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CERTIFICAT DE
FORMATION CONTINUE UNIVERSITAIRE
EN SEXOLOGIE CLINIQUE
UNIVERSITÉ DE GENÈVE
2001-2003
DYSFONCTION ERECTILE
ET
DIABETE
Jacques ARNOULD
Physiothérapeute
Le Dally, 24
CH-1628 Vuadens
PLAN DU MEMOIRE.
I. INTRODUCTION. 3
IV. LE DIABÈTE. 11
IX. CONCLUSIONS. 44
X. BIBLIOGRAPHIE. 47
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I. Introduction.
Mon objectif initial n’est pas de « jouer les sexologues », mais plutôt d’être
reconnu comme un technicien en sexologie ou un « rééducateur spécialisé en
sexothérapie ».
S'il apparaît que la dysfonction érectile (DE) est une pathologie très fréquente,
sa probabilité augmente chez le diabétique en particulier en fonction de l’âge, en
cas de mauvais contrôle de la glycémie et en présence d’autres facteurs
aggravants comme l’obésité, la sédentarité, le tabagisme et l’alcoolisme.
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II. Anatomie du pénis.
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Les corps caverneux (gauche et droit) s’insèrent sur les branches
ischio-pubiennes du bassin. Ils sont situés au-dessus du corps
spongieux et sont essentiels à la rigidité de l’érection. Ils sont
enveloppés par un tissu conjonctif épais et rigide appelée albuginée.
Dans les corps caverneux, les travées de tissu conjonctif, limitant
les espaces trabéculaires (ou capillaires sinusoïdes) interconnectés
entre eux comme dans une éponge, sont recouverts de cellules
musculaires lisses. Entre ces travées, les espaces caverneux sont
remplis de sang artériel provenant des branches des artères
caverneuses (artères spiralées ou hélicines) et sont drainés par les
veinules post-caverneuses. Celles-ci convergent pour former des
veines plus importantes qui traversent l’albuginée avant de
rejoindre les veines caverneuses.
Les corps caverneux sont richement innervés par le système
nerveux autonome. L’innervation est de type cholinergique,
adrénergique, mais aussi non cholinergique-nonadrénergique.
Les nerfs sensitifs suivent les artères et veines dorsales.
Les nerfs moteurs parasympathiques sont issus des racines
nerveuses S2-S4, ils sont rejoints par les fibres sympathiques D11-
L2, cheminent le long du rectum et de la prostate et pénètrent dans
les corps caverneux le long des artères centrales.
Les nerfs autonomes non cholinergiques-non adrénergiques du
pénis synthétisent et libèrent l’oxyde nitrique (NO) indispensable à
l’érection.
L’innervation du pénis :
Les centres médullaires de l’érection sont situés au niveau des 2ième, 3ième
et 4ième métamères sacrés.
L’innervation motrice des muscles annexés aux organes érectiles est
assurée par le nerf honteux interne.
L’innervation neuro-végétative est le fait des nerfs érecteurs qui vont
converger vers le plexus hypogastrique. Ceux-ci peuvent être lésés lors
d’interventions chirurgicales ou lors de traumatismes au niveau du bassin.
L’érection est un phénomène neuro-végétatif parasympathique. Il existe
un tonus orthosympathique inhibiteur permanent, expliquant la flaccidité
de base.
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Le système musculaire :
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Le plan superficiel retiendra particulièrement l’attention du rééducateur.
Il est composé de trois muscles pairs et symétriques :
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III. Physiologie de l’érection.
On se trouve donc en présence d’une structure érectile à haute pression que sont
les corps caverneux et d’une autre à basse pression que sont le corps spongieux
et le gland.
Lorsque dans une situation propice habituelle de détente, un homme est stimulé
psychologiquement (désir, fantasme, etc..) et/ou sensoriellement (vue, odeurs,
toucher, paroles, musique etc, etc, etc…), la dopamine transmettra un message
au niveau des noyaux para-ventriculaires qui induira l’influx nerveux le long des
nerfs parasympathiques non-cholinergiques qui à leur tour provoqueront la
sécrétion d’oxyde nitrique (NO) au niveau de l’endothélium des corps
caverneux.
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IV. Le diabète.
Le diabète est une maladie chronique qui se caractérise par un taux de glucose
(glycémie) anormalement élevé dans le sang dû à une carence absolue ou
relative en insuline.
