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3ème Carrefour genevois de la solidarité

« Genève au carrefour des carrefours de la Solidarité »


Allocution de Madame Sandrine Salerno
Maire de Genève

Mesdames et Messieurs,
Chères amies et chers amis,

Je suis très heureuse d’être au Carrefour de la solidarité ce soir. A titre


personnel tout d’abord car, en tant qu’ancienne collaboratrice du CETIM
et membre de coopératives (Cocagne et TourneRêve), je veux vous
réaffirmer que la solidarité internationale est pour moi une démarche
politique essentielle.

Vous savez peut-être que j’ai placé mon année de mairie sous l’angle de
la rencontre. Or, ces « Carrefours » constituent en eux-mêmes de
véritables rencontres : rencontre entre le Nord et le Sud, d’abord ;
rencontre ensuite, entre Genève et les régions, villes ou villages où
s’exprime sa solidarité ; rencontre, enfin entre le monde paysan et le
monde de la coopération au développement, pour définir ensemble les
contours d’une politique de souveraineté alimentaire qui, ici comme
ailleurs, soit fondée sur le principe de solidarité.

Seule la version prononcée fait foi 1


***
A Genève, les questions agricoles sont surtout l’affaire du Canton ou des
communes dites « rurales ». Et pourtant, deux raisons simples
m’amènent à penser que les ville ont pleinement leur place dans le débat
sur l’agriculture.

En premier lieu, c’est une question de démocratie ! L’agriculture, c’est


l’affaire de toutes et tous ! C’est le principe même de la souveraineté
alimentaire que de reconnaître le droit à chacun et chacune d’entre nous
de savoir quelle agriculture nous voulons et à travers cela, quelle
alimentation nous voulons.

En second lieu, la Ville a une responsabilité spécifique à endosser en


tant que centre urbain et de cœur de l’agglomération. Avec 41% de la
population totale du canton1, la Ville de Genève est la commune la plus
peuplée du canton. Pour les citadins et les citadines, la campagne n’est
pas seulement le lieu de production de l’alimentation mais également
« un poumon vert », un lieu de loisir et de détente à proximité du centre.
Si l’on poursuit des objectifs de qualité de vie pour toutes et tous, les
liens « ville/campagne » doivent donc impérativement faire partie de la
politique communale.

Vous et moi le savons, le système actuel massivement industriel est


peut-être en mesure de répondre en « quantité » aux besoins
alimentaires globaux, mais il échoue totalement quand il s’agit que tout

1
Les 12 villes du canton regroupent plus de 82% de la population genevoise (OCSAT janvier
2011)
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le monde mange à sa faim, sur la planète, ou quand on place
l’alimentation sur des critères de qualité et de diversité.

Ce système, on le sait, est aussi celui des contraintes exercées par les
filières agroalimentaires sur les producteurs et les productrices :
semences, calibrage, prix : tout est imposé !

Cette tyrannie constitue un véritable désastre, tant pour le monde


paysan, que pour l’environnement :
• le monde paysan voit ses conditions de vie se détériorer année
après année (la récente crise du lait nous l’a fortement rappelé).
Les connaissances et les savoir-faire se perdent et la relève est de
plus en plus dure à trouver ;
• l’épuisement des ressources - principalement des sols (qui perdent
leur qualité et leur fertilité) et la perte de la biodiversité constituent
également un risque majeur pour la survie de notre environnement.

Depuis 2007, début de la présente législature, la Ville de Genève a lancé


un certain nombre de projets visant à favoriser l’agriculture de proximité.
Car, au vu de l’urgence de la situation écologique, sociale et sanitaire, la
Ville de Genève est pleinement convaincue de l’intérêt de soutenir
partout où elle le peut, y compris en milieu urbain, des expériences qui
favorisent le développement de modes alternatifs de production, de
distribution et de consommation.

Que ce soit sous la forme de vente directe (à la ferme, au marché), de


paniers contractualisés ou de systèmes d’autoproduction (plantages
urbains, jardins familiaux, etc.), toutes les initiatives ont leur place à côté
des filières classiques.

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Car l’agriculture n’est pas un secteur économique comme un autre.

Il importe donc partout de conserver des terres cultivables en suffisance,


non seulement pour empêcher les disettes et les famines, mais
également pour éviter d’importer de loin, des denrées que nous savons,
que nous pouvons produire localement.

Il importe donc partout de conserver une maîtrise effective de la terre, et


d’empêcher les spéculateurs les moins scrupuleux de la planète de
s’acheter des régions entières, de s’approprier des villes et des
campagnes, dans le seul but d’en tirer à court ou moyen termes une
plus-value rémunératrice.

La catastrophe climatique, économique et sociale est programmée et


nous ne pouvons pas l’attendre les bras croisés.

***

Voilà pourquoi je suis heureuse d’être parmi vous ce soir. Pour vous
réaffirmer ma solidarité et pour vous assurer du soutien de la Ville de
Genève aux projets qui valorisent la souveraineté alimentaire partout
dans le monde et l’agriculture de proximité ici à Genève.

Des Carrefours de la solidarité il en faut dans toutes les villes et il faut en


coordonner les résultats. Dans quelques jours je serai au Forum des
autorités locales, en marge du Forum social mondial de Dakar, pour
échanger avec mes collègues maires progressistes nos analyses,
expériences et nos ambitions en matière de solidarité internationale.

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Nous reviendrons de Dakar avec des idées et des projets et utiliserons
notre présence dans les réseaux de villes, suisses, européens et
mondiaux pour mettre en œuvre.

Le monde a un urgent besoin de « gouvernance mondiale » et Genève


est l’un des lieux où cette gouvernance mondiale s’invente et se met en
œuvre au quotidien.

Nous devons en effet travailler ensemble pour que Genève conforte sa


position de plateforme de rencontre et de dialogue, que je nommerais
aujourd’hui « carrefour des carrefours » de la solidarité, si vous me
permettez cet emprunt.

Merci de continuer à nous faire réfléchir et à réfléchir avec nous.

Je vous souhaite un excellent carrefour et me réjouis de vous rencontrer


demain !

Sandrine Salerno
Maire de Genève

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