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Be 8341
Be 8341
Turbulence. Applications
par Bruno DESHAIES
Directeur de Recherche au CNRS
Professeur à l’Université des Antilles et de la Guyane
et Vladimir SABEL’NIKOV
Directeur de Recherche à l’Office National d’Études et de Recherches Aérospatiales (ONERA)
ans tous les cas pratiques d’écoulement, les nombres de Reynolds sont suf-
D fisamment grands pour que l’écoulement soit en fait turbulent. Cette turbu-
lence introduit, dans un écoulement supersonique, des échelles spatiales et
temporelles dont certaines sont trop petites pour qu’une simulation directe des
équations de Navier-Stokes [BE 8 340] puisse être envisagée, du moins sur un
domaine spatial intéressant les applications pratiques. Certains des phénomè-
nes directement contrôlés par la turbulence (mélange, combustion…) doivent
être modélisés. Dans le cas d’un écoulement supersonique, une modélisation
spécifique doit être utilisée.
Cet article présente donc les problèmes liés à la turbulence et les équations de
modélisation associées. Les applications de la combustion en écoulement
supersonique seront présentées en guise de conclusion.
Cet article constitue le second et dernier volet d’une série consacrée à la Combustion en
écoulement supersonique :
— Calculs mono, bi et tridimensionnels [BE 8 340] ;
— Turbulence. Applications [BE 8 341].
Le lecteur se reportera utilement aux articles de la rubrique Mécanique des fluides appliquée,
dans ce traité : [BE 8 150], [BE 8 151], [BE 8 153], [BE 8 155], [BE 8 157], [BE 8 165].
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COMBUSTION EN ÉCOULEMENT SUPERSONIQUE _____________________________________________________________________________________________
Re Nombre de Reynolds
Indices et exposants
Ma Nombre de Mach
α Espèce en présence
D Coefficient de diffusion moléculaire
τm Temps moyen caractéristique séparant deux c Combustible
collisions
ox Oxydant
n Nombre moyen de molécules par unité de
volume β Atome constituant l’espèce chimique
σ Section efficace de collision entre deux
molécules t turbulent
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Un écoulement turbulent est constitué d’un spectre continu appelée échelle de temps de Kolmogorov.
d’échelles de longueur et de temps [1][2][3][4].
■ Dans le cas d’un écoulement avec combustion, aux échelles de
L’échelle de longueur la plus grande est bien entendu définie par temps et de longueurs caractéristiques de la mécanique des fluides,
les dimensions géométriques de l’écoulement considéré. définies ci-dessus, il convient d’ajouter celles caractéristiques du
L’échelle de temps maximale est proportionnelle au temps processus de combustion. Ces échelles dépendent du régime de
obtenu par division de cette échelle maximale de longueur par la combustion considéré. Elles sont, en particulier, différentes, suivant
fluctuation de vitesse caractéristique de l’écoulement à cette que l’on considère une combustion en régime de prémélange, ou au
échelle. Ces échelles sont habituellement appelées échelles intégra- contraire, en régime de diffusion [1][5][6].
les de la turbulence.
Cette échelle intégrale est proportionnelle à la plus grande des ■ La résolution numérique directe des équations de Naviers-Stokes
échelles et peut ainsi être estimée simplement, par exemple, à partir suppose une discrétisation des équations sur un maillage d’espace
des données géométriques d’une chambre de combustion et de son suffisamment fin pour que l’ensemble des échelles définies au para-
système d’injection. graphe 1.1 puisse être résolu. Ceci signifie que, pour un écoulement
turbulent, la maille élémentaire doit avoir une dimension au moins
Si on appelle Λ l’échelle intégrale de longueur, l’échelle de temps égale à l’échelle de Kolmogorov. De ce fait, le nombre de mailles
correspondante τ Λ , que l’on nomme parfois temps de retourne- minimales nécessaires pour une simulation numérique directe, sus-
ment d’un tourbillon, s’écrit : ceptible de résoudre à la fois l’échelle intégrale Λ et l’échelle de Kol-
1⁄2 mogorov η k , est proportionnel à :
τΛ = Λ ⁄ k (1)
3 9⁄4
avec k énergie cinétique de la turbulence. ( Λ ⁄ η k ) = Re Λ (8)
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COMBUSTION EN ÉCOULEMENT SUPERSONIQUE _____________________________________________________________________________________________
∫ ∫
chimie peuvent, dans certains cas, introduire des limitations 1
plus importantes. F = FP ( F ) dF = lim --t- F ( η ) dη
t→∞
0
■ Une procédure intermédiaire entre la simulation directe et les cal- On définit alors les fluctuations au sens de Reynolds et au sens de
culs effectués sur la base des équations moyennes, sur laquelle Favre [7][8][9] respectivement par :
nous reviendrons § 1.3, est la technique dite de simulation des gran-
des échelles. Cette technique permet, en ne modélisant que la partie F′ = F – F F′ = 0 (13)
∼
du mouvement non stationnaire concernant les petites échelles, de