L’insuline, hormone secrétée par le pancréas, permet l’utilisation du glucose par
les muscles, les tissus adipeux, le foie et certaines zones du cerveau ; elle est
également indispensable à l’incorporation des protéines alimentaires dans les
muscles.
Sans entrer dans les détails de la diabétologie, il est important de donner ici
quelques précisions concernant la glycémie :
Valeur moyenne : 1 gramme par litre de sang (5,5mmol/l).
Normalement, la glycémie oscille en permanence entre 0,5 et 1,5 g/l.
Elle varie entre 1 et 1,4 g/l deux heures après un repas et se situe entre
0,7 et 1,1g/l à jeun le matin.
Selon les critères de l‘OMS, il y a diabète quand la glycémie à jeun est
supérieure ou égale, à au moins deux reprises, à 7mmol/l ou 1,26g/l.
L’hypoglycémie correspond à une glycémie inférieure à 0,45g/l.
L’hémoglobine glycolysée ou HbA1C est un indicateur de l’équilibre du
diabète. Il se mesure tous les trois à quatre mois. Il permet d’estimer la
glycémie moyenne des mois précédents et indique le risque de
complications à long terme.
La glycémie capillaire fait partie des techniques d’auto-surveillance.
Elle se mesure par une piqûre au bout du doigt. La goutte de sang
obtenue est déposée sur une bandelette immédiatement lisible par le
lecteur de poche du patient.
La glycosurie est le taux de sucre dans les urines. Lorsque la glycémie
atteint 1,60g/l, le sucre passe dans les urines.
Le sucre transporté par le sang dans tout l’organisme doit être considéré comme
le principal carburant du corps auquel il fournit l’énergie nécessaire à son bon
fonctionnement.
Pour pénétrer dans les différentes cellules, le sucre a besoin de l’insuline qui
peut être considérée comme la clef autorisant l’accès des cellules au sucre.
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De plus, l’insuline favorise la formation des protéines et empêche l’utilisation
excessive des graisses, qui constituent la principale réserve d’énergie de
l’organisme. Elle est donc une hormone de « stockage » d’énergie et de maintien
des structures de l’organisme.
Il frappe surtout les jeunes avant 20 ans et est caractérisé par une
carence quasi-absolue en insuline.
Il se manifeste par de fortes variations de la glycémie au cours de la
journée, avec tendance à la formation d’acétone.
Il ne se soigne que par des injections quotidiennes d’insuline, une
obligation vitale qui doit être associée à un régime alimentaire
individualisé.
L’hérédité est la cause principale de l’apparition de l’un des deux grands types
de diabète, mais des facteurs externes peuvent s’avérer déclenchants (maladie,
obésité, mauvaise hygiène de vie).
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V. La dysfonction érectile (DE).
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¾ Les anomalies hormonales : principalement le déficit en sécrétion des
hormones mâles (androgènes) ou l’excès de
la sécrétion de prolactine (hormone
hypophysaire).
¾ Le déséquilibre glycémique : toutes les situations de déséquilibre aigu
avec hyperglycémie importante et
amaigrissement peuvent altérer la qualité des
érections du fait de la dégradation de l’état
général.
¾ Les maladies générales évolutives : toutes les maladies altérant l’état
général (infarctus, cancer, pathologies
infectieuses graves…) sont susceptibles
d’atteindre l’érection qui sera normalisée
avec la guérison éventuelle.
¾ Les causes médicamenteuses : de très nombreux médicaments peuvent
altérer la sexualité, parmi ceux utilisés plus
fréquemment par les diabétiques (certains
anti-hypertenseurs, certains hypolipémiants –
traitement du cholestérol) et certains
médicaments à visée psychologique comme
certains anti-dépresseurs.
¾ Les causes chirurgicales : certaines interventions chirurgicales au
niveau du petit bassin (prostate, vessie, …)
peuvent entraîner des lésions neurologiques
et/ou vasculaires responsables de DE.
¾ Les neuropathies : de nombreuses maladies neurologiques peuvent
s’accompagner de perturbations de l’érection,
que l’atteinte soit cérébrale ou médullaire.
Chez le diabétique, l’atteinte des nerfs
périphériques peut être responsable de DE
souvent associée à une atteinte de la vessie.
¾ Le déficit musculaire : certains muscles du périnée, en particulier les
ischio-caverneux, semblent avoir un rôle
important dans le maintien et le contrôle de la
rigidité en cours d’érection.
