où µ = Cm ( y) , on déduit qu'à l'optimum de
l'utilisation de l'input h on doit avoir : ph = qFh . Autrement interprété, l'entreprise
continuera à augmenter la quantité utilisée de l'input h jusqu'au point où le prix
payé pour une unité additionnelle égalise, exactement, la valeur de sa
productivité marginale.

Niveau unitaire

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Chapitre 3 Théorie de l’entreprise 2023

Conformément à la condition nécessaire du maximum de profit, le niveau


optimal de y est déterminé par l’intersection de la droite horizontale du prix
(fixe) q et de la courbe du coût marginal. Le profit économique est donné par
l’aire qADE et le profit comptable par l’aire qABC .

Redéfinition des seuils de fermeture et de rentabilité:


Le prix, fixé par le marché, est a priori quelconque. Une réaction efficace de
l’entreprise conduirait à :
Une fermeture si le prix se trouvait au-dessous du seuil du minimum du
coût variable moyen, appelé seuil de fermeture.

Une rentabilité comptable si le prix dépassait le seuil du minimum du


coût moyen, appelé seuil de rentabilité.

Ces seuils, définis en termes de prix, sont plus pratiques que ceux définis plus
haut en termes de quantités y de l’output.
Par conséquent, la fonction d’offre de l’entreprise est complètement définie par
:

II.2.3. Approche en une seule étape


Dans la pratique, la dichotomie, adoptée pour des besoins pédagogiques, entre
le comportement d'acheteur et celui du vendeur, pour un seul et même
décideur, est clairement artificielle. D'autant plus que cette approche, qui
occulte les interactions, qui existent effectivement, entre les prix des inputs et le
prix de l'output, peut céder la place à une approche directe globale et intégrée
qui n'aurait de repères que les signaux exogènes émis par les marchés : les prix
des inputs et le prix de l'output. La formalisation du problème du producteur
prendra alors la forme suivante:

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Chapitre 3 Théorie de l’entreprise 2023

On peut poser, pour simplifier, π = π '+ DF . Ce programme peut être résolu par
la méthode de substitution, en remplaçant y par son expression ou par la
méthode du lagrangien :

a) La méthode par substitution


En remplaçant y par son expression, le programme équivalent s’écrit :

Les conditions nécessaires du maximum de π sont:

Ces conditions fixent les règles des utilisations optimales des inputs : l'entreprise
doit augmenter le volume de chaque input jusqu'au point où le prix de cet input
égalise, exactement, la valeur de sa productivité marginale.
La résolution de ce système permet de déterminer les expressions générales des
fonctions de demande des inputs :
xh* = xh ( p1 , p2 ,..., pn , q ); h = 1,2,..., n
Pour la fonction d'offre, cependant, la logique de la méthode par substitution,
utilise plutôt le concept équivalent du niveau optimal de l'output à produire,
donc implicitement à vendre:
y * = F (x1 ( p1 ,..., pn , q ),..., xn ( p1 ,..., pn , q )) = y ( p1 ,..., pn , q)
Cette expression traduit, par conséquent, la fonction d’offre de l’entreprise.

b) La méthode du lagrangien

 Son utilisation ici n'est pas une surcharge, pour un problème, déjà plus
simplement résolu précédemment. Elle présente au moins un triple
intérêt : Elle conduit à la détermination directe de l'expression générale

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Chapitre 3 Théorie de l’entreprise 2023

de la fonction d'offre, Elle permet de mieux comprendre le rôle joué par


le multiplicateur de Lagrange pour assurer la cohérence globale des deux
étapes de l’approche utilisée plus haut.
 Elle constitue également une base plus adaptée pour l'étude des
variations au voisinage de l'optimum.

Les conditions nécessaires de l'optimum (du point de selle):

La condition, q = µ , montre qu'à l'optimum µ , déjà interprété comme étant le


coût marginal de y dans la première étape de l'approche initiale, égalise le prix
de l'output, q . Or la condition de la maximisation du profit dans la seconde étape
était justement, q = Cm ( y) . Par conséquent, lors de la détermination des
demandes des inputs, sur leurs marchés respectifs, le prix de l'output était,
toujours présent et pris en compte, à travers son ombre, µ (appelé, à juste titre,
en anglais shadow price (littéralement prix d'ombre)) . Cette cohérence globale
entre les deux étapes est donc assurée par le multiplicateur de Lagrange µ .

La résolution de ce système de (n + 2) équations à (n + 2) inconnues permet de


déterminer les expressions générales:

 Des fonctions de demande des inputs, xh* = xh ( p1 ,..., pn , q );


h=1,2,...,n,
 De la fonction d'offre de l’output y * = y ( p1 ,..., pn , q)
 Du multiplicateur de Lagrange (donc du coût marginal) µ * = µ ( p1 ,...,
pn , q), qui établit, de manière explicite, les liens qui existent entre les
différents prix et le coût de production de l’output.
La condition suffisante pour le maximum de π est que la matrice du hessien
bordé soit définie (ou au moins semi définie) négative.