restituer la dynamique de l’écoulement pour les grandes échelles. ∼ ∼ ρ′F′
F ″ = F – F = – ----------
F″ = F – F F″ = 0 (14)
Pour ce faire, un filtre spatial passe-bas est appliqué aux équations ρ
de Navier-Stokes et les fonctions inconnues divisées en deux par-
ties : l’une correspond aux grandes longueurs d’ondes du mouve- Les valeurs moyennes au sens de Favre et de Reynolds sont
ment et l’autre aux petites longueurs d’ondes de celui-ci. Le mouve- reliées par :
ment correspondant aux petites longueurs d’ondes est modélisé en
supposant que celui-ci est universel. Cette modélisation s’appuie ∼ ρ′F′
sur la description de la turbulence aux petites échelles faite par F = F + ---------- (15)
Kolmogorov. Dans le cas d’écoulements présentant des réactions ρ
chimiques, le problème de la modélisation des petites échelles reste
ouvert. En effet dans ce cas, le comportement des fluctuations de ■ Dans le cas des écoulements incluant une variation de masse
concentration n’est pas seulement contrôlé par la cascade de volumique (compressible et/ou avec réactions chimiques exother-
Kolmogorov (cf. [BE 8 157]) mais aussi par la vitesse des réactions miques comme c’est le cas pour les écoulements supersoniques
chimiques : une modélisation universelle pour les petites échelles avec combustion), il est plus facile d’utiliser les moyennes pondé-
n’est alors plus possible. Ce type de simulation a été pour l’instant rées par la masse, c’est-à-dire les moyennes de Favre [7][8][9]
essentiellement utilisé pour le calcul d’écoulements subsoniques. excepté pour la masse volumique et la pression pour lesquelles on
Dans le cas des écoulements supersoniques, la présence d’effets de utilise les moyennes de Reynolds. Dans ces conditions, les équa-
compressibilité importants (pouvant aller jusqu’à l’apparition tions de bilan pour les grandeurs moyennes, obtenues en substi-
d’ondes de choc) au niveau des petites échelles oblige à reconsidé- tuant dans les équations de bilan instantanées (équations (92) à
rer leur modélisation. (100) de [BE 8 340]), les grandeurs moyennes définies précédem-
ment et en effectuant une moyenne d’ensemble de ces équations,
■ En conclusion, le calcul d’écoulements réactifs supersoniques, s’écrivent [1][5][7][8][9][10][12] :
dans des configurations d’intérêt pratique grâce aux outils numéri-
— bilan de masse :
ques disponibles en 2001, nécessite le recours aux équations
moyennes explicitées plus en détail dans le paragraphe 1.3. ∼
∂ρ ∂ρ u j
------ + --------------- = 0 ; (16)
∂t ∂x j
1.3 Équations de bilan pour les valeurs — bilan de quantité de mouvement :
moyennes et les fluctuations.
Moyennes de Reynolds et de Favre ∂ρ u i
∂t
∼ ∂ρ ∼∼
ui uj
∂x j
- = –
--------------- + ---------------------
∂
∂ xj
σ ij
∼
+ ρ u″i u ″j + ρ f i
(17)
■ La procédure la plus classique pour l’étude des écoulements tur-
bulents consiste à diviser chaque fonction inconnue en deux
parties : sa valeur moyenne, et les fluctuations de cette fonction avec σ ij = p δ ij + τ ij ( δ ij symbole de Kronecker), τ ij tenseur des
autour de cette dernière. Il existe deux façons de définir cette gran- contraintes visqueuses ;
deur moyenne [7][8][9] : — bilan d’énergie :
∼ ∂ρ u∼ ∼
∼
— la moyenne dite de Reynolds :
∂ρ E
j E ∂
– u σ – ρ u″ j E″ – q j
∫
--------------- + ----------------------- = (18)
F = FP ( F ) dF (11) ∂t ∂x j ∂ x j i ji
où P(F) est la fonction densité de probabilité de la fonction F. avec qj composantes du flux thermique,
— la moyenne de Favre :
et
ui ui
∼ ρF 1
∫
E = e + ---------
- (19)
- = --- ρ FP ( F, ρ ) dF dρ
F = ----- (12) 2
ρ ρ
où e est l’énergie interne du fluide et E l’énergie totale ;
où P ( F, ρ ) est la fonction de densité de probabilité jointe de F et de — bilan pour une espèce chimique :
∼
∼
la masse volumique ρ .
∂ρ Y α
------------------ +
∂ ∼∼ ρ = ∂ – ρ Y V – ρ u″ Y ″ + w (20)
∂t ∂ x j u j Y α ∂ xj α α, j j α
α
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— équation d’état thermodynamique : effet semble devoir être associé à une augmentation de la dissipa-
∼ ∼
tion [5][8][14][15][16][8][17] qu’il est possible de prendre en compte
Y αT ∼ Yα
∼ Y α″T ″
dans les modèles.
p = ρ R ∑ ---------------- = ρR T ∑ -----------
- + ρ R ∑ -------------- (21) On caractérise, en première approximation, l’importance des
α
Mα α
M α α
Mα effets de compressibilité aérodynamique par deux nombres de
Mach (construits en utilisant la vitesse locale du son moyen a) :
avec R constante molaire des gaz parfaits, — le nombre de Mach turbulent défini à partir de l’énergie cinéti-
∼
∼
masse molaire de l’espèce α ; que moyenne k de la turbulence :
∼
Mα
∼ ∼k
∼ ∼ ∼
Ces équations font apparaître des quantités moyennes u ″i u j ″ ,
u″j E″ , u j p , u ″j Y α″ , Y ″α T″ , σ ij , q j , ρ Y α V α, j , w α , dont la détermina-
2
Ma t = 2 k ⁄ 3a
2
, avec
— le nombre de Mach caractéristique de l’amplitude des gra-
= u ″i u i″ ⁄ 2 ; (22)
∼ ∼ ∼
sous l’action de la turbulence soit : dans lequel l’échelle de longueur Λ est l’échelle intégrale de la tur-
bulence définie au paragraphe 1.1.