¾ L’artériopathie : Le débit artériel étant essentiel à l’érection, tout
déficit artériel peut être responsable d’une
altération de la qualité de l’érection.
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¾ Les fuites veineuses : dans certaines circonstances, le blocage du
retour veineux est défaillant et ne permet pas
la rigidité de la verge. La vidange veineuse
est un mécanisme physiologique qui survient
lors de la phase de détumescence. Lorsque la
fuite veineuse survient lors de l’intumescence
ou lors de la phase de rigidité, elle empêche
la survenue ou le maintien de l’érection.
¾ L’altération du fonctionnement des cellules musculaires caverneuses :
leur fonctionnement est complexe et
incomplètement connu. Sous l’effet de
stimulations neurologiques, il existe des
libérations de substances ayant des actions
sur la tonicité musculaire de ces cellules ; il
s’agit du VIP (vasoactive intestinal peptide)
et du NO (monoxyde d’azote). Chez le
diabétique, des perturbations possibles de la
libération de ces substances sont décrites et
peuvent être à l’origine, au moins partielle,
d’une DE.
¾ L’impact du diabète : la fréquence de la DE est trois à quatre fois plus
importante chez les diabétiques que dans la
population générale. Les deux types de
diabètes, insulinodépendant ou non-
insulinodépendant sont également touchés.
Dans la majorité des cas la cause de la DE est
plurifactorielle chez le diabétique (facteurs
glycémiques, médicamenteux, artériels,
neurologiques, cellulaires, psychologiques)
ce qui en explique la fréquence.
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VI. Troubles de l’érection dans le diabète.
Pour rappel, selon l’OMS, 50 à 70% des hommes atteints de diabète souffrent
de troubles de l’érection. Leur incidence est de 9% entre 20 et 29 ans et atteint
95% à l’âge de 70 ans.
Plus de 50% des hommes sont atteints de troubles de l’érection dans les 10 ans
qui suivent le diagnostic du diabète.
Pour être aussi complet que possible dans cette approche de la sexualité du
diabétique, il faut mentionner un autre trouble, plus rare, qu’est l’éjaculation
rétrograde secondaire à une atteinte sympathique du sphincter interne.
Cause d’infertilité, il s’agit d’une anéjaculation, alors que l’orgasme est normal.
Le traitement de cette infertilité sera soit médicamenteux (α-sympathiques à
haute dose 2 heures avant le rapport sexuel), soit par insémination artificielle
après recueil des spermatozoïdes dans la première miction suivant une
masturbation.
Elle est rarement due à une obstruction artérielle (syndrome de Leriche). Une
fuite veineuse semble plus fréquemment en cause.
La fréquence endocrinienne ne semble pas plus fréquente chez le diabétique que
chez le non-diabétique.
Elle peut également être d’origine exclusivement psychique, induite par un
sentiment fort d’auto-dévalorisation et une angoisse de performance.
Les traitements de ces troubles sont divers et variés, mais dans tous les cas, un
historique minutieux de la rapidité de leur apparition, la présence ou l’absence
d’érections matinales, la répétition des problèmes sexuels quel(le) que soit la (le)
partenaire et quelles que soient les circonstances, l’évidence d’un
dysfonctionnement neuropathique autonome ou périphérique, l’insuffisance
vasculaire, des déséquilibres hormonaux, la prise de médicaments pour le
traitement d’autres troubles ou pathologies doivent être pris en considération.
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Afin de cibler au mieux le traitement deux types de bilans seront effectués :
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¾ L’évaluation psychologique relève d’une consultation spécialisée
(psychiatre, psychologue, sexologue). Elle appréciera le retentissement
psychologique du trouble sexuel et permettra d’orienter le choix
thérapeutique.
Il permettra de diagnostiquer :
- Une hypotonie périnéale
- Une neuropathie diabétique
- Une atteinte neurologique vésicale (autonome ou
végétative)
- Une atteinte neurologique génitale (somatique)
- Une atteinte neurologique d’origine non-diabétique
(médullaire ou cérébrale).
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• Le bilan veineux permettra de détecter et de mesurer la présence
d’une fuite en recourant à deux examens:
Au niveau épidémiologique, on estime que plus de 10% des hommes (E-U) sont
atteints de troubles de l’érection.
Un homme sur trois rencontrera à un moment quelconque ces difficultés.
Le diabète y intervient pour 30% et les maladies vasculaires pour 40% ; le
diabète y contribuant de toutes façons.