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Section III. La profitabilité de l’entreprise


2.4.2 Les rendements d’échelle et la profitabilité de
l’entreprise
Les rendements d'échelle peuvent être appréhendés formellement en
étudiant l'impact d'une hausse proportionnelle de tous les inputs sur
l'output de l'entreprise, c’est-à-dire, en comparant F (tx1 ,...,txn ) et tF (x1 ,...,
xn ) avec t > 1.
On dira alors que la technologie est à rendements d'échelle:
o croissants si F (tx1 ,...,txn ) > tF (x1 ,..., xn )

o constants si F (tx1 ,..., txn ) = tF (x1 ,..., xn )

o décroissants si F (tx1 ,...,txn ) < tF (x1 ,..., xn )

a) Signification et apports des rendements d’échelle


Les rendements d'échelle croissants ont joué un rôle important dans le
développement économique du monde depuis la période de la révolution
industrielle. Les machines à vapeur de la révolution industrielle, et la division du
travail entre l’homme et la machine ont rendu possible à une usine, de
confection par exemple, de produire avec une petite quantité de main d’œuvre
autant si non plus que ne pouvaient produire tous les habitants d’une grande
ville, affectés à faire les mêmes tâches.
Les services gérés en réseau (téléphone, distribution d’électricité, etc.) sont à
rendements d’échelle croissants significatifs. Puisqu'il serait extrêmement
coûteux de les exploiter pour le bénéfice d’un nombre réduit d’usagers pendant
qu’il sera très peu coûteux de fournir les mêmes services à quelques centaines
de milliers d’usagers.
Les phénomènes de rendements croissants influencent, également, la structure
des secteurs industriels et le degré de concurrence entre les entreprises en
raison de la grande capacité de production inhérente à la technologie utilisée.
Ainsi, le nombre relativement réduit, à l’échelle de la planète, de fabricants de
grandes machines (avions, machines industrielles, automobiles ou équipements
militaires) trouve son explication dans le fait que la technologie utilisée dans la
production de ces machines sur une échelle de masse est plus efficace qu’une

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Chapitre 3 Théorie de l’entreprise 2023

production à une échelle réduite. D’autant plus que la dimension, relativement


réduite, de la demande globale sur ces machines est une autre source de
restriction sur le nombre d'entreprises viables dans les industries concernées.
Ces rendements croissants, qui constituent une caractéristique importante des
technologies modernes, ne sont malheureusement pas une source inépuisable.
Les lois fondamentales de la nature finissent par imposer des restrictions qui
rendent impossible la recherche de nouveaux rendements croissants.
Après épuisement des sources de rendements croissants, les rendements
d’échelle constants devraient normalement constituer la règle. En effet, la
logique dirait qu’avec la disponibilité de tous les ingrédients nécessaires, une
entreprise peut se dupliquer identiquement à elle-même pour doubler, tripler,
quadrupler, etc., ses rendements. Evidemment, l'hypothèse fondamentale est
que toutes les ressources d'inputs sont disponibles, y compris l'espace, le travail,
les machines, etc. Or, dans la pratique, surtout à très court terme, la disponibilité
suffisante de certaines ressources peut faire défaut et, par conséquent, des
goulots d'étranglement peuvent apparaître dans le processus de production et
conduire à l’apparition de rendements d’échelle décroissants. L’insuffisance de
la ressource limitative va infléchir à la baisse les productivités des autres inputs,
même de ceux disponibles en quantités suffisantes. Le problème peut devenir
particulièrement aigu quand l’input insuffisant, ou manquant, est
complémentaire à un ou plusieurs inputs disponibles.

b) Rendements d’échelle dans le cas particulier de


fonctions de production homogènes
Soit ρ le degré d’homogénéité de ces fonctions de production, alors par
définition on a : F (tx1 ,...,txn ) = t ρ F (x1 ,..., xn ) et par conséquent, la
définition des rendements d’échelle se ramène à la comparaison de ( t ρ à
t ), ou encore, ( t ρ −1 à 1). Aussi les rendements d’échelle seront-ils:

o croissants si ρ > 1
o constants si ρ = 1
o décroissants si ρ < 1

Cette forme particulière de fonctions de production homogènes permet de


dégager d’autres conclusions. En effet, l’application de l’équation d’Euler
permet d’écrire :

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c) Profitabilité de l’entreprise
En tenant compte des conditions nécessaires de l’optimum du producteur,

 ρ > 1 signifie que la recette, qy , ne couvre même pas le coût variable total.
Autrement dit, le profit économique est négatif (π e < 0) . Cette situation
correspond à la phase où la courbe du coût marginal est inférieure à la
courbe de coût variable moyen Cm(y) < CVM(y).

 ρ = 1 ⇔ qy = CVT ( y) ⇔ π e = 0 . Par conséquent l’utilisation d’une fonction


de production linéaire homogène, [Leontief ou (Cobb -Douglas de degré 1)
ou toute forme homogène de degré 1], exclut toute possibilité de profit
économique pour l’entreprise. Cette situation correspond également à Cm
(y) = CVM( y).

 ρ < 1 signifie qu’une fraction des recettes (qy) est suffisante pour couvrir
le coût CVT ( y) et π e > 0 . On est dans un cas d’activité économiquement
profitable
p = Cm( y) >CVM ( y) .
Par conséquent, dans une économie de marché, l’équilibre d’une entreprise
privée doit se situer dans la phase de rendements d’échelle décroissants pour
pouvoir maximiser ses profits économiques. Sans oublier que dans cette phase
de rendements d’échelle décroissants, l’entreprise aura déjà exploité la totalité
des possibilités de rendements d’échelle croissants et constants qui précédent
naturellement cette phase.

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