u ″i u j ″ , u″j E″ , u j p , u ″j Y α″ ;
Ces deux nombres de Mach sont utilisés, dans les termes correctifs
• le terme de production chimique moyen, w α ; introduits dans les modèles développés pour les écoulements subso-
• la moyenne des termes de transport moléculaires σ ij , q j , niques pour les rendre utilisables dans les écoulements supersoni-
ρ Y α V α, j que l’on peut généralement négliger dans le cas des écou- ques. En fait seul le premier de ces nombres de Mach Ma t est utilisé
lements à grands nombres de Reynolds, excepté au voisinage des dans les modèles les plus courants, en particulier, ceux dérivés du
parois. Dans ce dernier cas ces termes sont généralement écrits en modèle k- ε à deux équations de transports (cf. [BE 8 157]). Le nom-
utilisant uniquement les grandeurs moyennes et donc en négligeant bre de Mach Ma g est par contre utilisé, par exemple, dans les termes
∼
les fluctuations des coefficients de transport moléculaire ;
— Y ″ T″ ; cette corrélation décrit l’interaction existant entre deux
α
correctifs introduits dans les références [7][8].
∼ ∼ ∂∼ ∼
— la dilatation volumique due, non seulement à l’énergie déga-
∂u
gée par les réactions de combustion, dont l’influence n’est pas fon- uj 2 ∂u k ∼
– ρ u ″i u j″ = µ t ---------- - – --- δ ij ----------- – --- δ ij ρ k ;
i 2
- + ---------- (24)
damentalement différente de celle exercée dans les écoulements ∂x j ∂x i 3 ∂x k 3
subsoniques, mais aussi aux effets de compressibilité associés à
l’écoulement (ondes de choc et ondes de détente) ;
— pour les flux d’espèces :
— la conversion entre énergie cinétique, pression et énergie ther-
∼
mique qui comprend en fait deux parties :
• une partie réversible qui exprime l’échauffement (respective- j α
∼
∂ Yi
– ρ u″ Y ″ = ρ D t --------------
∂x
- ; (25)
ment le refroidissement) dû aux compressions (respectivement
dilatation) locales, — pour le flux de chaleur :
• une partie irréversible due à la dissipation visqueuse qui trans-
forme l’énergie cinétique en chaleur. ∼ ∂h
– ρ u ″i h″ = ρ D th -----------
∂x j
∼
(26)
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COMBUSTION EN ÉCOULEMENT SUPERSONIQUE _____________________________________________________________________________________________
En l’absence de résultat expérimental pour les écoulements 1.5 Modélisation des termes
supersoniques les valeurs choisies pour les constantes C µ , Sc t de production chimique moyens
(nombre de Schmidt turbulent), Pr t (nombre Prandtl turbulent) sont
souvent celles déterminées pour l’écoulement correspondant sub-
sonique. Dans ces conditions une valeur possible pour C µ est La modélisation des termes de productions chimiques moyens
est rendue nécessaire par le caractère fortement non linéaire de la
C µ = 0, 09 [5][10]. Les nombres de Schmidt Sc t et de Prandlt loi d’Arrhénius (cf. [BE 8 340] équation (10)). De ce fait, le terme de
Pr t turbulents sont généralement supposés constants. Leurs production moyen ne peut être écrit simplement en fonction des
valeurs dépendent de la configuration de l’écoulement. deux premiers moments des quantités dont il est fonction, comme
Il reste à écrire les équations permettant le calcul de k et de ε .
∼ cela est fait pour les autres termes figurant dans les équations de
bilan moyennes. Le calcul du terme de production moyen nécessite
L’équation de bilan pour l’énergie cinétique k s’écrit d’une manière a priori la connaissance des fonctions densité de probabilité jointes
identique à celle utilisée pour les écoulements subsoniques sous la des concentrations d’espèces, de la température et de la pression
forme : P ( Y k , T, p ) [2][5] :
∂ ∼ ∂ ∼∼ ∂ µt ∂ ∼
∫
ρk + ρ u i k = ρ P k – ρε + k-
∂t ∂ xj
------ -------
∂ x j σ k ∂x j
(29) wi = w i ( Y k ,T, p )P ( Y k ,T, p ) dY k dT dp (34)
∼ ∼ lité jointe figurant dans cette équation n’est pas sans poser quel-
ui ∂ ques problèmes. Tout le travail de modélisation consiste en fait à
P k = – u ″j u i″ ----------- (30)
∂x j simplifier cette fonction densité de probabilité, en particulier, en
diminuant le nombre de variables figurant dans celle-ci. Sur ce point
et où σ k est une constante dont la valeur est souvent choisie égale il n’existe pas de différence entre écoulements subsoniques et
à l’unité. supersoniques. Cependant, dans ce dernier cas, il faut prendre en
compte le couplage existant entre le champ des vitesses de l’écou-
■ La différence essentielle avec le cas des écoulements subsoni- lement et le processus chimique qui est dû à la conversion énergie
ques est la définition de la dissipation ε . Pour un écoulement super- cinétique-enthalpie sensible (partie de l’enthalpie directement liée à
sonique, on considère [7][8][12][15][16] que la dissipation ε est la température): l’augmentation de température due à cette conver-
composée de deux parties : sion peut être du même ordre de grandeur que celle due au proces-
sus de combustion. Dans ces conditions et du fait de sa sensibilité à
ε = εs + εc la température, la vitesse des réactions chimiques peut se trouver
fortement modifiée par ce couplage.