Après 70 ans, deux tiers de la population générale sont atteints de ces troubles.
Plus de 50% des patients souffrent de troubles de l’érection dans les 10 ans qui
suivent le diagnostic du diabète.
Les troubles de l’érection peuvent marquer le début du diabète et même précéder
les anomalies reconnues de l’intolérance au glucose.
Malgré la nature apparemment fréquente de cette complication du diabète, une
grande partie de la population et même des professionnels de la santé n’est pas
informée, ou pire, est mal informée, de ce que l’on en connaît et de son approche
thérapeutique.
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La prévalence du diabète chez les hommes souffrant de troubles de l’érection est
de 50% contre 7% chez les personnes du même âge et indemnes de diabète.
A l’état flasque, les muscles involontaires des parois des minuscules vaisseaux
sanguins du pénis (muscles lisses corporaux) sont contractés et le pénis contient
seulement une faible quantité de sang (1à 4 ml/100g de tissu). Dans un milieu
hormonal approprié, avec des stimuli, soit psychiques, soit physiques, des
organes génitaux, les nerfs autonomes entrent en activité et secrètent une
multitude de neurotransmetteurs qui permettent la vasodilatation des artères en
hélice (artères responsables de l’érection) et la relaxation des muscles lisses
corporéo-caverneux, toutes deux augmentent ainsi l’afflux sanguin dans le pénis
et permettent son gonflement.
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Dans le cas du diabète, la séquence naturelle est une progression lente
commençant par une mauvaise qualité d’érection et allant jusqu’à une absence
totale de celle-ci, souvent après de nombreuses années.
Il n’y a aucune perte de libido qui pourrait évoquer l’existence possible d’un
élément endocrinien ou psychotonique.
A la différence des troubles psychogénétiques de l’érection, dont l’apparition est
soudaine et totale dès le début, survenant avec un partenaire en particulier,
associés à une persistance d’érections matinales, nocturnes et réflexes due à une
distension vésicale, les troubles de l’érection dans le diabète provoquent la perte
des érections matinales, nocturnes et réflexes et sont progressifs.
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VII. Traitements de la DE.
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2. Le sildénafil
Les sites internet de Pfizer S.A. donnent à ce sujet tous les renseignements
avec beaucoup plus de clarté et de précisions que je ne pourrais le faire.
www.pfizer.ch
www.dysfonction-erectile.ch
3. Médication intra-uréthrale.
Cette technique est utilisée depuis plus de vingt ans (USA) et se révèlerait
très efficace pour plus de 95% des utilisateurs.
Elle ne présente pas de risque, mais la préparation du matériel et son
aspect peu érogène sont rébarbatifs pour beaucoup d’hommes et de
couples.
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6. Injection dans les corps caverneux.
Cette méthode est parfois bien acceptée par les diabétiques insulino-
dépendants qui ont l’habitude de se piquer.
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7. Chirurgie, Prothèses.
8. Rééducation périnéale.
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En effet, force est de constater qu’énormément d’adultes des deux sexes
ne connaissent que très peu leur anatomie et leur « fonctionnement »
génital et sexuel.
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De la compréhension de la pathologie et des moyens thérapeutiques
dépendra énormément le résultat du traitement.
L’anamnèse.
o Nom, âge,
o Origine.
o Taille et poids
o Situation familiale, affective, professionnelle.
o L’attitude de la partenaire.
o Ses loisirs et distractions.
o Ses antécédents médicaux (chirurgie pelvienne et
vasculaire, traumatismes au niveau neurologique ou
pelvien.)
o Son diabète : type, durée, importance, gestion, évolution,
vécu…
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o La dysfonction érectile :
Sa nature : totale, partielle, érections instables,
tumescence sans rigidité, pénétration possible ou
non, coït possible ou non.
Sa date d’apparition : survenue brutale ou
progressive, les éventuels évènements déclenchants
(affectifs, professionnels, pathologiques, …)
La libido, le plaisir sexuel et l’orgasme.
L’existence d’autres troubles sexuels ou génitaux
associés (troubles de l’éjaculation, incontinence
urinaire)
Tabagisme, alcoolisme, drogues.
Médication (DE, psychiatrique, vasculaire)
o L’auto évaluation de la DE :
Elle vient en dernier lieu dans l’anamnèse, après que le
patient ait longuement « verbalisé » son problème.