• ε s est la dissipation dite solénoïdale qui est en fait déterminée
d’une manière identique au cas des écoulements incompressibles D’une manière générale, dans l’état actuel des connaissances,
subsoniques par l’équation différentielle heuristique suivante : les modèles utilisés pour décrire la combustion en écoulement
supersonique sont directement ceux construits pour les écoule-
∂ρε s ∂ρ u j ε s
∼ ments subsoniques dans lesquels on cherche à prendre en
∂ µ t ∂ε s εs
- =
----------- + ------------------- ----- -------- + ρ -------
∼ - ( Cε 1 Pk – Cε 2 εs ) (31) compte la conversion énergie cinétique-énergie thermique dans
∂t ∂x j ∂ x j σ ε ∂x j k son couplage avec le processus chimique.
avec C ε 1 , C ε 2 , σ ε , constantes dont les valeurs courantes utilisées Comme pour les écoulements subsoniques, il convient de diffé-
sont [5][10] : rencier le cas des écoulements prémélangés du cas des écoule-
ments non prémélangés.
C ε 1 = 1, 43 , C ε 2 = 1, 92 , σ ε = 1, 3 .
Ces valeurs peuvent changer avec la géométrie du système consi- 1.5.1 Écoulements turbulents prémélangés
déré. Par exemple, des valeurs différentes peuvent être utilisées
dans le cas d’un écoulement axisymétrique ; En ce qui concerne la combustion de réactifs prémélangés, les
modèles disponibles sont ceux utilisés pour les écoulements subso-
• ε c est la partie dite compressible de la dissipation, due à l’action niques. On se référera pour ces modèles à l’ouvrage [5]. Il n’existe
des effets de compressibilité et est calculée généralement en utili- pas à notre connaissance de modèle prenant en compte la conver-
sant une équation algébrique faisant intervenir de manière explicite sion énergie cinétique-énergie thermique et sa rétroaction sur la
l’influence du nombre de Mach turbulent Ma t (cf. (22)) au point combustion.
considéré. Plusieurs expressions sont disponibles dans la littéra-
À notre avis, l’utilisation pour des écoulements supersoniques,
ture, expressions qui ont été développées à partir de résultats
des modèles développés pour le calcul des écoulements subsoni-
numériques issus d’une simulation directe des équations de bilan
ques et qui utilisent le concept de flammelettes (collection de flam-
instantanées :
mes laminaires instantanées) peut s’avérer peu réaliste. En effet,
dans un écoulement turbulent supersonique, dès que le nombre de
2
ε c = 3 α s ε s Ma t (32) Mach devient grand :
— a) l’échelle de Kolmogorov peut devenir rapidement inférieure
avec α s = 1,0 à l’épaisseur de la flamme laminaire correspondant au mélange étu-
dié. Or, l’existence de flammelettes suppose que l’échelle de Kolmo-
3⁄ ( 1 + γ Ma – 0, 1 ) 2 gorov soit grande devant l’épaisseur de flamme, ce qui est effec-
ε c = 0,75 ε s 1 – exp – -------------------------------------------------------
2 -
t tivement réalisé si :
(33)
0, 6
1⁄2
Da >> Re Λ (35)
L’équation (32) est due à [16] tandis que l’équation (33) est due à
[15]. où Da est le nombre de Damköhler défini par :
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L’indice β fait ici référence à un des atomes constituant les espèces Dans le cas où le processus chimique est décrit par une réaction
(indice α ) présentes dans l’écoulement. N est le nombre d’espèces globale unique irréversible, le calcul des fractions massiques
présentes et M le nombre d’atomes les constituant ( 1 β M ). moyennes est considérablement simplifié. En effet, dans ces
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conditions, la flamme de diffusion instantanée est conforme au remplacer l’équation de transport de la fonction de densité de pro-
modèle de Burke-Schumann et il existe une relation univoque entre babilité par un modèle stochastique (qui peut par exemple être
les concentrations de chaque espèce et la fraction de mélange. Si résolu par une méthode de Monte Carlo [14][21]).
on appelle Y c la fraction massique de combustible et Y ox la frac-
tion massique d’oxydant, les solutions instantanées pour Y c et Y ox ■ Modèle de flammelette
s’écrivent : L’approximation suivante pour le modèle de flamme instantanée
Z prend en compte une épaisseur finie pour celle-ci. Cette épaisseur
pour Z < Z st , Yc = 0 , Y ox = 1 – ------- (47) est cependant supposée être très inférieure à l’échelle de Kolmogo-
Z st
rov et donc à toutes les échelles de la mécanique des fluides. Dans
Z – Z st cette hypothèse, les équations de bilan d’espèces et de l’enthalpie
pour Z > Z st , Y c = ----------------- , Y ox = 0 (48) instantanées, écrites dans un repère lié à la surface sur laquelle
1 – Z st
Z = Z st c’est-à-dire où le mélange existe en proportion stœchiomé-
où Z st est la valeur de la fraction de mélange correspondant à un trique s’écrivent [1][2][5][6][18] :
mélange stœchiométrique entre le combustible et l’oxydant [18]
2
soit : d Yα
N ------------- = w α (53)
Z st = 1 ⁄ ( 1 + n 0 ) dZ
2
∼ ∂∼
Z ∂ ∼
∂Z
données par la résolution des équations (53)(54), ne sont des fonc-
tions que de Z et de N.
ρu k ---------- = ρD t ---------- (49)
∂x k ∂ x i ∂x i Les solutions pour les grandeurs moyennes s’écrivent alors :
∼ ∼ ∼ ∼
∼ ∫
2
∼ ∂ Z″ 2 - = ∂ ρ D
ρu k ----------------- ∂ Z″ 2-
------t -----------------
∂ Z
+ 2 ρ D t ---------- – 2 ρ N
Yα = 1
--- ρ ( Z, N )Y α ( Z, N )P ( Z, N ) dZ dN (55)
(50) ρ
∂x k ∂ x i σ ∂x i ∂x j
∼
ρ∫
avec 1
ρ ( Z, N ) T ( Z , N ) P ( Z , N ) dZ dN
ε ∼
T = --- (56)
νt
D t = -------- , ∼N = σN --- Z″ 2
(51)
S ct k et leurs calculs nécessitent la connaissance de la fonction de densité
de probabilité jointe P ( Z, N ) . L’approximation la plus courante pour
où S ct et σ N sont des constantes dont les valeurs sont souvent
déterminer cette fonction de densité de probabilité est de considérer
choisies comme étant : S ct = 1 et σ N = 1 , ε et k sont déterminés
Z et N comme des variables statistiquement indépendantes [2][5].
par les équations de bilan (29) à (33).
On considère, en effet, que le champ de Z est affecté plutôt par le
Une forme souvent utilisée pour la fonction densité de probabilité mouvement à grande échelle tandis que celui de N est plutôt
de Z est la fonction β [96] qui s’écrit : contrôlé par le mouvement à petite échelle. Dans ces conditions, la
α–1 β–1 relation suivante s’applique :
P ( Z ) = AZ (1 – Z ) (52)
avec P ( Z, N ) = P ( Z )P ( N ) (57)
A = Γ(γ ) ⁄ [Γ(α)Γ(β)] P (Z) est déterminée d’une manière identique à celle définie ci-des-
∼Z 1 – ∼Z sus (par exemple (52)) et P (N) est calculée en utilisant, comme sug-
géré par Kolmogorov, une fonction log-normale [2][5]. Une
γ
∼
= ------------------------------ – 1
Z ″2
approximation plus drastique, mais néanmoins souvent utilisée, est
de considérer P (N) [2] comme une fonction δ centrée sur sa valeur
∼
∼ , β = γ 1 – Z
∼ moyenne N = N :
α = γ Z P(N) = δN – N ∼ (58)
où Γ est la fonction gamma [96].
Une autre façon de procéder est d’introduire une équation de ■ Cas où le temps de la chimie est comparable au temps de
bilan supplémentaire exprimant le transport de la fonction de den- mélange
sité de probabilité dans l’écoulement. Pour pouvoir être utilisé, ce Dans ces conditions, le calcul du terme de production moyen
type d’équations nécessite l’introduction de nouvelles hypothèses nécessiterait, comme nous l’avons déjà mentionné, la donnée de la
de fermeture. De plus, ces équations posent un certain nombre de fonction de densité de probabilité jointe apparaissant dans l’équa-
problèmes en ce qui concerne leurs conditions initiales et aux limi- tion (34). Différents types d’approximation sont utilisés [méthode de
tes. De ce fait, elles ne sont utilisées que pour certaines géométries la fonction de densité de probabilité présumée (cf. en plus des réfé-
très spécifiques. Une manière de contourner ce problème est de rences déjà citées [22][23][24][25][28]), transport de la fonction de
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densité de production (cf. [29][30][31][32][33][34] et les références La température et les fractions massiques instantanées s’écri-
déjà citées) calculée par une méthode de Monte Carlo] pour le calcul vent, dans le modèle de flammelette:
de celle-ci. Nous ne donnerons ici que le modèle Eulerien-Lagran- T = T ( Z, N , u ) (63)
gien PEUL [1] qui pourrait être modifié en vue d’une utilisation dans
les écoulements supersoniques. Dans ce modèle, les équations de Y α = Y α ( Z, N , u ) (64)
bilan instantanées pour les fractions massiques, sont remplacées
par une équation modèle (de type lagrangienne) dans laquelle on a expressions qui se substituent à (40) et (41) utilisées pour les écou-
remplacé les termes de diffusion moléculaire par un terme lements subsoniques.
d’échange avec la moyenne, qui fait intervenir un temps caractéris- La détermination de la température et des fractions massiques
tique τ m déduit des conditions locales de la turbulence. Ces équa- moyennes nécessite donc la connaissance de la fonction de proba-
tions lagrangiennes s’écrivent : bilité jointe de Z, N et u. Dans l’hypothèse déjà évoquée où l’on
dY α
∼
Yα – Yα
considère que Z et u sont plus spécifiquement contrôlés par le mou-
vement à grande échelle et que au contraire N dépend plus spécifi-
- + wα
----------- = ------------------------ (59) quement du mouvement aux petites échelles, cette fonction densité
dt τm
∼
Z –Z
de probabilité jointe peut s’écrire :
dZ
------- = ---------------- (60) P ( Z, N, u ) = P ( N )P ( Z, u ) = P ( N )P ( Z )P ( u|Z ) (65)
dt τm
où P ( u|Z ) est la fonction densité de probabilité de la vitesse condi-
La combinaison de ces deux équations conduit à l’équation sui- tionnée à la valeur de Z :
vante :
dY α
∼
Yα – Yα + wα τm
— il est possible d’utiliser, a priori, pour P (Z ) et P (N ), les formes
fonctionnelles déjà utilisées lorsque l’écoulement est subsonique
dZ ∼
----------- = ----------------------------------------------
Z –Z
- (61) (cf. (52)), des résultats expérimentaux sont cependant nécessaires
pour vérifier le bien-fondé de cette approximation ;
dont la résolution conduit au champ des fractions massiques Y α en — en ce qui concerne, maintenant, la fonction densité probabilité
fonction de Z lorsque le temps d’échange est connu. conditionnée P ( u|Z ) , il n’existe pas, à notre connaissance, de résul-
tat expérimental et théorique permettant de préciser sa forme fonc-
A priori, il existe en chaque point une distribution du temps de tionnelle. Cette dernière doit être postulée.