C’est même souvent la première fois qu’il en parle
avec autant de précision et aussi librement.
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Principes de la rééducation périnéale dans la DE.
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2. La thérapie instrumentale par électrostimulation
s’effectue à l’aide d’un générateur de courant alternatif et
biphasique spécifique à la physiothérapie.
Actuellement, la majorité des appareils sur le marché est
informatisée et pré-programmée pour chaque type de thérapie
et offre les garanties indispensables à la sécurité et au confort
des patients.
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Les paramètres du courant utilisé sont les suivants :
- Courant rectangulaire biphasique
- Fréquence de 50 à 100 Hz
- Durée des impulsions de 0,1 à 5 ms ( plus souvent 1
à 2 ms)
- Temps de contraction : environ 2’’
- Temps de repos égal ou supérieur au double du
temps de contraction.
- Intensité en milli ampères selon la sensibilité du
patient et selon la visualisation ou la perception de
la contraction musculaire.
Si l’électrostimulation est essentiellement passive, un
complément de contraction volontaire peut être demandé par
le physiothérapeute pour une meilleure prise de conscience
du travail musculaire et pour en améliorer l’efficacité.
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Techniquement le bfb n’est rien d’autre qu’un enregistrement
électro-myographique des muscles sollicités.
Le thérapeute peut modifier :
- la durée de travail et de repos
- le type de contraction
- le tarage de l’effort demandé.
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VIII. Cas cliniques.
1. M. Antonio A.
En fait, j’ai soigné la fille aînée pour une incontinence urinaire post-
partum, à la suite de quoi Mme A. est venue se faire soigner pour un
problème d’incontinence urinaire d’effort qui s’est aggravé à la
ménopause et qui l’handicapait depuis plusieurs années. Elle était
persuadée de sentir l’urine.
Dès la première séance (avril 2001), la patiente a abordé la DE de son
mari.
Elle décrit très bien l’apparition progressive et les angoisses de son mari
qui s’imaginait avoir un cancer de la prostate comme son cousin qui en est
décédé il y a 2 ans.
De plus, il évitait d’être confronté au désir de sa femme en acceptant des
chantiers qui l’éloignaient toute la semaine. Au point qu’elle l’a
soupçonné d’infidélité.
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Chez le diabétologue, M. A. refuse l’option « viagra », et son épouse qui
l’accompagne propose la rééducation dont je lui ai parlé.
Sceptique, le spécialiste prescrit (mars 2002) et Madame A. prend rendez-
vous pour son mari en mai 2002…
De l’anamnèse, il ressort que les liens qui les unissent sont très forts et que
la famille est la priorité absolue.
Les deux semblent très soulagés d’avoir osé cette démarche et en attendent
beaucoup.
Le terme « impuissance » revient continuellement dans la bouche de
Monsieur qui semble vouloir l’extérioriser, le rejeter verbalement.
Leurs connaissances en matière d’anatomie, de physiologie et de sexualité
sont très confuses.
La « fierté » et la « virilité » reviennent souvent. Chose que l’on pouvait
deviner, M. A. a souffert de ne pas avoir de fils comme aîné (la famille, la
tradition, les moqueries des collègues), sa femme dira qu’il aurait continué
à faire des enfants jusqu’à la mort pour avoir un fils ! Lui compare cette
période de sa vie sans fils à celle sans érection, et en a les larmes aux
yeux, tout comme sa femme.
Dès les premières séances, une amélioration est constatée par le patient,
d’abord lors de ses masturbations, puis lors des rapports sexuels.
En fait, il explique qu’il est content de mieux gérer son problème, car il l’a
compris. Comme ça ne marche pas à chaque fois, il a accepté de se
procurer une pompe à vide (Potenzia Vital® EasyErect) qu’il n’ utilise
qu’en cas d’échec.
Le patient ayant été recontacté en août 2003 pour ce travail, admet que la
rééducation l’a aidé surtout psychiquement pour reprendre confiance en
lui.
Il a gardé l’habitude d’utiliser sa musculature périnéale, mais utilise
également la pompe et a essayé le viagra à plusieurs reprises à la
demande de son épouse. Le fait de disposer de plusieurs « armes » le
rassure.
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2. M. Richard H.
Son diabète a été découvert suite à un contrôle médical sportif lors d’un
stage à Macolin en automne 2002. A cette époque, il souffrait déjà de DE,
mais mettait cela sur le compte de la fatigue due à son entraînement sportif
intensif et également à sa fréquentation régulière des solariums ( ?!).