mélange. Pour simplifier le problème, seules certaines valeurs du • La fonction la plus simple que l’on puisse utiliser est la fonc-
temps d’échange sont considérées, celles-ci correspondant à certai- tion δ centrée sur la valeur moyenne de la vitesse, soit :
nes trajectoires particulières dans le plan Yα , Z. Le nombre de trajec-
toires à considérer dépend du nombre de réactions chimiques mises P ( u|Z ) = δ ( u –∼
u) (66)
en jeu par le processus de combustion. Dans le cas d’une réaction
globale irréversible, on ne considère en pratique que trois trajectoi- Cette approximation suppose, en fait, que les fluctuations
res dont le poids respectif est fixé par la valeur moyenne de la frac- autour de la valeur moyenne soient négligeables, du moins en ce
tion massique d’une espèce. Les valeurs moyennes sont calculées, qui concerne leur influence sur la température instantanée. Cette
comme dans le modèle de flammelette, à partir d’une fonction de hypothèse est à l’origine du modèle proposé dans la référence
densité de probabilité présumée pour la fraction de mélange Z. [97].
• Une forme plus élaborée de P ( u|Z ) permettant de prendre en
compte, du moins en partie, l’influence des fluctuations de vitesse
1.5.3 Écoulement turbulent non prémélangé sur la température instantanée a été proposée dans la référence
supersonique [39] qui suggère d’écrire cette fonction densité de probabilité de la
manière suivante :
Dans le cas où la pression n’est plus constante, seule l’approxima-
tion dite quasi laminaire peut être utilisée simplement pour l’instant. P ( u|Z ) = δ ( u – < u|Z> ) (67)
Dans cette hypothèse les termes de production chimique moyens où <u|Z> est la vitesse moyenne conditionnée à Z. Dans cette
sont en fait écrits comme des fonctions des valeurs moyennes de T, approximation, on néglige en fait les fluctuations de la vitesse
Yα et p en chaque point et, dans certains cas, développés autour de autour de la vitesse moyenne conditionnée Z.
celles-ci de manière à faire apparaître les moments d’ordre 2
[35][36][37][38]. Malheureusement, il n’existe pas d’expression universelle ni de
résultat expérimental pour <u|Z> , en ce qui concerne les écoule-
■ Lorsque la pression statique reste constante dans l’écoulement, ments supersoniques. Lorsque le gradient de pression peut être
l’ensemble des modèles présentés dans le paragraphe 1.5.2 peut négligé et lorsque les conditions aux limites pour la vitesse u et le
être généralisé au cas d’un écoulement supersonique. scalaire Z sont susceptibles d’être ramenées à une forme identique
(analogie de Reynolds), on obtient en première approximation, la
■ Dans l’hypothèse de l’équilibre chimique, dans l’approximation forme simple suivante :
de Burke-Schumann ou bien dans le cas d’un modèle de flammelet-
u c – u ox
tes lorsque l’écoulement est supersonique, les fractions massiques <u|Z> = u ox + ---------------------Z (68)
et la température ne sont plus reliées uniquement à la fraction de ∆Z
mélange Z, dans l’hypothèse de l’équilibre chimique, et à Z à la dis- où uc est la vitesse de l’écoulement dans la région où seul le com-
sipation du scalaire N pour un modèle de flammelettes. En effet, bustible est observé et où u ox est celle de l’écoulement où seul sub-
dans ce cas, c’est l’équation de bilan pour l’enthalpie totale qui est siste l’oxydant. ∆ Z est alors la différence des valeurs de Z
identique à l’équation de bilan pour la fraction de mélange Z (du caractérisant chacune de ces régions de l’écoulement, considérée ici
moins sous certaines hypothèses, [BE 8 340] équation (102). Dans comme égale à 1.
ces conditions, la température instantanée est localement, à la fois
une fonction de Z, des fractions massiques et du module de la Dans cette approximation, l’expression de l’enthalpie totale H est
vitesse locale de l’écoulement [39][40] : reliée à Z par :
u2 <u|Z>
2
H = h + ------ = AZ + B (62) H = h + -------------------- = AZ + B (69)
2 2
où A et B sont des constantes que l’on détermine en utilisant les où A et B sont des constantes déterminées par les conditions aux
conditions aux limites pour le problème considéré. limites.
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L’enthalpie massique h est alors donnée par : des grands nombres de Mach de vol ( Ma > 10 ) , la température sta-
tique de l’écoulement d’air à l’entrée de la chambre de combustion
1 2 2
h = --- ( – u ox – 2u ox ∆ uZ – ( ∆ u ) Z 2 ) + AZ + B (70) est supérieure à 1 100 K :
2
— dans ces conditions, le temps d’induction d’un mélange hydro-
∆ u = u c – u ox (71) gène-air reste inférieur à 0,1 ms, ce qui correspond à des longueurs
de transit de l’ordre de quelques dizaines de centimètres, ce qui
soit : reste tout à fait compatible avec les dimensions d’une chambre de
1 2 combustion. On considère généralement que des conditions réalis-
h – h ox = ( h c – h ox )Z + --- ( ∆ u ) Z ( 1 – Z ) (72) tes pour l’allumage de la combustion peuvent être obtenues dès
2
que le nombre Mach de vol est supérieur à 6. Pour ces grands nom-
Le membre de droite de l’équation (72) fait apparaître deux ter- bres de Mach de vol, le dimensionnement de la chambre de com-
mes : le premier est le seul qui subsiste dans le cas d’un écoulement bustion est donc plus spécifiquement contrôlé par le mélange
à faible nombre de Mach tandis que le second est représentatif de la combustible-oxydant. Différents procédés sont envisagés pour acti-
conversion énergie cinétique-énergie thermique qui se produit dans ver celui-ci : utilisation d’injecteurs ayant des formes optimisées ou/
le cas d’un écoulement supersonique. et présentant des orifices de formes particulières (par exemple ellip-
On notera qu’il est possible d’utiliser une expression moins dras- tique, rectangulaire ou triangulaire) et conçus pour favoriser la pro-
tique pour <u|Z> que celle donnée en (68). <u|Z> peut en effet duction de vorticité longitudinale ; interaction entre la zone de
être linéarisée localement autour de la vitesse et de la fraction de mélange et soit une onde de choc soit une onde de détente. De nom-
mélange moyennes. Dans ces conditions, <u|Z> s’écrit breuses études sont en cours sur ces aspects particuliers de l’injec-
∼ u″Z″ ∼ ∼
<u|Z> = u + --------------- Z – Z
tion et du mélange (cf. [36] et [44] à [72] [94]) ;
— à ce problème de mélange vient s’ajouter celui des pertes de
Z″ 2
∼
(73) charges : les procédés efficaces sur le plan du mélange sont généra-
lement coûteux en terme de perte de charge.
Cette expression est exacte dans le cas où la fonction de probabi- Dans le cas des nombres de Mach faibles, c’est-à-dire inférieurs à
lité jointe de u et de Z est Gaussienne. Cette approximation est utili- 6 ou 7, la température statique à l’entrée de la chambre de combus-
sée souvent dans la partie centrale d’un jet subsonique [2]. tion peut devenir suffisamment faible et la longueur d’induction
On remarquera que, dans ce dernier cas, la dérivée de <u|Z> par trop grande pour que la dimension de la chambre de combustion
rapport à Z est une fonction des coordonnées du point du champ de reste acceptable. Il est alors nécessaire d’augmenter le temps de
l’écoulement. séjour du gaz combustible dans la chambre de combustion. Le pro-
Pour un écoulement donné, la bibliothèque de flammelettes étant cédé le plus classique consiste à introduire dans l’écoulement une
calculée, la procédure de calcul reste analogue à celle d’un écoule- (ou plusieurs) zone(s) de recirculation dont la dimension doit être
ment subsonique. Dans les cas simplifiés envisagés ci-dessus, où la calculée pour que le temps de séjour du mélange de celles-ci soit de
fonction de densité de probabilité P ( u|Z ) n’est fonction que de Z, le l’ordre de grandeur du temps chimique. Celles-ci peuvent être obte-
calcul de l’écoulement proprement dit ne doit pas nécessiter un nues, comme dans les écoulements subsoniques, par l’utilisation
temps de calcul supérieur au cas d’un écoulement subsonique. Par des cavités pariétales, d’obstacles placés dans l’écoulement ou par
contre, la bibliothèque de flammelettes doit être recalculée pour cha- un élargissement brusque de la paroi [44][73]. Ce type de procédé
que valeur de u c -u ox . En effet, le profil de température à l’intérieur est cependant générateur de pertes de charge d’autant plus impor-
de chaque flammelette ainsi que la valeur critique de la dissipation du tantes que l’écoulement est rapide et ne sauraient rester compatible
scalaire, N, pour laquelle la flammelette s’éteint, sont maintenant des avec un écoulement à grand nombre de Mach.
fonctions de ce dernier paramètre. Une analyse détaillée de Il est intéressant de noter que, dans le cas des écoulements super-
l’influence de la différence de vitesse entre le combustible et l’oxy- soniques, il est possible de stabiliser une zone de recirculation par
dant sur la structure de la flammelette est présentée dans une interaction d’ondes de choc obliques, dans des consitions aéro-
[39][41][28]. On notera ici, pour préciser cette influence, que l’accrois- dynamiques qui semblent moins coûteuses en terme de pertes de
sement maximum de température dans la flammelette est obtenu charge [74][75]. Un exemple, issu de l’étude numérique effectuée
pour des valeurs de Z proches de 0,5 et que cet accroissement est par [75] et montrant le développement au cours du temps d’une
d’autant plus important que la valeur de Z, où la proportion de l’oxy- telle zone de réticulation et présenté sur la figure 1. Une telle zone
dant et du combustible est stœchiométrique, est proche de 0,5. de recirculation libre est obtenue dans le cas d’une réflexion non
régulière, à la rencontre de deux ondes de choc obliques symétri-
ques dès lors qu’un déficit de pression totale (supérieure à une cer-
2. Combustion supersonique, taine valeur critique) apparaît dans la région centrale de
l’écoulement.
application à la propulsion :
problème à résoudre
3. Applications
Le problème pratique principal à résoudre pour utiliser la
combustion supersonique dans les chambres de combustion est de
de la combustion
conserver une dimension pour la chambre de combustion qui, en écoulement
compte tenu des divers temps caractéristiques contrôlant le
mélange, l’allumage et la combustion, reste compatible avec celle supersonique
que requiert son utilisation pour la propulsion d’un avion ou d’un
missile.