Son aspect physique semble être une priorité.
De la thérapie que je pratique, il ignore tout (ce qui est souvent le cas !).
Quand je la lui expose, il la refuse immédiatement pour des questions de
« pudeur », « virilité » et de « fierté ».
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Je lui propose quand même de lui expliquer ce qu’il pourrait faire au
niveau musculaire pour améliorer sa situation et je lui explique les autres
possibilités : viagra, pompe, injection etc.
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Le sport a été son refuge et il espérait pouvoir un jour se venger
physiquement sur son demi-frère en devenant plus fort et en lui
administrant une bonne correction.
Ce mauvais souvenir explique, selon lui, son refus d’avoir des enfants. Il
qualifie son enfance de véritable enfer.
Il trouve également dans cette époque une explication supplémentaire à sa
DE.
A la rentrée scolaire 2003, il a abandonné le sport intensif et trouve que
d’avoir une infirmière et deux enfants à la maison c’est la belle vie…
Et moi, j’en oublie de lui présenter l’échelle visuelle, mais ça n’a que très
peu d’importance pour moi, et surtout pour lui … !
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IX. Conclusions.
Une autre évidence s’impose : les médecins non-sexologues ont tout autant de
mal à aborder ce thème, ce qui rend la démarche du patient encore plus
laborieuse.
Malheureusement, certains ne persistent pas et acceptent leur trouble avec
résignation.
Par contre, ceux qui viennent au cabinet pour améliorer leur situation sont très
motivés et leurs attentes n’ont d’égale que leur curiosité et leur persévérance.
Le plus navrant est de constater que pour la totalité des personnes rencontrées
pour DE, la sexualité est plus assimilée à l’enfer qu’au paradis.
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Depuis une année et demie, j’ai eu l’occasion de traiter 14 cas de diabétiques
(de 23 à 78 ans) souffrant de dysfonctions érectiles.
Si chaque histoire est unique et particulière, les comportements par rapport à
la DE se recoupent souvent :
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Sans exception, les 14 personnes rencontrées dans le cadre de ce travail en ont
retiré un profit qu’eux seuls (et leur partenaire !) peuvent apprécier et
apprécieront encore longtemps, je l’espère.
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X. Bibliographie.
• Comprendre son diabète et son alimentation. A. Golay et J-Ph. Assal – Ed. Médecine
&Hygiène. Genève 2001.
• Le diabète. Dr Valdo A. Chabot et Dr Marc-H. Blanc – Ed Médecine & Hygiène.
Paris 2002.
• Guide pratique du diabète. Pr André Grimaldi & coll. – MMI Editions – Masson-
Paris 2002.
• Le diabète, mieux comprendre. Editions Optimum – Genève 2002.
• Les troubles de l’érection et leurs traitements. Dr G-A de Broccard - Médecine &
Hygiène N°2429 « Sexologie clinique » – Genève mars 2003.
• Impuissance sexuelle masculine et le diabète. Dr D. Malgrange – Reims 1998.
• Impuissance masculine du diagnostic au traitement. G. Serment, D. Rossi, A.
Chiapello, F. Bladou – IIIième congrès national du groupe de recherche en
rééducation d’uro-gynécologie et pathologie digestive terminale – Marseille 8 et 9
décembre 1990.
• La sexualité masculine. Dr G-A. de Broccard – Certificat de formation continue en
sexologie clinique – Genève 22/11/2001.
• Rééducation des impuissances d’origine caverno-veineuse. M. Windsor-Larcher –
Rouen 1991.
• Place du sildénafil dans le traitement de la dysfonction érectile. Drs I. Karydis, G.
Tolis et Ch. Asvestis – Médecine thérapeutique. Vol 7, n°5, mai 2001 : 386-392.
• Sociologie de la sexualité. M. Bozon – Nathan Université – 2002.
• Les 5 cercles du diagnostic comme préambule au choix de la thérapie. Pr. W. Pasini –
Certificat de formation continue en sexologie clinique – Genève mars 2002.
• Maladies endocriniennes et sexualité. Dr R. Martin Du Pan – Certificat de formation
continue en sexologie clinique – Genève
• www.dysfonction-erectile.ch
• www.urologie.ch - Société Suisse d’Urologie.
• www.diabetes-schweiz.ch - Association Suisse du Diabète.
• www.pfizer.ch
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