Exemple : dans le cas d’un avion hypersonique, une longueur de Il n’existe pas actuellement, à notre connaissance, de moteurs
3 mètres pour cette chambre de combustion semble un maximum pour la propulsion aéronautique et spatiale utilisant effectivement la
[42][43][44]. combustion en écoulement supersonique comme source d’énergie
principale. Tous les concepts de ce type n’en sont actuellement
Le tableau 1 dont les données ont été calculées à partir des résul- qu’au stade des études et pour certains ne figurent qu’à l’état
tats présentés dans les références [42][43] montre que, dans le cas d’avant-projet.
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(0)
y (cm) y (cm)
20 20
15 15
10 10
5 5
0 0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 x (cm) 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 x (cm)
a x (cm) c x (cm)
y (cm) y (cm)
20 20
15 15
10 10
5 5
0 0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 x (cm) 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 x (cm)
b x (cm) d x (cm)
Figure 1 – Formation d’une zone de recirculation libre par interaction d’ondes de choc obliques (champs de vitesse)
Les systèmes qui font actuellement l’objet de recherches expéri- d’une poussée additionnelle dans certains missiles et moteurs-
mentales et numériques, à la fois fondamentales et appliquées, fusées. Ces applications utilisent, pour certaines, la combustion
sont : le super-statoréacteur (Scramjet) [44][46] et [76] à [81], le externe, celle-ci s’effectuant à l’extérieur de l’engin au voisinage
moteur à détonation oblique (ODWE Oblique Detonation Wave immédiat de celui-ci, soit en interaction avec la couche limite externe
Engine) [44] et [82] à [84], le lanceur à effet stato (RAMAC) [85][86], qui se développe autour de celui-ci (guidage, réduction de traînées),
le moteur à détonations pulsées (PDWE Pulse Detonation Wave soit dans le jet de sortie de la tuyère (augmentation de la poussée).
Engine) [87][88]. On notera aussi que les molécules excitées nécessaires au fonc-
Par contre, la combustion en écoulement supersonique est déjà tionnement de certains lasers chimiques sont produites par des
utilisée pour réduire la traînée, pour le guidage, et pour la production réactions chimiques se développant dans des écoulements
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supersoniques. Certains des problèmes posés par la réalisation de tel système. C’est en fait, le moteur-fusée qui, déjà opérationnel, fut
ce type de technologie sont analogues à ceux rencontrés pour la retenu pour la propulsion aux grands nombres de Mach, et qui fit
combustion en écoulement supersonique. l’objet de développements technologiques importants.
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3 000 1,2
Superstatoréacteurs
Dans son principe, le moteur à détonation oblique [11] [26] [27]
Moteur à détonation
[44] [82] [83] et [84] dont un schéma indicatif est donné sur la figure 1,0
oblique
4 reste analogue au super-statoréacteur. Comme dans ce dernier,
l’idée est de conserver un écoulement supersonique jusque dans la
chambre de combustion. Par contre, si dans le super-statoréacteur, 2 000 0,8
le combustible est injecté dans la chambre de combustion où le
mélange air-combustible et la combustion s’effectuent simultané-
ment, dans le moteur à détonation oblique, mélange et combustion 0,6
sont séparés et s’effectuent en deux endroits distincts du système Impulsion
propulsif : spécifique
1 000 0,4
— le mélange est effectué dans une région où la température sta-
tique reste suffisamment faible pour que les réactions chimiques
soient figées ; Coefficient
de poussée 0,2
— le mélange combustible-air étant réalisé, l’allumage de la com-
bustion est assuré par une onde de choc oblique obtenue, par exem-
ple, par une modification brusque de la direction de l’écoulement. 0
Cette onde de choc oblique assure l’augmentation de température 6 8 10 12 14 16 18 20 22
nécessaire à l’auto-inflammation du mélange. Pour des conditions
Nombre de Mach (Ma )
aérodynamiques et géométriques données et bien choisies, un tel
processus peut conduire à la formation d’une onde de détonation Conditions de vol correspondant à une pression dynamique de 95 kPa
oblique stationnaire. (température de paroi 1 100 K)
Dans une configuration de ce type, la combustion et donc le déga-
gement d’énergie s’effectuent sur une longueur très faible, minimi- Figure 5 – Comparaison entre les impulsions spécifiques d’un super-
sant ainsi l’encombrement de la chambre de combustion et donc la statoréacteur et d’un moteur à détonation oblique en fonction du
partie du dispositif nécessitant un refroidissement pariétal. Ce point nombre de Mach (d’après [84])
est souvent présenté comme un avantage de ce type de système
propulsif. Par contre, le facteur limitant l’encombrement de l’ensem-
ble de ce dernier est le mélange air-combustible qui doit être effec-
tué avec une bonne homogénéité en amont de l’onde de détonation Richesse (r )
oblique. Dans ces conditions, l’encombrement total du système pro-
pulsif risque d’être peu différent de celui d’un super-statoréacteur 1,8
Super-statoréacteurs
dans lequel la longueur caractéristique du mélange air-combustible
est aussi le facteur limitant le développement de la combustion, la Moteur à Tf = 1 100 K
détonation
longueur caractéristique de cette dernière étant, dans la plupart des 1,6 oblique
conditions de vol, inférieure à celle nécessaire au mélange.
Aéronef 0,8
10 15 20 25
Mélange air
Entrée Nombre de Mach (Ma )
+ combustible
d'air
phase de compression Conditions de vol correspondant à une pression dynamique de 95 kPa
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